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Georg Simmel
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Le 1er mars 1858 naît à Berlin, Georg Simmel

mort, à 60 ans, le 28 septembre 1918 à Strasbourg, philosophe et sociologue allemand, Sociologue atypique et hétérodoxe, Georg Simmel dépasse les clivages, pratiquant l'interdisciplinarité.
À partir de nombreuses observations et discussions lors de séminaires privés ou publics, il écrit sur plusieurs thèmes : l'argent, la mode, la femme, la parure, l'art, la ville, l'étranger, les pauvres, la secte, la sociabilité, l'individu, la société, l'interaction, le lien social… Son ouvrage Philosophie de l'argent publié en 1900 est considéré comme son chef-d'œuvre.
Il a influencé les intellectuels de son époque ainsi que des proches d'aujourd'hui : Max Weber, Karl Mannhein, Alfred Schütz, Raymond Aron, Erving Goffman, Howard Becker, Anselm Strauss, Isaac Joseph, Patrick Watier, Raymond Boudon, Guillaume Erner, Georg Lukacs, Zygmunt Bauman.
Sa pensée complexe a été critiquée par Émile Durkheim
Son œuvre n'est redécouverte en France qu'à partir des années 1980, notamment par le concours de quelques sociologues comme Raymond Boudon, Lilyane Deroche-Gurcel, Michel Maffesoli, Patrick Watier, Alain Deneault ou encore François Léger.
Simmel a constitué une référence importante pour l'école sociologique de Chicago à ne pas confondre avec l'école économique de Chicago.


En bref

Sociologue et philosophe allemand d'inspiration kantienne, ayant abordé notamment les questions de l'histoire et de la modernité, il apparaît comme le fondateur de la sociologie formelle : Questions fondamentales de la sociologie, 1917.
Georg Simmel est, avec Max Weber, une des figures les plus importantes de la sociologie allemande classique, ces deux auteurs ayant, sur bien des points essentiels, une conception semblable de la sociologie.
Simmel est surtout connu comme le promoteur de la sociologie formelle, une notion souvent mal comprise bien qu'elle soit à la fois claire, fondamentale et très généralement acceptée dans les sciences sociales contemporaines. Il l'est aussi pour avoir été un des fondateurs de la psychologie sociale.
Mais Simmel est d'abord – et c'est une priorité qu'il partage avec Weber – un des pionniers de la sociologie de l'action, dont il a parfaitement dessiné les fondements et les contours dans ses travaux épistémologiques. C'est cette orientation qu'il a donnée à ses études macrosociologiques, ainsi qu'à celles – plus connues parce que plus accessibles – consacrées à la sociologie de la vie quotidienne.
Très célèbre de son vivant et jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, Simmel a subi, en France surtout, une éclipse d'une vingtaine d'années, éclipse qui, comme celle de Weber d'ailleurs, trouve sa principale explication dans le fait que son œuvre ressortit à ce qu'on appelle souvent la sociologie de l'action. Or les principes de celle-ci sont peu compatibles avec les mouvements d'idées qui, comme le structuralisme et le néo-marxisme, ont exercé une influence importante entre 1960 et la fin des années soixante-dix.
Une autre raison de la difficulté d'accès que l'œuvre de Simmel paraît opposer au lecteur contemporain réside dans son caractère interdisciplinaire. Certains de ses livres comme les Problèmes de philosophie de l'histoire et une partie de Questions fondamentales de la sociologie concernent la philosophie des sciences sociales. D'autres, comme la Philosophie de l'argent, traitent de sujets macrosociologiques, en ignorant d'ailleurs les frontières entre sociologie et économie. Plusieurs de ses ouvrages enfin, ceux qui sont les plus connus, relèvent plutôt de ce qu'on appellerait aujourd'hui la psychologie sociale. C'est essentiellement sur ces essais microsociologiques que l'influence de Simmel s'est appuyée aux États-Unis, alors que son succès dans la France de l'entre-deux-guerres était surtout dû à ses travaux épistémologiques qui ont pour objet le problème de l'explication en histoire.

Sa vie

En 1874, Georg Simmel perd son père, Edward Simmel, qui laisse une fortune colossale rendant ses sept enfants financièrement indépendants. Simmel étudie la philosophie et l'histoire à l'université Friedrich-Wilhelm de Berlin de 1876 à 1881. En 1881, il devint docteur en philosophie avec sa thèse Das Wesen der Materie nach Kant's Monadologie. Il devient Privatdozent à l'université de Berlin en 1885 jusqu'en 1901. Sa femme Gertrud, qu'il épouse en 1890, est elle-même philosophe et écrit sous le pseudonyme de Marie-Luise Enckendorf notamment sur les sujets de la religion et de la sexualité.
Privatdozent très apprécié des étudiants et de nombreuses personnalités berlinoises, il ne fut jamais reconnu par la hiérarchie universitaire malgré le soutien actif de Max Weber et de F. Tönnies. Ce n'est qu'en 1901, qu'il devient Ausserordentlicher Professor, un titre purement honorifique qui ne lui permit pas de prendre part à la vie de la communauté universitaire. Ses ouvrages ne lui attirèrent pas non plus les faveurs de ses collègues de l'université de Berlin, mais suscitèrent l'intérêt de l'élite intellectuelle berlinoise. Enfin, en 1914, il est nommé professeur à l'université de Strasbourg, qui est alors une ville allemande
Chez Georg Simmel le concept d'étranger émane de son expérience d'immigrant. L'expérience de l'étranger ou de l'étrangeté va ainsi de pair avec son arrivée

Distinction forme/contenu de socialisation

La sociologie de Georg Simmel se caractérise tout d’abord par l’angle d’approche particulier qu’elle préconise pour étudier les moyens de vivre ensemble. Simmel nous donne une description très précise de ce qu’est cet angle d’approche dans son livre Sociologie paru en 1908. Pour étudier la société, Simmel nous dit qu’il faut la prendre dans son acception la plus large, c’est-à-dire, là où il y a action réciproque de plusieurs individus, le terme important de cette définition étant réciproque. Ce que la sociologie doit observer, ce sont les liens qui existent entre les individus, ce qu’il appelle la socialisation, traduction du terme allemand employé par Simmel qui ne renvoie pas aux théories habituelles de la socialisation comme transmission sociale. Certains auteurs préfèrent, pour cette raison, employer le mot sociation » pour référer à cette idée. L'idée de socialisation implique toujours une influence réciproque des uns sur les autres, il ne saurait y avoir de socialisation figée une fois pour toutes. La socialisation est toujours quelque chose de dynamique.
Ceci ne nous dit pas encore ce qui caractérise la manière qu’a le sociologue de mettre en forme la réalité de ces actions réciproques qu’il veut observer. Il nous dit alors que le discours sociologique se caractérise par l’emploi de la distinction purement conceptuelle entre contenu de socialisation et forme de socialisation. Simmel définit le contenu de socialisation comme
"… tout ce que les individus, le lieu immédiatement concret de toute réalité historique, recèlent comme pulsion, intérêt, buts, tendances, états et mouvement psychologiques, pouvant engendrer un effet sur l’autre ou recevoir un effet venant des autres. "
Le contenu de socialisation est donc tout ce qui fait bouger l’individu, toutes les pulsions, physiques ou psychologiques, qui le poussent à entrer en interrelation avec un autre. Ces contenus de sociabilité vont alors se réaliser dans une forme particulière. La forme est ce qui rend le contenu social. Ainsi, Simmel dira que le contenu est la matière de la socialisation qui est elle-même la forme que prend l’action réciproque à laquelle le contenu donne lieu. Synthétisons ce que nous venons de dire par une phrase de Simmel :
" Voici les éléments de tout être et de tout fait social, inséparable dans la réalité : d’une part, un intérêt, un but, ou un motif, d’autre part une forme, un mode de l’action réciproque entre les individus, par lequel, ou sous la forme duquel ce contenu accède à la réalité sociale. "
Cette approche insiste fortement sur l’individu, qui est le lieu immédiatement concret de toute réalité historique. Simmel nous dit que pour réussir à percer les mystères de l’être social, il faut partir de l’étude de l’atome le plus petit de cette réalité : l’individu.
Regardons à titre d’exemple si l’on peut employer la distinction forme/contenu dans le cas de l’étude de la notion d’habiter. Nous pourrions dire tout d’abord qu’il existe un contenu de socialisation qui serait l’obligation de se loger, de s’abriter. On peut facilement convenir que les hommes ne peuvent survivre sans s’abriter, sans se protéger des agressions du milieu naturel où ils vivent, pluie, froid, canicule….
Ce besoin physique, nécessaire, va alors prendre une forme particulière. Cette forme particulière socialise le contenu parce qu’elle existe à la fois indépendamment des hommes qui vont la mettre en œuvre, mais aussi par les hommes qui ont prise dessus et peuvent la modifier sans cesse. C’est cette forme d’action réciproque que prend le contenu « se loger », qui pourrait être appelée habiter. En ce sens simmelien, habiter est quelque chose qui touche à l’être social et qui dépasse l’individu, puisqu’on peut le penser comme une forme de socialisation. En ce sens, une étude sociologique de l’habiter serait possible.

Existence de la forme

Il existe cependant un léger flou concernant la notion de forme. Dans l’introduction à l’édition française des PUF, cette notion n’est présentée que comme étant un outil méthodologique permettant de rendre compte de la réalité, de former une représentation abstraite, sociologique, de la réalité. L’auteur de cette introduction, reprenant la conception de Raymond Boudon, nous dit que le concept de forme est un synonyme de celui de modèle, fonctionnant sur la même logique que l’idéal type weberien. Le concept de forme dans cette conception ne possède donc aucun sens ontologique. Il ne fait pas partie de l’être réel des faits sociaux. Il existe cependant une autre interprétation du concept de forme. Si Simmel reconnaît en effet que la sociologie, lorsqu’elle s’exprime sur la forme de certaines interactions ne peut que « poser des concepts et des ensembles de concepts dans une pureté et une abstraction totale qui n’apparaît jamais dans les réalisations historiques de ces contenus »7, la forme d’une interaction est cependant pour lui une dimension qui avec le contenu, forme la totalité de l’être du fait social. L’abstraction consiste donc pour atteindre l’être du social à y distinguer la forme du contenu.
Faisant cela, il ne faut pas perdre de vue que la forme est un des composants de la réalité de l’action réciproque, même si le sociologue ne peut en donner qu’une image qui n’épuise jamais la totalité de cette réalité. Cette seconde interprétation insiste sur le fait que la forme en elle-même posséderait une existence réelle, et qu'elle n'est pas à confondre avec l’image de la forme que construit le sociologue dans son travail qui elle, ressortant d’un travail d’abstraction, n’épuise jamais toute la substance de la forme réelle d’une interaction. Pour illustrer cette seconde interprétation du concept de forme, partons de l’introduction, rédigée par Simmel à son livre Philosophie de l’argent, où il explique ce qu’est pour lui la philosophie. Ce texte montre en effet comment Simmel propose d’élaborer une ontologie des phénomènes sociaux.
La caractéristique de la philosophie par rapport aux autres sciences est que la philosophie présente les présupposés qui la sous-tendent pour examen. Seulement, même en faisant cela, elle ne peut être autre chose qu’une approximation des phénomènes par le biais de notions générales. Cependant, la philosophie propose une image particulière du monde qui est indispensable vis-à-vis de maintes questions, de ces questions qui relèvent surtout des valorisations ainsi que des connexions les plus générales de la vie de l’esprit. Pour Simmel, la philosophie, comme toutes sciences ou tout art doit être entendue comme interprétation, coloration, accentuation sélective du réel par l’individu. On voit dans cette phrase en quoi la philosophie de même que la sociologie de Simmel peut être traitée de relativiste. La Sociologie comme la philosophie et d’ailleurs toutes les autres sciences reposent sur des présupposés particuliers ceux de la philosophie étant d’examiner ses propres présupposés et de procéder par généralisation du réel et ne sont finalement qu’une manière particulière qu’un individu a de mettre en forme le monde et qui n’épuise jamais la totalité d’une réalité.
Que serait alors, dans cette perspective une philosophie de l’argent ? Quelles droits la philosophie possède-t-elle alors sur des objets isolés comme l’argent. Une telle philosophie serait en deçà et au-delà d’une science économique de l’argent.
Elle peut d’une part étudier le phénomène de l’argent de manière analytique : présenter les postulats qui, dans la constitution psychique, dans les rapports sociaux, dans la structure logique des réalités et des valeurs, affectent à l’argent son sens et sa position pratique. Il s’agira de déduire l’argent « des conditions qui portent son essence et la signifiance de son existence. Simmel cherche à déployer la structure et l’idée du phénomène historique de l’argent en partant des sentiments de valeur, de la praxis envers les choses, et des relations interhumaines de réciprocité vues comme leurs présupposés.
Elle peut d’autre part étudier le phénomène de l’argent de manière synthétique c’est-à-dire à travers ses effets sur l’univers intérieur : sur le sentiment vital des individus et l’enchaînement de leur destin, sur la culture dans sa généralité. Il s’agit de substituer aux processus particuliers de la réalité des connexions de concepts et d’autre part d’interpréter des causalités psychiques qu’on ne peut qu’interpréter. Il s’agit de pratiquer un recoupement du principe de l’argent avec les évolutions et valorisations de la vie intérieure.

Pour résumer, Simmel nous dit qu’une philosophie de l’argent doit comporter une phase dite analytique, loin devant le champ de la science économique de l’argent, qui doit : éclairer l’essence de l’argent à partir des conditions et relations de la vie générale ; et une phase dite synthétique, loin derrière le champ de la science économique, qui doit éclairer, inversement, l’essence de la vie générale et son modelage à partir de l’influence de l’argent.
Finalement donc, l’argent, pour Simmel, n’est que « le moyen, le matériau ou l’exemple nécessaires pour présenter les rapports qui existent entre d’une part les phénomènes les plus extérieurs, les plus réalistes, les plus accidentels, et d’autre part les potentialités les plus idéelles de l’existence, les courants les plus profonds de la vie individuelle et de l’histoire. Le sens et l’ensemble se résume à ceci : tracer, en partant de la surface des évènements économiques, une ligne directrice conduisant aux valeurs et aux signifiances dernières de tout ce qui est humain. Il s’agit pour Simmel de déceler dans chaque détail de la vie le sens global de celle-ci.

Simmel crée une nouvelle vision des choses matérielles :

" Il s’agit de construire, sous le matérialisme historique, un étage laissant toute sa valeur explicative au rôle de la vie économique parmi les causes de la culture spirituelle, tout en reconnaissant les formes économiques elles-mêmes comme le résultat de valorisations et de dynamique plus profondes de présupposés psychologiques, voire métaphysiques. Ce qui doit se développer, dans la pratique cognitive selon une réciprocité sans fin : à chaque interprétation d’une figure idéelle par une figure économique se liera l’exigence de saisir cette dernière à son tour par des profondeurs plus idéelles, dont il faudra de nouveau dessiner le soubassement économique général, et ainsi de suite à l’infini. Avec cette alternance, cet entrelacs de principes épistémologiques opposés dans l’abstrait, l’unité des choses, qui paraît inaccessible à notre connaissance et pourtant fonde sa cohérence, devient pour nous pratiques autant que vivante. "
Comment expliquer cette phrase ? Il ne s’agit pas d’avoir une vision historique, voire finale de l’évolution du monde humain. Il s’agit au contraire de dire que la vie matérielle est cause de la culture spirituelle et qu’en même temps, que la forme que prend la vie matérielle est le résultat de processus de valorisation et de présupposés psychologiques. Prenons l’exemple de l’argent. En tant qu’il existe matériellement, pratiquement, il existe toujours en même temps idéellement. Cela revient à dire que notre connaissance des choses est pratique et vivante. Schématisons : l’homme crée mentalement l’argent et va créer une réalité matérielle correspondant à cette réalité idéelle qu’il va ensuite valoriser. L’argent possède abstraitement une double réalité, matérielle et idéelle. L’argent possède donc une existence matérielle et va venir, par cette existence influencer la vie idéelle des hommes, la vie idéelle changeant, les hommes vont en quelque sorte réinventer l’argent matériel ainsi que la forme de leur pratique, qui à son tour va réinventer l’idée sous-tendant la pratique… selon un cercle infini. L’unité des choses ressort in fine de l’entrelacs de ces deux principes épistémologiques opposé dans l’abstrait mais qui par leur entrelacs successif et infini constitue l’unité de la chose extérieures. L’opposition entre une philosophie réaliste ou idéaliste ne tient pas la route pour Simmel.
C’est à partir de cette idée que Simmel va construire son ouvrage sur l’argent, en le coupant en deux parties. La première dite analytique s’occupe de déterminer l’essence de l’argent à partir de la vie interne des individus, c’est-à-dire du sens que lui confèrent les individus dans leur action ; et la seconde, dite synthétique qui s’attache à l’opposée à déterminer l’effet de l’argent sur la vie interne des individus et sur ce qu’il appelle la culture objective.

Modernité et autonomisation des formes

Il faut cependant concéder que le concept de forme de Simmel est loin d’être des plus clairs. Cela d’autant plus qu’il entre à certains moments de l’œuvre en relation avec un autre couple de concepts qui est celui opposant la culture objective à la culture subjective. La culture objective étant l’ensemble de la culture, telle qu’elle existe en dehors des individus, et la culture subjective, la part de cette culture objective intériorisée par l’individu. Cette distinction entre en interaction avec le concept de forme parce que selon Simmel, certaines formes, qui sont parfois appelées, pour les différencier des formes plus fugaces, formes sociales, se retrouvent dans la culture objective. Certaines formes s’autonomisent et acquièrent donc une sorte de force qui leur permet de déterminer la forme mise en œuvre dans une action réciproque par les individus qui s’y engagent. Cela étant dit, n’oublions pas que s’il existe des formes objectives capables de déterminer les formes particulières et concrètes d’interaction, ces formes vont être modifiées par les individus qui les emploient. Ce qui mène à l’existence de ce phénomène infini de réciprocité entre le monde idéel et le monde matériel que décrit Simmel quand il parle de l’argent. Nous pouvons illustrer cela par quelques extraits.
Dans ce premier extrait issu du chapitre 6 de Philosophie de l’argent, Simmel nous parle de trois formes sociales qui selon lui se sont fortement autonomisées avec la modernité, on pourrait même dire que selon notre auteur, l’autonomisation de ces trois formes est l’élément constitutif de la modernité. Ces trois formes sont celle du droit, soit la forme que prennent à l’âge moderne les formes de normation de conduite ; de l’argent, soit la forme moderne des relations d’échange ; et de l’intellectualité, forme moderne des relations basées sur une transmission de savoir. Simmel va nous dire que ces trois formes en s’autonomisant des individus pour devenir un élément de la culture objective vont obtenir le pouvoir de déterminer des formes d’interaction.
"Tous trois, droit, intellectualité et argent se caractérisent par l’indifférence vis-à-vis de la particularité individuelle ; tous trois extraient, de la totalité concrète des mouvements vitaux, un facteur abstrait, général, qui se développe d’après des normes spécifiques et autonomes, et intervient depuis celles-ci dans le faisceau des intérêts existentiels, leur imposant sa propre détermination. En ayant ainsi le pouvoir de prescrire des formes et des directions à des contenus qui par nature leur sont indifférents, ils introduisent tous trois, inévitablement, dans la totalité de la vie, les contradictions qui nous occupent ici. Quand l’égalité s’empare des fondements formels des relations interhumaines, elle devient le moyen d’exprimer de la façon la plus aiguë et la plus fructueuse les inégalités individuelles ; en respectant les limites de l’égalité formelle, l’égoïsme a pris son parti des obstacles internes et externes et possède désormais, avec la validité universelle de ces déterminations, une arme qui, servant à chacun, sert aussi contre chacun. "
Le second extrait provient d’un chapitre de Sociologie où Simmel s’interroge sur les résultats de la domination d’un grand nombre d’individus sur d’autres individus, chapitre où il va être amené à différencier l’action d’un grand nombre comme formation particulière unitaire, incarnant en quelque sorte une abstraction — collectivité économique, État, Église … et d’autre part, celle d’une foule rassemblée ponctuellement. Cet extrait montre que ce caractère déterminant des formes sociales objectivées, dont font partie le mariage, l’État, l’Église… n’est pas de l’ordre de la relation constante, mais est aléatoire.
"La dernière raison des contradictions internes de cette configuration peut être formulée ainsi : entre l’individu, avec ses situations et ses besoins d’un côté, et toutes les entités supra- ou infra-individuelles et les dispositions intérieures ou extérieures que la structure collective apporte avec elle d’un autre côté, il n’y a pas de relation constante, fondée sur un principe, mais une relation variable et aléatoire. … Ce caractère aléatoire n’est pas un hasard, si l’on peut dire, mais l’expression logique de l’incommensurabilité entre ces situations spécifiquement individuelles dont il est question ici, avec tout ce qu’elles exigent, et les institutions et atmosphères qui régissent ou qui servent la vie commune et côte à côte du grand nombre."

" Ces deux extraits nous montrent, et c’est le point de vue défendu par Danilo Martuccelli, que l’œuvre de Simmel peut être lue comme l’étude de la tension, caractéristique de la modernité, entre culture subjective et objective, entre déterminant objectif de l’action et déterminant subjectif, entre ce qui dans la société n’est que société : les formes et ce qui est psychologique. Cette tension découlant selon Simmel d’un des traits propres de l’homme :
La faculté de l’homme de se diviser lui-même en parties et de ressentir une quelconque partie de lui-même comme constituant son véritable Moi qui entre en conflit avec d’autres parties et lutte pour la détermination de son activité – cette faculté met fréquemment l’homme, pour autant qu’il a conscience d’être un être social, dans une relation d’opposition aux impulsions et intérêts de son Moi qui restent extérieures à son caractère social: le conflit entre la société et l’individu comme un combat entre les parties de son être. "

Les fondements de la sociologie formelle

La notion à laquelle on songe le plus fréquemment lorsqu'on veut caractériser l'œuvre de Simmel est celle de sociologie de la forme ou de sociologie « formelle ». Pour cerner cette notion, il faut en premier lieu prendre conscience de son origine kantienne. De même que la connaissance des phénomènes naturels n'est possible, selon Kant, que parce que l'esprit y projette des formes, par exemple l'espace et le temps, de même la connaissance des phénomènes sociaux n'est possible, selon Simmel, qu'à partir du moment où le sociologue organise le réel à l'aide de systèmes de catégories ou de modèles. Sans ces modèles, les faits sociaux constituent un univers chaotique sans signification pour l'esprit, exactement comme pour Kant l'expérience du réel se réduirait à une rhapsodie de sensations, si elle n'était organisée par les « formes » de la connaissance. Utilisant un autre vocabulaire, Simmel exprime ici une idée voisine de celle qui transparaît dans une notion centrale de la pensée de Max Weber : un type idéal est en effet également une construction mentale, une catégorie, qui permet d'interroger la réalité sociale.
Selon Simmel, cette conception néo-kantienne s'applique aussi bien à la recherche historique qu'à la sociologie. Ni l'historien, ni le sociologue ne peuvent faire parler les faits auxquels ils s'intéressent sans projeter des formes dans la réalité. Mais cela ne signifie pas que la sociologie soit indistincte de l'histoire. Simmel est au contraire convaincu qu'il peut exister une connaissance du social intemporelle. Il soutient, plus exactement, qu'on peut émettre sur le social des propositions intéressantes et vérifiables – scientifiques en un mot – bien qu'elles ne réfèrent à aucun contexte spatio-temporel déterminé. Ainsi, on observe que lorsqu'un groupe d'intérêt atteint une certaine taille, celui-ci est souvent représenté par une minorité, un groupe de faible dimension ayant davantage de liberté de mouvement, de facilité pour se réunir, d'efficacité et de précision dans ses actes, Comment les formes sociales se maintiennent. Autre exemple : lorsqu'un groupe impose à ses membres une forte uniformité de comportement – c'est le cas des sectes –, il a aussi tendance à se tenir à l'écart du monde extérieur et à considérer ce dernier comme hostile, La Différenciation sociale. Ces deux exemples, et quantité d'autres qu'il serait possible de tirer de l'œuvre de Simmel, indiquent le projet de la sociologie formelle : identifier et analyser des modèles susceptibles d'illustrations multiples. Ainsi, le deuxième modèle est illustré par le cas des Quakers, mais aussi par de nombreuses autres sectes historiquement observables.

En définitive, la notion simmelienne de sociologie « formelle » préfigure de manière explicite la notion moderne de modèle. Un modèle est une représentation idéalisée dont on présume qu'elle peut permettre de mieux comprendre certaines situations réelles, à condition de prendre conscience des simplifications que sa construction introduit. Il possède la double propriété d'être général – dans la mesure où il peut s'appliquer à des contextes spatio-temporels divers – et idéal – pour autant qu'il ne s'applique textuellement à aucune réalité concrète. Il faut donc bien prendre soin de distinguer la notion de modèle de celle de loi. Une loi est une proposition qui a l'ambition de représenter un énoncé empirique alors que le modèle se veut idéal et d'être de validité universelle, alors qu'un modèle prétend seulement s'appliquer à une pluralité de situations et avoir ainsi une valeur générale. Simmel est parfaitement conscient de la distinction entre ce que nous appelons modèle, et qu'il appelle forme, d'une part, et ce qu'on désigne communément par la notion de loi, d'autre part : La manie de vouloir absolument trouver des lois de la vie sociale, écrit-il, est simplement un retour au credo philosophique des anciens métaphysiciens : toute connaissance doit être absolument universelle et nécessaire.
La sociologie formelle de Simmel tourne ainsi complètement le dos à la sociologie durkheimienne, dont un des objectifs principaux est, au contraire, de déterminer des lois empiriques et universelles. Aussi n'est-il pas étonnant que la réaction de Durkheim à la notion simmelienne de sociologie formelle soit un chef-d'œuvre de méconnaissance et d'incompréhension.
Ajoutons encore que, lorsque nous assimilons la notion moderne de modèle à la notion simmelienne de forme, le mot modèle ne doit pas être entendu au sens mathématique. Les modèles mathématiques ne sont en effet qu'une espèce parmi d'autres d'un même genre. En second lieu, il faut admettre que Simmel n'a pas toujours cherché à faciliter la tâche de son lecteur, dans la mesure où, par le concept de forme, il désigne indistinctement les constructions mentales, qui permettent au sociologue d'analyser la réalité sociale, et les constructions qui sont le produit de l'interaction sociale. Ainsi le Droit ou la Science sont, dans son vocabulaire, des formes.

Épistémologie et histoire

Les travaux épistémologiques de Simmel sur le problème de l'explication en histoire se situent dans le prolongement direct des principes résumés par la notion de sociologie « formelle ». La réalité historique est constituée par un fourmillement, insaisissable en tant que tel, d'actions individuelles. Pour rendre compte de la bataille de Marathon, il faudrait, à la limite, expliquer le comportement de tous les guerriers qui y participèrent. C'est là, bien entendu, une tâche impossible et qui, d'ailleurs, aboutirait à un résultat peu intéressant. C'est pourquoi ceux qui comme Ranke se proposent, pour échapper au piège de la rationalisation dans lequel sont tombés les philosophes de l'histoire, l'idéal réaliste de décrire l'histoire comme elle s'est effectivement déroulée, wie es eigentlich gervesen ist n'ont pas une attitude moins métaphysique, selon Simmel, que leurs adversaires. L'histoire est toujours une reconstruction par laquelle l'historien rend le réel compréhensible en y projetant des formes. Si le réalisme est une position intenable, le point de vue opposé, celui des philosophes de l'histoire ou des historiens et sociologues qui prétendent découvrir des régularités macroscopiques – des lois – n'est pas davantage défendable. Il ne peut y avoir de régularités qu'au niveau psychologique ou plutôt microscopique. Ces régularités microscopiques font, pour parler comme Weber, qu'un observateur peut comprendre le comportement d'un acteur social, même s'il est éloigné de lui dans l'espace ou dans le temps. Au niveau macroscopique en revanche, il n'y a aucune raison de s'attendre à observer des régularités de validité « universelle », puisqu'on a affaire alors à des systèmes d'interaction complexes et composites dont la configuration varie d'un cas à l'autre.
Comme en sociologie, Simmel adopte, face au problème de l'explication historique, une attitude criticiste et relativiste d'inspiration clairement néo-kantienne : la connaissance historique peut être scientifique. Mais à une condition, celle de prendre conscience de ses limites et de voir qu'elle ne peut prétendre ni à la reproduction du réel, ni à une rationalisation du devenir historique par la mise en évidence d'introuvables régularités empiriques au niveau macroscopique.
La philosophie de l'argent fournit un excellent exemple de la manière dont ces principes épistémologiques sont mis en œuvre. Le point de départ de l'analyse peut être résumé par une question simple : quelles ont été les conséquences sociales de l'invention de ce moyen de paiement symbolique que représente l'argent ? La réponse consiste dans le développement d'une cascade de « modèles » où Simmel étudie les conséquences de l'introduction du numéraire dans une foule de situations. Le serf verse à son seigneur des prestations en travail et en nature contre le droit d'exploiter son lopin. Que la monnaie apparaisse dans ce système, elle va immédiatement perturber les relations entre les deux acteurs. Le premier verra immédiatement l'avantage qu'il aurait à s'acquitter en argent de ses dettes à l'égard du seigneur, car il pourrait alors déterminer lui-même les cultures auxquelles il souhaite se livrer ; tandis que, en l'absence de moyen symbolique d'échange, il est astreint à produire des quantités bien déterminées de légumes ou de blé. L'introduction du numéraire crée donc une situation de conflit potentiel entre le propriétaire et le tenancier. C'est pourquoi on a observé historiquement que les seigneurs avaient parfois résisté au paiement de la rente foncière en espèces. Ici, l'introduction de la monnaie comporte un effet non voulu, non recherché par les acteurs, même par ceux auxquels il bénéficie, dans la mesure où elle contribue à réduire la dépendance du tenancier par rapport au propriétaire. Multipliant ces « modèles », Simmel suggère que l'introduction de l'argent a entraîné des effets d'individualisation et d'atomisation, en même temps qu'il a entraîné, en sens inverse, des effets d'augmentation de l'interdépendance entre les acteurs sociaux.

Certains des développements de la philosophie de l'argent rappellent ceux de la division du travail de Durkheim. Mais les deux ouvrages sont – en conséquence des divergences épistémologiques entre les deux auteurs – bien différents. Simmel propose une grande quantité de modèles partiels et met ainsi en évidence un nombre considérable de conséquences ou d'effets de l'apparition de l'argent. Mais il se garde, à la différence de son collègue français, de systématiser l'ensemble. Rien, en tout cas, dans Philosophie de l'argent ne ressemble à l'énoncé d'une théorie évolutionniste. Pour Simmel, on peut étudier les effets d'une innovation sur tel ou tel système d'interaction partiel ; examiner son incidence sur la société, notion qui n'a pour lui guère de sens, ne présente en revanche aucun intérêt.
Comme Weber, Simmel part toujours du principe qu'une analyse sociologique doit remonter aux actions et réactions des individus dans la situation qui est la leur : c'est parce que la situation du serf et du seigneur est modifiée par l'introduction de l'argent que celle-ci est grosse de conséquences sociales. Réciproquement, ces conséquences ne peuvent être expliquées que si on s'efforce d'analyser la réaction plausible des acteurs au changement de situation induit par l'apparition du numéraire. Ce principe, selon lequel les données macroscopiques ne sont compréhensibles que par une analyse capable d'atteindre le niveau microscopique, a, par un contre-sens tenace, exposé Simmel au reproche de psychologisme, alors qu'il a – comme Weber d'ailleurs – constamment insisté sur le fait qu'il était dans la pratique toujours impossible d'expliquer de façon exhaustive un acte individuel. Dans un langage plus moderne, on dirait que ce contre-sens résulte de ce qu'on ne prend pas soin de distinguer entre l'analyse « psychologique » et l'analyse microscopique de l'action. Les sociologues de l'action en général et Simmel en particulier posent en principe qu'il est impossible de comprendre des données agrégées autrement que comme des conséquences d'actions individuelles. Ils ne prétendent pas qu'il faille expliquer de manière complète le comportement de tous les combattants de Marathon.
La Philosophie de l'argent, Comment les formes sociales se maintiennent et beaucoup d'autres œuvres montrent l'intérêt de leur auteur pour les questions macroscopiques. Il était nécessaire d'insister sur cet aspect, car Simmel – en raison de la lecture américaine qui est faite de son œuvre – est souvent perçu aujourd'hui comme étant principalement un psychologue social. Bien que cette classification ne soit en aucune façon désobligeante, elle simplifie et, par là, fausse considérablement son apport. Il est d'autant plus indispensable de corriger cette image que ses essais sur la coquetterie, la conversation, le secret, le mensonge, sur la triade, bref, tous les textes qui relèvent de la sociologie de la vie quotidienne, sont assurément les plus faciles d'accès et les plus séduisants. Mais, bien qu'ils s'intègrent parfaitement au projet général que désigne l'expression simmelienne de « sociologie formelle », ils ne doivent pas faire oublier que Simmel fut, avec Weber, qui a de la sociologie une vision sur bien des points essentiels très semblable à la sienne, un des principaux pionniers de la sociologie de l'action, c'est-à-dire d'une orientation qui paraît plus féconde et plus durable, malgré les éclipses qu'elle a subies, que les orientations concurrentes que représentent, par exemple, la sociologie durkheimienne, la sociologie marxiste ou la sociologie structuraliste.Raymond Boudon


Œuvres en français

Philosophie de l'argent, traduit par Sabine Cornille
Sociologie et épistémologie
Les Pauvres, P.U.F., 1998
Sociologie, étude sur les formes de la socialisation
Secret et sociétés secrètes, Circé, 1
Le Conflit, Circé, 1992
Michel-Ange et Rodin, Rivages, 1990
Rembrand, Circé, 1994
La Religion, Circé, 1998
La Philosophie du comédien, Circé, 2001
La Sociologie et l’Expérience du monde social, Méridiens Klincksieck, 1986
Philosophie et société, Vrin, 1987
Philosophie de la modernité 1 : la femme, la ville, l'individualisme, Payot, 1988
Philosophie de la modernité 2 : esthétique et modernité, conflit et modernité, testament philosophique, Payot, 1990
La Parure, MSH, 1998
Florence, Rome, Venise, Allia, 1998
Philosophie de l'aventure, L'Arche, 2002
Le Cadre, Gallimard, 2003
La Forme de l’histoire, Gallimard, 2004
Le Problème de la sociologie et autres textes, éditions du Sandre, 2006
La Tragédie de la culture et autres essais, Rivages, 1988
L’Argent dans la culture moderne et autres essais sur l'économie de la vie, MSH, 2006
Esthétique sociologique, MSH, 2007
Le Pauvre, Allia, 2009
Philosophie de la mode, Allia, 2013
Psychologie des femmes, Payot, 2013

Å’uvres en allemand

Zur Psychologie der Frauen 1890
Ãœber sociale Differenzierung 1890
Die Probleme der Geschichtsphilosophie 1892; 3. erw. Auflage 1907
Einleitung in die Moralwissenschaft 1892/93
Philosophie des Geldes 1900
Zur Psychologie der Scham 1901
Brücke und Tür. Essays des Philosophischen zur Geschichte, Religion, Kunst und Gesellschaft. 1903
Kant und Goethe. Zur Geschichte der modernen Weltanschauung 1906
Die Religion 1906
Soziologie 1908
Die Philosophie der Landschaft 1913
Grundfragen der Soziologie 1917
Der Konflikt der modernen Kultur 1918
La psychologie des femmes
Sur une différenciation sociale
Les problèmes de la philosophie de l'histoire
Introduction à la science de la morale
Philosophie de l'argent
La psychologie de la honte
Pont et porte. Essais philosophiques sur l'histoire, la religion, l'art et la société.
Kant et Goethe. Contribution à l'histoire de la conception du monde moderne
La religion
Sociologie
La Philosophie du paysage
Questions fondamentales de la sociologie
Le conflit de la culture modernes



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Posté le : 28/02/2015 17:21
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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