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Joseph Joffre 1
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Le 3 janvier 1931 à Paris 7e meurt Joseph Jacques Césaire Joffre

à 78 ans, né le 12 janvier 1852 à Rivesaltes Pyrénées-Orientales, officier général français de la Première Guerre mondiale, artisan de la victoire alliée lors de la bataille de la Marne et de la stabilisation du front nord au début de la guerre. Il est nommé maréchal de France en 1916.
C'est aussi un des responsables militaires les plus controversés du XXe siècle, notamment en raison de l'emploi de la stratégie militaire de l'offensive à outrance, extrêmement coûteuse en vies humaines pour des résultats relativement médiocres sur le terrain, notamment lors de la bataille des frontières et de la bataille de la Marne. En 1916, il est remplacé par le général Nivelle. En 1918, il est élu à l'Académie française au fauteuil 35. Il a le grade Général de division de 1869 à 1916 pendant le conflit de la première Guerre mondiale, puis il est commandement Généralissime de 1914 à 1918, ses faits d'armes en 1887 est la prise de Ba-Dinh, en 1894 : Prise de Tombouctou, en 1914 : Bataille de la Marne, en 1916 : Bataille de Verdun
Ses distinctions sont Chevalier de la Légion d'honneur en septembre 1885, commandeur de la Légion d'honneur en avril 1903, grand-croix de la Légion d'honneur le 11 juillet 1914, il reçoit la médaille militaire en décembre 1914, puis en décembre 1016 il est fait maréchal de France, et reçoit la croix de guerre 1914-1918

En bref

Fils d'un petit propriétaire viticulteur, Joseph Joffre fait de brillantes études et, grâce à l'aide de ses compatriotes, prépare l'École polytechnique où il entre, benjamin de sa promotion. Lieutenant, puis capitaine au 1er génie à Versailles, il participe à la reconstruction de l'enceinte fortifiée de Paris. Prématurément veuf, il demande à servir en Extrême-Orient. À Formose, en 1885, il fortifie Keelung, puis, chef du génie à Hanoï, il organise les travaux de défense du Haut-Tonkin et prend part aux sièges de Ba Dinh et Ma Kao. Rentré en France, il est chargé des cours de fortification à l'école d'application de Fontainebleau où il ne brille pas. Appelé au Soudan pour diriger la construction du chemin de fer de Kayes à Bamako, il reçoit le commandement de la région nord-ouest. Au début de 1894, il pénètre en force à Tombouctou et organise le pays en dépit de l'hostilité du gouverneur Grodet. Il part pour Madagascar en janvier 1900, réclamé par Gallieni, pour créer le camp retranché de Diégo-Suarez. Général de brigade en 1902, il est ensuite nommé directeur du Génie à Paris et reçoit sa troisième étoile en 1905. C'est à l'époque un homme de cinquante-trois ans, corpulent, méthodique, ponctuel et assidu, peu loquace et pourvu d'un solide bon sens. En 1910, quoique non breveté, il entre au Conseil supérieur de la guerre dont, en 1911, il est vice-président. La même année, la réorganisation du haut commandement fait de lui, avec le titre de chef d'état-major général, le chef incontesté de l'armée française. Auteur d'un plan de mobilisation connu sous le nom de plan XVII, qui avait sur les précédents l'avantage d'envisager la violation de la neutralité belge, Joffre se préoccupe de réorganiser l'armée, divisée par l'affaire Dreyfus et les influences politiques. Il fait établir des thèmes de travail et des règlements que l'on expérimente lors de manœuvres sur le terrain. Tous les échelons y participent et les chefs incapables sont éliminés. Il préconise la loi de trois ans que le parlement vote le 18 juillet 1913. Grâce à lui, lorsque la guerre éclate (2 août 1914), l'armée française a comblé une partie de son handicap, face à la puissante armée allemande.
Les premiers revers aux frontières n'entament ni le calme ni la détermination du commandant en chef. Devant la manœuvre allemande de débordement par la gauche, Joffre réussit une retraite générale stratégique sans rupture du front allié et, le 6 septembre, profitant d'une erreur de l'état-major ennemi qui le croit battu, il donne l'ordre d'attaquer sur l'ensemble du front. C'est la victoire de la Marne à laquelle participe Gallieni ; Paris est sauvé. Viennent ensuite la série d'opérations destinées à stopper la « course à la mer » et la stabilisation des fronts, marquée de part et d'autre par de furieuses et sanglantes attaques, en Artois au printemps et à l'automne de 1915, à Verdun et sur la Somme en 1916. Depuis le début de la guerre, la fermeté inébranlable de Joffre a fait de lui le pilote sûr qu'il fallait à l'armée, le temps que les ressources des empires français et anglais entrent en jeu. Mais le général en chef, qui refuse toute immixtion extérieure dans son commandement, n'a pas que des amis dans les milieux politiques. La pression de ses adversaires sur le gouvernement ne cesse de croître et, les résultats de l'offensive de la Somme ayant été jugés insuffisants, Joffre est remplacé par Nivelle en décembre 1916. C'est la disgrâce. Il est cependant élevé à la dignité de maréchal de France le 25 du même mois, mais il n'a pratiquement plus aucun pouvoir. En 1917, il effectue, avec Viviani, une mission aux États-Unis pour préparer l'entrée en guerre de ce pays. Le maréchal y reçoit un accueil triomphal. Les Parisiens aussi l'ovationnent quand, le 14 juillet 1919, il défile sous l'Arc de triomphe à la tête des armées alliées, aux côtés de Foch et de Pétain.
Après la guerre et son élection à l'Académie française, il effectue de nombreuses missions de prestige à l'étranger. Rentré en France, il rédige ses Mémoires qui, terminés en 1928, ne seront publiés qu'après sa mort. Le pays lui fait des funérailles nationales grandioses et le Parlement vote une loi qui déclare que « Joseph Joffre, maréchal de France, a bien mérité de la Patrie ». André DAUBARD

Sa vie

Joseph Joffre naît à Rivesaltes, le 12 janvier 1852, à 8 heures du matin. La famille est aisée, nombreuse et catalane : le père, Gilles Joffre 1823-1899, est tonnelier et sa mère, Catherine Plas 1822-1899, mère au foyer. Élève brillant, il fait d'abord ses études secondaires au lycée François-Arago de Perpignan, puis en 1868 au lycée Charlemagne à Paris en classe préparatoire aux grandes écoles. Classé 14e sur 132 au concours d’entrée à l'École polytechnique de juillet 1869, il est le benjamin de sa promotion car il n'a que dix-sept ans. Un de ses amis dira de lui : Il avait vraiment bon air, sous le frac, avec ses galons d'or tout neufs.
Il suit l'instruction militaire depuis quelques mois quand la guerre franco-prussienne éclate durant l’été 1870. Il est aussitôt affecté au bastion 39, près de La Villette. Il est déçu par la médiocrité de la défense française. Joseph Joffre participe à la guerre comme sous-lieutenant des 8e, 4e et enfin 21e régiments d'artillerie. En mars 1871 seulement, il retrouve l'École polytechnique avec ses camarades. Durant la Semaine sanglante, Joffre se montre hostile à la Commune de Paris.
En juillet 1871, il retrouve une nouvelle fois l'École. À sa sortie de Polytechnique, il choisit le génie militaire et est affecté au 2e régiment à Montpellier en novembre 1871. Promu lieutenant en 1872, il est détaché à l'École d'application de l'artillerie et du génie à Fontainebleau. Il fait la connaissance d'une jeune veuve, Marie-Amélie Pourcheiroux de six ans son aînée, qu'il épouse le 11 octobre 1873 mais qui meurt en couches quelques mois après, le 3 avril 1874 à Montpellier. Il demande sa mutation.
Joffre est affecté au 1er régiment à Versailles au cours du printemps 1874. Il participe à la reconstruction de l'enceinte fortifiée de Paris puis il dirige la construction du fort de Montlignon Seine-et-Oise, 1874. Initié franc-maçon en 1875, il fait partie de la loge Alsace-Lorraine. Nommé capitaine, le jeune officier part pour Pontarlier travailler aux fortifications du Jura en 1876, puis à celles de Mont-Louis et Villefranche-de-Conflent dans les Pyrénées-Orientales de 1883 à 1884.
Sa demande de partir en Extrême-Orient est acceptée quelques mois après son dépôt, à la fin de l'année 1884.

Service dans les colonies françaises

De retour à Paris, le capitaine Joffre reçoit sa mutation en Extrême-Orient, où la France cherche depuis plusieurs années à accroître son emprise économique et militaire. En janvier 1885, il embarque à Marseille et arrive sur l'île de Formose un mois et demi plus tard. Là-bas, il est nommé chef du génie sous les ordres de l'amiral Amédée Courbet. Chargé de fortifier la base de Chilung organiser la communication, fortifier et loger, Joffre suit l'objectif de remporter la mainmise sur le Tonkin dans la guerre franco-chinoise.
Deux ans plus tôt, en avril 1883, l'Annam avait accordé un protectorat français sur le Tonkin contre l'avis de la Chine. Nommé chef du génie à Hanoï, Joseph Joffre organise les postes de défense du Tonkin septentrional en juillet 1885. Il tente d'améliorer les hôpitaux, d'ouvrir de nouvelles routes, des digues et des bureaux pour l'armée française. Son supérieur écrit :
Officier très intelligent et instruit. Capable, zélé, tout dévoué à son service. A déjà eu l'occasion de faire de grands travaux de fortification […]. Par son mérite, par sa manière de servir, cet officier est digne d'arriver aux grades élevés de l'armée du génie.
Au mois de septembre suivant, la Chine abandonne toute prétention sur le Tonkin. Très satisfait de son subalterne, Courbet fait décorer l'officier du génie de la Légion d'honneur le 7 septembre. En janvier 1887, le capitaine Joffre obtient sa première citation pour sa participation, au sein de la colonne Brissaud, aux opérations contre la position retranchée de Ba Dinh. Il y dirige les travaux de sape contre la citadelle assiégée et joue un rôle dans la victoire : il est cité à l'ordre de la division du Tonkin mars 1887. En janvier 1888, il quitte le Tonkin pour faire le tour du monde, Chine, Japon et États-Unis.
De retour en France en octobre 1888, il est attaché au cabinet du directeur du génie et promu au grade de commandant l'année suivante. Chef de bataillon, il est affecté au 5e régiment du génie à Versailles où il se spécialise dans la logistique ferroviaire. En 1891, on le retrouve chargé de cours à l'École d'application de l'artillerie et du génie à Fontainebleau. En octobre 1892, le commandant Joffre est envoyé en Afrique dans la région du Soudan français aujourd'hui le Mal réclamé par le colonel Louis Archinard. Là, son objectif est de diriger la construction d'une ligne de chemin de fer entre Kayes, la capitale de la région depuis 1892, et Bamako.
En décembre 1893, Louis Albert Grodet succède au général Archinard comme gouverneur du Soudan français. Paris lui demande d'étendre la conquête française, mais de manière pacifique à la différence de son prédécesseur. En déplacement à Tombouctou avec son secrétaire le lieutenant Boiteux en janvier 1894, Grodet est irrité par les officiers français. Prétextant un danger réel et malgré le refus du gouverneur, le lieutenant-colonel Bonnier envoie deux colonnes de troupes, terrestre et navale, pour les protéger. La colonne terrestre est confiée au commandant Joffre alors mêlé à la campagne de 1894. Bonnier ayant péri au cours d'une bataille contre les Touaregs, ce sont les hommes de Joffre qui prennent avec succès Tombouctou le 12 février. Le commandant supérieur du Soudan français déclare : D'un esprit élevé, d'un caractère conciliant et très droit, Joseph Joffre a su mettre de côté toutes les questions de peu d'importance qui auraient pu soulever quelques difficultés et compromettre la bonne entente avec les chefs de service […] .
Après la prise et la pacification de Tombouctou, Joffre est promu commandant supérieur de Kayes-Tombouctou avec le grade de lieutenant-colonel en mars 1894. À son départ, la région semble pacifiée. En mars 1895, il est affecté à l'état-major du génie et devient secrétaire de la commission d'examen des inventions pour l'Armée. Il revoit une ancienne connaissance, Henriette Penon, mariée, avec qui il a une liaison. Un enfant, Germaine, nait le 1er janvier 1898 : nul ne saura jamais si l'enfant est bien de Joffre ou du mari de sa maîtresse. Nommé colonel deux ans plus tard, il participe sous les ordres du général Joseph Gallieni, gouverneur général de Madagascar, à la campagne de colonisation de l'île lancée depuis les années 1895 et 1896. Joffre est alors chargé de la fortification du port de Diego-Suarez pour lutter contre la poche de résistance malgache qui irrite beaucoup Gallieni. À cause d'intrigues politiques, il est contraint de repartir en métropole en janvier 1901. Entre-temps, il est promu général de brigade et rappelé par Gallieni. Joffre est de retour à Madagascar pour achever sa mission en avril 1902. Son travail exécuté, il retourne en France au cours du printemps 1903 ; il est fait commandeur de la Légion d'honneur.

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À la tête de l'Armée française

Après un bref passage comme commandant de la 19e brigade de cavalerie à Vincennes, il est nommé directeur du génie au ministère de la Guerre en janvier 1904. Le 26 avril 1905, âgé de cinquante-trois ans, il épouse civilement Henriette Penon. La même année, il obtient sa troisième étoile de général de division et devient en 1906 le nouveau chef de la 6e division d'infanterie à Paris, puis il est nommé inspecteur permanent des écoles militaires en janvier 1907. En mai 1908, le divisionnaire prend en charge le commandement d'un corps d'armée : le 2e corps d'armée à Amiens. Le général Joffre devient membre du Conseil supérieur de Guerre en mars 1910. Il prend une part active dans l'élaboration des plans de stratégie militaire contre l'Allemagne.
Le 19 juillet 1911, le général Victor-Constant Michel, chef d'État-Major et président du Conseil supérieur de guerre, présente son plan XVI. Celui-ci propose une attente défensive et un élargissement du front jusqu'à la Belgique en mobilisant tous les réservistes. Il est rejeté à l'unanimité par les membres du Conseil. Le 28 juillet, qualifié d'incapable par le ministre de la Guerre Adolphe Messimy, il est destitué de ses fonctions en Conseil des ministres.
Messimy réforme le haut commandement militaire français. Les fonctions de chef d'État-Major général et de généralissime ne font plus qu'une. Dans un premier temps, le général Gallieni, 62 ans, est consulté pour prendre la tête de l'Armée ; mais il refuse en faisant état de la limite d'âge 64 ans et de sa santé fragile. Deux autres généraux sont proposés : Paul Pau et Joseph Joffre. Le général Pau refuse pour deux raisons : son âge également de 62 ans et le fait que le gouvernement aura son mot à dire sur la nomination de ses officiers généraux. Par défaut, c'est Joffre qui est nommé le 28 juillet 1911.
À 59 ans, il est un des plus jeunes généraux de l'époque, également un des rares officiers de haut rang à avoir une expérience internationale Formose en 1885, Japon en 1888 et enfin il a été un des brillants artisans de l'enracinement de la France dans tous les territoires d'outre-mer Tonkin, Soudan français, Madagascar. Le 2 août 1911, le généralissime exige la nomination du remuant général Édouard de Castelnau pour le seconder à la tête de l'État-Major.
En août 1911, éclate le coup d'Agadir : il y a danger de guerre. Le président du Conseil Joseph Caillaux se renseigne auprès de Joffre :
« Général, on dit que Napoléon ne livrait bataille que lorsqu'il pensait avoir au moins 70 % de chances de succès. Avons-nous 70 % de chances de victoire si la situation nous accule à la guerre ? »
« Non, je ne considère pas que nous les ayons » répond Joffre.
« C'est bien, alors nous négocierons… » décide Caillaux
Conscient que le conflit est proche et de dimension mondiale, Joffre réorganise l'Armée. Il obtient des financements importants, met en place les aspects logistiques, les infrastructures indispensables et enfin il mise sur de nouvelles unités : l'artillerie lourde et l'aviation. En dernier lieu, le généralissime consolide durant l’année 1913 les rapports avec la Russie et l'Angleterre, avec qui la France s'est engagée militairement au sein de la Triple-Entente depuis août 1907.
Au cours de l’été 1914, l'Armée française achève de combler une partie de son handicap face au puissant voisin grâce à l'organisation du généralissime Joffre. Le 11 juillet, le généralissime est fait grand-croix de la Légion d'honneur.

L’offensive à outrance La coopération franco-britannique

En juillet 1911, à la suite de la crise d'Agadir occasionnée par l'envoi d'une canonnière allemande, le général Henry Hughes Wilson, directeur des opérations au ministère de la Guerre, se rend à Paris pour suivre les manœuvres françaises. Les Anglais coopèrent avec la France mais ils poussent Caillaux à réagir fermement vis-à-vis de l'Allemagne. Joffre témoigne :
« C'est … du début de cette période que datent les premières conversations entre l'État-Major français et l'État-Major britannique. Le général Wilson vint en France travailler avec nous et préparer le débarquement éventuel d'un corps expéditionnaire britannique. Il fut le premier et bon ouvrier de cette collaboration. »
Au fil des mois, le rapprochement des Français et des Britanniques se précise. On décide du volume de soldats britanniques disponibles, qui seraient prêts à intervenir en cas de conflit et à quel moment :
« Nous souhaiterions savoir si les relations établies entre états-majors sont la conséquence d'un traité ou d'un accord verbal entre les deux gouvernements, ou bien s'ils résultent d'un consentement tacite entre ceux-ci. En outre, peut-on admettre que, selon toutes probabilités, l'Angleterre serait à nos côtés dans un conflit contre l'Allemagne ?
Le chef d'État-Major exige que l'Armée soit profondément réformée la doctrine militaire, les règlements, le matériel, le haut commandement et la mobilisation, alors qu'elle est divisée par l'affaire des fiches et les influences politiques. D'ailleurs, le 19 juillet 1913 une loi instituant le service militaire à trois ans est votée. Le nouveau haut commandement élabore divers plans d'offensive dont le fameux plan XVII. Ce dernier est l'œuvre d'un des stratèges de l'État-Major qui donne des conférences au centre des hautes études militaires, le colonel Louis Grandmaison pour qui — comme pour beaucoup d'officiers français — l'objectif primordial est la récupération de l'Alsace-Lorraine perdue en 1871. Joffre fait également établir des thèmes de travail et des règlements qu'on expérimente lors des manœuvres sur le terrain.
Le 21 février 1912 a lieu une réunion secrète au Quai d'Orsay à Paris, à laquelle le général Joffre est présent : l'objectif est la mise en commun des différentes mesures des États-Majors russes, britanniques et français. Rapidement la question de la neutralité belge arrive dans les débats. En janvier 1912 à ce sujet, le président du Conseil Raymond Poincaré conseille à Joffre de se montrer prudent afin de ménager l'opinion anglaise :
En tout état de cause, il faudrait assurer qu'un plan de pénétration française en Belgique ne déterminerait pas le gouvernement britannique à nous retirer son concours.
Joffre prévoit dans son plan XVII une pénétration préventive en Belgique mais le gouvernement l'en dissuade. En effet, en novembre 1912, la Belgique est toujours neutre en vertu des traités de 1831 et 1839. Ceux-ci lui font un devoir de se défendre contre toute intrusion militaire et d'appeler immédiatement ses garants qui sont la France, l'Angleterre et l'Allemagne. Dans le cas d'une initiative militaire française, la Belgique se trouverait ipso facto obligée d'appeler l'Angleterre à son secours, mais aussi l'Allemagne. Donc si la France violait la première la neutralité belge, il en résulterait un embarras diplomatique avec l'Angleterre et cela donnerait un avantage numérique consolidé à la Triplice.

Mise en place du plan XVII

Le plan XVII esquisse une stratégie : la victoire dépend de la supériorité des forces morales. Il s'agit pour la plupart des généraux de reprendre les provinces perdues uniquement grâce à l'esprit combatif et à la volonté des soldats seulement armés de fusils à baïonnette accompagnés du canon de 75 : la guerre à outrance. Stratégiquement, pour Joffre la clé de la victoire c'est de rompre le front adverse pour déboucher sur les vastes espaces où la vraie guerre pourrait avoir lieu. Pourtant certains se montrent plutôt hostiles à la proposition du généralissime : c'est le cas du capitaine Bellanger, du général Estienne, du général Lanrezac et du colonel Pétain.
Ces derniers préconisent plutôt la puissance matérielle de l'artillerie, la manœuvre et l'initiative. D'autant que l'État-Major général sous-estime la puissance militaire allemande. Helmuth von Moltke dirige une armée rapide, facilement manœuvrable et surtout une double stratégie à la fois offensive et défensive mitrailleuses. Joffre est à la base un officier du génie qui n'a pas reçu les enseignements de l'École de guerre. Il n'a qu'une maigre expérience de la direction d'une armée et il fait confiance aveuglément au plan XVII en minimisant le rôle de l'artillerie lourde.
Depuis 1904, l'État-Major français est en possession du plan Schlieffen fourni par un officier allemand félon, qui prévoit la prise de Paris et la défaite française en quarante-et-un jours. Le général Joffre, qui dirige les opérations sur le terrain, est persuadé que les Allemands ne vont pas utiliser toutes leurs réserves — comme le prétendait le général Michel — et qu'ils ne pourront pas à la fois mener une grande offensive en Belgique, comme leur plan le prévoit, et repousser les assauts du plan XVII en Lorraine. Ce que le généralissime n'a pas prévu, c'est qu'en Lorraine l'ennemi a rassemblé des forces importantes et qu'il a la supériorité du feu mitrailleuses et artillerie lourde. La plupart des officiers français, eux, ne veulent pas entendre parler de ces armes modernes ; ils les jugent superflues… Excepté le canon de 75, l'artillerie française est très inférieure à l'allemande. Début 1914, l'artillerie lourde française est constituée de 280 pièces pour 848 à l'artillerie allemande.

Échec du plan XVII : Surtout, pas d'affolement !

Principales erreurs stratégiques françaises au début de la Première Guerre mondiale.
Le 29 juillet 1914, l'Angleterre demande à la France et à l'Allemagne si elles s'engagent à respecter la neutralité belge en cas de guerre : la France accepte. Le lendemain, Joffre obtient l'autorisation du ministre de la Guerre de replier les troupes de couverture à dix kilomètres de la frontière afin d'éviter toute provocation. Grâce à cette tactique, si les armées allemandes veulent entrer au contact des armées françaises, elles devront franchir la frontière, assumant le rôle d'agresseur. La France pourra alors stigmatiser l'Allemagne et s'assurer la faveur de l'opinion anglaise et l'aide militaire future de la Grande-Bretagne. Ceci d'autant plus que celle-ci est tenue, par son engagement de garante de la neutralité belge, d'intervenir contre l'Allemagne qui a elle-même garanti la neutralité belge. En attendant, l'Angleterre reste réservée, attendant l'initiative allemande.
Le 1er août 1914, l'Allemagne et la France décrètent la mobilisation générale. Le 3, l'ambassadeur d'Allemagne von Schoen se présente au président du Conseil René Viviani pour lui remettre la déclaration par laquelle l’Allemagne déclare la guerre à la France. Le 3 août, l'Allemagne lance un ultimatum à la Belgique d'avoir à laisser passer ses troupes qui vont attaquer la France suivant le plan Schlieffen. Le 4 août, le roi des Belges Albert 1er et le gouvernement belge soutenus par le Parlement, rejettent l'ultimatum et annoncent que la Belgique se défendra. L'Angleterre annonce le lendemain son intention de se battre aux côtés de la Belgique pour honorer sa garantie à la neutralité belge. Le 5 août, la Ire armée de von Kluck déferle sur Liège où l'armée belge de campagne résiste à un contre trois en manœuvrant par contre-attaque dans les intervalles des forts. Le 8 août, Joffre, qui ne vole pas au secours des Belges, laisse les Allemands dérouler leur stratégie et ordonne aux 1re et 2e armées françaises de passer à l'offensive en Lorraine, en Alsace et dans les Ardennes pour attaquer de front les troupes allemandes : c'est la bataille des Frontières. Quant aux Anglais, ils entrent en Belgique et placent à Mons leur armée limitée à quatre divisions car ils ne sont pas en force pour s'aventurer plus à l'Est et au Nord pour aider les Belges.
Fonction Responsable Durée
Commandant en chef des opérations Gal Joseph Joffre 2 août 1914 - 26 décembre 1916
Major général Gal Émile Belin 2 août 1914 - 22 mars 1915
1er aide major général Gal Henri Berthelot 2 août 1914 - 22 novembre 1914
2e aide major général Gal Céleste Deprez 2 août 1914 - 21 août 1914
Directeur de l'Arrière Gal Édouard Laffon de Ladébat 2 août 1914 - 30 novembre 1914
L'organisation sur le terrain du général Joffre au 2 août 1914
Armée française Commandant en chef Secteur Durée
1re armée Gal Auguste Dubail Vosges 2 août 1914 - 5 janvier 1915
2e armée Gal Édouard de Castelnau Lorraine orientale 2 août 1914 - 21 juin 1915
3e armée Gal Pierre Xavier Emmanuel Ruffey Lorraine occidentale 2 août 1914 - 30 août 1914
4e armée Gal Fernand Langle de Cary Aisne-Ardennes 2 août 1914 - 11 décembre 1915
5e armée Gal Charles Lanrezac Ardennes-Belgique 2 août 1914 - 3 septembre 1914
armée des Alpes Gal Albert d'Amade Alpes 2 août 1914 - 17 août 1914
armée d'Alsace Gal Paul Pau Alsace 11 août 1914 - 28 août 1914

Alsace

Joffre confie le commandement de l'armée d'Alsace à l'un de ses proches collaborateurs, le général Pau, dont l'objectif est de libérer en quelques semaines la province perdue. Une partie de la 1re armée dirigée par le général Auguste Dubail entre en Alsace par Belfort puis s'établit sur le bord du Rhin le 4 août 1914. Le VIIe corps d'armée entre à Thann le 7 et à Mulhouse le 8. À Paris on félicite Joffre :
Mon général, l'entrée des troupes françaises à Mulhouse, aux acclamations des Alsaciens, a fait tressaillir d'enthousiasme toute la France. La suite de la campagne nous apportera, j'en ai la ferme conviction, des succès dont la portée militaire dépassera celle de la journée d'aujourd'hui. Mais, au début de la guerre, l'énergique et brillante offensive que vous avez prise en Alsace nous apporte un précieux réconfort. Je suis profondément heureux, au nom du Gouvernement, de vous exprimer toute ma gratitude.
Cependant, la contre-offensive allemande est terrible et rapide, le général Pau est contraint d'évacuer l'ensemble de l'armée d'Alsace le 25 août. Seules Thann et sa région restent françaises jusqu'à la fin de la guerre. Cette nouvelle provoque un vent d'inquiétude dans toute la France.

Lorraine

La Lorraine française est quadrillée d'un réseau de places fortifiées conçu par le général Séré de Rivières au lendemain de la guerre de 1870 places de Verdun, de Toul, d'Épinal et de Belfort. Joffre ordonne à la 3e armée d'avancer jusqu'à Sarrebruck puis de lancer une offensive sur le Luxembourg. La 2e armée dirigée par Castelnau s'engage sur le secteur de Morhange le 19 août. C'est un véritable carnage : l'infanterie française perd 8 000 hommes en deux jours bataille de Morhange. Le 20 août, Castelnau ordonne le repli sur Lunéville.
L'autre partie de la 1re armée de Dubail est impliquée dans la bataille de Sarrebourg, où le commandant parvient à maintenir ses positions ; mais faute de renfort à l'ouest par la 2e armée, il doit se replier également. Forts de leurs contre-offensives, les Allemands se lancent sur Nancy, où ils sont repoussés par le 20e corps d'armée dirigé par le général Foch.

Ardennes

Lorsque Joffre apprend que les troupes allemandes pénètrent en Belgique, il réoriente la 5e armée du général Lanrezac vers le nord pour couvrir les autres armées du mouvement tournant sud-sud-ouest prévu par le plan Schlieffen. Joffre ordonne à la 5e armée d'attendre devant Mézières et d'affronter la IIe armée de von Bülow à son arrivée. Plus à l'ouest, le corps expéditionnaire britannique affronte la Ire armée allemande de Moltke à Mons. Cependant manquant d'hommes, Lanrezac fait appel à une division de réserve, qui arrive trop tard. Le 14 août, Lanrezac rencontre Joffre en personne et lui expose une seconde fois sa crainte d'une grosse offensive allemande sur l'ouest.
Le généralissime rétorque : Nous avons le sentiment que les Allemands n'ont rien de prêt par là. J. Joffre, 14 août 1914.
Les Belges, quant à eux, qui ne peuvent compter, à ce stade de la guerre, sur l'arrivée des Anglais et des Français, se replient le 19 août après avoir retenu 150 000 Allemands devant les forts de Liège puis en les battant lors d'une bataille d'arrêt dite bataille de la Jette. Quant aux Anglais, n'étant pas en nombre suffisant pour participer offensivement à la bataille commune avec quatre divisions, ils tentent d'affronter l'armée allemande à Mons le 23 août. C'est au soir de ce même jour que Lanrezac ordonne, de son propre chef, la retraite de son armée vers Maubeuge pour éviter un nouveau Sedan, c'est-à-dire un enveloppement complet de son armée par l'ennemi. Joffre est furieux.
Le bilan à la fin du mois d’août 1914 est lourd pour l'État-Major français. Ses différentes attaques se sont révélées inutiles et surtout désastreuses : on estime les victimes à plus de 100 000 morts côté français, des soldats en capote bleue et au pantalon rouge qui attaquent de front face aux mitrailleuses allemandes. Quasiment toutes les armées françaises battent en retraite et sont dans l'ensemble désordonnées. Joffre ordonne qu'on pourchasse et qu'on exécute non seulement les fuyards mais également tout officier faisant preuve « d'insuffisance et de faiblesse, mais encore d'incapacité ou de lâcheté manifeste devant l'ennemi. Depuis le 3 août, le gouvernement autorise le commandement militaire à faire exécuter les sentences de mort. Devant ce qui peut laisser augurer une défaite française, l'État-Major allemand décide de se diriger sans tarder sur Paris, pensant que la prise de la capitale pourrait entraîner l'effondrement de la France.
« Nos troupes si visibles avec leurs culottes rouges, nos officiers plus visibles encore avec leur tenue différente de celle de la troupe et l'obligation que leur faisait le Règlement de se tenir nettement hors du rang, s'étaient aventurées sur des polygones parfaitement repérés, où artillerie et infanterie tiraient à coup sûr. »
L'erreur de nos états-majors dirigeants a été de ne croire qu'à la guerre de mouvement et de nier la guerre de siège, de la nier non seulement avant, mais pendant la guerre elle-même.
Je ne sais qui l’a gagnée, mais je sais qui l'aurait perdue. J Joffre

La bataille de Guise

Joffre ordonne à la 5e armée de Lanrezac le lancement d'une offensive de flanc contre la IIe armée allemande autour de Guise afin de soulager d'une part le corps expéditionnaire anglais épuisé et d'autre part pour reprendre Saint-Quentin. Le 28 août, le général Douglas Haig fait savoir que son corps ne pourra pas renforcer Lanrezac à Saint-Quentin.
À l'est, les hommes du général Langle de Cary 4e armée se battent héroïquement face aux Allemands. Le commandant en chef vient en personne au QG de Lanrezac ; il est très optimiste et il espère une belle offensive sur Saint-Quentin :
Pousser l'attaque à fond, sans s'inquiéter de l'Armée anglaise.
Le 29 août, Bülow lance une grande offensive sur Guise. Le 10e corps d'armée et la 51e division de réserve sont contraints de reculer. L'attaque sur Saint-Quentin est désormais impossible, sinon la 5e armée risque d'être prise en écharpe. Joffre revient au QG de Lanrezac qui doit modifier l'avancée. Au lieu d'attaquer Saint-Quentin, le 3e corps d'armée oblique sur la droite pour attaquer Guise par l'ouest. Ce dernier est aidé par le retour du 10e corps qui attaque par le sud. La supériorité numérique allemande est écrasante, et Bülow est maître de l'Oise.
Le 1er corps du général Franchet d'Esperey est dépêché sur place. Il dirige l'assaut contre les troupes et les ponts : le Xe corps allemand est arrêté puis l'ensemble de l'armée allemande bat en retraite vers le nord. Le 18e corps français s'arrête aux portes de Saint-Quentin. Le commandant allemand appelle alors son homologue von Klück afin qu'il vienne en renfort à la tête de sa Ire armée. Cette dernière, qui se dirigeait sur Paris, change sa direction et bifurque vers le sud-est, offrant son flanc aux armées françaises. C'est à ce moment que manquent les 150 000 hommes retenus en Belgique par le siège de la place forte d'Anvers, la plus grande du genre en Europe avec ses trois ceintures de forteresses, depuis laquelle les Belges lancent trois sorties successives entre la fin août et la mi septembre, empêchant le commandement allemand de renforcer ses armées qui marchent sur Paris et dans l'Est de la France.

Stratégie de Joffre L'organisation sur le terrain du général Joffre au 3 septembre 1914

Armée française Commandant en chef Secteur Durée
1re armée Gal Auguste Dubail Vosges 2 août 1914 - 5 janvier 1915
2e armée Gal Édouard de Castelnau Lorraine orientale 2 août 1914 - 21 juin 1915
3e armée Gal Maurice Sarrail Lorraine occidentale 30 août 1914 - 22 juillet 1915
4e armée Gal Fernand Langle de Cary Aisne-Ardennes 2 août 1914 - 11 décembre 1915
5e armée Gal Louis Franchet d'Esperey Ardennes-Belgique 3 septembre 1914 - 31 mars 1916
6e armée Gal Michel Maunoury Paris 17 août 1914 - 13 mars 1915
9e armée Gal Ferdinand Foch Autour de Paris 29 août 1914 - 7 octobre 1914
Le 1er septembre 1914, Joffre esquisse la nouvelle situation stratégique. Il a la bonne idée de déplacer l'aile gauche de la 5e armée sur Paris, puisque les Allemands ont pour objectif la capitale française et l'enveloppement des armées. Le commandant en chef en profite pour rencontrer Lanrezac au QG de la 5e armée à Sézanne. Accompagné du commandant Maurice Gamelin, il lui annonce qu'il est obligé de lui enlever le commandement de l'armée, où il sera remplacé par Franchet d'Esperey :
« Vous faites des observations à tous les ordres qu'on vous donne !
Lanrezac dira à la suite de cette entrevue :
« À la place du général Joffre, j'aurais agi comme lui ; nous n'avions pas la même manière de voir les choses, ni au point de vue tactique ni au point de vue stratégique ; nous ne pouvions pas nous entendre.
Pourtant, dès le début de la guerre Joffre avait observé :
« Si je venais à manquer, c'est Lanrezac qui devrait me remplacer »
Le généralissime prépare un piège à l'ennemi :
Si les Allemands attaquent Paris et Verdun, ils affaiblissent leur centre.
S'ils négligent au contraire ces forteresses et qu'ils attaquent les lignes françaises, ils exposent leurs flancs à une double manœuvre enveloppante préparée entre Paris et Verdun.
Joffre met son plan en marche :
Verdun est renforcé et prêt à soutenir un siège.
la 6e armée est créée des suites de l'armée d'Alsace 26 août 1914 ; l'objectif de son commandant, le général Maunoury est double : couvrir Paris et envelopper par la gauche les armées ennemies ;
la 9e armée est créée avec des éléments des 3e et 4e armées 5 septembre 1914 ; l'objectif de son commandant, le général Foch, est de lancer des offensives centrales, appuyées par la 4e armée de Langle de Cary ;
la 3e armée confiée au général Maurice Sarrail a également un double objectif : envelopper par la droite les armées ennemies et gérer la défense des forts de la Meuse Verdun ;
Joffre prend personnellement le commandement du camp de Paris.
Le 3 septembre, Franchet d'Esperey arrive à proximité de la Marne avec sa 5e armée. Le général Maunoury dirige la protection de la capitale extra muros pendant que la protection intérieure est organisée par le général Gallieni, gouverneur militaire de Paris. Sarrail s'apprête à enrayer la Ve armée du Kronprinz. Quant à Joffre, qui transfère son Quartier général de Vitry-le-François à Bar-sur-Aube, il organise l'ensemble avec un calme imperturbable.
Face à la menace, le gouvernement a quitté Paris pour Bordeaux. Durant la journée, un avion d'observation de la 6e armée décèle un changement important dans la marche des armées allemandes : une colonne ennemie se détourne de Paris pour se rabattre sur Meaux. Gallieni, qui vient de comprendre la manœuvre d'enroulement allemande en informe le GQG et demande l'autorisation de lancer la 6e armée dans le flanc de cette armée ennemie.
Le 4 septembre, après plusieurs heures de réflexion et un problème de coordination avec Gallieni, le général Joffre est décidé : il va attaquer. Le 6 au matin, il lance toutes les armées à l'attaque.
Gallieni me demandait au téléphone. Il venait de rentrer de son quartier général. Il avait trouvé mon télégramme lui prescrivant de porter la 6e armée sur la rive gauche de la Marne, au sud de Lagny. Cette prescription venait modifier les ordres que Gallieni lui-même avait donnés à Maunoury pour le lendemain après-midi. Je le rassurai en lui faisant connaître que, depuis l'envoi de mon télégramme de treize heures, j'avais pris la résolution d'engager une offensive générale à laquelle la 6e armée devait participer […]

Bataille de la Marne Première bataille de la Marne.

La tactique de Joffre est claire : les ailes gauche 6e armée, appuyée par la 5e armée et l'armée anglaise et droite 3e armée ont pour mission d'envelopper les armées allemandes et le centre 9e et 4e armées de les déstabiliser par des offensives frontales. Le 5 septembre, dans l'après-midi, le général Maunoury lance ses hommes dans une attaque enveloppante entre l'Ourcq et Château-Thierry. Les hommes de French, de Franchet d'Esperey et de Foch appuient cette attaque. Le commandant en chef prend le soin d'envoyer un message aux troupes :
Au moment où s'engage une bataille d'où dépend le salut du Pays, il importe de rappeler à tous que le moment n'est plus de regarder en arrière. Une troupe qui ne peut plus avancer devra coûte que coûte garder le terrain conquis, et se faire tuer sur place, plutôt que de reculer. Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée
L'ensemble des armées lance l'offensive le lendemain à l'aube. Sur l'aile gauche, von Klück, occupé avec le mouvement enveloppant de Maunoury, n'arrive pas à venir à bout de l'armée de Foch pourtant épuisée mais qui tient bon. Sur l'aile droite, Sarrail est en mauvaise posture entre Paris et Verdun, ses corps sont durement touchés, le chef de la 10e division est mort au combat. Le 7 septembre, les Allemands arrivent même à ouvrir une brèche entre la 3e et la 4e armée. La situation est critique pour Sarrail. Le lendemain, le 15e corps de la 2e armée lui arrive en renfort. Au soir du 8, les armées sont épuisées et le bilan est un statu quo :
La clé de la victoire vient de l'arrière français : l'armée de French et la 5e armée de Franchet d'Esperey sont encore fraîches alors que les Allemands n'ont plus de réserves pour le moment. Le 9, von Klück lance des assauts désespérés contre Maunoury, qui est mis à mal mais qui obtient des renforts en hommes et en matériels de Gallieni par le biais des fameux taxis de la Marne. De son côté, Foch est appuyé par le 10e corps de la 5e armée et par la division marocaine du général Humbert. Les Allemands entament leur retraite. Le 9, Franchet d'Esperey envoie alors l'ensemble de ses lignes à la poursuite de l'ennemi et libère Château-Thierry et Montmirail.
Le 13 septembre, Joffre annonce la victoire au gouvernement :
« Notre victoire s'affirme de plus en plus complète. Partout l'ennemi est en retraite. À notre gauche, nous avons franchi l'Aisne en aval de Soissons, gagnant ainsi plus de cent kilomètres en six jours de lutte. Nos armées au centre sont déjà au niveau de la Marne et nos armées de Lorraine et des Vosges arrivent à la frontière. »
La paternité de la victoire de la Marne est complexe. À la base elle a été permise grâce au général Lanrezac, un officier de génie non reconnu par Joffre qui, par sa victoire à Guise, a neutralisé en partie l'armée de von Bülow qui devait rejoindre von Klück sur Paris. Bien entendu, elle a découlé des conceptions de l'État-Major général, à la base de la création des 6e et 9e armées qui ont eu un rôle majeur, mais elle n'a pas suivi la tactique d'enveloppement de départ préparée par Joffre. Les généraux Gallieni et Maunoury, véritables artisans sur le terrain de la victoire, ont obligé l'ennemi à découvrir son centre droit, où une brèche s'est ouverte pour les hommes de French et de Franchet d'Esperey.

Stabilisation du front Première gloire

La bataille de la Marne couvre de gloire le général Joffre qui, aux yeux de tous, est le véritable vainqueur. Face aux quelques polémiques, le général Pétain dit : Que cela plaise ou non, Joffre est à jamais le vainqueur de la Marne. Le commandant en chef a permis de sauver Paris et d'éviter à l'Armée française l'anéantissement. Dans tout le pays ainsi que chez les Alliés, Joffre jouit d'une très grande popularité. Le vainqueur de la Marne fait l'objet d'un véritable culte qui va se maintenir jusqu'à sa mort. Une certaine joffrolâtrie s'installe en France. De nombreuses images d'Épinal montrent le chef comme le vainqueur ayant écarté le danger. Des poèmes, des assiettes, des statuettes à son effigie mettent en avant sa gloire. Des centaines d'enfants sont prénommés Joffre ou Joffrette tant en France qu’au Canada ou aux États-Unis. Il incarne le Père tranquille et protecteur qui tient dans ses bras la République allégorie du journal Le Rire rouge, automne 1914.
Pourtant, l'ennemi renaît rapidement de ses cendres sur l'Aisne. L’État-Major français comprend alors que la guerre, qu'on pensait conclure en quelques semaines, risque d'être plus longue que prévue. Une seconde responsabilité incombe à Joffre : préparer la France à une guerre longue et éprouvante. Il commence par envoyer à Limoges et à assigner à résidence cent trente-quatre généraux qui lui semblent incompétents de là naîtra le verbe limoger et le nom limogeage, il multiplie les inspections sur le terrain, il renforce les contacts avec les forces alliées pour constituer différents fronts d'attaque et enfin il tente de résoudre des problèmes proprement militaires.
.Joffre continue de veiller aux progrès de l'aéronautique, qui a une place à part entière dans le conflit. Le 8 octobre 1914, il affirme :
« Ces résultats montrent que l'aviation est à même de rendre les plus grands services et de justifier la confiance que le commandement place en elle
Il doit aussi faire face à une crise des munitions, à un manque de canons lourds, à l'absence de l'artillerie qui se font sentir au cours de la bataille de l'Aisne.
De la Course à la mer aux batailles du Nord

La bataille de l’Aisne 13 septembre - 24 septembre 1914

Après leur défaite sur la Marne, les divisions allemandes se replient vers le nord, sur l'Aisne, entre le 10 et le 14 septembre. Quant à Joffre, il veut profiter de sa posture de vainqueur et ordonne aux armées françaises et britanniques d'attaquer les armées ennemies le 13. Encore une fois, il préconise la tactique d'enveloppement du flanc droit allemand. Sur le Chemin des Dames, déjà en 1914, le corps expéditionnaire et la 6e armée ne parviennent pas à venir à bout d'un ennemi équipé d'une puissante artillerie lourde.
Le 17, la manœuvre de Joffre est un échec, les Allemands renforcent leur droite avec la VIIe armée de von Heeringen venue en renfort. Mais décidé à en finir en enveloppant par le nord-ouest, il appelle une partie des troupes de Castelnau, stationnées en Lorraine. Le 20, une énergique offensive française est lancée entre Noyon et Péronne. En vain. Les lignes françaises manquent de matériel pour lancer des offensives efficaces munitions, stocks divers, nourriture, artillerie lourde. Le commandant des forces allemandes, von Bülow, a imaginé un efficace retranchement de ses troupes et lance à son tour des contre-manœuvres qui obligent l'armée française à s'allonger sans cesse vers le nord. Cet étalement du front jusqu'à Dunkerque, c'est le début de la Course à la mer qui réunit les Belges du roi Albert aux Français de Ronarc'h. Le roi accepte de placer son armée sous le commandement de Joffre qui dirige, dès lors, une stratégie globale réunissant les franco-anglo-belges.
À partir du 18 septembre, les combats continuent autour du massif de l'Aisne ; l'armée anglaise essuie de lourdes pertes. Trois jours après, le général Castelnau fait son entrée à Noyon, mais il ne peut s'y maintenir longtemps. Cependant, les lignes allemandes sont contenues. Le 22, il faut désormais déloger l'ennemi de ses positions : la 4e brigade du Maroc tirailleurs sénégalais et algériens se lance avec beaucoup de courage dans les bois et permet de gagner du terrain. Les prochaines attaques se révèlent infructueuses.

De Noyon à Dunkerque 24 septembre - 4 novembre 1914

La 2e armée subit un ralentissement de son avancée de jour en jour. Joffre rappelle Castelnau à l'ordre :
Rectifiez la marche de vos deux corps de gauche orientée trop à l'est, et redressez-la franchement vers le nord !
En effet, c'est toujours plus vers le nord que tout se joue. Là-bas, la cavalerie allemande du général von Marwitz harcèle les lignes françaises dans le secteur de Ham. Le 24, Joffre prend connaissance du fait que les Allemands ont amené toutes les forces qu'ils avaient en Belgique après avoir échoué à écraser l'armée belge. Il écrit au ministre de la Guerre Alexandre Millerand :
Le moment est venu pour l'armée belge d'agir sur les communications de l'ennemi.
Mais c'est ce que les Belges faisaient depuis le mois d'août en adoptant la tactique de l'avant-garde générale, chère à Napoléon, qui consiste à manœuvrer sur les flancs et les arrières ennemis en les attaquant pour gêner ses communications et, surtout, pour l'empêcher de réunir ses forces en un seul corps. C'est cela qui a fait que 150 000 hommes, ainsi que de l'artillerie lourde, manquèrent aux Allemands lors de la bataille de la Marne.
À partir du 26 septembre, l'ensemble des divisions françaises se heurtent à des forces ennemies considérables. Il faut des renforts autour d'Amiens. Joffre organise efficacement la venue de nouvelles divisions par camions et par trains en provenance de Compiègne. Le général Castelnau se maintient péniblement dans le Sud. Il organise plutôt efficacement la situation sur le long terme, mais il n'a pas assez de moyens matériels et d'hommes pour lutter contre von Bülow. Le 2 octobre, les combats font rage au nord d'Arras vers Lens et Béthune. L'objectif du commandement allemand est d'empêcher la remontée des troupes françaises vers le nord avec l'arrivée de nouveaux renforts.
Le 3 et le 4 octobre, le 10e corps d'armée de Castelnau subit plusieurs échecs en Artois. Il prévoit de reporter ses troupes en arrière. Mais Joffre lui ordonne d'aller de l'avant, car sinon cela donnerait l'impression d'une défaite. Le corps est bombardé dans les faubourgs d'Arras. Joffre préconise aux commandants français qu'ils doivent veiller à ce que l'inviolabilité du front soit maintenue. Il télégraphie aux généraux d'armée :
Fortifiez-vous le plus possible sur tout votre front. Agissez avec le maximum d'énergie. Nous étudions les moyens de vous amener des renforts.
Le commandant en chef envoie des renforts, surtout des troupes anglaises et belges dans les Flandres. Les Belges ont pu quitter Anvers après un mois de siège en évitant l'encerclement. rejoignant la côte avec le concours d'une unité française, les fusiliers marins de l'amiral Ronarc'h. Le roi Albert Ier déclare même qu'il est prêt à recevoir les instructions de Joffre. L'objectif est d'aider les Belges à se maintenir sur l'Yser afin d'empêcher toute offensive allemande contre Dunkerque et Calais. Au début de novembre 1914, la sécurité de l'armée française dans le Nord est consolidée surtout avec l'arrivée de la 42e division puis du 9e corps d'armée.

La bataille des Flandres mi-octobre – mi-novembre 1914

L'État-Major allemand ordonne la prise de Calais. Les alliés Français, Anglais et Belges mettent tout en œuvre pour défendre la région. C'est le début de la guerre de tranchées. Les Belges tendent des inondations en ouvrant les vannes qui protégeaient la plaine de Flandre de la mer. Les premières lignes d'assaut allemandes s'enlisent et reculent en catastrophe, on se bat pour des îlots de boue, des positions sont disputées pendant des jours et des jours, des villages sont ravagés et, à Ypres, les Anglais prennent, perdent et reprennent plusieurs fois la ville qui est ravagée. C'est le général d'Urbal qui commande les troupes françaises et son armée devient l'armée de Belgique. Au GQG, les généraux Belin et Berthelot, adjoints de Joffre, organisent admirablement les mouvements de troupes entre les divers points du front.
Finalement, l'Allemagne est vaincue dans les Flandres. La seule bataille d'Ypres lui coûte plus de 150 000 hommes. Dunkerque et Calais ne sont plus menacés. Après la victoire de la Marne, celle des Flandres popularise davantage le général Joffre. Mais la guerre n'est pas finie.

Nouvelles offensives : Artois et Champagne

«Le silencieux : Joffre
Il ne dit rien mais chacun l'entend.
Dessin de Charles Léandre paru dans
Le Rire Rouge du 19 décembre 1914.

La stratégie du général Joffre

À partir de l'hiver 1914-1915, le front occidental se stabilise de la mer du Nord à Belfort sur près de 750 km. Le conflit a déjà occasionné la perte de 850 000 hommes aux différents belligérants, que ce soit en morts, disparus, blessés ou prisonniers. Depuis l'épisode de la Marne, Erich von Falkenhayn remplace Moltke à la tête de l’État-Major allemand et en novembre 1914, les lignes allemandes sont en difficulté sur le front russe. Falkenhayn ordonne l'envoie de renforts sur le front oriental. Joffre, qui a connaissance de ce transfert, veut une percée sur le front ouest pour déstabiliser l'ennemi. Le 8 décembre 1914, il met au point deux offensives principales : en Artois et en Champagne ; les opérations seront exécutées par la 4e armée de Langle de Cary et la 10e armée de Maud'huy. En prévision, le généralissime garde à sa disposition deux divisions à Compiègne, une à Soissons, une autre à Bar-le-Duc et enfin les divisions du Gouvernement militaire de Paris. Pour Joffre, il les grignote et encore une fois l'année 1915 est marquée par la volonté d'obtenir la rupture.
Il prévoit également des offensives secondaires en Flandres, en Argonne et en Meuse. Le but est de détourner l'adversaire des zones principales d'attaque d'Artois et de Champagne. Il s'agit principalement des Flandres et de La Boisselle, respectivement confiées à la 8e armée du général d'Urbal et à la 2e armée du général Castelnau. Enfin, le dernier dispositif de Joffre réside dans la présence de deux armées défensives : la 6e armée de Maunoury et la 5e armée de Franchet d'Esperey dans l'Aisne et à Reims.

L'opération en Artois 17 décembre 1914 - 15 janvier 1915

L'offensive artésienne a pour but de libérer définitivement le territoire national envahi.
Le général Maud'huy, qui est installé à Cambligneul, lance l'attaque le 17 décembre 1914. Ses objectifs sont Vimy et la route Arras-Souchez. Pour désorienter l'ennemi, on commence l'offensive sur La Bassée. Le général Foch, le commandant du groupe du Nord, arrive le 17 pour prendre les opérations en main. Le 21, il lance une attaque sur Carency, mais le terrain se révèle très difficile, les tranchées sont inondées, les hommes épuisés et les fusils enrayés : les pertes françaises sont lourdes. Finalement, l'artillerie française tient tête aux attaques allemandes. Après de nouvelles attaques meurtrières et inutiles, le général Joffre décide de limiter l'action de la 10e armée à des entreprises ponctuelles et de mettre au repos les troupes le 15 janvier 1915.
Il est à noter que cette opération artésienne n'est mentionnée ni dans les Mémoires de Joffre ni ceux de son adjoint Foch. Pour le général Fayolle : Ce projet me paraît stupide, insensé.

Les opérations en Champagne 20 décembre 1914 - 9 janvier 1915

D'après le dispositif de Joffre, la 4e armée du général de Langle de Cary est couverte à droite par celle du général Sarrail entre l'Argonne et la Meuse. Le Ier corps colonial est le premier à s'élancer le 20 décembre. Il repousse une contre-attaque ennemie, mais les pertes sont lourdes.
Dès le 22, on se contente d'organiser le terrain conquis et de repousser les contre-attaques allemandes. Le 24 suivant, la 33e division prend des positions importantes de la région. Pourtant, le 25, le commandant des opérations modifie son plan et ordonne une poussée vers l'est Perthes-Massiges. Le 30 décembre, il n'y a plus de progression possible, le temps est exécrable et le GQG n'envoie pas assez de munitions. Au total 5 256 soldats ont été tués et la ligne est remontée de deux kilomètres vers le nord
.
Les offensives secondaires Flandres et La Boisselle

En Flandre, Joffre préconise l'attaque à d'Urbal lorsque l'artillerie sera prête. Néanmoins, les Anglais sont tellement impatients que l'attaque est lancée le 14 décembre 1914. Les résultats se révèlent rapidement insuffisants. Le 17, le 20e corps s'empare de 500 m2 de tranchées mais ailleurs, l'ennemi semble invincible. Le terrain est tellement impraticable que Joffre propose au commandant d'adopter la défensive lorsque c'est nécessaire.
Plus au sud, à La Boisselle, Castelnau ordonne l'attaque le 17 décembre sans même lancer l'artillerie. La contre-attaque allemande est meurtrière, les pertes sont lourdes et les gains faibles. Castelnau suspend l'offensive jusqu'au 24. Ce jour, le 118e régiment prend en partie La Boisselle malgré une violente attaque allemande et garde ses positions.
En Argonne, le général Dubail dirige la 1re et la 3e armée. Du 7 au 12 décembre, l'offensive ne rencontre aucun obstacle et s'empare des tranchées ennemies. Mais une contre-attaque provoque 250 morts. Le 13, le terrain est également impraticable dans la Woëvre ; comme ailleurs aucune offensive n'est possible. Le 20, l'infanterie prend avec beaucoup de difficultés Boureuilles, mais menacée d'enveloppement, elle doit se retirer. Globalement, les opérations sont un échec.
Enfin, les armées défensives subissent elles aussi de graves revers. Dans l'Aisne, la 6e armée de Maunoury attaque le plateau de Loges, mais elle subit de lourdes pertes 1 600 morts. À Reims, les hommes de Franchet d'Esperey doivent maintenir les forces allemandes pour soulager la 4e armée française mais aucune offensive ne réussit.
En Artois comme en Champagne, les offensives sont stériles, aucune avancée marquante en cet hiver 1914-1915. Joffre persiste, le plan est maintenu pour le printemps 1915.

Joffre et l’opinion publique

Le Grand Quartier général GQG de Joffre au 22 mars 1915
Fonction Responsable Durée
Commandant en chef des opérations Gal Joseph Joffre 2 août 1914 - 26 décembre 1916
Commandant en chef adjoint des opérations Gal Ferdinand Foch 4 octobre 1914 - 13 juin 1915
Major général Gal Maurice Pellé 22 mars 1915 - 20 décembre 1916
1er aide major général Gal Alphonse-Pierre Nudant 22 mars 1915 - 23 juin 1915
2e aide major général Gal Frédéric Hellot 22 mars 1915 - 23 juin 1915
3e aide major général et responsable de l’arrière Cel Camille Ragueneau 30 novembre 1914 - 4 mai 1917

L’organisation sur le terrain du général Joffre au 22 mars 1915

Armée française Commandant en chef Secteur Durée
1re armée Gal Pierre Auguste Roques Vosges 5 janvier 1915 - 25 mars 1916
2e armée Gal Édouard de Castelnau Lorraine orientale 2 août 1914 - 21 juin 1915
3e armée Gal Maurice Sarrail Lorraine occidentale 30 août 1914 - 22 juillet 1915
4e armée Gal Fernand Langle de Cary Aisne-Ardennes 2 août 1914 - 11 décembre 1915
5e armée Gal Louis Franchet d'Esperey Ardennes-Belgique 3 septembre 1914 - 31 mars 1916
6e armée Gal Pierre Dubois Autour de Paris 13 mars 1915 - 26 février 1916
7e armée Gal Henri Putz ? 7 septembre 1914 - 2 avril 1915
Détachement armée de Lorraine Gal Georges Humbert Lorraine occidentale 9 mars 1915 - 24 juillet 1915
10e armée Gal Louis de Maud'huy Artois 1er octobre 1914 - 2 avril 1915
Armée de Paris Gal Joseph Gallieni Paris 26 août 1914 - 29 octobre 1915
Au 1er janvier 1915, Joffre a, de nouveau, limogé de nombreux généraux. Depuis le début de la guerre on en est à 162 dans la zone des armées dont 3 commandants d'armée, 24 de corps d'armée, 71 de division, etc.. Les raisons sont multiples : soit le commandant a échoué dans sa mission, soit il est incapable d'assumer ses fonctions, soit encore il fait partie des nombreux officiers généraux républicains placés par le général Louis André lorsqu'il était ministre de la Guerre 1900-1902, au cours d'une époque très anticléricale.
En ce début d'année 1915, la situation militaire est nouvelle : les deux armées sont bloquées face-à-face ; aucune manœuvre n'est possible. Les généraux sont formés à l'attaque mobile, aux manœuvres mais pas à une guerre de tranchées. Joffre qui dispose désormais de 2 250 000 hommes, de 286 000 Britanniques et de 110 000 Belges ordonne la reprise de l'offensive pour percer le front allemand et revenir à une guerre mobile comme au début du conflit. Certains de ses subordonnés, tel le général Gallieni, proposent plutôt la défensive, plus appropriée à ce type de conflit. Le lieutenant-colonel Messimy, ancien ministre de la Guerre 1911-1912 devenu chef de corps sur le front, écrit :
« Ces offensives prises partout au hasard, sans idée d'ensemble, sans plan stratégique !
Joffre n'en démord pas. Il est hanté à l'idée d'une défaite russe sur le front oriental. Pourtant, malgré des moyens énormes en Champagne, la 4e armée essuie échec sur échec. La percée est ratée en décembre 1914, de nouveau en janvier 1915, de nouveau en mars. Les pertes françaises sont au total de 92 000 morts. En mai, Foch conduit en vain la deuxième offensive artésienne avec sept corps d'armée, appuyés par 780 pièces d'artillerie légère, 213 d'artillerie lourde et plusieurs escadrilles aériennes.

La troisième offensive de Champagne 24-29 septembre 1915

En Artois, une nouvelle offensive est lancée le 9 septembre 1915 entre Loos-en-Gohelle et Arras contre la VIe armée du prince Rupprecht. Malgré l'aide des Anglais, les violentes offensives françaises restent stériles : deux semaines plus tard, à peine 600 mètres de terrain sont conquis. Le 16 septembre, une dernière offensive généralisée est lancée, mais les soldats sont épuisés et les pertes sont une nouvelle fois énormes : au total, 2 260 officiers et 100 300 soldats y laissent la vie. Joffre ordonne la suspension de l'offensive. Le commandant en chef est sévèrement critiqué à Paris.
Après l'échec en Artois, zone trop étroite, Joffre veut concentrer ses attaques sur la Champagne qui semblerait être le secteur de prédilection de l'armée française. On se bat également en Argonne, où la 3e armée de Sarrail prête main forte sur l'aile droite de la 4e armée. Ici aussi, une seconde fois, les combats sont sanglants. Le 24 septembre, Joffre donne à lire une déclaration à tous les soldats :
« Soldats de la République ! Après des mois d'attente qui nous ont permis d'augmenter nos forces et nos ressources, tandis que l'adversaire usait les siennes, l'heure est venue d'attaquer pour vaincre et pour ajouter de nouvelles pages de gloire à celles de la Marne et des Flandres, des Vosges et d'Arras. Derrière l'ouragan de fer et de feu déchaîné grâce au labeur des usines de France, où vos frères ont nuit et jour travaillé pour vous, vous irez à l'assaut tous ensemble, sur tout le front, en étroite union avec les armées des Alliés. Votre élan sera irrésistible. Il vous portera d'un premier effort jusqu'aux batteries de l'adversaire au-delà des lignes fortifiées qu'il nous oppose. Vous ne lui laisserez ni trêve ni repos jusqu'à l'achèvement de la victoire. Allez-y de plein cœur pour la délivrance du sol de la patrie, pour le triomphe du droit et de la liberté. Joffre.
L'attaque est lancée le 24 à 9 h 45. Les soldats portent le nouvel uniforme bleu horizon et un casque. Joffre a nommé le général Castelnau responsable de la manœuvre. Ce dernier dirige la 2e armée du général Pétain et la 4e de Langle de Cary. Pétain commence par lancer le corps colonial, mais les réserves arrivent avec du retard. Les pertes sont lourdes. Langle de Cary attaque à gauche, mais la situation est encore pire. Le 27, la situation n'a progressé que de quelques mètres. Pétain suspend l'attaque. Castelnau la relance le 28 mais l'élan est brisé par les gaz asphyxiants. Pris d'urgence, Castelnau doit abandonner l'offensive le 29. Les munitions manquent toujours terriblement :
En définitive, la lutte sur le front franco-anglo-belge pendant l'année 1915 apparaît comme une course entre notre matériel offensif chaque jour grandissant, et les organisations défensives allemandes de jour en jour plus solides.

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Posté le : 04/01/2016 15:50
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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