La mare,

Au fond d’un grand jardin s’écoule un filet d’eau,
Qui déborde parfois en dessinant des flaques,
Et pour boire chaque soir, s’y penchent les oiseaux,
Effleurant de leurs ailes les brindilles qui craquent.
Le miroir de l’onde qui parcourt les herbes,
En se laissant friser par un vol d’éphémères,
Entoure les roseaux se projetant en gerbe,
Qui plient tout doucement embrassant les fougères.
Le clapotis du ru, circulant sous la mousse,
Accompagne le chant d’un merle solitaire.
L’eau moirée se faufile, et légère éclabousse,
Le pied sombre et profond d’un bouquet de bruyère.
De derrière le muret les saules font une voûte,
Enveloppent la mare comme dans un écrin,
Et les arbres, qui s’enlacent, au-dessus s’arc-boutent,
Et filtrent la lumière en reflets opalins.
Et au milieu du mur, à la petite écluse,
La mare s’évanouit sous la planche immergée,
Avec un chuintement et puis soudain, diffuse,
Les senteurs mélangées du jour qui est tombé.

Cuga
(À Léa et Pierre, propriétaires du jardin)
Dordogne juillet 2015