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J.R.R. Tolkien 1
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Le 3 janvier 1892 naît John Ronald Reuel Tolkien

dʒɒn ˈɹʷɒnld ˈɹʷuːəl ˈtʰɒlkiːn, plus connu sous la forme J. R. R. Tolkien, né à Bloemfontein dans l'État libre d’Orange, écrivain, poète, philologue, traducteur et professeur d’université anglais, mort le 2 septembre 1973 à Bournemouth, à 81 ans. Il est principalement connu pour ses romans Le Hobbit et Le Seigneur des anneaux.
Après des études à Birmingham et à Oxford et l’expérience traumatisante de la Première Guerre mondiale, John Ronald Reuel Tolkien devient professeur assistant reader de langue anglaise à l’université de Leeds en 1920, puis professeur de vieil anglais à l’université d’Oxford en 1925 et professeur de langue et de littérature anglaises en 1945, toujours à Oxford. Il prend sa retraite en 1959. Durant sa carrière universitaire, il défend l’apprentissage des langues, surtout germaniques, et bouleverse l’étude du poème anglo-saxon Beowulf avec sa conférence Beowulf : Les Monstres et les Critiques 1936. Son essai Du conte de fées 1939 est également considéré comme un texte crucial dans l’étude de ce genre littéraire. Il reçoit la distinction de commandeur de l’Ordre de l'Empire britannique en 1972
Auteur de langue anglaise britannique, dans les genres littérature d’enfance et de jeunesse, fantasy, traduction, critique, poésie. Ses Œuvres principales sont Le Hobbit en 1937, Du conte de fées en 1947, Le Seigneur des anneaux de 1954 à 1955, Le Silmarillion en 1977, posthume, Les Enfants de Húrin en 2007, posthume, il est membre des Inklings

En bref

John Ronald Reuel Tolkien est né le 3 janvier 1892 en Afrique du Sud, à Bloemfontein, à l'époque capitale de l'État libre d'Orange. Lecteur précoce, passionné par les langues, il va devenir un philologue réputé et surtout un écrivain dont la renommée franchira les frontières grâce à un roman, The Lord of the Rings (1954-55, Le Seigneur des anneaux), qui marque profondément le paysage culturel du XXe siècle, en incluant des éléments mythologiques – empruntés notamment aux sagas nordiques – dans une narration précise et linéaire. Ce mélange de réalisme et de merveilleux a permis l'affirmation d'un genre, la fantasy, promis au plus grand succès.
En 1895, J. R. R. Tolkien quitte l'Afrique pour l'Angleterre avec sa mère et son jeune frère. Après le décès de leur père, la famille s'installe à Sarehole, près de Birmingham. À la mort de sa mère en 1904, l'enfant est pris en charge par un prêtre – la famille était convertie au catholicisme –, puis élevé par sa tante.
Dès sa jeunesse, J. R. R. Tolkien aime écrire des histoires et inventer des langages qu'il se plaît à doter d'une étymologie et d'une grammaire. Il exprime cette passion dans A Secret Vice 1931, repris dans Les Monstres et les critiques et autres essais. À l'université d'Oxford, il étudie la littérature anglaise, plus particulièrement l'anglo-saxon médiéval, et la philologie. Il se marie en 1916 avec Edith Brat et part pour la guerre, deux mois plus tard. Rapatrié sanitaire, c'est en convalescence qu'il commence à rédiger The Book of the Lost Tales qui deviendra The Silmarillion 1977, Le Silmarillion, l'œuvre qu'il ne cessera de remanier tout au long de sa vie, et qui ne sera publiée qu'à titre posthume.
Avant cela, Tolkien écrit The Hobbit, or There and Back Again 1937, Bilbo le Hobbit, qui trouve son inspiration dans une histoire qu'il racontait à ses enfants. Il s'agit de la quête burlesque et passionnante d'un groupe de nains accompagné d'un magicien, Gandalf, qui va chercher à reprendre un trésor volé par un dragon. Ils entraînent avec eux un hobbit, Bilbo, qui ne connaît rien de plus excentrique que de faire des ronds de fumée, ni de plus intéressant qu'un bon repas.
The Lord of the Rings 1954-55, Le Seigneur des anneaux, paraît en trois volumes, La Communauté de l'anneau, Les Deux Tours, Le Retour du roi et connaît un succès qui ira grandissant, surtout lors de sa publication aux États-Unis, en 1966, où il est particulièrement apprécié sur les campus universitaires. Pour être la suite de Bilbo le Hobbit, ce roman n'en est pas moins très différent. Inspiré du Kalevala, chant mythique finnois que Tolkien avait lu dans sa version originale, il n'est plus écrit pour des enfants, mais pour des adultes. Les héros ne partent plus à la chasse au trésor, ils vont sauver le monde du mal – on peut reconnaître ici l'aversion de Tolkien pour la guerre moderne et pour la pollution. Les elfes et les nains sont graves et sages, comme l'est Gandalf, le magicien gris, dont on découvre l'importance réelle dans la cosmogonie créée par Tolkien. Quant aux hobbits, ils apportent une touche d'humour dans cette épopée fantastique et poétique.
J. R. R. Tolkien est décédé à Bournemouth (Royaume-Uni) le 2 septembre 1973, deux ans après son épouse. Après sa mort, l'un de ses fils, Christopher, réunit ses manuscrits et entreprend de publier enfin The Silmarillion. Dans ce livre à nul autre pareil, Tolkien a véritablement conçu un monde, Arda, avec sa mythologie, ses dieux et déesses – les Valar –, ses créatures et sa genèse par la musique. Les légendes de la Terre du Milieu – contrée où les elfes, nains, humains et hobbits vivent la plupart de leurs aventures –, et parmi elles celle des Silmarils, les fabuleux joyaux qui recèlent la lumière du pays des Valar, sont ensuite relatées jusqu'à aboutir aux événements du Seigneur des anneaux. Dans Le Silmarillion, Tolkien donne la pleine mesure de ses talents de conteur et de créateur d'univers et de langages.
Viendront ensuite plusieurs volumes sur l'histoire de la Terre du Milieu dont le dernier, The Children of Húrin 2007, Les Enfants de Húrin, est un véritable puzzle de récits, reconstitué avec minutie par Christopher Tolkien à partir des brouillons de son père.
J. R. R. Tolkien a beaucoup écrit sur des thèmes plus ou moins reliés à la féerie ou à la mythologie. Toutefois, l'originalité de sa création est telle que la Terre du Milieu a influencé ses lecteurs jusque dans leur rapport à l'œuvre, les faisant plonger dans un univers différent, qu'ils s'approprient par le biais du jeu ou de l'étude. Ainsi, le premier jeu de rôle, Donjons & Dragons, créé par E. Gary Gygax et Dave Arneson, aurait été influencé par Le Seigneur des anneaux. D'un autre côté, on peut trouver des cours et des dictionnaires de sindarin ou de quenya, deux des nombreuses langues élaborées par Tolkien.
On connaît peu les aquarelles de Tolkien. Certaines illustrent pourtant les premières éditions de ses ouvrages, et Le Seigneur des anneaux est accompagné d'alphabets cursifs et runiques destinés à la retranscription des langages elfiques ou nains, ainsi que de cartes dessinées par son fils sur ses indications. Cette importance accordée par l'écrivain à l'accompagnement visuel de la fiction a sans doute joué un rôle dans l'essor de l'imagerie fantastique hissée au rang d'un art majeur.
Des diverses adaptations cinématographiques et télévisuelles du Seigneur des anneaux, on retiendra la trilogie de Peter Jackson. Dix ans lui auront été nécessaires pour mener à bien les trois épisodes parus sur les écrans en 2001, 2002 et 2003. Ce film à gros budget, qui a remporté de nombreux prix, restitue parfaitement la magie du roman.
Tolkien a inspiré des peintres, des cinéastes, mais aussi des compositeurs – la musique joue en effet un rôle très important dans ses romans. Si John Howe et Alan Lee sont les dessinateurs les plus connus, pour avoir illustré ses ouvrages et travaillé sur le film de Peter Jackson, ils sont loin d'être les seuls. Les œuvres de Tolkien ont aussi servi de source d'inspiration à de nombreux écrivains, ouvrant la porte à un nouveau courant littéraire. Certains de ces auteurs ont commencé à créer des univers et à écrire des scénarios par le biais du jeu de rôle. D'autres, comme Tolkien lui-même, ont étudié les lettres, ou encore l'histoire, la mythologie et le folklore. Ils se retrouvent dans cette littérature dont le nom, fantasy, signifie littéralement « imagination ».
Les codes de ce nouveau « genre » se définissent par comparaison ou par opposition avec le fantastique et la science-fiction : dans les trois cas, il est question de ce qui n'existe pas. Mais là où la science-fiction imagine que « cela » peut arriver, là où le fantastique décrit l'intrusion brutale du surnaturel dans le quotidien, la fantasy choisit pour décor un univers totalement inventé. Parmi ceux qui le peuplent, on trouve des elfes et des fées, des sorciers, des dieux ou toute autre créature des contes ou des mythologies. Les auteurs, même s'ils ne cherchent pas à être « crus », se soucient de cohérence. Leur univers est étudié, soigneusement façonné, qu'il soit totalement issu de leur imagination ou inspiré de légendes connues.
À l'origine, la fantasy racontait une quête, ses héros partaient sauver le monde, comme on le voit chez Tolkien. Elle s'est depuis épanouie en donnant naissance à de nouveaux courants, riches de potentialités. Du roman historique teinté d'irréalisme à la fantasy urbaine, du Moyen Âge fantasmatique au métro londonien, de la tragédie grecque à la parodie, les héritiers de Tolkien rivalisent d'imagination et d'originalité, tant dans les histoires qu'ils écrivent que dans le style qu'ils emploient. Mais c'est bien Tolkien qui leur a ouvert une porte vers l'inconnu qu'ils explorent, et nombre d'entre eux reconnaissent leur dette à son égard, comme on le voit dans Meditations on Middle-Earth (2001, Méditations sur la Terre du Milieu), recueil de témoignages réuni par Karen Haber. Lucie Chenu

Sa vie

Tolkien commence à écrire pour son plaisir dans les années 1910, élaborant toute une mythologie autour de langues qu’il invente. L’univers ainsi créé, la Terre du Milieu, prend forme au fil des réécritures et compositions. Son ami C. S. Lewis l’encourage dans cette voie, de même que les autres membres de leur cercle littéraire informel, les Inklings. En 1937, la publication du Hobbit fait de Tolkien un auteur pour enfants estimé. Sa suite longtemps attendue, Le Seigneur des anneaux, est d’une tonalité plus sombre. Elle paraît en 1954-1955 et devient un véritable phénomène de société dans les années 1960, notamment sur les campus américains. Tolkien travaille sur sa mythologie jusqu’à sa mort, mais ne parvient pas à donner une forme achevée au Silmarillion. Ce recueil de légendes des premiers âges de la Terre du Milieu est finalement mis en forme et publié à titre posthume en 1977 par son fils et exécuteur littéraire Christopher, en collaboration avec Guy Gavriel Kay. Depuis, Christopher Tolkien publie régulièrement des textes inédits de son père.
De nombreux auteurs ont publié des romans de fantasy avant Tolkien, mais le succès majeur remporté par Le Seigneur des anneaux au moment de sa publication en poche aux États-Unis est à l’origine d’une renaissance populaire du genre. Tolkien est ainsi considéré, pour certains, comme le « père » de la fantasy moderne. Son œuvre a eu une influence majeure sur les auteurs ultérieurs de ce genre, en particulier par la rigueur avec laquelle il a construit son monde secondaire.

Famille Tolkien.

La plupart des aïeux de J. R. R. Tolkien du côté de son père sont des artisans. La famille Tolkien, originaire de Saxe, est établie en Angleterre depuis le xviiie siècle, et les Tolkien y sont devenus « profondément anglais. Leur patronyme est une forme anglicisée de Tollkiehn, un nom dérivé de l’allemand tollkühn signifiant téméraire.
Les ancêtres maternels de Tolkien, les Suffield, sont une famille originaire d’Evesham, dans le Worcestershire. À la fin du xixe siècle, ils vivent principalement à Birmingham, où les grands-parents maternels de Tolkien, John et Emily Jane Suffield, possèdent une mercerie dans un bâtiment appelé « Lamb House », située dans le centre-ville.
John Ronald Reuel Tolkien naît le 3 janvier 1892 à Bloemfontein, dans l’État libre d’Orange, en Afrique du Sud. Il est le premier enfant d’Arthur Reuel Tolkien 1857-1896 et de sa femme Mabel, née Suffield 1870-1904. Tous deux ont quitté l’Angleterre quelques années plus tôt, au moment de la promotion d’Arthur à la tête de l’agence de la Banque d’Afrique à Bloemfontein.
L’enfant porte le prénom John par tradition familiale : chez les Tolkien, le fils aîné du fils aîné s’appelle toujours John. Ronald est le choix de Mabel, qui avait à l’origine choisi Rosalind, s’attendant à avoir une fille. Quant à Reuel, il s’agit, d’après les souvenirs de Tolkien, du nom d’un ami de sa grand-mère, et que l’on croit d’origine française dans la famille, mais qui semble plutôt issu de la Bible Reuel est un autre nom de Jethro, le beau-père de Moïse. Tolkien donne à son tour ce prénom à ses quatre enfants, y compris à sa fille Priscilla.
Le climat de l’Afrique du Sud ne convient pas à Mabel, ni à son fils. En avril 1895, Mabel retourne en Angleterre avec ses enfants un deuxième fils, Hilary Arthur Reuel, est né le 17 février 1894, mais son mari meurt d’un rhumatisme infectieux le 15 février 1896, avant d’avoir pu les rejoindre. Privée de revenus, Mabel s’installe chez ses parents, à Birmingham, puis à Sarehole, un hameau au sud de la ville. Le jeune Tolkien explore les alentours, notamment le moulin de Sarehole, ce qui lui inspirera des scènes de ses futurs ouvrages et un amour profond pour la campagne anglaise du Warwickshire.
Mabel éduque elle-même ses deux fils. Elle enseigne à Ronald la botanique, des rudiments de latin, d’allemand et de français, une langue dont il n’apprécie guère les sonorités9. Il lit également beaucoup : il n’aime pas L’Île au trésor de Stevenson ou Le Joueur de flûte de Hamelin de Browning, mais se prend de passion pour les histoires de Peaux-Rouges et du roi Arthur, ainsi que pour les ouvrages de George MacDonald et les recueils de contes édités par Andrew Lang.
Tolkien entre à la King Edward's School de Birmingham, où son père avait lui-même étudié, en 1900. La même année, sa mère se convertit au catholicisme, malgré de violentes protestations de sa famille anglicane, qui lui coupe les vivres. Elle déménage en 1902 pour s’installer à Edgbaston, non loin de l’oratoire de Birmingham, et envoie ses fils à la St. Philip's School, l’école rattachée à l’oratoire. Ils n’y restent que brièvement : Ronald obtient une bourse et peut retourner à la King Edward’s School dès 1903. Il y apprend le grec ancien, étudie Shakespeare et Chaucer et s’initie en autodidacte au vieil anglais.
Mabel Tolkien meurt de complications dues au diabète le 14 novembre 1904 — le traitement à l’insuline n’existe pas encore. Durant le reste de sa vie, son fils aîné la considère comme une martyre, sentiment qui influence profondément ses propres croyances. Avant sa mort, elle confie la garde de ses deux fils au père Francis Morgan, de l’oratoire de Birmingham.

Études et mariage

Comme le père Morgan ne peut les héberger, Ronald et Hilary s’installent au début de l’année 1905 chez une tante par alliance, Beatrice Suffield, qui habite non loin de l’oratoire. Tolkien poursuit ses études à la King Edward’s School et se lie d’amitié avec d’autres élèves, notamment Christopher Wiseman 1893-1987 et Robert Gilson 1893-1916. Il s’intéresse de plus en plus à la philologie, apprend le vieux norrois pour pouvoir lire dans le texte l’histoire de Sigurd et découvre la langue gotique et le Kalevala. Il joue également au rugby à XV dans l’équipe de son école, avec une telle ardeur qu’il en devient le capitaine.
En 1908, Tolkien rencontre une jeune fille nommée Edith Bratt lorsqu’il s’installe avec son frère dans le même immeuble qu’elle. Malgré leur différence d’âge elle a trois ans de plus que lui, ils ne tardent pas à tomber amoureux, d’autant plus vite que tous deux sont orphelins. Toutefois, le père Morgan s’oppose à cette relation et interdit à Tolkien de continuer à la voir : il craint que son pupille ne néglige ses études. Le protestantisme d’Edith constitue un obstacle supplémentaire. Le jeune garçon obéit à la lettre à cet ordre, sinon à l’esprit, mais lorsque le père Morgan est mis au courant des rencontres accidentelles entre les deux jeunes gens, il menace de mettre un terme aux études de Tolkien si elles ne cessent pas. Son pupille obtempère.
Après un échec fin 1909, Tolkien obtient en décembre 1910 une bourse pour entrer à l’université d’Oxford16. Durant ses derniers mois à la King Edward’s School, il fait partie des élèves qui bordent l’itinéraire durant la parade de couronnement du roi George V, aux portes de Buckingham Palace. Plus important, il fonde, avec ses amis Rob Gilson et Christopher Wiseman, la Tea Club Barrovian Society ou T. C. B. S., une société officieuse dont les membres, bientôt rejoints par Geoffrey Smith 1894-1916 et quelques autres, partagent l’habitude de prendre le thé aux Barrow’s Stores, non loin de l’école et dans la bibliothèque même de l’école, ce qui est normalement interdit par le règlement. Les quatre amis au cœur du T. C. B. S. restent en contact après leur départ de l’école.
Durant l’été 1911, Tolkien part en vacances en Suisse, un voyage qu’il se remémore de façon vivante dans une lettre de 1968 dans laquelle il revient sur la façon dont ce voyage a pu l’inspirer pour l’écriture du Hobbit la dégringolade le long des pierres glissantes jusque dans le bois de pins et du Seigneur des anneaux, appelant le Silberhorn la Corne d’Argent Celebdil de mes rêves.
Exeter College, où Tolkien étudie de 1911 à 1915. Il en devient fellow honoraire en 1958.
En octobre 1911, Tolkien entame ses études classiques à Oxford, à Exeter College ; l’un de ses principaux professeurs est le philologue Joseph Wright, qui a une grande influence sur lui. Il s’intéresse au finnois afin de lire le Kalevala dans le texte, approfondit sa connaissance du gallois et s’implique dans la vie sociale de son collège en continuant à jouer au rugby et en devenant membre de plusieurs clubs étudiants. Cependant, les auteurs grecs et latins l’ennuient, ce qui se ressent dans ses notes : la seule matière où il excelle est son sujet libre, la philologie comparée. En 1913, avec la bénédiction de son tutor, le vice-recteur Farnell, Tolkien change de cursus au profit de la littérature anglaise, et choisit comme spécialité la philologie scandinave. Dès lors, Kenneth Sisam devient son nouveau tutor.
Le jour de sa majorité, en 1913, Tolkien écrit à Edith pour la demander en mariage. La jeune femme s’est entre-temps promise à un autre, mais elle rompt ses fiançailles et se convertit au catholicisme sur l’insistance de Tolkien. Ils célèbrent leurs fiançailles à Warwick en janvier 1914.

Première Guerre mondiale

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, en août 1914, Tolkien est en vacances en Cornouailles ; il rédige peu après le poème Le Voyage d'Éarendel, première graine de la future mythologie du Silmarillion. En rentrant à Oxford, il s’arrange pour s’entraîner dans les Officers' Training Corps, ce qui lui permet de poursuivre en parallèle ses études afin d’obtenir son diplôme avant de devoir partir au front.
En décembre, Tolkien, Gilson, Smith et Wiseman se réunissent à Londres. Malgré l’ombre que la guerre fait peser sur le pays, ils ont foi dans leur potentiel : tous ont des ambitions artistiques et sont persuadés que le T. C. B. S. peut et va changer le monde. De cette rencontre, de ce concile de Londres, découle la vocation poétique de Tolkien. Il rédige de nombreux poèmes en 1915 et réussit brillamment ses examens finaux à Oxford, obtenant les First-class honours.
Tolkien devient sous-lieutenant dans les fusiliers du Lancashire et s’entraîne avec le 13e bataillon de réserve pendant onze mois à Cannock Chase, dans le Staffordshire. Durant cette période, il écrit à Edith : les gentlemen sont rares parmi les officiers, et les êtres humains même sont rares. Sachant son départ pour le front proche, il épouse Edith le 22 mars 1916 à Warwick. Transféré dans le 11e bataillon de services avec le corps expéditionnaire britannique, il arrive en France le 4 juin 1916. Par la suite, il écrit : les officiers subalternes étaient abattus par douzaines. Se séparer de ma femme à ce moment-là … c’était comme mourir.
Tolkien sert comme officier de transmissions pendant la bataille de la Somme, participe à la bataille de la crête de Thiepval et aux attaques subséquentes sur la redoute de Schwaben. Victime de la fièvre des tranchées, une maladie transmise par les poux qui pullulent dans les tranchées, il est renvoyé en Angleterre le 8 novembre 1916. Ses amis Rob Gilson et G. B. Smith n’ont pas autant de chance : le premier est tué au combat le 1er juillet, et le second, grièvement blessé par un obus, meurt le 3 décembre.
Affaibli, Tolkien passe le reste de la guerre entre des hôpitaux et des postes à l’arrière, étant jugé médicalement inapte au service général. Son premier fils, John Francis Reuel, naît le 16 novembre 1917 à Cheltenham. Durant sa convalescence à Great Haywood, dans le Staffordshire, Tolkien entame la rédaction de La Chute de Gondolin, premier des Contes perdus.

Leeds

Lorsque la guerre s’achève, la famille Tolkien s’installe à Oxford. Le premier emploi civil de Tolkien après l’armistice est pour l’Oxford English Dictionary, de janvier 1919 à mai 1920. Il travaille sur l’histoire et l’étymologie des termes d’origine germanique commençant par la lettre W, sous la direction de Henry Bradley, qui loue à plusieurs reprises son travail par la suite. Durant cette période, Tolkien arrondit ses fins de mois en servant de tutor à plusieurs élèves de l’université, principalement des jeunes filles de Lady Margaret Hall, de St Hilda’s, de St Hugh’s et de Somerville.
En 1920, alors que naît son deuxième fils, Michael Hilary Reuel 22 octobre 1920 – 27 février 1984, Tolkien quitte Oxford pour le Nord de l’Angleterre où il devient professeur assistant reader de littérature anglaise à l’université de Leeds, puis professeur en 1924. Durant son séjour à Leeds, il produit le glossaire A Middle English Vocabulary, ainsi qu’une édition définitive du poème moyen anglais Sire Gauvain et le Chevalier vert avec E. V. Gordon, deux livres considérés comme des références académiques pendant les décennies qui suivent. Tolkien continue également à développer son univers de fiction : les Contes perdus sont laissés inachevés, mais il entreprend la rédaction d’une version en vers allitératifs de l’histoire des Enfants de Húrin. C’est également à Leeds que naît son troisième fils, Christopher John Reuel, le 21 novembre 1924.

Oxford

Après cela, pourriez-vous dire, il ne se passa vraiment plus rien. Tolkien rentra à Oxford, fut professeur d’anglo-saxon aux collèges de Rawlinson et de Bosworth sic pendant vingt ans ; fut ensuite élu professeur de langue et de littérature anglaise à Merton ; s’installa dans une banlieue d’Oxford très conventionnelle où il passa le début de sa retraite : déménagea dans une ville quelconque du bord de mer ; retourna à Oxford après la mort de sa femme ; et mourut paisiblement à l’âge de quatre-vingt-un ans.
En 1925, Tolkien retourne à Oxford en tant que professeur de vieil anglais et fellow de Pembroke College, poste qu’il occupe jusqu’en 1945. Durant son passage à Pembroke, il écrit Le Hobbit et les deux premiers volumes du Seigneur des anneaux, principalement au numéro 20 de Northmoor Road, dans le nord d’Oxford. C’est là que naît le dernier enfant du couple Tolkien, leur seule fille, Priscilla Mary Anne Reuel née le 18 juin 1929. Très attaché à ses enfants, Tolkien invente pour eux de nombreux contes, parmi lesquels Roverandom et Le Hobbit. Il leur écrit également chaque année des lettres censées provenir du père Noël.
Tolkien, Tollers pour ses amis, rencontre pour la première fois C. S. Lewis en 1926, à Oxford. Entre eux ne tarde pas à naître une amitié profonde et durable. Ils partagent un goût pour le dialogue et la bière, et Tolkien invite bientôt Lewis aux réunions des Coalbiters, un club dédié à la lecture de sagas islandaises en vieux norrois. Le retour au christianisme de Lewis est en partie le fait de Tolkien, même si ce dernier regrette que son ami ait choisi de revenir à l’anglicanisme, et non de le rejoindre au sein de la confession catholique. Lewis ne cesse d’encourager Tolkien lorsque celui-ci lit des passages de ses livres aux réunions des Inklings, club littéraire informel qui s’assemble dans les années 1930 autour de Tolkien, Lewis, Owen Barfield, Hugo Dyson et d’autres enseignants d’Oxford.
Le Hobbit est publié en septembre 1937, presque par hasard : c’est une ancienne étudiante de Tolkien, Susan Dagnall, enthousiasmée par le manuscrit, qui le met en contact avec la maison d’édition londonienne George Allen & Unwin et le convainc de le faire publier. Le livre rencontre un franc succès, tant critique que commercial, des deux côtés de l’Atlantique, et l’éditeur Stanley Unwin presse Tolkien d’écrire une suite. Ce dernier entreprend alors la rédaction du Seigneur des anneaux, sans se douter qu’il lui faudra plus de dix ans pour l’achever.
En mars 1939, le gouvernement britannique contacte Tolkien et lui propose de rejoindre une équipe de spécialistes consacrée au déchiffrement des codes nazis, située à Bletchley Park. Il refuse l’offre d’un emploi à plein temps payé 500 livres, 50 000 livres de 2009 par an, mais d’après un historien des services secrets britanniques, des documents non encore publiés attesteraient d’une participation suivie et importante de sa part à l’effort de décodage.
Outre une charge de travail supplémentaire qui empêche Tolkien d’avancer aussi vite qu’il l’aimerait dans la rédaction du Seigneur des anneaux, l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale a une conséquence inattendue : l’arrivée de l’écrivain londonien Charles Williams, très admiré par Lewis, à Oxford, où il ne tarde pas à se faire une place parmi les Inklings. S’il entretient des relations tout à fait cordiales avec l’homme, Tolkien n’apprécie guère l’écrivain, dont les romans sont pétris de mysticisme et frôlent parfois la magie noire, ce qui ne peut que faire horreur à un catholique aussi persuadé de l’importance du mal que Tolkien. Celui-ci juge défavorablement l’influence de Williams sur l’œuvre de Lewis. L’amitié de Tolkien et Lewis est également refroidie par le succès grandissant rencontré par Lewis en sa qualité d’apologiste chrétien, notamment grâce à ses émissions pour la BBC, qui font dire à Tolkien vers le milieu des années 1940 que Lewis est devenu trop célèbre pour son goût ou les nôtres.
En 1945, Tolkien devient professeur de langue et de littérature anglaises à Merton, poste qu’il occupe jusqu’à sa retraite. À Pembroke, c’est un autre Inkling qui lui succède comme professeur de vieil anglais : Charles Wrenn. Les réunions du jeudi des Inklings se font de plus en plus rares après la mort de Williams et la fin de la Seconde Guerre mondiale, pour cesser définitivement en 1949. Les relations entre Tolkien et Lewis sont de plus en plus distantes, et le départ de ce dernier pour Cambridge en 1954, et son mariage avec Joy Davidman, une Américaine divorcée, en 1957, n’arrangent pas les choses49. Tolkien est toutefois très choqué par la mort de C. S. Lewis en 1963, qu’il compare à un coup de hache porté aux racines.
Tolkien achève Le Seigneur des anneaux en 1948, après une décennie de travail. Le livre est publié en trois volumes en 1954-1955 et rencontre un grand succès dès sa publication, faisant l’objet d’une adaptation radiophonique dès 1955. Si le succès de son œuvre le met définitivement à l’abri du besoin, Tolkien reste un homme économe et généreux, ne s’autorisant guère d’excentricités.

Retraite et mort

Tolkien prend sa retraite universitaire en 1959. Dans les années qui suivent, il acquiert une célébrité croissante en tant qu’écrivain. Il écrit tout d’abord des réponses enthousiastes à ses lecteurs, mais devient de plus en plus méfiant devant l’émergence de communautés de fans, notamment au sein du mouvement hippie aux États-Unis, où le livre devient un best-seller après la parution chez Ace Books d’une édition au format poche non autorisée en 1965 ; la querelle judiciaire qui s’ensuit offre encore une publicité supplémentaire au nom de Tolkien53. Dans une lettre de 1972, il déplore être devenu un objet de culte, mais admet que même le nez d’une idole très modeste … ne peut demeurer totalement insensible aux chatouillements de la douce odeur de l’encens ! Toutefois, les lecteurs enthousiastes se font de plus en plus pressants, et en 1968, lui et sa femme déménagent pour plus de tranquillité à Bournemouth, une ville balnéaire de la côte sud de l’Angleterre.
Le travail sur Le Silmarillion occupe en pointillés les deux dernières décennies de la vie de Tolkien, sans qu’il parvienne à l'achever. Les lecteurs du Seigneur des anneaux attendent avec impatience cette suite promise, mais ils doivent se contenter du recueil de poèmes Les Aventures de Tom Bombadil 1962 et du conte Smith de Grand Wootton 1967. Durant la même période, Tolkien participe également à la traduction de la Bible de Jérusalem, publiée en 1966 : outre un travail de relecture, il en traduit le Livre de Jonas.
Edith Tolkien meurt le 29 novembre 1971 à l’âge de 82 ans et est enterrée au cimetière de Wolvercote, dans la banlieue nord d’Oxford. Son mari fait graver sur sa tombe le nom Lúthien, en référence à une histoire de son légendaire qui lui avait été en partie inspirée par la vision d’Edith dansant dans les bois, en 1917.
Après le décès de sa femme, Tolkien revient passer les dernières années de sa vie à Oxford : il est logé gracieusement par son ancien college de Merton dans un appartement sur Merton Street. Le 28 mars 1972, il est fait commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique par la reine Élisabeth II57. Lors d’une visite chez des amis à Bournemouth, fin août 1973, il se sent mal : il meurt à l’hôpital le 2 septembre 1973, à l’âge de 81 ans. Beren est inscrit sous son nom sur la tombe qu’il partage avec Edith.

Opinions Religion

L’oratoire de Birmingham, où Tolkien a été enfant de chœur dans les années 1900.
Après avoir été baptisé au sein de l’Église d’Angleterre, Tolkien est éduqué dans la foi catholique par sa mère après sa conversion en 1900. Sa mort prématurée a une profonde influence sur son fils. Humphrey Carpenter suggère ainsi qu’il a pu trouver dans la religion une sorte de réconfort moral et spirituel. Il reste fidèle à sa foi sa vie durant, et celle-ci joue un rôle important dans la conversion de son ami C. S. Lewis, alors athée, au christianisme — bien qu’il choisisse de retourner à la foi anglicane, au grand désarroi de Tolkien.
Les réformes du Concile Vatican II suscitent en lui des avis partagés. On a pu dire notamment Paul Airiau Actes du Colloque du CRELID de 2007- que Tolkien approuvait les évolutions œcuméniques telles que ce concile introduisit dans l'Eglise, mais ce serait là mal interpréter l'unique lettre lettre 306 -de 1968- dans le recueil The Letters of J.R.R. Tolkien où il use de ce terme, sans aucunement évoquer directement les réformes conciliaires. En effet, si l'on retourne au texte, on remarque rapidement que Tolkien condamne fermement l’œcuménisme inspiré par le besoin supposé d'aggiornamento, et fait plutôt référence à une relation purement personnelle, affirmant qu'il s'agirait, pour les catholiques anglais, si longtemps une minorité persécutée, de faire preuve néanmoins de charité envers les véritables chrétiens dans les autres dénominations, anglicans notamment. Faisant également référence à sa propre formation, il rappelle qu'il peut être profitable, dans un tel état de choses, de côtoyer des non-catholiques pendant sa scolarité, tout en ayant une vie de famille profondément catholique, et qu'il serait désastreux pour l'Eglise militante "d'enfermer tous ses soldats dans une forteresse", prenant l'exemple de la ligne Maginot. Pour résumer, l’œcuménisme de Tolkien est fort traditionnel: il insiste sur les relations personnelles de même que Newman, évoque la situation très particulière du catholicisme anglais, et se veut avant tout apostolique, militant. Malgré sa vague association, au temps de la guerre, avec un éventuel United Christian Council à Oxford, il est ainsi assez loin du nouvel œcuménisme tel que prôné par Vatican II (constitution Lumen Gentium, 8, décret Unitatis Redintegratio notamment: nulle mention d'un véritable "dialogue", mutuellement enrichissant entre communautés chrétiennes Unitatis Redintegratio, pas de référence à la valeur intrinsèque des pratiques des autres confessions chrétiennes Unitatis Redintegratio, 3, aucune vision "panchrétienne" telle que suggérée par Lumen Gentium. À défaut d'éléments plus décisifs, ce que l'on sait de Tolkien -son attitude intransigeante concernant la conversion de sa fiancée, son dédain pour l'Anglicanisme, et son admiration pour le pape Pie X, cf l'analyse de A.R. Bossert dans Mythlore, septembre 2006: Surely you don't disbelieve?, rattachant l'auteur au courant catholique anti-moderniste - en fait un témoin de la loyauté envers et contre tout au catholicisme le plus traditionnel, lettre 306: invitation à prier pour l'Eglise, le Vicaire du Christ et soi-même", après avoir constaté que l'Eglise lui semblait, du refuge spirituel au sein du monde qu'elle était auparavant, être devenue un piège.
Il regrettera ainsi amèrement l’abandon du latin dans la messe, suite aux travaux de réforme liturgique post-conciliaire. Son petit-fils Simon se souvient être allé à l’église avec lui. Il rapporte qu’au milieu des fidèles qui répondaient en anglais, son grand-père mit un point d’honneur à faire quant à lui ses réponses en latin, et très bruyamment61. Clyde Kilby rappelle quant à lui le désarroi de Tolkien constatant, pendant la célébration d'une messe dans le nouveau rite, la diminution drastique du nombre de génuflexions, et son départ dépité de l'église.

Politique Pensée politique

Tolkien est essentiellement conservateur dans ses opinions politiques, au sens où il favorise les conventions établies et l’orthodoxie et non l’innovation et la modernisation. En 1943, il écrit à son fils Christopher : « Mes opinions politiques penchent de plus en plus vers l’Anarchie au sens philosophique, désignant l’abolition du contrôle, non pas des hommes moustachus avec des bombes) — ou vers la Monarchie « non constitutionnelle. En 1956, il explique ne pas être démocrate uniquement parce que l’humilité et l’égalité sont des principes spirituels corrompus par la tentative de les mécaniser et de les formaliser, ce qui a pour conséquence de nous donner, non modestie et humilité universelles, mais grandeur et orgueil universels.
S’il aime l’Angleterre — non la Grande-Bretagne et certainement pas le Commonwealth grr ! —, Tolkien n’est cependant pas un patriote aveugle. Durant la Seconde Guerre mondiale, il fustige la propagande britannique relayée par les journaux, notamment un article appelant solennellement à l’extermination systématique du peuple allemand tout entier comme la seule mesure adéquate après la victoire militaire. Après la fin de la guerre en Europe, il s’inquiète de l’impérialisme britannique ou américain en Extrême-Orient, affirmant : j’ai peur de ne pas être animé par la moindre étincelle de patriotisme dans cette guerre qui se poursuit. Pour elle je ne donnerais pas un penny, encore moins un fils, si j’étais un homme libre.
Durant la guerre d’Espagne, Tolkien exprime en privé son soutien au camp nationaliste en apprenant de Roy Campbell que les escadrons de la mort soviétiques se livrent à des destructions d’églises et au massacre de prêtres et de religieuses. À une époque où de nombreux intellectuels occidentaux admirent Joseph Staline, Tolkien ne cache pas son mépris pour ce vieux meurtrier sanguinaire, ainsi qu’il l’appelle dans une lettre à son fils Christopher en 1944. Il s’oppose néanmoins avec virulence à une interprétation du Seigneur des anneaux comme une parabole anticommuniste, et dans laquelle Sauron correspondrait à Staline : une allégorie de ce genre est totalement étrangère à ma façon de penser, écrit-il.

Réaction face au nazisme

Avant la Seconde Guerre mondiale, Tolkien exprime son opposition à Adolf Hitler et au régime nazi. Dans son roman inachevé La Route perdue, écrit vers 1936-1937, la situation de l’île de Númenor sous le joug de Sauron peu avant sa submersion présente des ressemblances avec la situation en Allemagne à la même époque, comme le souligne Christopher Tolkien : la disparition inexpliquée de gens impopulaires auprès du gouvernement, les informateurs, les prisons, la torture, le secret, la crainte de la nuit ; la propagande sous forme de révisionnisme historique, la prolifération des armes de guerre, à des fins indéterminées mais entrevues.
En 1938, la maison d’édition Rütten & Loening, qui prépare une traduction du Hobbit en allemand, écrit à Tolkien pour lui demander s’il est d’origine aryenne. Outré, celui-ci écrit à son éditeur Stanley Unwin une lettre où il condamne les lois démentes du régime nazi et l’antisémitisme comme une chose totalement pernicieuse et non scientifique ; il se déclare par la suite disposé à laisser en plan toute traduction allemande. Tolkien envoie à Unwin deux réponses possibles à transmettre à Rütten & Loening. Dans celle qui n’a pas été envoyée, il pointe le mauvais usage fait par les nazis du terme aryen linguistique à l’origine et ajoute :
Mais si je suis supposé comprendre que vous voulez savoir si je suis d’origine juive, je ne peux que répondre que je regrette de ne pouvoir apparemment compter parmi mes ancêtres personne de ce peuple si doué. Mon arrière-arrière-grand-père quitta l’Allemagne pour l’Angleterre au XVIIIe siècle : la majeure partie de mon ascendance est donc de souche anglaise, et je suis un sujet anglais — ce qui devrait vous suffire. J’ai été néanmoins habitué à regarder mon nom allemand avec fierté, même tout au long de la dernière et regrettable guerre, au cours de laquelle j’ai servi dans l’armée anglaise. Je ne peux cependant m’empêcher de faire remarquer que si des requêtes de cette sorte, impertinentes et déplacées, doivent devenir la règle en matière de littérature, alors il n’y a pas loin à ce qu’un nom allemand cesse d’être une source de fierté.
En 1941, dans une lettre à son fils Michael, il exprime son ressentiment à l’égard d’Hitler, ce petit ignorant rougeaud … ruinant, pervertissant, détournant et rendant à jamais maudit ce noble esprit du Nord, contribution suprême à l’Europe, que j’ai toujours aimé et essayé de présenter sous son vrai jour. Après la guerre, en 1968, il s’oppose à une description de la Terre du Milieu comme un monde nordique, expliquant qu’il n’aime pas ce mot en raison de son association à des théories racistes.

Accusations de racisme

La question du racisme ou du racialisme supposé de Tolkien lui-même ou de certains éléments de ses œuvres a donné lieu à un débat universitaire75. Christine Chism distingue trois catégories d’accusations de racisme portées à l’encontre de Tolkien ou de son œuvre : un racisme conscient, une tendance eurocentrique inconsciente, et un racisme latent dans ses premiers écrits ayant évolué vers un rejet conscient de la chose dans ses œuvres ultérieures.
La plupart des accusations de racisme portent sur Le Seigneur des anneaux et peuvent se résumer par cette phrase de John Yatt : Les hommes blancs sont bons, les hommes noirs sont mauvais, les orques sont pires que tout. Chris Henning affirme même que tout l’attrait du Seigneur des anneaux réside dans le fait que c’est un ouvrage fondamentalement raciste. Cette idée a été reprise par des auteurs comme Isabelle Smadja dans Le Seigneur des anneaux ou la tentation du mal 2002, un ouvrage critiqué pour son manque de rigueur scientifique et pour n’avoir pas tenu compte du reste de l’œuvre de Tolkien. Plusieurs accusations de racisme à l’encontre du Seigneur des anneaux portent également sur les adaptations de Peter Jackson, où les Suderons sont présentés coiffés de turbans et avec une apparence orientale, ce qui a parfois été considéré tendancieux dans un contexte post-11 Septembre.
En 1944, Tolkien écrit à son fils Christopher, alors en Afrique du Sud avec la Royal Air Force : Quant à ce que tu dis ou laisses entendre de la situation locale, j’en avais entendu parler. Je ne pense pas qu’elle ait beaucoup changé même en pire. J’en entendais régulièrement parler par ma mère, et ai pris depuis ce temps un intérêt particulier pour cette partie du monde. La façon dont sont traités les gens de couleur horrifie pratiquement toujours ceux qui quittent la Grande-Bretagne, et pas seulement en Afrique du Sud. Malheureusement, peu retiennent très longtemps ce sentiment généreux. Il condamne publiquement la politique d’apartheid en Afrique du Sud dans son discours d’adieu à l’université d’Oxford, en 1959.

Nature

Tolkien aime beaucoup la nature : sa correspondance et ses illustrations témoignent du plaisir qu’il tire à contempler les fleurs ou les oiseaux, et surtout les arbres. Sa dernière photographie, prise en août 1973, le montre appuyé au tronc d’un pin noir du jardin botanique de l’université d'Oxford qu’il aime particulièrement. Cet amour de la nature se reflète dans son œuvre, notamment avec les Ents du Seigneur des anneaux, les bergers des arbres qui partent en guerre contre Saroumane, un ennemi aimant la machine, ou les Deux Arbres qui éclairent le Valinor dans Le Silmarillion. Le symbolisme de l’arbre est également au cœur de l’histoire courte Feuille, de Niggle, inspirée par les efforts véhéments et couronnés de succès d’une voisine de Tolkien pour que le vieux peuplier poussant devant chez elle soit abattu.
Les effets de l’industrialisation déplaisent fortement à Tolkien, notamment dans leur invasion des paysages ruraux de l’Angleterre : en 1933, il est bouleversé de ne presque rien reconnaître des lieux de son enfance lorsqu’il passe par l’ancien hameau de Sarehole, rattrapé par la croissance de la zone urbaine de Birmingham. Les brouillons de son essai Du conte de fées contiennent plusieurs passages désapprobateurs à l’égard des aéroplanes et des automobiles. Il ne se coupe pas pour autant du monde moderne : il possède même une voiture dans les années 1930, et s’il finit par l’abandonner, ce n’est que lorsque la Seconde Guerre mondiale entraîne un rationnement de l’essence. Toutefois, dans les années 1950, il s’oppose violemment à un projet de contournement routier d’Oxford qui entraînerait la destruction de nombreux monuments.

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Posté le : 04/01/2016 17:35
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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