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#301 Napoléon Eugène Louis Jean Joseph Bonaparte
Loriane Posté le : 01/06/2014 16:32
Le 1er juin 1879 à Ulundi, Royaume zoulou, Natal, actuelle Afrique-du-Sud

meurt, à 23 ans Napoléon Eugène Louis Jean Joseph Bonaparte
,

prince impérial, dit Louis-Napoléon, né le 16 mars 1856 à Paris, seul enfant de Napoléon III, empereur des Français, et de son épouse, l’impératrice Eugénie, il est prétendant au trône impérial français pendant 6 ans et 4 mois, 22 jours, son nom revendiqué est Napoléon IV.Il appartient à la dynastie de la maison Bonaparte, il ne trônera pas après Napoléon-Charles Bonaparte, dit Napoléon III, en raison de la proclamation de la république et de l'abolition de l'empire.

Appelé Louis par ses parents, il signa Napoléon après la mort de son père, le 9 janvier 1873, au lieu de Louis-Napoléon précédemment. Il fut parfois désigné sous le nom de Napoléon IV .
En exil, il fit parfois usage du titre de courtoisie de comte de Pierrefonds auparavant utilisé par Napoléon III.

Vie sous le Second Empire Naissance et baptême du prince impérial

L’arrivée au monde de cet héritier fut pénible pour l’impératrice Eugénie qui a beaucoup souffert en lui donnant la vie. Il fallut recourir aux fers, dont l’enfant porta au front les traces, tandis qu'ils provoquaient une fracture du bassin de la mère. Pour la naissance du prince, la ville de Paris lui offrit un berceau aux armes de l’Empire ce berceau est toujours visible au musée Carnavalet à Paris.
Le 14 juin 1856, le prince impérial fut baptisé en grande pompe à Notre-Dame de Paris.
Napoléon III dit de la cérémonie et des réjouissances qui s’ensuivirent : Un tel baptême vaut bien un sacre. La famille impériale fut conduite dans le carrosse qui servit à Reims, lors du sacre de Charles X.
Le parrain est le pape Pie IX et la marraine est la reine Victoria d’Angleterre. Cependant, celle-ci étant de religion anglicane, c'est la reine de Suède, Joséphine, fille d’Eugène de Beauharnais, cousine de l’empereur, qui la représente. Le pape se fit représenter par le cardinal-légat Patrizi, qui baptisa l’enfant.
Dans l’acte officiel, conservé sur le registre des baptêmes de l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, dont dépendait la chapelle des Tuileries, il fut déclaré fils de France, titre que Napoléon Ier avait utilisé pour son fils, le roi de Rome, et repris de l’Ancien régime.
Il fut question de lui donner un titre royal, celui de roi d’Alger, mais cette idée fut abandonnée.

Éducation du prince impérial

L’éducation du prince impérial devait être irréprochable. La reine de Grande-Bretagne, Victoria, amie de l'impératrice Eugénie lui conseilla de prendre une nurse. Miss Shaw, venue d'Angleterre, devint ainsi la nurse du Prince impérial ; elle lui apprit l'anglais dès son plus jeune âge.
Napoléon III adorait son fils et se refusait à le réprimander mais l'impératrice Eugénie sut compenser la faiblesse paternelle de l’Empereur en imposant des règles d'éducation strictes.
L'empereur voulut mettre tout de suite l'héritier sous la protection de l'armée.
Dès le 26 avril 1856, le prince est inscrit au registre des enfants de troupe, au 1er régiment des grenadiers de la garde impériale.
À deux ans, le couturier Staub lui confectionna un uniforme de grenadier de la Garde Impériale. Par ailleurs, un ancien cuirassier, Xavier Ulhmann, est attaché au prince comme valet de pied depuis le 1er janvier 1857. Il ne le quittera plus jusqu'à sa mort.

Pour le petit prince, il n'y avait pas d'étiquette, pas de préséance et l'enfant pouvait entrer à toute heure dans le cabinet de l'empereur. On devait cependant vouvoyer le Prince impérial et les Cent-gardes le saluer.
Louis devait assister aux cérémonies officielles comme l'ouverture de la session législative, ou bien encore la réception d'ambassadeurs comme en 1861 et l'accueil des ambassadeurs de Siam. Très jeune il fut associé aux manifestations de prestige du régime.
On le vit accompagner l'Impératrice régente à un Te Deum, à Notre-Dame de Paris, en 1860, pour célébrer les victoires d'Italie. Au retour de la campagne d'Italie, c'est assis sur le devant de la selle de Napoléon III, qu'il assista le 14 août, au long défilé triomphal des troupes, place Vendôme. La foule s'habitua à le voir et l'acclamait à chaque cérémonie publique.
Incontestablement il était très populaire et sa popularité servit le régime. Enfin, l'Empereur l'emmena régulièrement en août au camp de Châlons, autant pour le familiariser avec les troupes que pour le montrer à l'armée. Il n'avait que quatre ans lorsqu'il s'y rendit pour la première fois. Louis suivit d'abord les manœuvres dans une voiture minuscule, mais bientôt, il se tint à côté de l'empereur sur son poney.
Il ne fréquenta pas l'école publique et lui fut attribué un précepteur à l'âge de sept ans, Francis Monnier, professeur au collège Rollin qui appliqua une méthode pédagogique contestable qui n'eut d'autre effet que de faire prendre au prince un retard sur les enfants de son âge.
Devant l'échec de la méthode Monnier, il fut le 16 mars 1867, remis entre les mains d'un gouverneur, le général Frossard, officier du génie, homme froid et sévère. Le gouverneur fut, heureusement, assisté par un jeune universitaire de qualité, Augustin Filon, qui prend son service en octobre 1867 et, en quelques années va faire rattraper au prince son retard. Un autre professeur participa à l'éducation du Prince impérial : Ernest Lavisse, celui qui devint plus tard un des hauts responsables de l'université républicaine.
Le prince avait une sensibilité artistique certaine et totalement innée. Il était doué pour le dessin et le piano. Cependant, on ne chercha pas à favoriser cette disposition.
En dépit du fait qu'il n'allait pas à l'école publique, le prince impérial jouait avec des amis de son âge comme Louis Conneau, fils du médecin et ami de Napoléon III, Henri Conneau. Ces enfants se livraient à leur jeux dans une immense pièce, au premier étage du Pavillon de Flore.
Pour son treizième anniversaire, le prince impérial fut promu sous-lieutenant, ce qui lui permit de revêtir un uniforme d'officier lors des cérémonies officielles.

Le 7 mai 1869, le prince fit sa première communion. Le service du protocole alla chercher dans les Mémoires de Saint-Simon le cérémonial qui avait été utilisé pour celle du duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV.
En 1869, le prince impérial et l'Impératrice se rendirent en Corse pour célébrer le centenaire de la naissance de son grand-oncle.
À Ajaccio, le 29 août, lorsque le prince impérial débarqua des dizaines de milliers de voix entonnèrent l'Ajaccienne. Quand il visita la maison natale de Napoléon Ier, l'enthousiasme fut à son comble, la foule le pressa à l'étouffer, mal contenue par la police débordée.
Le prince dit alors calmement : Laissez-les entrer, ils sont de la famille.

La guerre de 1870

Lorsque survint la guerre entre le France et la Prusse en 1870, le prince avait 14 ans.
La victoire d’Iéna de 1806 était encore présente dans les esprits.
Napoléon III décida d'emmener son fils avec lui et le 22 juillet 1870, il l'annonça dans une proclamation au peuple français :
"J'emmène mon fils avec moi malgré son jeune âge. Il sait quels sont les devoirs que son nom lui impose, il est fier de prendre sa part dans les dangers de ceux qui combattent pour la patrie."
Pour le jeune prince comme pour la plupart des Français, l'issue de la guerre ne fait aucun doute, la France sera rapidement victorieuse de la Prusse.
Le 28 juillet 1870, il partit avec son père Napoléon III pour Metz.
Le prince impérial revêtit son uniforme de sous-lieutenant avec la plaque de la Légion d'honneur. Peu avant de quitter Paris qu'il voyait pour la dernière fois, le prince fit avec sa mère deux pèlerinages : l'un à la Malmaison, demeure préférée de son arrière-grand-mère l'impératrice Joséphine et de sa grand-mère la reine Hortense ; l'autre à Notre-Dame-des-Victoires où devant la statue de la Vierge Marie, brûle en permanence une lampe offerte par l'impératrice lors de la guerre d'Italie13. Voulant éviter tout cérémonial pour son départ vers une guerre qu’il ne souhaitait pas, Napoléon III et son fils partirent vers le front depuis la petite gare de Saint-Cloud.
L’empereur n'était pas en état physique du fait de ses calculs dans la vessie pour mener une campagne militaire.
Pendant que l'empereur et le prince impérial partaient pour le front, l'impératrice Eugénie assura la régence. Le 30 juillet 1870, le prince impérial passa en revue les Lanciers de la Garde impériale alors stationnés à Metz sur l'île de Chambière.
La suite de Louis se compose de deux aides de camp, le commandant Lamey et le commandant Clary, petit-neveu des reines d'Espagne et de Suède, auquel l'Empereur tenait à manifester sa confiance.
Le 1er août, Louis accompagne son père à un conseil de guerre. Quelques jours après son arrivée au front, Louis, au comble de l'exaltation assista à une bataille devant Sarrebruck au cours duquel il reçut son baptême du feu. Un milliers de Prussiens tenaient garnison à Sarrebruck, la première ville de l'autre côté de la frontière. Tous les soldats furent unanimes à saluer le courage et le sang froid du jeune garçon ce jour-là. Napoléon III envoya un télégramme à l'impératrice restée à Paris :

"Deux août. Louis vient de recevoir le baptême du feu: il a été admirable de sang-froid, il n'a été nullement impressionné... Nous étions en première ligne et les balles et les boulets tombaient à nos pieds. Louis a conservé une balle qui est tombé auprès de lui."
Il s'agissait là d'un combat mineur.
ais la campagne se poursuivit mal. Le jeune prince suivit d'abord son père, de Metz à Rethel. Le 23 août à Reims, l'Empereur quitta le Prince impérial en lui disant : " Ne pleure pas, lui dit-il, nous nous retrouverons à Rethel."
Le 27 août à Tourteron, il se sépara à nouveau de son père qu'il ne reverra qu'une fois vaincu et déchu de son titre impérial, en mars 1871.

L'exil

Après la défaite de Sedan et la proclamation de la IIIe République le 4 septembre 1870, le prince impérial se réfugia en Belgique.
Il débarqua à Douvres avec ses trois aides de camp, puis gagna Hastings où sa mère le rejoint le 8 septembre 1870. Ils logent dans un hôtel de second ordre, le Marine Hôtel, où Napoléon III avait couché trente ans auparavant. La première chose que Louis demanda fut que l'on hisse le drapeau français. Le prince de Galles leur offrit Chiswick House, sa maison de campagne.

Finalement, l'impératrice et le prince déménagèrent pour Camden Place, petite propriété qui se situe à proximité de Londres, le 20 septembre 1870. Louis resta attentif à ce qui se passe en France, à la poursuite de la guerre.
Le 30 novembre 1870, la reine Victoria et sa fille la princesse Béatrice rendirent visite aux exilés. Le 28 janvier 1871, l'armistice fut signé avec l'Allemagne et le 20 mars 1871, l’empereur déchu arriva à Douvres.
Louis fut très affecté par les tragiques évènements de la Commune de Paris, en mars 1871, en particulier par la mort de l'abbé Deguerry, qui lui avait fait faire sa première communion et qui fut fusillé par les communards après avoir été pris en otage.

Formation militaire

Louis ayant visité la garnison de Woolwich et assisté à une démonstration d'artillerie, il s'inscrivit à l'Académie militaire royale de Woolwich. Il y entra le 17 novembre 1872 après avoir passé l'examen d'entrée avec son ami Louis Conneau.
Le prince se destinait à l'artillerie, l'arme dans laquelle débuta son grand-oncle.
Beaucoup des partisans du Prince auraient souhaité qu'après la fête de sa majorité, célébrée le 16 mars 1874, le nouveau Napoléon quittât l'uniforme anglais pour se consacrer uniquement à ses devoirs de prétendant officiel.
Mais Louis pense qu'il lui faut d'abord terminer ses études qui affermiront sa maturité politique par le sérieux des connaissances acquises et surtout feront de lui l'officier qu'il doit être pour honorer son nom et être capable, en cas de besoin, d'être un chef militaire.
Dès le 20 mars 1874, il reprit ses efforts pour améliorer ses résultats.
Le prince et son ami Louis Conneau durent se séparer le 17 octobre 1874 car ce dernier fut admis à Saint-Cyr ce qui ne fut pas possible au prince impérial. Finalement, le prince obtint le grade d'officier artilleur.
À l'examen final en 1875, il fut classé 7e sur 34. Le soir du 19 février 1875, jour de la proclamation des résultats, lors du bal, il est porté en triomphe par ses camarades. Il a terminé ses examens avec un bon rang et ses camarades savent qu'il est difficile de lui ravir la première place en équitation et en escrime.

Représentant de la cause impériale Héritier de la quatrième dynastie

Avec la mort de Napoléon III en 1873 et la majorité dynastique du prince en 1874, les bonapartistes reconnaissent en Louis l'héritier de son père et de la tradition impériale française incarnée par la famille Bonaparte, quatrième dynastie. De fait, après la mort de son père, le prince impérial assuma son rôle de représentant de la cause impériale et il ne signa plus que du seul prénom Napoléon.
Les bonapartistes, qui se nommaient parfois à cette époque impérialistes, reconnaissaient la souveraineté du peuple.
De fait, si certains désignent le prince impérial le nom de Napoléon IV, ce n'est pas en vertu du droit divin, mais au nom des plébiscites ayant à plusieurs reprises manifesté la volonté du peuple de voir la dignité impériale maintenue héréditairement dans la famille Bonaparte, sans qu'il y ait eu d'autres consultations du pays annulant ces votes et se prononçant sur la nature du régime.
Pendant les années 1870, fut évoqué l'éventualité d'un mariage avec une fille du roi de Danemark.
L'impératrice Eugénie et la reine Victoria envisagèrent un mariage entre la fille de cette dernière, la princesse Béatrice et le prince impérial. À ses proches, le prince impérial fit savoir qu'il souhaitait trouver une épouse qui lui plaise vraiment et à laquelle il pourrait être fidèle.

Idées politiques et sociales

Bien que très jeune et encore au stade des lectures, de la réflexion, des interrogations, le Prince impérial souhaita mettre par écrit certaines de ses idées. Il a pleine conscience de la gravité des problèmes et ses notes, ses cahiers, sont remplis d'ébauches, de projets qui donnent un aperçu de ses idées politiques et sociales.
Il s'exprime ainsi pour l'égalité des citoyens face au service militaire et souhaite la fin du remplacement alors en vigueur.
Il désire également faire émerger une aristocratie du mérite.
Il affirme son souhait de mettre en place une réelle décentralisation et souhaite voir la création de 18 régions chacune votant le budget.
Il élabore un projet de Constitution pour un Troisième Empire : la Chambre des députations provinciales, élue par les États provinciaux, partage la puissance législative avec la Chambre des pairs composée des illustrations politiques du pays déléguées par le clergé, la magistrature, l'armée et l'ordre civil.
De plus cette Chambre des provinces voterait le budget annuel et posséderait un droit de veto à déterminer.
Les idées sociales du Prince ont été grandement influencées par celles de Napoléon III. Il jugeait nécessaire de faire disparaître l'ouvrier esclave pour qui le travail est odieux, sans intérêt, sans espoir, dont l'âme est écrasée.
Pour le prince, il fallait améliorer l'état du salarié sans cesse menacé par une misère imméritée et dont la tâche est une corvée, il fallait surtout intégrer l'ouvrier dans les profits de l'entreprise. On reconnaît là l'écho des préoccupations paternelles.
Il faut donner à la classe ouvrière des droits et un avenir, avait dit Napoléon III. À la fin de son règne, ce dernier avait fait étudier par le Conseiller d'État Robert un projet de participation aux bénéfices. De plus, le Prince, bien que hors de France, se fit envoyer de nombreux rapports sur la situation sociale et politique des Français pour pouvoir mieux appréhender les problèmes de son temps. Mais il n'eut pas le temps de développer de façon précise ses idées sociales qui en restèrent aux principes.

Chef du parti de l'Appel au peuple

À partir de 1872, le parti bonapartiste, de l' Appel au peuple, a un groupe parlementaire redouté. Après l'échec de la Commune, quelques dignitaires de l'Empire, sont rentrés en France afin de reformer une force politique nationale.
Peu à peu se reconstitue un réseau bonapartiste soutenu par une presse active et offensive. Devenu chef d'un parti politique encore important au début de la Troisième république, le parti de l'Appel au Peuple, le prince donne ses consignes à ses sympathisants.
Entre 1876 et 1879, l'implication du Prince s'accrut. Louis donne ses directives pour les élections et les fait parvenir à Rouher. Ainsi, il décide seul des candidatures en Corse.
À cette époque, le parti de l'Appel au peuple connut un regain de faveur ; en 1877, cent sept députés bonapartistes siégeaient à la Chambre des députés. Louis veut unifier les différentes tendances du parti :
les conservateurs cléricaux menés par les Cassagnac, père et fils qui prônent l'alliance avec les légitimistes ;
les populistes menés par Jules Amigues en rapport avec d'anciens communards ;
les libéraux menés par l'ancien garde des Sceaux, Emile Ollivier, proche des orléanistes ;
les fidèles d'Eugène Rouher, partisans de l'Empire autoritaire ;
les bonapartistes proches de la gauche républicaine, anticléricaux et sympathisants du prince Jérôme Napoléon.
À cette fin, Louis eut le projet de refondre la presse bonapartiste. Il souhaitait faire appel aux meilleures plumes. En 1876, il affirma :
" Je tiens par-dessus tout à posséder un journal de doctrine qui pourra traduire et expliquer ma pensée et donner la note juste sur toutes les questions".
Des changements intervinrent dans la presse du parti qu'il souhaitait refondre, en particulier dans des journaux comme L'ordre ou Le Petit Caporal qui vit rentrer au sein de sa direction le député de la Sarthe Haentjens en 1877, peut-être pour mieux contrôler l'un de ses principaux rédacteurs, Jules Amigues, dont l'agitation inquiétait le Prince.
Il pensait que la République s'effondrerait d'elle-même.
Face à son nouveau président Jules Grévy, il préconisa une sympathique abstention au motif que ce dernier était l'un des seuls républicains ayant répondu en septembre 1870 à l'appel de l'Impératrice pour l'union nationale.

La mort du prince impérial Le départ pour l'Afrique du Sud

En 1879, alors qu'il avait 23 ans, il demanda avec insistance à être intégré dans les troupes britanniques d'Afrique australe. Si le prince impérial a voulu gagner l'Afrique du Sud et participer, avec ses camarades de Woolwich, au combat contre les Zoulous, c'est parce qu'il se souvenait qu'il était Bonaparte:
" Lorsqu'on appartient à une race de soldat, avait-il écrit, ce n'est que par le fer qu'on se fait connaître."
Depuis la mort de Napoléon III, son père, son souhait a été de se préparer, d'abord à devenir un homme, ensuite à servir son pays. Peu avant de partir pour l'Afrique du Sud, il dit à sa mère, qui le suppliait de renoncer à son dessein :
" Quand j'aurai fait voir que je sais exposer ma vie pour un pays qui n'est pas le mien, on ne doutera plus que je sache la risquer mieux encore pour ma patrie" .
La reine Victoria l'y autorisa finalement et il embarqua en février. Après un passage au Cap, il fut versé dans une unité d'éclaireurs au Natal. Il y arriva au moment où les Britanniques, battus quelques mois plus tôt à Isandhlwana par les Zoulous, reprenaient l'offensive.

La journée fatale du 1er juin 1879

Le 1er juin, il participe à une mission de reconnaissance, menée à cheval avec quelques hommes dans une région située à une trentaine de kilomètres de Vryheid et à environ 50 kilomètres à l'ouest de Dundee, un lieu-dit nommé Itelezi à l'est du site de la bataille de Blood River.

Lors d'une halte au bord d'une rivière, dans un endroit qui lui semble désert, la patrouille est surprise par un groupe de guerriers zoulous. Des coups de feu sont tirés et deux soldats britanniques perdent la vie. La troupe prend la fuite à cheval à l'exception du Prince.
En effet, celui-ci court et tente de sauter en selle en voltige pour remonter sur son cheval, mais la sangle hors d'usage de sa selle, selle que son père possédait lors de la bataille de Sedan en 1870 cède sous son poids. Il se retrouve à terre, ne pouvant échapper aux Zoulous.
Dans sa chute violente, il s'est fait piétiner le bras droit. Son sabre parti avec le cheval, il ne lui reste que son pistolet, qu’il ne réussit à maîtriser de la main gauche. Il est transpercé de dix-sept coups d'iklwa.
Les guerriers éviscérèrent et mutilèrent le corps des deux soldats britanniques morts au début de l'attaque, mais épargnèrent celui du prince car c'était le seul qui se fût battu. Ils se contentèrent de le déshabiller et de lui prendre ses armes. Le chef des guerriers ordonna de lui laisser sa chaîne d'or au bout de laquelle pendaient deux médailles et un cachet de cornaline, souvenir de sa grand-mère la reine Hortense, qu'il avait lui-même hérité de son père.
Les guerriers zoulous portaient autour du cou des amulettes et ils respectèrent celles du prince. Quelques semaines après, les Zoulous vaincus témoignèrent de la bravoure du jeune prince.
"Il ressemblait, diront-ils, à un lion." Pourquoi un lion ? -C'est l'animal le plus courageux que nous connaissions ! En hommage, ils rendront les objets personnels et l'uniforme.
Le rapport du capitaine Molyneux, du 22e régiment A.D.C. précise éloquemment :
" Le cadavre portait dix-sept blessures, toutes par-devant, et les marques sur le sol, comme sur les éperons, indiquaient une résistance désespérée " .
La nouvelle de la mort du Prince impérial suscita la stupeur en France. D'après Ernest Renan, l'émotion fut vive dans toutes les classes de la société, surtout dans les classes populaires .
Sa dépouille fut transportée à Dundee, puis à Pietermaritzburg avant d'être rapatriée en Europe pour être inhumée à Chislehurst, dans le Kent.
Elle fut ensuite transférée à l'abbaye Saint-Michel à Farnborough, dans le sud de l'Angleterre, que l'impératrice avait fait bâtir pour que puissent y reposer Napoléon III et son fils.
L'année suivante, l'impératrice Eugénie va se recueillir sur les lieux même où son fils avait perdu la vie.

Dans sa monographie Dans l'ombre de l'impératrice Eugénie, Lucien Daudet raconte comment ce sombre évènement fut révélé à l'Impératrice.
Dans ce même passage, il affirme que la mort du Prince fut douteuse, et s'appuie sur plusieurs arguments matériels. Les commanditaires auraient mis le prince dans une situation telle qu'il ne pouvait échapper aux Zoulous.

Le testament du prince impérial

Dans son testament rédigé le 26 février 1879, à Chislehurst, le prince impérial affirme mourir dans la religion catholique et formule le souhait que son corps soit déposé auprès de celui de son père, en attendant qu’on les transporte tous deux là où repose Napoléon Ier. Il affirme que sa dernière pensée sera pour sa patrie et que c’est pour elle qu'il voudrait mourir.
Il y exprime le sentiment de sa profonde gratitude pour la reine Victoria, pour toute la famille Royale britannique et pour le pays où il a reçu pendant huit ans une cordiale hospitalité.
Son testament eut aussi une dimension politique en ce qu'il y demandait à sa mère de veiller à soutenir la cause de l'Empire. Il affirme ainsi :
" Je n’ai pas besoin de recommander à ma mère de ne rien négliger pour défendre la mémoire de mon grand Oncle et de mon père. Je la prie de se souvenir que tant qu’il y aura des Bonaparte, la Cause Impériale aura des Représentants."
Il demande à l'impératrice Eugénie de soutenir son cousin, le prince Victor Napoléon, qu'il désigna comme continuateur de l'œuvre des deux empereurs des Français. Ce dernier point eut pour conséquence de diviser profondément le parti bonapartiste car selon les constitutions impériales ratifiées par le peuple français, ce n'est pas le prince Victor Napoléon, mais son père, le prince Napoléon qui est l'héritier dynastique. Cette division affaiblit grandement le parti bonapartiste.
De fait, le prince Napoléon était partisan d'un régime laïc et suspecté de républicanisme.

La prière du prince impérial

Dans les affaires du Prince, on trouva une prière qu'il avait rédigée avant son départ. Elle révèle la foi profonde qui l'animait, mais aussi une résignation et un esprit de sacrifice rares chez un jeune homme de vingt-trois ans. On peut y lire :
"Mon Dieu ! Je vous donne mon cœur, mais vous donnez-moi la foi. Sans foi, il n'est point d'ardentes prières, et prier est un besoin de mon âme... Le bonheur est empoisonné par cette pensée amère : je me réjouis et ceux que je chéris mille fois plus que moi sont en train de souffrir."
Des objets retrouvés dans ses affaires personnelles témoignent également de sa foi ardente : un livre de messe en latin et en anglais, dans une reliure de parchemin bleu foncé et un bénitier en émail cloisonné, portant un médaillon peint d'une image de la Vierge à l'Enfant ; l'un et l'autre étaient parsemés des abeilles d'or de l'Empire français.

Hommages

Buste du prince mort par Prosper d'Épinay.
Le satellite naturel de l'astéroide 45 Eugénie, ainsi nommée en l'honneur de l'impératrice Eugénie, fut baptisé Petit-Prince en l'honneur du Prince impérial Louis Napoléon. Son diamètre mesure environ 13 km.
La reine Victoria fit au prince impérial l'honneur insigne et affectueux de lui édifier un monument dans la chapelle royale du château de Windsor. Celui-ci fut financé par une souscription nationale, et le gisant fut réalisé par un sculpteur officiel de la couronne britannique, Sir Joseph Boehm. L'artiste a représenté le jeune lieutenant, les mains jointes sur la poignée de son épée, comme un chevalier du Moyen Âge reposant pour l'éternité.
La reine Victoria fit également ériger un monument à l'endroit où le prince était tombé. Ce monument, constitué d'un tas de pierres, analogue aux cairns écossais, marque la place du dernier combat et est surmonté d'une croix sur laquelle est gravé le nom du Prince impérial.
À Woolwich, une souscription ouverte dans l'armée britannique a permis d'ériger une statue de bronze sur le dessus d'un piédestal flanqué d'aigles et orné du N au centre d'un anneau de laurier surmonté de la couronne impériale française.
Elle est due au comte Gleichen, sculpteur de l'école anglaise qui exposait régulièrement à l'Académie royale de Woolwich. Cette statue a été déplacée pour être mise devant l'actuelle grande école militaire de Sandhurst.
Parmi les œuvres rendant hommage au prince et à sa mort, on peut également citer le projet de monument de Prosper d'Épinay : le prince impérial y est représenté mourant et recueilli par l'ange Gabriel.
La mort tragique et courageuse du Prince inspira également plusieurs peintres. On peut citer la peinture originale et spectaculaire que le comte Ludovic Lepic exposa au Salon de 1880. Son sujet, Le Retour, c'est-à-dire le voyage du cercueil des côtes de l'Afrique à celles de l'Angleterre, illustre le moment où, placé dans une barque, le corps est transféré de L'Orontes à L'Enchantress, en rade de Porsmouth.
Quand la nouvelle de la mort du Prince impérial fut connue, le comte de Chambord, petit-fils de Charles X et Henri V pour les légitimistes, fit dire une messe à Frohsdorf en mémoire du Prince impérial, à laquelle il assista, en deuil, entouré de toute sa maison.
Il fit exprimer à l'impératrice Eugénie ses sentiments très attristés et ses condoléances ; il fut le premier à lui télégraphier et conserva toujours auprès de lui les fleurs cueillies par l'impératrice sur la tombe de son fils, que la reine Isabelle II l'avait engagé à adopter. Par ailleurs, une délégation de royalistes se rendit symboliquement de la Chapelle Expiatoire, lieu de mémoire cher aux légitimistes, à l’église Saint-Augustin, église emblématique du Second Empire, avec une couronne qui fut déposée au pied de l’autel.
Un poème à la mémoire du prince fut aussi composé par Giosuè Carducci, le grand poète italien.
Dans sa bande dessinée "Cato Zoulou", Hugo Pratt relate la mort du Prince impérial dans un mode fictionnel.
Dans son recueil Sagesse, Paul Verlaine consacra un poème à la mémoire du Prince impérial, fier jeune homme si pur tombé plein d'espérance . Dans Prince mort en soldat Sagesse, XIII, le poète affirme :
" J'admire ton destin, j'adore, tout en larmes
Pour les pleurs de ta mère,
Dieu qui te fit mourir, beau prince, sous les armes,
Comme un héros d'Homère."

Armoiries et drapeau

Liens
http://youtu.be/eh4X9og7XDs Eugene-Louis Jean Joseph Bonaparte I
http://youtu.be/jP-ZNtkJf9E Eugène-Louis Jean Joseph Bonaparte 2
http://youtu.be/AYrzoOnLtco Eugène-Louis Jean Joseph Bonaparte 3



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[img width=600]http://www.tombes-sepultures.com/crbst_prince_20imperial.jpg?t=4u38aws4jzx8kx1[/img]

[img width=600]http://www.tombes-sepultures.com/crbst_import1169.jpg?t=4u3bsws4jz3l4ik[/img]

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#302 Nicolas II empereur de Russie 1ère partie
Loriane Posté le : 18/05/2014 21:21
Le 18 mai 1868 -6 mai 1868 C.J.- au palais de Tsarskoïe Selo, Pouchkine

près de St Pétersbourg, naît Nicolas II Romanov de Russie


en russe : Николай Александрович Романов, Nikolaï Aleksandrovitch Romanov, de la dynastie des Romanov, et assassiné, à 50 ans, avec toute sa famille le 17 juillet 1918 à Ekaterinbourg, est le dernier empereur de Russie, roi de Pologne et grand-prince de Finlande du 1er novembre 1894 – 15 mars 1917 soit 22 ans, 4 mois et 14 jours, son Couronnement a lieu le 26 mai 1896, il avait pour prédécesseur Prédécesseur Alexandre III, puis lui succedera le système communiste après l'abolition de la monarchie, Gueorgui Lvov sera le chef du gouvernement provisoire. Il appartient dynastie des Romanov, dont l'Hymne royal est "Dieu, garde le tsar Boje, tsaria khrani".
Sa sépulturese trouve à la Cathédrale Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg, son père est Alexandre III, sa mère Dagmar de Danemark, il se marie avec Alix de Hesse-Darmstadt avec qui il aura 5 enfants : Olga N. Romanova, Tatiana N. Romanova, Maria N. Romanova, Anastasia N. Romanova, Alexis N. Romanov, Héritier Gueorgui A. Romanov
Mikhaïl A. Romanov et tsarévitch Aleksei N. Romanov

Fils aîné d'Alexandre III, il lui succède en 1894 et condamne dès 1895 les rêves insensés des délégués des zemstvos, qui demandaient la poursuite des réformes entreprises par Alexandre II. Il se déclare alors décidé à maintenir le principe de l'autocratie de façon aussi énergique et immuable que son inoubliable père ». Ainsi, Nicolas II, que l'on a accusé d'irrésolution ou de faiblesse, défendra avec obstination ses prérogatives de tsar autocrate. Très attaché à son épouse, Alexandra Fiodorovna, avec qui il aura quatre filles et un fils, le tsarévitch Alexis né en 1904, il vit le plus souvent à Tsarskoïe Selo, se soustrayant le plus possible à la vie publique.
Ni par son éducation ni par son tempérament, Nicolas II n'est préparé à la tâche écrasante de gouverner un immense empire agité depuis un demi-siècle par les mouvements sociaux et politiques les plus divers. De caractère timide, aux goûts modestes et bourgeois, préférant la vie familiale, il reçoit l'éducation limitée d'un officier de la garde. Le 26 novembre 1894, il épouse Alice, princesse de Hesse, qui prend le nom d'Alexandra Feodorovna, dotée d'un caractère plus fort, mais morbide, tombant facilement sous la coupe des charlatans spiritualistes, en particulier de Raspoutine, qui possédait le don d'arrêter l'hémophilie du tsarévitch. Incapable de choisir de bons collaborateurs et aussi de comprendre qu'il fallait modifier le système autocratique, il ne peut se résoudre à renoncer au pouvoir absolu, tout en manquant en même temps de la volonté et de la personnalité nécessaires pour l'imposer.
Dès son avènement, Nicolas II, tout comme son père, proclame son intention de ne pas libéraliser le régime. Poussé par ses conseillers, il s'engage en Asie dans une politique ayant pour dessein de faire de la Russie une grande puissance eurasienne. Mais l'issue malheureuse de la guerre russo-japonaise provoque la première révolution de 1905.
Le 3 mars 1905, le tsar accepte à contrecœur la convocation d'une assemblée consultative, la Douma. Le 30 octobre 1905, il signe le manifeste établissant un régime constitutionnel ; mais, dès que le danger immédiat est écarté, il retire progressivement les pouvoirs à la Douma et favorise les groupements d'extrême droite, telle l'Union du peuple russe.
Pendant la guerre, de 1914 à 1917, il intervient maladroitement, sous la pression de Raspoutine, dans les nominations des généraux et des ministres. Vers la fin de la guerre, marquée par des défaites successives dont Nicolas II est rendu responsable par toutes les couches de la population, y compris par ses proches, des émeutes éclatent à Petrograd ; la Douma et l'armée réclament son abdication.
Le 15 mars 1917, à Pskov, le tsar renonce au trône en faveur de son frère Michel, qui refuse aussitôt la couronne. Arrêté par le gouvernement provisoire, il est assigné avec sa famille à résidence surveillée à Tsarskoïe Selo, puis transféré à Tobolsk. En avril 1918, il est dirigé avec sa famille à Ekaterinbourg Sverdlovsk de 1924 à 1991. Dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918, sur l'ordre de Sverdlov, Nicolas II est exécuté avec sa famille et quelques proches dans une cave ; leurs corps furent brûlés et les restes jetés dans un puits de mine.

Le 14 août 2000, le Saint-Synode de l'Église orthodoxe décide de canoniser Nicolas II et la famille impériale. Les cérémonies ont lieu à Moscou le 20 août.

Nicolas II est tsar de toutes les Russies, de 1894 à 1917. Il connaît de nombreux surnoms suivant les époques : Nicolas le Pacifique, du temps de son règne, puis les Soviétiques le baptisent Nicolas le Sanguinaire, mais de nos jours la tradition populaire orthodoxe le décrit comme un saint digne de la passion du Christ.
Sous son règne et celui de son père, la Russie connaît un essor sans précédent d'un point de vue économique, social, politique et culturel.
Les serfs sont libérés pendant le règne de son grand-père Alexandre II et les impôts sont allégés. Le premier ministre Piotr Stolypine réussit à développer une classe de paysans riches, les koulaks.
La population triple et la Russie, avec 175 millions d'habitants, devient la troisième ou quatrième puissance économique mondiale et possède le premier réseau ferroviaire après les États-Unis et le Canada. Le rouble devient une monnaie convertible et outre un nombre important de marchands et d'industriels, l'Empire possède désormais ses propres financiers. Ils sont souvent des mécènes. Sur le plan culturel, la Russie connaît alors un Âge d'argent, et prend la deuxième place dans le domaine de l'édition de livres.
De nouvelles universités, des écrivains, sculpteurs, peintres, danseurs… sont à l'époque connus dans le monde entier. Selon Alexander Gerschenkron, nul doute qu'au train où croissait l'équipement industriel pendant les années du règne de Nicolas II, sans le régime communiste, la Russie eût déjà dépassé les États-Unis.
Nicolas II gouverne de 1894 jusqu'à son abdication en 1917. Il ne réussit pas à mettre fin à l'agitation politique de son pays ni à mener les armées impériales à la victoire pendant la Première Guerre mondiale. Son règne se termine avec la révolution russe de 1917, pendant laquelle lui et sa famille sont emprisonnés d'abord dans le palais Alexandre à Tsarskoïe Selo, puis plus tard dans la maison du gouverneur à Tobolsk, et finalement dans la villa Ipatiev à Ekaterinbourg. Nicolas II, son épouse, son fils, ses quatre filles, le médecin de famille, son domestique personnel, la femme de chambre et le cuisinier seront ensuite assassinés par les bolcheviks dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918.

Sa vie

Le 6 mai 1868 naît Nicolas Alexandrovitch Romanov en transcription universitaire, Nikolaj Aleksandrovič Romanov, fils d'Alexandre III et de Marie Feodorovna 1847-1928, fille de Christian IX roi du Danemark. Il est le premier des cinq enfants du couple impérial : Alexandre 1869-1870, Georges 1871-1899, Michel 1878-1918

Nicolas et ses plus jeunes frères sont élevés à la dure : des lits de camp, un ameublement simple, des icônes de la Vierge et de l'enfant Jésus. Leur grand-mère Marie Alexandrovna introduit les coutumes britanniques en matière d'éducation chez les Romanov : gruau pour le déjeuner, bains froids, abondance d'air frais… Leur mère est brillante, enjouée, aimant la vie en société, les bals et les fêtes et elle leur donne le goût du divertissement et de la vie mondaine, mais elle ne s’occupe guère d’eux et c’est leur père, rude et bourru, qui monte dans leurs chambres pour les câliner.
Le 1er/13 mars 1881, Nicolas assiste à la brève agonie de son grand-père, l'empereur Alexandre II de Russie, dont un attentat a arraché les jambes et défiguré le visage. Or cet attentat survient alors même qu'Alexandre II, poursuivant sa politique réformatrice, s'apprêtait à faire de grandes réformes. Nicolas devient tsarévitch. Pour des raisons de sécurité, le nouvel empereur et sa famille s'installent au palais de Gatchina en dehors de la ville.
À l'adolescence, le tsarévitch a déjà un caractère sérieux et réservé, respectueux des conseils de ses précepteurs et obéissant aux ordres de son père6. Alexandre III confie l'éducation de son fils à des hommes issus de son gouvernement, parmi lesquels le procureur du Saint Synode, Constantin Pobiedonostsev, le général Danilovitch, le ministre des finances Bunge, totalement pénétrés de la nécessité d'un pouvoir impérial fort.
En 1884, à l'âge de seize ans, il rencontre pour la première fois la princesse Alix de Hesse-Darmstadt, l'une de ses cousines allemandes, âgée de douze ans, dont il tombe amoureux. Toutefois la perspective d'un possible mariage avec une princesse allemande contrarie aussi bien le tsar que la tsarine, et Alexandre III ordonne à Nicolas Alexandrovitch d'abandonner tout espoir de se marier avec une Allemande.
Le futur empereur mesure 1,73 m. Cheveux châtains avec des yeux bleus, il est mince et bien de sa personne selon ses contemporains. C'est un excellent danseur, patineur et cavalier et il a le goût de la chasse. Il parle plusieurs langues, dont le français, mais la politique est pour lui une corvée.
De 1885 à 1890, il fréquente la faculté de sciences politiques et économiques de l'université de Saint-Pétersbourg, devient colonel de la Garde impériale et suit aussi les cours de l'Académie d'État. Les journaux intimes du jeune Nicolas montrent son enthousiasme pour la vie de caserne, pour les parades, les revues, et la vie des jeunes soldats de la capitale. L'empereur, cependant, ne fait rien pour lui enseigner l'art de gouverner. Il veut en faire un juriste, un officier et le meilleur représentant de la grande Russie et de l'illustre famille des Romanov auprès des cours européennes. Le futur premier ministre Serge Witte propose à Alexandre III de nommer le tsarévitch Nicolas président des travaux du Transsibérien. L'empereur refuse : Connaissez-vous bien le tsarévitch ? A-t-il jamais réussi à parler sérieusement avec vous ? Il est encore un enfant dans tout et pour tout, il juge les choses en mode enfantine. Comment serait-il capable de présider un comité ? L'homme d'État lui réplique qu'il ne sera là que pour présider, pas pour comprendre.
Le 23 octobre 1890, il appareille sur un croiseur russe et fait une tournée officielle en Grèce, en Égypte, aux Indes, dans le sud-est asiatique, en Chine et au Japon. Il est accompagné de son frère Georges et de son oncle, futur Georges Ier de Grèce. Pendant son séjour au Japon, le tsarévitch reçoit un coup de sabre d'un mari outragé par les avances que Nicolas aurait faites à sa jeune épouse. Le tsarévitch doit revenir dans son palais en traversant la Sibérie. Il revient d'Asie avec un grand mépris pour les Japonais, qu’il appelle les singes et il est plus que jamais assuré de son amour profond et sincère pour le paysan russe : le meilleur des êtres humains.
À son retour, son père lui conseille de s'amuser et va jusqu'à favoriser une relation du tsarévitch avec la première danseuse du Théâtre Marie, Mathilde Kschessinska. Il rompt toutefois rapidement sa relation avec la Kchessinskaïa.
Au début des années 1890, la santé de l'empereur Alexandre III se dégrade. Comme Nicolas est tombé amoureux de la cousine de Guillaume II, il obtient le consentement à son mariage avec Alix, malgré l'insistance de ses parents à le marier à la princesse Hélène d'Orléans, fille de Philippe d'Orléans 1838-1894 et ainsi renforcer l'alliance franco-russe. Le 8 avril 1894, Nicolas Alexandrovitch et Alix de Hesse-Darmstadt se fiancent officiellement au château de Cobourg, en présence de leurs familles, parmi lesquelles on pouvait compter l'empereur Guillaume II et la reine Victoria, grand-mère commune à la fois de la fiancée et du Kaiser.
Avant de mourir, son père l'exhorte : "Manifeste ta propre volonté, ne laisse pas les autres oublier qui tu es. "
Nicolas II succède à Alexandre III, le 1er novembre 1894.

Premières années de règne Mariage

Le nouvel empereur s'interroge : Que va-t-il nous arriver à moi et à toutes les Russies11?. Il avoue : Non, je ne suis pas prêt à être un tsar. Je n'ai jamais voulu l'être. Je ne sais rien sur ce qu'il doit faire pour gouverner. Je n'ai pas la moindre idée de comme on parle aux ministres. Pendant un certain temps, il se contente d'imiter son père, mais il consacre beaucoup plus d'attention aux détails de l'administration que ce dernier.
Protestante, sa fiancée se convertit avec réticence à l'orthodoxie. Le Kaiser, leur cousin, s’entremet avec succès. Il veut renouer l’entente des trois empereurs. Le 26 novembre 1894, Nicolas II épouse la princesse Alix de Hesse-Darmstadt 1872-1918, fille du grand-duc Louis IV de Hesse et de la grande-duchesse, née princesse Alice d'Angleterre 1843-1878. Elle est connue en Russie sous le nom d'Alexandra Féodorovna. Les cérémonies de mariage obéissent à un rite multiséculaire.
Nicolas II et Alexandra ont cinq enfants : un fils, le tsarévitch Alexis Nikolaïevitch 1904-1918 et quatre filles, Olga 1895-1918, Tatiana 1897-1918, Maria 1899-1918 et Anastasia 1901-1918. Il existe de nombreuses photos du mariage, du couple et de ses enfants, qui forment une famille très unie. Les cinq enfants ont pour précepteur Pierre Gilliard.

Couronnement

Le 26 mai 1896 est le jour de son sacre comme empereur et autocrate de toutes les Russies, Божию Милостию, Император и Самодержец Всероссийский et Basileus de l'Église Orthodoxe russe. Des images d'actualités de l'époque montrent le couronnement de Nicolas II de Russie. Le rituel est inspiré de Byzance et a lieu à Moscou, la troisième RomeL. À Moscou, se trouvent les corps de ses ancêtres et cette grande ville outre qu’elle est le centre de l’Empire Rossia incarne la tradition Rous, l’ancienne Russie. Se conformant aux précédents couronnements, Nicolas II fait une entrée triomphale dans la ville de Moscou, sur un cheval blanc, suivi des deux impératrices.
Le jour de cette cérémonie très importante, une bousculade se produit dans la foule au champ de Khodinka, provoquant la mort de plusieurs centaines de personnes qui sont piétinées. Le tsar pense annuler les cérémonies officielles, mais il n’ose se décommander au bal du comte de Montebello, l’ambassadeur français. Il y paraît donc, blême et anxieux. Et à peine sorti de cette fête gâchée, il se rend au chevet des blessés. En raison de cette catastrophe et de la participation du tsar au bal, le peuple va se mettre à haïr la tsarine qu’il surnomme l’Allemande. Or, tous ceux qui vont la rencontrer vont rapidement se rendre compte qu’elle déteste l'Empire allemand et parle en anglais, sa langue maternelle.

Couronnement de Nicolas et d'Alexandra.

Mal préparé à assumer ses fonctions, Nicolas II est généralement considéré par les historiens comme un homme n'ayant ni l'imagination créatrice, ni l'énergie de concevoir un autre ordre. Il subit constamment l'influence de son épouse. Il rêve d'une existence bourgeoise avec elle et leurs enfants et de parties de tennis ou de bains dans les eaux glacées de la Baltique. D'ailleurs trois jours après son mariage, il écrit dans son journal : Avec Alix je suis immensément heureux. Dommage que les affaires d'État me prennent tant de temps. Je préfèrerais passer avec elle toutes ces heures. Le tsar semble parfaitement inconscient des intrigues de la cour, de sa dépravation et de l'affairisme de certains de ses conseillers. Peu capable de refus, il est trop délicat et bien élevé pour se déterminer grossièrement et, plutôt que refuser, préfère se taire. Son épouse écrit à la fin de sa vie en 1917 à une amie :
" Si vous saviez au prix de quel effort il a pu vaincre en lui cette propension à la colère, propre à tous les Romanov !... Le plus magnifique des vainqueurs est celui qui se vainc lui-même ".
En dépit d'une visite au Royaume-Uni avant son accession, où il s'intéresse au fonctionnement de la Chambre des communes, Nicolas II est opposé au parlementarisme, et même à une extension des pouvoirs des assemblées locales, les zemstvos. Il défend le principe de l'autocratie absolue. Au mois de janvier 1895, il expose clairement son programme : il est le dépositaire d’une tradition, celle des Romanov, et l’autocratie est un principe sacré, légitimé par des lois qui ne sont pas temporelle. Il répète aux Russes : Vous avez formulé des rêves insensés.

Affirmation de l'autocratie

Nicolas II veut conserver l'organisation centralisée du pouvoir, qui avait permis de conserver la stabilité gouvernementale. Parmi ses principaux collaborateurs, figurent des hommes jadis proches conseillers d'Alexandre III, comme le procureur du Saint Synode, Constantin Pobiedonostsev, ancien précepteur de ce dernier, les ministres de l'Intérieur, Ivan Goremykine de 1895 aux 1899 et le comte Plehve de 1902 à 1904, le chef de la police de Saint-Pétersbourg, Dimitri Feodorovitch Trepov de 1896 à 1905. Le choix de son cabinet annonce quelles vont être les orientations politiques des premières années du règne du jeune Nicolas II.
Totalement novice dans l'art de gouverner un État, il arrive au trône en appliquant les doctrines conservatrices apprises de Pobiedonostsev. Il a des idées toutes-faites et idéalise la réalité russe. Il est influencé par la lecture des biographies des saints orthodoxes et du tsar Alexis Ier, connu dans l'histoire russe comme le bon tsar et se veut être un vrai père du peuple, le surnom du tsar dans les campagnes russes.
En même temps, il accède aux demandes de sa femme, timide et puritaine, qui veut s'éloigner, ainsi que sa famille, de la vie mondaine de l'aristocratie russe, en choisissant comme résidence le palais Alexandre, situé à Tsarskoïe Selo, en français le village des Tsars. Cela le rendra - et surtout l'impératrice Alexandra - antipathique à une partie importante de la grande noblesse de Moscou et de Saint-Pétersbourg, qui ne se reconnaît pas dans cet empereur privilégiant un style de vie austère loin de la cour.
Sous l'impulsion du comte Plehve, ministre de l'Intérieur, il soumet les zemstvos, assemblées provinciales ouvertes au peuple, à des fonctionnaires d'État, et organise une russification des provinces, en particulier de la Pologne, de la Finlande et du Caucase. Il accroît également la politique antisémite amorcée par son père Alexandre III : numérus clausus, ghettos, et surtout sanglants pogroms exécutés par les Cent-Noirs.

Serge Witte et l'industrialisation de la Russie

Nicolas II conserve aussi le ministre de son père, Serge Witte. Malgré leur divergence de caractère, Nicolas II approuve la politique de développement économique intensif menée par son ministre des Finances de 1892 à 1903. Le comte de Witte veut faire de la Russie une grande puissance européenne.
Le 3 janvier 1897, Serge Witte continue les réformes financières amorcées sous Alexandre III : le rouble-or est instauré dont l'impérial 15 roubles et le demi-impérial 7 roubles et 50 kopecks. Cette réforme donne un élan sans précédent en Russie, à l'économie et aux développements de l'industrie. La dette de la Russie passe de 258 à 158 millions de roubles entre 1897 et 1900.
Le comte de Witte a aussi comme priorité le développement du commerce à l'étranger. Après une négociation serrée avec Berlin, le gouvernement allemand accepte d'appliquer à la Russie un tarif douanier très favorable.
En 1914, la moitié des importations russes viendront d’Allemagne et un tiers des exportations y partiront30.
Pour développer l'industrie, Serge Witte a recours à l'emprunt à l'étranger, les fameux emprunts russes. De 1895 à 1899, ils atteignent 275 millions de roubles, venant avant tout de France et un peu de Belgique. Grâce à eux, le développement industriel est considérablement facilité. La production augmente en effet de 8 % dans les années 1890.
Witte encourage les compagnies privées étrangères à venir investir en Russie. En 1900, près de 300 sociétés, en grande partie françaises et belges, y sont installées. Elles contrôlent 60 % de la production de houille et 80 % de celle du coke.
Les progrès réalisés dans le domaine du développement économique, sans réel souci du sort des ouvriers, entraînent logiquement des mouvements sociaux. Serge Witte se rend compte de la nécessité de faire des réformes sociales, culturelles et politiques.
Mais il doit faire face à l’essor de la culture russe traditionnelle qu'inspire au peuple et aux intellectuels la peur du changement.
C’est le cas de Constantin Aksakov et d'Alexeï Khomiakov, slavophiles ennemis de l’Occident et du progrès, partisans du retour au mir et à l’orthodoxie des anciens. Et aussi à l’opposition des grands propriétaires fonciers et d'industriels voulant de la main-d'œuvre bon marché. En juillet 1897, le gouvernement limite la journée de travail à onze heures trente et le travail de nuit à dix heures.
Malgré tout, Nicolas II est conscient de la valeur de Witte qu'il déteste, car il est soupçonné d'être franc-maçon, mais qu'il laisse réformer et industrialiser l’Empire. Avant la fin du siècle, la balance commerciale russe n’est plus déficitaire et le rouble devient convertible et fiable. Des chemins de fer sont construits dans tout le pays, dont le Transsibérien terminé en 1901. Witte transforme la Russie en serre du capitalisme. On le compare souvent à Colbert et à Turgot.
La politique agricole, au contraire, se montre ruineuse et inadéquate. Les jachères sont nombreuses et les paysans libres endettés.
Witte comprend qu'il faut baisser leurs impôts et, comme il constate que la vodka est consommée en quantité excessive, il décrète l'alcool monopole d'État. Le Trésor se gonfle des sommes importantes générées par la consommation de vodka. Entre 1893 et 1899, 24 pour cent des ressources du gouvernement proviennent de la vodka.
La population passe de 98 à 175 millions d’habitants de 1880 à 1914. Witte repeuple la Sibérie et des territoires en Extrême-Orient. L'exploitation des ressources orientales toutefois engendre un conflit administratif de compétences entre les ministères des Finances et des Étrangers.
En 1900, la crise mondiale de la monnaie cause la fermeture d'industries et de banques. Les propriétaires fonciers, opposés à Witte profitent de la situation pour relancer des attaques contre lui, en l’accusant d’être le père de la social-démocratie. La Russie reprendra seulement en 1903 son ascension économique.

La ligne transsibérienne en 1904. Défense de la paix

L'allié principal de la Russie, à cette époque, est toujours la France, depuis la signature de l'alliance franco-russe, ratifiée par Alexandre III de Russie en 1893.
En effet, la Russie voit d'un œil inquiet la montée en puissance de l'Empire allemand à sa frontière occidentale. La Triplice redoutée lie toujours l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie - dont la diplomatie expansionniste dans les Balkans l'oppose à la Russie - et le royaume d'Italie.
Aussi la France, outre son programme de coopération financière et économique, aide-t-elle l'armée à se moderniser à la suite de l'alliance franco-russe signée en 1891. Des visites officielles bilatérales s'effectuent à un rythme régulier : d'abord la visite du jeune couple impérial en France, en octobre 1896, qui est un triomphe et au cours de laquelle Nicolas II inaugure le Pont Alexandre-III à Paris, ensuite la visite en 1897 du président Félix Faure, puis la seconde visite de Nicolas II en France en 1901, auquel répond celle du président Émile Loubet à Saint-Pétersbourg en 1902.
L'Angleterre, quant à elle, reste fidèle à sa politique de splendide isolement, et, concurrente de la France dans sa politique coloniale, n'a de cesse de contenir la Russie et de critiquer cette alliance.
En 1902, elle va même jusqu'à signer avec le Japon un traité, où elle attaquerait la France si le Japon est attaqué par la Russie. Ce qui explique la neutralité de cette dernière, lors de la désastreuse guerre russo-japonaise.
Par la suite, constatant la faiblesse de l'armée russe après sa défaite et inquiète de la rencontre à l'été 1905 du Kaiser et de son cousin le tsar, l'Angleterre change de point de vue par nécessité. Elle se décide à régler ses différends de frontières dans le Pamir, en Afghanistan et en Perse avec la Russie et amorce une politique de rapprochement qui donnera corps à la Triple-Entente.
Le président Fallières rencontre Nicolas II à Cherbourg, le 31 juillet 1909. Cette alliance à trois qui est présentée alors comme une défense de la paix face à la montée des périls est en pleine vigueur, jusqu'à la Première Guerre mondiale.
En août 1912, après les affaires de la canonnière d'Agadir et des différends de la France avec l'Empire allemand, Raymond Poincaré, alors président du conseil et chargé des Affaires étrangères, se rend en visite officielle en Russie, pour surtout assister à des manœuvres conjointes et se rendre compte de l'état de l'armée russe. Il réitère sa visite, cette fois en tant que président de la république, juste après l'attentat de Sarajévo, en juillet 1914.
Sur le plan intérieur, en 1897, le tsar envoie le général Galitzine russifier les provinces du Caucase et en 1898, il nomme gouverneur général du grand-duché de Finlande Bobrikov qui entreprend une certaine russification de la population.
Malgré cette répression, un appel au désarmement est lancé en 1898 par Nicolas II, conseillé par Witte qui est totalement opposé à une guerre soit avec l’Allemagne, soit avec le Japon. Nicolas II lance à tous les pays un appel au désarmement et à la paix mondiale, en se référant aux conséquences commerciales, financières et morales de la course aux armements En 1899, le tsar choisit la ville de La Haye pour la première conférence internationale devant discuter de ce problème.
Les autres puissances comme le Royaume-Uni et l'Allemagne accueillent froidement son invitation. Vingt nations européennes, toutefois, participent à ces rencontres, ainsi que les États-Unis, le Mexique, le Japon, la Chine, le Siam et la Perse qui réunissent aussi des experts de droit international public de divers pays. La proposition de désarmement est repoussée, mais on obtient une convention sur les règles de guerre qui prévoit la tutelle de personnes et les structures civiles et la prohibition des gaz toxiques, et le droit international humanitaire. Le résultat le plus important obtenu du tsar et de ses collaborateurs est cependant la création de la Cour d'arbitrage international de La Haye.

Situation intérieure au début duXXe siècle

Les révoltes paysannes se multiplient au début du siècle dans l'Empire, les émeutes et les grèves aussi et s'ajoutent à ces violences des pogroms. La crise internationale et l'effort de guerre ont comme conséquences la fermeture de 4 000 usines.
En 1902, Nicolas II confie le ministère de l'Intérieur au comte Plehve. Bien qu'il éprouvât de la sympathie pour les idées constitutionnelles, Plehve développe une politique très conservatrice.
En 1903, l'empereur fait de Séraphin de Sarov un saint et se sent placé sous la protection d'une sainte figure authentiquement russe, paysanne, à l'image du peuple idéal auquel il se réfère sans cesse.

La guerre contre le Japon 1904-1905 Guerre russo-japonaise.

Bataille de Chemulpo.

En 1896, la Russie obtient la construction du chemin de fer de l'est chinois qui doit relier la ville russe de Tchita au port de Vladivostok, en traversant le saillant que forme la Mandchourie, entre les deux points ce qui permet d'éviter un long détour le long de l'Amour.
Dans son expansion vers l'est pour participer au dépeçage de la Chine par les grandes puissances européennes, la Russie pendant la révolte des Boxers occupe la Mandchourie, en 1900.
Des généraux et des hommes d'affaires envisagent d'étendre le protectorat russe sur la Corée que le Japon considère comme sa chasse gardée. Jusqu'en 1902, la Russie et le Japon tentent de régler pacifiquement leurs différends. D'intenses contacts diplomatiques ont lieu entre les deux pays, diverses options sont envisagées : le partage de la péninsule coréenne, la neutralité coréenne sous garantie internationale, l'échange de la Corée contre la Mandchourie.

Centenaire du siège de Port-Arthur.

Le 8 février 1904, le Japon attaque par surprise la flotte russe ancrée à Port-Arthur et assiège la ville qui se rend après un siège de huit mois. En mars 1905, l'infanterie russe est battue à la bataille de Moukden. En mai, la flotte de la Baltique, parvenue sur les lieux après un périple de plusieurs milliers de kilomètres est anéantie dans le détroit de Tsushima.
En septembre 1905, un traité de paix russo-japonais est signé à Postsmouth États-Unis. La Russie reconnaît l'existence des intérêts japonais en Corée, concède au Japon les privilèges qu'elle avait acquis en Mandchourie et lui cède la partie méridionale de l'île de Sakhaline mais, malgré l'insistance de la délégation nippone, ne verse pas d'indemnité de guerre.
Sur le plan militaire, ce conflit préfigure les guerres du xxe siècle par sa durée un an et demi, par les forces engagées sans doute plus de deux millions d'hommes au total et les pertes 156 000 morts, 280 000 blessés, 77 000 prisonniers ainsi que par l'emploi des techniques les plus modernes de l'art de la guerre logistique, lignes de communications et renseignements ; opérations combinées terrestres et maritimes; durée de préparation des engagements, tranchées.
Cette catastrophe est la première défaite de l’homme blanc face à des gens de couleur et pour les peuples colonisés de l’Empire russe c’est la défaite du tsar blanc. Les musulmans de Russie se mettent à rêver d’émancipation. L’admiration fait place au mépris.
Chez les Russes, le mécontentement grandit. Le cuirassé Potemkine bombarde le port d'Odessa. Les partis d'opposition sortent renforcés de la défaite des armées russes.

La révolution de 1905 Révolution russe de 1905.

Le Dimanche Rouge des dizaines de personnes sont massacrés près du Palais d'Hiver.
La Russie est depuis le début du XXe siècle dans un état de révolte permanente. Trois partis exploitent le mécontentement chez les ouvriers, les paysans et les bourgeois :
Le parti ouvrier social-démocrate de Russie est une organisation politique marxiste révolutionnaire fondée en mars 1898. Les grèves ouvrières commencent relativement tard, en 1903. Elles obéissent au début à des motivations économiques puis deviennent politiques. En 1897 est né le Bund, mouvement ouvrier juif marxiste qui revendique pour les juifs l'égalité nationale qui va se heurter à Lénine qui est partisan de l'unité du parti.
Le Parti socialiste révolutionnaire est une organisation politique russe, d'inspiration socialiste et à base essentiellement paysanne. Il se réclame du groupe terroriste Narodnaïa Volia Volonté du peuple disparu en 1881. En 1904, la brigade terroriste du parti, sous la direction de Boris Savinkov, organise l'attentat contre le ministre de l'intérieur Plehve. Les SR assassinent aussi Dmitri Sipiaguine et le grand-duc Serge, oncle du tsar.
L'agitation paysanne est endémique à partir de 1902, mais les émeutes ne virent jamais à l'insurrection : elles ont pour but de faire peur aux nobles afin qu'ils cèdent la terre à bas prix. On compte 670 soulèvements de ce type de 1902 à 1904.
Le parti constitutionnel démocratique un parti politique libéral. Les membres du parti sont appelés Cadets, de l'abréviation KD du nom du parti en russe Конституционная Демократическая партия. Le Parti constitutionnel démocratique est formé à Moscou du 12 au 18 octobre 1905, à l'apogée de la révolution russe de 1905.
Ce n'est qu’en 1906, avec le repli de la révolution, que les Cadets abandonnèrent leurs aspirations révolutionnaires et républicaines et se déclarèrent en faveur d'une monarchie constitutionnelle.

Le Mouvement d'octobre par Répine.

L'évolution économique et sociale du pays avait fait monter les oppositions libérales, démocrates, socialistes et révolutionnaires au régime tsariste. Il suffit d'une étincelle pour déclencher une révolution. Le 22 janvier 1905, la police ouvre le feu sur une immense manifestation ouvrière, faisant entre huit cents et mille morts. L'ironie du sort veut que le meneur de la manifestation, le pope Gapone, soit en réalité membre d'un syndicat policier destiné à noyauter le mouvement ouvrier et l'orienter dans la direction voulue par les autorités. Les ouvriers qui convergent vers le palais d'Hiver - ils ignorent que Nicolas II est absent de la capitale - portent des icônes et des portraits du tsar et viennent en sujets fidèles ou plutôt comme des enfants devant leur père pour le supplier de soulager leur misère.

Le Dimanche Rouge marque le début d'un engrenage révolutionnaire : la première révolution russe.

Des jacqueries éclatent dans la plupart des provinces de l'Empire, indépendamment des troubles survenus à Saint-Pétersbourg, car les moujiks ignorent le Dimanche Rouge, dont les journaux censurés ne disent pas un mot.
Dans le même temps, la grève ouvrière s'étend à tout le pays. En l'absence de syndicats, l'idée d'une organisation représentative des ouvriers fait son chemin sous la forme de soviets : ils apparaissent d'abord en province dans le rôle de comités de grèves éphémères ce mot russe signifiant conseil est adopté en mai 1905 par les ouvriers d'Ivanovo pour désigner leur comité de grève. Ils prennent une coloration plus politique avec la fondation du soviet de Saint-Pétersbourg, en octobre 1905, et de Moscou, en décembre. Tout en se méfiant des intellectuels suspects de vouloir imposer leur hégémonie, les ouvriers ressentent le besoin d'être conseillés par des révolutionnaires expérimentés, qui n'ont qu'un rôle consultatif à côté des délégués ouvriers : d'abord réservés parce qu'ils n'approuvent pas le mouvement des masses, les bolcheviks envoient des représentants mais les postes dirigeants reviennent aux mencheviks, plus nombreux jusqu'en 1917.
La population réclame une constitution, une Douma et les libertés. À Saint-Pétersbourg, les Socialistes Révolutionnaires, les bolcheviks et les mencheviks s'unissent au sein du soviet ouvrier qui publie les Izvestia.

L'échec de l'Empire constitutionnel Le Manifeste d'octobre 1905

Ivan L. Goremykine :
J’ai signé cette déclaration à cinq heures. Après une semblable journée je ressens le poids de mes responsabilités et mes pensées sont confuses. Oh Seigneur ! aide nous et sauve la Russie et la paix ! .
La première révolution russe contraint Nicolas II à des concessions arrachées par son ministre Witte. Nicolas II promulgue le manifeste du 17 octobre, le nom officiel est Le Manifeste sur le perfectionnement de l'ordre de l'État russe : Манифест об усовершенствовании государственного порядка. Il s'engage à accorder des libertés civiques au peuple, dont :
la liberté de culte
la liberté de parole,
la liberté de réunion,
la liberté d'association,
l'institution d'une Douma d'Empire, élue au suffrage semi-universel qui va avoir le pouvoir d'approuver les lois. La Douma est le nom emprunté à l'ancien conseil des tsars moscovites, afin de signifier que l'organe créé en 1905 ne repose que sur la volonté du tsar.
une amnistie pour tous les délits et crimes commis avant la proclamation du Manifeste.
une promesse aux populations non russes du respect des libertés et le droit, pour chaque nationalité, d'utiliser sa propre langue.
un Premier ministre avec des pouvoirs étendus.
Il comporte un décret selon lequel aucune loi n'entrera en vigueur sans le consentement de la Douma. Le manifeste a été précurseur de la première constitution russe de 1906. En réalité, le manifeste n'entraîne pas un accroissement significatif des libertés ou de la représentation politique pour le Russe moyen. L'empereur continue d'exercer son droit de veto sur la Douma, et il va la dissoudre plusieurs fois. Nicolas II ne pense pas que les rapports avec les peuples dominés doivent être modifiés.
Les libéraux estiment qu'ils ont obtenu satisfaction sur l'essentiel, mais sont divisés sur la stratégie à adopter : l'aile droite forme le mouvement octobriste, mené par Alexandre Goutchkov et s'affirme prête à collaborer loyalement avec le gouvernement tandis que l'aile gauche, menée par l'historien Milioukov et le Parti constitutionnel démocratique K. D. fait du parlementarisme à l'occidentale, un idéal que la Russie doit prochainement atteindre. Les radicaux considèrent ces concessions comme insuffisantes : les Socialistes révolutionnaires et les bolcheviks refusent de participer à une Douma sans pouvoir réel et appellent à la poursuite du mouvement révolutionnaire, relayés par le soviet de Saint-Pétersbourg. Les ouvriers de la capitale, épuisés par une année de luttes, répondent mal à l'appel lancé par le Soviet, dont le gouvernement fait arrêter les membres, mais les ouvriers prennent les armes à Moscou et le pouvoir doit utiliser l'artillerie pour écraser le soulèvement.
Le 27 avril 1906, le tsar est à l’origine de la Loi fondamentale de l'État, sorte de constitution, qui transforme la Russie en une monarchie constitutionnelle, mais non parlementaire, les ministres ne dépendant que de l'empereur. En outre, la Douma se trouve rapidement en complet désaccord avec l'empereur. Celui-ci change alors la loi électorale, en diminuant considérablement le poids électoral de la majorité du peuple par rapport à celui des classes aisées et fausse ainsi largement le suffrage universel.

Le 3 mai 1906, Nicolas II accepte la démission du premier ministre Serge Witte aux tendances relativement progressistes ainsi que de son gouvernement et le remplace par le très conservateur Ivan Goremykine, assisté de Piotr Stolypine comme ministre de l’Intérieur qui conserve ses fonctions de gouverneur de Saratov.
L'année suivante, la répression met fin à la vague de grèves. Le nouveau Premier ministre Stolypine ne cherche pas à gagner la confiance du prolétariat et se contente d'une loi sur les assurances et les maladies, mesure peu populaire, car elle exige une participation ouvrière aux cotisations.

Les lois fondamentales avril 1906

Nicolas II ne cède qu'à contre-cœur en octobre 1905. Il limite au maximum les concessions octroyées dans les Lois fondamentales ce qui évite d'utiliser le terme honni de constitution promulguées en avril 1906, la veille du jour où doit se réunir la première Douma.
L'empereur conserve le titre d'autocrate article 4 et garde le contrôle de l'exécutif. Les ministres ne sont pas responsables devant la Douma et relèvent uniquement du souverain. L'empereur est le chef des forces armées, dirige la politique étrangère et notamment détient le droit de déclarer la guerre et de faire la paix et convoque les sessions annuelles de la Douma article 9.
Le pouvoir législatif de la Douma est officiellement restreint : elle n'a pas l'initiative des lois et les lois qu'elle a acceptées passent ensuite devant l'ancien Conseil d'État transformé en Conseil d'Empire et qui tient lieu de chambre haute article 44. Le gouvernement a la possibilité de légiférer par oukases dans l'intervalle des sessions, à charge de les faire ratifier ensuite par la Douma.

La période semi-constitutionnelle La première Douma ou Douma cadette mai-juillet 1906

Les élections réellement libres sont un succès pour le parti Kadet et le centre gauche. Beaucoup parmi les nouveaux élus prennent leurs fonctions à cœur et s'aliènent immédiatement la couronne en cherchant à établir un régime parlementaire et à imposer une réforme agraire jugée inacceptable par la noblesse tandis que Goremykine, éphémère premier ministre d'avril à juillet 1906, refuse tout contact avec la Douma. Elle veut aussi la libération de tous les prisonniers politiques et du veto des ministres. Les Russes sont à peine majoritaires deux cent soixante-dix députés russes pour deux cents non-russes.
Stolypine, nommé nouveau premier ministre par Nicolas II, obtient la dissolution de la Douma. Les députés libéraux et socialistes modérés répliquent en lançant l'appel de Vyborg, appelant à la résistance passive par le refus de l'impôt et de la conscription. Les signataires de l'appel sont condamnés à la prison et déclarés inéligibles non seulement à la future Douma mais aussi aux zemstvos.

La deuxième Douma ou Douma rouge février-juin 1907

Le gouvernement s'est assuré tous les moyens de pression pour obtenir des résultats favorables, mais la deuxième Douma s'avère encore plus ingouvernable que la première. Les partis de gauche qui ont renoncé au boycott progressent aux dépens des cadets, dont les leaders sont inéligibles.
Les socialistes-révolutionnaires obtiennent trente-six députés et les sociaux-démocrates soixante-six.
Les députés non-russes sont toutefois moins nombreux. Ils s'opposent à Stolypine par tous les moyens : ce dernier obtient de nouveau de l'empereur la dissolution de la Douma, à cause d'un prétendu complot fomenté par les sociaux-démocrates.

Le gouvernement Stolypine 1906-1912

En juillet 1906, Nicolas II nomme Stolypine président du Conseil des ministres. Celui-ci se donne deux objectifs : rétablir l'ordre et mettre en œuvre un programme de réformes. Il est le grand artisan de la nouvelle politique russe, qui se veut conservatrice et moderniste. Issu d’une famille de vieille noblesse, il pense que le seul remède à la poussée révolutionnaire est le développement économique du pays.

La modification de la loi électorale et l'élection de la Troisième Douma

La modification de la loi électorale a pour but de faire élire une Douma prête à coopérer avec le gouvernement : la représentation paysanne est diminuée de près de moitié, celle des ouvriers réduite de façon draconienne. Le nombre de députés de la noblesse augmente de façon tout à fait disproportionnée étant donné le faible nombre de ses électeurs. Le gouvernement trouve enfin une Douma coopérative, où l'Union du peuple russe droite nationale et les Octobristes sont majoritaires, mais où des bolcheviks sont députés.
Contrairement à ce qui s'est passé pour les deux premières Doumas qui n'ont duré que quelques mois, la troisième reste en fonction jusqu'au terme légal de la législature, c'est-à-dire jusqu'en 1912.
La quatrième Douma dure également cinq ans, de 1912 à la révolution de février 1917.

La lutte contre le terrorisme

L'arrivée au pouvoir de Stolypine correspond à une reprise du terrorisme. Les socialistes-révolutionnaires décident en 1906 de frapper un grand coup : la résidence où vit le premier ministre est l'objet d'un attentat particulièrement sanglant plus de trente victimes, dont deux enfants de Stolypine, sont grièvement blessés. Stolypine est indemne, mais il est convaincu de la nécessité de sévir sur-le-champ. Il décide la constitution de cours martiales ambulantes composées d'officiers sans formation juridique qui procèdent à l'instruction immédiate des dossiers : les jugements sont rendus et exécutés par des militaires, les accusés sont privés d'avocat et du droit d'interjeter appel. Cette justice expéditive et arbitraire, qui fonctionne jusqu'au printemps 1907, prononce des milliers de condamnations à mort la cravate de Stolypine ou aux travaux forcés le wagon de Stolypine. Au temps de Stolypine, la Sibérie gagne trois millions d’habitants, dont des condamnés politiques.

Une réelle tentative de réforme agraire.Piotr Stolypine

Stolypine estime qu'il faut changer radicalement de politique agraire. Il est convaincu que le mir est devenu un ferment de socialisme qui va à l'encontre du droit de propriété et ne permet plus de maintenir l'ordre dans les campagnes. Il entend par conséquent constituer une classe de petits propriétaires privés qui élargirait la base sociale du régime et briserait l'unité corporative de la paysannerie, en calquant l'Occident où les paysans soutiennent politiquement les partis conservateurs.
Les oukases de 1906, 1910 et 1911 facilitent la dissolution des mirs, afin de permettre le passage de la propriété collective à la propriété individuelle. La législation agraire de Stolypine, quoique critiquée, est la seule à tenter une modification en profondeur des campagnes et de la condition du peuple russe.
Leur résultat est très controversé. Les statistiques divergent et vont de 16 à 54 % de koulaks sortis du mir selon les auteurs.
Les libéraux estiment que cette politique résolue est en train de sauver l'Empire et, avec les années, la réforme aurait atteint son but avec la transformation et la stabilisation des campagnes.
Les marxistes pensent que cette réforme a eu une portée très limitée, car elle pèche par l'étroitesse de son champ d'application. Stolypine est décidé à ne pas confisquer de terres à la noblesse et invite les paysans à repartager les terres qu'ils possèdent déjà. Son aspect est coercitif et provoque l'accentuation des différenciations sociales au sein de la masse paysanne.
Stolypine s’emploie à russifier le monde des affaires en favorisant la formation de capitaux russes, le développement des exportations et la mise en œuvre d’une production de plus en plus compétitive. Mais, le 14 septembre 1911, il essuie un coup de feu, tiré par Bogrov, alors qu'il assiste à une représentation à l'opéra de Kiev en présence du tsar et de sa famille. Il meurt quatre jours plus tard.
Bogrov est présenté comme un juif agissant pour l’extrême-gauche, mais en réalité il appartient à l’Okhrana et a l’ordre de supprimer Stolypine, responsable de la réforme agraire et donc haï par les grands propriétaires terriens. Cette thèse sera développée par Alexandre Soljenitsyne dans août 14, premier nœud.
En 1913, deux ans après sa mort, l’Empire russe est considéré comme la troisième puissance mondiale, mais la dernière tentative de réforme conservatrice de l'Empire n'a pu être menée à son terme.

L'avant-guerre Une impression de fin de règne 1911-1914

La mort de Stolypine marque la reprise des troubles révolutionnaires et des grandes grèves, telle celle sur la Léna à partir de février 1912. Kokovtsov est nommé, par l'empereur, président du Conseil. Pendant ce mandat, il garde le portefeuille de ministre de l'Intérieur. Dans son autobiographie, le comte Witte mentionne Kokovtsov, comme l'un de ses assistants les plus brillants. Witte laissait son assistant gérer lui-même certaines affaires, notamment certaines réformes dans les finances de la Russie impériale. Kokovtsov, homme prudent, très capable et défenseur du tsar, ne peut toutefois pas lutter contre les factions puissantes de cour, qui détiennent un véritable pouvoir.
Kokovtsov est une sorte de mandarin russe, haut fonctionnaire froid, hautain, consciencieux et compétent. Quand le ministre de la guerre Vladimir Alexandrovitch Soukhomlinov réclame pour son budget des crédits démesurés, il les réduit considérablement, ce qui lui attire la haine de ce personnage qui voulait remplacer Stolypine.
En 1912, la Russie instaure un système d'assurance sociale pour les ouvriers et adopte un certain nombre d'autres lois pour améliorer leurs conditions de vie. Le président américain William Taft commente ainsi ces lois sociales : La législation du travail que votre Empereur a promulgué est tellement parfaite que notre pays démocratique ne peut se vanter de pareille protection sociale. Kokovtsov, premier ministre libéral, qui a négocié avec Cambon et Poincaré les emprunts ferroviaires de 1906, en redemande en 1913. Émigré en France, il sera l'ami de Poincaré.
Vladimir Kokovtsov est remplacé par Ivan Goremykine, car il s’est permis de critiquer ouvertement Raspoutine. Le 12 février 1914, Goremykine est de nouveau rappelé par Nicolas II au poste de président du Conseil. Le choix du tsar est dicté par les bons sentiments qu'éprouve l'impératrice Alexandra pour le président du Conseil. Il reste dans ces fonctions jusqu'en juillet 1916. L'hostilité des membres de la Douma et des ministres nuit à l'efficacité de son gouvernement.
En 1915, Nicolas II prend la décision d'assurer lui-même le commandement de l'armée impériale, Goremykine invite le Conseil d'État a approuver la décision de l'empereur. Les conseillers d'État refusent sa proposition, il déclare alors : Je ne suis pas apte à assurer ma position et demande à être remplacé par un homme possédant des vues plus modernes. Le 2 février 1916 son désir est exaucé, il est remplacé par Boris Stürmer qui n'est en rien un homme moderne.

Raspoutine le fakir vagabond.Assassinat de Raspoutine.

Par l'intercession de la grande-duchesse Militza et de sa sœur, la grande-duchesse Anastasia, Raspoutine, qui se dit starets, est présenté à la famille impériale au grand complet, le 1er novembre 1905. Il offre à chacun de ses hôtes des icônes. Le jeune tsarévitch Alexis souffrant d'hémophilie, Raspoutine demande à être conduit au chevet du jeune malade, lui impose les mains, et parvient à enrayer la crise et à le soulager. Selon certains, il ne donne plus d’aspirine au jeune malade, ce médicament anticoagulant qui aggrave l'hémophilie.
Le moujik acquiert la reconnaissance de la famille impériale et ses proches. Mais la tsarine Alexandra Feodorovna croit que Raspoutine est un messager de Dieu. Invité à leurs fêtes ou réunions, il fait la connaissance de nombreuses femmes riches qui le prennent pour amant et guérisseur. L'une d'entre elles, Olga Lokhtina, épouse d'un général influent mais crédule, le loge chez elle et le présente à d'autres femmes d'influence, comme Anna Vyroubova, amie et confidente de la tsarine, et Mounia Golovina, nièce du tsar. Grâce à d'habiles mises en scène, il se produit à Saint-Pétersbourg ou au palais impérial de Tsarskoie Selo, résidence impériale, dans des séances d'exorcisme et de prières.
Des récits de débauches, prétendues ou avérées, commencent alors à se multiplier et à faire scandale.
En 1912, le tsarévitch Alexis souffre d'hémorragie interne que les médecins n'arrivent pas à guérir.
Raspoutine est appelé en désespoir de cause, et après avoir béni la famille impériale, entre en prière. Au bout de dix minutes, épuisé, il se relève en disant : Ouvre les yeux, mon fils.
Le tsarévitch se réveille en souriant et, dès cet instant, son état s'améliore rapidement.
Dès lors, Raspoutine devient un familier de Tsarskoie Selo et est chargé de veiller sur la santé des membres de la famille impériale. Le tsar se figure être proche du peuple car il accueille dans son palais Raspoutine. Cependant, malgré la pleine confiance du tsar, il se rend vite très impopulaire auprès de la cour et du peuple et est vite considéré comme le mauvais ange de la famille impériale.
Il ne se préoccupe pas de s'assurer une fortune personnelle, le seul luxe qu'il s'accorde étant une chemise de soie confectionnée par l'impératrice Alexandra et une magnifique croix également offerte par elle. Il conserve ses cheveux gras et sa barbe emmêlée.
Raspoutine se heurte en 1905 au président du Conseil Stolypine, homme moderne et efficace, qui n’accepte pas l'influence de ce moujik mystique. Lors de l'affaire des Balkans, en 1909, Raspoutine se range dans le parti de la paix aux côtés de la tsarine et d'Anna Vyroubova contre le reste de la famille Romanov. Le président du Conseil le fait surveiller par l'Okhrana et Raspoutine est écarté de la cour et exilé à Kiev. Le 14 septembre 1911, l’assassinat de Stolypine met fin aux réformes et permet aussi au starets de revenir à la cour.
Lors de l'été 1912, le tsarévitch Alexis, en déplacement en Pologne, est victime d'une nouvelle hémorragie interne très importante, après un accident. Raspoutine envoie un télégramme assurant la famille impériale de ses prières et, après la réception de son télégramme, l'état de santé du tsarévitch se stabilise et commence à s'améliorer le lendemain.
Cette coïncidence est à l’origine du renvoi de ministres ou de généraux.
Raspoutine est toutefois contre l’entrée en guerre de la Russie50. Les défaites qu’ils avaient prédites font que l’opinion va jusqu’à lui prêter une relation avec l’impératrice.
L'empereur se montre alors de moins en moins réceptif aux prophéties et aux conseils du faux moine. Mais, en 1915, il est discrédité et le pouvoir se retrouve aux mains de l'impératrice Alexandra Feodorovna et de Raspoutine. Ce dernier est finalement assassiné en décembre 1916 par un agent des services secrets britanniques lors d'un complot organisé par des ultra-monarchistes et menés par le prince Youssoupoff, parent par alliance de l'empereur.

La rivalité avec l'Autriche-Hongrie dans les Balkans 1908-1914

En 1613, le boyard Michel III de Russie avait été élu, tsar de toutes les Russies. Nicolas II célèbre en 1913 le 300e anniversaire de règne de la Maison Romanov et les acclamations orchestrées de la foule le convainquent de sa popularité et de la puissance de la Russie, mais ce pays est un colosse aux pieds d’argile30.

Année du tricentenaire de la dynastie des Romanov.

Nicolas II et sa famille assistent à des nombreuses cérémonies dans tout le pays. A-t-il conscience du danger qui menace l'Europe et son Empire?
En 1913, Lénine écrit à Gorki : Une guerre entre la Russie et l'Autriche serait très profitable à la révolution. Mais, il y a peu de chances que François-Joseph et Nikki nous fassent ce plaisir.
C'est aussi l'avis d'autres révolutionnaires russes.
Lorsque l'Autriche-Hongrie a annexé la Bosnie-Herzégovine en 1908, la Russie a refusé de s'incliner mais, mal soutenue par la France qui estimait que les intérêts vitaux de la Russie n'étaient pas en jeu et menacée par un ultimatum secret allemand, elle dut accepter le fait accompli.
Les querelles balkaniques ne sont pas perçues comme un danger pour la paix, mais comme une possibilité de revanche pour une Russie humiliée en 1904-1905, puis en 1908. Elle acquiert la certitude qu'un jour l'un des deux empires devra céder devant l'autre.
Elle entend de ce fait tirer profit d'un éventuel démembrement de l'Empire ottoman, dans les Balkans, pour s'assurer des positions rêvées et patronne la création d'une alliance entre les États balkaniques qui attaquent la Turquie en 1912 et soutient la Serbie dans toutes ses entreprises.
L'attentat de Sarajevo est l'œuvre de terroristes armés par Belgrade et soutenus par leur 2e Bureau, mais ils sont liés au colonel Artmarov, attaché militaire russe en Serbie et aux services secrets russes.
Le gouvernement serbe n'ose pas sévir contre eux.
Après l'assassinat de l'héritier du trône d'Autriche-Hongrie à Sarajevo par les Serbes et l'envoi par le gouvernement austro-hongrois à la Serbie d'un ultimatum, jugé qu'en grande partie acceptable par Belgrade, le gouvernement russe décide de soutenir la Serbie, faute de quoi il ne lui resterait qu'à enregistrer une nouvelle défaite. La Russie se considère comme la protectrice naturelle des Slaves.
Elle a déjà fait par le passé des guerres pour ce genre de prétexte. Nicolas II, demeuré pacifique, déclare : C'est une crise balkanique de plus. Il écrit à son cousin Willy : Je compte sur ta sagesse et ton amitié. Néanmoins son cousin lui réplique: Actuellement, il est en ton pouvoir d'empêcher la guerre…
Personne ne menace l'honneur et la puissance russe… La paix peut encore être sauvée par toi si tu consens à arrêter les préparatifs militaires menaçant l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie..
Les économistes, comme les hommes politiques russes ne croient pas à l'imminence de la guerre.
D'ailleurs, les Empires centraux ne pensent pas que la Russie, affaiblie par les troubles révolutionnaires de 1905, veuille faire la guerre, mais, le 23 juillet 1914, Raymond Poincaré, en visite officielle à Saint-Pétersbourg, promet son aide à la Russie. Il est l’ami du Premier ministre russe, qui n’a pourtant pas voté un budget suffisant à l’armée. Ils imaginent cependant que l'armée russe agirait comme un rouleau compresseur sur les armées ennemies.
Malgré les conseils de sa femme, du comte Witte, du comte Freedrickcz, grand maréchal de la cour, Nicolas II est victime des intrigues des panslavistes et des partisans de l'alliance franco-russe. Il a néanmoins des doutes. Je pense à la responsabilité que je dois assumer.
Tu penses que cela coûtera la vie à des milliers de russes. Sazonov, tu m’as convaincu mais c’est le jour le plus triste de ma vie, écrit Nicolas II à son ministre des Affaires Étrangères, avant de signer l'ordre de mobilisation. Sazonov est honnête et capable, mais égaré par sa haine des Autrichiens.
Le 30 juillet 1914, la Russie, inconsciente du danger et belliciste, est la première à mobiliser ses troupes. Sazonov veut récupérer des territoires, comme la Posnanie et la Galicie, en cas de victoire sur l'Allemagne qui ne feront qu'aggraver le problème des minorités, dont la reconstitution de la Pologne dans son intégrité territoriale.
Cette initiative de mobilisation russe fait que le peuple allemand se sent agressé. L’entrée en guerre, et le manifeste du tsar du 2 août 1914, suscitent un renouveau du patriotisme russe comme en 1812. Des images d'actualités de l'époque le montrent déclarant la guerre devant une foule enthousiaste. La Russie est enfin réunieL2 12. L'Église et les cosaques sont les plus exaltés, et à la Douma, même les députés bolcheviks ne votent pas contre l'accroissement du budget militaire, malgré les ordres de Lénine de préparer la défaite.
Ils s'abstiennent, ce qui est déjà une exception en Europe où l'heure est à l'union sacrée.
Nicolas II, qui a été très heureux par le passé au sein de son régiment, rêve d'être à la tête des armées, mais il ne le sera qu'en 1915. Pour l'heure, les armées sont dirigées par le grand-duc Nicolas, oncle de l'empereur et extrêmement populaire. L'autocrate veut rejoindre le front, mais son entourage s'y oppose. Le tsarisme retrouve sa vigueur et sa légitimité : 1914 est son année de gloire.

Le régime impérial à l'épreuve de la Première Guerre mondiale


L'engrenage des alliances conduit la Russie à entrer dans la Première Guerre mondiale aux côtés de la France et du Royaume-Uni, contre l'Empire allemand, l'Empire austro-hongrois et l'Empire ottoman. Elle inspire confiance à ses alliés :
financièrement au moyen des emprunts russes souscrits par plus d'un million et demi de petits épargnants français.
militairement par le nombre considérable d'hommes qu'elle peut aligner face aux armées des Empires centraux.

Les défaites et les succès militaires de 1914

Les armées russes ne sont pas préparées à la guerre moderne, en sous-effectif du fait du manque d’armes, malgré 14 millions d’hommes mobilisés. Elle souffre de problèmes logistiques et son artillerie et son aviation sont insuffisantes. Les détroits turcs étant fermés, les alliés ne peuvent lui livrer de l’armement et des munitions qu’au compte-gouttes par Mourmansk et Vladivostok.
Conformément aux engagements pris envers la France, l'armée russe attaque début août 1914 en Prusse-Orientale et en Galicie.
Face à l’Allemagne, dont les forces principales attaquent la France et la Belgique et ne laissent que quelques corps d'armées en Prusse orientale, les armées russes sont battues à la bataille de Stalluponen, mais remportent celle de Gumbinnen. La riposte allemande, fin août, commandée par Paul von Hindenburg et Ludendorff à la bataille de Tannenberg et à la bataille des lacs de Mazurie, est foudroyante. Les Allemands capturent 90 000 prisonniers et récupèrent beaucoup d’armement ennemi à Tannenberg62. À la bataille des lacs de Mazurie le nombre de prisonniers atteint 100 000. Curieusement dans son Journal, le tsar fait silence sur ces désastres, mais il va se réjouir des nouvelles du front galicien.

Nicolas II et le grand-duc Nicolas.

L'offensive menée par ce prince sauve Paris en obligeant Moltke à dégarnir le front ouest.
Les armées russes obtiennent quelques francs succès face aux Autrichiens en occupant la Galicie orientale. C’est la victoire de Lemberg, qui fait 300 000 morts et 130 000 prisonniers dans les rangs austro-hongrois.
La bataille de Lodz sauve la Silésie, mais l'armée ottomane est battue à plusieurs reprises dans le Caucase. Ces victoires sont dues en partie au grand-duc Nicolas, commandant suprême des armées impériales russes, qui est très populaire, car il se soucie notamment beaucoup du sort des blessés. L'empereur est envieux de ses victoires et, semble-t-il d'après certains historiens, de sa taille et de sa belle prestance. L'impératrice, quant à elle, le déteste, depuis qu'un jour Raspoutine, annonçant qu'il voulait se rendre au grand quartier général, s'est vu répondre par le grand-duc : Il peut venir mais il sera pendu .
Les armées du IIe sont peu nombreuses sur le front oriental.
Les armées austro-hongroises comptent de nombreux Slaves et l'armée ottomane est médiocre, mais Moltke et Ludendorff suscitent à la cour et dans l’armée impériale, le parti oriental. Pour eux, l'issue de la guerre à l’ouest est impossible et la seule solution est de vaincre les Russes et d'obtenir la paix avec Nicolas II ou ses successeurs.

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#303 Nicolas II empereur de Russie 2ème partie
Loriane Posté le : 18/05/2014 21:14

La pénurie et l'isolement 1915

Portrait de Nicolas II en 1915, par Boris Koustodiev.
En 1915, la situation de la Russie est préoccupante. Les zemstvos sont méfiants à l'égard du régime, la Douma est hostile, les minorités politiques et ethniques s'agitent et le gouvernement est incapable de diriger le pays et de mener la guerre. Les ingénieurs allemands ne sont plus là, donc la production s'effondre et les armes que la Russie n'arrive pas à produire en quantité suffisante viennent à manquer. Celles qui proviennent des Alliés ne parviennent en Russie que par les ports de l'océan Arctique.
Une contre-offensive austro-allemande balaie les conquêtes en quelques semaines. Les Russes reculent, abandonnant la Pologne, la Lituanie et une partie de la Lettonie.
Nicolas II démet alors le grand-duc Nicolas de ses fonctions de commandant suprême des armées impériales.
Le 21 août 1915, ne possédant ni les aptitudes, ni la formation, l'empereur se met à la tête des armées. Elles sont obligées de se replier et leur dénuement devient catastrophique. Le conseil de guerre, qui est présidé par un monarchiste constitutionnel et un nationaliste, membre de l'Union du peuple russe, désapprouve le 4 septembre 1915 le limogeage du grand-duc et rappelle au tsar que l'armée russe a perdu en treize mois 4 000 000 hommes, tués, blessés ou prisonniers et bat en retraite. L'empereur ne répond pas.
Nicolas II refuse même de recevoir un homme de confiance allemand à Petrograd porteur d'offres, comme un privilège russe sur les détroits ottomans. C'est pour Nicolas le seul moyen de sauver sa dynastie en péril. Guillaume II demande même à ses armées de freiner leur avance, mais le tsar oppose un Niet solennel et définitif aux offres allemandes. Hindenburg a les mains libres et l'Allemagne abandonne le tsar et choisit de déstabiliser la Russie en y favorisant la révolution.

1916

Le bilan de l'année 1916 est très contrasté : depuis le début de l'année, la Russie peut compter, en partie grâce au doublement du Transsibérien, sur un afflux de matériel de guerre étranger, fourni par les Alliés, ce qui améliore notablement les capacités de combat des troupes russes, confrontées jusque là à une terrible pénurie de moyens militaires. La production russe fait d'étonnants progrès et 144 écoles d'officiers fournissent de jeunes cadres à l'armée impériale qui vont donner ses plus belles victoires aux armées du tsar.
Pendant que les Alliés attaquent sur la Somme, Nicolas II lance une vaste offensive en Galicie. En mars 1916, Broussilov est affecté au commandement du Corps Sud-Ouest regroupant quatre armées russes. En juin, il lance son offensive en Galicie. Celle-ci, au début victorieuse et prometteuse, se révèle au fil des mois extrêmement coûteuse en hommes, mais convainc la Roumanie d'entrer en guerre.
Les armées autrichiennes, retenues sur le Trentin, sont rapidement hors de combat. Deux armées austro-hongroises sont détruites. Les Russes font 400 000 prisonniers et sont aux frontières de la Hongrie et leur effondrement paraît si complet que l'Allemagne doit envoyer plusieurs divisions à leur secours pour les maintenir dans la guerre et même des contingents ottomans.
Malgré l'insuffisance de l'armement, la faiblesse du commandement et les désastres militaires qui se soldent par des milliers de tués, de blessés et de prisonniers, ce n'est pas le front russe qui s'effondre : c'est l'arrière qui ne tient plus. Le mouvement des grèves reprend avec une ampleur extraordinair
Le degré de développement du pays est insuffisant pour faire face aux besoins d'une guerre moderne et en même temps pour assurer les besoins de l'arrière. La conversion de l'industrie, en industrie de temps de guerre, permet de fabriquer les équipements nécessaires à la défense du pays, mais entraîne l'asphyxie économique des autres secteurs de l'économie. Ce phénomène est aggravé, car la Russie est isolée de ses principaux partenaires européens.
L'Allemagne fournissait 50 % des produits manufacturés et achetaient 33 % des matières premières. Beaucoup d'ingénieurs et de conseillers venaient des empires centraux. Au bout de quelques mois, l'arrière manque de biens de consommation et les prix des denrées de base augmentent considérablement.
La désorganisation des transports perturbe le ravitaillement du front et de l'arrière, notamment dans les centres urbains où l'afflux des réfugiés accroît la précarité de l'approvisionnement. Les campagnes sont également touchées par la mobilisation massive d'hommes pour l'armée, par les réquisitions de cheptel et de céréales. Il devient manifeste que l'autocratie n'est plus capable de gouverner en temps de guerre. Partout dans l'Empire s'organisent des comités de zemstvos ou autres qui prennent en charge la gestion du quotidien que l'État est incapable d'assumer.
Les populations apprennent à résoudre les problèmes par elles-mêmes, étant donné que le pouvoir est de plus en plus désorganisé et lentement s'évanouit. De fait, pour la Russie et pour son souverain, cette évolution constitue une grande chance. La société fait l'apprentissage d'un système démocratique, mais ni le tsar, ni les partis politiques ne vont profiter de cette révolution invisible et pacifique avec laquelle le pays aurait pu s'installer dans la modernité.
Le prince Youssoupoff tue le fakir vagabond, Raspoutine, qui incarne pour lui le bolchévisme en marche. Il est vrai que cet individu va largement contribuer à donner une mauvaise image de la tsarine et la pousser à demander la nomination d'incapables et de traîtres.

L'hiver 1917 Révolution de Février.

Le prince Gueorgui Lvov, principal opposant à Nicolas II, premier Premier ministre post-impérial de la Russie, du 23 mars au 7 juillet 1917.
Dès janvier 1917, les protestations au sein la Douma et les mouvements ouvriers s'intensifient dans la capitale. Les premiers tracts bolcheviks qui invitent l'armée à renverser le gouvernement sont distribués. Il devient évident, à Petrograd, que des promesses à la Douma, de la part du souverain, sont indispensables pour éviter la fin de l'Empire. Nicolas II a un entretien au grand quartier général avec l'attaché militaire britannique, Hanbury-Williams.
Il s'exprime sur les réformes à entreprendre : Le pouvoir doit être décentralisé en partie dans l'Empire, mais l'autorité suprême doit rester au souverain. La Douma doit avoir plus de pouvoirs, mais seulement graduellement parce qu'il est difficile de développer l'instruction des masses avec une satisfaisante rapidité.
À la Douma, une majorité de députés se rassemble derrière les Octobristes du Bloc progressiste qui réunit les deux tiers de ses membres et est dirigé par le prince Lvov et par Milioukov. Ces nobles ou ces bourgeois espèrent tous que l'empereur va sauver la Russie du chaos. Celui-ci en guise de réponse à leurs souhaits de réformes, nomme leur pire ennemi, Boris Stürmer, accusé par les nationalistes d'être un partisan de l'Allemagne. Puis, Nicolas II nomme Alexandre Feodorovitch Trepov, qui conseille au tsar de donner plus de pouvoir à la Douma et qui veut se faire apprécier des députés. Dans les deux cas, Trepov connaît l'échec, et il donne sa démission le 9 janvier 1917 au bout de cinq semaines à la tête du gouvernement.
En février 1917, Nicolas II nomme le prince Galitzine président du Conseil d'État. Celui-ci demeure à son poste jusqu'à l'abdication du 3 mars 1917. Il refuse d'abord sa nomination en demandant à Nicolas II de nommer quelqu'un d'autre à sa place. Le prince a la faveur de l'impératrice Alexandra.
Mais Lvov n'est pas leur pire ennemi.

Alexandre Protopopov le dernier ministre de l'Intérieur de la Russie impériale 1916 à 1917
.

À la cour, une partie de la famille impériale veut faire abdiquer Nicolas et envoyer l'impératrice dans un couvent. Des hypothèses sont évoquées dans un cercle restreint comme de porter sur le trône le tsarévitch avec comme tuteur le populaire grand-duc Dimitri, mais ce ne sont que suppositions.
Rodzianko propose à Nicolas II d'envoyer l'impératrice au palais Livadia, en Crimée jusqu'à la fin de la guerre ; l'empereur refuse. Il déclare désormais à la fin de tous ces entretiens : "J'ai voulu plaire à la Douma. Voyez ma récompense."
Même le ministre de l'intérieur, Alexandre Protopopov, l'un des grands naufrageurs du régime tsariste, incapable et dérangé, mais protégé de l'impératrice, veut faire un coup d'État et organiser des élections anticipées.
Toutefois, l'opposition modérée et les comploteurs de salon ne sont pas le danger réel. La montée du mouvement des grèves a repris avec une ampleur extraordinaire. Les militants bolcheviks qui sont ouvriers ne sont pas mobilisés et les rares qui le sont contribuent à démoraliser les troupes. Lénine veut transformer la guerre des peuples en guerre civile.
Pour augmenter la production, des sous-prolétaires venus des campagnes s’entassent dans des dortoirs à Pétrograd. Des femmes du peuple sortent dans la rue au cri de Du pain ! De la chaleur !. Les 150 000 soldats de la garnison sont noyautés par les militants ouvriers. Les dirigeants révolutionnaires sont en exil ou en prison ou bien encore dans la clandestinité. Lénine écrit à Alexandre Chliapnikov 1885-1937 : Les échecs militaires tsaristes aident à l’effondrement du tsarisme. Ils facilitent l’union des travailleurs révolutionnaires… Les anarchistes, les socialistes-révolutionnaires, les mencheviks et les bolcheviks sont désormais en relation étroites.

Nicolas II est au grand quartier-général à Moghilev, en Biélorussie. L’homme fort est le ministre de l'Intérieur Protopopov, détesté à la fois des libéraux et de la droite. La ville n’est pas approvisionnée. Il fait – 40 °C. Chez Maxime Gorki, le député de gauche modérée Alexandre Fedorovitch Kerensky rencontre le pro-bolchevik Alexandre Chliapnikov.

La semaine qui va ébranler la Russie commence par des émeutes de la faim…

Dans la soirée du 25 février, Nicolas II ordonne de faire cesser par la force, avant demain, les désordres à Petrograd. Le refus de toute négociation, de tout compromis va faire basculer le mouvement en une révolution. Au cours de la journée du 27, la garnison de Petrograd environ 150 000 hommes passe du côté des insurgés.
À la surprise générale, l'État-major fait pression sur le tsar pour que celui-ci abdique afin de sauver l'indépendance du pays et assurer la sauvegarde de la dynastie. Nicolas déclare à ses derniers généraux fidèles : Que pouvais-je faire d’autre, ils m’ont tous trahi.
Le général Alekseïev, soutenu par les commandants des cinq fronts, le convainc en arguant que l'abdication serait le seul moyen de poursuivre la guerre contre l'Allemagne. Le 2 mars 1917, Nicolas II renonce au trône en faveur de son frère, le grand-duc Michel. Nicolas II évite volontairement de confier une trop lourde tâche à son fils Alexis en raison de son état de santé.
Devant la protestation populaire, celui-ci renonce à la couronne le lendemain. En cinq jours, sans avoir pu offrir la moindre résistance, l'Ancien Régime russe s'écroule comme un château de cartes.

De l'abdication de la famille impériale à son massacre Cinq mois cloîtrés

Les quatre grandes-duchesses et le tsarévitch en juin 1917 avec les têtes rasés du fait de la rougeole qu'ils avaient contractée.
Les ouvriers, paysans ou soldats, qui dans leurs nombreuses pétitions au soviet de Petrograd, demandent que des mesures soient prises contre le tsar, sont très peu nombreux. Des soldats du front veulent qu’ils partent, des paysans ressuscitant les mirs se saisissent de ses terres. Même dans les faubourgs où il est surnommé Nicolas le sanglant, on ne crie pas vengeance sur son passage. Les policiers, mais aussi le clergé orthodoxe, les officiers, les propriétaires terriens et même assez étrangement la Douma sont désormais les ennemis du peuple.

Certains hommes politiques modérés essaient de sauver la dynastie en sacrifiant Nicolas. En vain ! Nicolas est arrêté par le gouvernement provisoire. Nicolas II entend répéter à tous ceux qu’il rencontre les termes employés par le représentant du gouvernement provisoire : Savez-vous que désormais le tsar est privé de liberté.
Alexandra est encore en liberté au palais Alexandre avec quelques fidèles, dont le vieux comte Benckendorff, protégés par les gardes à cheval de Novgorod.
L'ex-empereur demande à pouvoir rejoindre sa famille au palais Alexandre et de là à s’exiler jusqu’à la fin de la guerre, pour retourner ensuite à tout jamais en Crimée. Le gouvernement provisoire accède à ses demandes. Kerensky se met d’accord avec Milioukov pour que l’ancien empereur parte pour l'Angleterre, mais le gouvernement provisoire lui offre aussi de choisir entre partir ou demeurer en Russie.

Nicolas II en captivité à Tsarkoie-Selo en 1917

Cependant le 9 mars 1917, la garde du palais Alexandre se retrouve sous l'autorité de contingents révolutionnaires. Personne ne peut plus sortir ou entrer au palais et les lignes téléphoniques sont coupées. Toutefois Kerensky refuse que la famille impériale soit transférée dans une forteresse.
Milioukov, qui se dit monarchiste, malgré une grande campagne britannique en faveur du fidèle allié, veut faire passer l'ancien tsar en jugement et déclare que cela n’est pas possible. Puis c’est la gauche britannique et le roi – son cousin - qui poussent le gouvernement britannique à ne pas lui accorder le droit d’asile.
Peu à peu, les conditions de détention se durcissent. De simples soldats donnent des ordres à l'empereur déchu, malgré les interventions d'officiers et pendant cinq mois ces gardes sont insolents avec ses filles. Le tsar se dit cloîtré avec sa famille comme des prisonniers. Toutefois Kerensky est, semble-t-il, un humaniste, le prince Lvov est monarchiste, comme Milioukov.
Le désordre grandit et le mouvement révolutionnaire se durcit, inquiétant les militaires russes et alliés. La plupart d’entre eux regrettent leur choix et leur soutien à une révolution qui ne bénéficie qu’à l’armée allemande et aux dirigeants bolcheviks.
Ces derniers sont farouchement hostiles au dernier souverain. Ils excitent en permanence la fureur populaire contre le tyran buveur de sang et contre l’Allemande, qui ne sont pas sans rappeler les surnoms du roi Louis XVI et de sa femme.
D'ailleurs, ils évoquent sans cesse le précédent de la fuite et de l'arrestation de Louis XVI à Varennes. Pour empêcher une telle possibilité de retour des Romanov sur la scène de l’histoire, ces personnes redoutables doivent être remises au Soviet .
Nicolas ne peut pas partir de Tsarskoïe Selo, ni se rendre en Crimée. Selon les rares témoins, il lit, jardine, marche et surtout prie pour que sa patrie et son armée restent fidèles à leurs alliés. Il est vêtu de son uniforme tout simple et porte sa croix de chevalier de Saint-Georges sur le cœur.
Les premières vexations se multiplient et les siens comprennent qu’ils ne sont pas tombés seulement au rang de citoyens ordinaires. Ils assistent impuissants à tous les sursauts de la révolution russe et à l’irrésistible avancée des troupes allemandes.
Kerensky les envoie à Tobolsk, Sibérie occidentale, le 31 juillet, soi-disant pour protéger Nicolas des bolcheviks. En réalité, les bolcheviks, pour une fois, se soucient très peu des Romanov, en juillet 1917. Kerensky craint un coup d’État monarchiste qui se servirait du tsar comme étendard, mais, les tentatives monarchistes pour libérer Nicolas sont quasi inexistantes et se limitent à quelques tracts distribués à Madrid, à Nice, à Lausanne et tout de même… à Yalta.
Cependant, Kerensky n’a pas totalement tort. Le général Kornilov est nommé par lui nouveau commandant en chef.
Alors que l’armée se disloque, il incarne un retour à la discipline de fer antérieure : il a déjà donné l’ordre en avril de fusiller les déserteurs et d’exposer les cadavres avec des écriteaux sur les routes, et menacé de peines sévères les paysans qui s’en prendraient aux domaines seigneuriaux.
Ce général, réputé monarchiste, est en réalité un républicain indifférent au rétablissement du tsar, et un homme issu du peuple fils de cosaque et non d’aristocrate, ce qui est rare pour l’époque dans la caste militaire. Avant tout nationaliste, il veut le maintien de la Russie dans la guerre, que ce soit sous l’autorité du gouvernement provisoire ou sans lui. Beaucoup plus bonapartiste que monarchiste. Il redonne néanmoins un peu d’espoir à la famille, à Nicolas et à ses proches.

Affaire Kornilov.La détention à Tobolsk

Le train part le 31 juillet 1917 et arrive le 3 août à Tioumen. De là, le bateau part à Tobolsk Sibérie occidentale.
La ville ne connaît pas d’insurrection d’octobre. La réalité du pouvoir appartient à un comité de sauvegarde, dans lequel les bolcheviks sont très minoritaires. Nicolas et sa famille peuvent se promener en ville avec des gardiens et recevoir des prêtres, mais les conditions de vie sont très difficiles. La maison du gouverneur a été pillée, vandalisée. Nicolas II note :
"Depuis quelques jours, nous recevons du beurre, du café, des gâteaux secs et de la confiture de la part de braves gens qui ont appris que nous avions dû comprimer nos dépenses de nourriture".
Des passants s'arrêtent parfois devant la maison et bénissent la famille impériale en faisant un signe de croix. Les gardes les chassent mollement. Nicolas joue aux dames avec eux. À Tobolsk, le pouvoir bolchévique ne s’est instauré que le 15 avril 1918.
Nicolas regrette son abdication en apprenant avec bien du retard les nouvelles du pays. Dès que les bolcheviks prennent le pouvoir le sort des captifs s’aggrave. Nicolas est contraint d’ôter ses épaulettes.
Ils sont traités désormais comme de véritables prisonniers. Les anciens combattants qui les gardaient sont remplacés par des gardes rouges. Lénine pense qu’il faut exterminer une centaine de Romanov, et en mars 1918 il ne veut pas d’un procès.

L'ex-tsar, Olga, Tatiana et Anastasia pendant leur captivité à Tobolsk en 1917.
Le pouvoir bolchevik considère que l'ancien empereur ne peut être ramené à Kronstadt avant la débâcle des rivières et ainsi à Moscou, la nouvelle capitale, on décide que le problème de l’ex-tsar n’est pas à l’ordre du jour.
Les monarchistes ne sont pas non plus très soucieux du sort de l'ancien monarque. Certes un ex-sénateur, Tougan-Baranovski, achète une maison en face de la résidence du gouverneur et creuse un tunnel, mais il est entouré d’un nombre de personnes limité et ce projet n’est pas terminé quand Nicolas est emmené à Iekaterinbourg. Il est vrai que beaucoup de partisans sont morts au front ou tués par les révolutionnaires.
Tout d'un coup, peut-être du fait de rumeurs d'évasion, Sverdlov estime que le problème des Romanov est désormais à l’ordre du jour. Le 2 mai 1918, le Praesidium du Comité central décide de déplacer les Romanov de Tobolsk à Iekaterinbourg, mais Omsk revendique aussi leur présence. Les parents et la grande-duchesse Marie partent sous bonne garde, pensant être transférés à Moscou pour contresigner le traité de Brest-Litovsk, mais le 7 mai 1918, les trois sœurs et leur frère apprennent qu’ils sont détenus à Ekaterinbourg. Les bolcheviks locaux se sont emparés d’eux, à leur passage dans cette ville. Cette étape du martyre des Romanov est particulièrement affreuse et redoutée à l’avance.

La maison à destination spéciale

En avril 1918, les bolcheviks conduisent le tsar, la tsarine et la grande-duchesse Marie, à Ekaterinbourg dans la maison à destination spéciale. Les trois autres filles du tsar sont restées à Tobolsk pour prendre soin d'Alexis, atteint d'une grave crise d'hémophilie. Ils rejoindront le reste de leur famille un peu moins d'un mois plus tard. Ils sont confiés au commissaire militaire pour l’Oural, Isaac Golochekine, un des compagnons de Lénine, arrivé de Suisse avec lui, mais surtout ami de Sverdlov. Quand Nicolas comprend que sa destination est Ekaterinbourg, il déclare : "J’irai n’importe où, mais surtout pas dans l’Oural." Cette ville est, selon Hélène Carrère d'Encausse, " dans l’Oural rouge, peuplée d’extrémistes—bolcheviks, anarchistes et socialistes-révolutionnaires—qui réclament bruyamment l’exécution du buveur de sang".

La garde de la famille impériale est assurée par des hommes ayant toute la confiance du commissaire Golochekine. Ce sont des ouvriers travaillant dans les usines avoisinantes. Le commandant Avdeïev commande la garde extérieure et intérieure de la maison Ipatiev. C'est un ivrogne au vin mauvais avec un passé de voyou. Il aime humilier ses prisonniers. Violent et borné, il n'adresse la parole à l'ancien monarque qu'en le traitant de buveur de sang.
Le logement du commandant et de dix autres gardes se situe à l'étage réservé à la famille impériale. Cette cohabitation est source pour les membres de la famille impériale de nombreuses vexations. Ils sont les victimes d'incessants quolibets de la part des gardes, de plaisanteries douteuses à l'encontre des jeunes grandes-duchesses, qui couvrent les murs d’inscriptions obscènes et volent tout ce qu’ils peuvent, dont les provisions destinées à l’ancien tsar et ses proches.
Aucune intimité n'est possible les membres de la famille qui sont dans l'obligation de partager cette maison sale et sans aucun confort avec leurs geôliers. Une palissade est élevée autour de la maison Ipatiev. Les vitres sont recouvertes de peinture et les détenus reçoivent l'ordre de laisser leurs portes ouvertes.

Toutefois en juin, la garde est changée avec à sa tête un bolchevik de toujours, Iakov Iourovski, membre du comité exécutif du soviet de l’Oural et surtout membre du collège de la Tcheka. Nicolas II écrit dans journal le 21 juin 1918 : On nous a changé la garde Avdeïev, si désagréable est remplacé par Iourovski… Il nous a pris nos bijoux… et nous les a rapportés dans une boîte qu’il a cachetée en nous priant d’en vérifier le contenu. Puis il nous l’a remise en garde… Iourovski a compris que les gens qui nous entouraient gardaient pour eux la plus grosse partie des provisions qui nous étaient destinées….
Jacob Iourovski est juif, mais les autres tchékistes ne le sont pas, contrairement à ce qui se racontera. Ce sont des étrangers, des Autrichiens, des Hongrois, des Lettons, qui sont tous très peu instruits et ne comprennent donc pas les propos des prisonniers et ne cherchent pas à les comprendre.

En dehors de la maison Ipatiev, la situation de l’État bolchévique se dégrade :

crise diplomatique avec l’Allemagne qui occupe l’ensemble de la Pologne, les pays baltes, une partie de la Russie Blanche, et l’Ukraine ;
débarquement des alliés à Mourmansk et des Japonais à Vladivostok ;
soulèvement de la Légion tchèque et formation d’une armée anti-bolchévique composée de libéraux, de socialistes-révolutionnaires et de monarchiste à Samara, au sud d’Ekaterinbourg.
Il est trop tard pour transférer l’ex-tsar et sa famille dans une zone plus sûre. C’est un problème aigu pour Lénine. Il faut supprimer Nicolas et tous les siens...
Nicolas II déclare à un ami deux jours avant son assassinat : Au fond, je suis déjà mort... mort mais pas encore enterré.

Assassinat de la famille impériale russe.

Avant même son arrivée, le 21 juin 1918 Iourovski reçoit des instructions du soviet de l’Oural concernant les préparatifs pour une prochaine exécution.
Alarmé par l'avance de l’armée blanche, qui approche d’Ekaterinbourg, il reçoit bientôt ce message : "
Informé de la menace que font peser les bandits tchécoslovaques sur la capitale rouge de l’Oural et prenant en considération le fait que le bourreau couronné, en se dissimulant, pourrait échapper à la sentence du peuple, le Comité exécutif, exécutant la volonté du peuple, a décidé de fusiller le ci-devant tsar Nicolas Romanov, coupable d'innombrables crimes sanglants".
Les jours suivants, Iourovski et son second, Ermakov, examinent les terrains du côté de Koptiaki, à dix-huit kilomètres de la ville, afin de trouver un endroit assez discret pour y enterrer les corps et garder secret le lieu de l’inhumation.

Iakov Sverdlov.

Début juillet, l'armée de Koltchak s'approche dangereusement de la ville, où sont enfermés Nicolas II et sa famille. Le Comité central du parti bolchevique, alors favorable à un procès public du dernier des Romanov, envoie à Ekaterinbourg Golechtchekine, un bolchevik parfaitement sûr, pour ramener Nicolas II et sa famille à Moscou et organiser le procès.
Pierre Gilliard raconte dans son livre : Le 4 juillet 1918, le commissaire Yakov Iourovski prit le commandement de la villa Ipatiev. Il emmena avec lui dix hommes, qui seront chargés de l’exécution. Pendant quelques jours, il parcourut la région à cheval pour repérer un endroit sûr où faire disparaître les corps.
Le 12 juillet, les officiers de l'Armée rouge préviennent que la chute de la ville n'est plus qu'une question de jours. Lénine et une partie du Bureau Politique décident alors secrètement de faire assassiner le tsar sans aucune autre forme de procès. Le 16 juillet, il reçoit de Sverdlov, à Moscou, l'autorisation d'abattre toute la famille. L'ancien monarque est peut-être fusillé avec toute sa famille dans la nuit du 17 au 18 juillet 1918, à Ekaterinbourg, une semaine avant que celle-ci ne tombe aux mains des Blancs.
En 1990, Marc Ferro se demande si Lénine n'a pas fait que consentir à une décision prise par le soviet régional de l'Oural qui devait de toute façon prendre une décision des armées blanches et souligne que la décision se limitait au tsar, peut-être au tsarévitch, mais pas aux femmes de la famille Romanov. La population d'Ekaterinbourg accueillit la mort du tsar avec "une stupéfiante indifférence".
Le 16 juillet au soir, Iourovski procura des pistolets à ses hommes. Après minuit, il demanda aux Romanov et à leurs domestiques Evgueni Botkine, Anna Demidova, Ivan Kharitonov et Aloïs Troupp de se préparer à être transférés dans un lieu plus sûr. Tout le monde descendit par les escaliers intérieurs jusqu’au sous-sol. L’ex-tsar portait son fils dans ses bras. Il y avait deux chaises, où s’assirent l’empereur et l’impératrice, Alexis se trouvait sur les genoux de son père, les grandes-duchesses et leurs domestiques se trouvaient debout à côté du couple impérial.
Iourovski, prétextant qu’il allait chercher un appareil photographique pour prouver leur bonne santé auprès de Moscou, alla régler les derniers détails du massacre avec ses hommes de mains, puis il ouvrit la double porte où se trouvaient les prisonniers. Les douze hommes s’alignèrent sur le seuil en trois rangs. Dehors, le chauffeur du camion mit le moteur en marche pour couvrir le bruit des détonations.
Au premier rang des tueurs, Iourovski sortit un papier et se mit à le lire rapidement : Du fait que vos parents continuent leur offensive contre la Russie soviétique, le comité exécutif de l’Oural a pris le décret de vous fusiller.
La fusillade se déchaîna aussitôt, dans le désordre le plus absolu. Il n’était plus question de préséance révolutionnaire : la plupart des soldats visèrent le tsar. Le choc des multiples impacts le projeta en arrière et il s’effondra, mort sur le coup. Alexandra et la grande-duchesse Olga eurent à peine le temps d’esquisser un signe de croix avant de tomber à leur tour, ainsi que Troupp et Kharitonov
Dans la fumée de la poudre qui emplissait la pièce, le tsarévitch effondré par terre, faisait preuve, selon Iourovski, d’une étrange vitalité : il rampait sur le sol en se protégeant la tête de la main. Nikouline, maladroit ou trop énervé, vida sur lui un chargeur sans réussir à le tuer. Iourovski dut l’achever de deux balles dans la tête. Le sort des grandes-duchesses fut encore plus horrible : les projectiles ricochaient sur leurs corsets où elles avaient cousu des bijoux et des pierres précieuses pour les dissimuler aux gardiens.

Iakov Iourovski.

Iourovski dira, plus tard, qu’elles étaient blindées, ce détail, une fois connu, a alimenté les rumeurs des survivants car les bijoux avaient servi de gilets pare-balles, et également celle d’un fabuleux trésor. Anna Demidova fut aussi longue à mourir. Les tueurs avaient vidé leurs armes, mais cela ne suffit pas, car trois des grandes-duchesses étaient encore en vie.
Selon son témoignage, Kabanov alla chercher une baïonnette en forme de couteau d’une Winchester pour les achever. D’autres l’imitèrent.
Les victimes sont au nombre de onze : Nicolas II, sa femme Alexandra Fedorovna, ses quatre filles Olga, Tatiana, Maria et Anastasia, son fils Alexis, le médecin de la famille Ievgueni Botkine, la femme de chambre Anna Demidova, le valet de chambre Alexeï Trupp et le cuisinier Ivan Kharitonov. Une vidéo reconstituant le massacre du tsar et de sa famille permet de mieux comprendre le déroulement des événements.
Aussitôt l’exécution terminée, les corps sont chargés dans un camion et emmenés à un ancien puits de mine, dans le bois de Koptiaki, où ils sont jetés après avoir été dépouillés de leurs vêtements et de leurs bijoux. Iourovski s'avise vite cependant que les Blancs ne tarderont pas à les retrouver. La nuit suivante, aidé d'un autre commando, il repêche les cadavres et les emmène plus loin dans la forêt. À un moment, le camion s'enlise définitivement dans le sentier et il décide de les enterrer sur place. Après avoir fait brûler deux corps, les hommes de Iourovski préparent une fosse commune pour les autres. Ils y installent les corps, les aspergent d’acide sulfurique pour empêcher leur identification s’ils étaient retrouvés, puis remplissent la fosse en plaçant, par dessus, des traverses de chemin de fer.

Deux jours plus tard, Iourovski part pour Moscou, emmenant avec lui les biens des Romanov. Il est également chargé de convoyer jusqu’à la capitale l’or des banques de l’Oural. Il expliquera ses actes dans sa confession du 1er février 1934.

Du massacre à la réhabilitation

Monogramme de Nicolas II de Russie Après le massacre 1918

La destruction totale des restes a pour but d’éviter qu’ils ne deviennent des reliques, mais aussi pour conséquence de permettre à des pseudo-historiens et des escrocs de nier le massacre ou surtout de faire croire à l’existence de survivants. Sverdlov fait biffer la mention concernant la famille sur un tract annonçant le massacre. À Trotski, qui avait soutenu l’idée d’un procès, Sverdlov répond froidement : Nous l’avons décidé ici. Illitch Lénine était convaincu que nous ne pouvions laisser aux Blancs un symbole auquel se rallier. Lénine de son côté nie qu’il soit pour quelque chose dans le meurtre des enfants de Nicolas et des membres de sa famille.
Après la reprise de la ville d'Ekaterinbourg par la légion tchèque, les pièces de la maison où a eu lieu le massacre sont placées sous scellés et le général tchécoslovaque Radola Gajda installe son état-major à l'étage. Son bureau personnel se trouve alors dans la pièce qui avait été affectée au couple impérial. Le 7 février 1919, l'amiral Koltchak, chef des armées blanches, confie l'enquête à Nicolaï Sokolov et Mikhaïl Dieterichs sur la mort de Nicolas II et de sa famille. Le juge Sokolov découvre dans un puits de mine, dont parlent aussi les bourreaux, des vêtements et des objets personnels, dont six buscs de corsets de femme, appartenant aux six victimes féminines.

Controverses

Controverses sur la mort de la famille impériale russe.
Le sort de la famille impériale reste pendant longtemps sujet à controverses : si le juge Sokolov conclut immédiatement au massacre collectif et à l'incinération des corps, diverses personnes contestent ses conclusions. Le mythe de l’immense fortune impériale dormant dans des coffres étrangers ferait fantasmer des journalistes qui écriraient, d'après Hélène Carrère d'Encausse, des ouvrages dénués de sérieux, à partir de rumeurs répandues dans la région.
Ainsi en serait-il de Marina Grey, fille du général Denikine, qui tenterait de démontrer la survie courte -limitée à quelque mois ou aux quelques années de la guerre civile russe- d'une partie de la famille impériale. Seuls le tsar, le tsarévitch et les quatre membres de l'entourage impérial auraient été exécutés.

Confirmation et inhumation Dernière demeure du tsar.

Église "sur le sang" construite sur le lieu de la villa Ipatiev, détruite en 1977 par Boris Eltsine, à Ekaterinbourg.
En 1990, les corps de la famille impériale sont retrouvés et exhumés, puis identifiés par une analyse ADN. Deux corps manquent pendant un temps, celui du tsarévitch Alexis, 13 ans, et celui de l'une des filles, Marie : d'après le rapport de Yourovsky, qui dirige l'exécution en 1918, ces deux corps ont été brûlés.
Le 17 juillet 1998, Nicolas II est inhumé avec sa famille sauf les deux corps non retrouvés dans la Cathédrale Pierre-et-Paul à Saint-Pétersbourg, ainsi que le docteur Ievgueni Botkine, médecin de la famille impériale, et leurs domestiques : Anna Demidova, Ivan Kharitonov et Alexeï Trupp. Ils sont inhumés en présence de plus de cinquante membres de la famille Romanov et de leurs proches parents, en particulier le grand duc Nicolas Romanovitch de Russie, chef de la maison impériale de Russie.
Sont également présents aux funérailles : Constantin Melnik petit-fils du docteur Ievgueni Botkine, H. Kharitonov petit-fils du cuisinier Ivan Kharinotov, Natalia Demidova petite-nièce de la femme de chambre Anna Demidova. En revanche sont absents le patriarche de Moscou Alexis II, la reine d'Angleterre, cousine du tsar.
Les corps auparavant introuvables des deux enfants du dernier tsar, Marie, 19 ans et Alexis, 13 ans, semblent avoir été retrouvés en 2007 dans une forêt de l'Oural. Le 25 juin 2008, les tests ADN menés par une équipe de scientifiques russes démontrent que les ossements sont bien ceux de l'héritier du tsar et de l'une de ses filles.
Le 30 avril 2008, Édouard Rossel, gouverneur de l'oblast de Sverdlovsk, déclare Le plus grand laboratoire génétique des États-Unis a confirmé leur identité, les corps retrouvés en août 2007, sont bien les corps des deux enfants du tsar Nicolas II, la princesse Maria et le tsarévitch Alexis ... Nous avons à présent retrouvé la famille au grand complet.

Canonisation

De gauche à droite : les grandes-duchesses Maria, Tatiana, Anastasia, Olga et le tsarévitch Alexis en 1910.
Canonisation des Romanov.
Le 14 août 2000, au vu de leur martyre, de la vénération populaire dont ils font l'objet et des miracles qui sont rapportés les concernant, Nicolas II et sa famille sont canonisés par l'Église orthodoxe de Russie, et inscrits dans le martyrologe de l'Église orthodoxe russe. Saint-tsar Nicolas est vénéré le 17 juillet, le lieu de pèlerinage est situé à Ekaterinbourg en l'église nouvellement bâtie sur le lieu où furent massacrés Nicolas II et sa famille en 1918.

Réhabilitation

Après plusieurs rejets de la plainte et des appels déposés par l'avocat de la grande-duchesse Maria Vladimirovna de Russie, la Cour suprême de Russie avait statué en novembre 2007 que Nicolas II et sa famille ne pouvaient pas être réhabilités, arguant de l'absence du verdict émis par les bolcheviks qui avaient condamné à mort la famille impériale. Mais, en octobre 2008, le Présidium de la Cour suprême a reconnu les actes de répression contre Nicolas II et sa famille comme injustifiées et a décidé de les réhabiliter. 90 ans après leur exécution sommaire, la justice russe reconnaît que le dernier tsar de Russie et sa famille ont été victimes du bolchevisme.
Boris Gryzlov, président en exercice de la Douma d'État de Russie depuis 2003, a condamné le 7 juin 2008 le massacre de la famille impériale, le qualifiant de crime du bolchévisme.

Divers

La fortune personnelle de Nicolas II était colossale. D'après le blog financier Celebrity Networth, il serait le cinquième homme le plus riche de tous les temps111.

Distinctions

1894: Ordre de Saint-André :
1894: Ordre de Saint-Alexandre Nevski :
1896 : Grand-croix de la Légion d'honneur remise par le Président Félix Faure
Ordre de l'Aigle blanc :
Ordre de Saint-Georges 4e classe :
Ordre de Saint-Vladimir 4e classe :
Ordre de Sainte-Anne 1re classe :
Ordre de Saint-Stanislas :
Ordre suprême de la Très Sainte Annonciade :
Chevalier Grand Croix de l'Ordre de la Couronne d'Italie :
Chevalier de la Grand Croix de Ordre des Saints-Maurice-et-Lazare:
Chevalier de l'Ordre du Bain :
Chevalier de l'Ordre de la Jarretière :
Ordre royal de Victoria :
Ordre de la Toison d'or :
Ordre de l'Étoile de Roumanie :
Ordre de la maison royale de Chakri :
Commandeur de l'Ordre du Soleil Levant 1re classe :
Chevalier Grand Coix de l'Ordre du Sauveur :
Grand cordon de l'Ordre de Léopold :
Collier de l'Ordre de la Croix du Sud :
Ordre de l'Aigle noir :

Généalogie

Nicolas II et le roi d'Angleterre George V, qui étaient cousins germains par leurs mères, se ressemblaient à un tel point qu'ils étaient souvent confondus l'un avec l'autre. Le duc de Kent actuel ressemble également beaucoup à Nicolas II.

Ainsi, au lendemain de la Révolution russe et du massacre de la famille impériale, un jour que le roi Georges V parut dans la pièce où se trouvait la grande-duchesse Xenia Alexandrovna, sœur de Nicolas II, entourée de ses serviteurs, ces derniers se méprirent sur l'identité de la personne et se jetèrent aux pieds du souverain britannique croyant que Nicolas II était ressuscité.

Ascendance de Nicolas II

Nicolas II appartient à la première branche de la Maison d'Oldenbourg-Russie (Holstein-Gottorp-Romanov), issue de la première branche de la Maison d'Holstein-Gottorp, elle-même issue de la première branche de la Maison d'Oldenbourg.

Ascendance de Nicolas II

Culture populaire
Nicolas II et sa famille au cinéma

Poster du film Darkest Russia
La vie et la mort du tsar et des siens ont inspiré beaucoup de films, la plupart inédits en France :

The Fall of the Romanoffs (1917)
Rasputins Liebesabenteuer (1928)
Arsenal, la révolte de janvier à Kiev, an 1918 (1929)
1914, die letzten Tage vor dem Weltbrand (1931)
Anastasia l'ultima figlia dello zar (1956)
Anastasia (1956)
L'ultimo zar (Les nuits de Raspoutine) (1960)
Nicolas et Alexandra (1971)
La Chute des aigles (Fall of Eagles) (1974) Miniserie TV
Anastasia: Il mistero di Anna (1986) Film TV
L'assassino dello zar (Careubijca) (1991)
Anastasia (1997) Film d’animation
Les Romanov : une famille couronnée (2000)
L'Arche russe (2002)
Bednaja Nastja (2003) Série TV
Engineering an Empire, (2006)
Amiral (8 octobre 2008), une superproduction cinématographique russe Amiral, à la gloire d’Alexandre Vassilievitch Koltchak, comme le titre Euronews, et qui obtient un succès record dans toute la Russie.

Nicolas II et sa famille dans la littérature

Jacqueline Monsigny, Les filles du tsar, Marie ou les tourbillons du destin, Paris Michel Lafon, 2003.
Franck Ferrand, L'ombre des Romanov, Paris, XO Edtions, 2010.
Steve Berry, Le Complot Romanov, États-Unis, Le Cherche midi, 2011.
Marc Ferro, Nicolas II, France, Petite bibliothèque Payot 1990.
Luc Mary, Les derniers jours des Romanov, éditions de l'Archipel,‎ 2008
Agnès Michaux, Le Témoin, Flammarion, Paris, 2009.
Michel Wartelle, L'Affaire Romanov ou le mystère de la maison Ipatiev, Louise Courteau éditrice, 2008, Québec, Canada
Précédé parNicolas IISuivi par
Alexandre III
Empereur de Russie
1894-1917

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Aujourd'hui l'Eglise célèbre la mémoire de l'Empereur Nicolas II et de la famille impériale


Le 17 juillet 1918, le Tsar Nicolas II et tous les membres de sa famille, retenus prisonniers par les bolcheviks, sont assassinés sans jugement à Ekaterineburg, à l’est de l’Oural.

Le Tsar aura régné sur la Russie de 1894 à 1917. Après avoir abdiqué en mars 1917, il s’était vu refuser le droit d’asile par les Britanniques. Relégué en Sibérie, il sera fait prisonnier par les bolcheviks. Il fut d’abord détenu au palais Tsarkoïe Selo, puis près de Tobolsk. La progression, en juillet 1918, des forces contre-révolutionnaires fit craindre aux Soviets que Nicolas ne soit libéré ; lors d’une réunion secrète, une sentence de mort fut prononcée pour le tsar et sa famille. Ils furent tués avec leurs serviteurs dans une cellule à Ekaterinbourg, dans la nuit du 16 juillet.

Pierre Gilliard, né en 1879 et mort le 30 mai 1962 à Lausanne était le précepteur des enfants du Tsar Nicolas II : les grandes-duchesses Olga, Tatiana, Maria, Anastasia et le tsarévitch Alexei. Gilliard raconte dans son livre : "Le 4 juillet 1918, le commissaire Yakov Yourovski prit le commandement de la villa Ipatiev. Il emmena avec lui dix hommes, qui seront chargés de l’exécution. Pendant quelques jours, il parcouru la région à cheval pour repérer un endroit sûr où faire disparaître les corps. Le 16 juillet au soir, Yourovski procura des pistolets à ses hommes. Après minuit, il demanda aux Romanov et à leurs suivants: Evgueni Botkine, la femme de chambre Anna Demidova, Ivan Kharitonov et Aloïs Troupp - de se préparer à être transférés dans un lieu plus sûr.

Tout le monde descendit par les escaliers intérieurs jusqu’au sous-sol. L’ex-tsar portait son fils dans ses bras. Il y avait deux chaises, où s’assirent l’empereur et l’impératrice, Alexei se trouvait sur les genoux de son père, les grandes-duchesses et leurs suivants se trouvaient debout à côtés du couple impériale. Yourovski, prétextant qu’il allait chercher un appareil photographique pour prouver de leur bonne santé auprès de Moscou, alla régler les derniers détails du massacre avec ses hommes de mains. Puis il ouvrit la double porte où se trouvaient les prisonniers. Sur le seuil, les douze hommes s’alignèrent sur trois rangs. Dehors, le chauffeur du camion mit le moteur en marche pour couvrir le bruit des détonations. Au premier rang des tueurs, Yourovski sortit un papier et se mit à le lire rapidement : "-Du fait que vos parents continuent leur offensive contre la Russie soviétique, le comité exécutif de l’Oural a pris le décret de vous fusiller."

La fusillade se déchaîna aussitôt, dans le désordre le plus absolu.
Il n’était plus question de préséance révolutionnaire : la plupart des exécuteurs visèrent le tsar. Le choc des multiples impacts le projeta en arrière et il s’effondra, mort sur le coup. Alexandra et la grande-duchesse Olga eurent à peine le temps d’esquisser un signe de croix avant de tomber à leur tour, ainsi que Troupp et Kharitonov. Le massacre prit rapidement un tour dantesque. Dans la fumée de la poudre qui emplissait la pièce, le tsarévitch effondré par terre, faisait preuve, selon Yourovski, d’une "étrange vitalité" : il rampait sur le sol en se protégeant la tête de la main. Nikouline, maladroit ou trop énervé, vida sur lui un chargeur sans réussir à le tuer. Yourovski dut l’achever de deux balles dans la tête. Le sort des grandes-duchesses fut encore plus horrible : les projectiles ricochaient sur leurs corsets où elles avaient cousu des bijoux et des pierres précieuses pour les dissimuler aux gardiens. Yourovski dira, plus tard, qu’elles étaient "blindées". (Ce détail, une fois connu, a alimenté les rumeurs des survivants car les bijoux avaient servi de gilets pare-balles, et également celle d’un fabuleux trésor.) Anna Demidova fut aussi très longue à mourir.

Les tueurs ont vidés leurs armes mais cela ne suffi sa pas, trois des grandes-duchesses étaient encore en vie. Selon son témoignage, Kabanov alla chercher une baïonnette en forme de couteau d’une Winchester pour les achever. D’autres l’imitèrent. Les corps ensanglantés furent emmenés en camion dans une clairière, près du village de Koptiaki. Ils furent arrosés d’acide sulfurique, brûlés et démembrés avant d’être ensevelis sous un chemin forestier".

En 1990, les corps du Tsar, de l’impératrice et de trois de leurs filles Olga, Tatiana et Anastasia furent retrouvés. Manquaient les corps de la grande-duchesse Maria et du tsarévitch Alexei ceux-ci ont été probablement retrouvés en juillet 2007.


La Canonisation du Tsar russe Nicolas II


Quatre-vingts ans plus tard, jour pour jour, les restes des Romanov ont été ensevelis dans la nécropole impériale de la cathédrale Pierre et Paul, à Saint-Pétersbourg. Le souverain, son épouse Alexandra, leurs filles Tatiana, Olga, Maria, Anastasia et le tsarévitch Alexeï, ont rejoint au panthéon des saints du calendrier orthodoxe les trois autres dirigeants de l’État russe à y figurer : Vladimir le Grand, qui a christianisé la Russie 988, Daniil, chef de la principauté de Moscou et Dimitry Donskoï, qui vaincu les Tatars.

Nicolas II et la famille impériale font partie des centaines de ’martyrs du communisme’ que le patriarche de Moscou, Alexis II, a décidé de canoniser en 2000. Avec le soutien de l’Etat, l’Eglise orthodoxe, où nationalistes et conservateurs l’emportent sur les progressistes, retrouve toute sa place dans la société russe.

Ils étaient dans la légende, ils sont entré dans l’Histoire sainte. Le 19 août, en la fête de la Transfiguration, Nicolas II, dernier tsar de Russie, et la famille impériale assassinée à Ekaterinbourg Oural par les bolcheviks, dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918, ont été élevés sur les autels.

Le dernier des Romanov, sa femme Alexandra Fedorovna et leurs cinq enfants, Alexis, Olga, Tatiana, Maria et Anastasia, ont été canonisés. Leur nom est associé à celui des centaines de « martyrs » du communisme que l’Eglise orthodoxe de Russie.

Ce n’est pas sa conduite des affaires de l’Etat qui vaut à Nicolas II cette canonisation, mais sa mort. « Le dernier tsar a refusé l’exil. Il est resté jusqu’au bout fidèle à sa patrie. Sa correspondance prouve qu’il était prêt à mourir en chrétien », assure au monastère Saint-Daniel, siège du patriarcat russe, le Père Hilarion Alfeyev.

Le patriarche Alexis II, qui avait contesté l’authenticité de la dépouille des Romanov inhumée en 1998 à Saint-Pétersbourg et repoussé les rumeurs de canonisation, a cédé aux pressions populaires et nationalistes.

S’il fallait un signe de la fierté retrouvée de l’Eglise russe, il est là. L’enthousiasme religieux qui a suivi la chute de l’Union soviétique est retombé, mais 80 % des Russes se définissent comme orthodoxes : dix mille paroisses ont été rouvertes, des églises, des monastères par centaines reconstruits, ses deux académies de formation du haut clergé, à Sergueï Possad, ex-Zagorsk, et Saint-Pétersbourg restaurés.

’Les derniers jours des Romanov’

Mais, le 22 janvier 2008, l’ADN a parlé. La sinistre forêt de Koptiaki vient de livrer son dernier mystère... C’est le récit de cette enquête scientifique et historique que livre Luc Mary... Juin 1918.

" L’ange approche ", écrit dans son journal intime Alexandra, dernière impératrice de Russie, après quinze mois de captivité. Cet ange, un envoyé de Lénine, est un exterminateur dont l’épée s’abat un mois plus tard sur la tsarine, son époux Nicolas II, leurs quatre filles et l’unique héritier du trône, le tsarévitch Alexis, un adolescent de treize ans. La révolution bolchevique vient de tomber le masque. Y a-t-il des survivants ? Une semaine seulement après la mise à mort du 17 juillet 1918, les armées blanches ne trouvent à Ekaterinbourg que cendre et destruction. Quant au lieu présumé de l’inhumation, une mine en forêt, on n’y découvre aucun corps. Démembrés, dispersés, brûlés et enterrés, les restes des derniers Romanov demeureront introuvables jusqu’à la chute de l’URSS, donnant cours aux plus folles rumeurs. Il y aura presque autant de grandes-duchesses qu’il y eut de Louis XVII...
Mais, le 22 janvier 2008, l’ADN a parlé. La sinistre forêt de Koptiaki vient de livrer son dernier mystère... C’est le récit de cette enquête scientifique et historique que livre Luc Mary, mais aussi la chronique d’un régicide annoncé : celui d’un tsar faible et influençable, promis à la chute dès le sacre, et dont la Révolution aura fait un martyr, puis un saint dont nul n’imaginait que les reliques seraient un jour vénérées sous les fenêtres de son ancien palais...

Liens
http://youtu.be/JMWeG_pGEdE Premier film sur les Romanov
http://youtu.be/y6UOwNLDA-U Dossiers secrets su la mort des Romanov
http://youtu.be/1qMVKqCUWlg Enquète sur la mort du Tsar et de sa famille(l'ombre d'un doute)
http://youtu.be/rMFFxfAS0MM Enquète sur la mort de Raspoutine l'ombre d'un doute
http://www.youtube.com/watch?v=BrB-W2 ... E6&feature=share&index=32 Les Romanov


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#304 Jules Hardoin-Mansart
Loriane Posté le : 09/05/2014 19:11
Le 11 mai 1708 à Marly-le-Roi meurt Jules Hardouin-Mansart,

comte de Sagonne 1699, architecte français petit-neveu de l'architecte François Mansart.
. Il fut premier architecte du roi Louis XIV et surintendant des bâtiments du roi . Il eut pour élève Germain Boffrand, son Œuvre fut ses Réalisations au Château de Versailles ;au Château de Marly ; à Saint-Louis-des-Invalides ; à la Place Vendôme; le Château de Dampierre.Il eut pour grand oncle François Mansart, son fils est
Jacques Hardouin-Mansart. Il naît le 16 avril 1646 à Paris

Jules Hardouin-Mansart a créé les symboles de la puissance de Louis XIV : Versailles et le dôme des Invalides. Le reflet grandiose de ce règne, mais aussi son ambiguïté ont rejailli sur l'architecte. Le courtisan accompli, favori du roi, le grand organisateur des arts, l'homme qui a perfectionné le classicisme français : des jugements sur des plans très différents, professionnels et personnels, mais qui tendent malgré cela à devenir exclusifs l'un de l'autre.
Quel que soit le jugement porté sur Jules Hardouin-Mansart et sur son architecture, il y a une époque Mansart qui restera le lieu de référence pour le classicisme français. Les œuvres de Robert de Cotte, Germain Boffrand et encore de Jacques-Ange Gabriel en dérivent directement. Il a créé une organisation structurée et efficace qui assura l'hégémonie et l'expansion de l'architecture française au XVIIIe siècle.

Sa vie

Il est formé par Libéral Bruant. Il construit le petit château de Val en 1674 et gagne l'estime du roi Louis XIV après avoir dessiné les plans du château de Clagny, destiné à la maîtresse favorite du roi, Madame de Montespan. Il devient architecte ordinaire en 1675 et entre à l'Académie royale d'architecture. Premier architecte du roi en 1681, il est nommé intendant général des bâtiments du roi en 1685, inspecteur général des bâtiments du roi en 1691, et surintendant des bâtiments du roi en 1699. Il fut anobli par Louis XIV en 1682, mais il n'a pour tout titre que celui d'écuyer, car il n'a pas de terre titrée. Il devra attendre 1699 et l'acquisition du comté de Sagonne en Bourbonnais pour 130 000 livres pour faire valoir son titre de comte.

Un architecte courtisan

Né à Paris dans une famille de constructeurs, Jules Hardouin est le petit-neveu de François Mansart dont il unit le nom au sien en 1668. Entrepreneur en bâtiments associé en particulier à son frère Michel, il se consacre définitivement à l'architecture vers 1672 et reçoit alors ses premières commandes d'État. Deux ans plus tard, il entre dans l'orbite de la cour ; en 1677, il est à Versailles, bientôt admis à l'Académie d'architecture. Dès 1678, il prend la direction des grandes transformations de Versailles et va dominer dès lors l'architecture française.

La carrière de Mansart s'est faite en cinq ans, de 1673 à 1678, grâce à la protection de Mme de Montespan, de Louvois, de Condé, éventuellement à celle de Le Nôtre d'abord et du roi ensuite. Premier architecte en 1681, anobli en 1682, intendant en 1685 et inspecteur général des bâtiments en 1691, il prend de plus en plus la place du faible surintendant Villacerf auquel il succède en 1699. Fait comte de Sagonne en 1702, il meurt six ans plus tard à Marly.

Mansart dirigeait un des plus grands services du royaume, personne n'avait auprès du roi un accès si fréquent et si familier. Il a accumulé une fortune considérable par ses revenus, les émoluments reçus de Louis XIV, par la spéculation et d'autres affaires qui restèrent toujours dans les limites de ce qui était considéré comme licite. On lui reconnaissait du charme et de l'esprit, et une admirable assiduité au travail malgré une santé fragile.

Resté célibataire, François Mansart avait légué sa fortune et son nom à Pierre Delisle ?-1720 et à Jules Hardouin, petit-fils de sa sœur. Ceux-ci devinrent architectes tous deux ; mais seul Jules Hardouin-Mansart devait égaler l'oncle en renommée, lui ressembler par son esprit inquiet de perfection, par ses intrigues et ses spéculations comme par les calomnies dont il fut l'objet. Il lui ressemble encore par sa formation. Lorsque François Mansart confie à Libéral Bruant 1635-1697 ce fils du peintre Raphaël Hardouin, âgé de quinze ans et qui a appris le dessin chez Charles Poërson 1653-1725, c'est pour qu'il acquière sur les chantiers des Invalides et de la Salpêtrière une pratique solide de la stéréotomie. Sa science des profils sera vantée par ses élèves ; mais il n'ira jamais à Rome.

Château de Versailles, l'Orangerie

Ses débuts, comme ceux des autres architectes du temps, restent obscurs. Selon une anecdote, il devrait à Le Notre la faveur du roi ; chose vraisemblable, car sa vision esthétique est proche de celle du grand jardinier, et la part respective de chacun reste parfois difficile à déterminer, par exemple pour les jardins de Marly ou l'Orangerie de Versailles. Dire qu'il avait subjugué le roi est sans doute exact, mais ne saurait suffire à expliquer trente années de faveur constante. Seule sa maîtrise face aux problèmes les plus ardus pouvait permettre, au moins baroque des artistes du règne, de satisfaire pleinement le désir de grandeur de Louis XIV, d'établir le rayonnement de Versailles et de préparer pour l'avenir, par-delà la rocaille, l'épanouissement d'un nouveau classicisme.
Hardouin-Mansart doit à l'estime royale une ascension continue. Entré aux Bâtiments du roi et à l'Académie dès 1675, il est Premier architecte dix ans plus tard ; et la surintendance des Bâtiments, où Louvois avait succédé à Colbert en 1683, lui sera donnée en 1699. Anobli en 1683, Hardouin-Mansart est baron de Jouy et comte de Sagonne titres qui reviendront à deux architectes du xviiie s., ses petit-fils). Pour faire face au labeur écrasant, il a organisé une « agence » dirigée par Robert de Cotte, où des collaborateurs font les mises au net. Ce sera prétexte à contester son talent, comme si l'architecture n'était pas conception et coordination d'un travail d'équipe, et plus encore en une période où la personnalité du créateur devait s'accorder à la discipline classique. L'œuvre semble difficile à circonscrire par sa variété comme par son étendue ; bornons-nous à trois aspects caractéristiques.

Pour le roi et la Cour

La première grande commande fut Clagny, pour Mme de Montespan. Cette demeure, réalisée en bordure de Versailles de 1674 à 1677 et aujourd'hui disparue, ajoutait à l'habituel plan en U deux ailes éployées qui accusaient l'horizontalité en multipliant les axes transversaux ; pliant le décor à l'architecture, la galerie montrait une tendance à s'affranchir des règles. Jules Hardouin-Mansart reprend cette disposition à Versailles en 1678-1684, pour donner au château son envergure définitive et remplace par la galerie des Glaces le vide central créé par la terrasse de Le Vau. En 1687, à Trianon, le déséquilibre dû au bras du canal est prétexte à une composition plus libre ; l'aile gauche de la cour vient entourer les communs ; l'autre, par un double retour d'équerre, permet aux jardins de s'insérer dans l'architecture, de la pénétrer même par la transparence du portique central. Comme au bosquet de la Colonnade, à peine antérieur, l'espace enclos l'emporte sur le décor raffiné et précieux qui l'encadre.
À Marly commencé en 1679, dans l'implantation heureusement préservée, on discerne le tracé de Clagny, traité de façon plus souple, substituant au ruban continu des façades un chapelet de treize douze plus un pavillons détruits pour encadrer le jeu des terrasses et la féerie des eaux, éléments essentiels de cette clairière des dieux .

L'urbaniste

Créé à Paris pour les Bourbons, le thème de la place Royale manquait encore d'harmonie entre le motif central et un cadre trop vaste, le meilleur angle de vision se situant à une distance triple de la hauteur du monument. Jules Hardouin-Mansart l'a fort bien compris en adoptant la forme circulaire pour la place des Victoires, 1685 et un rectangle aux angles abattus pour le programme définitif 1699 de la place Vendôme, chef-d'œuvre auquel la colonne a fait perdre sa signification. À Dijon, en 1686, quand il s'était agi d'établir le symbole du pouvoir face au palais des états, il avait opposé un hémicycle à la cour quadrangulaire et la statue au frontispice, en regard du centre de la composition, mais sans faire appel aux ordonnances ioniques, qui donnaient aux places parisiennes leur habit de cour. L'emploi raisonné des formes courbes devait lui fournir une autre solution remarquable, celle qui permettait d'insérer les Écuries de Versailles 1679 entre les voies d'accès convergeant vers l'avant-cour du château, vers cette magnifique esplanade amortie de quarts-de-cercle dont il pensait réutiliser le tracé devant le dôme des Invalides.

Saint-Louis des Invalides

Si Louvois songeait bien, en chargeant Jules Hardouin d'achever les Invalides, à y fixer la sépulture des Bourbons, peut-on s'étonner de voir l'architecte reprendre les géniales conceptions de son grand-oncle pour la chapelle funéraire de Saint-Denis ? Hanté à son tour par le problème de la double coupole, il en proposait dès avant 1680 l'adoption pour la chapelle de Versailles ; mais il devait finalement concevoir l'édifice palatial comme une sainte chapelle lumineuse et légère en 1699 et réserver l'espace ineffable pour l'église dynastique. Le projet du dôme des Invalides en 1676 sera réalisé, après modification du profil supérieur, à partir de 1680. La décoration, achevée en 1706, reste dans la manière de François Mansart, avec plus de légèreté et un souci constant de mettre la pierre en valeur ; mais les chapelles elliptiques saillantes ont fait place à des volumes simples, contenus dans le strict carré du plan. La méthode de composition est géométrique en ad triangulum et fournit des figures très pures ; leur sévérité s'accorde avec le caractère d'un édifice considéré comme la plus parfaite réussite de l'art classique.
Outre ces réalisations, qui comptent parmi les plus célèbres de l'architecture française, Jules Hardouin-Mansart a encore beaucoup construit ; trente années à la tête des Bâtiments royaux, il a pu mener le classicisme à son apogée et, par la voie de ses élèves, en particulier Boffrand, en permettre la diffusion en Europe. À la froide beauté prônée par ses collègues de l'Académie, il a su ajouter la grâce et, renouant avec la tradition, mettre au point des distributions intérieures et un confort appelés à se généraliser. Ce souci rationnel, ne le dut-il pas quelque peu à sa première formation ? C'est un appareilleur, un praticien pensant en volumes et non en dessins qui a conçu la voûte plate de l'hôtel de ville d'Arles vers 1684 et la structure dépouillée de l'Orangerie de Versailles 1680-1686 ; et cela n'enlève rien à une beauté établie sur des bases saines et commodes, selon les principes mêmes du classicisme.

Mansart n'est pas le créateur absolu comme Michel-Ange, le Bernin ou bien son oncle François Mansart. Il dut son succès auprès du roi à ses dons d'organisateur, à la rapidité et à la précision des devis qu'il exécutait. Il ne faut pas en conclure qu'il est un artiste sans talent. Cette légende date de Saint-Simon, qui le qualifiait de flatteur, l'accusait d'exploiter ses subordonnés et d'être incapable de dessiner. Certains historiens ont essayé de vérifier partiellement ce jugement : F. Kimball pour la décoration intérieure, A. Laprade pour une partie de l'œuvre architecturale. Toute la difficulté tient à l'organisation de l'atelier royal et au rôle des dessinateurs principaux. Malgré une division du travail très poussée, les tâches de Mansart étaient si multiples, qu'on pense seulement à son existence de courtisan, les œuvres si nombreuses qu'il était dans l'impossibilité de s'occuper de tous les aspects artistiques des réalisations. Mansart devait au minimum contrôler les projets, l'essentiel de son rôle consistant à esquisser une idée, à intervenir dans les différentes phases de développement, à surveiller de loin les chantiers. Mais cela vaut seulement pour la période des grandes entreprises royales à partir de 1676 et surtout de 1678. Or c'est justement dans ses débuts que Mansart montra le plus d'invention dans les plans, château du Val près de Saint-Germain, 1674-1677 et qu'il poussa le plus loin le système de proportions des projets dôme des Invalides à partir de 1676 : toutes préoccupations purement artistiques. Sa première grande œuvre, le château de Clagny 1675-1683, était considérée comme la plus parfaite. En outre, son décret de nomination à la charge de surintendant des bâtiments royaux mentionne parmi ses œuvres des vases, des piédestaux et des ornements. À de Cotte et à Gabriel qui lui succédèrent à la place de premier architecte, on reprocha aussi de dessiner grossièrement ou pas du tout : c'est le dessin d'architecte jugé par des initiés du dessin de peintre. G. Boffrand et J. F. Blondel lui concèdent en tout cas la perfection dans la mouluration. D'autre part, Françis d'Orbay a pu avoir un rôle important dans les premiers travaux de Mansart dans l'atelier royal, puisqu'il y assurait l'intérim depuis la mort de Louis Le Vau. On est plus enclin à attribuer à Mansart la responsabilité entière des œuvres proprement architecturales que des décorations où c'est l'élaboration détaillée qui détermine finalement le style ; Kimball a constaté que l'avènement de Pierre Lassurance en 1684 et de Pierre Lepautre en 1699 marquent des tournants sensibles dans ce domaine. De même faut-il attribuer à de Cotte, architecte du roi en 1685 et successeur désigné, une importance croissante le Grand Trianon, 1686-1687 ; deuxième projet pour la place Vendôme, 1699 ; chapelle de Versailles, 1801.

Reste Louis XIV lui-même. Dans quelle proportion est-il coauteur de Versailles et des maisons satellites ? On connaît son intérêt intense et continu pour la bâtisse, ses nombreuses interventions ; mais on ne sait pas s'il a vraiment accédé à la pratique de la création architecturale. Si Mansart a donné son visage définitif à Versailles, la formation de Versailles est une œuvre collective qui dépasse le roi, l'architecte et son équipe.

André Chastel a trouvé une formule heureuse, heureuse parce qu'elle est sans exclusive : Mansart interprète du roi, le bureau interprète du premier architecte.

Jules Hardouin-Mansart épousa le 3 février 1668 Anne Bodin, 1646-1738 dont il eut cinq enfants :

Catherine-Henriette 1673-1748, qui épousa en 1693 Claude Lebas de Montargis, 1659-1741, marquis du Boucher-Valgrand, riche trésorier de l'extraordinaire des guerres ;
Louis 1674-1681 ;
Julie- Andrée- Anne 1676-1677 ;
Catherine 167?-1702, qui épousa en 1699 Vincent Maynon 1668- 1736 ;
Jacques 1677-1762, comte de Sagonne, qui épousa Madeleine Bernard 1684-1716, fille du financier Samuel Bernard. Il se remaria en 1726 avec Guillemette dite Madeleine d'Hugueny, avec qui il avait eu cinq enfants doublement adultérins — elle était elle-même mariée — dont les deux architectes Jean Mansart de Jouy 1705-1783 et Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne 1711-1778.

Le classicisme français

Mansart est parti de ce qu'avait accompli la génération des architectes préclassiques ; certaines de ses solutions sont influencées par des œuvres comme Maisons-Laffitte et Blois, Vaux-le-Vicomte et le Versailles de 1668, Saint-Jacques du Haut-Pas et les Minimes. Peut-être tenait-il de son mentor Le Nôtre le sens des grands plans ou quelques principes d'esthétique générale ; par ailleurs, d'Orbay avait déjà amorcé le processus d'harmonisation et d'épuration. Dès qu'il sort de l'ombre, Mansart accède très vite aux plus hautes tâches, dans lesquelles il se réalise pleinement. En admettant même que l'œuvre tardive est moins riche, on ne peut certainement pas parler de déclin.

Jules Hardouin-Mansart a travaillé dans des genres très diversifiés ; déjà l'ensemble de Versailles comprend des édifices extrêmement variés : châteaux et églises, pavillons et hôtels, parcs, urbanisme et construction utilitaire. C'est surtout dans les châteaux et les constructions publiques, hôtels de ville qu'il fait preuve d'une remarquable faculté d'adaptation : moderniser, agrandir et rhabiller sans trop compromettre ce qui préexiste, aménager et décorer, se conformer, tout en corrigeant le style d'un architecte provincial, à une tradition locale ou à celle d'un type Versailles en premier lieu, Saint-Cloud, Meudon, Chantilly, Fontainebleau et Saint-Germain, Dampierre et Boufflers, les hôtels de ville de Lyon et d'Arles, etc. En revanche, certaines de ses œuvres sont presque uniques dans l'architecture française avant le milieu du XVIIIe siècle par leur caractère absolu et leur formalisme : le dôme des Invalides et Marly.

Après l'architecture dense, passionnée de perfection rigoureuse de François Mansart, et après le baroque des grands volumes et des contrastes agressifs que manifestent les œuvres de Le Vau, l'avènement d'Hardouin-Mansart marque une détente, que la critique a souvent regrettée en y voyant une perte d'intensité artistique.

Mansart aime les grandes surfaces lisses ou d'une structure simple, la répétition des formes surtout l'arcade en plein cintre et la colonne détachée, les longues horizontales, l'espace dégagé et ouvert. L'académisme officiel est pour lui une justification ou un catalyseur : placer des rangées de colonnes devant une façade lui donne un air de grandeur et permet de cacher des irrégularités, cour de Marbre, Saint-Cloud, hôtel de Sagonne, hôtel de Lorge ; l'ordre cannelé ajoute une fine valeur à la surface Marly, chapelle de Versailles, intérieurs de Versailles et de Trianon.

Mansart s'est intéressé aux problèmes de l'architecture-décor : Marly, les Dômes et la Colonnade dans le parc de Versailles. Cela pose le problème de l'architecture en fonction du décor que demande l'absolutisme du Roi-Soleil ; Marly, l'énorme façade sur jardin de Versailles et le dôme des Invalides en sont des exemples. Le sens du décoratif est ce qu'il y a de plus baroque chez Mansart. Il lui sert merveilleusement quand il s'agit de faire valoir la splendeur de la pierre comme une des bases de l'architecture Grand Trianon, chapelle de Versailles, et bien sûr dans les intérieurs.

On notera la largeur des formes : l'arcade en plein cintre grande ouverte en est le leitmotiv ; elle est employée dès le château du Val et utilisée au maximum dans le grand projet pour Versailles non exécuté. Cette ampleur se retrouve dans la conception, dans l'élévation des places parisiennes modèle auquel il a donné ses lettres de noblesse avec la place Vendôme et la place des Victoires et qui se transmettra à tout le XVIIIe siècle, la patte-d'oie de Versailles, dans l'architecture des Écuries et de l'Orangerie. Mansart réussit aussi à donner une grandeur semblable aux constructions utilitaires, à ennoblir le répertoire des formes modestes : chaînages et refends, mur nu et plans qui s'entrepénètrent Écuries, une porte conservée à Marly, Dômes, avant-corps central à Chantilly, voûtes en appareil de pierre. Mansart, issu de la grande tradition des constructeurs français, réalise dans une de ses premières œuvres – l'hôtel de Ville d'Arles – un tour de force de la stéréotomie ; les Écuries et l'Orangerie de Versailles en marquent l'apogée.

Certaines solutions traditionnelles sont adoptées surtout au début de sa carrière, incrustations en marbre : escalier de la Reine, salle des gardes de la reine ; fenêtre rectangulaire surmontée d'un relief : hôtel de Sagonne, Boufflers ; d'autres sont intégrées dans une nouvelle hiérarchie des formes, fenêtres rectangulaires : Grand Commun, cours intérieures de Versailles, couvent de Saint-Cyr ; tableaux de brique et de pierre : Trianon, Écuries. Quelques rares idées sont proprement baroques : au dôme des Invalides l'autel majeur, la surélévation et le percement de la coupole, le projet des ailes courbes devant l'église, puis à Clagny et à Versailles la triade comportant une galerie et deux salons.

L'œuvre d'Hardouin-Mansart est multiple et a eu le souci de résoudre un certain nombre de problèmes qui se posaient à l'architecture du XVIIe siècle ou d'en améliorer les solutions. Partant du plan renaissant du château du Val, il aboutira à celui de la maison à bâtir qui annonce l'hôtel dix-huitième ; il a donné des escaliers admirables Clagny, Saint-Cloud. Il a continué le type français de l'église sur plan en croix latine Notre-Dame de Versailles, Chantilly ainsi que les formules essentielles du château français. Il a rendu plus harmonieux le pavillon central à dôme Clagny, Meudon et l'a mieux intégré à l'ensemble de l'édifice ; il a fourni le modèle de l'application du traitement en relief, typiquement français, à une construction cubique façade du dôme des Invalides ; il a introduit dans ses dernières œuvres Château Neuf à Meudon une tension élégante dans le traitement du détail.
La simplification est une constante de son style, des rhabillages de la cour de Marbre et de Saint-Cloud à l'invention du nouveau système d'architecture intérieure arcatures continues de portes, fenêtres, glaces et cheminées.

Principales réalisations

1669: Le Petit Hôtel de Conti, dans l'enceinte de la Monnaie de Paris à Paris 6ème (première œuvre connue de J. Hardouin-Mansart)
1674-1677 : Le château de Val
1675-1683 : Le château de Clagny, à Versailles
1676 : L'hôtel de ville d'Arles
1676-1680 : Le Pavillon de Manse, à Chantilly
1677-1699 : La place des Conquêtes à Paris, (actuelle place Vendôme)
1676-1706 : Achèvement de l'hôtel des Invalides à Paris, en particulier l'église Saint-Louis-des-Invalides
1677-1679 : Palais de l'Evêché, à Castres
1679-1684 : Le château de Marly, à Marly-le-Roi
Au château de Versailles :
1677 : Le bosquet des Dômes
1679-1689 : La façade côté parc, les ailes de retrait du nord et du midi
1684-1686 : La Petite et la Grande Écurie, la nouvelle orangerie
1687 : Le Grand Trianon
1698-1710 : La chapelle royale et l'église Notre-Dame de Versailles
1680 : Le château de Saint-Germain-en-Laye
1682-1684 : Le château de Dampierre, à Dampierre-en-Yvelines
1684 : Achèvement de la chapelle du château de Chambord
1685 : Le château de Boury, à Boury-en-Vexin
1685 : La restauration du palais des ducs de Bourgogne, à Dijon
1686 : La place des Victoires, à Paris
1686 : L'orangerie du château de Sceaux
1686 : La Maison Royale de Saint-Louis, à Saint-Cyr-l'École
1687-1692 : Les plans de l'église Notre-Dame de l'Assomption, à Chantilly
1694 : Les plans du château de L'Isle dans le canton de Vaud
1695-1708 : Reconstruction en style gothique, à Poissy, de l'église Saint-Louis, frappée par la foudre
1698-1704 : Embellissement du château de Meudon pour le Grand Dauphin
1698 : Le château de Vanves, actuel pavillon administratif du lycée Michelet
1701-1703 : Reconstruction de l'hôtel de ville de Lyon, détruit par un incendie
1701-1722 : L'église Saint-Roch, à Paris
Et aussi :
Le parc du château d'Écouen
Le château de Boufflers
La chapelle du château de Serrant, à Saint-Georges-sur-Loire
Le château de l'Étang, à Audigny

Iconographie

Une médaille à l'effigie de Jules Hardouin-Mansart a été exécutée par le graveur Jérôme Roussel en 1702. Un exemplaire en est conservé au musée Carnavalet . Une médaille posthume a été réalisée par le graveur Masson en 1817. Un exemplaire en est également conservé au musée Carnavalet

http://youtu.be/1f4iyQd3H6I La grille royale de Hardoin-Mansart
http://youtu.be/O8-guSIuqPQ La chapelle royale de Hardoin-Mansart
http://youtu.be/V6xX1pRYFNY le chateau de Versailles
Liens


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#305 Partage du nouveau monde Bulle papale Inter caeterae en 1493
Loriane Posté le : 03/05/2014 20:29
Le 4 mai 1493 le pape Alexandre VI émet la bulle pontificale "Inter Caetera".

Qui partage le nouveau monde


Cette bulle donnait à l'Espagne toutes les terres à l'ouest et au sud d'un méridien à 100 lieues, soit 418 km à l'ouest ou au sud de toutes les îles des Açores et du Cap-Vert, soit à 36°8'W. Déjà dans la bulle Aeterni regis le pape avait donné au Portugal tous les territoires de l'Afrique. Le Traité de Tordesillas entre l'Espagne et le Portugal en 1494 changea un peu la ligne de démarcation, à 39°53'W.

Alexandre VI, Rodrigo Borgia pape de 1492 à 1503.


Le 11 août 1492, on vit accéder à la suprême dignité, écrit L. Pastor, dans son Histoire des papes, un homme que l'Église ancienne n'aurait pas admis au dernier rang du clergé à cause de sa vie dévergondée.
Le conclave venait d'élire le cardinal Rodrigo Borgia qui prenait le nom d'Alexandre VI. Ce sexagénaire, il était né en 1431, à Játiva, en Espagne avait une solide réputation : la prêtrise qu'il avait reçue en 1468 n'avait pas tempéré le cardinal libre de chasteté que le népotisme de Callixte III avait créé en 1456 — l'année de la réhabilitation de Jeanne d'Arc — et nommé vice-chancelier de l'Église en 1457. D'influence en influence, aussi bien sous Pie II que sous Paul II, Sixte IV ou Innocent VIII, il avait fait fructifier la fortune des Borgia.
C'est toute une bande au trône de saint Pierre : pas moins de six enfants il y en aurait eu sept, si Pier Luigi, le premier duc de Gandie, n'était mort l'année qui précéda le sacre.
Il tenait ces enfants de sa liaison avec Vanozza Catanei, à laquelle succéda Giulia Farnese. César et Lucrèce étaient âgés alors respectivement de seize et douze ans. César devint archevêque de Valence le jour même du couronnement et fut créé cardinal l'année suivante. Lucrèce, mariée à un Sforza en 1493 suivant une saine politique d'alliances matrimoniales, inaugurait le sacrifice de famille — elle ne sera tranquille qu'à partir de son troisième mariage. Car les choses n'étaient pas simples dans la Péninsule du XVe siècle, et Alexandre VI n'était pas le seul de sa trempe : Ludovic le More, duc de Milan, Ferdinand de Naples, non plus que son fils Alphonse II, n'avaient rien à lui envier. L'idée d'en appeler à l'étranger, comme l'avait déjà tenté Innocent VIII, faisait son chemin dans bien des têtes soucieuses de réforme et d'équilibre politique. D'autant plus que Charles VIII ne demandait qu'à faire valoir ses droits à la couronne de Naples et que ni Pierre de Médicis ni Venise ne semblaient alors désireux de sortir de la neutralité. En septembre 1494, Charles VIII entrait en Italie. Savonarole s'écriait :
"Le glaive est venu ! les prophéties s'accomplissent ; c'est le Seigneur qui mène ces armées."
Florence chassait Médicis et pavoisait en l'honneur des Français.
Le 31 décembre, c'était le tour de Rome, mais Alexandre échappait à la déposition pour simonie — par la grâce d'un pacte à la Renaissance —Il restait au pape à confier cette gloire à son peintre, le Pinturicchio d'autres artistes eurent ses faveurs : Bramante, San Gallo, et à se souvenir des auteurs de certaines perfidies qui lui avaient été faites : des Orsini à Savonarole. Il tirait d'ailleurs, avec Venise, le meilleur héritage de la situation italienne et pouvait poursuivre d'autres rêves que ceux d'un Sixte IV.
Dogmatiquement sobre, son pontificat ne devait guère troubler les théologiens. Quant à son arbitrage entre Espagnols et Portugais concernant les territoires du Nouveau Monde, il n'y avait eu là rien que de très catholique...

Conséquences

Cette bulle marque le début de la colonisation
Colonisation espagnole en Amérique et des missions catholiques dans le Nouveau Monde. Un des effets imprévus de la bulle et du Traité de Tordesillas a été de donner pratiquement tout l'océan Pacifique et la côte ouest de l'Amérique à l'Espagne, qui invoqua ces actes, par exemple, pour réclamer la Colombie-Britannique et l'Alaska en 1819 lors du traité d'Adams-Onís.

Premier partage du nouveau monde

Les États chrétiens d'Europe ne contestaient pas encore le pouvoir temporel de la papauté qui restait pour peu d'années l'arbitre universel. Celle-ci, qui se tenait parfaitement informée de l'avancée des découvreurs, cautionna le partage des conquêtes entre les deux nations ibériques. Une première bulle papale de 1455, qui donnait entière juridiction aux Portugais sur les découvertes au-delà du cap Bojador, fut récusée par la Castille. Jusqu'en 1480, ce ne furent que disputes entre les deux royaumes et incursions des marins andalous en Afrique. En 1480, le traité d'Alcaçovas-Toledo, en confirmant la possession des Canaries par la Castille ainsi que celle des autres îles et de la côte africaine au sud du cap Bojador par le Portugal, mit officiellement fin au conflit. Mais rien n'avait été fixé pour les terres de l'ouest de l'Atlantique. En 1481, Jean II de Portugal accédait au trône, succédant au roi Alphonse V qui, depuis quelques années déjà, lui avait confié l'administration coloniale et la direction des expéditions maritimes. Face aux Rois catholiques, Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon, qui par leur mariage, en 1469, avaient réalisé l'unité de l'Espagne, Jean II devait se révéler un grand homme politique et le digne continuateur d'Henri le Navigateur.
Le retour de Colomb, en mars 1493, montra l'urgence du problème et des négociations difficiles s'ouvrirent. Il était clair désormais que la majeure partie de l'or du monde gisait au sud de l'équateur. On ne pouvait donc plus envisager de diviser la terre par son 27e parallèle nord, comme l'avait rêvé un temps la Portugal. Malgré des promesses implicites faites par le Souverain pontife au Portugal dans une bulle précédente, la bulle Inter Cetera de mai 1493 avantageait ouvertement la Castille. Ferdinand d'Aragon avait su s'attirer les bonnes grâces du pape Alexandre VI Borgia, aragonais d'origine. Le pape proposa donc, dans un premier temps, de partager le monde selon une ligne nord-sud passant d'un pôle à l'autre et située à 100 lieues à l'ouest et au sud des îles du Cap-Vert et des Açores.
Cette ligne se situait dans un espace large de 1 200 kilomètres, distance qui sépare la plus orientale des îles du Cap-Vert et la plus occidentale des Açores. À l'ouest de cette ligne, toutes les îles et terres non possédées préalablement par un prince chrétien, découvertes ou à découvrir, seraient la propriété de la couronne de Castille.
Il semble que l'idée d'une telle ligne de partage vint de Colomb lui-même, toujours idéaliste, qui prétendait qu'au-delà de cent lieues, le climat de l'Atlantique changeait, la température s'adoucissait et la mer se remplissait d'algues, autant de signes prouvant que l'on pénétrait dans un autre domaine. Cette bulle trop partiale ne reflétait pas le réel rapport de forces entre les deux puissances. Le roi Jean II de Portugal ne pouvait accepter de voir son empire menacé par les ambitions espagnoles. Le point essentiel pour lui était de sauvegarder la route des Indes par le cap de Bonne-Espérance, mais il ne négligeait pas l'éventualité d'une voie occidentale qui s'appuierait sur des terres dont, nous allons le voir, il avait déjà quelque idée.

Deuxième partage

Le pape Alexandre VI a tracé la première frontière liée à la découverte du Nouveau-Monde


Au lendemain de la conquête du royaume musulman de Grenade, événement qui achève la Reconquista de la Péninsule, par les Rois catholiques, Ferdinand et Isabelle, ceux-ci accordent à Christophe Colomb des lettres patentes afin de découvrir et de soumettre des Iles et un Continent dans l'Océan, dont il est sera Amiral, Vice-Roi et gouverneur. Quittant Palos le 3 août 1492, Christophe Colomb atteint le 12 octobre une première île du Nouveau Monde, peuplée par les Lucayes Bahamas, puis Cuba et Haîti. Il revient en Espagne le 15 mars 1493.
Le pape Alexandre VI Rodrigo Borgia soumet les terres découvertes à l'obligation d'évangélisation des populations indigènes et, afin d'éviter un conflit entre l'Espagne et le Portugal, il délimite par sa bulle 2 Inter caetera du 4 mai 1493 la zone accordée à l'Espagne : celle-ci possèdera les terres à l'ouest d'une ligne tracée à cent lieues à l'ouest des Açores et des îles du Cap Vert, qui appartiennent au Portugal. Les deux pays vont cependant conclure le 7 juin 1494, à Tordesillas, un traité qui reporte cette ligne, en faveur du Portugal, à 370 lieues des îles du Cap-Vert, de pôle à pôle.
L'arrivée de Colomb à ce qui était supposé être l'Asie, dans les mers occidentales, en 1492, créa une instabilité dans les rapports entre le Portugal et l'Espagne qui s'étaient disputés durant de nombreuses années pour des positions et des possessions coloniales le long de la côte africaine.
Le roi de Portugal prétendait que la découverte de Colomb se trouvait dans les limites établies par les bulles papales de 1445, 1456, 1479.
Le roi et la reine d'Espagne le niaient et souhaitaient une nouvelle bulle sur le sujet. Le pape Alexandre VI né à Valence n'oublie pas qu'il est espagnol et ami du roi d'Espagne répondit par trois bulles datées des 3 et 4 mai 1493 qui étaient très favorables à l'Espagne.
Le 4 mai 1493, Alexandre VI émet une bulle en vertu de sa puissance apostolique et de l’autorité que Dieu lui confère par saint Pierre. Cette bulle concède aux souverains d’Espagne toutes les îles et terres fermes découvertes ou qui le seront, au-delà d’une ligne qui va d’un pôle à l’autre, distante d’au moins cent lieues des Açores.
Christophe Colomb découvre l’île de San Salvador en octobre 1492. Se croit-il aux Indes? Il se garde bien de le dire pour ne pas refroidir l’ardeur de ses commanditaires, Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon, qui sont en quête d’épices et de peuples à évangéliser.
Le pape Alexandre VI est lui aussi originaire d’Aragon. Aussi, au retour de Colomb en mars 1493, décide-t-il de prévenir toute rivalité guerrière entre l’Espagne et le Portugal, les deux nations par excellence dans le domaine de la navigation.
Le Portugal proteste et, le 7 juin 1494, on repousse la ligne de 270 autres lieues plus à l’Ouest. Le pape Jules II confirme l’entente.
Cette bulle garantit à l'Espagne les couronnes de Castille et d'Aragon tous les territoires à l'ouest et au sud d'une ligne de pôle à pôle à 100 lieues à l'ouest de toutes les îles des Açores ou du Cap-Vert.
Toutefois, la ligne de démarcation ne saurait être un simple méridien car aucun territoire ne peut être au sud d'un méridien. Il pourrait s'agir de deux segments de méridiens, l'un s'étendant vers le nord à partir d'un point situé à l'ouest des Açores et l'autre s'étendant vers le sud à partir d'un point situé au sud des îles du Cap-Vert, ces deux points étant reliés par un segment nord-nord-ouest—sud-sud-est. Il pourrait aussi s'agir d'une ligne partant du sud-ouest des îles pour s'étendre nord-nord-est—sud sud-est. Cette ligne en rumb relierait les deux pôles en traçant une spirale.
Nom donné à trois bulles du XVe s.
Les Espagnols sont les premiers à s’installer au Nouveau Monde. Après la découverte des Antilles par Christophe Colomb, l’Espagne et le Portugal se partagent l’Amérique grâce au Traité de Tordesillas, en 1494.
Dans ce traité, il est convenu que le Portugal se limiterait à coloniser les terres jusqu’à 2 000 km à l’ouest des îles du Cap-Vert, laissant à l’Espagne le vaste ensemble des terres américaines. Personne ne sait à l'époque que l'Amérique du Sud forme saillie à l'est de cette ligne, permettant plus tard au Portugal de revendiquer le Brésil.

Nouveau traité Troisième partage Traité de Tordesillas

Cet échec des aspirations du Portugal mena en 1494 à la conclusion du Traité de Tordesillas entre l'Espagne et le Portugal. Le nouveau traité déplaçait la ligne vers l'ouest, pour la fixer à 370 lieues à l'ouest des îles du Cap-Vert, et donnait, cette fois, explicitement au Portugal tout nouveau territoire découvert à l'est de cette ligne. Au début, la ligne de Tordesillas n'encerclait pas le globe. L'Espagne et le Portugal ne pouvaient pas dépasser vers l'ouest ou l'est de l'autre côté du globe et continuaient à posséder les pays qu'ils avaient été les premiers à découvrir.
Le traité de Tordesillas /tɔʁdɛsijas/ est un traité international établi le 7 juin 1494 pour établir le partage du Nouveau Monde, considéré comme terra nullius, entre les deux puissances coloniales émergentes, l'Espagne et le Portugal, avec pour ligne de partage un méridien nord-sud localisé à 370 lieues, 1 770 km à l'ouest des îles du Cap-Vert — méridien qui se situerait aujourd'hui à 46° 37' ouest.
Il a été rédigé à Tordesillas en Castille. La version espagnole du traité est ratifiée à Arévalo par le roi Ferdinand II d'Aragon et la reine Isabelle Ire de Castille le 2 juillet 1494. La version portugaise est ratifiée à Setúbal par le roi Jean II de Portugal le 5 septembre 1494.
D'après ce traité, le royaume de Castille, ainsi que les îles Canaries, sont acquis à la couronne espagnole, tandis que Madère, Porto Santo, les Açores et les îles du Cap-Vert, ainsi que le droit de conquête du royaume du Maroc royaume de Fez ou Fès et le droit de navigation au sud du parallèle des Canaries, sont acquis au royaume du Portugal.
Le Brésil, découvert par Pedro Alvares Cabral après la conclusion du traité, tombe de fait sous souveraineté portugaise.
Jean II de Portugal manœuvra donc habilement pour amener le pape à de meilleurs sentiments et l'or que ses navires rapportaient de la Mina lui fut en la matière d'une utilité certaine. Le traité de Tordesillas, signé en juin 1494, rectifia les clauses de la bulle au grand profit du Portugal, puisque la nouvelle ligne de partage fut éloignée à 370 lieues à l'ouest des îles du Cap-Vert. Jusqu'au 46° de longitude ouest, le Portugal gagnait 1 350 kilomètres d'océan. Les Espagnols, qui attendaient d'un jour à l'autre le retour du deuxième voyage de Colomb, obtinrent seulement un moratoire de vingt jours : si une nouvelle découverte espagnole survenait d'ici là, dans un espace proche de la ligne de partage, celle-ci passerait à 250 lieues au lieu de 370. Colomb revint bredouille. Les Portugais n'avaient pas pris un grand risque en concédant aux Espagnols ce délai de vingt jours. L'avenir devait révéler que ce traité leur attribuait à la fois le Brésil et les îles aux épices, en plus des territoires de l'Inde, de l'Asie du Sud-Est et de la Chine prévus par le traité. L'Espagne, de son côté, était maîtresse des deux Amériques – hormis le Brésil – et de l'océan Pacifique.
Hasard ou préméditation machiavélique de la part de Jean Il, surnommé le prince parfait ? Il n'est pas exclu que les Portugais aient été mieux informés qu'ils ne le laissaient paraître et leur politique du secret remporta là son meilleur succès. Il semble bien, en effet, que des navires lusitaniens avaient atteint secrètement la côte sud-américaine avant la découverte officielle du Brésil par Pedro Alvares Cabral en 1500. Il est moins probable, en revanche, que la position des îles aux épices, dans l'océan Indien, ait été suffisamment précise, dans l'esprit des négociateurs portugais, pour qu'ils aient eu conscience de tous les avantages d'une ligne de partage à 370 lieues. Elle faisait pourtant tomber dans leur escarcelle les Moluques, généreux cadeau du destin.

Les originaux du Traité de Tordesillas sont conservés dans les archives de Torre do Tombo Lisbonne et les Archives générales des Indes, Séville

Ce traité vise à résoudre les conflits nés de la découverte du Nouveau Monde par Christophe Colomb. En 1481, la bulle pontificale Æterni regis garantit au Portugal toutes les terres au sud des îles Canaries. En mai 1493, le pape Alexandre VI, décrète par la bulle Inter cætera que les nouvelles terres découvertes situées à l'ouest d'un méridien à 100 lieues des îles du Cap-Vert reviennent à l'Espagne, celles à l'est revenant au Portugal ; la bulle exclut toute terre connue déjà sous le contrôle d'un État chrétien. Cette répartition mécontente le roi Jean II de Portugal, qui entame des négociations avec les rois catholiques, arguant que ce méridien scinde le globe et restreint les prétentions espagnoles en Asie, ce afin de le déplacer vers l'ouest. Il obtient ainsi la propriété sur les terres découvertes jusqu'à 370 lieues à l'ouest du Cap-Vert. Ce traité contrarie la bulle d'Alexandre VI, d'origine espagnole, mais est approuvé par le pape Jules II dans une nouvelle bulle en 1506.
Les nouvelles terres sont encore peu connues et les mesures approximatives ; l'Amérique est donc théoriquement dans sa totalité aux Espagnols. Cependant, lorsque Pedro Alvares Cabral découvre le Brésil, en 1500, sa partie orientale est attribuée au Portugal. L'Espagne n'ayant pas les moyens de garantir ce découpage, elle ne peut empêcher l'expansion portugaise au Brésil.
Les autres puissances maritimes européennes, France, Angleterre, Pays-Bas… se voient refuser tout droit sur ces nouvelles terres. Elles ne peuvent dans un premier temps que recourir à la piraterie et à la contrebande pour profiter des richesses du Nouveau Monde avant que, avec l'apparition du protestantisme, elles ne rejettent l'autorité pontificale. Pour sa part, François Ier demande à voir la clause du testament d'Adam qui l'exclut de ce partage .

Aucun autre État ne reconnaît le traité de Tordesillas, mais la suprématie navale incontestable de l'Espagne et du Portugal leur permit de le faire respecter pendant un siècle. Les Espagnols se contentent d'abord d'occuper les Antilles, où ils pensent trouver de l'or ; mais, devant l'échec de leur recherche, ayant appris par les indigènes qu'il y aurait de grandes sources de métal précieux sur le continent américain, ils entreprennent sa conquête quelque quinze ans après la mort de Christophe Colomb.
Alors que l'Empire portugais ne fonde que des stations maritimes, l'Empire espagnol se caractérise par la mise au pouvoir sur les terres conquises de dirigeants de leur pays. Un nouveau peuple métissé se forme, les créoles, qui installe durablement l'influence espagnole en Amérique. À l'opposé, les Portugais se contentent de fréquenter les ports exotiques pour envoyer des marchandises à Lisbonne. Ils y passent juste le temps nécessaire pour s'enrichir puis retournent dans leur pays. La capitale portugaise devient un grand entrepôt d'épices où toute l'Europe vient se fournir.
La puissance portugaise dure environ 75 ans. Dès la fin du XVIe siècle, les Hollandais enlèvent à Lisbonne la plus précieuse de ses colonies, les îles de la Sonde. Les rois d'Espagne, eux, organisent leurs nouvelles conquêtes de manière à les soumettre à la métropole. Les différentes colonies sont gouvernées par de hauts fonctionnaires envoyés d’Espagne, vice-rois, capitaines ou généraux. Comme les Portugais, les Espagnols se réservent le monopole des ventes de produits exotiques en Europe.
Le traité de Tordesillas devint réellement caduc lorsque les autres puissances, la France, les Pays-Bas et le Royaume-Uni disposeront d'une flotte navale suffisante pour braver l'interdit hispano-portugais. Outre la reprise de certaines colonies espagnoles, les autres puissances continueront la colonisation en occupant des terres plus au Nord, comme les États-Unis et le Canada, peu ou pas colonisés par les Espagnols.

Autres traités, nouvelles bulles

Mais les rois d’Angleterre et de France ne reconnaissent pas la juridiction suprême des papes. En 1534, François 1er donne d’ailleurs une commission à Jacques Cartier qui s’aventure jusqu’à l’intérieur du golfe Saint-Laurent. De son côté, Henri VII charge Jean Cabot d’explorer l’actuelle île du Cap-Breton.
En apprenant que le Portugal et l’Espagne se partageaient tranquillement le globe, François 1er se serait écrié:
"Je voudrais bien voir l’article du testament de notre père Adam qui leur accorde ce privilège exclusif!"
En réaction à la découverte par le Portugal des Moluques en 1512, l'Espagne mit en avant l'idée en 1518 que le pape Alexandre avait divisé le monde en deux moitiés. Le traité de Saragosse 1529, définit la ligne des antipodes placée à 17 degrés à l'est des Moluques.
En 1533, le roi de France François Ier demanda au pape Clément VII de changer la bulle en faveur de la France. Le pape précisa donc que la bulle n'affecte que les territoires occupés par l'Espagne ou le Portugal, toutes les terres nouvelles non occupées pouvant être réclamées par d'autres monarques chrétiens
La bulle ne précise pas que les territoires situés à l'est de la ligne reviennent au Portugal, qui n'avait atteint le sud de l'Afrique qu'en 1488 et n'atteindra les Indes qu'en 1498. Ces terres étaient à découvrir au-delà de celles de la côte occidentale de l'Afrique jusqu'à la Guinée, qui avait été donnée aux Portugais en 1481 par la bulle de Aeterni regis, ratifiant le traité d'Alcaçovas.
En outre, dans la bulle Dudum siquidem, datée du 25 septembre 1493 et intitulée Extension de la concession apostolique et donation des Indes, le pape garantissait à l'Espagne ces pays qui, à un moment ou à un autre, avaient appartenu à l'Inde.
Avec le tour du monde de Magellan, un nouveau différend naît au moment de localiser la partie orientale de ce méridien qui fait le tour du globe. L'une des terres en débat entre les deux signataires est l'archipel des Moluques, importante zone d'approvisionnement en épices. Après de nouvelles tractations, le traité de Saragosse, signé le 22 avril 1529, établit la suite du méridien à 297,5 lieues à l'ouest de cet archipel, au profit du Portugal, l'Espagne se voyant attribuer une compensation financière

La découverte du Brésil et le bois de braise

L'armada de Cabral n'était pas destinée à l'Amérique. Elle apportait des renforts aux Indes orientales, en empruntant l'itinéraire inauguré par Vasco de Gama. Un crochet trop large pour venir prendre l'alizé portant, selon la manœuvre de la volte, lui valut de longer sur plusieurs centaines de kilomètres la côte brésilienne. Ainsi naquit le Brésil portugais, bien que les historiens se demandent si Amerigo Vespucci ou Vicente Yanez Pinzon n'en étaient pas les premiers découvreurs. Sans parler des aventuriers ou des marchands égarés, notamment français, qui avaient pu s'y rendre, mais sans mandat de leur gouvernement.

Le Brésil apparaît en majesté sur une magnifique planche de l'Atlas Miller. Les Portugais en contrôlent totalement l'accès, comme le montrent leurs armoiries et leurs caravelles qui ont envahi la page. Ils n'ont pas encore entrepris la colonisation à proprement parler ; elle viendra plus tard, avec l'élevage du bétail et la culture de la canne à sucre. Pour le moment, ils se contentent d'exploiter les forêts côtières, à la recherche du bois de brésil, le pâo brasil qui donna son nom au pays, déjà nommé, ici, Terra brasilis. Dès le Moyen Âge, ce bois aux multiples variétés, que l'on importait à grands frais des Indes orientales, était très recherché pour la teinture des tissus auxquels il donnait une couleur allant du rouge de braise au rose intense.
Dans le courant du XVIe siècle, les Français firent concurrence aux Portugais pour le commerce du bois de braise et le voyageur Jean de Léry a conservé l'image de navires naufragés lors du voyage de retour, laissant sur la mer une énorme tache rouge comme du sang. Les enluminures de cette carte nous montrent des Indiens nus employés à l'abattage et au transport des troncs. Leur travail consistait à brûler le pied des arbres pour les abattre, à les dépouiller de leur écorce et à les débiter en grumes de un ou deux mètres transportées jusqu'à la rivière la plus proche par laquelle elles étaient alors acheminées jusqu'à un port d'embarquement ; la riche toponymie de la côte Prouve que celle-ci avait été soigneusement explorée. Cette carte offre également une des premières représentations des parures de plumes des Indiens.
L'Atlas Miller 1519 utilise des armoiries des États pour signifier la propriété des territoires, mais il ne figure aucunement les lignes de partage du monde. Et pour cause. Comme nous le verrons, les moyens de mesure de la longitude étaient encore si peu perfectionnés qu'aucun cartographe n'était alors en mesure de tracer ces lignes de façon exacte. Cette difficulté devint vite un problème crucial pour les royaumes ibériques qui se disputaient violemment la propriété de l'archipel des riches Moluques, les « îles du clou », dont on ne savait si elles étaient en zone portugaise ou en zone espagnole.
Le voyage de Magellan permit de démontrer, à tort, qu'elles se trouvaient dans l'hémisphère espagnol. Avec ses pilotes, il les situa à 2° 30' à l'est du méridien de partage, alors qu'elles étaient en réalité à 4° à l'ouest. La conférence de Badajoz, réunie en 1524 pour trancher la question, vit s'affronter des thèses opposées et quelque peu fantaisistes. Les Espagnols allèrent jusqu'à attribuer aux Moluques la longitude de 26° est, voire de 32° est, chiffre défendu par les Castillans pendant tout le XVIe siècle. Pour leur défense, les Portugais produisaient des cartographes experts qui défendaient la thèse occidentaliste mais certains d'entre eux, tels les Reinel, en passant au service de l'Espagne, firent aussi passer les Moluques de l'autre côté du méridien de partage.
Pour en finir, bien que dans son droit, mais incapable de prouver que les Moluques se trouvaient à l'ouest de la ligne, le Portugal les racheta à l'Espagne pour la somme de 350 000 ducats par le traité de Saragosse d'avril 1529. Le magnifique planisphère de Domingo Teixeira, qui figure précisément les lignes de partage, nous montre une querelle réglée, mais qui a laissé des souvenirs. Le cartographe insiste lourdement sur la position des îles contestées qu'il situe par deux fois à l'ouest du méridien fatidique : une première fois dans la marge de gauche et une deuxième fois à leur place dans l'Insulinde.

Traduction de La Bulle

Traduction de la bulle publiée par Alphonse Gourd, Les chartes coloniales et les constitutions des États-Unis, Paris, Imprimerie nationale, 1885, p. 199. Texte latin in Frédéric Schoell, Histoire abrégée des traités de paix entre les puissances de l'Europe depuis la paix de Westphalie de Christophe Guillaume Koch, Bruxelles, 1837, tome premier. L'original ne comporte aucune division ; la division en paragraphes de la traduction ne correspond pas à la division du texte latin signalé.


I. Alexandre, Évêque, Serviteur des Serviteurs de Dieu, à son Très Cher Fils dans le Christ, Ferdinand, et à sa Très Chère fille dans le Christ, Isabelle, Illustres Roi et Reine de Castille, de Léon, d'Aragon, de Sicile et de Grenade, Salut et Bénédiction Apostolique.

II. Parmi les oeuvres agréables à la Majesté Divine et chères à notre coeur, il n'en est pas de meilleures, à coup sûr, que l'exaltation toute particulière en notre temps, la propagation et le développement, en tous lieux, de la Foi Catholique et de la Religion Chrétienne, le salut des âmes, la soumission des nations barbares et leur conversion à la foi elle-même. Appelé par la faveur de la clémence Divine, malgré l'insuffisance de nos mérites, à cette Chaire Sacrée de Pierre, nous vous connaissons Rois et Princes vraiment Catholiques. Nous n'ignorons pas, et vos hauts faits, si connus du monde presque tout entier, démontrent que vous l'avez toujours été. Nous savons que, loin de vous borner à désirer l'accomplissement des oeuvres précitées, excellentes entre toutes, vous voulez bien, n'épargnant ni les labeurs, ni les dépenses, ni les périls, même au prix de votre propre sang, mettre tous vos soins, tout votre zèle, toute votre ardeur, à le poursuivre, et y avez appliqué, depuis longtemps, votre esprit tout entier et tous vos efforts. Nous en avons pour preuve certaine ce renversement de la tyrannie des Sarrasins accompli par vous, de nos jours, dans le royaume de Grenade, à la si grande gloire du nom de Dieu. Nous sommes donc justement conduit à vous accorder, et devons même, de notre propre mouvement et de grand coeur, vous octroyer les moyens de continuer, avec un zèle chaque jour plus ardent, pour l'honneur de Dieu lui-même et pour l'accroissement de l'Empire Chrétien, une entreprise si sainte et si louable, que le Dieu immortel a inspirée.

III. Nous savons à merveille que vous vous proposez, depuis longtemps, de chercher et de trouver des Iles et des Continents, éloignés et inconnus, dont personne encore n'a fait la découverte ; que Vous voulez en ramener les habitants et indigènes à honorer notre Rédempteur et à professer la foi Catholique ; et que, fort occupés, jusqu'à ce jour, à assiéger et recouvrer le Royaume de Grenade, vous n'avez pu conduire à bonne fin ce saint et louable projet.

IV. Mais voici que, après avoir, avec la permission de Dieu, recouvré le dit Royaume, vous avez voulu accomplir votre dessein, et à notre cher fils, Christophe Colomb, homme des plus dignes, des plus recommandables, très propre à une si grande affaire, lui fournissant les navires et les équipages nécessaires, vous avez donné la mission laborieuse, dangereuse et coûteuse entre toutes, de rechercher soigneusement des Continents et des îles, éloignés et inconnus, dans une mer, où jusqu'à ce jour nul n'avait encore navigué. Ces hommes ont, Dieu aidant, mis un zèle extrême à parcourir le Grand Océan, et ils y ont trouvé certaines îles, très éloignées, et même des Continents que nul autre n'avait découverts jusque-là. De très nombreuses nations habitent ces pays, vivant en paix, et habituées, dit-on, à marcher nues et à ne pas se nourrir de chair. Autant que vos envoyés susdits le peuvent conjecturer, ces mêmes nations, qui habitent les îles et les continents précités, croient qu'un seul Dieu Créateur est aux cieux ; elles paraissent assez propres à embrasser la Foi Catholique et à se former aux bonnes moeurs ; et l'on espère que, si elles étaient instruites, le culte du Sauveur, Notre Seigneur Jésus-Christ, serait facilement établi dans ces continents et ces îles. Ledit Christophe a déjà fait édifier et construire, sur l'une des principales des îles susdites, une tour assez forte dans laquelle il a laissé certains Chrétiens de sa suite, qui la garderont et chercheront d'autres îles et continents éloignés et inconnus. Dans ces mêmes îles et ces continents déjà découverts on trouve l'or, les parfums, et le plus grand nombre d'objets précieux de diverses espèces et qualités.

V. Pour vous, à l'exemple de vos ancêtres, les Rois d'illustre mémoire, toutes choses bien considérées, et surtout comme il convient à des Rois et Princes Catholiques, en vue de l'exaltation et du développement de la foi Catholique, vous vous êtes proposé, avec le secours de la clémence divine, de soumettre et de convertir à la foi Catholique ces continents et ces îles précités, leurs habitants et indigènes. Nous louons très vivement, dans le Seigneur, votre saint et louable projet ; nous désirons qu'il soit conduit à bonne fin, et que le culte même de Notre Sauveur soit établi dans ces pays. Et ainsi, puisque vous-mêmes, de votre propre mouvement, voulez, par amour pour la foi orthodoxe, commencer et poursuivre jusqu'au bout cette entreprise, nous vous pressons très vivement, dans Notre Seigneur, et, tout ensemble, par la réception du saint Baptême, qui vous lie aux ordres apostoliques, et par les entrailles de la miséricorde de Notre Seigneur Jésus-Christ, nous vous sollicitons avec instances de croire que vous devez engager les peuples, qui habitent ces îles et ces continents, à embrasser la religion chrétienne, de vouloir les y porter, de ne vous laisser jamais détourner par les périls ni les labeurs, d'espérer et de penser fermement que le Dieu Tout-Puissant bénira vos efforts.

VI. Afin que la largesse de la grâce apostolique vous fasse entreprendre, avec plus d'indépendance et d'audace, la charge d'une si grande affaire, nous, de notre propre mouvement, non sur votre demande et votre instance, ni sur celles que d'autres nous auraient adressées à cet égard pour vous, mais de notre pure libéralité, de notre science certaine, et de la plénitude de la puissance apostolique, nous vous donnons, de toutes les îles et de tous les continents trouvés et à trouver, découverts et à découvrir, à l'ouest et au midi d'une ligne faite et conduite du pôle arctique, ou nord, au pôle antarctique, ou sud, et distante, à l'ouest et au midi, de cent lieues de toute île de celles qui sont vulgairement nommées les Açores et les îles du Cap-Vert, que ces îles et ces continents trouvés et à trouver soient situés vers l'Inde, ou qu'ils le soient vers tout autre pays, toutes les îles et tous les continents trouvés et à trouver, découverts et à découvrir, à l'ouest et au midi de la dite ligne, qui n'auront pas été effectivement possédés par quelque autre Roi ou Prince Chrétien jusqu'au dernier jour passé de la nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ, où commence la présente année, mille quatre cent quatre-vingt-treize, dans laquelle vos envoyés et capitaines ont découvert quelques-unes des dites îles.

VII. En vertu de l'autorité du Dieu Tout-Puissant que nous avons reçue par le bienheureux Pierre, et de celle qui est attachée aux fonctions de Vicaire de Jésus-Christ que nous exerçons sur la terre, nous donnons, concédons, transférons à perpétuité, aux termes des présentes, ces îles et ces continents, avec toutes leurs dominations, cités, places fortes, lieux et campagnes, droits et juridictions, à vous et à vos héritiers et successeurs, les Rois de Castille et de Léon ; et nous vous en faisons, constituons et. estimons maîtres, vous et vos susdits héritiers et successeurs, avec pleine, libre et entière puissance, autorité et juridiction. Mais c'est notre volonté que notre présente donation, concession et assignation, ne puisse ni être censée avoir été mise en question ou détruite, ni détruire les droits des Princes Chrétiens qui auraient effectivement possédé les dites îles et les dits continents jusqu'au jour précité de la nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ.

VIII. Nous vous enjoignons encore, en vertu de la sainte obéissance que, suivant votre promesse dont votre très grande dévotion et votre royale magnanimité garantissent, nous n'en doutons pas, l'accomplissement, vous choisissiez, avec tout le zèle convenable, et envoyiez aux îles et aux continents précités des hommes honnêtes, craignant Dieu, instruits, habiles et propres à enseigner aux habitants et indigènes la foi Catholique, et à les former aux bonnes moeurs.

IX. A toute personne, quelque dignité qu'elle ait, fût-elle même d'état, de rang, d'ordre, ou de condition Impériale et Royale, sous peine d'excommunication majeure qu'elle encourra par le seul fait de sa désobéissance, nous interdisons rigoureusement de tenter, sans votre permission spéciale ou celle de vos héritiers et successeurs susdits, pour faire le trafic ou pour toute autre cause, l'accès des îles et des continents, trouvés ou à trouver, découverts ou à découvrir, au midi et à l'ouest d'une ligne faite et conduite du pôle arctique au pôle antarctique, et distante de cent lieues, à l'ouest et au midi, comme il a été dit, de toute île de celles qui sont vulgairement nommées les Açores et les îles du Cap-Vert, ces îles et ces continents, trouvés et à trouver, fussent-ils situés vers l'Inde ou le fussent-ils vers tout autre pays.
X. Ainsi sera-t-il, nonobstant toutes constitutions et ordonnances, apostoliques et autres.

XI. Nous mettons notre confiance dans celui de qui procèdent les empires, les dominations et tous les biens, assuré que, le Seigneur dirigeant vos actes, si vous poursuivez votre saint et louable projet, vos travaux et vos efforts seront, en peu de temps, pour le bonheur et la gloire de tout le peuple Chrétien, couronnés du plus heureux succès.

XII. Comme il serait difficile que les présentes lettres fussent portées dans tous les lieux où leur production pourrait être utile, nous voulons, et, pour ce motif et à raison de cette conviction, nous décidons que toute copie, portant la signature d'un notaire public compétent et le sceau de quelque personne revêtue d'une dignité ecclésiastique ou celui d'une cour ecclésiastique, ait, en justice, et ailleurs, et partout, la créance qui s'attacherait aux présentes, si celles-ci étaient produites ou montrées.

XIII. Qu'il ne soit donc permis à aucun des hommes de briser ou de méconnaître, par une audace téméraire, cet acte qui renferme notre recommandation, exhortation, requête, donation, concession, assignation, désignation, délégation, décision, ordre, défense et volonté. Si quelqu'un ose le faire, il encourra, qu'il en soit averti, l'indignation du Dieu Tout-Puissant et des bienheureux Apôtres de Dieu, Pierre et Paul.

XIV. Donné à Rome, à Saint-Pierre, l'année après l'incarnation de Notre Seigneur, mil quatre cent quatre-vingt-treize, le quatrième jour avant les Nones de Mai, la première année de notre pontificat.

Liens
http://youtu.be/3Uq86DKxxUM Partage du nouveau monde 1 (Espagnol)
http://youtu.be/lg5qhloMnUE Partage du nouveau monde 2 (espagnol)
http://youtu.be/KWDRvSIfd7Y Partage du nouveau monde 3 (espagnol)

http://youtu.be/wxDJI2sqjUE Partage du monde 1494 traité de Tordesillas (espagnol)


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#306 Premières publications des prophéties de Nostradamus 1ère partie
Loriane Posté le : 03/05/2014 20:20
Le 4 mai 1555 eut lieu la première publication des Prophéties

de Nostradamus


Le 4 mai 1555, l’imprimeur Macé Bonhomme publie à Lyon la toute première édition de 353 quatrains de ses Prophéties qui lui apporteront une renommée jamais démentie depuis. Elle lui vaudront la même année d’être convié à la cour par la reine Catherine de Médicis.

Michel de Nostredame, dit Nostradamus, naît à Saint-Rémy-de-Provence en 1503. Il obtient un baccalauréat ès arts à Avignon, puis entame des études de médecine sur Montpellier. Nul ne sait avec certitude s’il y obtient finalement son doctorat. Cela ne l’empêche pas de pratiquer, à grand renfort d’onguents et de pommades de sa fabrication, au cours de ses pérégrinations incessantes en France et en Italie.
"Nostradamus" n’est pas une simple latinisation de Nostredame, qui aurait donné Domina Nostra ou Nostradomina. Ce serait plutôt un jeu de mots heureux sur Nous donnons damus soit les choses qui sont nôtres, nostra soit "les panacées : nostrum ".
Le nom complet de son "Traité des Fardements et des Confitures" est " Excellent & moult utile Opuscule à touts necessaire, qui desirent avoir cognoissance de plusieurs exquises Receptes, divisé en deux parties : La premiere traicte de diverses façons de Fardemens et Senteurs pour illustrer et embellir la face.
La seconde nous monstre la façon et manière, de faire confitures de plusieurs sortes, tant en miel, que sucre, & vin cuict, le tout mis par chapitres, comme est fait ample mention en la Table. Nouvellement composé par maistre Michel de Nostredame docteur en Medicine de la ville de Salon de Craux en Provence, et de nouveau mis en lumiere
Il publie son premier "almanach", fait de prédictions astrologiques pour l’année, en 1550 et utilisera désormais le surnom de Nostradamus
Il fera en tout quatre séjours sur Lyon:
en 1547, en tant que médecin faisant usage de "fardements et confitures" pour lutter contre la peste;
en 1555, peu de temps après l’édition des Prophéties;
en 1557, pour superviser l’impression de la deuxième version, beaucoup plus longue (642 quatrains). Devant le succès rencontré, elles seront ré-éditées à peine trois mois plus tard;
en 1560.

Sa vie

Michel de Nostredame, dit Nostradamus, serait né le 14 décembre 1503 à Saint-Rémy-de-Provence et meurt le 2 juillet 1566 à Salon-de-Provence, était un apothicaire Astrologue, médecin, herboriste français.
Selon bien des sources, il aurait également été médecin, bien que son expulsion de la faculté de médecine de Montpellier témoigne qu’il n'était pas possible d’être les deux à la fois.
Pratiquant l'astrologie comme tous ses confrères à l'époque de la Renaissance, il est surtout connu pour ses prédictions sur la marche du monde.

Michel de Nostredame est né de Jaume de Nostredame et de Reynière ou Renée de Saint-Rémy le 14 décembre 1503. Jaume était l'aîné des six certains disent dix-huit enfants du couple Pierre de Nostredame et Blanche de Sainte-Marie.
Le nom des Nostredame vient de son grand-père juif, Guy de Gassonet, fils d'Arnauton de Velorges, qui choisit le nom de Pierre de Nostredame lors de sa conversion au catholicisme, probablement vers 1455. Selon les archives d'Avignon, et selon les archives de Carpentras qui parlent souvent de juifs des autres régions, il est suggéré que l'origine du nom Nostredame fut imposée8 par le cardinal-archevêque d'Arles, Pierre de Foix.
Le grand-père de Nostredame, Pierre de Nostredame, était si convaincu de sa foi qu'il a répudié sa femme d'alors, Benastruge Gassonet qui ne voulait pas quitter le judaïsme. La dissolution du mariage fut prononcée en vertu du privilège paulin à Orange le 14 juin 1463, ce qui lui a permis finalement d'épouser Blanche, fille de Pierre de Sainte-Marie, médecin, savant hébraïsant et hélleniste.

Son enfance

C'est son bisaïeul maternel, Jean de Saint-Rémy, ancien médecin et trésorier de Saint-Rémy, qui lui aurait transmis en 1506 les rudiments des mathématiques et des lettres. Mais ceci est douteux, vu que la trace notariée dans les archives dep. des Bouches du Rhône B. 2.607 de ce vieux personnage disparaît en 1504.

Quelques prophéties

Certaines des prophéties de Nostradamus sont devenues particulièrement célèbres et alimentent sa légende. Les interprétations sont facilitées par le style sibyllin de l’auteur, renforcé par son mélange du français, du latin, du grec et du provençal.

Centurie I, Quatrain 35
Décès accidentel de Henri II: le roi Henri II meurt le 30 juin 1559 dans d’atroces souffrances après avoir eu l’œil transpercé par la lance du comte de Montgomery au cours d’une joute. Selon les partisans du devin, les deux adversaires portaient un lion comme insigne et le casque royal était en or. A noter que personne ne fit le rapprochement entre le quatrain et le décès royal du vivant de Nostradamus, pas même lui…


Centurie II, Quatrain 51
Le grand incendie de Londres en septembre 1666: le roi anglais Charles 1er a été exécuté 17 ans plus tôt. Un incendie ravage Londres l’année aux trois 6. La cathédrale Saint Paul s’effondra sur des personnes de plusieurs confessions qui s’y étaient réfugiées.

Centurie IX, Quatrain 20
Arrestation de Louis XVI à Varennes: En 1791, le roi s’enfuit de Paris. Déguisé en confesseur, il préfère contourner Reims (Reines) et emprunte une route secondaire via Varennes, où il sera finalement reconnu et arrêté le 21 juin. Il finira guillotiné.

Centurie II, Quatrain 91
Bombe atomique sur Hiroshima le 6 août 1945: L’Aquilon, vent du nord, était souvent utilisé par Nostradamus pour désigner la Russie, dont la pointe orientale tend vers le Japon. Les survivants de l’explosion mourront entre autres de l’incapacité à s’alimenter.

Centurie II, Quatrain 97
Attentat contre Jean-Paul II: Mohamed Ali Agça tente d’assassiner le pape Jean-Paul II à Rome où il n’y a pourtant qu’un seul fleuve… le 13 mai 1981, trois jours seulement après l’élection de François Mitterand dont le symbole est la rose.

Anecdotes

"Nostradamus" n’est pas une simple latinisation de Nostredame, qui aurait donné Domina Nostra ou Nostradomina. Ce serait plutôt un jeu de mots heureux sur Nous donnons damus soit les choses qui sont nôtres, nostra soit "les panacées : nostrum ".
Le nom complet de son "Traité des Fardements et des Confitures" est " Excellent & moult utile Opuscule à touts necessaire, qui desirent avoir cognoissance de plusieurs exquises Receptes, divisé en deux parties : La premiere traicte de diverses façons de Fardemens et Senteurs pour illustrer et embellir la face.
La seconde nous monstre la façon et manière, de faire confitures de plusieurs sortes, tant en miel, que sucre, & vin cuict, le tout mis par chapitres, comme est fait ample mention en la Table. Nouvellement composé par maistre Michel de Nostredame docteur en Medicine de la ville de Salon de Craux en Provence, et de nouveau mis en lumiere


Ses années d'études


Nostredame part très jeune à Avignon pour y obtenir son diplôme de bachelier ès arts. On le disait doué d'une mémoire presque divine, d'un caractère enjoué, plaisant, peut-être un peu moqueur laetus, facetus estque mordax. Ses camarades l'auraient appelé le jeune astrologue, parce qu'il leur signalait et leur expliquait les phénomènes célestes, mystérieux alors pour beaucoup : les étoiles filantes, les météores, les astres, les brouillards, etc. Il dut apprendre aussi la grammaire, la rhétorique et la philosophie. Mais il doit quitter l'université après un an seulement, et donc sans diplôme, à cause de l'arrivée de la peste fin 1520.
Neuf ans plus tard en 1529, ayant cependant pratiqué comme apothicaire, profession non diplômée, il s'inscrit à la faculté de Montpellier pour essayer d'y gagner son doctorat en médecine. Il se fait connaître grâce aux remèdes qu'il a mis au point en tant qu'apothicaire. Mais il est bientôt expulsé pour avoir exercé ce métier manuel interdit par les statuts de la faculté. Son inscription de 1529 et sa radiation sont les seules traces de son passage à Montpellier, et on ne connaît pas de document attestant qu'il ait été docteur d'une autre université. Mais, sans être affirmatifs, la plupart des érudits du vingtième siècle pensent qu'il n'est pas impossible que l'expulsion de Nostredame ait été temporaire et qu'il soit devenu quand même diplômé de l'université de Montpellier, comme le prétendaient aussi, en ajoutant des détails supplémentaires peu croyables, certains commentateurs très tardifs comme Guynaud et Astruc, bien qu'il lui ait manqué le premier diplôme nécessaire pour accéder au doctorat, car les noms de plusieurs des diplômés connus de cette université sont absents, eux aussi, de ses registres — à moins que ceux-ci n'en aient pas été de vrais diplômés non plus, le phénomène du faux docteur étant très connu à l'époque.

Mariages et professions

Vers 1533, il s'établit à Agen, où il pratique la médecine de soins à domicile. Il s'y lie d'amitié avec Jules César Scaliger. Cet Italien, installé à Toulouse, érudit de la Renaissance, est un personnage incomparable, sinon à un Plutarque selon Nostradamus ; il écrit sur tout. Impertinent, il s'attaque à tout le monde, s'intéresse à la botanique et fabrique des pommades et des onguents. Mais le jeune imposteur inquiète les autorités religieuses par ses idées un peu trop progressistes pour l'époque.
La durée précise de son séjour à Agen est inconnue ; peut-être trois ans, peut-être cinq ans. Les points de repère manquent et l'on ne peut offrir que des dates élastiques. Vers 1534 Nostredame s'y choisit une femme dont on ne sait même pas le nom, qui lui aurait donné deux enfants : un garçon et une fille.
L'épouse et les deux enfants moururent, très rapidement semble-t-il, à l'occasion de quelque épidémie, la peste vraisemblablement.
D'après certains commentateurs catholiques des Prophéties — Barrere, l'abbé Torne-Chavigny notamment — Nostredame aurait dit en 1534 à un frère qui coulait une statue de Notre-Dame dans un moule d'étain qu'en faisant de pareilles images il ne faisait que des diableries.
D'aucuns pensent que ses relations avec un certain Philibert Sarrazin, mécréant de l'époque, de la région d'Agen, avaient rendu Nostredame plutôt suspect à la Sainte Inquisition. Celle-ci l'aurait même invité à se présenter devant son tribunal de Toulouse pour y être jugé du crime d'hérésie ; mais il se garda bien de répondre à cette citation.
Après la mort de sa première femme, Nostredame se serait remis à voyager. On l'aurait trouvé à Bordeaux, vers l'an 1539. Les commentateurs tardifs Moura et Louvet se le représentent en la compagnie de savants renommés de l'époque et du cru : l'apothicaire Léonard Baudon, Johannes Tarraga, Carolus Seninus et Jean Treilles, avocat.
Nostredame accomplit de 1540 à 1545 un tour de France qui l'amène à rencontrer de nombreuses personnalités, savants et médecins.
La légende signale le passage du futur prophète à Bar-le-Duc. Nostredame y aurait soigné, d'après Étienne Jaubert, plusieurs personnes et notamment une célèbre ? Mademoiselle Terry qui l'aurait souvent enten exhorter les catholiques à tenir ferme contre les Luthériens et à ne permettre qu'ils entrassent dans la ville.
Une tradition très douteuse affirme qu'il a séjourné un temps à l'abbaye d'Orval, qui dépendait de l'Ordre de Cîteaux, située alors au diocèse de Trêves, à deux lieues de l'actuelle sous-préfecture de Montmédy, un séjour que Pagliani, après plusieurs autres, date de 1543.
On ne sait s'il faut y ajouter foi, même si, avec Torne-Chavigny et Napolêon lui-même, beaucoup de gens lui attribuent les fameuses prophéties d'Orval, Prévisions d'un solitaire, ainsi que celles d'un certain Olivarius. On les aurait 'trouvées' à l'abbaye d'Orval en 1792, date approximative de leur style même. La première, de style tardif, elle aussi serait datée de 1542, antérieure donc de treize ans, comme on le verra plus loin, à la préface des premières Centuries. Mais il semble plus probable que toutes les deux aient été composées au XIXe siècle à la gloire de Napoléon.
Ici se termine le cycle de pérégrinations de Nostredame qui l'a mené en somme, après être rayé de Montpellier, du Sud-Ouest au Nord-Est de la France. Nostredame atteint la quarantaine 1543 et commence une seconde phase de déplacements qui va le rapprocher de la Provence et le pousser vers l'Italie, terre bénie de tous ceux qui connurent à son époque l'ivresse de la Renaissance.
Les premières étapes de ce périple sont probablement Vienne, puis Valence des Allobroges, dont parle Nostradamus dans son Traité des fardemens et confitures à propos des célébrités qu'il s'honora d'y avoir rencontrées : "A Vienne, je vis d'aucuns personnages dignes d'une supprême collaudation ; dont l'un estoit Hieronymus, homme digne de louange, et Franciscus Marins, jeune homme d'une expectative de bonne foy. Devers nous, ne avons que Francisons Valeriola pour sa singulière humanité, pour son sçavoir prompt et mémoire ténacissime... Je ne sçays si le soleil, à trente lieues à la ronde, voit ung homme plus plein de sçavoir que luy. "

En 1544, Nostredame aurait eu l'occasion d'étudier la peste à Marseille sous la direction, a-t-il dit, d'un autre Hippocrate, le médecin Louis Serres. Puis, il est appelé par ceux d'Aix en corps de communauté pour venir dans leur ville traiter les malades de la contagion dont elle est affligée. C'était en l'année mil cinq cent quarante six.

On le voit certainement à Lyon en 1547 où il s'oppose au médecin lyonnais Philibert Sarrazin, à Vienne, Valence, Marseille, Aix-en-Provence et, enfin, à Arles, où il finit par s'établir. Là, il met au point un médicament à base de plantes, capable, selon lui, de prévenir la peste.
En 1546, il l'expérimente à Aix lors d'une terrible épidémie : son remède semble efficace comme prophylactique, mais il écrira lui-même plus tard que les seignées, les medicaments cordiaux, catartiques, ne autres n'avoyent non plus d'efficace que rien.Traité des fardemens et confitures, Lyon, 1555, p. 52 Malgré ce succès douteux, Nostredame est appelé sur les lieux où des épidémies sont signalées. À la même époque, il commence à publier des almanachs qui mêlent des prévisions météorologiques, des conseils médicaux et des recettes de beauté par les plantes. Il étudie également les astres.
Le ­11 novembre 1547, il épouse en secondes noces Anne Ponsard, une jeune veuve de Salon-de-Provence, alors appelé Salon-de-Craux. Le couple occupe la maison qui abrite aujourd'hui le Musée Nostradamus. Il aura six enfants, trois filles et trois garçons ; l'aîné, César, deviendra consul de Salon, historien, biographe de son père, peintre et poète.
Nostredame prend le temps de voyager en Italie, de 1547 à 1549. C'est d'ailleurs en 1549 qu'il rencontre à Milan un spécialiste en alchimie végétale, qui lui fait découvrir les vertus des confitures qui guérissent. Il expérimente des traitements à base de ces confitures végétales et, de retour en France, il publie en 1552 son Traité des confitures et fardements.
En 1550, il rédige son premier almanach populaire – une collection de prédictions dites astrologiques pour l’année, incorporant un calendrier et d’autres informations en style énigmatique et polyglotte qui devait se montrer assez difficile pour les éditeurs, à en juger par les nombreuses coquilles, où certains voient le signe que l'auteur était dyslexique. Dès cette date, Michel de Nostredame signe ses écrits du nom de "Nostradamus". Ce nom n'est pas l'exacte transcription latine de 'Nostredame', qui serait plutôt Domina nostra ou Nostra domina. En latin correct, ‘Nostradamus’ pourrait signifier : Nous donnons, damus les choses qui sont nôtres, nostra ou Nous donnons, damus les panacées nostrum, mis au pluriel, mais il est également permis d'y voir un travestissement macaronique, et très heureux de Nostredame.
En 1555, installé à Salon-de-Provence, il publie des prédictions perpétuelles, et donc en théorie, selon l'usage de l'époque, cycliques dans un ouvrage de plus grande envergure et presque sans dates ciblées, publié par l’imprimeur lyonnais Macé Matthieu Bonhomme. Ce sont les Prophéties, l'ouvrage qui fait l'essentiel de sa gloire auprès de la postérité.

Protection royale

Sa renommée est telle que la reine Catherine de Médicis l'appelle à la cour en 155528. Le motif de l'intérêt de la reine était peut-être que, dans son dernier Almanach, Nostradamus avait mis le roi en garde contre des dangers qu'il disait ne pas oser indiquer par écrit. En cette même année 1555, donc, Nostradamus, inquiet des intentions de la cour il craint d'avoir la tête coupée, se rend à Paris, où il reçoit du couple royal des gratifications qu'en public il qualifiera d'amples mais dont il se plaint en privé qu'elles ne couvrent pas ses frais de voyage. Des nouvelles alarmantes sur l'intérêt que la justice parisienne porte à la source de sa prescience l'incitent à quitter Paris précipitamment. Il se persuade qu'on veut sa mort.
Dans les années qui suivent, il est la cible de plusieurs pamphlets imprimés. Les attaques fusèrent de partout : de France et d'Angleterre, des milieux protestants et catholiques, des laïcs et des clercs, des poètes et des prosateurs, des adversaires de l'astrologie et des astrologues de métier, des étrangers mais aussi de ses proches. L'ordonnance d'Orléans du 31 janvier 1561, dont le rédacteur ou un des rédacteurs fut le chancelier Michel de l'Hospital, hostile à Nostradamus prévoit des peines contre les auteurs d'almanachs publiés sans l'autorisation de l'archevêque ou de l'évêque. Peut-être une infraction à cette ordonnance est-elle à l'origine d'un incident qui n'a pas été tiré tout à fait au clair. Le jeune roi Charles IX écrit le 23 novembre 1561 au comte de Tende, gouverneur de Provence, apparemment pour lui donner l'ordre d'emprisonner Nostradamus, car le comte de Tende répond au roi le 18 décembre :
" Au regard de Nostradamus, je l'ay faict saisir et est avecques moi, luy ayant deffendu de faire plus almanacz et pronostications, ce qu'il m'a promis. Il vous plaira me mander ce qu'il vous plaist que j'en fasse."
Le comte a donc fait arrêter Nostradamus et l'a amené avec lui dans le château de Marignane. Les deux hommes étaient amis et la prison tenait plutôt de la mise en résidence. On ignore ce que le roi répondit au comte de Tende, mais tout indique que l'incident resta sans suites.
Nostradamus rentra pleinement en grâce auprès de la famille royale, puisqu'en 1564, à l'occasion du grand tour de France, Charles IX, accompagné de Catherine de Médicis et de Henri de Navarre, le futur Henri IV, lui rendit visite. À cette occasion, la reine le nomma médecin et conseiller du roi.

Maladies et mort

Certains, prenant à la lettre ce que Nostradamus, dans la préface de la première édition de ses Prophéties, dit de sa " comitiale agitation hiraclienne", pensent qu'il souffrait d'épilepsie. Selon d'autres, c'est seulement par image que Nostradamus désignait ainsi un état de transe qui accompagnait ce qu'il croyait être sa révélation prophétique. En revanche, il est vraisemblable voir Leroy qu'il fut atteint de la goutte et d'insuffisance cardiaque. Dans le dernier quatrain des Présages, qui parurent en 1568, soit deux ans après sa mort, on peut lire :

CXLI. Nouembre.
Du retour d'Ambassade. dô de Roy. mis au lieu
Plus n'en fera: sera allé a DIEV:
Parans plus proches, amis, freres du sang,
Trouué tout mort prés du lict & du banc.

Certains y ont vu la preuve qu'il connaissait les circonstances de sa mort. On dit qu'on le retrouva mort, près de son lit et d'un banc de bois, le 2 juillet 1566, au retour d'un voyage où il avait représenté sa ville auprès du roi, donc une ambassade et y avait reçu le titre de médecin ordinaire du roi. Ce qui est attesté, c'est qu'il représenta Salon-de-Crau en ambassade à Arles auprès du roi en 1564, qu'il fut par la suite richement doté par le roi. Il fut retrouvé mort le 2 juillet 1566 au matin, et non en novembre, ce qui laisse cependant entier le doute quant à la prophétie, puisque celle-ci ne sera publiée que deux ans après sa mort, et en forme apparemment rétro-éditée. Il mourut à Salon-de-Provence d'un œdème dit cardio-pulmonaire. On connaît son testament et le devenir exact de sa dépouille : son tombeau fut édifié dans l’église des Cordeliers puis profané en 1793 par des sans-culottes, ses ossements étant pillés et dispersés. Un marseillais, d’après la tradition locale, se serait emparé du crâne et aurait bu dedans. Finalement le maire David fit transférérer les reliques qu'il avait pu sauver dans la collégiale Saint-Laurent, à Salon-de-Provence.

Les diverses publications

Les éditions des Prophéties dans la seconde moitié du XVIe siècle s'étagent sur trois périodes : celle des premières éditions 1555-1563, objet du présent article, la période Benoist Rigaud c. 1568-1585, qui est aussi la période de diffusion des éditions "complètes" du texte, et la période ligueuse c. 1588-1600, celle des éditions tronquées et atrophiées parues après les assassinats de Henry de Guise et de Henry III, et de la réaction des éditions Rigaud, de Benoist en fin de carrière puis de ses héritiers.
Depuis l'ouvrage célèbre du péruvien Daniel Ruzo, paru à Barcelone en 1975 et traduit à Monaco en 1982, la compréhension chronologique des premières éditions des Prophéties n'a guère évolué. Michel Chomarat et Robert Benazra, dans leurs catalogues respectifs 1989 et 1990, reproduisent certaines suppositions de Ruzo, que je considère désormais comme caduques. Pierre Brind'Amour évince cette épineuse question dans la bibliographie de son ouvrage de 1993, et passe cavalièrement de l'édition Bonhomme de 1555 à une édition rouennaise imprimée par Pierre Chevillot vers 1611 et reproduite à Nice en 1981, p.476. Le présent article a pour double objectif de rassembler la plupart des références relatives à ces éditions, au demeurant les seules parues du vivant de Nostradamus, et d'ouvrir de nouvelles voies de recherche, suite notamment à un recensement sur un nombre encore trop limité de catalogues de collections privées, effectué l'an passé. Je suis persuadé que le dépouillement systématique d'un autre millier de catalogues permettrait de confirmer certaines hypothèses et d'améliorer les investigations engagées.
Des onze ou douze éditions présentées dans cette liste et dont l'existence peut être supposée, seules deux d'entre elles sont actuellement disponibles, la première et la troisième, chacune en deux exemplaires. Trois d'entre elles sont totalement inconnues des bibliographes et des nostradamologues : l'édition parisienne de 1557, celle de 1558, et l'édition londonienne de 1563.
Des analyses séparées seront consacrées à la pagination, aux vignettes et marques typographiques, au contenu et aux variations orthographiques des rares éditions accessibles.

Résumé des résultats et conjectures de cette recherche :
A. Les Prophéties sont originellement parues à Lyon en trois fois (1555, 1557, 1558).
B. Elles ont été rééditées à Paris en 1556, en 1557, et probablement en 1558.
C. Elles ont été réimprimées sous un autre titre et avec quelques modifications à Avignon en 1559-1560.
D. Une contrefaçon parisienne, parue en 1561, atteste de l'existence des trois premières éditions.
E. Une traduction anglaise de la contrefaçon parisienne est parue à Londres en 1563.
F. Il est improbable qu'une édition complète des Prophéties soit parue du vivant de Nostradamus. Benoist Rigaud fait imprimer en 1568 la première édition complète, en deux volets de 642 et 300 quatrains, rassemblant en un seul volume le texte des éditions de 1557 et 1558 (cf. CN 38).

Les premières éditions sont toutes parues sous le titre invariable : Les prophéties de Monsieur Michel de Nostradamus, avec M. pour "Maistre". Les marques typographiques bandeaux, fleurons, lettres ornées de l'édition de 1555, qui comprend 353 quatrains, ont été étudiées dans mon texte paru le 1er janvier 2005 cf. "Authenticité de la première édition des Prophéties de Nostradamus, Ramkat, puis CN 26.

L'épître à César Nostradamus est datée du 1er mars 1555, le privilège accordé pour deux ans est daté du 30 avril 1555, l'achevé d'imprimer du 4 mai 1555.

On connaît actuellement trois exemplaires de ce petit octavo très soigné. Le premier a été localisé par Robert Benazra, en juillet 1983, à la bibliothèque municipale d'Albi 9,4 × 13,65 cm. Il avait appartenu au contre-amiral, explorateur et bibliophile Henry Paschal de Rochegude, né le 18 décembre 1741 à Albi vers 4 heures du matin. L'auteur de deux ouvrages sur la langue et sur la poésie occitane Toulouse, 1819 a légué son hôtel et ses collections à sa ville natale à son décès survenu le 16 mars 1834. Le fonds Rochegude (environ 12.000 imprimés, 100 manuscrits, et un certain nombre d'ouvrages qui auraient été détruits : cf. la "Revue du Département du Tarn", 1885 ne rejoindra les collections de la bibliothèque municipale qu'en 1884, à la mort de l'usufruitière du collectionneur, sa nièce la comtesse de Saint-Juéry. La bibliothèque Rochegude a été récemment rebaptisée médiathèque Pierre Amalric, sans doute par reconnaissance envers son plus généreux donateur...

Le second exemplaire a été localisé en septembre 1982 à l'Österreichische Nationalbibliothek de Wien par Benazra. Quelques différences typographiques et orthographiques le distingue de l'exemplaire d'Albi. Benazra en a relevé environ 80 dans sa réédition en fac-similé de 1984, Michel Nostradamus, "Les prophéties" Lyon 1555, Lyon, Les Amis de Michel Nostradamus. On suppose d'après l'analyse de ces différences que l'exemplaire de Vienne pourrait être un retirage corrigé de l'édition précédente.

Bareste mentionne un troisième exemplaire, celui de Henri Dujardin (pseudonyme de l'abbé James du diocèse de Verdun, auteur de plusieurs ouvrages dans les années 1840, et probable auteur-faussaire de la fameuse prophétie dite du solitaire de l'abbaye d'Orval), et reproduit la quasi intégralité du privilège (pp.253-254) dont le bas de page est déchiré. C'est ce même exemplaire (9,7 × 14,6 cm) qui a été racheté par l'abbé Hector Rigaux (1841-1930) le 15 octobre 1889, mis en vente à l'hôtel Drouot le 17 juin 1931, et adjugé au libraire et folkloriste Émile Nourry (1870-1934) alias Pierre Saintyves, auteur de L'astrologie populaire (1937). L'exemplaire des Prophéties est passé au successeur de Nourry, le libraire parisien Jules Thiébaud, avant de figurer dans la collection de la librairie Thomas-Scheler. [Michel Scognamillo m'a informé le 15 avril 2010 de la redécouverte de cet exemplaire Rigaux, ainsi que d'autres éditions rarissimes d'opuscules nostradamiens en possession de la librairie parisisienne Thomas-Scheler et présentés au Grand Palais à la XXVe Biennale des Antiquaires en septembre 2010.]

Ce troisième exemplaire a été décrit et photographié par Ruzo d'après les collections de Jules Thiébaud, en possession de sa veuve dans les années 50. Il est identique à l'exemplaire James/Rigaux selon Ruzo, à l'exception de la déchirure mentionnée par Bareste. Le catalogue Rigaux reproduit en fac-similé les pages de titre et de privilège, ainsi que la dernière page de son exemplaire, ce qui m'a permis de supposer d'après ces images que l'exemplaire Rigaux, désormais James/Rigaux/Nourry/Thiébaud/Scheler était similaire à celui de Vienne, en dépit de la retouche manuelle qui a été faite au titre. En effet, sur la dernière page de l'exemplaire de Vienne, la marque de foliotation k ij se trouve juste au-dessus du fleuron, presque alignée à sa droite, tandis que sur l'exemplaire d'Albi, le fleuron est imprimé plus bas. Et j'ai pu vérifier que l'exemplaire Thiébaud, dont un fac-similé a été vendu 110 $ à la vente Ruzo en avril 2007, est identique à l'exemplaire de Vienne. Par conséquent, parmi les trois exemplaires connus, l'exemplaire d'Albi est unique et les deux autres identiques.

Les deux textes de 1555 présentent une centaine de différences dans les quatrains, qui sont pour l'essentiel des corrections apportées à un premier tirage dont l'exemplaire est conservé à Albi, comme l'a montré Robert Benazra en 1984 lors de son édition en fac-similé de cet exemplaire. En revanche, le texte de la préface est identique et strictement superposable dans les deux éditions, hormis quelques différences d'encrage, comme il en résulte d'une comparaison attentive. On s'assurera, d'après les quelques extraits significatifs qui suivent, que les alignements, les espacements et les quelques légères déficiences d'impression, à commencer par la double interversion des lettres dans la ligne "vis l'aage naturel & humain" ont été conservés. Les planches de la préface n'ont pas été retouchées. Non seulement, ces textes sortent du même atelier, mais le retirage conservé à Vienne n'est probablement postérieur au premier tirage que de quelques jours à peine ou au pire de quelques semaines. Le retirage serait donc paru dès juin 1555.

Les Prophéties Édition de 1568.

Comme dit précédemment, la première édition des Prophéties est publiée le 4 mai 1555 par l’imprimeur lyonnais Macé, Matthieu Bonhomme. Plusieurs éditions sont considérées comme piratées ou antidatées, mais on admet en général que l'édition augmentée qui porte la date de septembre 1557 fut réellement publiée du vivant de Nostradamus. L'existence d'une édition de 1558 est moins sûre, aucun exemplaire n'ayant survécu. Le livre est partagé en Centuries, une centurie étant, théoriquement, un ensemble de cent quatrains.
La septième centurie resta toujours incomplète. La première édition, pleine de références savantes, contient 353 quatrains prophétiques, la dernière, publiée deux ans après la mort de Nostradamus, 942 – soit 58 quatrains de moins que les 1000 qu'il avait annoncés, parachevant la milliade. Les Propheties ont donné lieu à la publication de près de dix mille ouvrages. Parmi les exégètes les plus célèbres, on peut mentionner Anatole Le Pelletier, Vlaicu Ionesco, Jean-Charles de Fontbrune et son père, Serge Hutin et Erika Cheetham, qui croient à la prescience de Nostradamus, et Eugene F. Parker, Edgar Leoni, Louis Schlosser et surtout Pierre Brind'Amour, qui n'y croient pas. D'autres comme Robert Benazra, Michel Chomarat et Daniel Ruzo, se sont appliqués à recenser les éditions de ses œuvres et les ouvrages qui le concernent.
Une première cause de divergence entre interprètes est qu'en raison des méthodes de composition des imprimeurs du XVIe siècle, les éditions et même les exemplaires particuliers de ces éditions diffèrent tous ou presque, et ne garantissent aucune conformité parfaite avec le texte manuscrit original, perdu depuis lors. Pour ajouter à la difficulté, des quatrains, comme par exemple 10,72, qui indique une date précise font l'objet de désaccords entre les exégètes, notamment quant au sens des mots.
La seconde cause de divergences entre les interprètes tient à Nostradamus lui-même.
Son style obscur et son vocabulaire, mélange de français moyen, de latin, de grec, très peu ; voir par exemple le quatrain IV, 32 et de provençal, donnent aux exégètes une grande liberté d'interprétation. Nostradamus, peut-être pour ajouter du mystère à ses quatrains, a employé toutes sortes de figures littéraires.
Mais la raison principale de ce style nébuleux serait, si on l'en croit, le désir d'assurer la pérennité de l'œuvre. Nostradamus assure cependant qu'un jour le monde verra que la plupart des quatrains se sont accomplis, ce qui laisse entendre qu'ils seront compris clairement par l'humanité.
En attendant, tout évènement cadrant, a posteriori, avec l'une des multiples interprétations possibles d'un quatrain est présenté comme l'interprétation juste - plusieurs interprétations d'une même prophétie cohabitant parfois chez le même exégète. Un bon nombre des interprètes, surtout les sensationnalistes et les amateurs qui croient à la prescience de Nostradamus semblent persuadés qu'il a surtout parlé de leur époque.

Les méthodes divinatoires de Nostradamus

Nostradamus affirmait volontiers avoir appliqué toute une série de procédés divinatoires, parmi lesquels la « fureur poëtique, ou le subtil esprit du feu de l'oracle de Delphes ; l' eau de l'oracle de Didymes ; l'astrologie judiciaire, l'art de juger de l'avenir d'après le mouvement des planètes, mais Nostradamus se disait astrophile plutôt qu'astrologue; les sacrées Écritures, ou les sacrées lettres, bien qu'il n'ait probablement pas possédé une Bible telle quelle, interdite à l'époque aux laïques : il en aurait utilisé des extraits trouvés dans Eusèbe, Savonarole, Roussat et le Mirabilis Liber ; la calculation Astronomique, ou la supputation des âges, selon de prétendus cycles datant d'Ibn Ezra et de bien avant, Nostradamus prétend arrêter ses prédictions à l'an 3797 ; et le songe prophétique ou l'incubation rituelle.
Il est cependant douteux qu'il ait vraiment utilisé ces procédés, car il semble se contredire là-dessus, par exemple en rattachant une même prophétie à plusieurs procédés, et il est plus probable que sa méthode principale était la projection dans le futur de prophéties préexistantes et de récits historiques, méthode dont il ne dit presque rien, mais dont l'existence est rendue quasi certaine par un nombre considérable de rapprochements faits depuis le XVIIIe siècle jusqu'à nos jours.

Le plus célèbre des quatrains réputés prophétiques

Le plus célèbre des quatrains réputés prophétiques de Nostradamus, avec, peut-être le quatrain de Varennes IX, 20 est le trente-cinquième de la première centurie, Centurie I, quatrain 35

Le lyon ieune le vieux surmontera,
En champ bellique par singulier duelle,
Dans cage d'or les yeux luy creuera,
Deux classes vne, puis mourir, mort cruelle.

Selon les adeptes d'une lecture prophétique, ce quatrain annoncerait la mort d'Henri II.
En juin 1559, le roi Henri II affronta le comte de Montgomery, lors d'un tournoi de chevalerie. Ils auraient porté, selon ces adeptes tous deux un lion comme insigne. Henri II reçut la lance de son adversaire dans son casque selon certains, en or et aurait eu l'œil transpercé. Il mourut dix jours plus tard.
Voici ce qu'en dit l'historien québécois Pierre Brind'Amour, qui, pour sa part, pense que Nostradamus interprète un prodige céleste tel que celui qu'on aperçut en Suisse en 1547, montrant un combat entre deux lions :
"Ce quatrain, le plus célèbre des Centuries, fait les délices des amateurs d'occultisme, qui veulent y voir l'annonce du tournoi qui opposa Henri II et le sieur Gabriel de Lorge, comte de Montgomery, le 1er juillet 1559. On sait qu'Henri II, blessé à l'œil par son adversaire, mourut de sa blessure le 10 juillet suivant. Les sceptiques, dont je suis, s'émerveillent de la coïncidence ; les adeptes y voient la preuve de ce qu'ils ont toujours su, à savoir que Nostradamus avait un don de clairvoyance. Pourtant personne à l'époque ne fit le rapprochement.Nostradamus astrophile, p. 267; Les premières Centuries ou Propheties, p. 99-101."
Le professeur de linguistique Bernard Chevignard note lui aussi, que ni Blaise de Monluc, ni François de Vieilleville, ni Claude de l'Aubespine, ni Brantôme ne mentionnent une quelconque prophétie de l'oracle de Salon à ce propos, la mort d'Henri II, mais font état de leurs propres rêves prémonitoires ou d'une prédiction de l'astrologue napolitain Luca Gaurico.
Brantôme a bien fait allusion à l'incident, mais ne parle que d'un 'devin' qui n'était pas nécessairement Nostradamus.
B. Chevignard relève de plus que, dans ses Présages en prose, à la fin de ce qui concerne le mois de juin 1559, Henri II fut blessé en juin et mourut en juillet, Nostradamus, après avoir écrit " Quelque grand Prince, Seigneur et dominateur souverain mourir, autres defaillir, et autres grandement pericliter, ce qui fait s'écrier à son dévoué exégète Chavigny : Icy infailliblement est presagée la mort du Roy Henry II, avait ajouté immédiatement après : La France grandement augmenter, triompher, magnifier, et beaucoup plus le sien Monarque, d'où ce second commentaire de Chavigny : Ceci est dit pour deguiser le fait.
Chavigny, d'ailleurs, n'a pas interprété le quatrain I,35 comme annonçant la mort d'Henri II, non plus que Nostradamus lui-même, qui privilégiait le quatrain III, 55, après l'avoir rétro-édité, d'ailleurs !. Cette interprétation n'est pas attestée avant 1614.

Quelques quatrains qui semblent avoir été copiés

Dans l'Épître à Henri Second qui précède les trois dernières Centuries de ses Prophéties, Nostradamus semble dire que ses dons de voyant lui révélaient parfois non l'avenir mais le passé : "supputant presque autant des aventures du temps à venir, comme des âges passés ".
Son admiratif interprète Chavigny intitula d'ailleurs Le Janus françois un livre où il expliquait certains quatrains par des évènements antérieurs à leur publication.
Dans des lettres publiées en 1724 par le Mercure de France, un anonyme relevait lui aussi des prophéties de Nostradamus qui semblaient tournées vers le passé et, à la différence de Chavigny, il en concluait que Nostradamus se moquait de son lecteur.
L'existence de quatrains du passé a reçu plusieurs confirmations, surtout grâce aux travaux de Pierre Brind'Amour, qui datent des dernières années du XXe siècle. On a ainsi découvert des emprunts très nets à l'astrologue Richard Roussat, à l'érudit florentin Petrus Crinitus et à des auteurs antiques comme Tite-Live, Julius Obsequens, etc.

Voici quelques exemples.

Centurie 1, quatrains 1 et 2 :
Estant assis de nuit secret estude,
Seul repousé sur la selle d'ærain,
Flambe exigue sortant de solitude
Fait proferer qui n'est à croire vain.

La verge en main mise au milieu de Branches,
De l'onde il moulle et le limbe et le pied.
Vn peur conjecture : Vapeur & voix fremissent par les manches,
Splendeur diuine. Le diuin prés s'assied.

Petrus Crinitus, De honesta Disciplina, réédité à Lyon en 1543, livre 20, rapporte, d'après Jamblique, traduit en latin par Marsile Ficin, comment les Sibylles pratiquaient la divination à Branches, in Branchis. En quelques lignes, il est question d'un souffle ou feu ténu, tenuem spiritum et ignem ; d'une pythie assise sur un siège d'airain " super aeneam sellam, d'une autre qui tient "une verge dans sa main virgam manu gestat, baigne dans l'eau ses pieds et la bordure de ses vêtements pedes limbumque undis proluit ou encore aspire la vapeur, vaporem et est emplie de splendeur divine, divino splendore.

Centurie 1, quatrain 42 :
Le dix Kalendes d'Apuril de faict Gotique conjecture : Gnostique
Resuscité encor par gens malins
Le feu estainct, assemblée diabolique
Cherchant les or du d'Amant & Pselyn.

Dans le même livre de Petrus Crinitus, l. 7, ch. 4, il est question de Gnostiques Gnostici qui, cherchant à profiter des enseignements de Psellus et d'Origène Adamantius (Psellus, Origenes Adamantius), s'assemblent convenire le dix des Calendes d'avril X. Cal. Apri. et, toutes lumières éteintes luminibus extinctis, commettent des abominations.

Noté par P. Brind'Amour
Centurie 2, quatrain 41 :

La grand'estoile par sept iours bruslera,
Nuée fera deux soleils apparoir :
Le gros mastin toute nuit hurlera
Quand grand pontife changera de terroir.

Julius Obsequens, dans son Livre des Prodiges, réédité en 1552 par Conrad Lycosthenes, raconte qu'après l'assassinat de Jules César, une étoile brûla pendant sept jours. Trois soleils brillèrent .... Des hurlements de chiens furent entendus de nuit devant la maison du grand pontife .... Noté par Brind'Amour

Centurie 5, quatrains 6 et 75 :

Au roy l'Augur sur le chef la main mettre,
Viendra prier pour la paix Italique :
A la main gauche viendra changer le sceptre
De Roy viendra Empereur pacifique.

Montera haut sur le bien plus à dextre,
Demourra assis sur la pierre quarrée :
Vers le midy posé à la senestre,
Baston tortu en main, bouche serrée.

Tite-Live raconte ainsi l'inauguration du roi Numa Pompilius :

Alors, sous la conduite de l'augure ..., Numa se rendit à la citadelle et s'assit sur une pierre face au midi. L'augure prit place à sa gauche, la tête voilée et tenant de la main droite un bâton recourbé et sans nœud appelé lituus. De là, embrassant du regard la ville et la campagne, il ... marqua dans le ciel les régions par une ligne tracée de l'est à l'ouest et spécifia que les régions de droite étaient celles du midi, les régions de gauche celles du nord .... Puis, faisant passer le lituus dans sa main gauche, et plaçant la droite sur la tête de Numa, il demanda un signe de la part des dieux.
Immédiatement après, Tite-Live dit que Numa fut un roi pacifique qui éleva le temple de Janus pour symboliser la paix, et il loue l'empereur régnant, Auguste, d'être lui aussi pacifique.

Noté par G. Dumézil
Centurie 6, quatrain 100 :

Legis cantio contra ineptos criticos

Quos legent hosce versus, maturè censunto :
Profanum vulgus, & inscium ne attrestato :
Omnesque Astrologi, Blenni, Barbari procul sunto :
Qui aliter facit, is ritè, sacer esto.

Traduction :

Que ceux qui lisent ces vers y réfléchissent longuement !
Que le vulgaire profane et ignorant ne s'en approche !
Que tous les astrologues les sots, les barbares s'en écartent !
Qui passe outre, qu'il soit maudit selon le rite !

Petrus Crinitus, à la fin de son De honesta disciplina, déjà cité, avait mis cette strophe latine : Legis cautio contra ineptos criticos

Quoi legent hosce libros, maturè censunto :
Profanum uolgus & inscium, ne attrectato :
Omnesque legulei, blenni, barbari procul sunto :
Qui aliter faxit, is ritè sacer esto.

Noté par Brind'Amour
Centurie 7, quatrain 41 :

Les os des pieds et des mains enserrés,
Par bruit maison longtemps inhabitée ;
Seront par songes concavant déterrés,
Maison salubre et sans bruit habitée.

Pline le Jeune, Lettres, VII, 27 :
" Il y avait à Athènes une maison vaste et spacieuse, mais décriée et funeste. Dans le silence de la nuit, on entendait un bruit de fer ... et un froissement de chaînes .... Bientôt apparaissait le spectre : ... ses pieds étaient chargés d'entraves et ses mains de fers qu'il secouait. ... Aussi, dans la solitude et l'abandon auquel elle était condamnée, cette maison resta livrée tout entière à son hôte mystérieux. ... Le philosophe Athénodore loue la maison et y veille la nuit. Le spectre survient et l'invite à le suivre dans la cour, où il disparaît. Athénodore marque le lieu. Le lendemain, il va trouver les magistrats et leur conseille de fouiller en cet endroit. On y trouva des ossements enlacés dans des chaînes. ... On les rassembla, on les ensevelit publiquement et, après ces derniers devoirs, le mort ne troubla plus le repos de la maison. trad. De Sacy et Pierrot

Noté par E. Gruber
Centurie 9, quatrain 20 :

De nuit viendra par la forest de Reines
Deux pars vaultorte Herne la pierre blanche,
Le moine noir en gris dedans Varennes
Esleu cap. cause tempeste feu, sang tranche.

Dans La Guide des chemins de France, éditée chez Charles Estienne en 1553, les pages 137 à 140 concernent les confins du Maine et de la Bretagne, à raison de quelques brèves lignes par page.
On y trouve les mentions suivantes :
p. 137 : Vaultorte, Heruee probablement coquille pour l'actuelle Ernée, un ruisseau faisant le depart cfr. les deux pars de Nostradamus de la comté du Maine et de la duché de Bretaigne ;

Noté par Chantal Liaroutzos
Certaines découvertes dans ce sens ont été présentées directement sur Internet, sans publication antérieure en livre ou en revue. C'est ainsi que L. de Luca68 a découvert que la strophe latine mise par Nostradamus dans le prologue de sa Paraphrase de Galien est tirée des Inscriptiones sacrosanctae vetustatis, ouvrage de Petrus Apianus et Bartholomeus Amantius, édité à Ingolstadt en 1534. (Cet emprunt avait échappé à P. Brind'Amour, édition des Premières Centuries, Droz, 1996, p. 277.)
De même, P. Guinard69 a découvert qu'Ulrich von Hutten est cité très souvent dans les Présages de Nostradamus et qu'il a fourni de la matière à un au moins des quatrains des Prophéties :
Bis petit obscurum et condit se Luna tenebris
Ipse quoque obducta pallet ferrugine frater.
Deux fois la Lune cherche l'obscurité et se cache dans les ténèbres,
Et son frère lui-même pâlit, couvert d'une couleur ferrugineuse
Ulric von Hutten, Poemata, éd. Böcking, p. 253, reproduit sur le site de l'université de Mannheim
Lune obscurcie aux profondes tenebres,
Son frere pasle de couleur ferrugine
Nostradamus, Prophéties, I, 84.

Peter Lemesurier et Gary Somai ont également fait des rapprochements intéressants.

Fausses prophéties

Les Sixains, qui furent publiés pour la première fois au XVIIe siècle, sont considérés comme faux même par les partisans de la prescience de Nostradamus, car ils ne sont pas dans son style et son vocabulaire et sont beaucoup plus explicites que les quatrains centuriques. Par exemple, le sixain 52 :

La grand'Cité qui n'a pain à demy
Encor un coup la sainct Barthelemy
Engravera au profond de son ame :
Nisme, Rochelle, Geneve et Montpellier,
Castres Lyon, Mars entrant au Bélier,
S'entrebatteront : le tout pour une Dame

évoquerait le Massacre de la Saint-Barthélemy, le 24 août 1572. La grand'Cité serait Paris. Nisme, Rochelle, Geneve & Montpellier sont les quatre principales villes protestantes. une Dame indiquerait Catherine de Médicis.

Juste après les attentats du 11 septembre 2001, le texte suivant a beaucoup circulé sur Internet :

In the City of God there will be a great thunder,
Two brothers torn apart by Chaos,
while the fortress endures,
the great leader will succumb,
The third big war will begin when the big city is burning

traduction :

Dans la cité de Dieu il y aura un grand tonnerre
Deux frères seront séparés par le chaos
Pendant que la forteresse endure
Le grand meneur succombera
La troisième grande guerre commencera quand la grande cité brûlera

Ce texte n'est pas de Nostradamus, ce n'est même pas un quatrain. Il fut écrit en 1997 et publié sur une page web par Neil Marshall, étudiant canadien de Brock University, qui voulait montrer qu'on pouvait fabriquer à la manière de Nostradamus des prophéties assez ambiguës pour supporter de nombreuses interprétations. Ce qui concerne la troisième grande guerre n'est pas de Neil Marshall et fut ajouté après les attentats du 11 septembre.

Il existe aussi la traduction française d'un mélange de canulars, volontairement troublant, répandu en anglais après les attentats du 11 septembre 2001, et qui, il est bien évident, manquent de la rime et la scansion métrique qui caractérisent le vers commun qu'utilisait Nostradamus :

Dans l'année du nouveau siècle et neuf mois,
Du ciel viendra un grand roi de terreur...
Le ciel brûlera à quarante-cinq degrés.Ï Le feu approche la grande nouvelle ville...

Dans la ville d'York, il y aura un grand effondrement,
Deux frères jumeaux déchirés par le chaos
Tandis que la forteresse tombe le grand chef succombera
La troisième grande guerre commencera quand la grande ville brûlera.

Les Prophéties

Et les hommes qui viendront après moi reconnaîtront le caractère véridique de ce que je dis, parce qu'ils auront vu que les différents événements prédits par moi se seront réalisés infailliblement.
Ils sauront aussi ceux qui restent à accomplir, puisque je les ai indiqués avec clarté.
Alors les intelligences comprendront sous le ciel : mais seulement quand approchera le temps où l'ignorance se dissipera, le sens de mes prédictions sera chaque fois plus clair.

Nostradamus,1555

Le 30 novembre 1979, DPA a publié l'information intitulée "Nostradamus avait Prophétisé la Crise de Téhéran". La nouvelle nous informe de la commotion terrible qu'a provoquée un documentaire du célèbre directeur Paul Drane au sein du public australien. La présentation du documentaire, qui traite de la vie du prophète du XVIe siècle, Michel de Nostradamus, et qui inclut la prophétie de l'invasion arabe en Europe, a coïncidé avec la prise de l'ambassade des États-Unis par des étudiants iraniens, ce sujet a, en même temps provoqué en Australie l'achat de tous les livres de Nostradamus en un seul un jour, et semblait promettre la réalisation d'une prophétie vieille de 425 ans.

Déjà en 1939, peu après que l'Allemagne ait envahi l'Europe, Goebbels, Ministre de la propagande d’Hitler, avait fait reproduire un document falsifié, provenant de Nostradamus, pour le diffuser en Europe. Les services secrets anglais ont dépensé 80.000 £ pour la contre-propagande.

Dans le prologue de la première édition des Centuries, le même auteur assure que l'avenir et la fin de l'humanité sont contenus dans ses prophéties.

Dans ses vers énigmatiques, des personnalités et des évènements importants apparaissent, y compris les deux guerres mondiales, la destruction de New York, de Paris, de Rome, de Londres et une troisième guerre mondiale ... atomique.

Les prophéties de Nostradamus Adaptation pour la télévision

Michel de Nostre-Dame, illustre médecin français né en 1503, est considéré comme le plus grand voyant de l'histoire. Les premières de ses principales prophéties, connues comme étant Les Centuries, ont été éditées en 1555. À la même époque, ses prophéties ont commencé à s'accomplir avec exactitude, à tel point que, pour cette raison, il fut nommé médecin et conseiller du roi.

La première manifestation publique de son don prophétique est advenue dans un village perdu dans la campagne d'Ancône, en Italie, quand il s'agenouilla, en toute humilité, devant un pauvre moine franciscain appelé Félix Peretti. Interrogé par d'autres moines sur son attitude étrange, il répondit : "ne dois-je donc pas m'agenouiller face à sa Sainteté ?". 19 ans après la mort de Nostradamus, le monde connaîtra le pauvre moine sous le nom de "Pape Sixte V".

De nombreux auteurs tombent d'accord sur le fait que la prophétie qui fit accéder Nostradamus à la renommée, à la même époque, a été la suivante :

Le jeune lion vaincra le vieux. Le champ de bataille, par un duel singulier. Les yeux jailliront dans une cage d'or, des forces au combat, l'une restera, l'autre mourra d'une mort cruelle.

Quatre ans après la publication de cette prophétie, Henri II le lion, roi de France, mourait dans des douleurs terribles, à cause d'un éclat de la lance du jeune lion, le comte de Montgomery, qui traversa le casque d'or de sa majesté, en lui perforant un œil, lors d'un tournoi amical. On raconte que le roi maudit le prophète sur son lit de mort, après avoir alors compris la portée de sa prophétie.

On a beaucoup critiqué le langage obscur et énigmatique que Nostradamus utilise; cependant, dans la Lettre à Henri II, le voyant assure qu'il l'a fait délibérément "Les temps exigent que de tels évènements occultes ne soient prophétisés que sous forme très énigmatique... S'il le voulait, il pourrait bien fixer la date pour chaque quatrain."

Malgré l'obscurité de ses quatrains, selon différentes études, 95 % de ses prophéties ont été pleinement vérifiées.

Le quatrain qui se rapporte à la Révolution Française, relatif au roi Louis XVI, ressemble plus au récit historique d'un témoin oculaire qu'à une prophétie faite avec 200 ans d'anticipation :

Ils entreront dans les Tuileries où cinq cents le couronneront d'une mitre. Il sera trahi par quelqu'un doté d'un titre de noblesse du nom de Narbone, et par un autre dénommé Saulce, qui aura de l'huile en barils.

Le 20 juillet 1792, dans le palais des Tuileries, 500 marseillais obligent le roi Louis XVI à mettre, comme moquerie au roi déchu, un bonnet phrygien (mitre), symbole révolutionnaire. Le Comte de Narbone-Lara, ex-ministre de la guerre, avait démissionné, après n'avoir pu contrôler l'armée, pour trahir le roi. L'autre traître, dénommé Saulce, arrêta Louis XVI quand celui-ci essayait de fuir pour rejoindre des troupes loyales. Curieusement, comme l'indique Nostradamus, Saulce était vendeur d'huile, de graisse et de savon.

En ce qui concerne les personnages, nous mentionnerons uniquement deux exemples, cependant Nostradamus anticipe l'existence de presque tous les rois de France; Cromwell et Charles I; la mort de divers Papes, Napoléon Bonaparte, Hitler, De Gaulle, Mussolini, y compris selon de nombreux auteurs, le meurtre de John F. Kennedy et d'autres personnages contemporains. Analysons quelques vers isolés relatifs à Napoléon :

Un empereur naîtra près de l'Italie. De simple soldat, il deviendra Empereur. Il instaurera le contrôle absolu sur l'Église. Il se maintiendra quatorze ans au commandement.

Napoléon est né en Corse, en face du Golfe de Gênes, en Italie. Du grade de sous-lieutenant d'artillerie, il accéda à la fonction d'Empereur. Il contrôla l'Église; il suffira de rappeler qu'en 1809 il donna l'ordre au Pape d'annuler son mariage avec Joséphine.

"La Tête Rasée", comme le nomme Nostradamus, probablement parce qu'il n'a jamais utilisé la longue perruque traditionnelle des rois français, a régné du 9 novembre 1799 au 6 avril 1814; exactement 14 ans.

Le médecin voyant a aussi prophétisé ses principales campagnes, sa déroute en Russie et son exil à l'île de l'Elbe.

Une autre prophétie également surprenante est celle qui annonce la cause de la 2ème guerre mondiale : Adolphe Hitler. Analysons le quatrain dans lequel il donne le propre nom du führer :

La Liberté ne sera pas recouvrée. Un homme audacieux, sombre, orgueilleux et vil, l'occupera. Quand le pont sera achevé, La République de Venise sera attaquée par Hister.

Le mot Hister, conformément aux lois de l'anagramme (nom propre avec des lettres réadaptées, très populaire à l'époque de Nostradamus), est Hitler en vérité, avec une lettre changée. Hister est aussi un nom très ancien du Danube, et c'est en dernier recours, une référence à l'hystérie, célèbre caractéristique de l'homme obscur et audacieux qui allait s'emparer du pouvoir allemand. Ce triple propos du mot Hister s'explique facilement, puisque le 21 février 1941, le "New York Herald Tribune" publiait : Depuis Sofia en Bulgarie, nous sommes informés de la construction du Pont Nazi sur le Danube.

Un mois après que le pont ait été terminé, les forces d’Hitler s'infiltraient en Italie.

Nostradamus prophétise des inventions importantes et des découvertes. Pour ce voyant, le sous-marin est un poisson de fer d'où sortent des personnes pour faire la guerre, et il parle même d'une flotte de sous-marins.

Il devance Jules Verne en ce qui concerne l'avion :

Les gens voyageront en sécurité à travers le ciel, la terre, la mer et les vagues.

Et dans un autre quatrain :

Ils seront en guerre en contrôlant les nuages.

L'échec de la Société des Nations, née en 1919, Hitler, l'attaque de la Pologne, l'occupation de la France, la chute de Mussolini, de l'Allemagne et du Japon sont seulement quelques uns des événements de la deuxième guerre mondiale décrits dans Les Centuries. À la fin de celles-ci, Nostradamus cite dans un langage dramatique l'un des événements les plus tragiques de notre histoire : les bombes atomiques lancées sur Hiroshima et Nagasaki, qui a laissé un solde approximatif de 100.000 morts, parmi lesquels, rien qu'à Hiroshima, 20.000 des 71.000 disparus étaient des enfants :

Dans le Soleil Naissant un grand feu sera vu. Dans le cercle de l'explosion régnera la mort et des cris seront entendus. Cette mort sera par la guerre, par le feu et par la faim.

La chute du Chah Rezah Pahlavi, nouvelle de grande actualité qui continue à faire les titres de la presse mondiale, est annoncée dans le quatrain suivant, que nous séparons en deux :

La pluie, la faim et la guerre ne cesseront pas en Perse.

Trop de foi trahira le monarque.

La Perse est l'actuel Iran, et il est de notoriété publique que la révolution qui a destitué le Chah a été une révolution conduite et exécutée par des leaders religieux, célèbres par leur excès de foi.

Ces actions commenceront en France et finiront là. Un signe secret qu’on ne doit pas interpréter à la légère.

Le début du troisième vers, qui se rapporte aux actions révolutionnaires qui ont commencé en France, peut sembler obscur si on ne prend pas en compte que le conducteur et idéologue de la révolution Iranienne, l'Ayatollah Khomeini, se trouvait en exil à Paris, et que c'est depuis la France qu'il a lancé ses écrits, ses consignes et ses instructions pour la révolte qui provoqua la chute du Chah. Le reste du quatrain n'est pas encore arrivé, et nous attendons donc que les actions s'achèvent en France, et que la lumière soit faite sur le signe secret, qu’on ne doit pas interpréter à la légère, selon le voyant.

Nostradamus a prophétisé l'avenir de l'humanité actuelle, et nous présentons ci-après les dites prédictions telles que les valident les plus célèbres spécialistes du sujet.En synthétisant, la plupart des auteurs étudiés se retrouvent dans le fait que Nostradamus prédit une guerre terrible d'une durée de 27 ans, dans laquelle deux grandes puissances lutteront.

En ce qui concerne l'invasion arabe en Europe, nous lisons :

En Arabie naîtra un roi puissant de la loi de Mahomet, qui dominera l'Europe et l'Italie. Par la discorde, la négligence française S’ouvrira un passage à Mahomet (aux arabes.

L'une des plus importantes données que fournit le voyant est la description des armes capables de détruire une ville entière.

Si nous analysons avec attention, l'effet de la description correspond à l'explosion d'une bombe atomique :

Un feu vivant sera enfermé, la mort cachée, dans des ballons effroyablement horribles. De nuit la ville navale sera réduite en poussière. La ville en flammes, l'ennemi indulgent.

Dans un autre quatrain on lit :

Chah Rezah Pahlavi

“La pluie, la faim et la guerre ne cesseront pas en Perse. Trop de foi trahira le monarque.”

Ayatollah Khomeini

«Ces actions commenceront en France et finiront là. Un signe secret qu’on ne doit pas interpréter à la légère.»

“Par la chaleur du soleil, montée de la mer. Les poissons du Négroponte à moitié cuits. Les pluies, gélatineuses, rendront les terres stériles. .”

Nostradamus fournit une donnée qui nous permet de nous faire une idée à propos de la troisième guerre mondiale : le voyant affirme que quand une comète ou un éclair à longue queue sera visible dans le ciel, la guerre sera à son apogée.

Les conséquences épouvantables d'un combat nucléaire, accompagnées des désastres naturels occasionnés par le rapprochement d'une planète gigantesque dont nous parlerons plus loin, provoqueront, selon le prophète, la destruction des plus grandes villes du monde.

Entre autres, Nostradamus cite :

Rome :

“Elle sera envahie et finira dans un gigantesque raz de marée : Oh, vaste Rome, ta ruine s'approche. Ton malheur est proche. Tu seras captive plus de quatre fois. Je pleure pour l'Italie. Elle sera détruite par un tremblement de terre et par des bombes : Le feu du centre de la terre... la fera trembler. Pendant que deux puissances font la guerre pour longtemps. Le ciel brûlera à 45 degrés. Le feu s'approche... la grande flamme sautera à l'instant. ”

Paris:

“Par le fer, le feu, la peste, le canon, les gens mourront... la grande ville se retrouvera très désolée, et il ne subsistera pas un seul de ses habitants... Il y aura un tremblement de terre, de l'eau, une accumulation malheureuse, il n'y aura pas d'endroit où se réfugier, la vague arrivera au milieu de la péninsule. ”

Le quatrain relatif à l'Angleterre pourrait être interprété comme un grand raz de marée qui devrait l'engloutir avant le début de la guerre.

“La Grande-Bretagne, y compris l'Angleterre, sera envahie par les eaux à une hauteur très importante ... L'Île de Saint-Georges à moitié submergée... La paix somnolente, se réveillera la guerre. ”

Les effets calamiteux de la guerre causeront des pestes et des famines :

“La grande famine que je sens s'approcher circulera souvent et ensuite sera universelle. Elle sera si importante et forte, qu’elle parviendra à arracher la forêt de sa racine, et le nourrisson du sein. ”

Les désastres naturels qui accompagneront la troisième guerre mondiale seront les conséquences, selon le prestigieux investigateur contemporain Samael Aun Weor, fondateur de l'Association Gnostique d'Études d'Anthropologie et de Sciences Internationales, du rapprochement d'une planète gigantesque 6 fois plus grande que Jupiter appelée Hercolobus. Le Dr. Samael Aun Weor cite Nostradamus :

“Un astre longtemps enfoui dans les ténèbres profondes. De la couleur du fer oxydé. Il viendra obscurcir la lune, Qu'il blessera d'une plaie sanglante. ”

Nostradamus pour la date d'arrivée de la planète :

“En 1999, sept mois, viendra du ciel un grand roi de l'horreur... Quand sera l'éclipse de soleil le monstre sera vu en plein jour. Il sera interprété d'une manière erronée Malheureusement personne n'aura prévu. La grande étoile durant sept jours brûlera, les nuages feront croire qu'il y a deux soleils. ”

Dans un autre quatrain est annoncé un rapprochement plus important de la planète :

“ Le soleil occulté, éclipsé par Mercure, sera seulement un élément secondaire dans le ciel. ”

Nostradamus nous donne une clé astronomique : il n'existe que 12 éclipses de soleil occasionnées par la planète Mercure en un siècle ; l'une d'elles aura lieu le 24 novembre 1999, propos qui coïncide clairement avec ses prophéties.

Le rapprochement de la planète produira de graves perturbations : des tremblements de terre, des raz de marées et le basculement de l'axe de la terre, à propos duquel Nostradamus n'hésite pas à annoncer un Grand Incendie Universel :

... et d'abondantes pierres incandescentes tomberont du ciel. Et un vif feu dévorant, tel qu'il ne restera rien qui ne soit pas consumé.

Un tel incendie est par ailleurs prophétisé par la majorité des écritures sacrées du monde :

Dans le chapitre 2, verset 3-10, Saint Pierre dit :

“ Le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit ; sur lequel les cieux passeront avec un grand fracas, et les éléments incandescents s'écrouleront, et la terre et toutes les œuvres qui existent en elles brûleront. ”

Et dans le Chilam Balam, le livre maya :

“ Le Soleil se retournera, la face de la Lune se retournera, du sang coulera des arbres et des pierres; le ciel et la terre brûleront. ”

Et les sibylles romaines :

“ Le feu consumera toute la race humaine, toutes les villes, les rivières et la mer ; il embrasera tout et il réduira le monde en une poussière noirâtre. "Un feu vivant sera enfermé, la mort cachée à l'intérieur de ballons épouvantablement horribles ... " ”

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#307 Premières publications des prophéties de Nostradamus -suite-
Loriane Posté le : 03/05/2014 20:17

Interview du Dr Samael Aun Weor

Dans une interview spéciale pour la télévision, le Dr. Samael Aun Weor, autorité mondiale, a dit au sujet de Nostradamus et de ses prophéties :

-... Il se trouve que Michel de Nostradamus a été un grand médecin-astronome, du Moyen Âge. Il a été éduqué dans la sagesse des égyptiens. On dit qu'il passait des nuits entières à regarder fixement et sans ciller l'eau contenue dans une louche en cuivre. Certains affirment que dans cette eau translucide, il a pu voir avec une entière clarté méridienne les événements à venir. Ainsi donc, Michel de Nostre-Dame a été un grand voyant, cela personne ne peut le nier. Jusqu'à ce jour, toutes les prophéties que Michel de Nostradamus a faites se sont mathématiquement accomplies.

- Que pouvez-vous nous dire au sujet de la troisième guerre mondiale ?

- Michel de Nostradamus a prophétisé la première, la deuxième et aussi la troisième. De grands sages du passé avaient déjà pronostiqué trois guerres mondiales pour le siècle présent. La pire va être celle qui vient, la troisième, ce sera un véritable holocauste atomique, épouvantable. Les grandes villes du monde disparaîtront avec les explosions nucléaires. Le plus grave de tout est la contamination radioactive. Avec la troisième guerre mondiale l'atmosphère sera contaminée de manière épouvantable. La radioactivité infestera complètement l'air, les eaux, et en général tout ce qui existe. Par exemple, les pluies que nous aurons seront radioactives. Les récoltes seront perdues. Et elles seront tout simplement perdues parce que personne ne pourra les utiliser, c'est tout. Avoir à manger des aliments contaminés par la radioactivité est très grave. Cela arrivera ainsi.

Il n'y a aucun doute que cette troisième guerre mondiale soit à nos portes. D'autre part, dans les temps actuels, il existe la faim et la désolation, une misère épouvantable, une crise des valeurs, etc. Tout cela nous conduit peu à peu, vers la troisième guerre mondiale.

Aparté en guise d'épilogue

Il est devenu de bon ton depuis quelques années de fabriquer ce que j'appellerai de la contre-interprétation passéiste et rétrograde ou au contraire de l'analyse activiste et projective des quatrains de Nostradamus, soit pour tenter de montrer que les quatrains versifient des chroniques historiques que personne n'a pu retrouver, soit pour tenter de montrer que le texte des quatrains reflète des événements postérieurs et identifiables qui n'ont pu être prédits en raison des limites de l'esprit humain, et donc que les Prophéties seraient antidatées. Ainsi semblent s'affronter deux clans de sceptiques, qui à partir de leur assentiment commun aux idoles de la mentalité moderne, parviennent à des conclusions diamètralement opposées, tout en mettant en branle des méthodes de travail et des techniques d'interprétation tout aussi aléatoires que celles de leurs prédécesseurs "illuminés" qu'ils fustigent. Il n'est pas plus de connaissance historique, pas plus de rigueur méthodologique, chez ces anti- que chez les pro- d'autrefois et d'aujourd'hui. On observe même chez ces nouveaux sceptiques, comme on parle de "nouveaux philosophes", une plus fâcheuse tendance à biseauter le texte à l'aune de leurs traficotages. (Sur cette question, cf. "Le quatrain 23 de la centurie VI et la critique des méthodes dites rationalistes ", CN 64). Le plus souvent, ils se contentent de se polariser sur un vocable ou sur une expression, et interprètent un petit bout de vers, quitte à laisser le reste du quatrain dans l'ombre, ou au besoin à invoquer des fautes typographiques pour les morceaux non étudiés. En outre l'histoire du typographe qui fabrique le texte sous la dictée d'un lecteur, rapportée par Brind'Amour en 1993 (p.14), reste sujette à caution, et l'on peut penser que les divers imprimeurs des Prophéties restèrent très vigilants pour la fabrication d'un texte de cette nature.

Dans le camp des iconoclastes -- et Shakespeare comme Rabelais auront aussi mérité les leurs --, le refus d'accorder à Nostradamus la paternité des quatrains des Prophéties en imaginant l'existence de clans organisés de faussaires, au besoin aux intérêts divergents, s'accompagne d'une systématique falsification des dates et des textes, et d'une surdité maladive aux témoignages les plus évidents. Le procédé le plus utilisé, en dépit des preuves matérielles, consiste à marteler le dogme selon lequel les premières éditions auraient été imprimées sur le modèle d'éditions beaucoup plus tardives. Un autre "truc" consiste à faire croire que des plagiaires des années 1570-80 dont on connaît par ailleurs les textes insipides et poussifs, auraient pu changer de style et de mentalité, pour rédiger des quatrains à la place de l'astrophile. Ces procédés s'apparentent aux mouvements et modèles révisionistes de mystification, de falsification, et de réécriture de l'histoire, très en vogue aujourd'hui, et notamment pour des sujets où la séduction iconoclaste s'accorde aisément avec une aversion atavique mêlée à une grande part d'ignorance. C'est le cas pour les études nostradamiennes, comme pour celles relatives à l'astrologie et à l'histoire de l'astrologie, matières trop longtemps délaissées par les recherches académiques (cf. Guinard, TH. D., 1993, et "Astrologie : Le Manifeste 3/4", CURA.

Les témoignages et attestations externes de l'existence des Prophéties sont beaucoup plus nombreux que ne l'imaginent les apprentis exterminateurs -- qui, comme tous les iconoclastes, espèrent remplacer "les esprits" par la puérilité de leur esprit. Le corpus des textes littéraires, latins, français, allemands, italiens, anglais, etc, restés manuscrits, ou publiés entre 1555 et 1575, ou même quelques années après, pourrait réserver encore de nombreuses surprises. Les almanachs de Nostradamus, mais aussi ses Prophéties, malgré leur diffusion moins importante, ont été beaucoup plus diffusés et médiatisés qu'on ne l'a cru et dit, et je fournirai prochainement quelques témoignages que n'a pu retrouver Brind'Amour, lequel travaillait essentiellement au dépouillement d'éditions modernes accessibles dans les rayons de bibliothèques ou centres de recherche de type universitaire.

En outre, ces sceptiques et zététiques n'ont pas encore compris que Nostradamus a volontairement "tronqué" son texte septième centurie incomplète, quelques vers inachevés, bribes des centuries dites 11 et 12 rapportées par Chavigny, etc, afin précisément de piéger les analyses des gobe-mouches, aussi nombreux dans ces milieux que chez leurs adversaires. Il y a quelques années, sur un forum canadien de gogo-sceptiques, les adversaires de mon argumentation en faveur de nouvelles perspectives pour l'astrologie,

Les premières éditions des Prophéties 1555-1563

Les quelques retouches du retirage pourraient provenir de corrections hâtivement consignées sur un exemplaire que Bonhomme aurait apporté à Nostradamus. Les deux hommes se seraient rencontrés vers le 10 juin 1555 à Salon ou à Avignon : en effet Macé et son frère Barthélemy, "habitants d'Avignon", s'y rencontrent le 8 juin 1555 pour l'achat d'une propriété, Archives de Vaucluse, fonds Pons 1233 f. 327 ; Baudrier 10, p.196. Et l'imprimeur lyonnais aura entrepris son retirage dès son retour à Lyon, car les délais de publication sur papier étaient beaucoup plus rapides au XVIe siècle qu'ils ne le sont aujourd'hui !

A-t-il existé une édition Plantin, imprimée en 1555 à Anvers ? Leon Voet signale des différences de prix importantes lors de la vente d'almanachs de Nostradamus par Christophe Plantin, imprimeur du Traité des Fardements et des Confitures en 1557 : un "Almanach de Nostradamus avec les présages" vendu 3 stuivers le 1er janvier 1556, 12 lots semblables vendus 1 florin 10 stuivers = 30 stuivers une semaine plus tard, et encore 5 lots vendus 12 ½ stuivers le 5 août, et 3 lots vendus 7 ½ stuivers le 12 août de la même année, soit en moyenne 2 ½ stuivers le lot, Archives Plantin 38, fol.2, Musée Plantin-Moretus, Anvers. En revanche, plus d'une année après, le 27 septembre 1557, Plantin vend à un libraire de Tournai 12 almanachs de Nostradamus, probablement des exemplaires de l'Almanach pour 1558, qui serait déjà sorti, et non de l'Almanach pour 1557) à raison de ½ stuiver l'exemplaire (Archives Plantin 38, fol.26, Musée Plantin-Moretus, Anvers. Voet conclut de la différence de prix, du simple au quintuple, que les livraisons de 1556 pourraient contenir les Prophéties désignées par le terme ambigü de "présages". Toutefois le faible nombre de lots vendus, comparativement à la vente et distribution de centaines d'exemplaires de l'Almanach pour l'an 1558 courant 1558, cf. Voet, 1, p.45, semble exclure que Plantin ait lui-même imprimé cette édition ; il en aurait plutôt été le distributeur. Il s'agirait alors soit de l'édition "Denyse" édition 2 qui aurait alors été imprimée au tout début de l'année 1556, ou même fin 1555, soit encore et plus vraisemblablement, du second tirage de l'édition Bonhomme.

A-t-il existé une édition latine des Prophéties ? L'ancien catalogue papier de la Mazarine à Paris indique au nom de Nostradamus l'existence de "Prophéties en latin. Lyon. Macé Bonhomme. 1555. Absent depuis juin 1887." Le libraire lyonnais donnait aisément des doubles impressions, latine et française des textes de ses auteurs : Barthélemy Aneau en 1552, Guillaume Rondelet en 1554 et 1558, Pierre Coustau en 1555, etc. Il n'est donc pas invraisemblable qu'une édition latine des Prophéties soit parue en 1555 : Chavigny y aura peut-être repris et corrigé dans son Janus les quatrains latins provenant de cette édition, et le recenseur de la Mazarine aura traduit l'intitulé au frontispice et restitué le prénom usuel de l'imprimeur lyonnais: "Vaticinationes Michaeli Nostradami, Lugduni, Apud Matthiam Bonhomme". Mais tout ceci restera à l'état de conjecture invérifiable, faute d'indice supplémentaire.

A-t-il existé une édition "sixte denyse. Cette édition introuvable repose sur le seul témoignage de La Croix du Maine 1552-1592 : "Les quadrains ou propheties dudit Nostradamus, ont esté imprimez à Lyon l'an 1556 par Sixte Denyse & encores à Paris & autres lieux, à diverses annees." . La Croix ne donne pas de titre spécifique. Ruzo suppose qu'elle serait la première à contenir sept centuries. Cette supposition -- que j'ai moi-même défendue jusqu'à présent -- et qui a été reprise par les principaux bibliographes, me semble désormais improbable. Le privilège accordé à Macé Bonhomme pour deux ans, même s'il n'a pas été respecté par tel ou tel imprimeur, l'a vraisemblablement été par ceux-là même qui l'ont sollicité, à savoir l'éditeur et l'auteur. Rappelons que le privilège était un avantage accordé aux auteurs, imprimeurs et libraires, qui les protégeait juridiquement contre les productions pirates et les contrefaçons. Autrement dit, il n'a pas pu exister d'édition à sept centuries en 1556, parce que Nostradamus n'a probablement pas confié à l'impression le premier livre "complet" de ses Prophéties en sept centuries avant la fin de la période du privilège.

L'éditeur supposé, "Sixte Denyse", est inconnu de Baudrier comme de tous les bibliographes. La Croix du Maine, à l'exception de cette édition, et Du Verdier, dans leurs bibliothèques respectives, ne le mentionnent nulle part. Je ne crois pas que cette édition, si elle a existé, ait été imprimée à Lyon, mais peut-être à Anvers cf. supra, à Poitiers, qui était un assez grand centre d'impression, familier au manceau François Grudé de La Croix du Maine, ou plus vraisemblablement à Paris.

En effet le patronyme Denys ou Denyse n'était pas étranger dans les milieux de l'édition parisienne. Philippe Renouard recense Toussaint Denys et Hiérosme Denis, libraires actifs vers 1520-1530 1898, p.95, Augustin Lottin cite encore trois Jean Denys actifs dans la première moitié du XVIIe siècle, et Du Verdier mentionne un ouvrage malheureusement non daté, imprimé à Paris par un certain Jean S. Denys, les Chants Royaux spirituels, Rondeaux & autres petits traictez du poète Guillaume Cretin, décédé en 1525 1585, p.476.

Ce "Sixte Denyse" ou sixième Denyse pourrait être l'imprimeur et libraire parisien Estienne Denyse ou Denise, précisément actif en l'année 1556 : dans le recensement des libraires parisiens établi par Lottin, figurent parmi une dizaine de noms : "Olivier De Harsy, Libraire & Imprimeur", "Guillaume Thibault, Libraire" et "Etienne Denyse, Libraire suivant la Cour" Lottin, 1789, p.35, qui s'appuie sur La Caille.

On ne connaît que quelques ouvrages édités par Estienne Denyse, presque tous en 1556, et dont il ne subsiste que très peu d'exemplaires : La forme et maniere de la Poinctuation, et accents de la langue Françoise, ouvrage imprimé par Guillaume Thibaut 1556, Londres BL, le Recueil des faictz et gestes memorables du tres Chrestien roy de France Henry second de ce nom 1556, Bâle BU, La genealogie du grand turc, et la dignité des offices, & ordre de sa court 1556, Oxford UL, Le promptuaire des conciles de l'Eglise Catholique de Jean Lemaire de Belges, un ouvrage non daté Oxford UL, de Nicolas de Mossan, la Briefve narration de la grande cruaulte & parricide de soltan Solyman grand empereur des Turcs contre soltan Mustapha son filz aisné traduit du latin par F.I.P. de P. ; 1556, Harvard University Library, et La harangue de la déesse Astrée 1556, Paris BnF du poète et traducteur d'Ovide François Habert ouvrage imprimé par Guillaume Thibout et déjà signalé par Grudé.

L'éditeur et libraire au service de la cour, après le séjour parisien de Nostradamus en juillet-août 1555, pourrait avoir été commandité par Catherine de Médicis qui souhaitait son édition des Prophéties ! Par conséquent il s'agirait d'une édition plus ou moins confidentielle, et il n'est pas étonnant en ce cas qu'on n'en retrouve aucun exemplaire. Cette conjecture confirmerait mon hypothèse initiale, à savoir que cette édition de 1556 reproduit la précédente et ne contient que les 353 premiers quatrains.

S'il faut accorder crédit au témoignage de La Croix du Maine, admettre une inversion entre les villes de Paris et Lyon, et par conséquent lire : "Les quadrains ou propheties dudit Nostradamus, ont esté imprimez à Paris l'an 1556 par Sixte Denyse & encores à Lyon & autres lieux, à diverses annees", le pluriel aux "autres lieux" suppose la parution des Prophéties avant l'année 1584 dans au moins deux autres villes : Avignon est attestée, reste une ville hypothétique qui pourrait être Poitiers.

L'existence de cette édition est attestée par des allusions de Laurent Videl 1558, lequel avait entre les mains un exemplaire semblable à celui appelé aujourd'hui "exemplaire de Budapest", et par l'édition Regnault de 1561 qui la travestit.

On connaît trois exemplaires de cet ouvrage, correspondant à une double édition, l'une à 642 quatrains avec un achevé d'imprimer daté du 6 septembre 1557 exemplaire d'Utrecht, l'autre à 639 quatrains sans le quatrain latin à la fin de la centurie VI et à 40 quatrains à la suivante avec un achevé d'imprimer daté du 3 novembre (exemplaires de Budapest et de Moscou. Le frontispice de l'exemplaire de Budapest est identique à ceux de l'exemplaire désormais manquant de Munich Klinckowstroem, 1913, p.362 et de celui de Moscou.

La lettre-dédicace à César précède les deux lots de quatrains, c'est-à-dire les 353 de l'édition Bonhomme et les 286 ou 289 nouveaux quatrains de cette édition, réunis en un seul livre, avec une numérotation continuConcernant la mention du sous-titre annonçant énigmatiquement l'addition de 300 nouveaux quatrains, cf. mon texte : "Les pièces de l'héritage", et cf. infra.

Klinckowstroem qui a étudié l'exemplaire de Munich format = 6,1 × 9,3 cms, et Ruzo qui a fait une copie photographique de l'exemplaire de Moscou, en donnent une description qui les assimilent à l'exemplaire de Budapest.
L'exemplaire d'Utrecht ne figure pas dans les bibliographies Chomarat et Benazra de 1989-1990 : on sait, hélas, ce que ce forum de discussion est devenu aujourd'hui ... par le néerlandais Wouter Weyland. L'exemplaire avait été vendu par un libraire à la bibliothèque d'Utrecht au début des années 80. Il est étonnant de constater que l'exemplaire de Budapest ait fait l'objet d'un intérêt renouvelé et de plusieurs reproductions Chomarat 1993 non fiable et retouchée, Morisse 2004, Université de Tours 2006 : cf. "Lire les Prophéties de Nostradamus sur Internet", CN 22, alors que celui d'Utrecht, beaucoup plus soigné et d'une bien meilleure facture, reste encore ignoré ou boudé, probablement par ignorance. A noter que dans l'exemplaire de Budapest, la page 26 est numérotée 16 par erreur, alors qu'elle est renumérotée 26 dans l'édition Morisse apparemment retouchée.
Les diverses hypothèses avancées concernant la datation de ces éditions me semblent caduques : celle de Ruzo 1975 pour qui ces éditions reproduiraient les éditions "Sixte Denyse" de 1556 cf. supra, celle de Brind'Amour qui estime que l'édition de 1557 "est probablement une édition piratée, vue sic la grossièreté de la gravure au frontispice, l'absence de permission d'imprimer et les nombreuses fautes typographiques : elle paraît néanmoins contemporaine de la date annoncée" 1996, p.544, celle de Morisse qui date au contraire, et en partie pour les mêmes raisons, l'exemplaire de Budapest de la fin de l'année 1556.
Antoine du Rosne a travaillé pour Nostradamus dès 1553 et peut-être avant cf. la "Pronostication pour l'an 1554", CN 08. Il n'est pas étonnant de le retrouver en 1557 éditeur des Prophéties, mais aussi de la Paraphrase de C. Galen sus l'exortation de Menodote, aux estudes des bonnes Artz, mesmement Medicine, une traduction de Nostradamus parue la même année, avec la même vignette que l'exemplaire d'Utrecht, et sans privilège.
Concernant l'absence des privilèges et permis d'imprimer, il semble qu'Antoine de Rosne ait été négligent sur ce point. Il est possible également, et concernant l'édition des Prophéties, qu'il n'ait pas jugé bon d'insérer de mention parce que l'édition de 1557 était conçue comme une édition partagée avec un ou plusieurs éditeurs parisiens par exemple dès 1557.
L'exemplaire d'Utrecht a été signalé par Chomarat en 2000 dans l'introduction à l'édition en fac-similé de son exemplaire Benoist Rigaud des Prophéties p.12, et semble-t-il pour la première fois dans un texte paru dans le Bulletin municipal officiel de la ville de Lyon du 12 janvier 1997 : "Les Prophéties de Nostradamus à la bibliothèque municipale de Lyon à travers l'exposition "Prophéties pour temps de crise" 4-22 mars 1997".
Abordons maintenant l'argumentation de Gérard Morisse, éditeur de la Revue Française d'Histoire du Livre : l'exemplaire de Budapest aurait été publié fin 1556, et celui d'Utrecht, plus soigné, en septembre 1557. Morisse avance les trois observations suivantes :

1. Le contenu des éditions : Comment, chez le même éditeur, une édition à 642 quatrains avec un achevé d'imprimer du 6 septembre 1557 pourrait-elle précéder une édition, plus incomplète, ne contenant que 639 quatrains, avec un achevé d'imprimer a priori plus tardif, mais qui ne précise pas l'année d'impression ?

2. La matérialité des éditions : L'exemplaire d'Utrecht est beaucoup plus soigné, et son matériel typographique lettrines, bandeaux, fleurons est plus fourni : il semble postérieur à l'exemplaire de Budapest, plus rudimentaire.

3. Le témoignage de Laurent Videl : Certains passages de sa Declaration des abus ignorances et seditions de Michel Nostradamus, parue en Avignon en 1558, semblent se référer explicitement à l'exemplaire de Budapest, répétant notamment l'une des fautes typographiques d'une sentence de la préface à César : "nous inspirant par baccante fureur, ne par l'imphatique sic monument, mais par astronomiques assertions" 1557, exemplaire de Budapest, mais dans l'édition Bonhomme de 1555, dans l'édition Du Rosne de 1557 exemplaire d'Utrecht, et dans toutes les éditions ultérieures : "nous inspirant non par bacchante fureur, ne par lymphatique [ou limphatique mouvement, mais par astronomiques assertions". En effet Videl s'empare de l'occasion pour se gausser de l'alcoolisme "avoué" du salonais : il "nous veut inventer une nouvelle astrologie forgée en sa furye bacchanale, & non limphatique, comme il dit sur umbre de prophetie." f. D4r. Videl ne reprend que l'inversion de la négation ce qui n'est ni suffisant ni significatif, surtout s'il a estimé que la "furye bacchanale" conviendrait assez bien à l'auteur des Prophéties, mais non la faute typographique "monument" pour "mouvement" qu'il aurait signalée dans ses persiflages s'il avait suivi l'édition datée de novembre 1557 !
Ce dernier argument ne tient pas car la préface de l'ouvrage de Videl -- prétendument traduit du latin! -- est datée du 20 novembre 1557 et la conclusion du 21 novembre 1557 : rien n'aurait empêché Videl d'avoir rédigé son texte à l'emporte-pièce en quelques jours après la sortie de la seconde édition Du Rosne le 3 novembre 1557.
L'argumentation de Morisse, concernant la matérialité du texte, n'est pas plus convaincante, et Brind'Amour qui ne connaissait pas l'exemplaire de la bibliothèque universitaire d'Utrecht, pense que l'exemplaire bâclé de Budapest pourrait être au contraire une contrefaçon plus tardive. A l'appui de cette hypothèse, on notera les très rares marques d'imprimerie de cet exemplaire : une vignette "inversée" et redessinée qu'on ne retrouve nulle part ailleurs, une lettre sommairement ornée, et un fleuron à la fin de la première centurie. De mêmes observations peuvent ainsi conduire à des conclusions opposées.
Reste l'argument concernant le nombre de quatrains et les dates d'impression :
"Achevé d'imprimer le 6 du moys de Septembre. 1557." exemplaire d'Utrecht à 642 quatrains
"Achevé d'imprimer le troisiesme de Novembre." exemplaire de Budapest à 639 quatrains

D'abord on comprend mal, dans l'hypothèse Morisse, pourquoi une édition portant la date de 1557 au frontispice, aurait été imprimée une année avant, et j'ai signalé en septembre 2002 : "que les dates d'achevé d'imprimer des deux tirages de cette série, probablement contemporains, à savoir les 3 novembre et 6 septembre 1557, sont espacées de 58 jours, exactement égaux aux 58 quatrains prétendument "manquants" à la septième centurie." cf. "Les Nombres du Testament comme fils d'Ariane au Corpus nostradamique", Les Nombres du Testament. Suite à cette constatation, et dans la logique du codage de l'organisation des quatrains, on aurait affaire à une édition double, faisant volontairement paraître le supplément de 3 quatrains avant l'édition qui ne le contient pas afin de marquer leur liaison, et laissant, en raison de cet agencement, la date d'achevé d'imprimer de la seconde édition sans indication d'année.
Notons encore que la mention "Adjoustées de nouveau par ledict Autheur", reprise au titre du premier livre des éditions Benoist Rigaud de 1568 et désignant une augmentation du nombre de quatrains dans les éditions du Rosne, a été supprimée lors de l'impression de la seconde, pour laquelle elle n'avait plus de raison d'être, d'autant plus qu'elle se caractérise, par rapport à la précédente, par une soustraction de trois quatrains !
En résumé, l'édition Antoine du Rosne a été conçue comme une double édition avec un décalage de 58 jours aux dates d'impression. L'exemplaire d'Utrecht reprend l'orthographe "Chés" Antoine du Rosne, le fleuron, et la vignette de la Paraphrase de Galien, une traduction de Nostradamus parue la même année chez le même éditeur. Mais la vignette sans lune ni "étoiles" au frontispice de l'exemplaire de Budapest, l'orthographe "chez" Antoine du Rosne au lieu de "chés", et les innombrables négligences typo- et orthographiques feraient penser à une contrefaçon plus tardive, reproduisant une édition originale qui en aurait les caractéristiques. Cependant ce point, qui donnerait raison à Brind'Amour, n'est pas assuré cf. mon étude prochaine sur les marques typographiques des éditions Antoine du Rosne.

Les Propheties de M. Michel Nostradamus

Dont il en y a trois cents qui n'ont encore jamais esté imprimées
Paris, Olivier de Harsy, 1557, in-16
Cette édition inconnue des bibliographes est mentionnée dans cinq catalogues de vente, sans indication d'éditeur dans le premier, avec les références les plus précises dans celui le troisième.
Olivier de Harsy, imprimeur-libraire exerçant à Paris à partir de 1555 et décédé le 30 août 1584 Lottin, 2e partie, p.40, avait déjà imprimé l'Excellent & moult utile Opuscule de Nostradamus en 1556. La même année, il édite aussi Les Prodiges merveilleux advenuz et veuz en Allemaigne Paris BnF: V-50090 du florentin Gabriel Simeoni, ami commun et correspondant de Catherine de Médicis et de Nostradamus cf. le Recueil des épîtres latines. L'éditeur parisien aura-t-il été conseillé à Nostradamus par son ami Simeoni ? On leur connaissait déjà des éditeurs lyonnais en commun : Antoine Volant et Jean Brotot.
Parmi les ouvrages publiés par Olivier de Harsy, figure, en 1556, Les remonstrances faictes par l'Empereur, à tous les estatz de son Empire, estant au siege Imperial, en sa ville de Brucelles London BL: 699.a.19.8. qui semble avoir été réimprimé sous un autre titre en 1558 : Discours de l'Empereur aux états de l'Empire, et avec comme nom d'imprimeur Olivier le Hardy (Paris Arsenal: 8-H-12877 . L'étude matérielle de ces exemplaires, que je n'ai pas consultés, permettrait peut-être de se faire une idée sur la divergence des noms de Hardy / de Harsy, et d'y voir plus clair sur ces différentes impressions.


Les Propheties de M. Michel Nostradamus

Centuries VIII. IX. X. Qui n'ont encore jamais esté imprimées
Lyon, Antoine du Rosne
L'existence de cette édition introuvable est attestée par le témoignage de Claude Haton cf. "Les Mémoires de Claude Haton : un témoignage exceptionnel sur Nostradamus", CN 11). Pour Klinckowstroem (p.363) et Ruzo, la preuve de son existence réside dans la dédicace à Henry, datée du 27 juin 1558. D'autant plus qu'avec cette lettre-dédicace, les Prophéties de Nostradamus semblent s'achever sur un fiasco, puisqu'au final "l'invictissime" Henry II, à qui elle est apparemment destinée, mourra l'année suivante d'un coup de lance inopiné. Ce trait n'a pas échappé aux auteurs de la contrefaçon parisienne de l'Almanach pour l'an 1563 Paris, Barbe Regnault frauduleusement dédié à Françoys de Lorraine, duc de Guise, laquelle reprend certaines formules de l'épître de 1558 cf. "Un faux almanach pour l'an 1563", CURA. L'opuscule satirique Regnault a probablement été publié dans les jours ou les semaines qui ont suivi le décès de François de Guise survenu le 18 février 1563.

Une référence à cette édition figure, par la mention "à Lyon en l'an 1558", au titre de plusieurs éditions ultérieures, Rouen Cailloué, Viret & Besongne, 1649, Leyde Leffen, 1650, Amsterdam (Winkeermans, 1667, Amsterdam Jansson & Weyerstraet, 1668, et de leurs copies parisiennes de 1668 et 1669 Jean Ribou et Pierre Promé.
Daniel Ruzo et d'autres ont suggéré le nom de Benoist Rigaud comme éditeur de ce troisième volet des Prophéties, celui-là même qui imprimera les éditions complètes du texte à partir de 1568. Je doute fortement que Nostradamus ait été en relation avec Rigaud à cette date. J'ai des raisons de penser que c'est encore Antoine du Rosne (ou son frère Ambroise qui fut l'éditeur de cette édition, et que Rigaud n'a fait que récupérer les droits d'impression en 1568.
En outre Rigaud sous-traitait chez divers imprimeurs l'impression d'une grande partie de sa production : par exemple entre 1561 et 1566, une majorité de ses publications étaient imprimées par A. du Rosne, comme le note Baudrier vol.3, 1897, pp.211-244. Il est regrettable que ce grand bibliographe n'ait pu achever son oeuvre colossale avant son décès, et que certains éditeurs et imprimeurs lyonnais soient ainsi passés à la trappe, et en particulier Antoine Volant, les Brotot, Jean puis Pierre, et les Du Rosne, Antoine et Ambroise.
L'édition lyonnaise de 1558 devait comprendre l'épître à Henry II suivie des centuries VIII, IX et X. Klinckowstroem mentionne le témoignage "inutilisable" de Tony Kellen d'Essen en 1904, selon lequel l'édition de 1558 contiendrait les centuries 8 à 10 (Klinckowstroem, 1913, p.363. A-t-il existé une édition complète des Prophéties, imprimée en 1558 ? C'est possible, d'autant plus que les recherches bibliographiques sur les ouvrages anciens tendent à montrer que les éditions sont toujours beaucoup plus nombreuses que ce qu'il en subsiste quelques siècles après cf. par exemple les nombreux ouvrages perdus des "bibliothèques" de La Croix et Du Verdier, mais les indices en faveur de l'existence de cette édition restent très fragiles.
Alfred Cartier est le seul à mentionner un exemplaire d'une édition intitulée "Les Prophéties en dix centuries" Lyon, Jean de Tournes, 1558, petit in-8, qui se serait trouvé à la BM de Lyon. Cependant, il ne semble pas que le bibliographe, décédé en 1921, ait consulté ce volume à Lyon, car il n'indique aucune marque de séparation dans le titre, contrairement à la plupart de ses ouvrages catalogués. Il est possible qu'il ait recopié une fiche de catalogue, peut-être erronée, et qu'il ait considéré que l'ouvrage mentionné n'était pas digne de l'attention bibliographique accordée à d'autres, comme par exemples ces satires parues à Genève sous le titre de "Merveilles advenir en cestuy an vingt et sis" 1526 : "Les Merveilles advenir sont une satire, parfois fort vive, contre les charlatans qui se vantaient de connaître l'avenir et contre les fabricants de prédictions, dont Nostradamus est resté le plus célèbre représentant." (Arrêts du conseil de Genève sur le fait de l'imprimerie et de la librairie de 1541 à 1550, Genève, Georg & C°, 1893, p.188. D'autre part, l'intitulé mentionné est d'autant plus suspect qu'il s'apparente à celui d'une édition, introuvable mais beaucoup plus tardive, signalée par Anatole Claudin, Jacques Brunet (4, c.105) et Henri Baudrier (3, p.258). En outre, les caractéristiques matérielles et typographiques des deux volets des éditions Benoist Rigaud de 1568, avec leur double pagination, témoigneraient du regroupement de deux éditions indépendantes, celle de 1557, et celle de 1558 contenant les trois dernières centuries.

Les Propheties de M. Michel Nostradamus

Centuries VIII. IX. X. Qui n'ont encore jamais esté imprimées
Paris, 1558 ou 1559 ?
Personne n'a soupçonné l'existence de cette édition, mais en conséquence de la découverte des éditions parisiennes de 1556 et de 1557, son existence doit être envisagée, d'autant plus qu'à partir de 1557, Nostradamus fait paraître ses almanachs et pronostications aussi bien à Lyon qu'à Paris.
Les grandes et merveilleuses Predictions de M. Michel Nostradamus
Divisées en quatre Centuries. Esquelles se voit representé une partie de ce qui se passe en ce temps, tant en France, Espaigne, Angleterre, que autres parties du monde
Avignon, Pierre Roux, "1555" 1559
Cette édition n'est attestée que par une mention à la dernière page de l'édition d'Anvers Les grandes et merveilleuses predictions, François de Sainct-Jaure, 1590 : "Fin des Professies de Nostradamus reimprimées de nouveau sur l'ancienne impression imprimée premierement en Avignon par Pierre Roux Imprimeur du Legat en l'an mil cinq cens cinquante cinq." f.M3v. Le titre et le sous-titre hypothétiques sont donnés par Ruzo qui pense que cette édition aurait été reproduite par celle de Raphaël du Petit Val Rouen, 1588, laquelle s'achève sur le quatrain 53 de la IVe Centurie selon le seul exemplaire connu, celui de sa bibliothèque, aujourd'hui dispersée.
Cependant l'édition rouennaise ne mentionne pas celle d'Avignon, et l'édition anversoise, qui contient sept centuries, et non quatre, peut difficilement reproduire une édition à sept centuries parue en 1555. Par conséquent, si cette édition Saint-Jaure reproduit bien une édition d'Avignon, ce serait celle datée de 1556 comme le feront d'autres éditions plus tardives et il s'agit simplement d'une erreur typographique 1555 pour 1556 ou voulue, l'éditeur sachant que les Prophéties de Nostradamus ont commencé à paraître en 1555.
Ruzo qui avait en main l'unique exemplaire de l'édition Petit-Val, a semble-t-il pu effectuer les recoupements utiles, et le titre complet, le nombre de centuries, et les variantes de la préface à César semblent attester de l'existence de cette édition Pierre Roux de "1555", contrairement à ce qu'affirme Brind'Amour, qui ne veut tenir compte que de ce qui subsiste matériellement dans les collections publiques.
Elle reproduirait l'édition Bonhomme de 1555 avec quelques variantes dans le texte et dans la préface, datée du 22 juin 1555 au lieu du 1er mars et indiquant le terme des "perpetuelles vaticinations" pour 3767, au lieu de 3797, variantes attestées dans les éditions Raphaël du Petit Val de 1588 et François de Sainct-Jaure de 1590.
On a avancé que le frère de Macé Bonhomme, Barthélemy, d'abord libraire puis imprimeur à Avignon entre 1552 jusqu'à sa mort en 1557, aurait imprimé les éditions dites d'Avignon. Et d'après un acte conservé aux Archives du Vaucluse, Macé Bonhomme et son frère, sont précisément à Avignon le 8 juin 1555 pour l'acquisition d'une maison cf. Baudrier, vol. 10, 1913, p.196. Cependant cette hypothèse me semble peu probable, en raison des titres et sous-titres reconstitués de ces éditions, des variantes supposées dans la préface à César, d'après des éditions ultérieures, et de la mention explicite de l'édition anversoise.
Pierre Pansier a dressé l'historique de la vente de l'atelier Bonhomme d'après des actes notariés dont il fournit la copie : Barthélemy Bonhomme vend peu avant son décès, le 4 mars 1557, son imprimerie à Jean Tremblay, Denys Bourgeois et Pierre Roux. A l'automne 1558, les parts sont rachetées par Mathieu Vincent qui se retrouve en cessation de paiement six mois plus tard et dans l'obligation de revendre l'ensemble de son imprimerie aux enchères. "Pierre Roux la racheta par l'intermédiaire d'un homme de paille et la paya le tiers de ce qu'elle avait coûté à Mathieu Vincent." Pansier 2, p.105 ; Actes notariés 137-141 et 144 in Pansier 3, pp.160-169. Avant cette acquisition abusive et malhonnête et même avant le 19 avril 1558, Pierre Roux et Jean Tramblay avaient collaboré à l'impression de la Declaration des abus ignorances et seditions de Michel Nostradamus de Laurent Videl, ouvrage commandité par un certain Guilhaume Radamant, marchand avignonnais Archives du Vaucluse, Acte notarial fonds Pradon, 108, f. 260 ; in Pansier 3, pp.159-160.
Deux observations autorisent à penser que Pierre Roux n'a pas pu imprimer cette édition "1555" ni la suivante dite "1556" à ces dates. La première est qu'il n'a probablement pas existé d'édition à sept centuries avant 1557 cf. supra, alors que l'édition François de Sainct-Jaure, qui prétend reproduire une de ces éditions Roux, contient sept centuries. La seconde a trait au recensement bibliographique de la production Roux : on ne connaît aucun ouvrage imprimé par Pierre Roux avant 1557 parce qu'il ne possédait pas de presses avant son achat d'un tiers de l'imprimerie Bonhomme en mars 1557.
Ajoutons encore la mention suspecte "divisées en quatre Centuries" qui n'apparaît pas dans l'édition lyonnaise originale et qui sous-entend qu'il pourrait y avoir d'autres centuries à paraître. Or comment l'imprimeur avignonnais l'aurait-il su en 1555 ?
Enfin, on situera entre 1559 et 1561, les années probables d'impression des éditions d'Avignon "1555", "1556" et "1558" par Pierre Roux : en effet celui-ci n'aurait pas imprimé d'autre ouvrage, pendant cette période, alors qu'il en imprimera six en 1562, ainsi que le suggère le tableau suivant, d'après le relevé de Pansier.
1557 1558 1559 1560 1561 1562 1563 1564 1565 1566 1567
2 2 1 0 0 6 3 5 4 4 5
Au frontispice du premier texte imprimé par Pierre Roux, Les statuts et costumes de Provence 1557, in-8, 11 + 80 ff., figure le griffon volant de Sébastien Gryphius, que l'imprimeur avignonnais, originaire de Lyon, aurait trouvé dans le matériel d'imprimerie acheté à Barthélemy Bonhomme Pellechet, 1887, p.85 ; Pansier 2, 1922, p.145. Jean-Paul Barbier signale une contrefaçon non mentionnée par Pansier 1922, de la "Response aux injures & calomnies" de Ronsard, datée de 1563 au titre et imprimée par Pierre Roux in Bibliographie des discours politiques de Ronsard, Genève, Droz, 1984, pp.143-144. Dans un article de 1977 publié dans la Gutenberg Jahrbuch, Pierre Aquilon a montré que, non content de tremper dans des affaires suspectes, Pierre Roux s'était spécialisé à la fin des années 60, et plus précisément entre 1567 et 1571, dans la production de contrefaçons grossières (qui portent les marques typographiques communes de son imprimerie, empruntant les noms des imprimeurs parisiens Robert Estienne et Jean Dallier, et du toulousain Jacques Colomiès BM Nîmes, fds Liotard 61496. Cette production de faux actes officiels et lettres patentes au service de la contre-réforme et de la propagande ultra-catholique, ne fait que renforcer le soupçon sur le caractère controuvé de ses éditions des Prophéties, très loin donc de pouvoir figurer, contrairement à l'opinion formulée par Ruzo, comme une version différente du texte produite à l'instigation de Nostradamus.


Les grandes et merveilleuses Predictions de M. Michel Nostradamus

Dont il en y à sic trois cens qui n'ont encores jamais esté imprimées. Esquelles se voit representé une partie de ce qui se passe en ce temps, tant en France, Espaigne, Angleterre, que autres parties du monde
Avignon, Pierre Roux, "1556" 1559 ?
Édition antidatée comme la précédente. Le titre et le sous-titre hypothétiques sont donnés par Ruzo qui estime qu'elle aurait servi de modèle à celle de Raphaël du Petit Val Rouen, 1589 en sept centuries, d'après son exemplaire unique. Je restitue cependant l'accentuation fautive dans l'expression "il en y à" en raison de sa présence dans l'édition Valentin de 1611, qui s'en inspire peut-être directement : cf. CN 84.
Klinckowstroem remarque qu'à cette date de 1556, l'imprimeur de cette édition serait plus vraisemblablement Barthélemy Bonhomme, le frère cadet de Macé ou Mathieu, qui imprime divers ouvrages en Avignon entre 1553 et 1557. Cette hypothèse se heurte à la mention de l'éditeur Pierre Roux de l'édition Sainct-Jaure de 1590 et de l'édition rouennaise Pierre Valentin 1611 au titre, qui indique in fine : "Fin des Centuries et merveilleuses prédictions de Maistre Michel Nostradamus, de nouveau imprimees sur l'ancienne impression, premierement imprimee en Avignon, par Pierre le Roux Imprimeur du Légat." Ruzo, d'après son exemplaire unique. Et la mention "en Avignon en l'an 1556" est spécifiée au titre de plusieurs éditions ultérieures : Rouen Cailloué, Viret & Besongne, 1649, Leyde Leffen, 1650, Amsterdam Winkeermans, 1667 et Amsterdam Jansson & Weyerstraet, 1668.
Selon Ruzo, cette édition serait reproduite par l'édition de Raphaël du Petit Val, laquelle s'achèverait sur le quatrain 39 de la VIIe Centurie Ruzo, p.44, mais dont les derniers feuillets sont hélas manquants dans le seul exemplaire connu, celui de sa bibliothèque, désormais dispersée. Cet aboutissement au quatrain 39 pourrait justifier la mention au sous-titre de l'édition Regnault, "trente neuf articles à la derniere Centurie" cf. infra, mais rien ne permet de le vérifier.

Les grandes et merveilleuses Predictions de M. Michel Nostradamus
Centuries VIII IX X. Esquelles se voit representé une partie de ce qui se passe en ce temps, tant en France, Espaigne, Angleterre, que autres parties du monde
Avignon, Pierre Roux, "1558" 1560 ?
Il est logique de supposer l'existence de cette troisième édition d'Avignon (sous-titres hypothétiques), antidatée et tout aussi introuvable que les précédentes, en raison de la mention spécifiée au titre de l'édition Reycends et Guibert, libraires à Turin en 1720 : "suivant les premieres Editions imprimées en Avignon en l'année 1558". Ruzo a supposé que certaines variations significatives dans les quatrains et dans la lettre-préface à Henry II pourraient provenir de cette édition perdue, comme la date du 14 mars 1547 dans la préface à Henry II (au lieu du 14 mars 1557) pour le début des Prophéties, qui est aussi l'année de l'installation de Nostradamus à Salon.
Les trois éditions d'Avignon auront été imprimées dans une enclave administrée par des légats pontificaux et échappant à la législation éditoriale appliquée sur le reste du territoire, par un éditeur peu scrupuleux mais qui aura su profiter de l'engouement pour le nom de Nostradamus, d'abord pour imprimer en 1558 un pamphlet dont il a reçu commande, ensuite pour lancer sur le marché à partir de 1559, sans doute encore avec des moyens modestes, ses propres éditions à la présentation accrocheuse, profitant peut-être d'une certaine difficulté à se les procurer alors.

Autres éditions des Propheties de M. Michel Nostradamus

Dont il y en a trois cents qui n'ont encores esté imprimées
Reveues & additionnées par l'Auteur pour l'An Mil cinq cens soixante & un, de trente huict articles à la derniere Centurie
Paris, Barbe Regnault, demourant en la rue sainct Iaques, à l'enseigne de l'Elephant. Jouxte la coppie imprimee, l'an 1557
"1560" in fine 1561
Cette édition, introuvable depuis 1750, serait parue entre janvier et mars 1561. Les deux dates (au titre et in fine) indiquent peut-être un décalage du calendrier, à une époque où l'on commençait ici et là, par exemple dans les almanachs de Nostradamus, à compter le début de l'année au premier janvier. Elle aurait été reproduite par les éditions parisiennes ligueuses de 1588 et 1589 (Ménier, Roffet, Roger), qui en reprennent le titre et les sous-titres.
Elle comprenait 571 quatrains, parmi lesquels des vers ont été systématiquement intervertis, et auxquels ont été rajoutés 12 quatrains de l'Almanach pour l'an 1561 et un supplément apocryphe de 6 autres quatrains, soit un total de 589 quatrains.
Il s'agit d'une contrefaçon parodique à laquelle je consacrerai une prochaine étude à lier aux "almanachs de Nostradamus" imprimés par le même éditeur les années suivantes et aux pamphlets écrits contre Nostradamus dans les années 1556-62.

L'édition Regnault, dont l'existence est attestée par la vente Gersaint, est particulièrement intéressante puisqu'elle confirme, malgré et grâce à elle, l'existence des trois éditions lyonnaises, et notamment de la double édition de 1557. En effet, contrairement aux éditions du Rosne, une marque de séparation est introduite après le quatrain IV 53 (qui souligne le nombre initial de quatrains de la première édition de 1555. La mention au titre de 39 articles prétendument additionnés à la dernière centurie confirme le nombre total des 639 quatrains de l'édition du Rosne de 1557 faciebat daté du 3 novembre ou encore de ses 39 quatrains à la septième centurie en remplaçant le quatrain latin absent et en renumérotant les quatrains dans leur succession, et le total de 589 quatrains, valant 289 = le nombre des nouveaux quatrains de la première édition du Rosne de 1557 ; faciebat daté du 6 septembre + 300 = le nombre de quatrains de l'édition de 1558, correspond au nombre de nouveaux quatrains de ces éditions.
Il en résulte que les responsables de la contrefaçon, en cherchant à brouiller les pistes par une répartition facétieuse des éléments du texte, connaissaient l'existence soit des premières éditions lyonnaises l'édition Bonhomme de 1555, la double-édition du Rosne de 1557, et l'édition de 1558, soit de leurs répliques parisiennes. On ne voit pas autrement à quoi pourraient correspondre ces 39 quatrains mentionnés au titre et qui n'apparaissent pas dans le texte ; et il est évident que les responsables de l'édition Regnault auront voulu parodier la mention inexacte et énigmatique, mais précisément intentionnelle, des éditions de 1557.
Une intéressante mention figurant dans la réédition ligueuse de la veuve de Nicolas Roffet, Jeanne Le Roy, confirme ce dispositif. En effet, s'il ne subsiste aucun frontispice intact de l'édition Roffet de 1588 -- la partie droite de la page de titre de l'exemplaire de la bibliothèque du British Museum de Londres ayant été arrachée --, le descriptif de l'exemplaire de la BM de Toulouse rue du Périgord, manquant en 1989-1990 selon les catalogues Chomarat et Benazra, avait été soigneusement consigné vers 1983-1985 pour le catalogage et l'informatisation. Ainsi faut-il lire entre crochets les indications manquantes au frontispice londonien :
Pour la veufve Nicolas Roffet sur le Pont
Sainct Michel à la Rose blanche
Jouxte la coppie imprimee, l'an 1557
Ce détail a une importance fondamentale : on n'appose pas la mention "jouxte la copie" pour une édition parue presque trente ans auparavant, et l'édition de 1588 ne prétend pas le faire, mais seulement déclarer une mention déjà présente dans l'édition qu'elle reproduit, celle de 1561. Les bibliographes de 1989-1990 ont eu tort d'interpoler des données que Ruzo avait pris la précaution de présenter avec des interrogations : "Jouxte la coppie imprimee, l'an 1561 ?" (Ruzo, p.356). Cette indication ne peut être l'invention d'une édition tardive parue une trentaine d'années après l'originale : elle reproduit une mention parue avec l'édition Regnault de 1561, laquelle aura pris pour cible principale les éditions lyonnaises ou parisiennes de 1557.

Les Propheties de M. Michel Nostradamus
Dont il y en a trois cents qui n'ont encores esté imprimées.
Reveues & additionnées par l'Auteur pour l'An Mil cinq cens soixante & un, de trente huict articles à la derniere Centurie
Paris, veufve N. Buffet, pres le College de Reims.
CAT Librairie Thomas-Scheler
Addenda 22/09/2010 : Cette édition est inconnue des biographes et nostradamistes. Un exemplaire a été retrouvé et mis en vente par la librairie Thomas-Scheler à l'occasion de la XXVe Biennale des Antiquaires qui s'est tenue à Paris du 15 au 22 septembre 2010. Relié avec d'autres ouvrages 1585, 1599, 1555, cet unicum est un peu court de marges cf. le quatrain manuscrit amputé d'un vers après II-64A, et l'article "LES" manquant au début du titre. Pour l'étude de cette édition, sa datation, son contenu, cf. CN 129.

The Prophecies of Nostradamus ?
London,

A partir de 1554, le copyright des ouvrages anglais et en particulier londoniens était enregistré par une corporation des libraires et imprimeurs, la Stationers' Company de Londres. Edward Arber a établi une transcription des registres et publié son premier volume en 1875. Sont notamment signalés dans ces registres, la liste chronologique, par ordre d'enregistrement, des ouvrages imprimés à Londres, avec les taxes imposées aux éditeurs pour bénéficier du copyright, et parfois les amendes concernant les éditions non autorisées. Ainsi sont recensés un certain nombre d'almanachs et de pronostications de Nostradamus, publiés entre 1559 et 1568.
Pour l'année d'enregistrement 1562-1563, Arber copie une liste de libraires taxés, exceptionnellement -- il n'en est pas d'autre exemple dans l'ensemble des registres détaillés entre 1554 et 1571--, non pour l'impression, mais pour la détention et l'autorisation de vendre un ouvrage de Nostradamus.

William Powell l'est à hauteur de 2 shillings 6 pence, soit 30 pence, pour l'impression et la vente d'un ouvrage de Nostradamus : "Recevyd of William Powell for his fyne for pryntinge and sellynge of NOSTRADAMUS" p.216. Cette mention s'accompagne d'une liste impressionnante de libraires et distributeurs imposés pour le même ouvrage pp.216-217 : William Jones, Thomas Cadman, John Haryson, Garrad Dewes, William Loble, Rycharde Harvye, Thomas Hackett, William Pekerynge et Thomas Marshe sont imposés 3 shillings 4 pence (soit davantage que l'imprimeur !, Peter Frynshe, William Marten, Jerome Glover, John Hynde, William Greffeth, William Sheparde, Thomas Skerow, Edmonde Hally, John Alde, et Raufe Newbery sont imposés de 4 pence jusqu'à 2 shillings, sans doute en fonction du nombre d'exemplaires détenus.
De plus, des querelles entre libraires et des échanges de propos grossiers ont entraîné la perception de nouvelles taxes Hackett, Cadman et Hynde, et même l'imprimeur Powell, pour avoir traité son concurrent d'escroc : "Recevyd of Thomas Hackett for his fyne for he mysused hym selfe in un Curtiss langyshe unto William Pekerynge ...)Recevyd of Thomas Cadman for his fyne for gyvinge of John Hynde unsemely wordes ... Recevyd of John Hynde for his fyne for gyvyng of Thomas Cadman unsemely wordes ... William Powell, 2 s. 6 d., for his fyne for that he Called Thomas Cadman knave" pp.217-218.
Arber s'interroge sur l'événement exceptionnel qui a conduit à la taxation de vingt membres de la compagnie pour la simple vente d'un ouvrage : "why no less than twenty members of the Company were fined merely for selling Powell's edition of one of MICHAEL NOSTRADAMUS' works" p.216.

Un tel succès ne peut concerner un simple almanach, d'autant plus que John Wallye figure un peu avant sur la liste pour l'impression de l'almanach et de la pronostication de Nostradamus pour l'année 1563 p.201, ni même le Traité des Fardements et des Confitures, dont une contrefaçon était déjà parue en 1559. Cet ouvrage de Nostradamus ne peut être que la première traduction anglaise des Prophéties, parue donc plus d'un siècle avant celle de Theophilus de Garencieres 1672. On ignore son contenu, mais il est probable que cette traduction s'appuyait sur une édition parisienne, peut-être celle de Barbe Regnault dont les contrefaçons étaient diffusées outre-Manche. L'édition Powell pourrait donc ne contenir qu'environ 600 quatrains.
Michel Chomarat a introduit une extrême confusion dans sa bibliographie en confondant l'édition Powell avec celle de la contrefaçon de l'Almanach for the yere 1562 -- l'occasion rêvée pour quelque adepte de la mystification d'embrayer sur ses bourdes ! En réalité la permission pour l'impression de l'Almanach et de la pronostication pour l'an 1562 a été attribuée à Thomas Hackett Arber 1, 1875, p.177, et l'édition frauduleuse de Henry Sutton est signalée par Arber à la page 184 cf. CORPUS NOSTRADAMUS 18.
Pour l'année suivante, la permission d'imprimer l'almanach et la pronostication a été octroyée à John Wallye Arber 1, 1875, p.201. Le texte signalé par Arber aux pages 216-218 de son inventaire relève d'un tout autre enjeu, et on se demande bien pourquoi une vingtaine de libraires et imprimeurs se seraient mis subitement et en cette unique occasion à distribuer frauduleusement un simple almanach ! Il est fort probable que cette traduction perdue des Prophéties aura été retirée assez rapidement des circuits de distribution.
Le collectionneur et révolutionnaire Wilfrid Michael Voynich était en possession au début du XXe siècle d'un "Nostradamus" daté de 1563, mis en vente pour 21 shillings : "Mr. Voynich, of Shaftesbury Avenue, continues his short catalogues, full of rarities, as usual. Among many of interest we note ... Nostradamus, 1563, 1l. 1s." Notes & Queries, 10.2, 1905, p.340. S'agit-il de notre édition des Prophecies, ou de l'almanach connu pour 1563, suivi de la pronostication pour la même année ?

Aparté en guise d'épilogue

Il est devenu de bon ton depuis quelques années de fabriquer ce que j'appellerai de la contre-interprétation passéiste et rétrograde ou au contraire de l'analyse activiste et projective des quatrains de Nostradamus, soit pour tenter de montrer que les quatrains versifient des chroniques historiques que personne n'a pu retrouver, soit pour tenter de montrer que le texte des quatrains reflète des événements postérieurs et identifiables qui n'ont pu être prédits en raison des limites de l'esprit humain, et donc que les Prophéties seraient antidatées. Ainsi semblent s'affronter deux clans de sceptiques, qui à partir de leur assentiment commun aux idoles de la mentalité moderne, parviennent à des conclusions diamètralement opposées, tout en mettant en branle des méthodes de travail et des techniques d'interprétation tout aussi aléatoires que celles de leurs prédécesseurs "illuminés" qu'ils fustigent. Il n'est pas plus de connaissance historique, pas plus de rigueur méthodologique, chez ces anti- que chez les pro- d'autrefois et d'aujourd'hui. On observe même chez ces nouveaux sceptiques, comme on parle de "nouveaux philosophes", une plus fâcheuse tendance à biseauter le texte à l'aune de leurs traficotages. (Sur cette question, cf. "Le quatrain 23 de la centurie VI et la critique des méthodes dites rationalistes ", CN 64). Le plus souvent, ils se contentent de se polariser sur un vocable ou sur une expression, et interprètent un petit bout de vers, quitte à laisser le reste du quatrain dans l'ombre, ou au besoin à invoquer des fautes typographiques pour les morceaux non étudiés. En outre l'histoire du typographe qui fabrique le texte sous la dictée d'un lecteur, rapportée par Brind'Amour en 1993 (p.14), reste sujette à caution, et l'on peut penser que les divers imprimeurs des Prophéties restèrent très vigilants pour la fabrication d'un texte de cette nature.

Dans le camp des iconoclastes -- et Shakespeare comme Rabelais auront aussi mérité les leurs --, le refus d'accorder à Nostradamus la paternité des quatrains des Prophéties en imaginant l'existence de clans organisés de faussaires, au besoin aux intérêts divergents, s'accompagne d'une systématique falsification des dates et des textes, et d'une surdité maladive aux témoignages les plus évidents. Le procédé le plus utilisé, en dépit des preuves matérielles, consiste à marteler le dogme selon lequel les premières éditions auraient été imprimées sur le modèle d'éditions beaucoup plus tardives. Un autre "truc" consiste à faire croire que des plagiaires des années 1570-80 dont on connaît par ailleurs les textes insipides et poussifs, auraient pu changer de style et de mentalité, pour rédiger des quatrains à la place de l'astrophile. Ces procédés s'apparentent aux mouvements et modèles révisionistes de mystification, de falsification, et de réécriture de l'histoire, très en vogue aujourd'hui, et notamment pour des sujets où la séduction iconoclaste s'accorde aisément avec une aversion atavique mêlée à une grande part d'ignorance. C'est le cas pour les études nostradamiennes, comme pour celles relatives à l'astrologie et à l'histoire de l'astrologie, matières trop longtemps délaissées par les recherches académiques (cf. Guinard, TH. D., 1993, et "Astrologie : Le Manifeste 3/4", CURA).

Les témoignages et attestations externes de l'existence des Prophéties sont beaucoup plus nombreux que ne l'imaginent les apprentis exterminateurs -- qui, comme tous les iconoclastes, espèrent remplacer "les esprits" par la puérilité de leur esprit. Le corpus des textes littéraires, latins, français, allemands, italiens, anglais, etc, restés manuscrits, ou publiés entre 1555 et 1575, ou même quelques années après, pourrait réserver encore de nombreuses surprises. Les almanachs de Nostradamus, mais aussi ses Prophéties, malgré leur diffusion moins importante, ont été beaucoup plus diffusés et médiatisés qu'on ne l'a cru et dit, et je fournirai prochainement quelques témoignages que n'a pu retrouver Brind'Amour, lequel travaillait essentiellement au dépouillement d'éditions modernes accessibles dans les rayons de bibliothèques ou centres de recherche de type universitaire.

En outre, ces sceptiques et zététiques n'ont pas encore compris que Nostradamus a volontairement "tronqué" son texte (septième centurie incomplète, quelques vers inachevés, bribes des centuries dites 11 et 12 rapportées par Chavigny, etc), afin précisément de piéger les analyses des gobe-mouches, aussi nombreux dans ces milieux que chez leurs adversaires. [Il y a quelques années, sur un forum canadien de gogo-sceptiques, les adversaires de mon argumentation en faveur de nouvelles perspectives pour l'astrologie, faute de répondant, avaient fini par se persuader que ma thèse, soutenue en 1993 à la Sorbonne,

C'est une architectonique partielle, dangereusement ouverte à toutes les dénégations hasardeuses, que le prophète salonais a décidé de construire, précisément en rempart contre ses détracteurs, et en prévention contre toute tentative de contrefaçon ultérieure. Car si l'on se met à fabriquer des quatrains, il n'y a aucune raison d'imaginer des centuries incomplètes, dont l'organisation serait précisément en contradiction avec les mentions apposées au texte : "dont il en y à trois cents qui n'ont encores jamais esté imprimées" (en 1557) alors qu'on ne compte que 286 ou 289 quatrains, et : "trois Centuries du restant de mes Propheties, parachevant la miliade" préface à Henry II du 27 juin 1558) alors qu'il manque encore une vingtaine de quatrains, même en incluant ceux parus à cette date dans les almanachs.

Ce scénario me semble être l'éclaircissement majeur à l'aporie sur laquelle se sont échinés nombre de commentateurs : Nostradamus a initialement conçu sa fameuse septième centurie "inachevée" et "incomplète" en dépit des mentions qui semblent l'infirmer, afin de contrecarrer et démasquer toute velléité frauduleuse, et il a probablement imaginé que des zélateurs piégés s'autoriseront à la compléter ultérieurement par un appendice (les 58 sizains du supplément dit de Sève). Mais précisément, ce supplément apocryphe est la meilleure preuve de l'organisation initiale ! Et la probabilité est quasi nulle pour que de supposés faussaires imaginent une telle organisation (dont j'ai analysé les premières données dans de précédents articles : cf. "Les pièces de l'héritage : Un dispositif de codage du nombre de quatrains prophétiques" Les Pièces, puis Atlantis, 414, 2003), et surtout pour qu'ils puissent en reproduire les articulations d'une édition à l'autre.

Liens
http://youtu.be/yYFUi1o7Pcc L'ombre d'un doute les propĥéties de Nostradamus
http://youtu.be/fBU6CFhuuag Nostradamus " Le livre perdu "
http://youtu.be/a6CiRqF1SVU Nostradamus Top secret 1
http://youtu.be/a6CiRqF1SVU Prophéties film de 1981



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#308 Fernando de Magellan
Loriane Posté le : 26/04/2014 10:23
Le 27 avril 1521 sur l'île de Mactan aux Philippines,

à 41 ans, meurt Fernand de Magellan, Fernão de Magalhães


en portugais, Fernando de Magallanes en castillan, navigateur et explorateur portugais de l'époque des Grandes découvertes, Il est connu pour être à l'origine de la première circumnavigation de l'histoire – achevée en septembre 1522 sous les ordres de Juan Sebastián Elcano après trois ans de voyage – en ayant navigué vers l'ouest pour rejoindre les Moluques, découvrant sur son chemin le détroit qui porte son nom. plusieurs localités, telles Sabrosa, dans la province de Trás-os-Montes, et Porto, revendiquent de l'avoir vu naître. La capitale lusitanienne semblant être la plus vraisemblable.
Fernand de Magellan en bref : il appartient à l'une des branches de la vieille lignée des Magalhães, famille noble du Nord du Portugal dont l'origine remonte à la fin du XIIIe siècle. Les historiens peinent à le situer dans l'arbre généalogique et ignorent tout de sa jeunesse : quelques traces suspectes semblent indiquer que ses parents, Rui de Magalhães, alcaide-mór gouverneur d'Aveiro, et Alda de Mesquita, appartiennent à la petite noblesse. Dès son plus jeune âge, son père obtient peut-être qu'il soit page à la cour de la reine Éléonore de Viseu où il apprend probablement la navigation et l'astronomie, enseignées notamment par Martin Behaim.
La première mention historiquement sûre, une pièce d'archive, le désigne comme supplétif, sobresaliente et pensionné, moradores de la Maison du Roi sur la flotte de Francisco de Almeida, nommé vice-roi des Indes orientales portugaises. C'est à bord de cette armada de vingt navires qu'il quitte Lisbonne le 25 mars 1505.
Il découvre les Indes, combat de concert avec Francisco Serrão qu'il sauve à deux reprises et se livre quelques mois au commerce du poivre, avant de participer à la prise de Malacca à l'été 1511 sous le commandement d'Afonso de Albuquerque. Son ami Francisco Serrão atteint l'île de Ternate dans les Moluques où il s'établit après avoir gagné les faveurs du roi local. Magellan recevra des nouvelles de son ami Francisco Serrão par courrier, avant de quitter Malacca le 11 janvier 1513 pour rejoindre le Portugal. Contraint de rester à Lisbonne, il étudie les cartes et planisphères de la bibliothèque royale et les bureaux de la Casa da India, y découvre notamment une carte de Martin Behaim, tracée à Nuremberg en 1492, qui signale un passage au Sud du Brésil et un globe de Johann Schöner réalisé en 1515, qui indique également ce passage vers 40 degrés de latitude sud. Il rencontre le cosmographe Rui Faleiro avec qui il partage la conviction de pouvoir rejoindre les Moluques en contournant l'Amérique par l'Ouest et qui deviendra son associé

sa vie

Ses parents, Rui de Magalhães et Alda de Mesquita, appartiennent à la petite noblesse. Dès son plus jeune âge, Magellan devient page de la reine Leonor de Lancaster.
Au début de l'année 1505, il s'engage dans la flotte du premier vice-roi de l'Inde, Francisco de Almeida. Le roi Manuel Ier envoie en effet ce dernier briser le monopole maritime des musulmans en Afrique et en Inde. L'expédition quitte Lisbonne le 25 mars. Magellan est semble-t-il blessé lors d'un affrontement à Cananor, sur la côte de Malabar Inde, Il est possible qu'il ait été de nouveau impliqué, dans des affrontements avec les Arabes de l'océan Indien, au début de 1509 : il aurait été encore blessé. Il participe en tout cas à la conquête de la route des épices par les Portugais : il est à Malacca le 11 septembre 1509 et échappe au guet-apens préparé par le sultan de la place. De cette expédition, il ramène un esclave, qui sera son plus fidèle compagnon, Henrique, et une amitié solide, celle de Francisco Serrão, auquel il a sauvé la vie. Si le chroniqueur Gaspar Correia raconte que, pendant le début de son service, Magellan acquiert de nombreuses connaissances en navigation, on sait peu de choses de ses premières années en Orient, avant qu'il apparaisse dans l'équipage de Nuno Vaz Pereira en novembre 1506. Ce dernier débarque à Sofala sur la côte.
En 1508, Magellan retourne en Inde. Les 2 et 3 février 1509, il prend part à la bataille de Diu, qui donne aux Portugais la suprématie sur la majeure partie de l'océan Indien. Arrivé à Cochin dans la flotte de Diogo Lopes de Sequeira, il embarque pour Malacca en tant que soldat. Envoyé prévenir le capitaine du navire de l'imminence d'une attaque malaise, Magellan sauve courageusement la vie d'un explorateur portugais, Francisco Serrão, pendant les combats qui suivent. Ce dernier atteint ensuite les Moluques et envoie à Magellan de précieuses informations sur ces îles. Lors d'un conseil tenu à Cochin le 10 octobre sur la marche à suivre pour reprendre Goa, Magellan s'oppose à l'idée d'embarquer sur de grands navires en cette saison, mais le nouveau vice-roi, Afonso de Albuquerque, ne l'écoute pas et s'empare de la ville le 24 novembre. Le nom de Magellan ne figure pas parmi les combattants. Aucune preuve tangible n'indique qu'il obtient à cette époque le titre de capitaine.

Les victoires portugaises au large de la côte orientale de l'Afrique et de la côte occidentale de l'Inde ont brisé le monopole des musulmans sur l'océan Indien. L'expédition d'Almeida a pratiquement atteint son objectif : arracher aux Arabes les points névralgiques des routes maritimes. Il ne lui reste plus qu'à prendre Malacca. À la fin du mois de juin 1511, Almeida envoie donc une flotte, commandée par Albuquerque. La ville tombe six semaines plus tard. Cet événement, auquel Magellan prend part, couronne la victoire portugaise en Orient. Malacca voit transiter la richesse de l'Orient vers les ports de l'Occident. Maîtrisant le détroit du même nom, les Portugais détiennent la clé des mers et des ports de Malaisie. Il ne leur reste plus qu'à explorer les îles aux épices, et notamment les Moluques. Au début du mois de décembre 1511, ils entament donc un voyage de reconnaissance et, après avoir atteint l'île de Banda, rentrent chargés d'épices en 1512. La présence de Magellan lors de ce voyage n'est pas attestée. Il est néanmoins certain que Magellan réalisera par la suite un voyage aux Moluques, qu'il commandera lui-même depuis l'Espagne.

Allégeance à l'Espagne

Magellan se rend alors en Espagne, et arrive à Séville le 20 octobre 1517. Il est rejoint par le cosmographe portugais Ruy Faleiro. Ensemble, ils se rendent à la cour de Valladolid. Renonçant à leur nationalité, les deux hommes offrent leurs services au roi Charles Ier (le futur Charles Quint). Magalhães prend alors un nom espagnol : Fernando de Magallanes.
En vertu de la bulle pontificale Inter caetera en 1493, puis du traité de Tordesillas (1494), tous les nouveaux territoires découverts ou venant à être découverts à l'est de la ligne de démarcation définie sont attribués au Portugal, tandis que ceux se trouvant à l'ouest de la ligne reviennent à l'Espagne. Magellan et Faleiro proposent de prouver, en naviguant vers l'ouest, que les îles aux épices se trouvent à l'ouest de la ligne de démarcation, c'est-à-dire en territoire espagnol, et non portugais. Le 22 mars 1518, le roi approuve leur projet et les nomme conjointement capitaines généraux d'une expédition censée trouver une route entièrement espagnole menant aux Moluques. Le gouvernement de toutes les terres découvertes leur reviendra ainsi qu'à leurs héritiers, et ils recevront un vingtième des bénéfices nets de l'expédition. Tous deux sont par ailleurs décorés de l'ordre de Santiago. Magellan est convaincu qu'il va mener ses navires de l'Atlantique jusqu'à la mer du Sud en découvrant un détroit permettant de traverser la Tierra Firme (le continent sud-américain). Il n'est pas le premier à avoir cette idée. D'autres avant lui ont cherché un passage permettant aux navires faisant continuellement route vers l'ouest d'atteindre l'Orient, évitant ainsi le cap de Bonne-Espérance, aux mains des Portugais. L'approbation royale ordonne à Magellan et à Faleiro de trouver « le » détroit. La Casa de Contratación, organisme fondé à Séville et qui contrôle les rapports commerciaux et financiers de l'Espagne avec les Indes orientales, est chargée d'armer cinq navires pour l'expédition, tandis que des agents portugais tentent en vain de faire échouer le projet. Le vaisseau amiral de Magellan, la Trinidad, est accompagné du San Antonio, de la Concepción, de la Victoria et du Santiago. Une crise de démence empêche Faleiro de monter à bord.

Magellan qui, en 1517, a épousé Beatriz Barbosa, fille d'un personnage important de Séville, fait ses adieux à son épouse et à son fils Rodrigo. Ses navires appareillent de Sanlúcar de Barrameda le 20 septembre 1519, avec à leur bord près de 270 hommes d'origines diverses. La flotte atteint Tenerife le 26 septembre, et part pour le Brésil le 3 octobre. Encalminée au large de la côte guinéenne, elle rencontre des orages avant de franchir la ligne de démarcation : le 29 novembre elle se trouve 80 milles nautiques au sud-ouest du cap Saint-Augustin. Contournant la péninsule de Cabo Frio, Magellan entre dans la baie de Rio de Janeiro le 13 décembre, puis continue vers le sud en direction de l'estuaire du río de La Plata, tentant en vain d'y trouver le détroit. Le 31 mars 1520, il atteint le port de San Julián, à la latitude 49020' S, où il décide d'hiverner. Les capitaines espagnols en profitent pour déclencher une grave mutinerie contre le capitaine portugais le jour de Pâques, à minuit. Magellan mate férocement l'insurrection. Impitoyable, il exécute l'un des capitaines et en abandonne un autre à son sort sur le rivage, lorsque la flotte quitte San Julián le 24 août 1520.

La route des épices

Au XVe siècle, contrairement aux idées reçues, le fait que la Terre soit ronde était une idée connue depuis l'Antiquité. Au IIIe siècle av. J.-C., Ératosthène en avait mesuré la circonférence avec un degré d'exactitude remarquable. Même si les écrits des Grecs, notamment ceux d’Aristote, perdirent leur autorité, cette idée perdura pendant tout le Moyen Âge. Le Traité de la Sphère de Joannes de Sacrobosco, écrit à Paris en 1224, fut largement divulgué dans tous les cercles savants sans que l'Église y trouvât à redire. Le premier globe connu, c'est-à-dire le plus ancien conservé, est celui réalisé à Nuremberg par Martin Behaim en 1492.

À cette époque également, l'Europe avait développé un goût pour les épices exotiques, ce qui a favorisé, outre l'intérêt de géographes, celui d'explorateurs et de commerçants. Magellan était convaincu que les Moluques se trouvaient dans la moitié du globe qui revenait à la couronne d'Espagne depuis le Traité de Tordesillas qui partageait le monde entre Castillans et Portugais depuis 1494. Il pensait qu'il pourrait rejoindre par l'ouest les îles aux Épices qu'il avait déjà approchées lors de son séjour à Malacca en 1511-1512. Avant même qu'il n'entreprît son voyage aux îles Moluques d'où provenait en exclusivité le girofle, Magellan avait reçu des lettres d’un de ses amis personnels, le Portugais Francisco Serrão, qui s’y trouvait depuis 1512.
C'est ce projet de rejoindre par l'ouest les îles des Épices, soutenu finalement par la Couronne espagnole, qui conduisit la flotte qu'il commandait à effectuer le tour du monde, ce qui n'était en rien le projet initial. L'événement eut un retentissement considérable en Europe. Après un peu plus d'un quart de siècle, le projet de Christophe Colomb était enfin réalisé et comme le souligne Pierre Chaunu Jamais le monde n'a été aussi grand qu'au lendemain du périple de Magellan .
Si le voyage donne lieu à différents récits, commentaires et témoignages au xvie siècle, les premiers travaux importants concernant la personne de Magellan ne datent que du XIXe siècle avec la publication en 1864 au Chili d'une biographie du navigateur par Barros Arana. Ses travaux mènent des auteurs européens à écrire eux aussi sur le sujet à la fin du XIXe siècle jusqu'aux synthèses très importantes de José Toribio Medina en 1920 et celle du vicomte de Lagoa en 1938. Tous les documents d'archives disponibles sont alors connus et publiés.
Les origines et les détails de nombreuses années de la vie de Magellan avant son départ sont très incertains. En revanche, l'ensemble du voyage est très bien connu grâce à plusieurs documents d'époque dont en premier lieu le Journal du voyage de Magellan, relation complète du périple d'Antonio Pigafetta, un des survivants du périple : il ne reste du manuscrit original perdu que quatre copies trois en français et une en italien, la plus complète étant le manuscrit de Yale.
Il existe également un certain nombre de lettres et de dépositions, ainsi que des récits et témoignages plus fragmentaires mais précieux comme le journal de bord de Francisco Albo, la relation de Ginés de Mafra ou encore le carnet de bord du pilote génois. Tous ces documents ont permis aux historiens de retracer l'intégralité du parcours de la flotte au cours de sa longue navigation et d'identifier les différents lieux visités.
Les chroniqueurs du temps ont rendu compte de l'exploit : côté espagnol, Maximilianus Transylvanus dès janvier 1523 mais aussi Pierre Martyr d'Anghiera en 1530, et le chroniqueur royal Antonio de Herrera y Tordesillas en 1601 – plus tardif, mais beaucoup plus fiable que ses prédécesseurs Gonzalo Fernández de Oviedo y Valdés et Francisco López de Gómara ; côté portugais, Fernão Lopes de Castanheda en 1552, Damião de Góis en 1557 et João de Barros en 1563

À l'été 1513, Magellan est envoyé au Maroc au sein d'une puissante armée qui doit s’emparer d’Azemmour. Durant les combats, il aurait été blessé à la jointure d’un genou, le laissant légèrement boiteux sa vie durant. Après être parti sans permission, il est accusé de commerce illégal avec les Maures.
Ces accusations sont vite abandonnées, mais Magellan est alors un soldat qui ne jouit pas de la meilleure réputation auprès de l'administration de Manuel I, laquelle refuse d'augmenter sa pension de seulement 100 réaux.
Le projet mûri par Magellan d'atteindre les îles des épices par l'ouest ne pouvait intéresser le roi de Portugal, qui captait déjà par l'intermédiaire de commerçants malais le trafic du girofle des Moluques et de la noix de muscade de Banda. Mécontent de ne pas voir ses mérites reconnus au Portugal, Magellan décide d'aller offrir ses services au roi d'Espagne, le futur Charles Quint, qui à ce moment n'a que 18 ans. L'enjeu était moins la découverte des îles, déjà connues et colonisées par des Portugais24, que l'établissement d'une cartographie exacte permettant de délimiter les domaines réservés à l'Espagne et au Portugal, définis par le traité de Tordesillas, cartographie que Magellan accommoda à sa manière, en faveur du roi d'Espagne. Privilège de la noblesse, il se dénaturalise officiellement, change de nom et devient espagnol, Fernão de Magalhães en Fernando de Magallanes en octobre 1517.

Le grand voyage autour du monde

Des préparatifs au départ de la flotte 1517-1519

En octobre 1517 à Séville, Magellan se place sous la protection d'un Portugais passé au service de l'Espagne, Diogo Barbosa, occupant l'importante fonction d'alcalde de l'arsenal de Séville. En décembre 1517, il épouse Beatriz Barbosa, fille de Diogo Barbosa et dont il a deux enfants, Rodrigo mort en bas âge et Carlos, mort à la naissance.
Magellan se met en contact avec Juan de Aranda, facteur de la Casa de Contratación.
Puis, à la suite de l'arrivée de son associé, Rui Faleiro, et grâce au soutien d'Aranda, ils présentent leur projet au monarque espagnol, Charles Ier, futur Charles Quint, qui vient tout juste d'arriver en Espagne.
La proposition de Magellan, qui bénéficie également de l'appui du puissant Juan Rodríguez de Fonseca, lui paraît particulièrement intéressante, puisqu'elle permettrait d'ouvrir la route des épices sans dégrader les relations avec le voisin portugais, une action qui ne manquerait pas d'apporter richesse et honneurs à la monarchie. Depuis la Junta de Toro en 1505, la Couronne s'était fixé pour objectif de découvrir la route occidentale qui mènerait les Espagnols jusqu'en Asie.
L'idée était donc dans l'air du temps. Juan Díaz de Solís, Portugais passé au service de l'Espagne, venait de tenter de découvrir cette voie en explorant le Río de la Plata en 1515-1516, y perdant la vie.

Le 22 mars 1518, Charles Ier nomme Magellan et Faleiro capitaines pour que ces derniers partent à la recherche des îles aux Épices et, en juillet, il les élève au grade de commandeur de l'Ordre de Santiago. Le roi leur octroie :
le monopole sur la route découverte pour une durée de dix ans ;
leur nomination comme gouverneurs des terres et des îles qu'ils rencontreraient, avec 5 % des gains nets qui en découleraient ;
un vingtième des gains du voyage ;
le droit de prélever mille ducats sur les prochains voyages, payant seulement 5 % sur les surplus ;
la concession d'une île à chacun, mises à part les six plus riches, desquelles ils ne recevraient qu'un quinzième.
L'expédition est essentiellement financée par la Couronne et pourvue de cinq caraques, navires caractérisés par leur coque arrondie et leurs deux hauts châteaux avant et arrière réarmées et équipées en vivres pour deux ans de voyage.
De multiples problèmes surgissent dans la préparation de ce voyage :
insuffisances pécuniaires,
manigances du roi de Portugal qui cherche à les faire arrêter,
méfiance des Castillans envers Magellan et les autres Portugais engagés,
sans oublier le caractère difficile de Faleiro. Finalement, grâce à la ténacité de Magellan, l'expédition voit le jour.
Par l'entremise de l'évêque Juan Rodríguez de Fonseca, ils obtiennent l’implication du marchand flamand Cristóbal de Haro, qui fournit une partie des fonds et des marchandises à troquer.

La flotte lève l’ancre de Séville le 10 août 1519, mais doit attendre le 20 septembre pour hisser les voiles et quitter Sanlúcar de Barrameda, avec 237 hommes répartis sur cinq navires : la Trinidad, nef amirale commandée par Magellan ; le San Antonio commandé par Juan de Cartagena ; la Concepción commandée par Gaspar de Quesada, le Santiago commandé par Juan Serrano et la Victoria commandée par Luis de Mendoza. Les équipages sont formés d'hommes provenant de plusieurs nations. Paul Teyssier écrit : … outre les Espagnols, il y avait parmi eux des Portugais, des Italiens, des Grecs et même des Français. De sorte qu'on peut parler, en un sens, d'un personnel européen.

Liste des navires au départ de l’expédition :

Navire Tonnage Équipage Remarques
Trinidad 110 62 Navire commandé par Magellan, il finit arraisonné par les Portugais aux Moluques, avec vingt marins ayant survécu à une dramatique tentative de traversée du Pacifique.
San Antonio 120 55 Déserte l’expédition dans le détroit de Magellan et regagne Séville le 6 mai 1521.
Concepción 90 44 Navire abandonné et brûlé devant l’île de Bohol, près de Cebu, en raison du manque d’hommes d’équipage.
Santiago 75 31 Naufragé le 3 mai 1520 dans les parages du río Santa Cruz.
Victoria 85 45 Seul navire à réaliser la circumnavigation. À l’arrivée, ils ne sont plus que dix-huit Européens et trois Moluquois. Mais douze Européens et un Moluquois laissés au Cap-Vert rejoignent Séville peu après.
Total 237

Le long de l'Amérique du sud, la mutinerie de San Julián

L'un des membres de l'expédition, l'Italien Antonio Pigafetta tient un journal du voyage. C'est grâce à lui que nous sont parvenus non seulement le récit complet du voyage, puisqu'il a fait partie des 18 survivants revenus le 6 septembre 1522, mais aussi les informations sur les mutins. En effet, des cinq capitaines de l'expédition, il semblerait qu'au moins trois ne partagent pas les vues de Magellan, au point que certains veulent s'en débarrasser.
Après un bref séjour aux îles Canaries, quatre mois passent et la flottille arrive près des côtes du Brésil en décembre.
Elle bat pavillon espagnol et le Brésil est une colonie portugaise. Après une brève escale pour se ravitailler à la Ponta de Baleia, près de l'archipel des Abrolhos, Magellan décide d'ancrer le 13 décembre 1519 dans la baie de Santa Lucia, aujourd’hui connue sous le nom de Rio de Janeiro, qu’un de ses pilotes João Lopes Carvalho connaît bien pour y avoir séjourné sept ans auparavant. Celui-ci y retrouve Juanillo, 7 ans, le fils qu'il avait eu d’une Indienne, qu'il va embarquer sur la Concepción.
Fin décembre, après une escale de quatorze jours, la flotte prend ensuite la direction du sud pour essayer de contourner l'Amérique du Sud.
L'été austral se termine et plus Magellan navigue vers le sud, plus il fait froid. Il décide d’hiverner en Patagonie, Argentine.
Le 31 mars 1520, la flotte trouve donc refuge dans un estuaire abrité qu'ils nomment Port de San Julián35. C'est ici qu'éclate la mutinerie de Pâques dont Magellan va se sortir mais avec de lourdes conséquences. Des équipages se soulèvent le 1er avril sous la conduite de Juan de Cartegena, Luis de Mendoza et Gaspar de Quesada qui s'inquiètent du tour que prend le voyage, doutent de l'existence de ce passage vers l'ouest et surtout de leurs chances de survie dans ces régions froides et désertes…
Magellan et les marins qui lui sont restés fidèles parviennent habilement à se défaire des mutins. Mendoza est tué par surprise par le prévôt alguazil Gonzalo Gómez de Espinosa, Quesada est exécuté, Cartegena et le prêtre Pedro Sánchez de la Reina sont abandonnés sur le rivage avec une épée et un peu de pain. La peine à laquelle sont condamnés quarante autres mutins, dont Juan Sebastián Elcano, est finalement amnistiée.
Certains, dont le cosmographe Andrés de San Martín, subissent tout de même le pénible supplice de l'estrapade. La clémence de Magellan ne doit pas surprendre. Il avait besoin de tous pour poursuivre son voyage comme l'écrit Stefan Zweig : "comment poursuivre le voyage, si, en vertu de la loi, il fait exécuter un cinquième de ses équipages ? Dans ces régions inhospitalières, à des milliers de lieues de l'Espagne, il ne peut pas se priver d'une centaine de bras."

Naufrage du Santiago

désertion du San Antonio et découverte du détroit de Magellan en 1520

Durant l'été austral, Magellan décide d'envoyer un de ses navires en reconnaissance pour trouver le fameux passage qui l'amènerait à l'ouest de l'Amérique, vers l'océan Pacifique. Malheureusement le Santiago s'échoue en mai. Trois mois plus tard, Magellan décide de repartir vers le sud avec les quatre navires restants.
Le 21 octobre, Magellan aperçoit un cap qui marque l'entrée du détroit et qu'il baptise cap Virgenes, le cap des Vierges en espagnol. Il en commence l'exploration et reconnaît un passage vers l'ouest. Dans le dédale de fjords, cerné de falaises menaçantes, aux eaux sinistres, qu'il met plus d'un mois à traverser ; les récits indiquent que pendant la traversée du détroit, les marins aperçoivent de nombreuses fumées à l'intérieur des terres. La Tierra del Humo en français : Terre des Fumées qui apparaît sur les cartes postérieures au voyage, devient plus tard la Tierra del Fuego, Terre de Feu. Le détroit, nommé d’abord "chenal de Tous-les-Saints" , prend rapidement le nom de " détroit de Magellan " en l’honneur du navigateur.
Au milieu du détroit, Estêvão Gomes, pilote du San Antonio, se rebelle avec ses hommes et met aux fers le capitaine Àlvaro de Mesquita, cousin de Magellan.
Il rebrousse chemin, déserte et repart vers Séville avec son chargement de vivres et de marchandises à troquer. Après avoir traversé l’Atlantique, le navire parvient à Séville le 6 mai 1521 avec 55 hommes à son bord.

Découverte du détroit

Magellan envoie le Santiago en reconnaissance dans l'embouchure du fleuve Santa Cruz, mais le navire y fait naufrage. Après avoir atteint lui-même l'embouchure, Magellan repart vers le sud, doublant le cap des Vierges le 21 octobre. Près de la latitude 52050' S, il pénètre dans le passage qui se révèle être le détroit tant recherché, auquel il donnera son nom. Le San Antonio ayant déserté, seuls trois vaisseaux débouchent de l'autre côté du passage. Apprenant que l'océan est en vue, l'amiral s'effondre et pleure de joie.
Le 28 novembre, la Trinidad, la Concepción et la Victoria entrent dans la mer du Sud, qui sera plus tard nommée océan Pacifique en raison de leur traversée très calme. Accablé par la soif, frappé par le scorbut, se nourrissant de vieux biscuits, puis réduit à manger le cuir recouvrant l'extrémité des vergues, l'équipage, porté dans un premier temps par le courant de Humboldt, au large du Pérou, et encouragé tout au long du voyage par la détermination inébranlable de Magellan, traverse le Pacifique. Jusqu'au 18 décembre, il longe la côte chilienne. Magellan se dirige ensuite vers le nord-ouest. Il n'aperçoit la terre que le 24 janvier 1521, probablement l'île Pukapuka dans l'archipel des Tuamotu. Franchissant la ligne des équinoxes vers la longitude 1580 O le 13 février, les voyageurs débarquent le 6 mars sur l'île de Guam dans les Mariannes, où ils trouvent de la nourriture fraîche pour la première fois depuis 99 jours. Une requête, envoyée par Magellan au roi Charles Quint avant de quitter l'Espagne, suggère qu'il connaissait, probablement en partie grâce aux lettres de Serrão la position approximative des Moluques. Il navigue désormais vers les Philippines, au lieu de se diriger vers les îles aux épices, sans doute afin de se ravitailler rapidement et de s'assurer un point d'attache avant de se rendre aux Moluques.

Appareillant à nouveau le 9 mars, Magellan met le cap à l'ouest-sud-ouest, vers les îles qui seront par la suite baptisées Philippines. À Limasawa, il noue sa première alliance dans le Pacifique au nom de l'Espagne et, à Cebú, il obtient la conversion au christianisme des chefs de l'île. Le 27 avril 1521, Magellan tombe cependant dans une embuscade organisée par des indigènes sur la plage de l'île de Mactan, Philippines et est tué.

Les épices des Moluques et le retour vers l'Espagne 1521-1522

Il ne reste que 113 hommes désormais placés sous le commandement de Juan Sebastián Elcano. Ce nombre était alors insuffisant pour assurer la manœuvre de trois vaisseaux. Le 2 mai 1521, la Concepción est brûlée devant l’île de Bohol. La Victoria et la Trinidad prennent le large début mai, font escale à Palawan pour s’approvisionner en riz, puis gagnent à la mi-juillet la ville de Brunei, dans le Nord de l’île de Bornéo, pour une escale riche en péripéties.
Enfin, le 29 juillet, ils lèvent l’ancre et se dirigent vers les îles aux Épices qu’ils atteignent un peu plus de quatre mois plus tard.
Les navires arrivent à Tidore, aux îles Moluques, le 8 novembre 1521. Ces îles sont déjà connues des Portugais depuis une quinzaine d'années, Francisco Serrão, mort quelques mois avant l’arrivée des navires, y étant présent depuis 1512. Les équipages chargent d'épices les deux navires restants.
Alors que la Victoria s'apprête à sortir du port, une importante voie d'eau est découverte dans la Trinidad. Elle est contrainte de rester pour faire des réparations, et repartira quatre mois plus tard.
Avec 50 hommes à son bord et commandé par João Lopes de Carvalho, le navire est finalement arraisonné par les Portugais qui ne trouveront à bord que vingt marins très affaiblis par leur vaine tentative de rejoindre vers l'est l'Isthme de Panamá.
La Victoria, 60 hommes, dont 13 Moluquois, sous le commandement d’Elcano, quitte l'île de Tidore le 21 décembre 1521 et réussit à traverser l'océan Indien et à passer le cap de Bonne-Espérance pour rejoindre l'Espagne. Seuls dix-huit membres d'équipage atteignent Sanlúcar de Barrameda le 6 septembre 1522.
Douze hommes restés prisonniers des Portugais au Cap-Vert ne reviennent que quelques semaines plus tard. La Victoria est le premier bateau qui effectue la circumnavigation complète du globe. La vente des épices rapportées à fond de cale rembourse l'essentiel des frais engagés au départ, mais est insuffisante pour couvrir les arriérés de solde dus aux survivants et aux veuves. En fait, le bilan financier est très négatif et les expéditions suivantes García Jofré de Loayza en 1526 et Álvaro de Saavedra en 1527 sont des désastres. En 1529, par le traité de Saragosse, l'Espagne renonce définitivement à ses prétentions sur les Moluques, chèrement vendues pour 350 000 ducats. Le bénéfice politique est quasi nul jusqu'à l'ouverture de la ligne Manille-Acapulco en 1565 et l’occupation des Philippines, revendiquées par l'Espagne au nom de la première découverte. Comme l'écrit Pierre Chaunu : le retour d'El Cano par la voie portugaise de la Carreira da India a une valeur scientifique, non pas économique.
Il est prouvé qu'on ne peut contrebattre valablement par le passage du sud-ouest la navigation indo-portugaise du cap de Bonne-Espérance.Il faut attendre 58 ans la deuxième circumnavigation, réalisée par Francis Drake. Le détroit de Magellan comme voie de passage vers le Pacifique est quant à lui abandonné pendant plusieurs siècles, et seul le percement du canal de Panama apporte une solution satisfaisante au difficilement praticable passage du sud-ouest par le cap Horn
Les premiers circumnavigateurs

Traversée du Pacifique et mort de Magellan 1520-1521

À l'époque de Magellan, la circonférence de la Terre n'est pas encore connue avec précision, malgré le travail d'Ératosthène qui l'avait calculée près de dix-huit siècles auparavant. Mais Magellan ne sous-estime pas la dimension du Pacifique, comme une opinion courante le prétend. Son mémoire géographique, qu’il laisse au roi avant de partir, ainsi qu’une carte dressée par Jorge et Pedro Reinel en 1519 à Séville en font foi.
La surprise du navigateur est de trouver un océan vide qu'il baptise Pacifique à cause du temps calme qu'il rencontre pendant sa traversée de la Terre de Feu jusqu'aux îles Mariannes, puis aux futures Philippines, traversée de trois mois et vingt jours. Par malchance, il n'approche aucune des nombreuses îles qui parsèment l’océan, à l'exception de deux atolls déserts, baptisés Islas Infortunadas où il ne peut accoster.
L'eau n'est plus potable, les rations vont s'amenuisant, le biscuit même vient à manquer, l'équipage doit survivre en mangeant des rats puis des chats, en buvant de la soupe de copeaux de bois trempés dans de l'eau de mer, à faire cuire les carrés de cuir décousus du coin des voiles. Antonio Pigafetta écrit : nous ne mangions que du vieux biscuit tourné en poudre, tout plein de vers et puant, pour l'ordure de l'urine que les rats avaient faite dessus et mangé le bon, et buvions une eau jaune infecte.. Le scorbut et le béribéri minent l'équipage, mais sans l'anéantir. Une étude récente montre qu’il n'y a eu que neuf morts lors de cette traversée de trois mois et demi et que cela est sans doute dû au céleri sauvage abondamment récolté dans le détroit. Le 6 mars 1521, ils parviennent en vue de Guam aux Mariannes où ils peuvent se ravitailler partiellement après avoir été pillés par les indigènes venant à leur rencontre à bord de pirogues, l'archipel ayant été baptisé, d'après Antonio Pigafetta, Las Islas de los Ladrones : les îles des Voleurs. Ils font voile ensuite pour les Philippines, et débarquent le 17 mars sur l’île d'Homonhon.
Ils trouvent des paysages idylliques, les épices, les oiseaux multicolores, des indigènes qui semblent pacifiques. Une première escale a lieu sur l’île de Limasawa , où est dite la première messe, une seconde sur celle de Cebu où le roi Humabon se convertit au christianisme avec son peuple.
Lapu-Lapu, roi du minuscule îlot de Mactan, en face de Cebu, refuse de se soumettre aux envahisseurs. Magellan mène une expédition contre lui en estimant que soixante hommes en armure dotés d’arquebuses peuvent vaincre des indigènes nus trente fois plus nombreux. Lors de cette bataille de Mactan, Magellan tombe sous les coups, avec six de ses compagnons : blessé par une flèche empoisonnée, il meurt le 27 avril 1521. La chronique d'Antonio Pigafetta apporte des précisions essentielles sur cet épisode : les guerriers de Lapu-Lapu s'étaient confectionnés des boucliers en bois extrêmement dur, résistant aux arquebuses, tout en s'armant de flèches empoisonnées dont le venin avait un effet quasi-immédiat.
Quatre jours plus tard, après la défaite à Mactan, le 1er mai, Humabon tend une embuscade aux nouveaux arrivants lors d'un dîner au cours duquel il dit vouloir remettre aux officiers de la flotte les joyaux et présents qu'il avait promis d'envoyer au roi d'Espagne selon l'expression de Pigafetta, il s'agissait simplement pour le roi de Cebu de revenir en grâce auprès des seigneurs voisins qui souhaitaient se débarrasser des Européens.
Selon Pierre Martyr d'Anghiera, l'origine de cette agression est tout simplement à chercher dans le viol des femmes. Ceux qui sont restés à bord des navires à l'ancre s'enfuient. Toujours selon le témoignage d'Antonio Pigafetta, Enrique, le domestique de Magellan, originaire des îles dont il parle la langue, se rallie à Humabon. En effet, le testament de Magellan stipule que son fidèle serviteur doit être affranchi. Or le gendre de Magellan, Duarte Barbosa, rejette cette disposition testamentaire et exige d'Enrique qu'il reste à bord.
Cette contrainte injuste et illégale révolte l'intéressé qui rejoint Humabon. Ce dernier, informé des faiblesses des Européens restés sans chef après la mort de Magellan, estime le moment opportun pour se débarrasser d'eux.

Liste des 18 Occidentaux

à avoir fait les premiers le tour du monde :

Juan Sebastián Elcano, capitaine ;
Francisco Albo, pilote ;
Miguel de Rodas, contremaître ;
Juan de Acurio, contremaître ;
Hans, canonnier ;
Hernando de Bustamante, barbier ;
Martin de Judicibus, prévôt ;
Diego Gallego, marin ;
Nicolás de Nauplie, marin ;
Miguel Sánchez de Rodas, marin ;
Francisco Rodrigues, marin ;
Juan Rodríguez de Huelva, marin ;
Antonio Hernández, marin ;
Juan de Arratia, mousse ;
Juan de Santander, mousse ;
Vasco Gomes Gallego, mousse ;
Juan de Cubileta, page ;
Antonio Pigafetta, supplétif.

Les douze hommes retenus prisonniers

au Cap-Vert, qui reviennent quelques semaines plus tard à Séville, via Lisbonne :

Martín Méndez, secrétaire de la flotte ;
Pedro de Tolosa, dépensier ;
Richard de Normandie, charpentier ;
Roldán de Argote, canonnier ;
Maître Pedro, supplétif ;
Juan Martín, supplétif ;
Simón de Burgos, prévôt ;
Felipe Rodas, marin ;
Gómez Hernández, marin ;
Bocacio Alonso, marin ;
Pedro de Chindurza, marin ;
Vasquito, mousse.

Les cinq survivants de la Trinidad,

qui eux aussi ont accompli le tour du monde, mais en ne revenant en Europe qu’en 1525-1526 :

Gonzalo Gómez de Espinosa, prévôt de la flotte alguazil ;
Leone Pancaldo, pilote ;
Juan Rodríguez el Sordo, marin ;
Ginés de Mafra, marin ;
Hans Vargue, canonnier.
Cependant, nombreux sont les historiens qui font remarquer qu'en toute rigueur, le premier homme à avoir bouclé le tour du monde est l'esclave de Magellan, Enrique, dès 1521. En effet cet esclave est originaire de la région où est mort Magellan, car il en parlait très bien la langue. C'est grâce au dialogue très facile de Enrique avec les "locaux", les sujets du roi Humabon, que Magellan comprend, peu de temps avant sa mort, qu'Enrique a bouclé le tour du monde.

Repères chronologiques

10 août 1519 Départ de Séville
13 décembre 1519 Arrivée dans la baie de Santa Lucia (Brésil)
12 janvier 1520 Début d'exploration du Rio de la Plata (Argentine)
31 mars 1520 Arrivée à Puerto San Julián (Patagonie, Argentine)
1er avril 1520 Mutinerie de San Julián
3 mai 1520 Naufrage du Santiago
21 octobre 1520 Découverte du cap Virgenes, entrée du détroit
vers le 8 novembre 1520 Désertion du San Antonio qui rentre à Séville
28 novembre 1520 Entrée de la flotte dans l'océan Pacifique
6 mars 1521 Arrivée aux Mariannes
7 avril 1521 Arrivée à Cebu
27 avril 1521 Mort de Magellan et de six autres hommes lors du combat contre les indigènes de Mactan
2 mai 1521 Destruction volontaire de la Concepcion
8 novembre 1521 Arrivée aux Moluques sur l'île de Tidore
21 décembre 1521 Départ de la Victoria chargée de girofle pour l'Espagne
19 mai 1522 La Victoria passe le cap de Bonne-Espérance
6 septembre 1522 La Victoria accoste à Sanlucar de Barrameda
Postérité
Le récit De Moluccis Insulis de Maximilianus Transylvanus est publié en 1523. C'est à partir de ce texte que l'Europe a pu en tout premier lieu satisfaire sa curiosité concernant le premier tour du monde réalisé par un navire espagnol. Relation du voyage de Magellan, le récit beaucoup plus complet d'Antonio Pigafetta, connaît un certain succès à sa publication en 1526 mais les exploits de Magellan sont oubliés dès la fin du XVIe siècle.
C'est la biographie de Stefan Zweig en 1938 qui remet Magellan au devant de la scène et suscite d'autres biographies d'auteurs nationalistes portugais alors que jusque là les Lusitaniens voyaient en lui un traître. Le peuple portugais s'est désormais réapprorié ce personnage, contrairement aux Espagnols.
Les Nuages de Magellan sont nommés en son honneur au début du XIXe siècle, de même que la sonde spatiale Magellan dans les années 1980 ou le Manchot de Magellan pour rappeler que l'explorateur avait aperçu cet oiseau en 1520 au cours de son voyage au sud du continent sud-américain.
Créées en 1999, les éditions Magellan & Cie ont vocation à donner la parole aux écrivains-voyageurs de toutes les époques.
Trois cratères, deux situés sur la Lune Magelhaens et son cratère satellite Magelhaens A et un autre sur Mars Magelhaens, ont été nommés d'après Magellan et orthographiés Magelhaens.
De nombreux colloques, publications et cérémonies sont prévues pour la commémoration du 5e centenaire de la 1re circumnavigation de la Terre, tel le Sanlúcar de Barrameda 2019-2022.

Bande dessinée

Magellan, jusqu'au bout du monde, Bande dessinée de Christian Clot, Thomas Verguet et Bastien Orenge, collection Explora, Glénat, 2012
Série radiophonique
Magellan, le premier tour du monde, feuilleton radiophonique en français, en 15 épisodes de 20 minutes, créé par Dominique Blumenstihl et Edoardo Flaccomio, d'après la chronique d'Antonio Pigafetta, les notes de Francisco Albo, pilote de la Victoria et des lettres de Fernand de Magellan, réalisé et mis en musique par Olivier Verger66. Première diffusion hebdomadaire à partir du 14 juillet 2010, sur les ondes de Radio Exterior de España.
Bibliographie
Jean-Michel Barrault, Magellan. La terre était ronde, Gallimard, 1997.
Laurence Bergreen, Par-delà le bord du monde, Grasset, 2005.
Xavier de Castro préf. Carmen Bernand & Xavier de Castro, Le voyage de Magellan 1519-1522. La relation d'Antonio Pigafetta & autres témoignages, Paris, Chandeigne, coll. Magellane,‎ 2007, 1088 p. présentation en ligne
Stefan Zweig, Magellan, Paris, Grasset, coll. Les cahiers rouges ,‎ 2010
Articles connexes
Juan Sebastián Elcano, à l'origine maître d'équipage de la Concepcion, il finit capitaine de la Victoria, seul navire à effectuer le tour de monde.
Antonio Pigafetta, le chroniqueur du voyage.
Henrique de Malacca, l'esclave et interprète de Magellan.

Tour du monde repères chronologiques

22 mars 1518 Charles Quint donne son accord à Magellan pour constituer une flotte destinée à faire le tour du monde.
20 septembre 1519 Cinq navires avec 275 hommes d'équipage, dont 45 étrangers, quittent Sanlúcar.
11 janvier 1520 Arrivée au sud du Rio de la Plata, 490 de latitude sud, où une escadre portugaise les recherche en vain. Hivernation de la flotte. Magellan réprime férocement une mutinerie de ses subordonnés.
Fin octobre 1520 Arrivée à la hauteur du détroit auquel Magellan donnera son nom.
28 novembre 1520 Arrivée dans le Pacifique.
Novembre 1520-mars 1521 La flotte traverse le Pacifique d'une traite et arrive sur l'île de Guam îles Mariannes. L'équipage est décimé par le scorbut.
16 mars 1521 Arrivée aux Philippines.
27 avril 1521 Magellan meurt dans une embuscade sur l'île de Mactan pour avoir voulu se mêler de politique indigène locale.
Mai-juin 1521 Dissensions nombreuses dans l'équipage. Les Portugais massacrent les survivants du Trinidad, le navire de Magellan.
9 juillet 1521 Après une escale dans les Moluques, le Basque Elcano prend le commandement de la Victoria ; il arrivera aux îles du cap Vert après avoir évité toutes les escadres portugaises.
4 septembre 1522 Après un périple de 86 000 kilomètres effectué en 1 080 jours, Elcano atteint Séville.

Liens

http://youtu.be/EfyVOhJOCMo Sur les traces de Magellan
http://youtu.be/0SVJKXCLooE La route de Magellan
http://youtu.be/I_LyY8UPIM4 voyage Magellan 'reconstitution (anglais)1
http://youtu.be/n7ElVJbaeMc 2
http://youtu.be/gXDpCja5KeY 3
http://youtu.be/fsuUBIHA6kM 4
http://youtu.be/0IGTSsHAgIk Magellan aux Philippines


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#309 Jean Bart corsaire du roi
Loriane Posté le : 26/04/2014 10:22
Le 27 avril 1702 à Dunkerque meurt à 51 ans, Jean Bart, en flamand Jan Bart

ou Jan Baert, né le 21 octobre 1650 à Dunkerque, dans les provinces unies de Flandres, corsaire célèbre pour ses exploits au service de la France durant les guerres de Louis XIV. Il fait allégeance à la marine royale Française, il est chef d'escadre de 1666 à 1697, il participe à la guerre de Hollande et au combat contre la ligue de Augsbourg, ses faits d'armes sont en 1667 un raid sur la medway, une évasion de Plymouth en 1689, la prise d'un convoi de blé au large de texel, une bataille du Dogger bank, il est fait chavalier de l'ordre de St Louis. En hommageà sa bravoure, 27 Navires portent son nom, une statue le représentant est érigée à Dubkerque, ainsi qu'une stèle dans l'église St eloi, il existe une porte "Jean Bart" dans l'Arsenal de Brest. Il fut aussi commandant de la marine de Dunkerque.

Corsaire et chef d'escadre dunkerquois. Issu d'une famille de marins, Jean Bart sert d'abord dans la flotte des Provinces-Unies sous les ordres de l'amiral De Ruyter. Quand éclate la guerre franco-hollandaise, il rentre à Dunkerque, s'embarque sur un navire corsaire et est rapidement promu au commandement d'un bâtiment. Il lutta contre les Barbaresques, les Espagnols, les Hollandais et les Anglais. Louis XIV lui accorda en récompense de ses succès des lettres de noblesse.
Il fut promu chef d'escadre en 1697.À la fin de la guerre en 1678, il est un des plus célèbres "capres", "corsaires" de sa ville natale, avec quatre-vingt-une prises à son actif. La guerre de la Ligue d'Augsbourg porte sa réputation à son zénith. Fait prisonnier en 1689 avec son lieutenant Claude de Forbin, tous deux s'évadent de Plymouth à bord d'une barque et rejoignent la côte française à force de rames. Capitaine de vaisseau, il se voit confier par le roi une escadre légère avec laquelle il multiplie les croisières en mer du Nord contre le commerce anglais et hollandais, à qui il fait subir des dommages considérables.
Et c'est en vain que les escadres ennemies font le blocus de Dunkerque et bombardent la ville à deux reprises dans l'espoir déçu de lui interdire la haute mer, ainsi qu'aux autres corsaires. En 1694, alors que la France souffre de la disette, il protège les arrivages de blé russe, notamment le 29 juin, quand il reprend aux Hollandais, qui venaient de s'en emparer, un énorme convoi qu'il amène à bon port, exploit pour lequel il est anobli.
Promu chef d'escadre en 1697, il est commandant de la marine de Dunkerque, quand il meurt à la veille d'entrer en campagne dans la guerre de la Succession d'Espagne. Le succès de Jean Bart résulte de la conjonction de trois éléments : d'une part, ses qualités personnelles d'homme de mer, audace et sens tactique croisières foudroyantes sur de légères frégates, rapides et bonnes manœuvrières, combat au plus près, terminé à l'abordage; d'autre part, le milieu dunkerquois avec sa nombreuse population de marins qui lui fournit officiers et équipages d'un courage héroïque ; et enfin la politique navale du secrétaire d'État, Louis de Ponchartrain, qui encourage systématiquement la guerre de course.
Il commence à naviguer à quinze ans sous les ordres de Ruyter et participe en 1667 à la campagne de la Tamise. Pendant la guerre de Hollande, il est corsaire pour le compte de la France et accumule les prises, plus de cinquante entre 1674 et 1678. Admis dans la Marine royale avec le grade de lieutenant de vaisseau en janvier 1679, il croise en Méditerranée contre les Barbaresques et est promu capitaine de frégate en août 1686. En 1689, il est chargé, en compagnie de Forbin de conduire un convoi de Dunkerque à Brest, il est fait prisonnier par les Anglais, s'évade et revient à Saint-Malo en traversant la Manche à la rame.
Promu capitaine de vaisseau en juin 1689, il met au point une tactique de guerre fondée sur l'utilisation de divisions de frégates rapides et maniables, sorte de préfiguration des meutes de sous-marins de la Seconde Guerre mondiale. En 1690, il commande L'Alcyon à la bataille du cap Béveziers, puis il escorte les convois en mer du Nord après avoir brisé le blocus imposé à Dunkerque. En 1692, il détruit une flottille de 80 navires de pêche hollandais.
Son exploit, sans doute le plus célèbre, qui lui vaut des lettres de noblesse, est la reprise sur les Hollandais devant le Texel d'un énorme convoi de cent-dix navires chargés de blé que la France avait acheté à la Norvège. En juin 1696, il livre sur le Dogger Bank un violent combat à une escadre hollandaise, détruisant plus de 80 navires, et rentre à Dunkerque en déjouant la surveillance anglaise. Promu chef d'escadre en avril 1697, il conduit le prince de Conti en Pologne, puis commande la marine à Dunkerque où il meurt le 27 avril 1702.

Sa vie

Jean Bart naît dans une famille de marins, de militaires et de corsaires dunkerquois. Il est le second des huit enfants de Jean-Cornil Bart v. 1619-1668 qui combat pour le compte des Provinces-Unies et meurt au combat contre les Anglais et de Catherine Bart 1625-1682, née Jansen Rodrigues, femme d'origine espagnole. Sa langue maternelle est le flamand.
Avant lui, son aïeul, Cornil Weus, vice-amiral combat les Hollandais au début de la guerre de Quatre-Vingts Ans.
Son arrière-grand-père, Michel Jacobsen 1560-1632 se distingue au service de la couronne d'Espagne, en ramenant l'Invincible Armada après sa tentative ratée d'invasion de l'Angleterre en 1588. Il est nommé vice-amiral par Philippe IV d'Espagne. En 1622, son grand-oncle, Jan Jacobsen, lui aussi au service de l'Espagne, se fait sauter avec son navire, le Saint-Vincent, plutôt que de se rendre.
Son fils, Gaspard Bart, oncle de Jean Bart, est mousse à bord du Saint-Vincent, il survit au sabordage du navire, mais il mourra plus tard au combat. Michel Bart, un autre fils de Gaspart Bart, corsaire, meurt au combat contre les Hollandais. Ses aïeuls sont capitaines de navire corsaire mais son père Jean-Cornil n'est que second. La légende d'un Jean Bart fils de pêcheur, sans éducation et grossier est contredite par les faits : il est issu d'une famille d'excellents officiers ayant servi la marine espagnole et dunkerquoise.
Après lui, la tradition familiale se perpétue puisque ses frères Cornil, Gaspard, et Jacques Bart, seront tous les trois corsaires. Son fils, François-Cornil Bart servira lui dans la Marine royale et sera nommé vice-amiral du Ponant par Louis XIV.
Enfin, Le 27 mars 1759, à bord de la Danaé, son neveu Pierre-Jean Bart et son fils Benjamin, mourront au service de la France en tentant de forcer un blocus anglais près des côtes de la Manche afin de ravitailler la ville de Québec alors sur le point d'être assiégée.

Débuts dans la flotte des Provinces-Unies

Jean Bart naît le 21 octobre 1650, et est baptisé le lendemain 22 octobre. Pendant ses premières années, sa ville natale, Dunkerque est l'objet de plusieurs affrontements entre les grandes puissances européennes de l'époque. Le 16 septembre 1652, Dunkerque passe entre les mains de l'Espagne.
L'armée de Turenne reprend la ville après la bataille des Dunes le 23 juin 1658. Le soir même, Louis XIV remet la ville aux Anglais, alors alliés à la France. Peu après la ville redevient française, Louis XIV l'ayant rachetée à Charles II d'Angleterre. Il y fait son entrée le 2 décembre 1662.
Attaque hollandaise sur Madway, juin 1667, par Pieter Cornelisz van Soest, peint v. 1667
En 1662, Jean Bart a onze ans et huit mois lorsqu'il s'engage comme mousse sur un navire de contrebande. Le capitaine de ce navire, Jérôme Valbué, pilote hauturier des bâtiments du roi, est un homme assez instruit, y compris en astronomie, et c'est en sa compagnie que le jeune Jean Bart effectue ses premières sorties en mer.
En 1666, la France s'allie avec les Provinces-Unies contre l'Angleterre. Le père de Jean Bart trouve la mort au service des Hollandais dans l'attaque d'un vaisseau anglais. Lui-même est d'abord embarqué comme lieutenant sur le Cochon Gras, chargé de surveiller les Anglais.
Durant l'été, il s'engage comme matelot sur le Sept Provinces, navire hollandais, sous les ordres de l'amiral Michiel de Ruyter.
En juin 1667, la flotte hollandaise remonte la Tamise et la Medway et assiège Londres, puis les Anglais et les Hollandais signent le Traité de Breda. De Ruyter confie à Jean Bart le commandement d'un brigantin : Le Canard Doré.

Corsaire au service du roi de France, pendant la guerre de Hollande

Lorsque Louis XIV entre en guerre contre la Hollande Guerre de Hollande en 1672, Jean Bart servait alors en qualité de second lieutenant sur un bâtiment flessinguois. Il regagne la France en compagnie de son ami Charles Keyser. En 1673, il embarque comme second à bord de l'Alexandre sous les ordres du câpre Willem Dorne, pour pratiquer la guerre de course. L'année suivante, il commande Le Roi David, galiote armée de deux canons.
Le 2 avril 1674, il s'empare de sa première prise : un dogre hollandais. Le 17 février, l'Angleterre signe la paix avec les Provinces-Unies déjà alliés de l'Espagne. Le 6 avril, Bart s'empare d'une pinasse anglaise, le 16 mai d'un dogre. Cette année-là, huit autres prises complètent le tableau.
En avril 1676, il embarque sur La Royale, armée de huit canons, avec laquelle il s'empare de quatre bateaux de pêche. Puis à bord du Grand Louis il capture vingt-huit vaisseaux. En septembre, la France déclare la guerre à la Ligue hanséatique. À Hambourg La Royale est saisie.
Le corsaire peut toutefois regagner Dunkerque.
Le 3 février 1675, à l'âge de vingt-cinq ans, il épouse Nicole Goutier ou Gontier 1659-1682, fille d'un riche aubergiste, elle lui apporte une dot respectable de 10 000 livres, âgée de seize ans, à qui il offre, en guise de cadeau de mariage, L'Espérance, un frégate légère de 10 canons, dont il s'était emparé aux dépens des Provinces-Unies. L'année même de son mariage, il capture vingt bâtiments.
En 1676, il rencontre une flotte de busses, escortée par une frégate légère de 12 canons. Il l'attaque et se rend maître de trois des busses et de la frégate. Quatre jours plus tard, il capture dix autres busses et une frégate de 12 canons. Chargé, par des armateurs particuliers, de commander une frégate de 24 canons et de 150 hommes d'équipage, il découvre, en compagnie de quatre autres corsaires dunkerquois, une flotte marchande convoyée de trois frégates, la rejoint à hauteur d'Ostende et la bat, après un combat de trois heures.
Le 7 septembre 1676, il enlève seul une frégate hollandaise de 36 canons qui escortait un grand nombre de busses. Pour l'année 1676, le nombre de prises effectuées par Jean Bart s'élève à dix-sept. Il commence à attirer l'attention du ministre de la Marine Colbert et du roi lui-même qui lui envoie une chaîne en or en guise de récompense.
À bord de La Palme, frégate de vingt-quatre canons, Jean Bart prend la mer à la tête d'une flottille de six navires en 1677, flottille qui s'empare d'une vingtaine de vaisseaux. À bord du Dauphin, frégate de quatorze canons, Jean Bart arraisonne un quatre-mâts hollandais. Au large de l'île de Texel, en juin 1678, la petite escadre de quatre navires commandée par Jean Bart, s'attaque au Schiedam, une frégate de 24 canons de la flotte hollandaise.
Jean est gravement blessé aux mains et au visage par l'explosion d'une grenade, un boulet de canon emporte des lambeaux de chair de ses jambes. Le Schiedam est néanmoins remorqué jusqu'à Dunkerque. À bord du Mars, corsaire de vingt-six canons, il arraisonne encore quelques navires, lorsque le 10 août, France et Hollande signent le Traité de Nimègue, mettant ainsi fin à la guerre de Hollande.

La paix avec l'Angleterre et la Hollande

La paix signée, Jean Bart rejoint la Marine royale sur la recommandation du célèbre Vauban et, le 8 janvier 1679, Louis XIV le nomme lieutenant de vaisseau. La France, l'Angleterre et les Provinces-Unies sont en paix. Jean Bart est un temps désœuvré. En 1681, trois frégates quittent Dunkerque pour chasser les pirates barbaresques qui hantent le bassin méditerranéen. Jean Bart commande La Vipère, frégate de douze canons.
Il capture quelques bateaux pirates, mais bientôt ceux-ci signent une trêve avec la France. La mère de Jean Bart meurt, suivie quelques mois plus tard par sa fille, et en fin d'année sa femme Nicole, alors âgée de vingt-trois ans.
En 1683, la France est en guerre contre l'Espagne. Jean Bart capture un vaisseau espagnol chargé de transporter 350 hommes de troupe et le ramène à Brest. La même année, il embarque avec le marquis d'Amblimont, sur Le Modéré, et contribue à la prise de deux vaisseaux espagnols dans le voisinage de Cadix.
Cependant, la marine espagnole étant bien plus faible que la marine française, Charles II d'Espagne signe vite une trêve. Le 14 août 1686, il est nommé capitaine de frégate de la marine royale, et commande La Serpente, frégate de vingt-quatre canons.

Guerre de la Ligue d'Augsbourg

En 1688, la France alliée au Danemark et à l'Empire ottoman, entre en guerre contre la ligue d'Augsbourg qui réunit l'Angleterre, l'Allemagne, l’Espagne, les Pays-Bas, la Savoie et la Suède.

Escorteur en Manche et captivité en Angleterre

En 1689, Jean Bart quitte Dunkerque en compagnie de Claude de Forbin pour escorter des convois, le premier avec une petite frégate La Raillause de 24 canons, le second avec une plus petite encore baptisée Les Jeux. Au cours d'un premier combat, ils se rendent maîtres - après un sanglant abordage - d'un corsaire hollandais venu en reconnaissance, et le conduisent à Brest avec les bâtiments qu'il escortait.
Mais une seconde affaire, quoique non moins brillante, ne leur réussit pas aussi bien. Ils convoyaient vingt bâtiments, quand, au large de l'île de Wight, ils sont pris en chasse par deux vaisseaux anglais, de 50 canons chacun. Refusant la capture des navires marchands qu'ils escortaient, les deux officiers décident d'engager le combat, mais ne pouvant lutter contre la supériorité des forces anglaises, ils sont battus, fais prisonniers et envoyés à Plymouth. Ils réussissent à s'évader et gagnent Erquy après trois jours de rame.
" Malgré les blessures nombreuses qu'ils avaient reçues et malgré leur captivité, les deux braves marins n'étaient point perdus pour la France. Ils usèrent bientôt d'adresse, gagnèrent tout d'abord un matelot d'Ostende qui leur procura une lime, à l'aide de laquelle ils scièrent peu à peu les barreaux de fer de leur fenêtre; ils réussirent à cacher leur opération jusqu'à ce que leurs blessures commençassent à se guérir. Ayant ensuite mis dans leurs intérêts deux mousses qu'on leur avait donnés pour leur service, ils s'emparèrent par leur intermédiaire d'un canot norvégien dont le batelier était ivre-mort, descendirent une nuit par la fenêtre de la prison au moyen de leurs draps, et s'embarquèrent sur le petit canot avec autant d'assurance que si c'eût été un vaisseau amiral. Jean Bart maniait l'aviron aidé seulement des deux mousses ; Forbin ne le pouvait à cause de ses blessures encore saignantes. Ils traversèrent ainsi la rade de Plymouth, au milieu de vingt bâtiments qui criaient de tous côtés : Où va la chaloupe? et auxquels Jean Bart, qui avait l'avantage sur Forbin de savoir l'anglais, répondait fishermen, c'est-à-dire: pêcheurs! Enfin, après avoir fait sur leur chétive embarcation soixante-quatre lieues dans la Manche, en moins de quarante-huit heures, ils prirent terre avec une inexprimable joie, à un village situé à six lieues de Saint-Malo, où ils apprirent que le bruit de leur mort était généralement répandu. "

Retour en France, promotion et remariage

Quinze jours après son évasion, le 20 juin 1689, Jean Bart est nommé capitaine des vaisseaux du roi, en récompense de son dévouement à sauver la flotte marchande. Le 13 octobre de la même année, après sept années de veuvage, et alors qu'il est âgé de trente-neuf ans, il épouse Jacqueline Tugghe, en secondes noces. À la tête de trois frégates légères, il s'empare, sur les côtes de Hollande, d'une galiote transportant des troupes pour le prince d'Orange, et de trois autres bâtiments qu'il rançonne de 3 800 florins.

Combats en Manche et blocus de Dunkerque

L'année suivante, il reçoit le commandement de la frégate L'Alcyon au sein de la flotte conduite par Tourville, vice-amiral de la flotte du Levant, destinée à agir contre les forces navales combinées d'Angleterre et de Hollande. Il prend part à la bataille du cap Béveziers, remportée par Tourville, le 10 juillet 1690, ainsi qu'à la fameuse campagne du Large effectuée par l'illustre amiral, entre juin et août 1691.
Mais cette année-là, Jean Bart se distingue surtout par son extraordinaire sortie de Dunkerque avec une escadre placée sous ses ordres. Deux ans auparavant, Jean Bart avait soumis au département de la marine un projet d'expédition pour ruiner le commerce des Hollandais en mer du Nord, lorsque le ministre Pontchartrain lui donne l'autorisation et les moyens de l'exécuter. À cette occasion, Forbin, est à nouveau placé sous ses ordres.
De 1690 à 1693, Jean Bart détruit plus de 150 busses harenguières hollandaises pour affamer leur pays, ce qui lui vaut des Hollandais le titre de maxima pirata.
Apprenant qu'un armement se préparait à Dunkerque, une flotte de trente-cinq à quarante vaisseaux anglais vient bloquer la rade de Dunkerque. Après quinze jours passés dans la rade avec sept frégates et un brûlot, sans que les Anglais et les Hollandais jugent utile de l'attaquer;
Jean Bart parvient à prendre le large, de nuit, avec sept frégates et un brûlot. Dès le lendemain, il s'empare de quatre bâtiments chargés de marchandises pour la Russie et de deux navires d'escorte anglais. Mettant ses prises à l'abri d'un port de Norvège, alors en paix avec la France, Jean Bart reprend la mer pour s'emparer d'une flotte de pêcheurs hollandais et du navire de guerre qui l'accompagnait. Dans la foulée, il fait encore une razzia sur les côtes d'Écosse, où il pille un château et incendie quatre villages.

Voyage à la Cour et prise du convoi de Smyrne

En France, chacun a entendu parler des exploits du corsaire, aussi Louis XIV invite-t-il Jean Bart à la cour de Versailles, en 1692, afin d'honorer ses victoires maritimes. Plus habitué à combattre sur mer qu'à l'étiquette, Jean Bart s'attire les moqueries d'une partie des aristocrates présents, mais aussi sûrement une part de jalousie.En 1693, il commande le vaisseau Le Glorieux, de 62 canons, sous les ordres du maréchal de Tourville.
Après le brillant combat de Lagos et la capture du convoi de Smyrne, il quitte la flotte et rencontre près de Faro six bâtiments hollandais, de 24 à 50 canons, tous richement chargés, les contraint à s'échouer, et les brûle.
De retour à Toulon, il reçoit l'ordre de passer à Dunkerque pour y prendre le commandement d'une escadre de six frégates, ayant pour mission de ramener de Vlecker une flotte chargée de blé pour le compte du roi. Il mène cette mission avec succès et, peu de temps après, il enlève, près des bancs de Flandre, trois frégates anglaises, dont les deux premières servaient d'escorte à un transport de munitions de guerre pour le roi Guillaume III.

Sauvetage du convoi de blé norvégien

En 1694, le blocus de la Ligue d'Augsbourg fait monter le prix du grain, les négociants spéculent, la France est affamée.
Louis XIV achète alors cent dix navires de blé norvégien.
Le lendemain de son départ de Dunkerque, Jean Bart rencontre cette flotte de navires marchands entre le Texel et la Meuse, mais constate immédiatement qu'elle a été capturée par huit vaisseaux de guerre hollandais, dont l'un portait pavillon contre-amiral.
Malgré l'inégalité des forces en présence il ne dispose que de sept bâtiments de rang inférieur à ceux des ennemis, Jean Bart entreprend de la récupérer. Après un combat acharné, au cours duquel l'amiral hollandais Hidde Sjoerds de Vries est grièvement blessé et capturé, il parvient à reprendre la flotte et la ramène en France.
"Il mit en panne à deux portées de canon des vaisseaux de guerre ennemis, et c'est là qu'il assembla en conseil les capitaines qui étaient sous ses ordres ….
Tous les capitaines français convinrent avec lui qu'il fallait brusquer l'affaire, sans donner le temps aux ennemis de se reconnaître.
Jean Bart les renvoya aussitôt, en leur recommandant d'aborder chacun un vaisseau. Mais comme, outre la supériorité en nombre de canons, l'escadre hollandaise avait pour elle un vaisseau de plus que l'escadre de France, Jean Bart commanda la Flûte et le Portefaix, avec le lieutenant de La Bruyère, et un équipage de cent vingt hommes, pour donner de l'occupation à ce vaisseau. Jean Bart arriva sur les Hollandais, pendant que deux vaisseaux de guerre danois et suédois, qui avaient servi de première escorte au convoi et n'avaient pas même essayé de le défendre, restaient spectateurs de l'action. Les chefs des deux escadres se cherchaient et avaient l'un et l'autre dessein de s'aborder; aussi se furent-ils bientôt joints. Le Fortuné et la Princesse Émilie, l'un portant le capitaine Jean Bart, l'autre le contre-amiral Hyde de Frise, ne formaient plus pour ainsi dire qu'un seul et même pont, d'abord divisé en deux camps, puis théâtre d'une effroyable mêlée, où la place resta en moins d'une demi-heure à Jean Bart et aux Français. Le contre-amiral hollandais était atteint de six blessures, dont trois mortelles; son second était étendu roide sur le pont, et ses deux lieutenants étaient aussi percés de plusieurs coups. Non content de cette première et glorieuse prise, le Fortuné, menant toujours la tête de l'escadre de France, aborda un autre vaisseau ennemi, et s'en rendit également maître. Pendant ce temps les autres vaisseaux français couraient de même à l'abordage.
Le Magicien enleva un vaisseau hollandais de cinquante canons; l'Adroit, au moment où il allait contraindre un autre bâtiment à se rendre, se vit attaqué par un vaisseau de cinquante-quatre canons auquel il n'aurait peut-être pas pu résister si le Fortuné n'était pas venu à son aide. Ce qui restait de l'escadre ennemie avait déjà disparu. Jean Bart s'assura aussitôt du convoi, amarina ses prises et rentra glorieusement dans les ports de France.
La nouvelle de cette capture fait chuter les prix le boisseau de blé passe de 30 livres à 3 livres et met fin à toutes spéculations. Ainsi Jean Bart … sauva la France en lui donnant du pain Cantate à Jean Bart. Pour cet exploit, le 19 avril, Jean Bart reçoit des mains de Louis XIV, la croix de chevalier de l'Ordre de Saint-Louis, institué l'année précédente. Une médaille est frappée en souvenir du combat du 29 juillet 1694, et Jean Bart est anobli. Dans les lettres de noblesse qu'il lui envoie, en date du 4 août 1694, Louis XIV autorise Jean Bart à arborer une fleur de lys d'or dans ses armes, et, plein de gratitude, il écrit :
" De tous les officiers qui ont mérité l'honneur d'être anoblis, il n'en trouve pas qui s'en soit rendu plus digne que son cher et bien-aimé Jean Bart. "
Pour cet anoblissement, le généalogiste de la Cour lui fabrique une fausse ascendance, le faisant notamment descendre des chevaliers teutoniques. Dès lors, mythes et légendes parsèment l'historiographie de Jean Bart au cours du XVIIIe et XIXe siècles, Henri Malo et Alexandre François Lesmaries démystifiant en partie ce héros national au début du XXe siècle.

Défense de Saint-Malo 1695 et bataille du Dogger Bank

En 1695, la flotte anglaise se présente au large des côtes de France et bombarde plusieurs places, et en particulier Saint-Malo, d'où chaque jour des corsaires partaient au combat. Jean Bart, avec sous ses ordres son fils François-Cornil Bart, est chargé de la défense du fort Bonne-Espérance, et parvient par ses tirs d'artillerie à faire partir la flotte anglaise. En récompense de ses nouveaux services il reçoit une pension de 2 000 livres et son fils est promu lieutenant de vaisseau à 18 ans seulement.
Début juin 1696, Jean Bart sort de Dunkerque à bord du Maure, une frégate de 54 canons, avec sept bâtiments, malgré quatorze vaisseaux ennemis qui voulaient lui fermer le passage. Le 17 juin 1696, sur les sept heures du soir, il découvre au Dogger Bank, à environ seize lieues au nord du Texel, une flotte de cent-douze navires marchands venant de la Baltique et escortée par six vaisseaux de guerre hollandais. Toute la nuit l'escadre française attend, et le lendemain, à la pointe du jour, elle n'est plus qu'à deux lieues sous le vent de la flotte ennemie. Jean Bart donne le signal d'ordre de bataille, et dirige ses forces sur le principal bâtiment hollandais, le Raadhuis-van-Haarlem, 44 canons. Après un violent combat, les bâtiments hollandais sont capturés lorsqu'il est averti qu'une escadre de treize bâtiments anglais commandés par l'amiral Benbow est en mer et se dirige sur lui. N'étant pas en mesure de soutenir un combat si inégal, il brûle les quatre vaisseaux capturés et renvoie les Hollandais prisonniers dans leur pays sur les deux vaisseaux restants.
Poursuivi par une véritable meute, l'escadre de Jean Bart et ses prises trouvent refuge au Danemark début juillet puis regagnent Dunkerque avec 25 navires marchands et 1200 prisonniers, le 28 septembre, en ayant réussi à échapper aux vaisseaux britanniques de Benbow et néerlandais de l'amiral Wanzel. Après cette nouvelle campagne, Jean Bart rentre en France, en passant à nouveau à travers trente-trois vaisseaux anglais et hollandais qui voulaient lui barrer la route.
En récompense de sa conduite au Dogger Bank, il est promu, le 1er avril 1697, au grade de chef d'escadre de la province de Flandre.
Il est alors âgé de 46 ans.

Escorte du prince de Conti en Pologne 1697 et mort

Peu après, Jean Bart est chargé de conduire à Dantzig le prince de Conti, soutenu par le parti français pour être le prochain roi de Pologne. Apprenant son départ, les flottes alliés envoient dix-neuf vaisseaux de guerre croiser au nord de Dunkerque.
Côté français, dix vaisseaux sont armés pour l'expédition de Jean Bart ; mais, ce dernier préfère effectuer le voyage accompagné seulement de six frégates. Il est accompagné lors de ce voyage par le Chevalier de Saint-Pol, commandant du Jersey, et le futur cardinal de Polignac alors ambassadeur de France en Pologne.
Il quitte Dunkerque dans la nuit du 6 au 7 septembre, et déjoue les croisières ennemies, il arrive, sept jours après, au détroit du Sund, salue de quinze coups de canon la famille régnante de Danemark, avec laquelle la France était en paix, en passant devant le château de Cronenbourg, et mouille à Copenhague le 15 septembre. Le 26 du même mois, il entre en rade de Dantzick. Mais le prince de Conti apprenant que Frédéric-Auguste de Saxe, son concurrent, avait été couronné roi, il ne juge pas devoir pousser plus loin ses prétentions et décide de rentrer en France. La paix de Ryswick est signée en 1697 et cette expédition est la dernière du célèbre marin dunkerquois.

En 1702, la guerre de Succession d'Espagne étant sur le point d'éclater, Jean Bart est chargé d'armer une escadre à Dunkerque, mais atteint d'une pleurésie, il meurt chez lui le 27 avril 1702, à l'âge de 51 ans. Son corps est inhumé dans l'église Saint-Éloi de Dunkerque.

Durant l'entre-deux-guerres, en 1928, suite à des fouilles réalisées dans l'église, le docteur Louis Lemaire retrouve les ossements de Jean Bart, ce qui permet d'estimer sa taille, 1.90 m. Les autorités locales décident de changer le cercueil du corsaire. Cependant avant de l'enterrer à nouveau, les restes du marin furent exposés dans un cercueil de verre pendant 8 jours dans l'église.

Jugement par ses contemporains et ses biographes

Le biographe et historien de marine du XIXe siècle, Léon Guérin, le décrit de la façon suivante :
" Jean Bart avait la taille au-dessus de la médiocre, le corps bien fait, robuste et capable de résister à toutes les fatigues de la mer. Il avait les traits du visage bien formés, les yeux bleus, le teint beau, les cheveux blonds, la physionomie heureuse et tout à fait avenante. Il avait beaucoup de bon sens, l'esprit net et solide, une valeur ferme et toujours égale. Il était sobre, vigilant et intrépide; aussi prompt à prendre son parti, que de sang-froid à donner ses ordres dans le combat, où on le vit toujours avec cette présence d'esprit si rare et si nécessaire en de semblables occasions. Il savait parfaitement son métier, et il le fit avec tant de désintéressement, d'approbation et de gloire, qu'il ne dut sa fortune et son élévation qu'à sa capacité et à sa valeur. "
Dans son Dictionnaire des marins français, Étienne Taillemite dit de lui :
"Plus qu'un corsaire au sens strict du mot, Jean Bart, qui fit l'essentiel de sa carrière dans la Marine royale, fut surtout le modèle des chefs audacieux au coup d’œil infaillible et à l'habilité manœuvrière jamais en défaut."

Famille


Ascendance de Jean Bart
Mariages et descendance

Le 3 février 1676, Jean Bart épouse Nicole Goutier ou Gontier 1659 - 1682, âgée de seize ans. De ce mariage naîtront :

François Cornil 1677-1755
Anne-Nicole 15 mai 1680 - ?
Jeanne-Nicole 21 juillet 1681 -?
enfant mort-né 16 juin 1682
Le 13 octobre 1689, il épouse en secondes noces Jacqueline Tugghe, fille d'Ignace Tugghe, grand échevin de Dunkerque.
De ce mariage naîtront encore 9 enfants, dont 8 morts très rapidement :

Jeanne-Marie 8 juillet 1690 - 29 janvier 1757 qui épouse François De Ligny 1681 - 1746 le 31 janvier 1718 à Dunkerque.
Magdeleine Françoise 6 juin 1691 - 26 septembre 1691
Jean-Louis 18 mai 1693 - 18 mai 1696
Paul 26 juin 1694 - 27 juin 1694
Nicaise-Françoise 26 mai 1695 - 10 août 1696
Magdeleine-Marie 15 octobre 1697 - ?
Antoine 12 octobre 1698 - 2 décembre 1698
Marie-Françoise 18 janvier 1701 - ?
Marie 14 janvier 1702 - 18 janvier 1702

Hommages Un héros dunkerquois

Afin d'honorer la mémoire de Jean Bart, la ville de Dunkerque inaugura, le 7 septembre 1845, une statue à son effigie, œuvre du sculpteur David d'Angers, érigée sur l'ancienne place Royale, rebaptisée place Jean Bart. Trônant au centre de la ville, Jean Bart reste encore vivant dans les cœurs des gens. Chaque année au moment du carnaval, les Dunkerquois chantent à genou devant sa statue la cantate à Jean Bart
" … Et la cité qui te donna la vie, érigera ta statue en autel… "

Aujourd'hui, il existe dans la nef du musée David d'Angers situé dans l'abbaye Toussaint à Angers, une réplique exacte de cette statue.

Navires du nom de Jean-Bart

Plus de 27 bâtiments, en moins de deux siècles, ont porté le nom de Jean Bart, notamment :

le Jean Bart, vaisseau de 74 canons construit à Lorient en 1788
Un vaisseau de 74 canons construit à Lorient en 1811, désarmé en 1833.
Un vaisseau transformé sur cale construit en 1849, lancé en 1852. En 1864, il est école d'application. Rebaptisé Donawerth en 1868, il est condamné le 18 janvier 1869 et démoli à Brest en 1870.
Un vaisseau de 4 100 tonnes, construit à Lorient en 1827 baptisé Jean Bart en 1868 (ex-Donawerth). Il est condamné en 1880.
Un croiseur de première classe de 4 800 tonnes construit à Rochefort en 1886. Ce bâtiment en acier, a été armé en 1892. En 1897, il est reclassé croiseur de deuxième catégorie et affecté à la Division navale d'Extrême-Orient jusqu'en 1902. De retour à Lorient, il reste désarmé jusqu'en 1906. L'année suivante, il est envoyé aux Antilles. Ce bâtiment s'échoue en 1907 sur la côte d'Afrique à proximité du cap Blanc.
Jean Bart, un cuirassé de 23 500 tonnes, construit à Brest en 1910. Premier dreadnought français, il conduit, en juillet 1914, le président de la République lors d'une visite officielle en Russie. Le 21 décembre 1914, un sous-marin ennemi le torpille dans le canal d'Otrante. Il parvient cependant à rallier Malte où il est réparé. Après la guerre, il est rebaptisé Océan. Il coule le 15 mars 1944 à la suite d'essais effectués par les Allemands. Renfloué après la Seconde Guerre mondiale, il sera démoli en 1947. 23 500 tonnes, 29 000 CV, 21 nœuds, 12 canons de 30 cm, 22 de 14 cm.
Jean Bart, bâtiment de ligne de 35 000 tonnes en construction depuis 1936 lorsqu'éclate la Seconde Guerre mondiale. En juin 1940, pour éviter sa capture par les Allemands, il fuit Saint-Nazaire où il était encore en construction et parvient à rallier Casablanca. Dans ce port il est attaqué, en novembre 1942, par des bâtiments et avions américains qui l'endommagent et provoquent son échouage. En 1950, il rallie l'Escadre de la Méditerranée. Il participera aux opérations de débarquement en Égypte. Mis en réserve en 1957, il est condamné en 1970.
Jean Bart, frégate antiaérienne. Mise sur cale à Lorient le 12 mars 1986, elle est mise à flot le 19 mars 1988. Armée pour essais le 21 octobre 1989, la frégate Jean Bart est admise au service actif le 21 septembre 1991. Bâtiment doté de nombreux matériels prototypes, la frégate antiaérienne Jean Bart a un jumeau, Le Cassard.

Aéronefs

Deux ballons montés ont porté ce nom lors du siège de Paris.

Culture

Jean Bart est l'un des personnages du Cycle baroque de Neal Stephenson, une fresque qui retrace l'histoire secrète de la science au XVIIe siècle.
Jean Bart est un pirate dans le manga et l'anime One Piece.
Jean Bart est un nom fréquemment utilisé pour les groupes de scouts marins
La pâtisserie Aux Doigts de Jean-Bart a créé en 1957 un biscuit aux amandes et crème café enrobé de chocolat au lait appelé le Doigt de Jean-Bart

Héraldique

Les armes de Jean Bart d'après les lettres d'anoblissement par Louis XIV :
D'argent à la fasce d'azur chargée d'une fleur de lys d'or, accompagnée en chef de deux ancres de sable en sautoir et en pointe d'un lion passant de gueules.
Armoiries d'alliance du Corsaire Jean Bart et de son épouse Marie Jacqueline Tugghe, sur leur dalle funéraire dans l'église Saint Eloi de Dunkerque :
D'argent à la fasce d'azur chargée d'une fleur de lys d'or, accompagnée en chef de deux ancres de sable en sautoir et en pointe d'un lion passant de gueules et d'azur à un chevron d'or, accompagné en chef de deux étoiles de même, et en pointe d'un soleil.


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#310 Napoléon III 4ème partie
Loriane Posté le : 18/04/2014 18:45

Généalogie. Famille Bonaparte.

Ascendance

Napoléon III est le troisième fils de Louis Bonaparte 1778-1846, roi de Hollande 1806-1810, et de son épouse Hortense de Beauharnais 1783-1837. Par son père, il est donc le neveu de l'empereur Napoléon Ier 1769-1821 tandis que, par sa mère, il est le petit-fils de l'impératrice Joséphine de Beauharnais 1763-1814.

Descendance

Les 23 et 30 janvier 1853, Napoléon III épouse, à Paris, Eugénie de Montijo 1826-1920, comtesse de Teba. Cette dernière est la fille de Cipriano de Palafox y Portocarrero 1785-1839, comte de Montijo et grand d'Espagne, et de son épouse María Manuela Kirkpatrick 1794-1879. Du mariage de Napoléon III et d'Eugénie naît un fils unique :

Louis-Napoléon 1856-1879, prince impérial, mort sans postérité.
Outre son unique fils légitime, Napoléon III a eu de nombreux enfants naturels avec ses multiples maîtresses. On peut citer :
Eugène(Alexandre-Louis Bure (1843-1910), comte d'Orx et Alexandre Louis-Ernest Bure 1845-1882, comte de Labenne, enfants d'Eléonore Vergeot.
Avec postérité en ligne féminine pour le premier-né ;
Charles Blanc ou Charles Lebœuf (24 février 1864 - 11 décembre 1941), fils de Napoléon III et de Julie Lebœuf 1840-1886, de son nom de scène Marguerite Bellanger, avec qui l'empereur a une liaison en 1862-1864. Des doutes existent cependant sur l'identité réelle, moins du père que de la mère. Julie Lebœuf aurait fait une fausse couche mais aurait simulé un accouchement sur ordre de l'empereur pour permettre au baron Haussmann de placer le fils de sa fille cadette, Valentine Haussmann (1843-1901), elle aussi enceinte de l'empereur434. Cependant, la paternité de Jules Hadot 1865-1937, fils de Valentine Haussmann, fut aussi attribuée à Napoléon III ;
Arthur Hugenschmidt (1862-1929), chirurgien-dentiste, qui d'après la rumeur serait le fils de Virginia Oldoini, comtesse de Castiglione 1837-1899, maîtresse de Napoléon III en 1856-1857 ;
Jules Hadot 1865-1939, fils de Valentine Haussmann marié a Anne Claveau (d'où postérité)435
Napoleon Hadot marié à Henriette Dupont de l'Eure
Jeanne Hadot marié à Ange Luiggi, marquis de Luiggi-Giafferi;
Georges Feydeau 1862-1921, fils de Léocadie Boguslawa Zalewska, épouse d'Ernest Feydeau, dont la paternité est parfois attribuée au duc de Morny, demi-frère de Napoléon III ;
Bonaventur Karrer 1839-1921, fils de Maria Anna Schiess 1812-1880, Allensbach Lac de Constance, en Allemagne ;
Benoni Depuille, fils d'Armance Depuille 1830-1913, épouse légitime de François Isidore Depuille ;
Christian Corbière, fils de Pascalie Corbière née en 1828, nourrice des enfants adultérins de l'empereur et épouse légitime d'Auguste Corbière, deuxième cocher de l'empereur.
Ses relations avec Elizabeth-Ann Haryett 1823-1865 dite Miss Howard faite comtesse de Beauregard, la comtesse Marianne Walewska 1823-1912, épouse du comte Walewski, ministre des affaires étrangères de 1855 à 1860 - lui-même fils de Marie Walewska et de Napoléon Ier - et avec la comtesse Louise de Mercy-Argenteau 1837-1890 n'ont pas donné de postérité.

Une éventuelle descendance par un fils né de sa relation avec Mlle Sauvez, connue durant son emprisonnement à Ham n'est pas prouvée.

Titulature

Titres et honneurs
Napoléon III des Français
Prédicat Sa Majesté impériale
Style oral Votre Majesté impériale
Style alternatif Sire
20 avril 1808 — 13 juillet 1810 : Son Altesse impériale le prince Charles-Louis de Hollande, prince français
13 juillet 1810 — 6 avril 1814 : Son Altesse impériale le prince Charles-Louis Napoléon, prince français
6 avril 1814 — 20 mars 1815 : Son Altesse impériale le prince Charles-Louis Napoléon, prince français
20 mars 1815 — 8 juillet 1815 : Son Altesse impériale le prince Charles-Louis Napoléon, prince français
8 juillet 1815 — 20 décembre 1848 : Son Altesse impériale le prince Charles-Louis Napoléon, prince français
20 décembre 1848 — 2 décembre 1852 : Son Excellence le prince Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République française
2 décembre 1852 — 1er mars 1871 : Sa Majesté impériale l’empereur des Français
1er mars 1871 — 9 janvier 1873 : Sa Majesté impériale l’empereur titulaire des Français

Titulature

Titres et honneurs

Napoléon III des Français
Prédicat Sa Majesté impériale
Style oral Votre Majesté impériale
Style alternatif Sire
20 avril 1808 — 13 juillet 1810 : Son Altesse impériale le prince Charles-Louis de Hollande, prince français
13 juillet 1810 — 6 avril 1814 : Son Altesse impériale le prince Charles-Louis Napoléon, prince français
6 avril 1814 — 20 mars 1815 : Son Altesse impériale le prince Charles-Louis Napoléon, prince français
20 mars 1815 — 8 juillet 1815 : Son Altesse impériale le prince Charles-Louis Napoléon, prince français
8 juillet 1815 — 20 décembre 1848 : Son Altesse impériale le prince Charles-Louis Napoléon, prince français
20 décembre 1848 — 2 décembre 1852 : Son Excellence le prince Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République française
2 décembre 1852 — 1er mars 1871 : Sa Majesté impériale l’empereur des Français
1er mars 1871 — 9 janvier 1873 : Sa Majesté impériale l’empereur titulaire des Français

Napoléon III a grandement modifié le système de récompenses en France. Au niveau national, avec la création de la médaille militaire, des premières médailles commémoratives de campagnes militaires, la refonte des insignes de distinction de l'instruction publique futures Palmes académiques. Au niveau international, l'échange de décorations au plus haut niveau de la société civile et militaire, conforte les traités d’amitiés, accords politiques ou commerciaux, célébrations de campagnes ou de victoires militaires.
Les collections publiques françaises ont la chance de posséder la quasi-totalité des ordres, décorations et médailles de Napoléon III. Cet unique ensemble retrace son accession à la présidence de la République, le 10 décembre 1848, en passant par le coup d'État du 2 décembre 1851, le rétablissement de l'Empire, le 1er décembre 1852, ses campagnes militaires et alliances internationales jusqu'à sa chute et la proclamation de la République, le 4 septembre 1870.

Décorations françaises

Ordre de la Légion d'honneur : Grand-croix 1848
Médaille militaire (1852)
Médaille commémorative de la campagne d'Italie 1859
Décorations étrangères

Liste chronologique des ordres et décorations étrangers reçus par Louis-Napoléon Bonaparte, Prince-président (1848-1852), puis Empereur des Français (1852-1870)

Chevalier de 1re classe de l'ordre de Pie IX (Saint-Siège) 1849
Chevalier de l'Annonciade (Sardaigne) 13/07/1849
Grand-croix de l'ordre de Saint-Joseph (Grand-duché de Toscane) 1850
Chevalier de l'ordre de la Toison d'or (Espagne) 17/09/1850
Décoré du Nishan hors classe (Turquie) 1849-1951
Grand-croix de l'ordre de Louis (Grand-duché de Hesse) 18/07/1852
Grand-croix de l'ordre de la Tour et de l'Épée (Portugal) 3/08/1852
Chevalier de l'ordre de la Couronne de Rue (Saxe) 29/12/1852
Grand-croix de l'ordre de la Croix du Sud (Brésil) 23/03/1853
Chevalier de l'Ordre de Saint-Hubert (Bavière) 22/09/1853
Grand-croix de l'ordre de Saint-Ferdinand et du Mérite (Deux-Siciles) 1854
Grand-croix de l'ordre de Notre-Dame de Guadalupe (Mexique) 12/01/1854
Grand Cordon de l'ordre de Léopold (Belgique) 15/02/1854
Grand-croix de l'Ordre de la Maison ernestine de Saxe (en) (Duché de Saxe-Cobourg et Gotha) 1/03/1854
Ruban des Trois Ordres (Portugal) 7/10/1854
Grand-croix de l'ordre de Saint-Étienne (Autriche) 1854
Chevalier de l'ordre de la Jarretière (Royaume-Uni) 18/04/1855
Chevalier de l'ordre de l'Éléphant (Danemark) 2/08/1855
Grand-croix de l'ordre militaire de Guillaume (Pays-Bas) 13/09/1855
Grand-croix de l'ordre militaire de Savoie (Sardaigne) 28/09/1855
Chevalier de l'ordre du Séraphin (Suède) 10/10/1855
Chevalier 1re classe de l'Ordre du Médjidié (Turquie) 1855
Chevalier de l'ordre de la Fidélité (Bade) 17/04/1856
Grand-croix de l'ordre du Lion de Zaeringen (Bade) 17/04/1856
Chevalier de l'ordre de l'Aigle noir (Prusse) 8/06/1856
Chevalier de 1re classe de l'ordre de l'Aigle rouge (Prusse) 8/06/1856
Grand-croix de l'ordre de la Couronne de Wurtemberg 1856
Chevalier de l'ordre de Saint-André (Russie) 11/06/1856
Chevalier de l'ordre de Saint-Alexandre Nevski (Russie) 11/06/1856
Chevalier de l'ordre de l'Aigle blanc (Russie) 11/06/1856
Chevalier 1re classe de l'ordre de Sainte-Anne (Russie) 11/06/1856
Insigne de classe exceptionnelle de l'ordre du Lion et du Soleil (Perse) 1856
Chevalier de l'ordre du Lion d'or (Hesse-Cassel) 10/01/1858
Chevalier de l'ordre du Lion d'or de la maison de Nassau (Nassau) 2/05/1858
Médaille d'or de la Valeur militaire (Sardaigne) 4/06/1859
Chevalier de l'ordre de Saint-Georges (Hanovre) 1860
Décoré du Nichan ad-Dam (ordre du Sang) (Tunisie) 17/09/1860
Grand-croix de l'ordre du Faucon blanc (Saxe-Weimar) 14/11/1860
Décoré de l'ordre de Siam (Siam) 1861 ?
Chevalier grand-croix de première classe de l'ordre de l'Épée (Suède) 26/08/1861
Chevalier 1re classe de l'ordre de l'Osmanié (Turquie) avec diamants 1862
Grand-croix de l'ordre du Sauveur (Grèce) 1863?
Grand-croix de l'Ordre de l'Aigle aztèque (Mexique) 1/01/1865
Grand-croix de l'ordre de Saint-Jacques de l'Épée (Portugal) 3/04/1865
Grand-croix de l'ordre de Santa-Rosa et de la Civilisation (Honduras) 1868
Grand-croix de l'ordre de Saint-Charles (Monaco) 1869
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Napoléon III dans la culture populaire

En littérature

Jean-Pierre Dufreigne, Napoléon III, roman en deux tomes Un si charmant jeune homme et Un empereur qui rêvait…, Plon, 2007.
Anatole France, Le Lys rouge, 1894.
Jules Vallès, Le Bachelier, 1881.
Émile Zola, Son Excellence Eugène Rougon, 1876.

Au cinéma

Le rôle de Napoléon III a été incarné plusieurs fois à l'écran, notamment par :
Paul Weigel : Mademoiselle Minuit (1924).
Walter Kingsford : La Vie de Louis Pasteur (1935), Une dépêche Reuter (1940) ;
Sacha Guitry : Les Perles de la couronne (1937) et Remontons les Champs-Élysées (1938) ;
Max Maxudian : Trois Valses (1938) ;
Leon Ames : Suez (1938) ;
Claude Rains : Juarez (1939) ;
Jean Debucourt : Lettres d'Amour (1942), D'homme à hommes (1948), Nana (1955) ;
Lucien Nat : La Valse de Paris (1949) et Violettes impériales (1952)438 ;
Paul Meurisse : La Castiglione (1954) ;
Jean-Pierre Darras : Les Folies d'Offenbach (téléfilm, 1977) ;
Michel Duchaussoy : Bernadette (1988) ;

Philatélie et numismatique

De nombreux timbre-poste à l'effigie de l'empereur ont été édités. Pour plus de détails sur ce point, voir l'article « Napoléon III (timbre) ».
De la même façon, plusieurs pièces de monnaie représentant le prince-président puis l'empereur ont été frappées. Concernant cet aspect particulier, voir l'article « Napoléon monnaie ».
Toponymes et statues

En France, différents lieux portent le nom de l’empereur. On trouve ainsi :
Une place Napoléon-III située à Paris, dans le 10e arrondissement, devant la gare du Nord (depuis 1987), et une autre, à Brest ;
Un boulevard Napoléon-III à Nice ;
Un quai Napoléon-III à Annecy ;
Des voies Napoléon-III à Biarritz, à Compiègne, à Pierrefonds, à Quimper, etc. ;
Des avenues Napoléon-III à Ajaccio et à Lamotte-Beuvron;
Un parc Napoléon-III à Vichy;
Une galerie Napoléon-III à Vichy;
Entre autres nombreuses effigies peintes ou sculptées :
Jacques-Émile Lafon, Portrait du Prince-Président (1851) ;
Alfred de Dreux, Napoléon III à cheval (coll. prince Murat en 1922), reproduit dans l’article de Léandre Vaillat sur l’exposition "Le décor de la vie sous le Second Empire" au pavillon de Marsan du musée du Louvre (L’Illustration no 4135 du 10/06/1922 - arch. pers.) ;
Emmanuel Frémiet, Portrait équestre de S.M. Napoléon III, statuettes en étain argenté et bronze (coll. Ferrand à Compiègne constituant "le musée de l’Impératrice", puis Musée National du Château de Compiègne); commandée en 1855, refusée par l’impératrice lors de sa présentation au Palais des Tuileries le 1/07/1856, la version définitive de l'œuvre fut livrée le 20/04/1860; deux des dix exemplaires commandés par le ministère d'État
sont exposées au musée de Versailles; un petit buste de l'Empereur sur piédouche fut également édité (Ph. Luez, catalogue de l'exposition "Le comte de Nieuwerkerke - Art et Pouvoir sous Napoléon III", château de Compiègne, 6/12/2000-8/01/2001, reprod. p. 83 et 84) ;
Émilien de Nieuwerkke, Buste du prince-président (vers 1851, bronze de Susse de 1852, musée national du château de Compiègne, même référence) ;
Mme Lefevre-Meunier, Le prince-président (marbre exposé au Salon de 1852) ; le musée de Compiègne conserve un des 50 tirages en bronze, même réf. ;
Jules Peyre, "portrait en profil de l'empereur Napoléon III biscuit de porcelaine de Sèvres médaillon moulé par Louis-Henri Brochard (coll. Ferrand puis Musée National du Château de Compiègne même réf. ;
Maison Christofle, "plaque avec les portraits de l'empereur et de l'impératrice", cuivre argenté, galvanoplastie ;
Leonardo Benatov, statue érigée au Tribunal de Commerce de Paris inaugurée en 2007 dans le cadre de la célébration du bicentenaire du code de commerce de 1807.
À l'étranger, d'autres lieux et monuments honorent la mémoire de l'empereur :
La via Napoleone III à Rome, en Italie ;
La calle Napoleon III à Tapachula, au Mexique ;
Une place et un buste à Bucarest, en Roumanie ;
Une statue équestre dans le parc Sempione, à Milan.

Comptine
La comptine L'Empereur, sa femme et le petit prince fait référence à Napoléon III, à l'impératrice Eugénie et au prince impérial439.

Bibliographie

Œuvres


Rêveries politiques, 1832
Considération politiques et militaires sur la Suisse, 1833
Manuel d'artillerie à l'usage des officiers d'artillerie de l'armée helvétique, Zurich, Füssli, 1834
L'Extinction du paupérisme, Paris, Pagnerre, 1844
Des idées napoléoniennes, Paris, Plon, 1860 d'abord paru en 1839
La politique impériale exposée par les discours et proclamations de l'Empereur Napoléon III depuis le 10 décembre 1848 jusqu'en juillet 1865, Paris, Plon, 1865
Œuvres de Napoléon III, cinq volumes, Paris, Plon, Amyot, 1854-1869
Histoire de Jules César, deux volumes, Paris, 1865-1866 sur un total de six volumes
Œuvres posthumes, La Chapelle, 1973

Témoignages et études de l'époque

Paul Belouino, Histoire d'un coup d'État, 1852
Frédéric Briffault, Le Prisonnier de Ham, Plon,‎ 1849
Victor Duruy, Notes et souvenirs, trois tomes, coll. « Sources de l’histoire de France », Éditions Paleo,‎ 2005
Charles-Ferdinand Gambon, Dans les bagnes de Napoléon III, Presses universitaires de France,‎ 1983
Victor Hugo, Histoire d'un crime,‎ écrit en 1852 mais publié en 1877 lire en lignele récit du coup d'État du 2 décembre, vu par l'écrivain et élu de la République151)
Victor Hugo, Napoléon le Petit,‎ 1852
Maurice Joly, Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu, Bruxelles, Éd. A. Mertens et fils,‎ 1866
Karl Marx, Le 18 Brumaire de Louis Bonaparte,‎ publié en 1852, révisé en 1868
Émile Ollivier, « Le Prince Louis-Napoléon avant la révolution de 1848, Revue des deux Mondes,‎ décembre 1895
Émile Ollivier, L’Empire libéral, Études, récits, souvenirs, 18 tomes, Garnier,‎ 1895-1916
Comte Horace de Viel-Castel, Mémoires sur le règne de Napoléon III : 1851-1864, coll. Bouquin, Robert Laffont,‎ 2005


Liens
http://youtu.be/JadI3onoJWI 2000 ans d'histoire Napoléon le petit 1
http://youtu.be/Jeukv3ID8w8 2000 ans d'histoire Napoléon le petit 2
http://youtu.be/Jeukv3ID8w8 Napoléon III et Victor Hugo
http://youtu.be/JdDq0jlwRpI Napoléon III et la diplomatie
http://youtu.be/-DfxAVpzWeQ Napoléon III et la campagne de France (1870)
http://youtu.be/5bs_EYyKyf8 Napoléon et la campagne d'Italie (Solférino)
http://youtu.be/uHpxmxL4JrI Hymne à Napoléon Berlioz

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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