| A + A -
Connexion     
 + Créer un compte ?
Rejoignez notre cercle de poetes et d'auteurs anonymes. Lisez ou publiez en ligne
Afficher/Cacher la colonne
Accueil >> newbb >> René Char [Les Forums - Histoire de la Littérature]

Parcourir ce sujet :   1 Utilisateur(s) anonymes





René Char
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9499
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 56867
Hors Ligne
Le 14 juin 1907 naît René Emile Char

à L'Isle-sur-la-Sorgue, Alias Capitaine Alexandre pendant la Résistance poète et résistant français, mort à Paris, à 80 ans, le 19 février 1988. Ses Œuvres principales sont : Arsenal en 1929, Le Marteau sans maître en 1934,Feuillets d'Hypnos en 1946, Fureur et mystère en 1948, La Parole en archipel en 1962. Il est de l'avis des critiques le dernier grand poète de la littérature française. Son entrée de son vivant dans la bibliothèque de la Pléiade, la diffusion de son œuvre en éditions de poche, des colloques et des hommages attestent de sa présence. Le questionnement incessant de la poésie comme pratique et son interrogation d'autres cantons de l'art, en particulier la peinture, établissent sa modernité. De Cloches sur le cœur 1928 à Éloge d'une soupçonnée 1988, sa voix et son succès se sont amplifiés. Des auteurs comme Dupin mais aussi Camus ont été influencés par lui ; des critiques, J.-P. Richard, J. Starobinski ont travaillé sur une œuvre dont la difficulté réelle naît d'une concentration extrême, quasi oraculaire et hermétique, du propos Plus que les mots essentiels. L'obscur y est de recherche.
Char naît avec le surréalisme son horizon pour cinq ans, qu'il rejoint à l'invitation d'Éluard. Il devient un élément d'un dispositif qui nourrit son sens physique Arsenal, 1929, son amour de la vérité, comportement et langage et le merveilleux cher au Manifeste de Breton. En 1930, il écrit avec ce dernier et Éluard Ralentir travaux. Il œuvre à la fondation de la revue le Surréalisme au service de la révolution. Mais plus encore que sa participation, les raisons de son éloignement du mouvement éclairent sa démarche personnelle. La surréalité du rêve – pourtant éclatante dans Artine 1930 – et plus encore sa systématisation, tout autant que la dictée de l'inconscient de l'écriture surréaliste ou le phénomène d'école lui sont, comme la gnose et l'urbanité, à peu près étrangers. S'il quitte sans éclat le groupe, dont il éclaire ainsi les dissensions internes, il n'en trahit pas les principes moraux et esthétiques la Lettre hors-commerce, 1947. Pas plus, il ne rompt avec l'esprit surréaliste, à qui il doit l'essentiel de sa voix, son goût du poème en prose et des éclairantes possibilités verbales.
Son écriture, qui sera désormais inséparable du cadre géographique provençal, sorte de terre natale du poème, dont les patronymes irriguent les textes ne se comprend pas sans son arrière-pays romantique.

En bref

Désormais classique – son entrée dans la Bibliothèque de la Pléiade en est le signe –, l'œuvre, haute, fraternelle, de René Char rayonnait depuis longtemps d'une illuminante obscurité : J'aime qui m'éblouit puis accentue l'obscur à l'intérieur de moi. La fascination qu'elle exerce semble naître d'une ouverture et d'un resserrement, de l'union paradoxale d'une parole chaleureuse et d'une écriture elliptique. Mots de grand vent, mais tirés d'une mine souterraine.
Le grand adolescent qui en 1925 suit les cours de l'École de commerce de Marseille est-il déjà René Char ? Et le vendeur de porte-à-porte qui place du whisky de bar en bar, et en même temps lit Villon, Vigny, Nerval ou Baudelaire, n'est-il pas déjà René Char – peut-être le plus grand poète du siècle ?
Les Char sont de purs Vauclusiens, vrais prolétaires. Le grand-père paternel, enfant trouvé, était plâtrier ; le père continua dans cette voie, passant lentement à un stade de petite industrie. Le grand-père maternel, républicain farouche, chahuta Gambetta en 1876. Double filiation jamais révoquée : le poète est en quelque manière artisan et toujours combattant.
S'impose d'abord l'irréfutable présence du poète : à la pointe du pessimisme lucide, sa parole élargit l'espace, redresse l'homme, d'autant plus souverain qu'il s'expose, vulnérable. Grand style d'une vie requalifiée, d'un marcheur noble naturellement et délié autant qu'il se peut. Si toute respiration propose un règne, la vigueur du souffle, l'ampleur de la foulée s'appuient sur le sol d'une écriture dense, d'une nuit nourricière, où les mots pèsent le poids d'une forte expérience terrestre, éclairent en gardant une réserve de sens. Vigoureusement affirmative et personnelle, cette poésie ne se croit pas tenue pour autant d'effacer ses ascendants : les présocratiques et Nietzsche lui montrent que pensée et poésie peuvent être consubstantielles ; Rimbaud, que la poésie n'atteint la vérité que dans le bond, l'accélération, l'en-avant ; le romantisme allemand, que la parole se qualifie dans une relation à l'inconnu qui ne le réduit pas à du connu.
Mais quelles que soient les dettes, c'est d'abord l'attention aiguë au devenir imprévisible, la force du lien à un lieu, la certitude d'un droit naturel qui fondent un amour et une morale, une physique de la poésie et une politique. Le lieu, c'est L'Isle-sur-la-Sorgue, où Char naît en 1907, où il passe une enfance buissonnière, entre les prêles de l'entre-rail et les gifles qui meurtrissent l'adolescent souffleté, se réfugiant dans la maison fabuleuse des demoiselles Roze, se mettant sous la protection des bons maîtres de la Sorgue, l'Armurier de Dieu et Louis Curel. Lieu qui incarne déjà la tension créatrice de la paroi et de la prairie : ici, la prairie qui prolonge le parc des Névons maternellement enchâssé par les bras des sorgues, verte rivière où l'éclair finit et où commence ma maison ; là-bas, la paroi, les monts de Provence, le Ventoux, les dentelles de Montmirail et, plus loin, les ruines des Baux ; à l'image de la fontaine de Vaucluse qui sourd de la paroi, la naissance nie violemment ce dont elle s'écarte : Nous regardions couler l'eau grandissante. Elle effaçait d'un coup la montagne, se chassant de ses flancs maternels. La nature morcelée, déniée, retrouvera ainsi ses droits dans le poème, non comme un décor, mais comme un influx, fond lumineux.
Au oui initial d'une existence, la mort du père en 1918 apporte un terrible contrepoint. Les Cloches sur le cœur 1928, poèmes d'adolescent, inscrivent l'épitaphe paternelle dans l'écriture, creusent mélancoliquement l'inanité de vivre. Arsenal 1929 et le Tombeau des secrets 1930 vont mettre en terre ce passé, commuer le deuil en secret fertilisant l'avenir. La mort peut désormais relancer la vie, la pierre funéraire devenir une pierre dressée à l'horizon, le plâtre du père – entrepreneur des Plâtrières de Vaucluse – essaimer en poussière fertile. De 1930 à 1934, Char traverse le surréalisme, reporte sa révolte naturelle sur un feu compagnon : Ralentir travaux 1930 est écrit à trois voix, avec Breton et Eluard. Artine, facettes oniriques d'un diamant noir, L'action de la justice est éteinte, Poèmes militants et Abondance viendra seront réunis en 1934 dans le Marteau sans maître. Ce vœu d'une révolution, enracinée dans la vie nocturne, bouleversant la vie sociale, se concrétise en images telluriques, alchimiques, d'un feu central, d'une « ère de cataclysmes et de séismes. La logique des alchimistes, échappant au principe d'identité, aide à nommer les confrontations attractives et répulsives des choses au sein du poème. Commencé sur l'abrupt meurtrier d'Arsenal, le recueil s'achève sur l'éclaircie des poèmes en prose d'Abondance viendra. Revenu à l'Isle, atteint par une grave septicémie, Char va, de 1934 à 1936, s'écarter du surréalisme ; Moulin premier 1936 fait le bilan et assainit les antagonismes : accord sur la valeur de la rencontre, du hasard, du merveilleux, désaccord sur l' automatisme, et crainte de voir la virulence surréaliste se diluer en phénomène culturel. L'angoisse devant la montée du nazisme marque les recueils suivants : Placard pour un chemin des écoliers 1937 met en parallèle son enfance protégée et le martyre des enfants espagnols, Dehors la nuit est gouvernée 1938 passe des espoirs du Front populaire, des ouvriers aliénés se redressant, tous compagnons de lit, à l'effroi d'une nuit que les monstres gouvernent déjà. Un temps René, encore entre deuil et enfance, entre deux eaux : J'avais dix ans. La Sorgue m'enchâssait. Le soleil chantait les heures sur le sage cadran des eaux. L'insouciance et la douleur avaient scellé le coq de fer sur le toit des maisons et se supportaient ensemble. Mais quelle roue dans le cœur de l'enfant aux aguets tournait plus fort, tournait plus vite que celle du moulin dans son incendie blanc ? la Parole en archipel.

Sa vie

René Émile Char est le cadet des quatre enfants issus des secondes noces, en 1888, d'Émile Char, négociant né en 1863 à L’Isle-sur-la-Sorgue, et de Marie-Thérèse Rouget, sœur de sa première épouse, Julia Rouget, morte en 1886 de tuberculose un an après leur mariage. À la naissance de René Char ses sœurs, Julia et Émilienne, ont dix-huit et sept ans, son frère Albert en a quatorze.
Son grand-père paternel, Magne Albert Char, dit Charlemagne, enfant naturel et abandonné, né en 1826 à Avignon, placé dans une ferme du Thor puis plâtrier à L’Isle-sur-la-Sorgue, avait épousé en 1848 Joséphine Élisabeth Arnaud, fille de meunier. Son grand-père maternel, Joseph Marius Rouget, maçon, avait en 1864 épousé Joséphine Thérèse Chevalier, née en 1842 à Cavaillon.
Son père Joseph Émile Magne Char, qui a abrégé son nom, est maire de L’Isle-sur-la-Sorgue à partir de 1905 et devient en 1907 administrateur délégué des plâtrières de Vaucluse. René Char passe son enfance aux Névons, la vaste demeure familiale dont la construction au milieu d'un parc venait d'être achevée à sa naissance, et où logent également ses grands-parents Rouget. Il bénéficie de l'affection de son père et est attaché à sa grand-mère paternelle, à sa sœur Julia, à sa marraine Louise Roze et sa sœur Adèle qui habitent une vaste maison au centre de la ville, mais subit le rejet hostile de sa mère, catholique pratiquante opposée aux idées politiques de son mari, et de son frère. La famille passe l'été dans une autre de ses propriétés, La Parellie, entre l'Isle et La Roque-sur-Pernes.
En 1913 René Char entre à l'école. Mordu en 1917 par son chien enragé, il est l'un des premiers à recevoir à l'hôpital de Marseille le vaccin mis au point par Pasteur. Après la mort de son père le 15 janvier 1918 d'un cancer du poumon, les conditions matérielles d’existence de la famille deviennent précaires. René Char se lie vers 1921 avec Louis Curel, cantonnier, admirateur de la Commune de Paris et membre du Parti communiste qu'il dépeindra sous le nom d'Auguste Abondance dans Le Soleil des eaux, son fils Francis, élagueur, Jean-Pancrace Nougier dit l'Armurier, il répare les vieux fusils qu'il évoquera dans Le Poème pulvérisé et qui sera lui aussi l'un des personnages du Soleil des eaux, les pêcheurs de la Sorgue et quelques vagabonds au parler poétique qu'il nommera plus tard les Transparents.
Bâti comme un colosse 1,92 m et impulsif, il joue passionnément au rugby qu'il pratique avec son ami Jean Garcin. Interne à partir de 1918 au lycée Mistral d’Avignon, il décide en 1923 de le quitter, après une dispute avec l'un de ses professeurs qui se moque de ses premiers vers. Il fait en 1924 un voyage en Tunisie où son père avait créé une petite plâtrerie, puis, en 1925, suit les cours de L'école de Commerce de Marseille, qui ne l'intéressent pas davantage. Il lit Plutarque, François Villon, Racine, les romantiques allemands, Alfred de Vigny, Gérard de Nerval et Charles Baudelaire mais aussi, vraisemblablement, Rimbaud, Mallarmé et Lautréamont, peut-être des poèmes d'Éluard. Après avoir travaillé à Cavaillon dans une maison d'expédition de fruits et légumes, il effectue en 1927 son service militaire dans l'artillerie à Nîmes, affecté à la bibliothèque des officiers. Il écrit alors une première critique, d'un roman d'André de Richaud, pour la revue parisienne Le Rouge et le Noir à laquelle il collabore jusqu'en 1929. En 1928 est publié aux éditions de la revue, grâce à l'aide financière de sa grand-mère qui meurt en décembre 1926, son premier recueil, Les Cloches sur le cœur, rassemblant des poèmes écrits entre 1922 et 1926, dont il détruira la plus grande partie des 153 exemplaires. Il publie également en revues un texte sur la ville d'Uzès en 1928 dans La Cigale uzégeoise et en 1929 un poème ancien dans Le Feu d'Aix-en-Provence1.

1929-1939

Au début de l'année 1929, René Char fonde à l'Isle-sur-la-Sorgue, aidé financièrement par le directeur de la maison d'expédition de Cavaillon où il avait travaillé, la revue Méridiens avec André Cayatte, rencontré lors de son service militaire, qui connaîtra trois numéros de mai à décembre. Dans le deuxième il publie une lettre inédite du maire de Charenton sur la mort de Sade, trouvée dans la bibliothèque des sœurs Roze, où il découvrira également treize lettres inédites de Sade, et une nouvelle largement autobiographique, Acquis par la conscience. En septembre, il envoie l'un des vingt-six exemplaires hors commerce de son second recueil, Arsenal, publié en août à Nîmes, à Paul Éluard qui vient lui rendre visite à l'automne à L’Isle-sur-la-Sorgue où il passe trois semaines. À la fin novembre, René Char arrive à Paris, rencontre Louis Aragon, André Breton, René Crevel et leurs amis, adhère au groupe surréaliste au moment où Desnos, Prévert et Queneau le quittent, et publie en décembre Profession de foi du sujet dans le douzième numéro de La Révolution surréaliste. Durant quatre ans il va collaborer aux activités du mouvement, dont il est en 1931 et 1932 le trésorier.
Le 14 février 1930 les surréalistes saccagent à Paris le bar Maldoror, lors d'une bagarre au cours de laquelle Char est blessé d'un coup de couteau dans l'aine. Il partage alors avec Éluard une vie, libre et fastueuse et c'est ensemble qu'ils rencontrent en mai 1930 Nush, Maria Benz, figurante sans travail et sans toit, qui vient habiter avec eux et épousera Éluard en 1934. Tandis qu'il lit les philosophes présocratiques et les grands alchimistes, Char publie une deuxième édition remaniée d'Arsenal, puis en avril 1930 à Nîmes Le Tombeau des secrets, douze photographies dont un collage de Breton et d'Éluard, légendées par des poèmes. Paraît simultanément, imprimé à Nîmes Ralentir travaux, d'après un panneau rencontré sur la route de Caumont-sur-Durance, poèmes écrits entre le 25 et le 30 mars en collaboration par Breton, Char et Éluard à Avignon et dans le Vaucluse et L'action de la justice est éteinte en juillet 1931.
Aragon, Breton, Char et Éluard fondent en juillet 1930 la revue Le Surréalisme au service de la révolution. Char revient régulièrement en Provence, durant l'été près de Cannes, et avec Nusch et Éluard s'embarque à Marseille, faisant escale à Barcelone pour séjourner à Cadaqués chez Salvador Dalí et Gala. Ses poèmes d'Artine paraissent en novembre aux Éditions surréalistes, chez José Corti, avec une gravure de Dalí. En février 1931 Éluard lui rend à nouveau visite à l'Isle avec Jean et Valentine Hugo et ils visitent Ménerbes et Gordes, Lacoste et Saumane dont les deux châteaux appartenaient à la famille du marquis de Sade. Char signe en 1931 les tracts surréalistes concernant le film L'Âge d'or réalisé par Dalí et Buñuel et attaqué par les ligues de droite, l'exposition coloniale et la situation politique en Espagne. L'héritage qu'il a reçu de son père dilapidé, Char loge en 1932 rue Becquerel dans l'appartement aménagé par Éluard pour Gala tandis qu'elle le quittait pour Dalí. Pendant l'été il voyage en Espagne avec Francis Curel et rencontre sur la plage de Juan-les-pins Georgette Goldstein qu'il épouse à Paris en octobre 1932, Éluard étant l'un des témoins. En 1933 janvier Char séjourne brièvement à Berlin avec Éluard et signe en mars un tract antifasciste. De juin à octobre 1933 le couple s'installe à Saumane. Durant l'hiver Char revient à L'Isle, loue au début de 1934 un appartement à Paris rue de la Convention, séjourne en février au Cannet, rentre à l'Isle en avril puis surveille à Paris, avec Georgette, l'édition chez José Corti, à 500 exemplaires, du Marteau sans maître, refusé par Gallimard, illustré d'une gravure donnée par Kandinsky. Au mariage d'Éluard le 30 août, Breton est son témoin, Char celui de Nush.
Char se détache à partir de décembre 1934 du groupe surréaliste : Le surréalisme est mort du sectarisme imbécile de ses adeptes, écrit-il dans une lettre à Antonin Artaud. Il demeure principalement à l'Isle l'année suivante mais va en février retrouver en Suisse Éluard et Crevel au sanatorium de Davos. En avril il accueille Tzara et sa femme Greta Knutson à l'Isle et les rejoint avec Éluard à Nice en septembre. Dans une lettre ouverte à Péret, il confirme le 7 décembre 1935 : J'ai repris ma liberté voici treize mois, sans éprouver en revanche le besoin de cracher sur ce qui durant cinq ans avait été pour moi tout au monde. Renonçant à son appartement parisien en mars 1936 il s'installe avec Georgette à l'Isle et est nommé en avril administrateur délégué de la société des Plâtrières du Vaucluse qu'avait dirigée son père, fonction qu'une septicémie le contraint rapidement à ne pas assumer et à laquelle il renoncera en mai 1937. Pendant sa convalescence qui dure plus d'un an, il lit dans la bibliothèque des sœurs Roze des ouvrages de D'Alembert, D'Holbach, Helvétius. Éluard et Man Ray viennent à l'Isle aider Char pour la préparation de Dépendance de l'adieu, avec un dessin de Picasso qu'Éluard lui a fait rencontrer, publié en mai par GLM à 70 exemplaires. À la fin du mois d'août Char s'installe pour quelques semaines à Céreste où il se lie avec maître Roux et ses quatre fils, puis séjourne au Cannet. En décembre GLM édite, avec l'aide financière d'Éluard, Moulin premier à 120 exemplaires. Éluard et Nush lui rendent visite au Cannet en janvier 1937. En août Char reçoit, avec Georgette, à Céreste le couple de surréalistes belges Louis Scutenaire et Irène Hamoir, dont il s'éprend4 et qu'il va rejoindre en septembre à La Haye où elle travaille à la Cour internationale de justice, liaison rapidement interrompue par son mari. À la fin de l'année il s'installe à nouveau avec Georgette à Paris, rue des Artistes. Placard pour un chemin des écoliers, édité en décembre, est dédié aux enfants victimes de la guerre d'Espagne. À travers sa correspondance avec Gilbert Lely, rencontré en 1934, naît une amitié qui se renforce l'année suivante lors de leurs promenades à Paris au square Saint-Lambert puis traversera les années de guerre. Dès février 1938 Char propose à Christian Zervos ses premiers écrits sur les peintres, Corot et Courbet. Cette même année il s'éprend d'une passion amoureuse, qui durera jusqu'en 1944, pour Greta Knutson, peintre d'origine suédoise de huit ans son aînée, séparée depuis l'année précédente de son mari, Tristan Tzara, passe avec elle le mois d'août dans le Luberon à Maubec où il commence d'écrire les poèmes, imprégnés de sa présence, du Visage nuptial. Avec Greta Knutson il découvre le romantisme allemand et particulièrement Hölderlin ainsi que la philosophie de Heidegger. En septembre il est mobilisé à Paris pour une dizaine de jours puis en 1939 à Nîmes comme simple soldat.

1939-1945

Pendant l’Occupation, René Char, sous le nom de Capitaine Alexandre, participe, les armes à la main, à la Résistance, école de douleur et d’espérance. Il commande le Service action parachutage de la zone Durance. Son QG est installé à Céreste Basses-Alpes. Les Feuillets d’Hypnos (repris en volume dans Fureur et mystère, ses notes du maquis, « sont calculés pour restituer l'image d'une certaine activité, d'une certaine conception de la Résistance et, d'abord, d'un certain individu avec sa multiplicité interne, ses alternances et aussi sa différence, qu'il est moins disposé que jamais à oublier [...] L'apparence fragmentaire du récit montre l'allergie de René à toute rhétorique, à ces transitions, introductions et explications qui sont le tissu intercalaire de tout corps de récit normalement constitué ; ne subsistent, séparées, que les parties vives, ce qui donne aux Feuillets un faux air de recueil d'aphorismes ou de journal intime, alors que la composition d'ensemble et même les annotations sont très calculées ... L'ensemble demeure une des images les moins convenues et les plus approfondies de ce que fut la résistance européenne au nazisme. Paul Veyne, René Char en ses poèmes
À ce recueil capital, il convient d'adjoindre les Billets à Francis Curel, datés des années 1941 à 1948 et recueillis dans Recherche de la base et du sommet. Compléments indispensables à la lecture des Feuillets d'Hypnos, ces documents éclairent de l'intérieur cette expérience fondatrice que fut pour Char celle de la Résistance : refus de publier durant l'Occupation, dénonciation du nazisme et de la collaboration française, interrogations aiguës et douloureuses sur son action et ses missions, prise de distance sitôt la guerre terminée.
Enfin, c'est en octobre 1945, à Paris, que René Char et Yves Battistini se rencontrent. Entre eux, c’est le début en amitié d’une longue conversation souveraine avec la philosophie grecque et la poésie.

1946-1988

L'après-guerre laissera Char profondément pessimiste quant à la situation politique française et internationale jusqu'à la fin de sa vie, comme en témoignent À une sérénité crispée et L’Âge cassant, repris en volume dans Recherche de la base et du sommet. Sous ce rapport, ses vues très lucides sont proches de celles d'Albert Camus dans L'Homme révolté, avec qui il entretiendra une indéfectible amitié.
Dans le cadre d'une exposition d'art moderne qu'ils organisent dans la grande chapelle du Palais des papes d'Avignon, Christian Zervos et René Char demandent à Jean Vilar, acteur, metteur en scène et directeur de théâtre, une représentation de Meurtre dans la cathédrale, qu'il a créé en 1945.
Après avoir refusé, Vilar leur propose en 1947 trois créations : La Tragédie du roi Richard II, de Shakespeare, une pièce méconnue en France, La Terrasse de midi, de Maurice Clavel, auteur alors encore inconnu, et L'Histoire de Tobie et de Sara, de Paul Claudel. C'est la naissance du Festival d'Avignon.
Le 9 juillet 1949, il divorce de Georgette Goldstein.
Durant les années cinquante et soixante, en dépit de brèves et malheureuses expériences dans le domaine théâtral et cinématographique, Char atteint sa pleine maturité poétique. Les plaquettes se succèdent : Les Matinaux, La Bibliothèque est en Feu, Lettera amorosa, Retour Amont, repris en volumes dans La Parole en Archipel et Le Nu perdu. Il éprouve également le besoin de rendre hommage aux poètes et aux peintres qui l'ont accompagnés et nourris, ceux qu'il nomme ses "grands astreignants" et ses "alliés substantiels" Recherche de la base et du sommet. Malgré son refus de toute forme de littérature engagée, René Char participe activement en 1966 aux manifestations contre l'installation des missiles à tête nucléaire sur le plateau d'Albion.
Outre la publication de quelques recueils d'importance, tels La Nuit talismanique qui brillait dans son cercle, Aromates Chasseurs et Chants de la Ballandrane, les deux dernières décennies voient la consécration officielle de la figure solitaire de René Char, symbolisée par la publication d'un Cahier de l'Herne en 1971 et, surtout, celle de ses Œuvres complètes dans la prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade, en 1983.
En octobre 1987, il épouse Marie-Claude de Saint-Seine, une éditrice. Il meurt le 19 février 1988 d'une crise cardiaque.
L’Hôtel Campredon ou Maison René Char à L’Isle-sur-la-Sorgue propose au public une collection de manuscrits, dessins, peintures et objets d’art ayant appartenu à René Char jusqu'en décembre 2009. Depuis lors, cette situation pose avec acuité la question de la pérennité de l'œuvre du poète dans la ville et la recherche d'une nouvelle géographie de la mémoire.

L'énergie disloquante

Du front d'Alsace, qui introduira dans sa poésie la pénombre des forêts, la neige voluptueuse, Char passe vite à la Résistance, à Céreste, où il est de 1942 à 1944 le capitaine Alexandre, chef de secteur dans l'Armée secrète. La vie âpre, souterraine, des maquis des Basses-Alpes sera consignée dans les Feuillets d'Hypnos 1946 : affrontement de la mort et de la trahison, régression vers la vie des cavernes, plongée dans une nuit qu'éclaire seule la bougie de Georges de La Tour, amitié fantastique. Après la Libération, Seuls demeurent 1945, somme des temps de guerre, est suivi du Poème pulvérisé 1947, de Fureur et mystère 1948 et des Matinaux 1950 qui ont mission d'éveiller, de redonner chance, au sortir de la réclusion, aux mille ruisseaux de la vie diurne. Le théâtre sous les arbres introduit la vivacité d'une poésie orale qui plonge dans la tradition des conteurs provençaux, des Transparents vagabonds. Après 1950, la vie de Char, dans la proximité d'Yvonne Zervos, se fait plus invisible tout en s'enrichissant de rencontres essentielles : alliés substantiels, Braque, Staël, Miró, Vieira da Silva, philosophes et penseurs, Beaufret, Heidegger, Bataille, Camus, Blanchot. Des plaquettes publiées par Guy Lévis Mano et Pierre-André Benoit sont régulièrement réunies par Gallimard : La Parole en archipel 1962, Le Nu perdu 1971, La Nuit talismanique 1971, témoignage d'une époque d'insomnies habitées par des essais de peinture sur écorce ; Aromates chasseurs 1975 où la figure d'Orion tente de tracer un troisième espace, quand l'espace intime et l'espace extérieur sont subvertis, détruits ; Chants de la Balandrane 1977, Fenêtres dormantes et porte sur le toit 1979, où l'âpre dénonciation des « utopies sanglantes du XXe siècle alterne avec l'éveil des fenêtres des peintres ; dans Les Voisinages de Van Gogh 1985, le sentiment de la proximité de la mort rend une tendresse ravivée, pour saluer le monde dans ses plus minuscules éveilleurs : Maintenant que nous sommes délivrés de l'espérance et que la veillée fraîchit... bergeronnette, bonne fête ! Dans cette œuvre, le trésor des nuages, image paradoxale du poème le plus résistant, prend diverses formes : aphorismes qu'illimite la métaphore sans tutelle, poèmes versifiés au rythme du marcheur, poèmes en prose où le sujet s'intègre à une matière résistante, se noue à la syntaxe, théâtre sous les arbres où la parole allegée vole et s'échange. La poésie, prise entre fureur et mystère, entre la fragmentation d'une énergie disloquante, et la continuité de cette immensité, cette densité réellement faite pour nous et qui de toutes parts, non divinement, nous baignaient, gravite autour de quelques éléments centraux. Ainsi la contradiction, à l'œuvre dans la nature, l'histoire, la langue, anime la lutte des «oyaux adversaires, lampe et vent, serpent et oiseau ; cette exaltante alliance des contraires produit le soulèvement du réel qui permet au poète, passant et passeur, de franchir la haute passe ; aimantée par l'inconnu en-avant, qui éclaire et pulvérise le présent, cette poésie n'a cessé d'affirmer une contre-terreur, d'annoncer l'éclatement des liens de l'homme, emprisonné dans ses intolérances, de s'opposer à l'asservissement des sites par des fusées de mort. Impérieux et tendre, nuage et diamant, aussi attentif aux espaces cosmiques qu'au chant du grillon, le poème de l'appelant, toujours marié à quelqu'un, fonde une commune présence, un commun présent qui fait passer ensemble les êtres vers l'avenir, avec pour viatique l'espoir de l'inespéré.

L'Å“uvre


Le rapport vital à la nature mais aussi la conscience d'une blessure qui en sépare, la primauté de la figure féminine, Le verbe de la femme donne naissance à l'inespéré mieux que n'importe quelle aurore, l'exaltation de la liberté et, formellement, l'importance accordée à la métaphore, en sont des traits. La vérité sera désormais personnelle, à mesure que Char définit les responsabilités du poète, nouvel Atlas portefaix, celui-ci a désormais, et de manière toute hugolienne, charge d'âme. Sa poésie sera d'action, d'autant plus que, faisant suite à une grave crise personnelle qui n'est pas encore celle de la Parole en archipel 1962, la guerre est là. Sa participation physique aux années essentielles de la Résistance fait de lui, bien plus qu'Aragon ou Éluard, un poète engagé.
Le recueil central Fureur et Mystère, 1948, Char s'est interdit la publication pendant le conflit ne se sépare pas de l'écroulement du pays. Le poème rencontre l'action et met sa raison d'être à l'épreuve. Répondre par l'action à la tyrannie nazie est le premier des devoirs infernaux d'une poésie affectée par l'événement. Cette expérience transforme Char et sa pratique.
Maurice Blanchot, dans La Part du feu, observait que l'une des grandeurs de René Char, celle par laquelle il n'a pas d'égal en ce temps, c'est que sa poésie est révélation de la poésie, poésie de la poésie. Ainsi, dans toute l'œuvre de Char, l'expression poétique est la poésie mise en face d'elle-même et rendue visible, dans son essence, à travers les mots qui la recherchent. Il est hautement significatif que Char ait recueilli et publié une anthologie plusieurs fois augmentée de tout ce qui a trait explicitement dans son œuvre à la parole poétique : Sur la poésie. Sur le plan formel, sa poésie trouve son expression privilégiée dans l'aphorisme, le vers aphoristique, le fragment, le poème en prose, ce que Char nomme sa parole en archipel, si tant est que ces catégories littéraires soient pertinentes.

Dans L'Entretien infini, Blanchot se penche longuement sur cette question :

La parole de fragment n'est jamais écrite en vue de l'unité, même le serait-elle. Elle n'est pas écrite en raison ni en vue de l'unité. Prise en elle-même, en effet, elle apparaît dans sa brisure, avec ses arêtes tranchantes, comme un bloc auquel rien ne semble pouvoir s'agréger. Morceau de météore, détaché d'un ciel inconnu, et impossible à rattacher à rien qui puisse se connaître. Ainsi dit-on de René Char qu'il emploie la forme aphoristique. Étrange malentendu. L'aphorisme est fermé et borné : l'horizontal de tout horizon. Or, ce qui est important, important et exaltant, dans la suite de phrases presque séparées que tant de ses poèmes nous proposent - textes sans prétexte, sans contexte -, c'est que, interrompues par un blanc, isolées et dissociées au point que l'on ne peut passer de l'une à l'autre ou seulement par un saut et en prenant conscience d'un difficile intervalle, elles portent cependant, dans leur pluralité, le sens d'un arrangement qu'elles confient à un avenir de parole [...] Qu'on entende que le poète ne joue nullement avec le désordre, car l'incohérence ne sait que trop bien composer, fût-ce à rebours. Ici, il y a la ferme alliance d'une rigueur et d'un neutre. Les « phrases » de René Char, îles de sens, sont, plutôt que coordonnées, posées les unes auprès des autres : d'une puissante stabilité, comme les grandes pierres des temples égyptiens qui tiennent debout sans lien, d'une compacité extrême et toutefois capables d'une dérive infinie, délivrant une possibilité fugace, destinant le plus lourd au plus léger, le plus abrupt au plus tendre, comme le plus abstrait au plus vivace, la jeunesse du visage matinal

Albert Camus


Dans sa préface à l'édition allemande des Poésies de Char, parue en 1959, Albert Camus écrit :
Je tiens René Char pour notre plus grand poète vivant et Fureur et mystère pour ce que la poésie française nous a donné de plus surprenant depuis Les Illuminations et Alcools ... La nouveauté de Char est éclatante, en effet. Il est sans doute passé par le surréalisme, mais il s'y est prêté plutôt que donné, le temps d'apercevoir que son pas était mieux assuré quand il marchait seul. Dès la parution de Seuls demeurent, une poignée de poèmes suffirent en tout cas à faire lever sur notre poésie un vent libre et vierge. Après tant d'années où nos poètes, voués d'abord à la fabrication de bibelots d'inanité, n'avaient lâché le luth que pour emboucher le clairon, la poésie devenait bûcher salubre. [...] L'homme et l'artiste, qui marchent du même pas, se sont trempés hier dans la lutte contre le totalitarisme hitlérien, aujourd'hui dans la dénonciation des nihilismes contraires et complices qui déchirent notre monde [...] Poète de la révolte et de la liberté, il n'a jamais accepté la complaisance, ni confondu, selon son expression, la révolte avec l'humeur [...] Sans l'avoir voulu, et seulement pour n'avoir rien refusé de son temps, Char fait plus alors que nous exprimer : il est aussi le poète de nos lendemains. Il rassemble, quoique solitaire, et à l'admiration qu'il suscite se mêle cette grande chaleur fraternelle où les hommes portent leurs meilleurs fruits. Soyons-en sûrs, c'est à des œuvres comme celle-ci que nous pourrons désormais demander recours et clairvoyance.

Å’uvres

Premières paroles, premiers poèmes
Quand René Émile Char naît le 14 juin 1907 aux Névons, la vaste maison familiale, au milieu d'un grand parc, Dans le parc des Névons / Les sauterelles dorment, qui vient d'être achevée à L'Isle-sur-la-Sorgue, il est le dernier des quatre enfants d'un mariage heureux. Sa sœur Julia a vingt ans de plus que lui. Son père est maire de L'Isle-sur-la-Sorgue depuis 1905 – et meurt peu avant la fin de la guerre, en janvier 1918 :
Ah ! lointain est cet âge.
Que d'années à grandir
Sans père pour mon bras !
le Deuil des Névons, la Parole en archipel

Recueils poétiques

Arsenal, 1929
Ralentir Travaux, 1930, en collaboration avec André Breton et Paul Éluard
Artine, 1930
Le Marteau sans maître, 1934
Placard pour un chemin des Écoliers, 1937
Seuls demeurent, 1945
Le Poème pulvérisé, 1945
Feuillets d'Hypnos, 1946
Fureur et Mystère, 1948 [Le volume contient Seuls demeurent, Feuillets d'Hypnos, Les Loyaux adversaires, Le Poème pulvérisé et La Fontaine narrative]
Le Soleil des eaux, 1949
Les Matinaux, 1950
L'Art bref suivi de Premières alluvions, 1950
À une sérénité crispée, 1951
Lettera Amorosa, 1952
Le Rempart de brindilles, 1953, illustré d'eaux-fortes de Wifredo Lam11
Recherche de la base et du sommet, 1955
En trente-trois morceaux, 1956
La Parole en archipel, 1952-1960, 1962
Dans la pluie giboyeuse, 1968
Le Nu perdu, 1971
Aromates chasseurs, 1976
Chants de la Balandrane, 1977
Fenêtres dormantes et porte sur le toit, 1979
Les Voisinages de Van Gogh, 1985
Éloge d'une soupçonnée, 1988.

Anthologies

René Char, Commune présence, Paris, Gallimard.
René Char, Dans l'atelier du poète. Choix de poèmes présentés dans le texte de leur publication initiale, appareil biographique et critique établi par Marie-Claude Char, Paris, Gallimard, coll. "Quarto", 1996 1064 p.

Œuvres complètes

René Char, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1983; édition revue en 1995. Introduction de Jean Roudaut.

Correspondance

René Char et Nicolas de Staël, Correspondance 1951-1954, éditions des Busclats, 2010.
Albert Camus & René Char, Correspondance 1946-1959, Paris, Gallimard, 2007, édition établie, présentée et annotée par Franck Planeille.
Cher ami, cher poète, lettres de René Char à Vadim Kozovoï, Paris, Po&sie, 2007, no 119, p. 7-39.
En 2008 se trouve dispersé à l'Hôtel Drouot de Paris un ensemble composé de livres dédicacés, de poèmes manuscrits dont onze poèmes inédits et de 521 lettres et cartes postales adressées entre 1951 et 1966 par René Char à Maryse Lafont, Paris, Catalogue Binoche-Renaud-Giquello, Claude Oterelo expert, 19 et 20 mai 2008, Hôtel Drouot, p. 48-54.
René Char et Raúl Gustavo Aguirre, Correspondance 1952-1983, Paris, Gallimard, 2014, traduction de l'espagnol par Michèle Gazier, édition établie par Marie-Claude Char, avant-propos de Rodolfo Alonso.



Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l





Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l




Cliquez pour afficher l



Posté le : 12/06/2015 19:29
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer



 Haut   Précédent   Suivant




[Recherche avancée]


Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

Connexion
Identifiant :

Mot de passe :

Se souvenir de moi



Mot de passe perdu ?

Inscrivez-vous !
Partenaires
Sont en ligne
47 Personne(s) en ligne (26 Personne(s) connectée(s) sur Les Forums)

Utilisateur(s): 0
Invité(s): 47

Plus ...