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Samuel Beckett
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Le 22 Décembre 1989, à 83 ans meurt Samuel Beckett


Écrivain, dramaturge, poète, Irlandais d'expression française et anglaisedu mouvement absurde, auteur de La Trilogie : Molloy, Malone meurt, L'Innommable, prix nobel de littérature, il naît le 13 avril 1906 à Foxrock, à Dublin Influencé par Dante Alighieri, Arnold Geulincx, James Joyce, Buster Keaton, Seán O'Casey, Marcel Proust, Jean Racine, Arthur Schopenhauer, John Millington Synge, W. B. Yeats
Il a influencé Edward Albee, Paul Auster, John Banville,Eqrem Basha,William S. Burroughs, Marina Carr en, Philip K. Dick, J. M. Coetzee, Gilles Deleuze, Rodrigo García, Václav Havel, Sarah Kane, Barry McCrea, David Mamet, Maguy Marin, Bruce Nauman, Edna O'Brien, Damian Pettigrew, Harold Pinter, Alberto Ruy-Sánchez, Sam Shepard, Tom Stoppard, David Warrilow

Pour Samuel Beckett plus que pour tout autre écrivain moderne – sauf peut-être Kafka –, la création littéraire aura signifié exil, isolement, résl'écrivain multipliera, toute son existence, fugues, évasions et autres évitements. D'abord, au Trinity College de Dublin, en étudiant les langues romanes, italien et français ; puis en voyageant longuement dans les pays d'où proviennent ces langues en 1928, il est lecteur d' anglais à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm, en choisissant de vivre en France l'essentiel de sa vie d'adulte et d'écrire en français une grande part de ses œuvres ; enfin en fuyant autant qu'il lui fut possible, jusqu'à sa mort en 1989, la gloire qui avait fondu sur lui à la suite de ses succès internationaux au théâtre et du prix Nobel de littérature obtenu en 1969.
S'il est l'auteur de romans, tels que Molloy, Malone meurt et l'Innommable et de textes brefs en prose, son nom reste surtout associé au théâtre de l'absurde, dont sa pièce En attendant Godot en 1952 est l'une des plus célèbres illustrations. Son œuvre est austère et minimaliste, ce qui est généralement interprété comme l'expression d'un profond pessimisme face à la condition humaine. Opposer ce pessimisme à l'humour omniprésent chez lui n'aurait guère de sens : il faut plutôt les voir comme étant au service l'un de l'autre, pris dans le cadre plus large d'une immense entreprise de dérision. Avec le temps, il traite ces thèmes dans un style de plus en plus lapidaire, tendant à rendre sa langue de plus en plus concise et sèche. En 1969, il reçoit le prix Nobel de littérature pour son œuvre, qui à travers un renouvellement des formes du roman et du théâtre, prend toute son élévation dans la destitution de l'homme moderne.

Sa vie

Il est né dans une famille bourgeoise irlandaise protestante : l'événement fut signalé dans la rubrique mondaine d'un journal irlandais, The Irish Times daté du 16 avril.
La demeure familiale, Cooldrinagh, située dans une banlieue aisée de Dublin, Foxrock, était une grande maison. La maison, le jardin, la campagne environnante où Samuel grandit, le champ de courses voisin de Leopardstown, la gare de Foxrock sont autant d'éléments qui participent du cadre de nombre de ses romans et pièces de théâtre. Il est le deuxième fils de William Frank Beckett, métreur et May Barclay Roe, infirmière. Beckett et son frère aîné Franck sont d'abord élèves à la Earlsford House School, dans le centre de Dublin, avant d'entrer à la Portora Royal School d'Enniskillen, dans le comté de Fermanagh – lycée qui avait auparavant été fréquenté par Oscar Wilde.
Beckett étudie ensuite le français, l'italien et l'anglais au Trinity College de Dublin, entre 1923 et 1927. Il suit notamment les cours de A. A. Luce, professeur de philosophie et spécialiste de Berkeley. Il obtient son Bachelor of Arts et, après avoir enseigné quelque temps au Campbell College de Belfast, est nommé au poste de lecteur d'anglais à l'École normale supérieure de Paris sur les recommandations de son professeur de lettres françaises et mentor Thomas Rudmose-Brown.
C'est là qu'il est présenté à James Joyce par le poète Thomas MacGreevy, un de ses plus proches amis, qui y travaillait aussi depuis 1926 mais avait décidé de quitter son poste pour se consacrer entièrement à la littérature. Cette rencontre devait avoir une profonde influence sur Beckett, qui devint garçon de courses puis secrétaire de James Joyce qui souffrait des yeux, l'aidant notamment dans ses recherches pendant la rédaction de Finnegans Wake.
C'est en 1929 que Beckett publie son premier ouvrage, un essai critique intitulé Dante... Bruno. Vico.. Joyce., dans lequel il défend la méthode et l'œuvre de Joyce dont certains critiquent le style obscur. Les liens étroits entre les deux hommes se relâchèrent cependant lorsque Samuel repoussa les avances de Lucia, la fille de Joyce, dont il s'est rendu compte qu'elle était atteinte de schizophrénie, maladie que refusait de voir son père.
C'est aussi au cours de cette période que la première nouvelle de Beckett, Assumption, fut publiée par l'influente revue littéraire parisienne d'Eugène Jolas, Transition. L'année suivante, il est le lauréat d'un petit prix littéraire pour son poème Whoroscope, composé à la hâte en 1929, et inspiré par une biographie de Descartes que Beckett lisait alors.
En 1930, il revient au Trinity College en tant que lecteur et écrit en 1931 un deuxième essai en anglais intitulé Proust. En 1932, pour la revue "This Quarter", il traduit un poème d'André Breton, Le Grand secours meurtrier, paru en France dans le recueil Le Revolver à cheveux blanc et ayant pour thèmes les convulsionnaires de Saint-Médard et Lautréamont. Il se lasse assez vite de la vie universitaire, et exprime ses désillusions d'une manière originale : il mystifie la Modern Language Society de Dublin en y portant un article érudit au sujet d'un auteur toulousain nommé Jean du Chas, fondateur d'un mouvement littéraire appelé concentrisme ; ni du Chas ni le concentrisme n'ont jamais existé, sinon dans l'imagination de Beckett, mais cela lui permet de se moquer du pédantisme littéraire. Pour marquer ce tournant important de sa vie, inspiré par la lecture des Années d'apprentissage de Wilhelm Meister, de Goethe, il écrit le poème Gnome, que publie le Dublin Magazine en 1934.
Après plusieurs voyages en Europe, notamment en Allemagne, il se fixe en janvier 1938 définitivement à Paris, rue des Favorites, dans le 15e arrondissement, peu avant la Seconde Guerre mondiale. Son premier roman, Murphy, fit l'objet de trente-six refus avant d'être finalement publié par Bordas en 1947.
Le 7 janvier 1938, Beckett est poignardé dans la poitrine par un proxénète notoire dont il a refusé les sollicitations. Gravement blessé, il est transporté d'urgence à l''hôpital Broussais. La publicité entourant l'agression attire l'attention de Suzanne Dechevaux-Dumesnil en, femme curieuse de théâtre et de littérature qui a rencontré Sam au cours d'une partie de tennis quelques mois auparavant. Il entame une liaison avec celle qui deviendra son épouse.
Lors de la déclaration de la guerre, il se trouve en Irlande. Il regagne alors précipitamment la France, préférant la France en guerre à l'Irlande en paix.
Il participe activement à la résistance contre l'occupation nazie. Il est recruté au sein du réseau Gloria SMH par son ami, le normalien Alfred Péron. Quand le réseau est dénoncé, Samuel Beckett, prévenu par la femme de son ami Péron, échappe de peu à la police allemande. Il se réfugie d'abord dans la capitale chez l'écrivain Nathalie Sarraute, puis de 1942 à avril 1945 à Roussillon, dans le midi de la France. Beckett apprend en 1945 que Péron est mort après la libération du camp de Mauthausen. Le 30 mars 1945, il se voit décerner la Croix de Guerre avec étoile d'or.Selon son biographe James Knowlson, l'œuvre de l'écrivain est profondément marquée par les récits de déportation des camarades de Péron et par la guerre.

Se consacrant entièrement à la littérature depuis les années 1930, il entre dans une période de créativité intense de 1945 à 1950, période qu'un critique a appelé le siège dans la chambre.
Au début des années 1950, Jérôme Lindon, directeur des Éditions de Minuit, publie la première trilogie beckettienne de romans à clef : Molloy, Malone meurt, L'Innommable.
Les années 1960 représentent une période de profonds changements pour Beckett, dans sa vie personnelle comme dans sa vie d'écrivain. En 1961, au cours d'une cérémonie civile discrète en Angleterre, il épouse sa compagne Suzanne Déchevaux-Dumesnil, principalement pour des raisons liées aux lois successorales françaises. Le triomphe que rencontrent ses pièces l'amène à voyager dans le monde entier pour assister à de nombreuses représentations, mais aussi participer dans une large mesure à leur mise en scène. En 1956, la BBC lui propose de diffuser une pièce radiophonique : ce sera All That Fall "Tous ceux qui tombent". Il continue à écrire de temps à autre pour la radio, mais aussi pour le cinéma Film, avec Buster Keaton et la télévision.
Il recommence à écrire en anglais, sans abandonner pour autant le français.
Le prix Nobel de littérature lui est attribué en 1969 : il considère cela comme une catastrophe ; en fait, il rejette par là une certaine industrie beckettienne, au sens où cette récompense accroît considérablement l'intérêt de la recherche universitaire pour son œuvre. D'autres écrivains s'intéressent à lui, et un flot constant de romanciers et de dramaturges, de critiques littéraires et de professeurs passent par Paris pour le rencontrer. Son désarroi de recevoir le prix Nobel s'explique aussi par son dégoût des mondanités et des devoirs qui y sont liés ; son éditeur Jérôme Lindon ira tout de même chercher le prix. Cioran, ami et admirateur de Beckett, écrira dans ses Cahiers : "Samuel Beckett. Prix Nobel. Quelle humiliation pour un homme si orgueilleux ! La tristesse d'être compris !".
Les années 1980 sont marquées par sa seconde trilogie : Compagnie en, Mal vu mal dit, Cap au pire.
Suzanne Beckett, son épouse, décède le 17 juillet 1989.

Beckett, atteint d'emphysème et de la maladie de Parkinson, part dans une modeste maison de retraite où il meurt le 22 décembre de la même année. Il est enterré le 26 décembre au cimetière du Montparnasse.

Analyse de l'Å“uvre

Beckett n'a jamais consenti à commenter son propre travail d'écrivain, mais la critique, elle, a été très prolixe à son sujet et, aussi, très contradictoire. Au point de consacrer, successivement ou simultanément, plusieurs Beckett, des Beckett existentialiste , métaphysique ou absurdisant des années cinquante au Beckett populaire salué par Bernard Dort au début des années quatre-vingt, sans oublier le Beckett littéral de Robbe-Grillet et du nouveau roman. La vérité est que l'auteur de Molloy et de En attendant Godot n'en finira jamais de décourager toute approche systématique.

Doué d'un talent protéiforme, qui lui permet de s'illustrer tant dans la poésie que dans le roman, aussi bien au théâtre qu'à la radio, à la télévision, au cinéma, voire dans l'essai critique, Beckett s'emploie en fait à convertir cette profusion des dons en rareté de la production, à effacer les frontières entre les genres et entre les arts, à abolir la notion même d'œuvre et à lui substituer celle, volontairement déceptive, de fragment. Tout en éblouissant son public par ces jeux de langage qui vont du simple calembour à la construction syntaxique la plus acrobatique, en passant par les curiosités lexicographiques dont sont hérissés ses romans et ses pièces, il s'impose en définitive comme le moins formaliste des écrivains. Beckett, en effet, cherche plus à exprimer la condition humaine, au sens de Malraux, qu'à se repaître, à la Ionesco, d'une communication en pleine déréliction. Et s'il « épingle » dans l'homme contemporain un pur être de langage, que sa seule parole – ou simplement son débit mental – fait et défait à son gré, sans recours, c'est afin de témoigner sobrement de la tragi-comédie d'être au monde.

Réputée pessimiste, voire sinistre, l'œuvre de Beckett, lieu par excellence du paradoxe, a provoqué des hoquets de rire chez plus d'un lecteur ou d'un spectateur, lesquels ont alors découvert son extraordinaire tonicité. Notre auteur est, en vérité, maître en humour, que ce dernier soit ou non la politesse du désespoir. Humour volontiers sarcastique d'une entreprise littéraire qui, selon Adorno, s'impose comme l'une des plus significatives des lendemains de la catastrophe mondiale de la Seconde Guerre mondiale, de l'après-Hiroshima comme de l'après-Holocauste. Catastrophe, c'est d'ailleurs le titre ironique d'un des dramaticules de Beckett et le thème récurrent de toute sa production littéraire et dramatique, avec l'aimable « fiasco », petite répercussion individuelle de l'universelle faillite...

L'emploi du temps

Parmi les influences qui ont pu s'exercer sur Beckett, celle de Proust – auquel il consacre un essai en anglais dès 1931 – n'est sans doute pas la moins forte. Certes, Joyce pourra un temps subjuguer son cadet, qui fut son ami et son secrétaire, et continuer à long terme de hanter son esprit notamment lorsqu'il s'agit pour Beckett de mettre en scène la relation de l'homme au langage. Mais, avec Proust, la relation paraît plus nette et plus fondamentale. Dès Murphy 1938, Beckett reprend le travail du roman là où Proust l'a laissé. Ou, plutôt, il le prend à contresens, comme un véhicule fou remonte une autoroute au-devant de la catastrophe.

À la recherche du temps perdu se présentait comme une quête où la mémoire tenait du talisman, de l'auxiliaire magique, et au bout de laquelle il s'agissait de parvenir à une réconciliation avec soi-même et avec le monde, dans l'apaisement du temps retrouvé de l'œuvre d'art. Quand l'auteur du cycle romanesque qui se poursuit avec Molloy, Malone meurt 1951, L'Innommable 1953, trois textes écrits en français, et qui comprend également Watt 1953, composé en anglais dix ans auparavant déboule dans son passé, c'est pour n'y retrouver qu'une terre aride, désertique, dévastée, inhospitalière à jamais. Et, s'il se laisse porter lui aussi par son monologue intérieur, la voix têtue, quasi impersonnelle et pratiquement épuisée qui le traverse ne lui parle que de sa mort annoncée et lui signifie qu'elle l'a, en tant que sujet, renié, congédié :
" ... Il faut essayer, dans mes vieilles histoires venues je ne sais d'où, de trouver la sienne, elle doit y être, elle a dû être la mienne avant d'être la sienne, je la reconnaîtrai, je finirai par la reconnaître, l'histoire du silence qu'il n'a jamais quitté, que je n'aurais jamais dû quitter, que je ne retrouverai peut-être jamais, que je retrouverai peut-être, alors ce sera lui, ce sera moi, ce sera l'endroit, le silence, la fin, le commencement, le recommencement, comment dire, ce sont des mots, je n'ai que ça, et encore, ils se font rares... L'Innommable."

Qu'il s'agisse des poèmes notamment Whoroscope, 1930, des nouvelles, des romans, ce qui, au fond, va de soi ou bien du théâtre ce qui est plus étonnant, voire paradoxal, l'œuvre s'inscrit dans le temps plus que dans l'espace. Les lieux beckettiens – chambre, rue, chemin, fossé, jarre, portion de désert ou de sables mouvants – favorisent une habitation du temps plutôt que de l'espace. Beckett constate d'ailleurs dans son essai sur Proust que l'écrivain refusera les lois de l'espace. Il ne veut pas juger la grandeur et le poids de l'homme aux mesures de son corps ; il préfère utiliser la mesure des ans.

Depuis Murphy, chaque texte de Beckett se présente, pour reprendre le titre d'un roman de Michel Butor, comme un « emploi du temps ». Telle est sans doute la seule pratique commune de notre auteur avec celle des écrivains du nouveau roman : établir le constat sans faille, faire le relevé comportemental de la façon dont leurs créatures occupent le temps, et cela dans un espace qui, de banal ou ordinaire qu'il peut paraître à première vue, finit par ressembler, à force de superpositions et entrecroisements de trajets réels ou mentaux dans le temps, au plus complexe des diagrammes ou des labyrinthes. Ainsi, l'espace n'a de valeur que comme métaphore du temps ; lorsqu'il devient, par usure, concrétion, aspiration, etc. marque du temps :
" Hier, lit-on encore dans le Proust de Beckett, n'est pas un jalon que nous aurions dépassé, c'est un caillou des vieux sentiers rebattus des années qui fait partie de nous irrémédiablement, que nous portons en nous, lourd et menaçant "

Inventaire bégayant, itératif du temps enfui, dans un espace menacé de disparition, par une subjectivité qui, sans conviction, tente de fixer le cadastre de son improbable destinée. Inventaire débité, à la place du sujet, par quelque tiers plus ou moins inclus, tout à la fois concerné et dégagé :
"J'ai renoncé avant de naître, ce n'est pas possible autrement, il fallait cependant que ça naisse, ce fut lui, j'étais dedans, c'est comme ça que je vois la chose, c'est lui qui a crié, c'est lui qui a vu le jour, moi je n'ai pas crié, je n'ai pas vu le jour... " Pour finir encore et autres foirades, 1976.

N'étant plus à proprement psychologique, comme chez Proust, le temps, chez Beckett, ne fait pas le détail : une journée y équivaut à une vie ou à une minute. Ce temps indistinct, il ne s'agit, selon l'antienne bien connue, que de le tirer. À travers les sables, bien sûr. Et jusqu'à être recouvert par le tas... Sous le signe de la répétition et des menues variations qu'elle engendre, l'homme égrène la litanie des instants qui, selon des habitudes supérieures, finissent par s'organiser en journées puis en existences complètes. Rien ne se perd mais très peu se transforme d'une heure, d'un jour, d'une vie à l'autre. Naissance et mort ne sont-elles pas, pour le narrateur ironiquement figé dans sa toute-puissance dérisoire, le même instant ? Mais, si tout conspire à l'immobilité définitive – inertie du sujet, fixité de l'espace –, ce n'est que pour souligner cette scabreuse évidence que quelque chose suit son cours. Beckett éclaire d'étrangeté le cours ordinaire de la vie, révélant ainsi ce scandale généralement inaperçu : la perpétuation envers et contre tout de l'espèce la plus bancale qui soit, la nôtre, l'humaine.

L'éternel va-et-vient

Tous les personnages des romans et des premières pièces de Beckett sont des errants. Quand ils ne vont pas par les chemins, c'est dans leur tête qu'ils vagabondent, tels Malone ou Hamm de Fin de partie 1957. Cette errance, dont les protagonistes, très courbés, voire effondrés et réduits à la reptation, semblent, selon une expression de l'auteur, mourir de l'avant , nous fait penser à quelque odyssée parodique dont le héros serait un Ulysse moderne à la façon de Joyce ou de Pound : l' homme moyen sensuel.Nées retraitées , à l'instar de Murphy, les créatures beckettiennes s'échinent en apparence à amorcer leur retour vers le monde. En fait, ce retour n'est qu'un trompe-l'œil qu'elles effectuent en marche arrière ou en faisant du surplace. Ainsi elles se retrouvent toujours plus en retrait du monde, laissées pour compte dans les marges ou les no man's land, échouées. Là, sur le sable d'une existence végétativo-méditative, elles peuvent se livrer à leur non-activité de prédilection : cette supination qui, les ravalant à l'état de vieux fœtus, donne libre cours à leur lente et méthodique agonie.

La pure sensualité – entendons ce qu'il reste de très vieilles pulsions pratiquement exténuées, ces histoires de gamelle et de vase – l'emporte invariablement sur tout projet, serait-ce même, chez Malone et Hamm, le projet de se raconter et d'écrire. Aspiration – littérale bien souvent (Oh les beaux jours, 1963 – à ou par le nirvana d'un individu qui retourne au ventre liquide de la mère ou au magma originel. Jusque dans cet état inerte de la matière dont il aurait voulu ne sortir jamais. Et si, comme au stéthoscope ou grâce à une sonde, nous captons ce qu'il subsiste de vie autonome dans l'être beckettien blotti en son terrier, le bruit et le mouvement quasi animaux, la pulsation que nous percevons alors sont ceux d'un permanent va-et-vient. Va-et-vient d'une berceuse qui jamais ne s'interrompt – de Murphy au dramaticule précisément intitulé Berceuse 1982 –, mouvement pendulaire diversement décliné – berceuse, aller et retour en marchant, piétinements, reptations et autres vagabondages immobiles – mais où toujours le corps du personnage, quasi réduit à l'état de poids mort, fait balancier entre le moi et le monde. Un moi en éclats qui ne parvient plus à se rassembler ; un monde désertifié qui s'évanouit dans son propre brouillard. Le va-et-vient beckettien, ou la portion congrue – la nôtre, aujourd'hui – de l'éternel retour.

Compulsif à l'extrême, le personnage beckettien est le siège de toutes sortes de va-et-vient et d'un autoérotisme qui ne font qu'exalter, selon un processus étudié par Freud, l'attente de la fin et le commerce solitaire – mi-désespéré, mi-réjoui – avec la mort. Il faudrait cependant se garder de voir dans le solipsisme des personnages autre chose qu'un génial faux-semblant. Car la noria beckettienne L'humanité ... est un puits à deux seaux. Pendant que l'un descend pour être rempli, l'autre monte pour être vidé, Murphy délimite l'espace d'une réelle communication où l'autre ne cesse jamais d'avoir sa place, ne serait-ce qu'entre soi et soi-même. D'une certaine manière, l'œuvre de Beckett, tous registres de création confondus, est un formidable précis de communication à hauteur de notre époque et, surtout, à la mesure d'un être moderne s'éprouvant, selon Blanchot dans La Communauté inavouable, « comme extériorité toujours préalable, ou comme existence de part en part éclatée, ne se composant que comme se décomposant constamment, violemment et silencieusement.

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Plus encore que le corps du personnage, le va-et-vient concerne en effet le langage, la parole tels qu'entre deux ou plusieurs pôles ils ne cessent de circuler et, pour tout dire, de tourner en rond. Les pôles, ce peuvent être des personnages distincts à peine distincts, en vérité, tellement ils forment couple, comme Molloy et Moran, Mercier et Camier, Hamm et Clov, Nagg et Nell, Winnie et Willie, Vladimir et Estragon, surtout, qui ne sont peut-être qu'ego et alter ego en costume de scène ou bien, simplement, les différentes voix, les différents rôles d'un même personnage : Seul. C'est vite dit. Il faut dire vite. Et sait-on jamais, dans une obscurité pareille ? Je vais avoir de la compagnie. Pour commencer. Quelques pantins. Je les supprimerai par la suite. Si je peux L'Innommable. Ou encore : Oui, j'ai été mon père, et j'ai été mon fils, et je me suis posé des questions et j'ai répondu de mon mieux Nouvelles et Textes pour rien, 1955.

Chaque tête beckettienne est ainsi le lieu d'une procréation insensée, d'un soliloque généralisé où l'esclave engendre le maître, l'enfant ses géniteurs, l'homme ou la femme son conjoint, le paralytique son compère l'aveugle, l'être ses parasites. L'écrivain irlando-français n'en a jamais fini d'explorer les circuits d'une communication dont le dialogue serait devenu l'astre mort et ne subsisteraient plus que les satellites : soliloque, monologue, aparté et autres manifestations solitaires du langage. Comme l'a écrit Ludovic Janvier, nous n'avons jamais affaire chez Beckett, écrivain rompu aux ambivalences de la condition de l'homme moderne, qu'à un « monologue habité » ou à un dialogue déserté. En d'autres termes, au plus extraverti et au plus peuplé des soliloques : Puis parler, vite, des mots, comme l'enfant qui se met en plusieurs, deux, trois, pour être ensemble, et parler ensemble, dans la nuit Fin de partie. D'enfantines et rassurantes au début, les voix intérieures ne tardent pas à tourner à l'aigre. Comme les trois juvéniles voix féminines du dramaticule Cette Fois 1978 qui évoquent bientôt les Parques, occupées à creuser de leur présence obsessionnelle la tombe de Souvenant. C'est ainsi que Beckett, ayant ligaturé les extrêmes de la vie, naissance et mort, nous invite à faire le tour de ce que nous pouvons, à notre convenance, appeler notre condition, notre aliénation ou, encore, pour parler comme Flaubert, notre bêtise d'homme moderne. Beckett précise : J'ai connu Molloy et la suite le jour où j'ai pris conscience de ma bêtise.

La Comédie

Et l'écrivain irlando-français boucle son esthétique du va-et-vient en passant lui-même sans cesse d'une langue à l'autre, traduisant ses textes français en anglais, et ses textes anglais en français. Ou bien en alternant prose et théâtre. Car, pour Beckett comme pour Genet, le théâtre n'est pas une dérivation de la création littéraire. Il s'impose au contraire, à un moment donné (à vrai dire assez tôt, Éleuthéria, première pièce toujours inédite, datant de 1947, comme une nécessité intrinsèque à la poursuite de l'œuvre. Comme le détour qui permet à Beckett, nourri dès l'adolescence par la lecture de Dante, de donner forme à sa propre Comédie.

L'art étant, selon le credo beckettien, contraction, l'espace théâtral, par ses strictes limites physiques et l'espèce de compression qu'il exerce sur les corps et les paysages humains, ne peut que séduire un auteur qui, par ailleurs, dépouille de plus en plus ses textes de toute tendance anecdotique ou descriptive, narrative même, au profit du seul soliloque. Or quel instrument mieux que la cage de scène pourrait donner toute sa résonance à ce dialogue à l'intérieur d'une seule tête ? Enfin, il a l'ambition beckettienne de donner à voir l'invisible. Ce désir de forcer l'invisibilité foncière des choses extérieures jusqu'à ce que cette invisibilité elle-même devienne chose, non pas simple conscience de limite, mais une chose qu'on peut voir et faire voir à propos de la peinture des Van Velde dans Le Monde et le Pantalon, 1989 trouve au théâtre son accomplissement : le lieu où rendre palpables, concrètes, où donner corps aux forces invisibles qui trament et orientent nos existences.

Dès En attendant Godot, porté à la scène en 1953 par Roger Blin, et de plus en plus radicalement avec chaque pièce nouvelle Fin de partie, 1957 ; La Dernière Bande, 1959 ; Oh les beaux jours, 1963, Beckett jouera à plein de ce pouvoir du théâtre de rendre sensible et visible l'invisible. Pas à la manière allusive d'un Maeterlinck qui, dans L'Intruse ou Les Aveugles, fait sentir la présence de la mort à travers un souffle de vent glacé dans les arbres, mais de façon directe et matiériste , aussi bien que matérialiste, en inventant un théâtre de l'être-là , un théâtre de la seule et de la pure présence, ainsi que l'a écrit Robbe-Grillet. Théâtre aussi – pour reprendre une expression chère à un autre dramaturge de ce théâtre dit de l' absurde, Arthur Adamov – de la littéralité. « Une pièce de théâtre, note l'auteur de La Parodie dans des termes qui conviennent également à celui de En attendant Godot, doit être le lieu où le monde visible et le monde invisible se touchent et se heurtent, autrement dit la mise en évidence, la manifestation du contenu caché, latent, qui recèle les germes du drame. Ce que je veux au théâtre ..., c'est que la manifestation de ce contenu coïncide littéralement, concrètement, corporellement avec le drame lui-même. Ainsi, par exemple, si le drame d'un individu consiste dans une mutilation quelconque de sa personne, je ne vois pas de meilleur moyen pour rendre dramatiquement la vérité d'une telle mutilation que de la représenter corporellement sur la scène.

D'où cette accentuation permanente du corps sur la scène beckettienne. Non seulement les « poitrines plantureuses , les visages trop blancs, les chapeaux et les cheveux en désordre, les nez violacés , les voix fêlées , etc., mais aussi les enfouissements dans la terre, Oh les beaux jours ou dans des jarres Comédie, 1966, les amputations, les boiteries Clov dans Fin de partie, mais encore le recours à des accessoires mettant le corps crûment à l'étal, tels la poubelle de Nagg et Nell ou le fauteuil roulant de Hamm dans Fin de partie. La physique beckettienne du théâtre retourne chaque chose en son contraire : les oripeaux en vêtements de fête costumes de chemineaux de Didi et Gogo dans En attendant Godot, les mutilations et autres réductions, dissimulations du corps en une extrême majoration, en une sorte d'expressionnisme de l'individu réduit à sa plus petite dimension. Plus Beckett atrophie, mutile, dépèce le corps humain, plus il en augmente la présence et la visibilité scénique.


Il y a là un phénomène qui, plus qu'à la poétique d'Antonin Artaud, renvoie à la peinture d'un Françis Bacon : une même façon d'exhausser le corps, de le mettre en exergue afin de mieux rendre compte de la façon à la fois abusive et dérisoire dont la viande humaine occupe l'espace et le temps. La sellette, le chevalet, chez l'auteur de Oh les beaux jours, c'est le plateau de théâtre, mais traité, entre la rusticité des tréteaux et l'implacable technologie des éclairages, comme une chambre étroite où soumettre l'homme à la question, comme un Enfer ou un Purgatoire à la Dante. Espace, à la fois comique et cosmogonique, où Beckett opère in vitro sur l'humanité : projecteur mobile qui extorque leurs paroles aux trois personnages enjarrés dans Comédie ; chambre des tortures de Acte sans paroles I où – test d'intelligence dérapant vers la tragédie – un personnage, isolé et aveuglé par une éblouissante lumière, tente, à grand renfort de ruses et de détours, de s'emparer d'une carafe d'eau accrochée aux cintres du théâtre. Espace d'une Comédie mais sans plus de dieu. Séjour où des corps vont cherchant chacun son dépeupleur. Assez vaste pour chercher en vain. Assez restreint pour que toute fuite soit vaine " Le Dépeupleur, 1970. Vaste et, en même temps, restreint, le vieux coin, le vieux refuge des créatures beckettiennes, afin que le ciron pascalien puisse continuer de rêver qu'il occupe le centre de l'univers :

HAMM. – Fais-moi faire un petit tour. Clov se met derrière le fauteuil et le fait avancer. Pas trop vite ! Clov fait avancer le fauteuil. Rase les murs. Puis ramène-moi au centre. Clov fait avancer le fauteuil.J'étais bien au centre, n'est-ce pas ?

Ce matiérisme évident du théâtre beckettien aurait dû décourager toute interprétation par trop spiritualiste ou intellectualiste. Or il n'en a rien été. Beckett a connu, après le succès de Godot et la formule brillante mais perverse d'Anouilh " Les Pensées de Pascal jouées par les Fratellini ", un peu le même sort que Kafka : réduction de l'œuvre à quelques symboles extérieurs – l'absence réputée allégorique de Godot supplantant la présence obstinée de Vladimir et Estragon. "On n'est pas en train de ... de signifier quelque chose ? ", s'interrogent avec horreur – et humour – les personnages. "Mais si, mais si...", répond avec componction une grande partie du public et de la critique. Quarante ans plus tard, le malentendu – né d'un refus de prendre Beckett à la lettre – n'est toujours pas entièrement dissipé.

Le geste testamentaire

De même que Genet n'a cessé de transposer au théâtre, ainsi qu'il le déclarait lui-même dans sa Lettre à Pauvert , le geste liturgique de l'élévation, Beckett, lui, ne semble jamais mettre en scène, dans ses pièces et dans toute son œuvre, que le moment de l'agonie, travail symétrique à celui de la naissance, dernier et vain combat pour tenter de donner un sens à la vie.
"Je consulterai ma conscience périmée, je gâcherai mon agonie pour mieux la vivre Malone meurt". Du cours de l'existence, le dernier théâtre et les ultimes récits de Beckett, c'est-à-dire aussi bien Solo et Berceuse 1982 que Soubresauts 1989, ne nous donnent à voir et, surtout, à entendre le visuel étant de plus en plus l'objet d'un deuil que le temps à la fois très court et très long, le temps dichotomique de ce trépas à la faveur duquel toute une vie repasse par la tête d'un personnage récitant , souvenant, bref, agonisant. Gisant debout sur son vertical reposoir le Souvenant de Cette Fois : « Vieux visage blême légèrement incliné en arrière, longs cheveux blancs dressés ", la créature fait interminablement ses adieux au monde au cours d'une cérémonie secrète et sans faste.
" Muette toute sa vie ... pratiquement muette ... même à elle-même », Bouche de Pas moi est soudain saisie par " une voix que d'abord ... elle ne reconnaît pas ... depuis le temps ... puis finalement doit avouer ... la sienne ... nulle autre que la sienne ...". Or que dit cette voix de la dernière heure qui, pour être celle de Bouche ne sort pas moins des ténèbres extérieures ? " Comment ç'avait été .... Comment elle avait vécu."

Déjà en faveur dans le théâtre de Strindberg et chez les dramaturges expressionnistes, l'écriture de l'agonie est sans doute la forme littéraire et théâtrale qui correspond le plus étroitement à la recherche beckettienne d'un art condensé, contracté. « À peine venu parti », telle est la formule lapidaire du Souvenant de Cette Fois. Mais, de surcroît, ce temps de l'agonie permet au sujet – ce « je » qui, même mis à mort, entend continuer de se dire – de témoigner une dernière fois de l'humaine condition en prenant son existence à rebours. À contre-vie, dans une sorte de posture ou de geste testamentaires. L'extrême économie des textes de Beckett des deux dernières décennies est donc une économie de l'extrême. Là où la vie ne saurait plus être, selon une expression de Solo, qu'un moins à mourir .

Dans sa radicalité, Beckett, cet écrivain qui, en adoptant le français, entendait s'appauvrir encore davantage, détruit les formes canoniques de la littérature, bouscule les frontières entre les genres et même entre les modes – épique, lyrique et dramatique. À partir de La Dernière Bande – soliloque d'un sexagénaire entièrement occupé à réécouter, d'anniversaire en anniversaire, d'anciens enregistrements de lui-même – commence de se produire chez Beckett une confluence du théâtre et de la prose qui sera totale à la fin de sa vie. Pièces comme Pas moi 1971, Solo, Cette Fois, si proches d'un roman soliloqué comme L'Innommable, où l'on n'entend plus que la ou les voix qui peuplent un même être. Ou bien récits largement oralisés, qui appellent le théâtre, que les metteurs en scène, depuis les années soixante-dix, ont souvent tendance – du Dépeupleur des Mabou Mimes à Premier Amour de Christian Colin, en passant par Compagnie de Daniel Zerki – à préférer aux pièces elles-mêmes. Parce que, selon eux, ces récits sont exempts des indications scéniques et de la théâtralité trop univoque qui bride des premières pièces.

Parcours somme toute mallarméen de la modernité on relève le même processus de confluence ou de croisement du dramatique et de l'épique chez Marguerite Duras, peut-être aussi chez Thomas Bernhard, déjà chez Kafka... où le texte se trouve écartelé et en crise entre les deux aspirations, les deux destinations contradictoires du livre et de la scène. Parcours toujours ouvert, jalonné d'« échecs » de plus en plus exigeants plutôt que de réussites, de fragments plutôt que d'œuvres achevées et de formes brèves plutôt que de grandes formes. Parcours marqué, juste dans la circularité ou le mouvement en spirale de la plupart des textes, non pas par la diversité de l'invention mais par le jeu de la répétition et des variations quasi imperceptibles. On reconnaîtra là le geste simple et ample en définitive d'une œuvre qui, à l'instar de celle de Kafka, paraissait a priori complexe et énigmatique : dispersion des cendres du langage, particules encore fécondes – qu'on s'en réjouisse ou qu'on le déplore – de cette très vieille maladie qu'on appelle l'homme.

Liste des Å“uvres

Le premier livre de Samuel Beckett à être publié en français, Murphy a été publié par Bordas en 1947. Ensuite, les œuvres de Samuel Beckett sont publiées aux Éditions de Minuit. Elles sont publiées en anglais chez Faber & Faber théâtre ou chez Calder Publishing (en) (romans) et chez Grove Press aux États-Unis.
Œuvres en français

(Entre parenthèses après le titre, la date d'écriture, si elle peut être précisée)
1947 : Murphy (roman) (1938)
1951 : Molloy (roman, depuis traduit en anglais par Beckett avec Patrick Bowles) (1947)
1952 : Malone meurt (roman) (1948)
1952 : En attendant Godot (pièce en deux actes) (1949)
1953 : L'Innommable (roman) (1949)
1955 : Nouvelles et Textes pour rien (1946-1950)
1945 : Premier Amour,Les Éditions de Minuit, 1970, ISBN 2-7073-0141-8
L'Expulsé (traduit par Beckett avec Richard Seaver comme The Expelled)
Le Calmant - The Calmative
La fin (traduit avec Richard Seaver comme The End)
Textes pour rien - Texts for Nothing
1957 : Fin de partie (pièce en un acte)
1957 : Acte sans paroles I
1961 : Acte sans paroles II
1961 : Comment c'est (roman) (1960)
1963 : Oh les beaux jours (pièce en deux actes)
1966 : Bing (pièce) (1966)
1967 : Têtes-mortes (écrits brefs), Les Editions de Minuit (1988), (ISBN 978-2-7073-0337-0)
1968 : Poèmes (1937-1949)
1968 : Watt (roman) (1945), publié en anglais en 1953 par Olympia Press, traduit par Ludovic et Agnès Janvier avec la collaboration de Samuel Beckett puis publié par Minuit en 1968
196925 : Sans (nouvelle) (1969)26
1970 : Mercier et Camier (roman) (1946)
1970 : Le Dépeupleur (nouvelle) (1968-70)
1976 : Pour finir encore et autres foirades
Pour finir encore
Immobile
Foirade I
Foirade II
Foirade III
Foirade IV
Au loin un oiseau
Foirade V
1978 : Pas, suivi de Quatre esquisses (pièces)
1979 : Poèmes (publiés une première fois en 1968 par Minuit), suivi de Mirlitonades
1980 : Compagnie, traduit par l'auteur depuis Company (1978)
1981 : Mal vu mal dit
1982 : Catastrophe (pièce dédiée à Václav Havel, date d'écriture)
1988 : L'image (1950)
1991 : Cap au pire traduit de l'anglais par Edith Fournier, édition originale numérotée de 1 à 9, édité par les Éditions de Minuit, écrit en 1982, publié en 1983
1995 : Eleutheria (publication posthume d'une pièce écrite environ en 1947, traduit en anglais par Michael Brodsky)
2012 : Notes de Beckett sur Geulincx (1967)
2012 : Peste soit de l'horoscope et autres poèmes (1930)

Å’uvres en anglais

1929 : Dante... Bruno. Vico.. Joyce (essai)
1930 : Whoroscope (poème) (traduit par Edith Fournier en 2012 comme Peste soit de l'horoscope et autres poèmes, éditions de Minuit)
1931 : Proust (essai sur Marcel Proust)
1934 : More Pricks than Kicks (recueil de contes, traduit par Edith Fournier en 1994 comme Bande et Sarabande, éditions de Minuit)
Dante and the lobster - Dante et le homard (1932)
Fingal (1934)
Ding-dong (1934)
A Wet Night - Rincée nocturne (1934)
Love and Lethe - Amour et Léthé (1934)
Walking Out - Promenade (1934)
What a Misfortune - Quelle calamité (1934)
The Smeraldina’s Billet Doux - Le Billet Doux de la Smeraldina (1934)
Yellow - Blême (1934)
Draff - Résidu (1934)
1935 : Echo's Bones and Other Precipitates (poèmes publiés par Europa Press)
The vulture
Euneg I
Euneg II
alba
Dortmunder
Sanies I
Sanies II
Serena I
Serena II
Serena III
Malacoda
da tagte es
echo's bones
1938 : Murphy (roman, depuis traduit en français par Beckett avec Alfred Péron)
1953 : Watt (roman, traduit par Beckett avec Agnès et Ludovic Janvier)
1957 : All That Fall (traduit en français par Beckett avec Robert Pinget comme Tous ceux qui tombent) (captation TV de Michel Mitrani en 1963)
1957 : From an Abandoned Work - D'un ouvrage abandonné
1958 : Krapp's Last Tape (traduit en français par Beckett avec Pierre Leyris comme La Dernière Bande (pièce)
1959 : Embers (depuis traduit par Beckett avec Robert Pinget comme Cendres)
1961 : Happy Days - Oh les beaux jours (pièce)
1962 : Words and Music - Paroles et musique
1963 : Play - Comédie (pièce)
1963 : The Old Tune (pièce depuis La manivelle de Robert Pinget)
1967 : Eh Joe (pièce pour la télévision, écrite en avril-mai 1965)
1967 : Film (scénario du film par Alan Schneider avec Buster Keaton réalisé en 1965)
1969 : Breath - Souffle
1970 : First Love - Premier Amour (nouvelle) (1946), Les Éditions de Minuit, (ISBN 978-2-7073-0141-3)
1973 : Not I - Pas moi (pièce écrite en 1972)
1976 : That Time - Cette fois (pièce écrite entre juin 1974 et août 1975)
1976 : Footfalls - Pas (pièce)
1976 : Ghost Trio - Trio fantôme (traduit en français par Edith Fournier) (pièce pour la télévision, accompagnée du Largo du 5e Trio pour piano (The Ghost) de Beethoven)
1977 : ...but the clouds... (traduit en français par Edith Fournier) (pièce pour la télévision)
1982 : A Piece of Monologue - Solo (pièce, écrite en 1979 pour David Warrilow)
1981 : Ohio Impromptu - Impromptu d’Ohio (pièce)
1981 : Rockaby - Berceuse (pièce écrite entre l'automne 1979 et juin 1980)
1983 : Worstward Ho - Cap au pire, traduction française d'Edith Fournier (1991)
1983 : What Where - Quoi où (pièce)
1984 : Quad (pièce), traduit en français par Edith Fournier, réédité aux Éditions de Minuit en 1992 avec un texte de Gilles Deleuze, « L'Épuisé »
1984 : Nacht und Traüme (pièce, accompagnée des sept dernières mesures du Lied de Schubert Nacht und Traüme, traduction française d'Edith Fournier)
1989 : Stirrings Still - Soubresauts (prose rédigée entre 1983 et 1986)
1992 : Dream of Fair to Middling Women (publication posthume d'un roman inédit rédigé en 1931-1932, repris en partie dans les nouvelles de More Pricks than Kicks)

Liens

http://youtu.be/A5niePmKL9w Interview
http://youtu.be/79GSWYVavcY En attendant Godot 1
http://youtu.be/rsTpMppttr8 En attendant Godot 2



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Posté le : 21/12/2013 16:55

Edité par Loriane sur 22-12-2013 13:51:25
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Re: Samuel Beckett
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Merci pour ce texte sur Becket. Cet auteur m'a profondément marqué. Surtout Molloy. Un chef d'oeuvre qui laisse découvrir tout ce que l'âme d'un homme peut contenir de contraire à tous les mythes de la société...
Le style de Becket dans Molloy est inimitable; je le sais pour l'avoir tenté et bien que je sois conscient d'avoir échoué, cela m'a beaucoup aidé pour mon développement littéraire.

Posté le : 28/12/2013 07:14
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Re: Samuel Beckett
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Merci Exem.
Alors ça c'est amusant ce que tu dis, car à te lire, dans ce que tu as déposé sur L'ORée, je ne suis pas si sûre que tu aies échoué au temps que tu le croies dans ta tentative de te rapprocher du style de Beckett
Il y a dans tes choix de sujets et dans ton style des accents qui évoquent bien son oeuvre.
Je partage ton goût pour cet écrivain torturé et profond.
Il porte en lui une angoisse et une folie poétiques fertiles Sa biographie explique beaucoup de choses sur lui.
Mes lectures sont anciennes mais ont laissé leurs traces..

Posté le : 28/12/2013 12:08
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Re: Samuel Beckett
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Lorianne,
Merci à toi. J'ai longtemps navigué sur le Net, mais vraiment tu es la personne la plus remarquable que je connaisse. Tes qualités de travail, ton talent et ta gentillesse m'émeuvent chaque jour.
Bonne Année et que tout ce que tu désires se réalise.

Posté le : 28/12/2013 19:04
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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