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Francis Jammes
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De Montpellier
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Le 2 Décembre 1868 naît Francis Jammes (prononcer jam et non djèms), à Tournay dans les Hautes-Pyrénées il décédera le 1er Novembre 1938 à Hasparren (Basses-Pyrénées, devenues Pyrénées atlantiques) Il est avant tout un poète, mais aussi un romancier, dramaturge et critique français Il passear la plus grande partie de son existence dans le Béarn, dans ses pyrénées natales, qui sont sa source, son inspiration.
Ce poète délicieux, restera pour les cénacles parisiens un simple provincial; Il est vrai que ce montagnard Pyrénéen retiré et solitaire ne consacre que peu au parisianisme, et pourtant il tisse de nombreuses correspondances avec ses contemporains tels que Gide ou Arthur Fontaine.
En fait, il a fait de multiples séjours à Paris, il séduit dans certains salons littéraires comme celui de Mme Léon Daudet, et il enchante Marcel Proust.
Une de ses pièces "La Brebis égarée", avait failli être montée par Lugné-Poe, et a inspiré à Darius Milhaud un opéra qui a été créé en présence du poète. Il a plusieurs fois été invité en Belgique.
Il posa plusieurs fois, mais en vain, sa candidature à l'Académie française.

Il est le fils de Victor Jammes (1831-1888) et d'Anna Bellot (1841-1934),
Il étudie au lycée de Pau puis ensuite à Bordeaux. Il sera un élève médiocre.
Cet amoureux des lettres aura un zéro en français et sera recalé au bac.
Il persiste malgré tout, confronté à l'échec et en pleine quête de lui-même, il écrit tout simplement 89 poèmes. il est en pleine quête de lui-même, il écrit des poèmes et les adresse à diverses revues. il prend goût au voyage imaginaire avec Jules Verne, puis se passionne très jeune (1880-1883) pour l'aventure entomologique, science avec prolongements poétiques!
En 1886, il découvre Baudelaire.Sa mère à plusieurs reprises fera imprimer ses poésies, à compte d'auteur à Orthez où le poète habite alors avec elle.
C'est à Orthez qu'en 1889 il devient avoué chez un notaire mais ce stage sera de courte durée, sans lendemain. Il s'y ennuie assez pour envoyer à la presse littéraires ses essais poétiques qui seront remarqués par Mallarmé, par Gide. Il va vivre de 1895 à 1898 une période Gide et va mettre le cap pour toujours vers la vie poétique. Déjà célèbre, il crée le Jammisme qui confirme qu'il n'appartient qu'à son école, genre école buissonnière (expression de Robert Mallet, en préface du recueil Deuil des Primevères).
Son principal éditeur est et restera longtemps Le Mercure de France.
En 1896, il voyage avec Gide en Algérie. Il lance en 1897 avec "Le jammisme " un vrai-faux manifeste littéraire qui le propulse à l'avant-scène de l'actualité.

En 1898, il publie son premier vrai recueil poétique, son meilleur selon certains, "De l'Angélus de l'aube à l'Angélus du soir".
Il rencontre le poète Charles Guérin, qui viendra le visiter à Orthez et écrit pour lui plusieurs poèmes :« Ô Jammes, ta maison ressemble à ton visage...».


Vers 1890, la poésie française, bien que Rimbaud, Verlaine et Mallarmé lui aient ouvert des voies nouvelles, semble piétiner. Elle cherche vainement son unité, sa raison d’être, dans une école prétendue symboliste qui groupe des talents réels mais disparates, des aspirations généreuses mais quintessenciées. À force de se vouloir originaux, les poètes se livrent à l’étrange et même à l’excentrique. Chacun s’efforce de découvrir un domaine inexploré, pour l’exploiter à sa façon. La littérature s’encombre d’un mobilier gothique, oriental ou antique, avec des armures, des bouddhas, des griffons fabuleux, des vitraux, des statues mythologiques et des gerbes de fleurs maladives.

Albert Samain goûte le charme morbide du Jardin de l’Infante, Verhaeren erre à travers les Campagnes hallucinées, André Fontainas cueille les fruits des Vergers illusoires, Robert de Montesquiou pare sa boutonnière d’Hortensias bleus, Henri de Régnier s’intéresse aux Jeux rustiques et divins. On sent chez tous ces poètes le besoin réel de renouer avec une nature dont le contact a été perdu. Mais aucun d’eux, pas même le mieux doué, ne parvient à discerner et à traduire la véritable poésie des choses de la terre car chacune de leurs oeuvres, même la plus sincère, au lieu d’exprimer un instinct, manifeste l’effort. On attend un authentique poète de la nature chez qui la louange de la vie des champs jaillira comme un cri spontané et non comme une chanson étudiée. Ce poète existe, il n’est pas encore connu, mais déjà, dans son obscur coin de province, il a donné à des amis intimes la mesure de son génie rustique. Il s’appelle Francis Jammes.

Avec sa loyauté proverbiale, Albert Samain lui-même salue l’apparition de ce confrère provincial dont l’art risque d’éclipser le sien : " Il est réservé à un poète perdu dans le fond des Pyrénées, là-bas à Orthez, de formuler ce que d’autres tentent d’exprimer systématiquement. Au milieu de la surchauffe intellectuelle où se dessèchent les esprits, c’est comme un verre d’eau claire qu’on apporte et tous boivent avidement... "

Le miracle du jammisme se produit : pour n’avoir voulu appartenir à aucune école, pour avoir résolument banni tout effet de style, pour s’être exprimé avec une simplicité qui ne prétend qu’à traduire sans transposer, Francis Jammes impose à la littérature de la fin du XIXe siècle le sceau de sa personnalité. Son premier recueil de vers à grand tirage, De l’angélus de l’aube à l’angélus du soir, attire sur lui en 1898 l’attention de tous les « assoiffés » dont Albert Samain nous a révélé l’existence.

Voilà enfin un écrivain qui ne parle pas des champs en amateur, en promeneur du dimanche ou en moraliste. Il ne joue ni les Coppée trop citadins, ni les Zola trop militants, ni les Verhaeren trop visionnaires. Il habite la campagne, il possède une métairie. S’il ne met pas la main à la charrue, il sait comment on la manie. Il n’ignore aucun des secrets de la vie rurale, il peut appeler toutes les plantes, tous les oiseaux, tous les insectes par leurs noms. Les paysans sont ses amis, les animaux ses confidents. Il chasse, il pêche, il herborise, il jardine. Et il chante ce qu’il voit, ce qu’il entend, ce qu’il sent. Il ne chante que cela. Le monde pour lui est borné par la barre bleue des forêts landaises et par le mur d’argent des glaciers pyrénéens. S’il rêve, c’est pour évoquer les Antilles fleuries de tabacs roses, brodées de palmiers luisants, chamarrées d’oiseaux multicolores, les Antilles parfumées où ses grands-parents paternels ont vécu et sont morts. Jamais ses pensées ne se laissent accaparer par les fastes illusoires de la Capitale. Il redoute l’agitation, la cohue et l’énervement des grandes villes. Il ne se plaît qu’à Orthez, dans sa petite maison dont la façade blanche, bleutée de lierre, ressemble – prétend Charles Guérin – à son visage barbu.
Il rencontre aussi Claudel en 1900 et publie l'année suivante Le Deuil des Primevères.
À trente-cinq ans, il vit très mal l'échec d'une histoire d'amour qui lui inspire le groupe de poèmes intitulé "Tristesses" publié en 1906 dans son recueil Clairières dans le ciel.
En 1905, il va se convertir au catholicisme et reprendre des pratiques religieuses, à Labastide-Clairence, le 7 juillet de cette année, Claudel, de retour de Chine, sert la messe qui marque l’évènement.
Sa poésie devient plus religieuse et dogmatique.
Début octobre 1907, à Lourdes, il a 39 ans, il se fiance à Geneviève Goedorp, une fervente admiratrice avec laquelle il a correspondu pendant quelques semaines, il l' épouse à Bucy-le-Long, près de Soissons, dans l'Aisne .
Le poète séjournera alors dans l'Aisne dans les années qui suivront son mariage. Le couple aura sept enfants, l'aînée est prénommée Bernadette par référence à sainte Bernadette de Lourdes, le quatrième, Paul, à cause de Claudel.
En 1912 paraissent les Géorgiques chrétiennes. Jusqu'à sa mort, sa production poétique mais aussi romanesque et dramatique demeurera importante, mais sans retrouver son public d'avant sa "conversion ".
Francis Jammes mourra en 1938, après être demeuré fidèle à ses Pyrénées. Né en Bigorre, fixé dans le Béarn pendant plus de trente ans, et mort au Pays basque, il accordera toujours à la nature la part privilégiée de ses sentiments. Son oeuvre se présente comme un immense poème à la gloire de la création dans ce qu’elle a de plus pur et de moins interprété par l’homme.
Il meurt à Hasparren à la Toussaint (1 novembre 1938).


Francis Jammes dans le monde


En France, on ne connaît au mieux de Jammes que ses premières œuvres, les plus libres et sensuelles.
À l'étranger seulement, et spécialement en Allemagne, Autriche et Suisse alémanique, son œuvre, toute son œuvre, est encore aujourd'hui très vivante.
Elle a enchanté Rainer Maria Rilke , qui en témoigne aux premières pages des Cahiers de Malte Laurids Brigge,
Ernst Stadler, qui a traduit ses Quatorze prières,
l'éditeur Kurt Wolff , qui a publié une magnifique édition illustrée de son Roman du lièvre , Hasenroman,
Kafka, qui dans son Journal avoue le bonheur éprouvé à la lecture de Jammes et beaucoup d'autres.
Toute son œuvre en prose ou presque a été traduite et publiée par Jakob Hegner, de Leipzig.
Lili Boulanger a mis en musique son recueil Clairières dans le ciel, Claude Arrieu "Ah ! Quand verrai-je des îles", Marc Berthomieu "La salle à manger" et
Georges Brassens un choix de strophes du poème "Rosaire" sous le titre "La Prière".
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Les campagnes "qui tressaillent comme des ventres de femmes enceintes" lui ont livré "l’obscure douceur des choses villageoises". La vie des bourgades, des hameaux, des fermes s’accorde au rythme de sa respiration. Il s’introduit jusque dans les foyers les plus humbles pour nous en restituer le charme. Suivant en cela l’exemple de Lamartine, il prend plaisir à s’entretenir avec les paysans dont il a appris à percer l’âme peu expansive. Les hommes des champs apparaissent aussi souvent dans ses poèmes qu’il les rencontre au détour d’un chemin ou courbés sur leurs travaux. Il les voit tels qu’ils sont, c’est-à-dire dans leur humilité et leur grandeur. Pour les décrire, il n’embouche pas comme Victor Hugo la trompette emphatique qui célèbre "le geste auguste du semeur ", il se contente d’effets aussi simples que le sujet offre de simplicité, nous montrant par exemple

... des paysans calmes
Qui semblent réfléchir et qui ont l’air au loin
De se fondre dans la nuit lentement et grands.

Il concilie ainsi l’exactitude scrupuleuse et la suggestibilité, la réalité et la poésie. Dans des oeuvres comme Jean de Noarrieu et les Géorgiques chrétiennes, il passe du didactisme au lyrisme avec un art des transitions qui n’appartient qu’à lui. Le cycle des travaux ruraux se développe comme une vaste fresque où les détails accumulés, loin de nuire à la majesté de l’ensemble, lui apportent d’harmonieuses nuances.

Lorsque Francis Jammes ne nous fait pas communier avec l’âme proprement agricole de la campagne, il nous entraîne à sa suite dans ses interminables courses de chasseur qui sont pour lui autant de prétextes à rêveries et à exaltations spirituelles. Ses sentiments amoureux le conduisent aussi dans les champs, car il aime à aimer " à ciel ouvert " en union étroite avec la nature qui lui semble participer à ses joies sensuelles et près de laquelle il cherche une consolation dès qu’il souffre.

Il reconnaît lui-même qu’il possède des sens de faune et se compare volontiers à un silène, mais il demeure curieusement chrétien dans sa sensualité païenne. Bien avant de songer à pratiquer le catholicisme, il ne perçoit jamais mieux la présence d’un Dieu de bonté que pendant ses promenades à travers la campagne. Quand il subit la crise qui prélude, en 1905, à son retour à la foi, c’est vers une Église habillée de feuilles qu’il se dirige, vers "une chapelle des champs vêtue d’un petit bois" dont la modeste cloche retentit "sur la gloire des maïs d’août, au-dessus des granges recueillies, au-dessus des greniers et des aires, au-dessus des batteuses qui ronflent". Et cette identification de Dieu avec la Nature trouve sa plus belle consécration dans les Géorgiques chrétiennes dont le seul titre exprime un religieux amour de la Terre.

"La paix est dans les bois silencieux ", a-t-il constaté. Le voilà donc parti pour y pacifier son âme trop sensible, en perpétuel état de tension. Quelle moisson de fleurs et de plantes il va rapporter le soir ! Sa boîte de botaniste « couleur d’insecte vert » ne suffira pas à les contenir. Il y faudra aussi le carnier. Cette passion de la botanique qui le rapproche de Bernardin de Saint-Pierre, Jean-Jacques Rousseau et Lamartine fait de sa poésie un odorant herbier. " Les arbres aussi bien que les fleurs et les fruits représentent pour moi des êtres et des sentiments, confie-t-il, et mon souvenir est, si je puis dire, végétal. "

Il traite avec le plus grand sérieux "de la folie, de l’ouïe, de l’odorat, de la vue chez les végétaux » ou bien « de l’amour d’une immortelle des neiges ". Et nous assistons dans Existences à d’étranges conversations entre lui et des platanes, des coquelicots, des légumes ou même des pelouses.

Ce don qu’il possède de communiquer avec l’âme secrète des choses le porte à compatir non seulement à la souffrance présumée d’un épi de blé malade, mais aussi à celle des pierres que l’on casse au bord des routes. Sans se soucier des railleries, il publie sa sympathie affectueuse pour des objets que les conventions du coeur dédaignent ou ignorent : "Moi qui ne savais faire que mon âme pliât devant des hommes, je l’ai prosternée devant des choses. Un rayonnement émanait d’elles, pareil au frisson d’une amitié. Je les sentais, je les sens vivre autour de moi. Elles sont dans mon obscure royauté. Je me sens responsable envers elles comme un frère aîné".

Si Francis Jammes se penche avec une telle ferveur fraternelle sur la vie mystérieuse des végétaux et des minéraux, nous ne serons pas étonnés de découvrir en lui le défenseur le plus passionné des bêtes. Sa poésie n’est pas qu’un herbier, elle est aussi une arche de Noé. Il s’intéresse à tous les animaux, à ceux de la ferme comme à ceux des champs et des bois, aux poissons comme aux insectes, aux plus séduisants comme aux plus vulgaires. Au lieu de leur prêter, à la façon du Fabuliste, des sentiments humains, ce sont leurs propres sentiments qu’il tâche d’exprimer par sa voix. Il devient en somme leur interprète, il se met dans leur peau. Et de s’être ainsi solidarisé avec eux, lui fait comprendre "toute l’infinité résignée et muette de leurs douleurs". Ici le naturaliste s’efface pour laisser la place au disciple de saint François d’Assise qui s’écrie :

Je veux emplir mon coeur du Coeur des animaux.

L’oiseau et le lièvre blessés (tardif remords du chasseur impénitent), le poisson en train d’asphyxier hors de l’eau, ou l’ours brutalisé à la foire par le montreur, s’attirent sa compassion, mais non moins que le veau mené à l’abattoir, le cochon égorgé, les boeufs aiguillonnés, les vieux chevaux morts à la tâche, les chats galeux et perdus, les chardonnerets mis en cage. De toutes les souffrances animales, celles du chien et de l’âne éveillent dans son âme le plus de résonance. Le chien est son meilleur ami, il trouve en lui la résignation, la bonté et la constance qui manquent aux hommes. Quant à l’âne, "l’âne doux du ciel bleu", il n’hésite pas, au prix des sarcasmes, à le considérer comme un... poète, et même à se comparer à lui. Ne va-t-il pas jusqu’à demander à Dieu de monter au paradis avec maître Aliboron et de retrouver là-haut la compagnie de sa chienne Flore ?

Ainsi, Francis Jammes voue son génie poétique à l’exaltation de sa terre natale, mais il réussit en nous décrivant les paysans, les champs, les arbres, les animaux de "chez lui ", à nous emporter au delà de son cadre provincial dans un monde qui n’est plus pyrénéen mais universel. Et c’est ce qui place son oeuvre très au-dessus de celles de tous les autres poètes géorgiques français – Mistral mis à part – qui n’ont pu dépasser la vérité locale pour accéder à la vérité humaine.


Un demi-siècle déjà s’est écoulé depuis la parution des premiers essais de Francis Jammes, et les années en s’accumulant, loin de plonger son oeuvre dans la brume où s’évanouissent les modes éphémères, font ressortir sa valeur permanente. Ayant su refuser de sacrifier aux actualités qui consacrent sans coup férir les talents à elle consacrés, notre poète demeurera d’une éternelle actualité : plus que jamais dans les remous de notre époque, nous avons besoin de nous rafraîchir l’âme, d’oublier les querelles intestines et internationales et de croire à une poésie qui ne prétend prendre parti que pour la rose, le soleil ou l’âne.

Exhumer d’un vieux coffre de bois, dans la maison de Francis Jammes, à côté de celle qui fut sa compagne et se dévoue à son souvenir, exhumer des manuscrits inédits, voilà l’émouvante joie qui me fut réservée au printemps dernier. Sur un papier de grand format, jauni par le temps, d’une écriture petite mais appuyée, le poète avait rédigé quelques impressions de jeunesse, sans davantage se décider à les publier qu’à les détruire. Fallait-il les enfouir à nouveau dans leur tombeau ? N’était-il pas sacrilège de publier ce que l’auteur avait écarté de la publication ? N’y avait-il pas intérêt, au contraire à révéler un aspect mal connu du poète au moment ou l’Université, alertée par trois projets de thèses sur son oeuvre, risquait de l’enrôler parmi les classiques ? Finalement, les considérations d’enseignement et de divulgation l’emportèrent sur les autres, et les deux poèmes ont vu maintenant le jour officiellement.

Il reste à redire au lecteur qu’on ne lui a point livré des oeuvres de maturité. Francis Jammes – l’écriture et les sentiments exprimés l’indiquent – avait environ vingt ans quand il les composa. Il s’y montre encore respectueux des règles prosodiques que plus tard il abandonnera résolument. Mais on y décèle, à côté d’un certain excès de facilité dans l’expression, les qualités les plus représentatives de ce qui constituera le fond de décor lyrique du jammisme : la tendresse, la pureté, le mysticisme, et sur toute cette douceur sentimentale, l’imprégnant de son parfum de glèbe, l’amour de la Nature

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La Salle à manger


Il y a une armoire à peine luisante
qui a entendu les voix de mes grand-tantes,
qui a entendu la voix de mon grand-père,
qui a entendu la voix de mon père.
À ces souvenirs l’armoire est fidèle.
On a tort de croire qu’elle ne sait que se taire,
car je cause avec elle.

Il y a aussi un coucou en bois,
Je ne sais pourquoi il n’a plus de voix.
Je ne veux pas le lui demander.
Peut-être bien qu’elle est cassée,
la voix qui était dans son ressort,
tout bonnement comme celle des morts.

Il y a aussi un vieux buffet
qui sent la cire, la confiture,
la viande, le pain et les poires mûres.
C’est un serviteur fidèle qui sait
qu’il ne doit rien nous voler.

Il est venu chez moi bien des hommes et des femmes
qui n’ont pas cru à ces petites âmes.
Et je souris que l’on me pense seul vivant
quand un visiteur me dit en entrant :
– Comment allez-vous, monsieur Jammes ?

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Francis JAMMES.


De l'Angelus de l'aubeà l'Angelus du soir, 1888-1897 de Francis Jammes
Avec ton parapluie et tes brebis sales
avec tes vêtements qui sentent le fromage
tu t'en vas vers le ciel du côteau, appuyé
sur ton bâton de houx, de chêne ou de néflier.
Tu suis le chien au poil dur et l'âne portant
les bidons ternes sur son dos saillant.
Tu passeras devant les forgerons des villages
puis tu regagneras la balsamique montagne
où ton troupeau paîtra comme des buissons blancs.
Là, des vapeurs cachent les pics en se traînant.
Là, volent les vautours au col pelé et s'allument
des fumées rouges dans les brumes nocturnes.
Là, tu regarderas avec tranquillité,
l'esprit de Dieu planer sur cette immensité

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De l'Angelus de l'aubeà l'Angelus du soir, 1888-1897 de Francis Jammes
Le pauvre pion doux si sale m'a dit : j'ai
bien mal aux yeux et le bras droit paralysé.
Bien sûr que le pauvre diable n'a pas de mère
pour le consoler doucement de sa misère.
Il vit comme cela, pion dans une boîte,
et passe parfois sur son front froid sa main moite.
Avec ses bras il fait un coussin sur un banc
et s'assoupit un peu comme un petit enfant.
Mais au lieu de traversin bien blanc, sa vareuse
se mêle à sa barbe dure, grise et crasseuse.
Il économise pour se faire soigner.
Il a des douleurs. C'est trop cher de se doucher.
Alors il enveloppe dans un pauvre linge
tout son pauvre corps misérable de grand singe.
Le pauvre pion doux si sale m'a dit : j'ai
bien mal aux yeux et le bras droit paralysé.

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« Je pense à vous … »


Je pense à vous. Mes yeux vont du buisson de roses
aux touffes du chaud seringa.
Je voudrais vous revoir quand les raisins muscats
Dorment auprès des reines-claudes.


Depuis que je suis né, je sens au fond du cœur
Je ne sais quoi d'inexplicable.
Je vous dis que la rose est tombée sur le sable,
que la carafe est sur la table,
que la fille a mis ses sandales
et que le scarabée est plus lourd que la fleur.


- Mais tous ces foins, les aura-t-on bientôt fanés?
- O mais, mon amie, tout se fane :
le foin tremblant, le pied de l'âne,
le chant du merle et les baisers.

- Mais nos baisers, ami, ne se faneront point?
- Non certainement. Que le foin
se fane, dis-je, c'est bien.
Mais nos baisers, amie, ne se faneront point.


Francis Jammes
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Poème extrait du recueil Clairières dans le Ciel (1906)

J’aime l’âne si doux
marchant le long des houx.
Il prend garde aux abeilles
et bouge ses oreilles ;
et il porte les pauvres
et des sacs remplis d’orge.
Il va, près des fossés,
d’un petit pas cassé.
Mon amie le croit bête
parce qu’il est poète.
Il réfléchit toujours.
Ses yeux sont en velours.
Jeune fille au doux cœur,
tu n’as pas sa douceur [...]



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Prière à Marie

Poème de Francis Jammes interprété par Georges Brassens

Par le petit garçon qui meurt près de sa mère
Tandis que des enfants s'amusent au parterre
Et par l'oiseau blessé qui ne sait pas comment
Son aile tout à coup s'ensanglante et descend
Par la soif et la faim et le délire ardent
Je vous salue, Marie.

Par les gosses battus, par l'ivrogne qui rentre
Par l'âne qui reçoit des coups de pied au ventre
Et par l'humiliation de l'innocent châtié
Par la vierge vendue qu'on a déshabillée
Par le fils dont la mère a été insultée
Je vous salue, Marie.

Par la vieille qui, trébuchant sous trop de poids
S'écrie: " Mon Dieu ! " par le malheureux dont les bras
Ne purent s'appuyer sur une amour humaine
Comme la Croix du Fils sur Simon de Cyrène
Par le cheval tombé sous le chariot qu'il traîne
Je vous salue, Marie.

Par les quatre horizons qui crucifient le monde
Par tous ceux dont la chair se déchire ou succombe
Par ceux qui sont sans pieds, par ceux qui sont sans mains
Par le malade que l'on opère et qui geint
Et par le juste mis au rang des assassins
Je vous salue, Marie.

Par la mère apprenant que son fils est guéri
Par l'oiseau rappelant l'oiseau tombé du nid
Par l'herbe qui a soif et recueille l'ondée
Par le baiser perdu par l'amour redonné
Et par le mendiant retrouvant sa monnaie
Je vous salue, Marie.


Ses Oeuvres



Six Sonnets, Orthez, Typographie J. Goude, Dumesnil, 1891 (7 pages)
Vers, Orthez, Typographie J. Goude, Dumesnil, 1892 (18 pages)
Vers, Orthez, Typographie J. Goude, Dumesnil, 1893 (35 pages)
Vers, Paris, Ollendorff, 1894 (34 poèmes dont quinze inédits).
Un jour, Paris, Mercure de France, 1895 (poème dialogué et quinze poèmes inédits)
Notes sur des oasis et sur Alger, Paris, Mercure de France, 1896
La Naissance du Poète, Bruxelles, Le Coq Rouge, 1897 (poème dialogué)
Le Jammisme, 1897 (manifeste)
La Mort du Poète, 1897
Quatorze prières, Orthez, Imprimerie Faget, 1898
De l'Angélus de l'aube à l'Angélus du soir, Paris, Mercure de France, 1898 (poésie)
La Jeune Fille nue, Paris, L'Ermitage, 1899 (poème dialogué)
Le Poète et l'oiseau, Paris, L'Ermitage, 1899 (poème dialogué)
Clara d'Ellebeuse ou l'histoire d'une ancienne jeune fille, Paris, Mercure de France, 1899 (roman)
Almaïde d'Étremont ou l'histoire d'une jeune fille passionnée, Paris, Mercure de France, 1900 (roman)
Existences, Paris, Mercure de France, 1900
Le Deuil des primevères, Paris, Mercure de France, 1901 (poésie)
Le Triomphe de la vie, 1902 (prose)
Jean de Noarrieu, 1902 (roman en vers)
Le Roman du lièvre, Paris, Mercure de France, 1903 (roman)
Pomme d'Anis ou l'histoire d'une jeune fille infirme, 1904 (roman)
Jonquille ou l'histoire d'une folle, 1904 (non publié, roman inachevé)
Tristesses, poésie, Orthez, Imprimerie Faget, 1905
Pensée des jardins, Paris, Mercure de France, 1906 (prose et vers)
Clairières dans le ciel (contient L'Église habillée de feuilles), Paris, Mercure de France, 1906 (poésie)
Rayons de miel, Paris, Bibliothèque de l'Occident, 1908 (poésie)
Poèmes mesurés, Paris, Mercure de France, 1908
Ma fille Bernadette, Paris, Mercure de France, 1910 (prose poétique)
Les Géorgiques chrétiennes, chants I et II, Paris, Mercure de France, 1911
Les Géorgiques chrétiennes, chants III et IV, Paris, Mercure de France, 1911
Les Géorgiques chrétiennes, chants V, VI et VII, Paris, Mercure de France, 1912
Feuilles dans le vent (contient notamment La Brebis égarée, théâtre), Paris, Mercure de France, 1913 (prose et poésie)
Cinq prières pour le temps de la guerre, Paris, Librairie de l'Art Catholique, 1916
Le Rosaire au soleil, Paris, Mercure de France, 1916 (roman)
Monsieur le curé d'Ozeron, Paris, Mercure de France, 1918 (roman)
La Vierge et les sonnets, Paris, Mercure de France, 1919 (poésie)
La Rose à Marie, avec des bois gravés d'André Deslignières Paris, Edouard Joseph, 1919
Une vierge, avec des bois dessinés par Gayac, Paris, Édouard Joseph, 1919 (conte)
Le Noël de mes enfants, avec des bois gravés d'A. Roubille, Paris, Édouard Joseph, 1919 (conte)
Le Poète Rustique, suivi de L'Almanach du Poète Rustique, Paris, Mercure de France, 1920 (prose)
Épitaphes, Paris, Librairie de l'Art Catholique, 1921 (poésie)
Le Bon Dieu chez les enfants, Paris, Plon-Nourrit, 1921 (prose)
Le Livre de Saint Joseph, Paris, Plon-Nourrit, 1921 (prose)
De l'âge divin à l'âge ingrat, 1er volume des mémoires, Paris, Plon-Nourrit, 1921 (prose)
Le Tombeau de Jean de la Fontaine, Paris, Mercure de France, 1921 (poésie)
L'Amour, les muses et la chasse, 2e volume des mémoires, Paris, Plon-Nourrit, 1922 (prose)
Le Poète et l'inspiration, avec des eaux-fortes et gravures d'Armand Coussens, Nîmes, A. Gomès, 1922 (prose)
Le Premier Livre des quatrains, Paris, Mercure de France, 1923 (poésie)
Le Deuxième Livre des quatrains, Paris, Mercure de France, 1923 (poésie)
Les Caprices du Poète, 3e volume des mémoires, Paris, Plon-Nourrit, 1923 (prose)
Cloches pour deux mariages, Le Mariage basque, Le Mariage de raison, Paris, Mercure de France, 1923 (nouvelles)
Le Troisième Livre des quatrains, Paris, Mercure de France, 1924 (poésie)
Brindilles pour rallumer la foi, Paris, Spes, 1925 (prose)
Le Quatrième Livre des quatrains, Paris, Mercure de France, 1925 (poésie)
Les Robinsons Basques, Paris, Mercure de France, 1925 (roman)
Ma France poétique, Paris, Mercure de France, 1926 (poésie)
Trente-six femmes, psychologie féminine, Paris, Mercure de France, 1926 (prose)
Basses-Pyrénées, histoires naturelles et poétiques, Paris, Émile-Paul, 1926 (prose)
Lavigerie, Paris, Flammarion, 1927 (biographie)
Le Rêve franciscain, suivi de Petites fleurs de Saint-François d'Assise, Paris, Crès, 1927 (vers et prose)
Ouverture du Printemps, 1927 (poésie)
Diane, Paris, L'Ermitage, 1928 (drame en trois actes)
La Divine Douleur, Paris, Bloud et Gay, 1928 (nouvelles)
Janot-Poète, Paris, Mercure de France, 1928 (roman)
Les Nuits qui me chantent, Paris, Flammarion, 1928 (poésie)
ÃŽles, Lausanne, Mermod, 1928 (prose)
La Vie de Guy de Fontgalland, Paris-Lyon, Vielle, 1929 (biographie)
Champêtreries et méditations, Paris, Horizons de France, 1930 (prose)
Leçons poétiques, Paris, Mercure de France, 1930 (critique)
L'Arc-en-ciel des amours, Paris, Bloud et Gay, 1931 (prose)
L'École buissonnière, ou Cours libre de proses choisies, Paris, Mercure de France, 1931
L'Antigyde ou Élie de Nacre, Paris, Mercure de France, 1932 (roman)
Pipe Chien (roman), suivi de Le Rêve franciscain, Îles, 1933 (prose)
La Pharmacie du Bon Samaritain, Paris, Les Œuvres représentatives, 1934 (prose)
Le Crucifix du poète, Paris, Maurice d'Hartoy, 1935 (prose)
Alouette, Paris, Gallimard, 1935 (poésie)
De tout temps à jamais, Paris, Gallimard, N.R.F., 1935 (poésie)
Dieu, l'âme et le sentiment, Paris, Gallimard, 1936 (prose)
Le Pèlerin de Lourdes, Paris, Gallimard, 1936 (prose)
Sources, Paris, Le Divan, 1936 (poésie)
La Légende de l'aile ou Marie-Élisabeth, Uzès, La Cigale, 1938 (roman)
Publications posthumes
Dialogue Stéphane Mallarmé - Francis Jammes, introduction et notes de G. Jean-Aubry, La Haye, Stols, 1940 (correspondance)
Dix poèmes, préface de Pierre Espil)
Saint Louis, avec des dessins en noir et blanc d'Edmond Ernest, Paris, Sorlot, 1941 (récit historique)
Variations dans un air français, Paris, Mercure de France, 1942 (prose)
Deux femmes (Mamore, Simone), Paris, Daragnès, 1943 (prose)
Élégies et poésies diverses, 1943
Rappel de la ville de Bordeaux, Bordeaux, Rousseaux frères, 1943 (prose)
Sources et feux, Paris, Mercure de France, 1944 (poésie)
Solitude peuplée, Fribourg, Egloff, 1945 (prose)
La Grâce, 1946
Prends nos vieux souvenirs, poésie, Paris, L'Ancre d'Or, 1948
Le Patriarche et son troupeau, préface de Mme Francis Jammes, 4e volume des mémoires (contient notamment Airs du mois), Paris, Mercure de France, 1949 (prose)
Le Poème d'ironie et d'amour, Paris, La Librairie universelle, 1950 (poésie)
Correspondance[modifier]

avec Stéphane Mallarmé, Dialogues (1893-1897), G. Jean Aubry (éd.), La Haye, A. A. M. Stols, 1940 (1943). Ouvrage publié clandestinement pendant l'occupation allemande.
avec Colette, Une amitié inattendue, Robert Mallet (éd.), Paris, Émile-Paul, 1945.
avec Albert Samain, Une amitié lyrique, Jules Mouquet (éd.), Paris, Émile-Paul frères, 1945.
avec André Gide (1893-1938), Robert Mallet (éd.), Paris,) Gallimard, 1948.
avec Paul Claudel, Gabriel Frizeau. (1897-1938), avec des lettres de Jacques Rivière, André Blanchet (éd.), Paris, Gallimard, 1952.
avec Arthur Fontaine (1898-1930), Jean Labbé (éd.), Paris, Gallimard, 1959.
avec Francis Viélé-Griffin (1893-1937), Reinhard Kuhn (éd.), Genève, Droz, 1966.
avec Thomas Braun (1898-1937), Daniel Laroche (éd.), Benoît Braun (introd.), Bruxelles, Palais des académies, 1972.
avec Henri Ghéon, Jean Tipy (éd.), Pau, J.& D., 1988.
avec Ginette Goedorp [future Mme Francis Jammes] (1907) in Le Mariage providentiel de Francis Jammes, Louis Férin et Claude Thiébaut (éd.), Biarritz : Atlantica, 1997.
avec Gabriel Frizeau, (1897-1937), Victor Martin-Schmets (éd.), Biarritz, Atlantica, 1997.
Lettres éparses
Deux lettres de Francis Jammes in Paul Claudel, André Gide. Correspondance (1899-1926), Robert Mallet (éd.), Paris, G




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Posté le : 02/12/2012 13:06
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Re: Francis Jammes
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Posté le : 05/12/2012 21:15
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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