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Armand Gatti
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Le 26 janvier 1924 à Monaco naît Armand Gatti, de son vrai nom

Dante Sauveur Gatti,


poète, auteur, dramaturge, metteur en scène, scénariste, réalisateur mais il est aussi enfant du xxe siècle : résistant, évadé, journaliste et voyageur, ses mémorables rencontres à travers le monde ont profondément influencé son œuvre. Il passe son enfance dans le bidonville de Tonkin avec son père, Augusto Reiner Gatti, balayeur, et sa mère, Laetitia Luzano, femme de ménage. Il suit ses études au séminaire Saint-Paul à Cannes.
Fils d’un anarchiste italien et d’une franciscaine, Armand Gatti passe son enfance dans le bidonville de Tonkin avec son père, Augusto Reiner Gatti, balayeur, et sa mère, Laetitia Luzano, femme de ménage. Il suit ses études au séminaire Saint-Paul à Cannes.


Quatre mille pages, quarante-cinq pièces : l’oeuvre d’Armand Gatti, homme de théâtre et écrivain, est hantée par l’expérience des camps et des maquis d’abord celui de 40-45 bien sûr, mais aussi ceux du Guatemala, de l’Irlande du Nord et des banlieues d’ici. Hantée par le Verbe aussi, arme de résistance et de révolution. Ses mises en scène ? Jamais dans un théâtre classique, toujours dans des lieux dérangeants, habités, urbains, cités, prisons, usines. Ses spectacles ? Jamais payants, toujours avec banquets d’anarchistes. Jamais répétés, encore moins ressassés, toujours créations uniques. Ils s’étirent sur trois jours et se dispersent parfois même partout, parmi les figures de pierres. Armand Gatti n’est pas seul, bien sûr. Jean-Jacques Hocquart, Gilles Durupt, Hélène Chatelain, Stéphane Gatti, l’accompagnent depuis fort longtemps dans sa guérilla urbaine. Depuis quinze ans, de Toulouse à Marseille, de Fleury-Mérogis à Avignon, ils opèrent dans les villes ensemble. C’est ainsi, qu’à partir d’un lieu dont ils font leur base, ils vont chercher et tirent à eux tous les laissés pour compte avec lesquels ils vont fomenter leurs spectacles.

Après avoir poussé la grille, grimpé l’échelle de bois, me voilà soudain dans la hutte, "Dans la hutte habite l’homme, gardien du langage", une hutte tapissée de livres avec aussi deux tables recouvertes de pages manuscrites où se tient celui qui a la flamme dans l’oeil. La première chose qu’il fait, c’est de me présenter les chiens de la maison. Il y a Desdémone, la bâtarde qui me lèche les mains, et Tao, le barbet : "Les barbets ce sont les ancêtres de la baleine". Puis il me raconte des histoires terribles, et plus elles sont terribles, plus il dit de ces expériences qu’elles sont "pleines", "exceptionnelles", "fondamentales". Il ouvre les bras, et ses mains immenses, il les lance et les projette très haut, comme pour se grandir encore, comme pour appeler l’espace.

Rien ne prédestinait Dante Sauveur Gatti dit Armand, fils de prolétaires, à l'écriture théâtrale, pas plus qu'à la poésie. Il naît en 1924, à Monaco, d'un père, Auguste, immigré italien, éboueur, et d'une mère, Laetitia, femme de ménage. Sa vie se confond très tôt avec les batailles du siècle, celles pour l'émancipation de l'homme. Possédé par la nécessité de l'expression, il fera feu de tout bois : cinéma, poésie et, bien sûr, théâtre. Son œuvre, immense, a produit l'une des plus singulières aventures de théâtre qui soit. Un théâtre au service de la poésie et du combat, réfractaire aux conventions et aux présupposés qui l'enclavent.
Si l'œuvre peut se lire indépendamment de la biographie de Gatti, elle lui reste cependant constamment liée. Engagé dans la Résistance, en 1942, dans la Berbeyrolle, en Corrèze, Gatti est arrêté, condamné à mort puis grâcié en raison de son jeune âge. Il a découvert dans le maquis le pouvoir des mots : ses compagnons de solitude lors des longues heures de veille seront des livres de Michaux, Rimbaud, Gramsci, qu'il lit, à haute voix, aux arbres de la forêt. Ses plus beaux spectateurs, dira-t-il plus tard. Gatti est déporté au camp de travail de Linderman sur la Baltique. Là, il rencontre le théâtre à l'occasion d'une étrange cérémonie psalmodique : trois juifs y scandent : ich bin, ich war, ich werde sein : je suis, j'étais, je serai. Ce théâtre minimal, tout à la fois dérisoire en regard du camp et essentiel, met en échec la volonté des bourreaux. Un temps, pour reprendre l'un des leitmotivs chers à Gatti, l'homme est devenu plus grand que l'homme, et s'est rendu inassimilable à ce que les tortionnaires voulaient faire de lui : une victime défaite. Son théâtre, par la suite, pourra se lire, justement, comme la volonté de trouver les mots qui délivrent l'homme de ses défaites. Pour l'heure, Gatti s'échappe du camp, revient en France, s'engage dans les parachutistes et participe à la libération de Limoges.
Ancien résistant et reporter, révolutionnaire au théâtre comme en politique, il est un dramaturge de la parole errante, lyrique et baroque. Son théâtre joue à la fois du mythe et de la critique de l'histoire présente, V comme Viêt-nam, 1967 ; Chant public devant deux chaises électriques, 1968 ; la Passion du général Franco en 1968 dans une esthétique du montage, du jeu des temps et des frontières entre réel et imaginaire. Depuis 1968, il mène des créations collectives avec diverses communautés d'émigrés ou de délinquants Rosa collective, 1968 ; la Tribu des Carcana, 1974 ; le Lion, la Cage et ses ailes, 1978. En 1989, il donne les Combats du jour et de la nuit à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, autour du thème de la Révolution française. Dernier titre : la Parole errante en 1999.

Sa vie

Armand Gatti est né en 1924 à Monaco. Fils d’immigré italien, il est d’abord scolarisé au séminaire Saint-Paul à Cannes, en raison du bas coût des études. Ses lectures d'Arthur Rimbaud et son caractère déjà rebelle lui valent l’exclusion du collège.
En 1942, il s’engage dans le maquis de la Berbeyrolle en Corrèze en tant que résistant. C’est là-bas, au milieu des arbres, que sa parole de poète trouve sa place. Il récite des vers, en invente, et sa valise remplie de livres ne le quitte pas. Il se fait arrêter en 1943 par le Groupe mobile de réserve et est condamné à mort. Mais il est épargné à cause de son trop jeune âge. Il travaille pour les chantiers navals Lindemann à Hambourg. Il résiste avec le langage, avec la poésie : Antonio Gramsci, Henri Michaux, Gérard de Nerval, Louÿs ainsi que des poèmes qu’il écrit lui-même.
En 1943 toujours, il retourne, à pied, jusqu’en France. Il apprendra plus tard qu’il a emprunté le même chemin que Friedrich Hölderlin en 1802.
Mis en cause par Janine Grassin, présidente de l’Amicale des déportés de Neuengamme, Armand Gatti a admis en avril 2011 qu’il n’a jamais été au camp de Neuengamme, contrairement à ce qu'il avait affirmé par le passé.
En juillet 2011, un article du bulletin de l’Amicale des anciens déportés de Mauthausen, titre "Armand Gatti renonce à prétendre avoir été déporté".
L'affaire est reprise par Le Monde peu après.
La biographie de cet article pour la période de la seconde Guerre Mondiale est donc différente de ce qu'a raconté Armand Gatti, parfois en détails, la série d'entretiens avec Marc Kravetz sur France Culture et la biographie du même journaliste. Il a pour le moins pris quelques libertés avec les faits. En 2011, il répond au journal Le Monde qu'il n'a pas été déporté à l'intérieur du camp de Neuengamme, mais dans un camp de travail proche, les chantiers navals de Lindermann1. Or les chantiers navals en question n'employaient pas de détenus, ce n'était pas un "camp".
Son aventure ne s’arrête pas là, au contraire, elle ne fait que commencer. Une fois de retour en France, il rejoint Londres et, là-bas, s’engage au Special Air Service, il sera médaillé comme parachutiste.
À partir de 1946, il devient journaliste successivement pour le Parisien Libéré, Paris-Match, France Observateur, l’Express ou encore pour Libération. Il est couronné du Prix Albert-Londres en 1954.
Mais, dira-t-il, son statut de journaliste est surtout un moyen de gagner sa vie. En réalité, il utilise cette étiquette pour voyager et continuer son aventure politique, poétique et révolutionnaire à travers le monde. Il part en Chine, en Corée, en Sibérie, en Algérie mais aussi en Amérique du Sud : Cuba, la Patagonie et surtout le Guatemala, où son journal Le Parisien avait décidé de l’envoyer. Il participe là-bas à la guérilla, et sa rencontre avec un jeune Indien Maya, Felipe, eut une grande influence sur son travail autour du langage.
Au cours de ses nombreux voyages, il rencontre les personnes qui vont marquer profondément sa vie et son œuvre. Entre autres : Fidel Castro, Ernesto Guevara, Mao Tsé-Toung, mais aussi Henri Michaux, Kateb Yacine, Jean Vilar, Erwin Piscator et d’autres, qu’il rencontre à travers des livres, des mots, des idées.
Il n’abandonne son métier de journaliste qu’en 1959, pour se consacrer au théâtre. Il multiplie les étiquettes : auteur, metteur en scène, dramaturge, cinéaste, etc. Son travail théâtral se poursuit à Montreuil où il s’installe et commence à travailler avec ses loulous, des jeunes marginaux, sortis de prison, délinquant, drogués… en stages de réinsertion.
L’aventure de Gatti se poursuit encore aujourd’hui, aussi bien dans le théâtre que dans le cinéma et il multiplie les expériences de création et d’écriture à travers la France.

Récompenses et distinctions

Prix Albert-Londres 1954
Prix Fénéon pour Le Poisson noir 1958
Prix de la critique au Festival de Cannes pour L’Enclos 1961
Prix de la mise en scène au Festival de Moscou pour L’Enclos 1961
Prix Jean Delmas de la revue Jeune Cinéma pour Nous étions tous des noms d’arbres Cannes 1982
Prix du meilleur film de l’année au Festival de Londres pour Nous étions tous des noms d’arbres 1982
Grand prix national du théâtre Ministère de la Culture décembre 1988
La médaille de vermeil Picasso attribuée par l’UNESCO pour sa contribution exceptionnelle au développement du théâtre de notre temps mai 1994
Chevalier de la Légion d’honneur 1999
Commandeur des Arts et Lettres 2004
Prix du théâtre de la Société des Auteurs 2005
Grande médaille de vermeil de la Ville de Paris 2007
Grand prix du théâtre de l'Académie française 2013
Son Å“uvre

Théâtre révolutionnaire

L’œuvre de Gatti est indissociable de sa vie. Durant les dix années pendant lesquelles il fut journaliste et traversa le monde en conflit, il s’est forgé une matière pour ses pièces de théâtre. S’il a abandonné le journalisme, c’est après la rencontre avec Felipe, l’Indien guatémaltèque de 18 ans, qui lui dit vous, les gringos, les yankees, vos mots ils racontent, mais ils ne disent jamais rien. Vos paroles, vous les jetez mais vous ne les faites jamais exister. Quelques jours plus tard, Felipe se fait fusiller froidement par l’armée. Armand Gatti en réchappe et sait que désormais, le journalisme est fini pour lui. La question qu’il se pose avec évidence est alors Pour quoi écris-tu ?.
La forme théâtrale qu’il choisit après le journalisme lui vient naturellement. Mais il ne s’agit pas de la forme traditionnelle du théâtre occidental dont on a l’habitude.
En effet, les révolutions se poursuivent à l’intérieur même de son écriture : les personnages de la dramaturgie classique laissent place à des personnages dont le principal rôle est de porter le texte révolutionnaire, l’espace, les spectateurs, les voix, tout est remis en cause.
Le théâtre pour lui est avant tout une nécessité d’expression, il est fait pour répondre à ce qui était en train de se passer, de trouver le langage qui convenait… c’était en quelque sorte naître.
Il ne fait pas de théâtre dans l’objectif de représentations car il rejette violemment l’idée du spectateur-consommateur, le résultat n’est donc pas l’important. L’essentiel pour lui c’est le travail en lui-même, le Work in Progress qui passe par l’apprentissage du son, du corps, de la musique et surtout de la pensée et du verbe ; c’est la confrontation de l’individu et du texte.
La démarche politique de Gatti dans sa création théâtrale est de rassembler une communauté, celle des loulous, pour mobiliser les énergies vers un objectif commun. C’est donc une invitation à la connaissance, à l’apprentissage d’un langage qui […] permet à chacun de devenir son propre maître.
Armand Gatti interroge le langage, plus que les mots même, c’est leur sens qu’il questionne.
Car c’est la langue qui permet à l’homme de s’élever et de se révolter. Pour lui, la poésie et la révolution sont complémentaires, la langue est un outil. C’est avec cet outil qu’il choisit de combattre du côté des opprimés, pour la résistance et la cause plus grande que l’homme. Ses mots sont ceux de la prise de conscience contre ceux de la prise de pouvoir.

Un théâtre des possibles

Après la guerre, il devient journaliste pour Paris-Match, Le Parisien libéré, reçoit le prix Albert-Londres en 1954 pour un reportage : Envoyé spécial dans la cage aux fauves, coécrit une biographie de Churchill et voyage en Sibérie, en Algérie, au Guatemala, en Chine, où il rencontre Mao Zedong auquel le lie une fidélité jamais démentie. Mais très vite, les mots du journalisme se révèlent inappropriés : ils ne cessent de rétrécir le réel, de le recomposer petitement. Jean Vilar son premier père de théâtre, affirme Gatti découvre une de ses pièces, Le Crapaud buffle. Elle est créée en 1959, au théâtre Récamier.
La critique éreinte le spectacle, le jugeant hermétique et confus. Sur les conseils de Vilar, Gatti persévère, sans se soucier d'adapter son écriture aux normes dramatiques. Pour lui, le temps, l'espace, la psychologie, tels qu'ils sont représentés, ne rendent pas justice à la multiplicité du monde. Ils l'enferment au contraire dans des raisonnements purement logiques et participent de la vision carcérale que chacun a de son existence et de son devenir. Alors, plutôt que de reconstituer la mort des deux anarchistes, Sacco et Vanzetti, Gatti convoque le public et demande si Sacco et Vanzetti mourront une fois de plus ce soir, Chant public devant deux chaises électriques, 1966.
Plutôt que de tenter de retracer la vie de son père, il donne rendez-vous à tous les âges qui ont composé l'existence de l'anarchiste Auguste La Vie imaginaire de l'éboueur Auguste G, 1963. Bernard Dort, dans Théâtre réel, cerne l'enjeu de ce travail : il s'agit d'un théâtre des possibles, un théâtre ouvert à l'apparent insensé de la vie et qui ne tente pas de l'ordonner en deçà de ce qu'elle est. Gatti devient metteur en scène : une scène qui comme chez le metteur en scène communiste Erwin Piscator son deuxième père de théâtre ne se résigne pas à reconduire le monde dans ses limites mais, au contraire, cherche à l'élargir à tous les temps et à tous les espaces.

Révolutions et résistances

D'être devenu, progressivement, un auteur et un metteur en scène reconnu n'a toutefois pas éloigné Gatti des maquis. Ses pièces se font l'écho des luttes d'émancipation que connut le XXe siècle. Cinéaste, il a tenté, en 1962, dans El Otro Cristobal de trouver le langage adéquat pour dire la révolution cubaine. Dans L'Homme seul en 1967, il s'intéresse au destin d'un révolutionnaire chinois saisi par la défaite. Mai-68 radicalise une situation en passe d'être intenable. Sa pièce La Passion en violet, jaune et rouge 1968 est interdite de représentations au Théâtre national populaire par le pouvoir gaulliste, sur demande du gouvernement espagnol franquiste. Gatti quitte la France et s'exile en Allemagne, sur les traces de Rosa Luxembourg : quels gestes, quelles luttes, au présent, poursuivent son combat ? Il rencontre une jeune journaliste, Ulrike Meinhof, bientôt passée à la lutte armée révolutionnaire dans la R.A.F., bientôt arrêtée et suicidée. Une pièce, La Moitié du ciel et nous 1975, témoignera de sa solidarité avec les femmes militantes incarcérées. Le long poème écrit à Berlin, Les personnages de théâtre meurent dans la rue, peut être lu comme un manifeste. Lorsqu'il rentre en France en 1975, après de longues séquences de « création collective » en Belgique, son théâtre, éloigné des normes mais aussi des productions classiques, s'est définitivement passé de personnage

Expériences de création et d’écriture

À partir des années 1970/1980, Gatti commence ses expériences de créations et d’écriture théâtrales.
Elles font intégralement partie du travail qu’il élabore avec les loulous des villes de France qu’il traverse. Entre 1976 et 1977, Gatti et sa femme Hélène Châtelain orientent leur expérience autour de Vladimir Boukovski, interné en hôpital psychiatrique en Union soviétique, à la MJEP : Maison des Jeunes et de l'Éducation Permanente de Saint Nazaire. La pièce s’appellera Le canard sauvage. Et puis les expériences s’enchaînent : en 1993 à Marseille, ils travaillent sur Le Chant d’amour des alphabets d’Auschwitz, devenu Adam Quoi ?, en 1994-1995, Kepler le langage nécessaire devient Nous avons l’art, afin de ne pas mourir de la vérité. F. Nietzsche à Strasbourg, à Sarcelles en 1996-1997 ils se focalisent sur L’Inconnu n°5 du fossé des fusillés du pentagone d’Arras et sur Premier voyage en langue Maya à Montreuil en 1998.
Dans ces expériences avec les loulous, il veut retrouver les mots et le langage qui permettent d’affronter le monde.
Il ne choisit pas lui-même les loulous, ce sont des organismes sociaux qui se chargent des annonces et le seul critère est la motivation, celle de faire du théâtre.
Avec eux et son groupe de travail, La Parole Errante, il explore ses pièces, pendant plusieurs mois, afin que ces exclus retrouvent un langage et une parole qui leur sont propres, pour s’armer contre l’humiliation que leur impose la société. Le théâtre doit être l’université du pauvre.
Gatti s’emploie donc aujourd’hui à réaliser ces expériences, mais il intervient aussi dans des établissements scolaires, généralement considérés comme zones sensibles en raison des difficultés sociales et scolaires qui y règnent. Ainsi, en 2006, il passe 6 mois avec des élèves de troisième du collège Henri-Barbusse de Vaulx-en-Velin, dans le Rhône. Ces élèves ont retiré de cette aventure, qui n’est qu’un exemple parmi d’autres, un épanouissement qui, comme leur souhaitait Armand Gatti, les ferai devenir des hommes plus grand que l’homme.

Possibilisme et déterminisme

En 1977, à Saint-Nazaire, lors d'une exposition-spectacle consacrée aux dissidents soviétiques, Gatti constate l'épuisement du langage gauchiste. Partout, l'espérance révolutionnaire reflue. Avec sa tribu, il part travailler pour plusieurs années à Toulouse. C'est là qu'il systématise son travail avec les loulous : son éloignement de l'institution, des expériences malheureuses l'ont convaincu de cesser de faire du théâtre avec des acteurs professionnels. Ses créations, désormais, se feront avec des exclus : précaires, prisonniers, drogués, etc. Cela, toutefois, loin de toute volonté d'animation sociale. Gatti ne vient ni guérir ni panser les plaies d'une société inégalitaire. Ses recherches en font foi : sans abandonner ses précédentes solidarités, son inspiration redécouvre de nouveaux continents. D'une part, il revient sur la question du génocide nazi, à laquelle il avait déjà consacré plusieurs pièces dans les années 1960 et un film "L'Enclos"en 1960. Qu'est-ce qu' Auschwitz a fait au langage et à la pensée ? Comment le dire – et non le représenter – sur une aire de jeu Le Chant d'amour des alphabets d'Auschwitz, 1993 ? D'autre part, il s'intéresse à la science, ce que celle-ci transforme dans l'esprit, ébranlant les certitudes, les déterminismes, révélant les infinies possibilités qui bouleversent et l'existence et le monde Kepler, le langage nécessaire 1994 ; Incertitudes de Weiner Heisenberg, 1999. Son théâtre adopte, dans ses formes, le cheminement d'une pensée, frayant entre science et mémoire une place possible pour les combats du présent. En 1987, Armand Gatti s'est installé à Montreuil. Ses Œuvres complètes sont publiées en 1991 chez Verdier.

La Traversée des langages et La Parole errante

À compter des années 1990, Gatti s'aventure dans une nouvelle séquence d'écriture : La Traversée des langages. Le langage journalistique a fait très tôt, pour lui, la preuve de son échec. Le langage politique a failli. Gatti radicalise ces impuissances. Aucun langage, seul, n'est apte à dire la vérité. Il faut donc les convoquer tous, les traverser, ne trouver asile dans aucun en particulier. C'est du choc de leur rencontre que peuvent naître des parcelles de vérité. Ses expériences, sans acteurs, sans personnages, sans psychologie, se passent désormais de spectateurs. Quelques témoins volontaires assistent aux rares présentations, sur trois ou quatre jours, du travail mené. Une après l'autre, ses pièces-traversées, riches de tout un légendaire, Auguste Blanqui, Jean Cavaillès, Michèle Firk, conduites par une ambition incommensurable pour le théâtre et la poésie, tentent de faire advenir le mot juste sur une aire de jeu. En 1999, paraît un livre-monstre, au titre emblématique, La Parole errante, une autobiographie qui est à l'image de l'œuvre : démesurée, impossible à classifier et portée par une certitude, celle du militant Yon Sosa, que cite souvent Gatti : l'arme du guérillero, c'est le mot
La Traversée des langages est une part importante dans l’œuvre de Gatti. Il s’agit d’un cycle d’écriture entamé vers 1995, autour de la physique quantique, qui regroupe une quinzaine de pièces à sujets scientifiques. À l’occasion de ce travail, mené sur plusieurs années, il écrit une pièce sur Évariste Galois, mathématicien et résistant républicain, et sur Jean Cavaillès.
Cette pièce sera notamment travaillée pendant neuf semaines au Théâtre Jean Vilar à Montpellier par des habitants du quartier de la ville. Son attraction pour la Physique quantique révèle sa volonté de remettre en question les représentations acquises, c’est aussi un engagement de l’esprit et du corps en résistance à la pensée dominante.En 2012, un volume réunissant dix-neuf pièces sous ce titre est publié aux éditions Verdier.

La Parole errante

La Parole errante est avant tout un Centre international de création, qui a vu le jour à Montreuil en 1986 et dont la direction est revenue à Armand Gatti et son groupe de travail : Hélène Châtelain, son fils Stéphane Gatti et Jean-Jacques Hocquard. Ce lieu est né de plusieurs créations de structure dans les années 1970, qui avaient toutes le même but : associer dans une production artistique l’écriture, le théâtre, la musique, la peinture la vidéo et le cinéma. Il y a d’abord eu l’Institut de Recherche sur les Mass Médias et les Arts de Diffusions IRMMAD en 1973, puis Les Voyelles en 1975, pour produire, avec l’INA Institut National de l’Audiovisuel le reportage Le lion, sa cage et ses ailes.
En 1982, le groupe s’installe à Toulouse où il ouvre l’atelier de création populaire : l’Archéoptéryx. La Parole errante héritera de ces divers essais et expériences, et récupèrera l’ensemble du matériel de l’atelier de Toulouse.
En parallèle, le ministère de la Culture leur confie une mission : créer un lieu où serait confrontée l’écriture d’auteurs de langue française avec des groupes diversifiés. C’est ainsi que la Maison de l’Arbre ouvre ses portes en 1998, dans les anciens entrepôts du cinéaste Georges Méliès.
La Parole errante est aussi le titre d’un ouvrage d’Armand Gatti, qu’il a écrit et réécrit sur une vingtaine d’années.

Critiques et réceptions

Gatti se met à écrire du théâtre fin des années 1950 et c’est Jean Vilar qui va le faire connaître. En effet, celui-ci décide de monter Le Crapaud-Buffle en 1959 au TNP. Le théâtre de Gatti est en contrepoint total d’avec le théâtre bourgeois, il n’écrit pas pour des spectateurs et surtout refuse l’aspect fréquentation et consommation par le spectateur.
La représentation du Crapaud-Buffle est un scandale. Les critiques sont assassines, envers Vilar autant que vis-à-vis de Gatti. À cette époque où le nouveau dramaturge est plus sensible aux critiques, c’est le soutien du directeur du TNP qui va le maintenir dans la voie du théâtre. Gatti continue donc son combat, et il se détachera peu à peu des critiques.
Il rencontre néanmoins beaucoup de difficultés liées aux contraintes institutionnelles. Comment proposer un théâtre anarchiste, anti-institution, mais qui a tout de même besoin d’aides financières ? Il a plusieurs amis, qui l’aident à monter ses pièces et à les jouer dans différents théâtres français. La difficulté la plus importante à laquelle il est confronté, c’est en 1968, où il doit faire face à la censure.
Seul Malraux, alors ministre de la Culture, le soutient au sein du gouvernement. La censure touche sa pièce La Passion du Général Franco, car le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Michel Debré, voulait garder de bonnes relations avec l’Espagne. La pièce sera tout de même jouée, en Allemagne, mais aussi en France après de nombreux rejets.

Principales œuvres d’Armand Gatti

Œuvres théâtrales

Sauf mention contraire, les pièces sont mises en scène par l'auteur.
1958 : Le Poisson Noir (mise en scène en 1964)
1959 : Le Crapaud-Buffle mise en scène Jean Vilar
1960 : Le Quetzal, L'Enfant-Rat
1962 : La Vie imaginaire de l'éboueur Auguste G.
1962 : La Seconde existence du camp de Tatenberg, Le Voyage du Grand Tchou
1963 : Chroniques d'une planète provisoire, Notre tranchée de chaque jour
1966 : Chant public devant deux chaises électriques, Un homme seul
1967 : V comme Vietnam, La Cigogne, La Naissance
1968 : Les Treize Soleils de la rue Saint Blaise", "La Journée d'une infirmière, La Machine excavatrice..., Les Hauts plateaux..., Ne pas perdre de temps sur un titre ..., La Passion du Général Franco devenu L’Interdiction, ou Petite Histoire de l’interdiction d’une pièce qui devait être représentée en violet, jaune et rouge, dans un théâtre national
1969 : Interdit aux plus de trente ans'devenu Le Canard sauvage
1970 : Rosa Collective
1971 : L'Arche d'Adelin,
1972 : La Colonne Durruti
1974 : La Tribu des Carcana en guerre contre quoi?
1975 : Quatre Schizophrénies à la recherche d'un pays dont l'existence est contestée, La Moitié du ciel et nous
1976 : La Passion du Général Franco par les émigrés eux-mêmes
1977 : Le Joint, Le Cheval qui se suicide par le feu
1982 : Le labyrinthe
1983 : Retour à la douleur de tous, Crucifixion métisse
1984 : Nous ne sommes pas des personnages historiques
1985 : Le dernier maquis
1986 : Opéra avec titre long
1987 : Les Sept Possibilités du train 713 en partance d’Auschwitz
1988 : Le Chant d'amour des alphabets d’Auschwitz
1989 : Les Combats du jour et de la nuit à la prison de Fleury-Mérogis
1990 : Le Passage des oiseaux dans le ciel
1991 : Nos empereurs aux ombrelles trouées
1992 : Le cinécadre de l'esplanade Loretto ...
1993 : Marseille, adam quoi?
1995 : Kepler, le langage nécessaire'' devenu Nous avons l'art pour ne pas mourir de la vérité (Frédéric Nietzsche)
1997 : L'Inconnu n°5 du pentagone des fusillés d'Arras ...
1998 : Premier voyage en langue maya", "Second voyage en langue maya avec surréalistes à bord
1999 : Les Incertitudes de Werner Heisenberg ...
2003 : Le Couteau-toast d'Evariste Galois ...
2006 : Les Oscillations de Pythagore en quête du masque de Dionysos
2010 : Science et Résistance battant des ailes pour donner aux femmes en noir de Tarnac un destin d'oiseau des altitudes
Ses œuvres sont publiées aux éditions Verdier, Le Seuil, L'Arche et La Parole errante.

Écrits

Mort ouvrier, 1962
Les personnages de théâtre meurent dans la rue, 1970
Prose pour Diato, 1979, poème écrit en hommage à son ami le poète et artiste plasticien Albert Diato
Le Monde concave, 1983
La Parole errante, 1999, roman fleuve ou livre monde autobiographique
L'Anarchie comme battement d'ailes, 2001, quatre volumes sur son épopée familiale
Les Cinq noms de Georges Guingouin, 2005, hommage à son chef de maquis
Mieux Taire, gravure de Jean-Michel Marchetti, éditions Æncrages & Co
Le Bombardement de Berlin, illustré de gravure d'Emmanuelle Amann, éditions Æncrages & C°

Œuvres cinématographiques

1959 : Moranbong réalisé par Jean-Claude Bonnardot
1961 : L'Enclos
1963 : El otro Cristóbal
1970 : Le Passage de l'Ebre Der Übergang über den Ebro téléfilm
1975 - 1977 : Le Lion, sa cage et ses ailes, huit films vidéo
1979 : La Première Lettre, sept films vidéo
1982 : Nous étions tous des noms d'arbres

Quelques ouvrages autour d'Armand Gatti

Gatti, aujourd'hui, Gérard Gozlan et Jean-Louis Pays, Paris, Le Seuil, collection Théâtre, 1970
Gatti : journal d'une écriture, Michel Séonnet et Stéphane Gatti, catalogue de l’exposition Cinquante ans de théâtre vus par les trois chats d'Armand Gatti, Artefact, 1987
L'Aventure de la Parole errante, Armand Gatti et Marc Kravetz, L'Éther vague, Toulouse, Verdier, Lagrasse, 1991
Gatti (le principe vie. Pouvoir et puissance, résistance et souvenir dans l'œuvre d'Armand Gatti), Heinz Neumann-Riegner, Romanistischer Verlag Hillen, Bonn, 1993 (ISBN 3-86143-010-X)
La Poésie de l'étoile. Paroles, textes et parcours, Armand Gatti et Claude Faber, ed. Descartes, Paris, 1997
Armand Gatti, revue Europe, no 877, mai 2002 Sommaire et introduction, Armand Gatti, poète par Jean-Pierre Hàn
Armand Gatti à Genève, Yvan Rihs, Nadine Ruegg, Claudine Pernecker, La Parole errante, 2003.
Lucile Garbagnati, Frédérique Toudoire–Surlapierre sous la direction de, L’Arche des langages. Une oeuvre de référence : Armand Gatti, actes du colloque de Besançon, Dijon, Presses Universitaires de Dijon Collection Écritures, 2004.
Catherine Brun, Olivier Neveux numéro dirigé par, AG. Cahiers Armand Gatti, n°1, 2010, 236 p. Contributions de : A. Asso, M. Bouchardon, C. Brun, M. Courtieu, D. Faroult, S. Gallet, D. Lescot, P. Mesnard, H. Neumann-Riegner, O. Neveux, A. Roche.
Catherine Brun, Olivier Neveux numéro dirigé par, AG. Cahiers Armand Gatti : Les cinémas d’Armand Gatti, n°2, La Parole errante, mai 2011, 366 p. Contributions de : N. Brenez, C. Brun, S. Dreyer, D. Faroult, J.-P. Fargier, N. Hatzfeld, J. Long, O. Neveux, A. Perraud, M. Séonnet.
Catherine Brun, Olivier Neveux numéro dirigé par, AG. Cahiers Armand Gatti : La Traversée des langages, n°3, La Parole errante, décembre 2012, 286 p. Contributions de : F. Bailly, N. Beauvallet, C. Brun, N. Chatelain, J.-M. Clairambault, S. Gatti, M. Naas, H. Neumann-Riegner, O. Neveux, R. C. Pachocki, C. Rohner, L. Wiss.
Catherine Brun, Olivier Neveux dossier préparé par, Siècle 21 : « Armand Gatti », n°22, printemps-été 2013.

Prix et récompenses

Prix SACD 2005 : Prix Théâtre de la SACD

Liens

http://www.ina.fr/video/CAB8201214001 ... u-armand-gatti-video.html gatti Ina
http://www.ina.fr/video/CAB90028512/t ... ti-a-marseille-video.html Gatti théatre à Marseille
http://www.ina.fr/video/CAB91031498/avignon-gatti-video.html Armand Gatti à Avignon
http://youtu.be/KxshxHl85Rk Faire-Dieu tomber dans le temps... Gatti

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Posté le : 24/01/2014 22:09

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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