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Paul Valéry
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Le 20 juillet 1945 à Paris, meurt à 73 ans Ambroise Paul Valéry

Né Paul Toussaint Jules Valéry


écrivain, poète et philosophe français symboliste, né à Sète dans l'Hérault le 30 octobre 1871

En Bref

Le 30 octobre 1871 naissait à Cette devenu Sète Ambroise Paul Toussaint Jules Valéry, fils de Barthélemy Valéry, vérificateur principal des douanes, et de Fanny Grassi, issue de la noblesse italienne. Le jeune Paul entre d'abord chez les frères dominicains 1876, puis au collège de Cette Sète octobre 1878.
Ce collège avait des charmes sans pareils. Les cours dominaient la ville et la mer. L'enfant se construit déjà un univers : J'ai dû commencer vers l'âge de neuf ou dix ans à me faire une sorte d'île de mon esprit, et, quoique d'un naturel assez sociable et communicatif, je me réservais de plus en plus un jardin très secret où je cultivais les images qui me semblaient tout à fait miennes, ne pouvaient être que miennes …. En 1884, il renonce à entrer à l'École navale et tente de dériver cette passion marine malheureuse vers les lettres et la peinture. Il écrit ses premiers vers. Cette activité est plutôt un refuge pour échapper au lycée de Montpellier, où il entre en 1884. Les horaires tambourinés, les exercices lui semblent absurdes. Dès cette époque et malgré la pression de l'école, Valéry se forge sa propre culture. Il lit le Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe s. au XVIe s. de Viollet-le-Duc, la Grammaire de l'ornement The Grammar of Ornament, 1856 d'Owen Jones. Il écrit des notes, des vers, et il peint. Il étudie les arts savants du Moyen Âge, de Byzance et quelque peu la Grèce. Malgré cette érudition peu scolaire, il obtient son baccalauréat en 1887 et commence en 1888 son droit à Montpellier. Sous l'instigation de son ami Pierre Féline, il s'intéresse aux mathématiques. En 1889, il publie sa première œuvre, Rêve, dans la Revue maritime. Mais le monde littéraire lui est encore fermé.
C'est en 1890, au cours d'un banquet à Palavas, que Valéry fait la connaissance de Pierre Louÿs 1870-1925, qui le met en relation avec André Gide, qu'il rencontrera au mois de décembre de la même année. Une amitié, dont témoigne une correspondance, se noue entre les deux hommes. Louÿs met également Valéry en relation épistolaire avec Mallarmé, le maître de l'heure, à qui il demande conseil : Seule en donne la solitude, répond le poète.
Valéry est alors lancé dans le monde des lettres. En 1891, il publie dans la Conque le premier état de Narcisse parle, l'Ermitage, le Paradoxe de l'architecte. Le Journal des débats prophétise : Son nom voltigera sur les lèvres des hommes. Vers la fin de cette année, Valéry séjourne à Paris, où il rencontre enfin Mallarmé et Huysmans, l'auteur d'À rebours, qu'il considère comme sa bible et son livre de chevet. Pendant ce temps, il termine sa licence en droit, qu'il obtiendra en 1892.
Une ascèse géométrique

Sa vie

Né d'un père d'origine corse et d'une mère génoise, Paul Valéry entame ses études à Sète alors orthographiée Cette chez les dominicains, puis au collège de Sète et enfin au lycée de Montpellier. Il commence en 1889 des études de droit. Cette même année, il publie ses premiers vers dans la Revue maritime de Marseille. Sa poésie de cette époque s'inscrit dans la mouvance symboliste. En 1890, sa rencontre avec Pierre Louÿs sera déterminante pour l'orientation de sa vie de poète. Ce dernier lui présentera André Gide et l'introduira dans le cercle étroit de Stéphane Mallarmé. Paul Valéry lui restera fidèle jusqu'à sa mort solitaire.
Nuit de Gênes :
Dans la nuit du 4 au 5 octobre 1892, il connaît à Gênes ce qu'il décrit comme une grave crise existentielle. Il sort résolu à "répudier les idoles" de la littérature, de l'amour, de l'imprécision, pour consacrer l'essentiel de son existence à ce qu'il nomme "la vie de l'esprit". En témoignent les Cahiers dans lesquels il s'astreint à noter toutes ses réflexions au petit matin. Après quoi, ajoute-t-il en manière de boutade, ayant consacré ces heures à la vie de l'esprit, je me sens le droit d'être bête le reste de la journée .
La poésie n'est pas pour autant exclue de sa vie, car justement, selon Valéry, tout poème n'ayant pas la précision exacte de la prose ne vaut rien. Tout au plus a-t-il vis-à-vis d'elle la même distance que Malherbe affirmant sérieusement qu'un bon poète n'est pas plus utile à l'État qu'un bon joueur de quilles.
Quoi qu'il en soit, Paul Valéry indique à plusieurs reprises qu'il considère cette nuit passée à Gênes comme sa véritable origine, le début de sa vie mentale.

1892 : une année déterminante ; une passion platonique tourne à l'idée fixe. Et, au cours de vacances passées à Gênes, dans une nuit orageuse d'octobre, Valéry prend la décision de renoncer à toute vie sentimentale et littéraire. Il se consacrera désormais à la connaissance pure et désintéressée. Il est alors entre moi et moi, entre ce moi ancien soudain pulvérisé, de jeune homme promis à un brillant avenir littéraire, et ce moi nouveau qu'il va se forger par la force de l'esprit pour correspondre à une image idéale à laquelle il s'efforcera d'adhérer parfaitement, image dénuée de tout sentiment, de toute sensation. Ceux-ci agressent, dérivent et détériorent le Moi pur vers lequel il s'achemine, dans lequel le hasard, auquel les surréalistes attacheront une importance fondamentale, ne doit intervenir en aucune manière. Refusant la passion, il se livre passionnément à la conscience. Sublimation ? Cela semble peu probable. Mais Valéry s'interdit d'être gouverné par l'ingouvernable. Il entend garder en permanence le contrôle de soi, une distance respectable entre ses idées et ses gestes. Il guillotine l'amour et la littérature pour se délivrer des faux-semblants. La question se pose : ne s'est-il pas guillotiné lui-même en parlant de l'autre comme d'un ennemi qui entame et appauvrit le Moi divin, s'il ne le fait disparaître ? Quoi qu'il en soit, l'amour lui apparaîtra comme un besoin, analogue au manger et au boire. Tout le reste est littérature, comblement du vide pour rendre attrayante une existence animée par l'ennui. L'acte sexuel est une violence dont chacun pâtit. L'amour ? il ne permet aucun dépassement. C'est un passage sournois vers la mort, un suicide pour le moins.
Dès lors, les idoles, littéraires et amoureuses sont jetées à bas, Mallarmé y compris. De retour à Montpellier, Valéry se débarrasse de tous ses livres. Il ne s'intéresse plus qu'aux lectures ayant un rapport direct avec ses propres préoccupations, repoussant le bizarre, l'énorme, le brutal, qui lui font toujours un peu hausser les épaules. Il se livre à la seule réflexion et explique ce dépouillement systématique, au jour le jour, dans ses Cahiers il en produira 251, où il note scrupuleusement les moindres variations de son intellect préoccupé de lui-même.

En 1894, il s'installe à Paris, où il commence à travailler comme rédacteur au ministère de la Guerre, et où il se lie avec Paul Léautaud. En 1900, il devient le secrétaire particulier d'Édouard Lebey, le directeur de l'agence Havas, auquel il restera attaché pendant vingt-deux ans. Cette occupation lui réserve de nombreux loisirs pour se livrer à ses recherches. Il ne publie que des essais desquels semble bannie toute préoccupation poétique : Introduction à la méthode de Léonard de Vinci 1895, la Soirée avec Monsieur Teste 1896, la Conquête allemande 1897.
Il reste distant de l'écriture poétique pour se consacrer à la connaissance de soi et du monde. Depuis 1900 jusqu'en 1922, secrétaire particulier d'Édouard Lebey, administrateur de l'agence Havas, il s'affaire chaque matin aux petites heures à la rédaction de ses Cahiers, journal intellectuel et psychologique dont l'essentiel n'est publié qu'après sa mort.
En 1900, il épouse Jeannie Gobillard, cousine germaine de Julie Manet fille de Berthe Morisot et d'Eugène Manet, frère d'Edouard Manet, cette dernière épousant ce même jour Ernest Rouart. Le double mariage est célébré en l'église Saint-Honoré d'Eylau, dans le quartier de Passy, à Paris. Le couple Valéry est logé dans l'immeuble construit par les parents de Julie Manet, dans la rue de Villejust, aujourd'hui, rue Paul-Valéry dont a hérité la jeune fille, alors qu'elle n'avait pas dix-huit ans 1895. Le couple Valéry-Gobillard aura trois enfants et demeurera lié au couple Rouart-Manet qui aura trois fils, au point que les deux familles partageront aussi leurs vacances dans la propriété Le Mesnil, achetée par Berthe Morisot et Eugène Manet sur les bords de Seine, en aval de Meulan, peu avant la mort d'Eugène en 1893. Julie, unique héritière après le décès de Berthe Morisot en 1895, laissera les portes du Mesnil ouvertes au couple Valéry-Gobillard jusqu'à ce que la mort les sépare.
Paul Valéry se rend régulièrement Rue de Rome aux mardis de Stéphane Mallarmé, rencontres littéraires qui ont lieu au domicile du poète dont il sera l'un des fidèles disciples.

Le poète officiel

Valéry ne fera sa rentrée en poésie qu'en 1917 avec la Jeune Parque. Encore a-t-il fallu les pressions amicales de Gide et de Gaston Gallimard pour le convaincre de ne pas renoncer définitivement à la littérature. Depuis 1912, ils lui avaient demandé de publier ses vers de jeunesse.
Durant ces années de silence, Valéry n'a pas rompu avec les milieux littéraires et artistiques. Il s'est lié avec les grands peintres de l'époque, et son mariage 1900 avec Jeannie Gobillard, nièce de Berthe Morisot, n'a fait que resserrer ses liens avec le monde des arts.
Le succès de la Jeune Parque est considérable. Valéry devient l'auteur à la mode. Il est invité dans les salons de la haute société, et la parution du Cimetière marin dans la Nouvelle Revue française en 1920 et de l'Album de vers anciens la même année ne font que consolider sa réputation. Charmes, en 1922, n'ajoute rien à sa gloire. Valéry a été désigné l'année précédente comme le plus grand des poètes contemporains.
À la même époque, son patron, M. Lebey, étant décédé, il décide de se consacrer uniquement à la littérature. Il est constamment sollicité pour écrire des préfaces, des essais, pour faire des tournées de conférences à travers la France et toute l'Europe, articles et conférences qui seront rassemblés dans la série de Variétés (Variété, 1924 ; Variété II, 1929 ; Variété III, 1936 ; Variété IV, 1938 ; Variété V, 1944, Tel quel Tel quel I, 1941 ; Tel quel II, 1943, Regards sur le monde actuel (1931). Il est regardé comme une espèce de poète d'État, et tous les honneurs lui sont donnés. En 1925, Valéry est élu à l'Académie française au fauteuil d'Anatole France. Il cumule les fonctions honorifiques : président du Pen Club de 1924 à 1934, membre du Conseil des musées nationaux, président de la cinquième session des arts et lettres à la Société des Nations 1935, titulaire de la chaire de poétique au Collège de France 1937. Il poursuit jusqu'à la fin de sa vie cette activité littéraire et mondaine, glorieuse. Les funérailles nationales en 1945 ne feront rien pour arranger cette image factice qu'on s'est faite de lui et qui met au second plan le poète qu'il fut dans toute l'acception de ce terme, le chercheur quotidien, le créateur incontesté.

La poésie

En 1917, sous l'influence de Gide notamment, il revient à la poésie avec La Jeune Parque, publiée chez Gallimard. Il brise un 'long silence' avec ce poème de 500 vers auquel il a consacré quelque quatre années. Initialement, il devait écrire - à la demande de son éditeur Gallimard et de son ami André Gide - une préface poétique d'une trentaine de lignes pour accompagner une réédition de ses premiers poèmes. Mais il fut dépassé par le projet initial et écrivit alors ce que d'aucuns considèrent comme son chef-d'œuvre : le monologue intérieur d'une jeune femme en proie à un combat entre le corps et l'esprit, écrit dans un formalisme digne de son maître Mallarmé.

Un autre grand poème suit quelques années plus tard : Le Cimetière marin, 920, puis un recueil, Charmes 1922. Toujours influencé par Stéphane Mallarmé, Paul Valéry privilégia toujours dans sa poésie la maîtrise formelle sur le sens et l'inspiration : Mes vers ont le sens qu'on leur prête. En particulier dans le tercet de la page 96 :

Cette main, sur mes traits qu'elle rêve effleurer
Distraitement docile à quelque fin profonde,
Attend de ma faiblesse une larme qui fonde

existe une controverse sur le fait que le verbe utilisé soit fondre ou fonder.
Après la Première Guerre mondiale, Paul Valéry devient une sorte de poète officiel, immensément célèbre — peu dupe, il s'en amuse — et comblé d'honneurs. En 1924, il devient président du Pen Club français, puis est élu membre de l'Académie française l'année suivante. Dans le discours de réception qu'il prononce le 23 juin 1927, Paul Valéry fait l’éloge d'Anatole France, son prédécesseur, sans prononcer son nom une seule fois2. En effet il ne pardonnait pas à Anatole France de s'être autrefois opposé à la publication de poèmes de Mallarmé.

En 1931, il est promu au grade de commandeur de la Légion d'honneur ; en 1932, il entre au conseil des musées nationaux ; en 1933, il est nommé administrateur du Centre universitaire méditerranéen de Nice ; en 1936, il est nommé président de la Commission de synthèse de la coopération culturelle pour l'exposition universelle ; en 1937, on crée pour lui la chaire de poétique au Collège de France ; en 1938, il est élevé à la dignité de grand officier de la Légion d'honneur ; en 1939, enfin, il devient président d'honneur de la SACEM. Il fut par ailleurs membre du Comité d'honneur de l'Association du Foyer de l’Abbaye de Royaumont.
Son œuvre véritable, pendant ce temps, continue toujours dans l'ombre. La profondeur des réflexions qu'il a émises dans des ouvrages exigeants, Introduction à la méthode de Léonard de Vinci, La Soirée avec monsieur Teste, ses réflexions sur le devenir de la civilisation Regards sur le monde actuel et sa vive curiosité intellectuelle en ont fait un interlocuteur de Raymond Poincaré, Louis de Broglie, Henri Bergson et Albert Einstein.

Occupation allemande

Sous l'Occupation, Paul Valéry, refusant de collaborer, prononce en sa qualité de secrétaire de l'Académie française l'éloge funèbre du juif Henri Bergson. Cette prise de position lui vaut de perdre ce poste, comme celui d’administrateur du Centre universitaire de Nice Centre universitaire méditerranéen.

Il meurt le 20 juillet 1945, quelques semaines après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Après des funérailles nationales à la demande de Charles de Gaulle, il est inhumé à Sète, au cimetière marin qu'il avait célébré dans son poème :

Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes…

Engagement associatif

Paul Valéry a également été président de l'Union française pour le sauvetage de l'enfance de 1941 à 1945.

Un délire de lucidité

Le travail de Valéry s'est étendu sur une cinquantaine d'années ; années de labeur incessant. Les vingt années durant lesquelles l'écrivain afficha un refus de littérature n'ont jamais été qu'un silence peuplé, pour reprendre l'heureuse expression d'André Nadal. Durant ces années silencieuses, Valéry s'est encore davantage fondé en lui-même ; il a aiguisé ce pouvoir de faire des œuvres qui l'intéresse, en fait, plus que l'œuvre elle-même. Est-ce à dire que l'œuvre est inutile ? Elle n'est qu'un moyen pour avancer dans cette quête de soi-même, un mécanisme choisi pour aider à découvrir le mécanisme de l'être humain, qui le passionne, et dont il sera le spécimen favori.
Narcissisme ? Cette obsession de soi, de son moi exclusivement, unique, autonome, inaltérable, parfois triomphant, pourrait le laisser accroire. En vérité, il ne s'agit pas d'un moi psychologique, inséré dans une histoire spécifique qui serait, en l'occurrence, la sienne, mais d'un moi pur de toute incursion étrangère, indifférent à l'événementiel, un moi impersonnel, dirait Rimbaud. Le moi est un pronom universel, appellation de ceci qui n'a pas de rapport avec un visage. Ce moi édulcoré s'assume dans sa totalité après avoir écarté l'autre, le différent. Ma vie est ce qu'elle est mais elle n'est pas celle des autres : elle est MA vie et ce possessif lui donne son prix, et ce moi, cette vie qui est la sienne et qui ne peut être assimilée à aucune autre ne deviennent ce qu'ils sont qu'à force d'attente et de patience et de volonté de les vouloir tels. Ils sont une lente et longue conquête dont la fin est sans lieu et le processus infini, incessant : Pas de changement, pas de révolution mais une évolution jusqu'au bout de moi-même. Le fond n'est jamais atteint. La fin donne à plonger encore davantage : Écoute ce que l'on entend lorsque rien ne se fait entendre ?.
Valéry réduit son univers au Moi, à son moi, qui lui est le plus proche, un objet privilégié dont il faut déjouer les faux-fuyants, dénoncer les contorsions, dénouer les entrelacs mystificateurs pour mettre à nu le mécanisme. Cet affrontement de soi, ce délire de lucidité, ne peut être en partie épongé que par la toute-puissance de l'intellect appliquée sur la matière première de la poésie, du langage. Notre poésie ignore et même redoute tout, l'époque et le pathétique de l'intellect. À la suite de Rimbaud, en même temps que Mallarmé, Valéry déplore : Nous n'avons pas chez nous de poète de la connaissance. Qu'à cela ne tienne ! Il sera le premier. Cette quête passionnée de l'intellect épuré est le problème de Monsieur Teste, tout à la fois Tête et Texte imbriqués l'un dans l'autre sans séparation. Monsieur Teste possède la froide et parfaite clarté, la lucidité meurtrière et inexorable. Il voit les choses comme elles sont, telles quelles, et s'efforce de découvrir les lois qui les régissent. Qui es-tu et comment connais-tu ? Telles sont les questions fondamentales de l'œuvre de Valéry.
L'intellect combat sans relâche les débordements trompeurs des passions, des sentiments : L'intellect est une tentative de s'éduquer en vue d'empêcher les effets de déborder infiniment des causes.Tous nos orages affectifs font une énorme dissipation d'énergie et s'accompagnent d'une confusion extrême des valeurs et des fonctions. Il s'agit de se rendre maître de cette confusion qui régit le cheminement de la conscience, de dominer non point l'esprit des autres mais le sien propre ; en connaître le fonctionnement, s'en rendre maître afin d'en disposer à son gré, Gide. Mais ne pas se laisser aller au flux des sentiments ou des passions ne signifie pas nécessairement qu'il faille imposer une autorité, qui, elle aussi, peut être trompeuse. Valéry propose une conduite qui n'est ni celle du relâchement, ni celle de l'autorité systématique, mais celle de l'attention, de la patience aux choses et à soi, de l'écoute permanente et lucide. Il prône le temps de la maturation, de la classification, de l'ordre, de la perfection, qui se découvrent nécessairement si l'on écarte les faux-semblants, à partir d'ailleurs d'une contrainte justement dosée : Il faut se soumettre à une certaine contrainte : pouvoir la supporter ; durer dans une attitude forcée pour donner aux éléments de pensée qui sont en présence ou en charge, la liberté d'obéir à leurs affinités, le temps de se joindre, de se construire et de s'imposer à la conscience et de lui imposer je ne sais quelle certitude. Contrainte et liberté, Apollon et Dionysos s'affrontent sans que jamais l'un cède à l'autre. Avec cette rigueur de tout instant, Valéry ne risque pas de s'égarer dans l'enthousiasme et quand bien même serait-il celui de l'intellect. Quant à la passion amoureuse, elle est, par excellence, l'accident désastreux de l'esprit : Aimer : disposer intérieurement – donc entièrement – de quelqu'un pour satisfaire un besoin imaginaire et, par conséquent, pour exciter un besoin généralisé. Valéry ne fut jamais dupe de cette folie qui le guette, et, si folie il y a, c'est encore celle de l'intellect : Je sens ma folie à travers ma raison …. Mais c'est non ma folie mais celle des choses, de la réalité … dans toute sa puissante inexplicabilité essentielle. Il s'agit d'en rendre compte sans la dénaturer, de doser sa part de rêve et sa part de réalité, que les hommes insatisfaits y ont placées sans même s'en rendre compte. Non content de tenter de dire en permanence la prise de conscience de la conscience, Valéry fut en même temps un constructeur, plus précisément un architecte d'une méthode et non pas d'un système comme moyen d'investigation. En cette matière, Léonard de Vinci fut son modèle. N'a-t-il pas le premier allié d'une manière remarquable l'esprit scientifique et l'esprit artistique, l'un étant inséparable de l'autre ?

L'écriture comme architecture infinie

L'un et l'autre sont en effet un moyen pour parvenir à un objet dans la plus haute perfection. Dans Eupalinos ou l'Architecte, il retrouve le problème déjà posé dans l'Introduction à la méthode de Léonard de Vinci, qu'il examina. Il lui importe de saisir le chemin de labyrinthe aussi bien extérieur qu'intérieur, des méandres de la conscience, de saisir le cheminement qui va de l'observation à l'expression. Comment connais-tu est le problème essentiel qu'il se pose. Eupalinos est l'architecte parfait qui n'oublie aucun détail et qui, en plus de la connaissance universelle, est doué d'une lucidité à toute épreuve. Du flot de l'inspiration, Valéry saisit le purement poétique, le diamant qu'il sort de la gangue, pour parvenir à l'expression pure, à un classicisme, somme toute, où se trouve formulé essentiellement ce qui est à dire, qui a surmonté, non sans peine et sans mal, le flux tumultueux de la conscience brute. Tout classicisme suppose un romantisme intérieur. Le poète, obsédé par la pureté de la forme, opère un choix allant se raréfiant, mais ce choix, si strict soit-il, n'est jamais unique et définitif. L'œuvre sera donc toujours inachevée et perfectible, ce qui explique peut-être le long silence de Valéry, durant lequel il affirma non seulement sa conscience, mais sa maîtrise de la forme, sa méthode. Ce perfectionnisme incessant qui cherche à s'approprier la chose allant s'édulcorant a pu faire dire de Valéry qu'il était obscur. Valéry n'a fait que vouloir exprimer des états infiniment complexes ; d'où la complexité de la composition de ses poèmes.
À côté de Valéry poète et prosateur, il ne faut pas négliger l'essayiste qui n'a cessé de s'interroger, d'interroger les problèmes posés par le monde dans lequel il vivait, les civilisations qui l'entouraient. Humaniste, il le fut au plus haut point, recherchant l'homme autour de lui et en lui-même.
Valéry a traversé immuable la première moitié du XXe s., poursuivant son œuvre sans relâche, presque indifférent au grand courant littéraire et artistique qui l'a bouleversé, le surréalisme. Son indépendance totale, faisant fi des modes et des engouements, lui a permis de mener à bien une expérience qui, même si elle resta inachevée, témoigne d'une authenticité réelle, dont l'exemple demeure un modèle.

Son Å“uvre

Les essais de Valéry traduisent ses inquiétudes sur la pérennité de la civilisation, Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles , l'avenir des droits de l'esprit , le rôle de la littérature dans la formation, et la rétroaction du progrès sur l'homme.
Sa série Variété I, II, III, IV, V se compose d'un autre type d'écrits : ceux qui lui ont été commandés et qu'il n'eût sans doute, de son aveu, jamais écrits de lui-même. Ils n'en témoignent pas moins d'une profondeur d'analyse impressionnante que l'on retrouve aussi dans la série de courts essais sur divers sujets d'actualité du XXe siècle publiée sous le titre : Regards sur le monde actuel (Voir par exemple Notre destin et les lettres.
Sa correspondance avec André Gide a été plusieurs fois publiée à la NRF, la dernière édition à ce jour 2013 datant de 2009. On y découvre tant un Gide impressionné par la puissance intellectuelle de Valéry, que des aspects humains peu connus du second dont un flirt "poussé", et surtout un témoignage sur la façon dont ces deux écrivains assistaient inquiets à la montée des périls des années 1930.
On retrouve dans ses Cahiers des passages de Tel quel ainsi que des indications probablement destinées à faciliter leur regroupement en un seul ouvrage ou en des ouvrages ultérieurs : Nombres plus subtils, Robinson, etc.
Il a aussi publié L'Idée fixe.
Paul Valéry est également connu comme traducteur en vers Les Bucoliques de Virgile) et apprécié pour ses préfaces critiques "Lucien Leuwen" de Stendhal, "Les Chimères" de Nerval.

Philosophie

La portée philosophique et épistémologique de l'œuvre de Valéry est souvent méconnue, peut-être en raison de la publication tardive de ses cahiers. Pourtant Valéry est l'un des penseurs éminents du constructivisme3.

Le rapport que Valéry entretient avec la philosophie est singulier. Dans ses Cahiers il écrit : Je lis mal et avec ennui les philosophes, qui sont trop longs et dont la langue m'est antipathique.En effet, s'il s'inspire librement de Descartes en ce qui concerne une certaine méthode du penser il est en revanche très critique sur le discours philosophique lui-même. Pour Valéry, le philosophe est plus un habile sophiste, manieur de concepts, qu'un artisan au service du Savoir comme l'est le scientifique.
En revanche, son désir de comprendre le monde dans sa généralité et jusqu'au processus de la pensée lui-même — caractéristique du philosophe — oriente fortement son travail, ce qui se manifeste en particulier dans :

La Crise de l’esprit Variété I Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles
Petite Lettre sur les mythes Variété II
La Politique de l’esprit, Le bilan de l'intelligence (Variété III) Nous entrons dans l'avenir à reculons
Discours de réception à l’Académie française
Discours de l’histoire Variété IV
Discours aux chirurgiens, L’Homme et la coquille Variété V
Notre destin et les lettres Regards sur le monde actuel
et tout au long de ses Cahiers.

Bibliographie Å’uvres

Introduction à la méthode de Léonard de Vinci 1895
La Soirée avec monsieur Teste 1896
Essai d'une conquête méthodique 1897
La Jeune Parque 1917
La Crise de l’esprit 1919
Le Cimetière marin 1920
Album de vers anciens 1920
Charmes 1922
Eupalinos ou l'Architecte 1923
L'Âme et la danse 1923
Variété I 1924
Propos sur l'intelligence 1925
Monsieur Teste 1926
Variété II 1930
Regards sur le monde actuel 1931
Amphion 1931
Pièces sur l'art 1931
L'idée fixe ou Deux Hommes à la mer 1932
Discours en l'honneur de Goethe 1932
Sémiramis 1934
Notion générale de l’art 1935)en ligne
Variété III 1936
Degas, danse, dessin 1938
Discours aux chirurgiens 1938
Variété IV 1938
Mauvaises pensées et autres 1942
Tel quel 1941, puis 1943 Cahier B 1910; Moralités; Littérature et Choses tues
Dialogue de l'arbre 1943
Variété V 1944

Posthumes :

Mon Faust 1946
L'Ange 1947
Histoires brisées 1950
Lettres à quelques uns 1952 Correspondance de Paul Valéry s'étageant tout au long de sa vie.
Vues 1948
Å’uvres I 1957
Les Principes d'anarchie pure et appliquée 1984
Corona et Coronilla 2008
La totalité des Cahiers est consultable en fac-similé à la bibliothèque du Centre Georges-Pompidou de Paris. Réédition, Gallimard, 2009.

Liens

http://youtu.be/mxAEsFa7FRg Opinion dez Valéry sur la guerre et Hitler
http://youtu.be/O5Hv5C3JGNw Le cimetière marin
http://youtu.be/anS-bJHFg2Q Valéry lu par F. Lucchini
http://youtu.be/POElbxmuFKE Fragment de Narcisse.




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Posté le : 19/07/2014 14:46

Edité par Loriane sur 20-07-2014 12:53:18
Edité par Loriane sur 22-07-2014 17:33:31
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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