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Nouvelles confirmées : Les champs de Mai
Publié par Loriane le 04-05-2018 14:10:00 ( 1263 lectures ) Articles du même auteur
Nouvelles confirmées




Les champs de Mai

Alors que je cheminais paisible sur la sente, une petite corolle rose pâle, une fleurette d'un tendre pastel striée de douces bandes mauves m'a parlé, elle m'a chuchoté des histoires enchantées, des secrets de petite fille.

Elle avait une bien petite voix, venue du fond de l'enfance, une voix ancienne revenue du monde des petits de la rue et elle me chantait «  liseron, liseron, liseron sauvage et humble ». 
Elle disait aussi : « j'étais si petite, si fragile, quelle misère ! 
Petite liane mal-aimée, je reste la parure des pauvres clôtures abandonnées et des grillages à poules de ton enfance, fleur de rien, mais fleur de rêve, rêve de petite fille aimante de ma grâce légère qui rampait sur le sol pauvre ou s'envolait, grimpant enroulées en circonvolutions de rose et vert »
Elle chantonnait, et elle disait encore: « tu ne m'as jamais mise en bouquet comme mes sœurs pissenlits, boutons d'or et pâquerettes, j'étais insaisissable et je n'ai jamais fait l'honneur d'une vitrine de fleuriste, mais ma douceur de rose délicat t'appelle, lorsque devenue pour un temps femme des villes, tu nous reviens, en modeste âme bucolique, en petite fille des champs. 
Car fidèlement et avec allégresse tu nous reviens encore, tu nous reviens toujours pour une autre leçon de beauté sans orgueil.»
A bien écouter l'air frémissant, j'entendis mille petites voix fredonner, je les écoutais susurrer, à peine audibles, je restais dans ce doux tête à tête, mes fleurs et moi, puisque nous nous étions quittées, puis, reconnues.

La petite corolle accrochée à ses sœurs en grappe de rêve, toutes solidement alignées sur la longue tige aérienne, courait sur le sol et partait à la conquête d'une souche de bois mort.
La modeste et minuscule rosace délicate s'était abritée sous le plumeau vert clair, léger, si fin et gracile d'un jeune fenouil à peine poussé.

Dans la luminosité du bleu azur, j'avançais sur le brillant vert fécond qui avait mangé le chemin, avec en profil, au loin, dessinant l'horizon, la silhouette de la cime, du pic St Loup.
Je passais réjouie, éblouie, musardant et gourmande.
Dans l'étendue verdoyante, profondes et luisantes, les flammèches, les explosions des éclatants coquelicots avaient maquillé l'uniformité de bien jolies tâches de rougeurs.
Les nigelles de Damas légères, cheveux de Vénus, tachaient de leurs nuées bleu-indigo les balancements des herbacés en graines. 
La rue sauvage jetait la gaieté de ses pétales jaunes groupés en inflorescences lâches au sommet de ses tiges ramifiées, et là quelques pieds de Carthame, petits soleils orangés émergeant de leur bractées épineuses, plus loin dans la feuillée trônaient les ravissantes tâches blanches des sauvages juliennes des Dames, et comme un don dans cette création des cérinthes, subtiles bijoux de bractées pourpres dissimulant des fleurs violacées dans leur feuillage bleu-vert.
Dans la pauvre terre, comme une merveilleuse donation, présent de végétation , croissaient les fleurs sauvages aux noms fous, curieux noms fabuleux nés jadis des légendes : les queues de renard, des gants de Notre-Dame, des mors du diable, des bleuets casse-lunettes, de l'herbe à éternuer, des cirses à tiges courtes, des épilobes aux tons violet, les anthémis qui chantent et nous content fleurette:« il m'aime un peu, beaucoup, à la folie... », et sous la ramée, perçaient les chardons, les orties blanches, à côté de la haute tête arrondie de l' achillée millefeuille.
Parmi la verdure surgissait la carnation vive, le bleu violet des scabieuses, fleur de la veuve. La prolifique scabieuse, discret emblème de la parole de Dieu, car dit-on elle naquit de la compassion de Marie pour une jeune veuve dont les larmes échappées sur le sable firent apparaître ces fleurettes mauves aux nuances endeuillées.
Mais encore dans cette prairie fleurie vivaient les hautes asphodèles, herbe de Saturne et la flamboyante amarante immortelle, les bleuets centaurées, les Alysses; les Adonis, les gaillardes, la prolifique mauve, et la pervenche, et tant d'autres dans cette divine mer de fleurs, dans cette prospérité de verdure et d'aspect de coloris, de teintes à l'élégance ensorcelante.
Les papillons de couleurs vives et variées en virevoltant, ajoutaient par leur grâce, à l'euphorie du spectacle de la flore en fête.
Les abeilles butinaient, besogneuses mais sereines, elles accrochaient de leurs ailes des éclats de soleil, et de leurs pattes chargées de pollen ensemençaient les verveines, les asters, les corbeilles d'or, les soleils, les silènes et les daturas cornues....., éternelles servantes généreuses de la nature elles donnaient vie à toutes les plantes et tous les arbres alentour.

Sous les tremblants et les saules, derrière la mousse des tamaris, et de l'aubépine blanche, les yeux en fête, paisible, je sentais la respiration tiède de la brise. 
J'entendais une symphonie, composée du son flûté du vent doux, de la mélodie, naissaient de calmes accords venus du froissement, du bruissement doux des feuilles, et de la cadence régulière du balancement des branches. 
Dans cette composition ténue et aérienne et plus hautes dans la gamme, les harmoniques aiguës de quelques trilles d'oiseaux faisaient écho à la plénitude et à l'harmonie de vie. 
Les bourdons aussi se mêlaient à la symphonie, ils ajoutaient leurs chants, ils interprétaient leur partitions de violoncellistes en tournoyant, vibrant sans trêve de calices en corolles.
Je les écoutais de toute mon âme avec extase de notes en notes, de souffles en souffles, de silences en silences;

Les pieds dans l'herbe, petite fille des champs, j'inspirais goulûment les effluves onctueux émanant des sureaux aux grosses fleurs blanches, et des sucs délicatement sucrés des tilleuls en fleurs. 
Je me régalais des bouquets d'arômes capiteux, de délices olfactifs divins, offrande de cette végétale multitude.
Je jubilais, j'exultais, j'étais dans la sincère et nue félicité, épanouie par la magique rencontre.
J'étais en pays de paix, éloignée du danger, car quelque part au loin, dans un autre monde, en un autre lieu s'entendait le grondement rageur des bolides de métal, voitures, camions et autres mécaniques malodorantes, excitées, et qui se précipitaient avec urgence et violemment, comme des folles, sur leur long serpent gris.

Lydia Maleville


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Auteur Commentaire en débat
Loriane
Posté le: 05-05-2018 13:54  Mis à jour: 05-05-2018 13:54
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: Les champs de Mai
Johan,
mon enfance c'est aussi et surtout mon amour des fleurs, de la nature, !! ...
Je garde en moi, mes 3 premières années de petite campagnarde au milieu du Périgord noir, avec pour amis, les plantes, le ciel, les arbres, les animaux ...
Je les ai encore conservé dans ma vie de banlieusarde de Paris, près du champs de course et de la nature.
Mille mercis pour ton passage et le partage.
LM
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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