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Le bleu n'existait pas
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L'étrange histoire du bleu

CRITIQUE L'INVENTION DU BLEU.
Par Natalie Levisalles
—
Symbole de malheur et de deuil dans l'Antiquité, le bleu est devenu depuis la fin du XIIe siècle l'apanage de la Vierge et des rois, puis l'attribut de toutes les valeurs positives. Comment et pourquoi? Rencontre avec l'historien des couleurs, Michel Pastoureau.

Quelque part au fond du sombre XIIe siècle, un miracle s'est produit. Pas une intervention divine, juste une intercession de la Vierge. Le bleu, une couleur qui n'existait pour ainsi dire pas, qu'on n'avait jamais vue, ni sur les parois de Lascaux, ni sur les robes des femmes, une couleur qui n'avait même pas de nom en latin, le bleu donc, tout à coup se retrouve partout. Sur les manteaux des princes, les vitraux des cathédrales et les enluminures des manuscrits. Peut-on expliquer un miracle? «L'histoire du bleu pose un véritable problème historique: pour les peuples de l'Antiquité, cette couleur compte peu(...)elle est même désagréable et dévalorisante(...) Or, aujourd'hui, le bleu est de loin la couleur préférée de tous les Européens. Il y a donc eu au fil des siècles un renversement complet des valeurs», explique Michel Pastoureau, historien des couleurs et des codes sociaux.

C'est pour expliquer ce renversement qu'il a écrit Bleu, histoire d'une couleur. Un livre où l'on découvre que ce qui nous paraissait évident, universel et éternel n'est rien de tout cela, où l'on déchiffre le code des couleurs, alors qu'on n'avait même pas réalisé qu'il y avait un code, et où l'on apprend qu'«une couleur ne vient jamais seule». L'historien nous embarque dans son enquête, à la recherche du détonateur qui a fait exploser le bleu dans la palette de la société occidentale. Un travail sur la chimie des pigments, le lexique, les vêtements et les mentalités, où il mêle délicieusement érudition et légèreté.

C'est étonnant de voir comment, dès le paléolithique supérieur, le filtre se met en place. Les premières peintures pariétales? «Des rouges, des noirs, des bruns, des ocres de toutes les nuances», mais ni bleu, ni vert, à peine un peu de blanc. Pareil au néolithique: l'agriculteur débutant commence à teindre ses vêtements. Essentiellement en rouge.

Etonnant aussi de découvrir que le bleu est une couleur «largement présente dans la nature», mais, explique Pastoureau, elle a été maîtrisée tard. Trop tard. Du coup, elle se retrouve exclue d'un système qui fonctionne parfaitement sans elle. A côté des trois couleurs de base des sociétés anciennes (rouge, noir, blanc), «sa dimension symbolique était trop faible pour signifier ou transmettre des idées, pour susciter des émotions» ou pour classer, alors que «cette fonction classificatoire est la première des fonctions de la couleur dans toute société».

A Rome par exemple, on se sert peu du bleu dans la vie quotidienne et pas du tout dans le monde des symboles. Les Romains lui sont «au mieux indifférents, au pire hostiles». Personne ne s'habille en bleu. C'est la couleur de la mort et du deuil, la couleur des Barbares. «Les femmes des Bretons se peignent le corps en bleu foncé pour se livrer à des rituels orgiaques», assure Pline. En même temps, bizarrement, la notion de bleu existe tellement peu qu'il n'y a pas de mot pour la nommer. Ce qui obligera, plus tard, les langues romanes à emprunter le bleu au germanique blau, et l'azur à l'arabe lazaward.

Le Haut Moyen Age prend la suite sans grand changement. On teint en bleu avec des plantes, la guède européenne ou l'indigo d'Orient. Mais essentiellement les étoffes grossières des paysans, dans des tons délavés et grisâtres, qui ne méritent pas vraiment le nom de couleur. Rien à voir avec les nuances éblouissantes que les teinturiers savent donner aux rouges. A la fin du XIIe siècle, le changement de décor est brutal. En moins de 30 ans, le bleu est partout. Pour en arriver là, il a fallu rien moins qu'un bouleversement religieux. Pour la nouvelle théologie, Dieu est lumière. Donc tout s'éclaircit: on cherche des couleurs vives, on fabrique des bleus lumineux, ce qu'on n'avait jamais fait avant. Et la Vierge? Son manteau était sombre, en signe de deuil. Le voilà clair, bleu clair. Et voilà la Vierge qui «assure la promotion de ce nouveau bleu et l'étend rapidement à tous les domaines de la création artistique».


Dans le même temps, la société est devenue plus attentive à la façon dont «la couleur joue le rôle d'étiquette». Le système noir/rouge/blanc devenu insuffisant, on promeut trois autres couleurs (jaune, vert, bleu), on les associe et on les oppose. «A un ordre ancien qui remontait à des époques très lointaines, peut-être à la protohistoire, se substitue un nouvel ordre des couleurs.» Le bleu devient une vraie couleur et forme avec le rouge un couple de contraires. Il l'est resté jusqu'à aujourd'hui. D'où nos robinets d'eau chaude/eau froide, et nos panneaux routiers (autorisé/interdit). En fait, il a suffi d'une double demande, théologique et sociale, pour que les artisans et les artistes fassent des progrès fulgurants en une ou deux générations. Les nouveaux bleus, denses et lumineux, font irruption dans les vitraux, les émaux et les tapisseries. La Vierge a lancé le bleu. Les rois lui emboîtent le pas, très vite suivis par toute la société. C'est le début d'une lame de fond qui dure encore aujourd'hui. Il y aura bien sûr des reflux, mais le mouvement est irrésistible.

Qu'en reste-t-il en l'an 2000? Enormément, explique Pastoureau. Depuis 1914, sans exception, toutes les enquêtes en Europe et aux Etats-Unis citent le bleu comme couleur préférée, suivie par le vert, puis le blanc et le rouge. Mais le bleu a tellement tout envahi qu'il finit par ne plus rien signifier. C'est une couleur neutre, consensuelle, qui ne fait pas de vagues... utilisée par toutes les organisations internationales: ONU, Unesco, Union européenne. «Le bleu est devenu la plus pacifique, la plus neutre de toutes les couleurs. Même le blanc semble posséder une force symbolique plus grande.» Sans compter que le bleu est aussi devenu la couleur du froid, «froid comme nos sociétés occidentales contemporaines dont le bleu est à la fois l'emblème, le symbole et la couleur préférée».

Natalie Levisalles


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Des chercheurs ont constaté dans plusieurs oeuvres littéraires de civilisations antiques une absence considérable: jamais le ciel ou la mer ne sont décrits comme bleus. Pourquoi ?
Du drapeau Français à celui de l’Union européenne en passant par le drapeau grec ou encore les réseaux sociaux, Facebook et Twitter en tête, difficile aujourd’hui d’échapper... au bleu. La couleur est partout et tout le monde la cherche : tous les étés, des millions de touristes se ruent sur les plus belles plages du monde à la recherche des mers les plus bleues. L’hiver, tout un chacun rêve de skier sous un grand ciel bleu.
Mais en a-t-il été toujours ainsi ? Pour le ski, on sait que non mais là n’est pas la question. Le ciel a -t-il véritablement toujours été bleu ? En effet, pour plusieurs chercheurs, le fait que les anciens voyaient les mêmes couleurs que nous ne va pas forcément de soi.
L’Odyssée du bleu
Dès 1858, rapporte Business Insider, le savant William Gladstoned remarque que la couleur bleue n’apparaît pas une seule fois dans l’Odyssée d’Homère. Le célèbre livre, qui relate le retour d’Ulysse chez lui après la guerre de Troie, est pourtant prolifique en détails. Que ce soit sur les vêtements, les armes, les animaux et tout ce que croise le héros.
Les couleurs ne sont pas absentes non plus. William Gladstoned y recense de nombreuses occurrences de « noir » (200 fois), de « blanc » (100 fois), puis le rouge (15 fois) et le jaune et le vert (une dizaine de fois chacune). Mais jamais le ciel ou même la mer ne sont décrits comme « bleus ».
Intéressé par les travaux de Gladstoned, le philosophe Lazarus Geiger (1829 - 1870) les a étendus à d’autres civilisations : les sagas islandaises, le Coran, les civilisations chinoises ou encore une ancienne version en hébreu de la Bible. Il en tire la même constatation : aucune mention de la couleur bleue dans aucun des principaux textes. Les seuls à en faire mention sont les Egyptiens. Coïncidence ou non, ce sont aussi les seuls à avoir été capables de produire du bleu.
Un manque de vocabulaire
Difficile pourtant d’imaginer que le bleu du ciel ou celui des yeux (même si le gène est plutôt rare à l’échelle de l’Humanité) n’existait pas à l’époque d’Homère. Alors pourquoi la couleur de la mer n’apparaît-elle jamais telle qu’on l’a décrirait aujourd’hui mais plutôt comme « rouge », « verte » ou alors « rouge vin foncé » ?
Pour les chercheurs, l’explication semble relativement simple : il n’existait pas de mots pour exprimer le bleu.
Sans mot pour le désigner, le bleu semble « invisible »
Guy Deutscher, un linguiste, a même mené une expérience directement sur sa fille. Partant du présupposé que l’une des premières questions des enfants est « pourquoi le ciel est-t-il bleu ? », il a pris le soin de l’élever sans jamais lui expliquer de quelle couleur était le ciel. Un jour, lorsqu’il lui demande ce qu’elle en pense, la petite est incapable de répondre. Elle finira par dire « il n’a pas de couleur ». Puis elle penchera pour le blanc avant, finalement, d’estimer que le ciel est bleu.
Le chercheur en linguistique Jules Davidoff a démontré que l’absence de nom pour une couleur pouvait empêcher une personne de la voir. Dans la vidéo ci-dessous, il s’est rendu en Namibie, auprès de la tribut des Himbas. Celle-ci a la particularité de ne pas avoir de mots pour décrire le bleu. Ni même pour distinguer le vert du bleu. Quand on leur montre 10 carrés verts et un bleu, disposés en cercle, sur un écran, les Himbas semblent incapables de reconnaître celui qui est différent.

De la même manière, il n’existe pas de mot pour décrire cette couleur en grec et en romain. Sans mot pour le désigner, le bleu semble donc « invisible ». Un phénomène d’autant plus étonnant, quand on y pense, qu’il a été prouvé que le bleu est une couleur primaire. La biologie a également démontré que le fond de l’oeil était tapissé de "cônes" de trois types différents, permettant à tous les hommes de capter les couleurs : un rouge, un vert et... un bleu !


Posté le : 28/03/2016 07:34
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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