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.Qui suis-je vraiment
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Posté le : 27/08/2013 07:36

Edité par Loriane sur 01-09-2013 23:30:36
Edité par Loriane sur 01-09-2013 23:31:37
Edité par Loriane sur 01-09-2013 23:32:22
Edité par Loriane sur 06-09-2013 08:22:48
Edité par Loriane sur 06-09-2013 09:35:51
Edité par Loriane sur 06-09-2013 09:43:22
Edité par Bacchus sur 01-10-2013 23:08:44
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Re: Défi thème d'écriture du 26 aôut : Le cauchemar d'une journée vécue.
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Et bien, tu as souvent eu du bol dans ton existence. Un ange veille sur toi. J'ai aimé l'image de l'olive...

Rochefort, en Belgique ? Savais-tu que Raymond Devos était originaire de Mouscron, ma ville ?

Merci du partage, toujours impayable ce Bacchus !

Posté le : 26/08/2013 17:34
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Re: Défi thème d'écriture du 26 aôut : Le cauchemar d'une journée vécue.
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Je suis soulagée de voir que je ne suis pas seule à avoir publié avant la date.

Texte sympa mais personnage pas du tout. On a juste envie de lui filer une paire de baffes ! Minable. J'admire Adeline tout de même.

Merci de ta participation active et rapide !

Posté le : 25/08/2013 17:11
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Re: Défi thème d'écriture du 26 aôut : Le cauchemar d'une journée vécue.
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Je commence, un peu avant l'heure mais j'avais du temps à tuer ...


Ma pire journée

Comme je me sens bien aujourd’hui. Tout baigne pour moi : pas de tracas, pas de peur du lendemain. Je suis logé, nourri, blanchi. Parfois, on me bouscule un peu. On me dit que, dans la vie, il faut pouvoir se retourner. J’ai bien envie de prolonger ma sieste. Personne ne viendra me déranger ici.
Mais que se passe-t-il ? J’ai tout à coup l’impression d’être à l’étroit, c’est comme si les parois qui m’entourent venaient m’oppresser. Quelle désagréable sensation ! Je suis encore dans mon rêve ou quoi ? Et là-bas … il y a de la lumière. Je suis irrémédiablement attiré par celle-ci. Le passage est étriqué. Je m’y engage, un peu malgré moi. Zut ! Me voilà coincé. J’ai peur ! Qu’est-ce qui m’arrive ? Il faut que je me dégage. Je me tortille et on m’attrape par la tête. D’un coup, je me retrouve aveuglé et occupé d’étouffer. Je vais mourir ! Quelqu’un a entendu mon appel au secours et me tape dans le dos et sur les fesses. Doucement Monsieur ! Je tousse et crache avant que l’air n’entre dans mes poumons. Drôle de sensation …
Mais qu’il fait froid ici. J’ai horreur de ça et je ne peux m’empêcher de crier et pleurer. Je suis très émotif, vous savez. Ouf, un bon bain tiède, mais un peu trop court à mon goût. On m’enfile dans quelque chose de doux et surtout chaud. Je tremblote encore,
Tout me paraît flou. Oh ! Un visage qui me sourit. Je reconnais cette odeur, elle me rassure. Je suis enlacé et bisouillé à souhait. J’entends : « Bonjour Kevin ! » C’est qui ce Kevin ? J’ai l’impression que c’est le prénom dont on m’a affublé. Quelle horreur ! Et on ne me demande même pas mon avis.
J’ai une de ces faims ! J’en hurle. Mes lèvres sont titillées. Elles s’ouvrent toutes seules pour aller chercher de quoi me caler l’estomac. Pas mauvais. Bon, il y a beaucoup mieux évidemment, mais je m’en contenterais … pour quelques mois du moins. Après, va falloir varier les plaisirs, Madame ! Madame ? Non … Maman ! C’est ainsi qu’elle se présente à moi. Je sens qu’on va faire un bout de chemin ensemble. Mais on me retire de son étreinte chaleureuse. Non ! Me voilà dans une cage. Il y fait bon et on m’emmitoufle jusqu’aux oreilles. Je cesse de trembler.
Ouf ! Je vais enfin me reposer. Quelle journée ! Je pense que c’est bien la pire de mon existence. En même temps …. c’est la toute première !

Posté le : 24/08/2013 18:53
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Re: Défi thème d'écriture : "Le jeu des sentiments", du 19 août
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Chère Aliv,

C'est vraiment magnifique et touchant cette histoire. Te serais-tu inspirée de ton expérience personnelle ? Cela explique que tu sois capable de détailler tout le ressenti, les conflits intérieurs, les doutes, la jalousie. C'est simplement beau et le thème est respecté.

Je te tire mon chapeau. Bravo l'artiste !

Posté le : 22/08/2013 19:52
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Re: Défi théme d'écriture: "J' ai râté le train ".du 12 août 2013
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Je suis très heureuse que tu te joignes à nous Tchano. Joli évocation en-dehors du temps avec un final ... tragique.

Merci.

Filamande, nos différences sont en effet riches d'enseignements.

Reste fidèle.

Posté le : 22/08/2013 06:42
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Re: Défi thème d'écriture : "Le jeu des sentiments", du 19 août
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Voici mon texte :

Une paire de dames

Claude approche la quarantaine. Ses cheveux couleur de geai, ses yeux sombres et brillants, relevant un visage basané, ne laissent pas la gente féminine indifférente. La pratique régulière du jogging et de la natation le maintient dans une forme olympique et lui sculpte un corps d’athlète qu’il aime mettre en avant dans un T-shirt moulant. Rentier, il vit une existence paisible, rythmée par des soirées dans les casinos.
Fort de ses atouts, il se plaît à charmer les femmes. Voyant tout de même son kilométrage augmenter, il se dit qu’il ne peut plus se contenter de passades, de filles d’un soir ou deux, qu’il promet de rappeler mais dont le numéro finit dans la poubelle en bas de leur immeuble.
Un jour, il croise la route d’Arielle dans un restaurant. Elle dîne à la table d’à côté. Claude ne peut s’empêcher de l’aborder avec les banalités habituelles. Mais, étonnamment, elle l’ignore. Il décide de s’asseoir à côté d’elle, prétextant l’attaque d’une abeille. Il se fait charmeur, drôle et la magie semble opérer. Arielle se met à sourire et engager la conversation. A la fin du repas, Claude parvient à glaner son numéro de téléphone. Il est sous le charme : une chevelure blonde, des traits fins et un charisme indéniable. Il apprend qu’elle est chef d’entreprise et surtout célibataire depuis quelques mois, après une rupture douloureuse. Un cœur à réparer ? C’est dans ses cordes.
Quelques jours plus tard, dans une boutique de vêtements chics, il croise la silhouette parfaite et la beauté d’Alisée. Claude ne peut la laisser s’échapper. Il doit trouver un moyen de l’aborder. Il arrache un morceau de décoration d’un stand et l’accoste.
« Bonjour, Mademoiselle. Vous avez perdu ceci. »
Il lui tend une longue plume blanche. La jeune femme le regarde d’un air étonné.
« C’est une des plumes de vos ailes lorsque vous êtes tombée du paradis.. »
Alisée rougit et rit doucement. Il apprend qu’elle cherche une robe pour participer à un concours de miss de la région. Claude se propose de l’aider dans le choix, en arguant qu’aucune robe ne pourra faire ombrage à sa beauté. Et hop, un second numéro dans la poche.
Notre séducteur est un peu perplexe face à ses deux femmes magnifiques à recontacter. Impossible de choisir. Il lui faut d’abord apprendre à les connaître. Il appelle Arielle et lui fixe rendez-vous samedi soir. Il contacte ensuite Alisée et c’est mardi qu’il passera la chercher.
Samedi, 19 heures, il se gare devant la maison de la jolie blonde. Elle porte une magnifique robe noire en dentelle fine, mettant en exergue ses formes parfaites. Un maquillage léger souligne ses yeux de braise. Claude l’emmène dans un restaurant raffiné. La soirée est très agréable. Il découvre sa personnalité fragile, touchante derrière un caractère bien trempé, un tempérament de meneuse d’hommes. Il la dépose ensuite chez elle et ils se donnent rendez-vous le week-end prochain, la semaine étant totalement consacrée à son travail.
Mardi, 20 heures s’affichent sur la Rolex de Claude. Il sonne à l’appartement du deuxième étage d’une résidence privée. Alisée le fait monter. Elle porte la robe qu’ils ont choisie ensemble. Elle est rayonnante. Sa longue chevelure brune descend le long de son dos jusqu’à la naissance de ses reins dénudés. Des yeux de biche et des lèvres pulpeuses parfont sa beauté. Claude est subjugué.
Pendant la soirée, elle lui confie qu’elle poursuit de brillantes études d’infirmière. Elle travaille le week-end et certains soirs comme stagiaire. Elle est généreuse et dévouée. Son intelligence transparaît dans son discours soutenu. Elle a été sélectionnée pour la finale du concours de beauté grâce à ses qualités indéniables. En se quittant, ils prévoient de se retrouver dans une semaine pour une sortie cinéma.
Seul dans son lit, Claude est pensif. Il est partagé entre son amour pour la charismatique Arielle et la belle Alisée. Elles ne se connaissent pas, il ne risque rien à poursuivre les deux relations. C’est un jeu dangereux mais il est joueur et avoir une paire de reines dans son jeu, ça incite à continuer la partie.
Pendant plusieurs mois, il se partage donc entre les deux : Arielle le week-end et Alisée la semaine. A toutes les deux il a dit « Je t’aime » et elles lui ont répondu la pareille.
Un jour, distrait à la pensée de ses conquêtes, Claude se fait renverser par un bus. Le voilà dans sa chambre d’hôpital, immobilisé. Son portable sonne. C’est Alisée qui programme le rendez-vous de la semaine. A l’annonce de l’accident, elle promet de passer au plus vite. A peine raccroché, Arielle appelle pour échanger quelques mots d’amour pendant sa pause. Son cœur se serre, sachant son bien-aimé blessé.
Le lendemain, 18 heures, deux belles femmes prennent l’ascenseur de l’hôpital. L’une a une boîte de chocolats, l’autre des fleurs. Elles ne se jettent même pas un regard, elles sont inquiètes pour l’homme qu’elles aiment. Elles s’arrêtent toutes deux au troisième étage. Dans le couloir, chacune cherche la chambre 315. Etonnées, elles poussent la porte ensemble. Ce sont des doubles chambres, chacune se dirigera vers un lot différent, c’est obligatoire, pensent-elles. Elles sourient à cette pensée. Claude devient livide, aussi blanc que les draps de son lit. Autant il aurait bondi de joie, dans la mesure de ses capacités physique bien sûr, en voyant l’une des deux mais, ensemble, l’affaire se corse pour lui. Elles se postent de part et d’autre du lit. Arielle demande :
« Tu nous expliques ?
- Je suis désolé. Je vous aime tant toutes les deux. »
Alisée s’occupe de la conclusion :
« Et bien, tu t’en chercheras une troisième ! »
Les chocolats et les fleurs terminent dans la poubelle, comme l’espoir pour Claude de récupérer leur confiance.
Moralité : « à courir plusieurs lapins, on n’en attrape pas un » ou encore « le jeu des sentiments est plus dangereux que le jeu d’argent. »


Posté le : 21/08/2013 17:55
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Re: Défi thème d'écriture : "Le jeu des sentiments", du 19 août
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Bacchus, premier arrivé, premier servi :

Ton texte est émouvant et est pile poil dans le thème, malgré ce que tu redoutais. J'espère que Marco aura trouvé un amour quasi équivalent avec son épouse sinon les regrets risquent de pourrir sa vie de couple !

Arielle, ton texte rallongé (oui, j'ai le privilège de voir la première mouture) est parfait. Les jeux de mots sont mon dada et je suis comblée.

Filamande, tu deviens fidèle ! Merci. Belle idée cette association de jeu d'échec et d'amour. De belles images, de beaux sentiments, le pouvoir de séduction des femmes !

J'arrive bientôt avec le mien. Patience ...

Posté le : 20/08/2013 06:44
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Re: Défi théme d'écriture: "J' ai râté le train ".du 12 août 2013
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Je suis très heureuse que tu te sois piquée au jeu Filamande. Un joli texte empreint de sentiments.

Merci. J'espère que tu participeras aux défis suivants ...

Posté le : 19/08/2013 06:44
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Re: Défi théme d'écriture: "J' ai râté le train ".du 12 août 2013
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Eh ben oui, Bacchus, où qu'il est le mien ? Et bien, j'avais totalement oublié de le partager. Merci, le voici :

En ratant le dernier train …

Nous sommes le 30 août. L’automne qui se profile à l’horizon déverse des trombes d’eau sur la ville de Nantes. Lucie se trouve dans le taxi qui l’amène vers la gare. Les vacances sont finies et elle repart vers Paris. Mais un bouchon soudain empêche la progression de la Mercedes noire.
« Que se passe-t-il ? s’enquiert Lucie auprès du chauffeur africain, aussi sombre que son véhicule.
- Je pense qu’il y a un accident devant. Je vais voir. »
L’homme sort sur l’averse et s’avance de quelques mètres avant de revenir prestement dans la voiture. En s’essuyant le visage, il annonce.
« Une jeune fille a été renversée . Elle est au milieu de la route et on ne sait pas passer. »
A ce moment, une ambulance, tente de se frayer un chemin. Lucie espère qu’ils ne vont pas traîner à embarquer la blessée et lui permettre d’attraper son train. La manœuvre dure plus de vingt minutes. La police finit par libérer la file interminable de voitures.
Un billet laissé dans la main du chauffeur et Lucie, valise à la main, court vers la gare. Elle manque d’embrasser un réverbère car ses lunettes, non pourvues d’essuie-glaces, ne lui apportent qu’une vision trouble. Elle pénètre enfin dans le grand hall dont l’horloge majestueuse accueille les voyageurs. Celle-ci affiche 22 h 46. Dégoulinante, Lucie laisse des traces humides sur son passage. Elle prend la direction des quais au pas de course. Son train est prévu à 22 h 45. La SNCF n’étant pas réputée pour sa ponctualité, Lucie garde espoir. Un coup d’œil rapide vers le panneau d’annonce qui lui indique le quai 8. La jeune fille se met à sprinter à perdre haleine dans la direction indiquée par les flèches arborant un 8. La locomotive grise s’ébranle devant ses yeux larmoyants. Ses signes désespérés envers les voyageurs confortablement installés n’ont aucun effet, à part la rendre ridicule à leurs yeux. Haletante, elle reste pantelante dans ses habits trempés, formant une flaque dans laquelle baignent ses mocassins roses.
Elle repart vers les guichets. Un seul est encore ouvert. Lucie expose son problème au petit homme moustachu aux grands cernes. Il doit sûrement être abonné aux horaires tardifs. Il lui annonce inexorablement qu’il n’y a plus de train vers Paris avant demain matin. Il lui échange le billet, moyennant un complément financier. Lucie se rend dans les toilettes « Dames ». Pour trente cents, elle peut profiter du sèche-mains électrique afin de se réchauffer, après avoir enfilé des vêtements secs.
La voilà dans de beaux draps ! Si cette jeune fille n’avait pas décidé de se jeter sous les roues d’une voiture, elle n’en serait pas là.
Dehors, la pluie a cessé. Peut-être trouvera-t-elle une chambre pas trop chère dans un hôtel pas loin. Il lui reste vingt euros en poche. Lucie sort de la gare et s’engage dans une petite rue. Plus loin, des vitrines commencent à s’enfiler. Certaines avec des néons roses, ou encore mauves. Une jeune femme à la tenue légère et aguichante sort d’un établissement à l’enseigne « Mon petit lapin ». Ses talons aiguille lui donnent plutôt un aspect de girafe. Elle se frotte les bras pour calmer la chair de poule qui la gagne. Lucie l’interpelle :
« Excusez-moi, Madame. Je cherche un hôtel pas cher.
- Y’a assez de concurrence ici. Va dans un autre quartier, Poulette !
- Vous vous méprenez sur mes intentions. J’ai raté le dernier train et je souhaite me reposer. »
La prostituée allume nonchalamment une cigarette. Lucie remarque une blessure béante sur son avant-bras droit.
« Que vous est-il arrivé ? questionne Lucie en désignant la plaie.
- Oh. Un client bourré a cassé son verre et tout s’est répandu dans le lit. Je n’ai pas vu un morceau et voilà. Pas encore eu le temps de m’en occuper.
- J’ai des pansements et du désinfectant dans mes bagages. Je suis moi-même très maladroite. »
Lucie ouvre sa valise et sort son inséparable trousse de secours. Elle applique de l’alcool avec une gaze avant d’appliquer un grand pansement couleur chair sur la plaie.
« Merci jolie demoiselle. Essaie l’hôtel « Cliton », première à gauche.
- Merci du tuyau. Tenez, gardez la trousse. Elle vous sera utile. J’en ai d’autres chez moi. Au revoir. »
Lucie suit la direction indiquée. L’enseigne « HOTEL » clignote de manière irrégulière. À la réception, un homme dégarni l’accueille froidement sous un éclairage jaunâtre.
« Bonsoir. Combien pour la nuit ?
- Avec ou sans petit déjeuner ?
- Avec, c’est combien ?
- 35 euros.
- Et sans ?
- 25 euros.
- Ecoutez. Il ne me reste que 20 euros.
- C’est 25.
- Mais il est déjà tard. Vous pourriez me faire un prix.
- Ce n’est pas la braderie de Lille ici ! »
Et il part dans un fou rire compulsif. Lucie, vexée, reprend la direction de la sortie. Elle se sent perdue. Et la pluie qui recommence à tomber ! Elle retourne dans la gare quasi déserte. L’horloge affiche 23 h 50. Une voix suave annonce : « Chers voyageurs, la gare fermera ses portes dans dix minutes. Veuillez vous diriger vers les sorties. »
A l’extérieur, ce sont maintenant des trombes d’eau qui s’abattent sur les coupoles vitrées qui ornent le toit de l’édifice centenaire. Lucie panique un instant. Elle se demande s’il est possible de dormir dans une des toilettes automatisées qui se trouvent dans les rues. Il lui faudra introduire une pièce chaque heure pour éviter de se retrouver dans le noir ou douchée par le nettoyage automatique.
Elle aperçoit un photomaton et une idée lui traverse l’esprit. Un rapide coup d’œil aux alentours pour vérifier que personne ne la voie. Elle s’engouffre dans le petit espace, ferme le rideau à moitié et grimpe, avec sa valise, sur la banquette. Elle est tremblante. La peur de se faire repérer lui noue les boyaux. Les éclairages s’éteignent, quelques bruits indéfinissables résonnent avant que le silence de la nuit s’installe. La jeune fille, rassérénée, sort de sa cachette. Il fait très sombre. Lucie erre un peu lorsqu’une scène surréaliste s’offre à elle. Au bout d’un quai, une ombre semble lentement s’extirper du sous-sol. D’abord effrayée, puis intriguée, Lucie s’approche de la silhouette à la démarche de zombie. Elle parvient à distinguer le visage sale d’une dame à l’âge indéfinissable. Ses cheveux, hirsutes, lui pendent jusqu’aux yeux. Lucie lui adresse un timide bonsoir.
« Bonsoir ma jolie. T’es nouvelle ici. Où t’étais-tu cachée pour éviter les matons ?
- Dans le photomaton … qu’on pourrait qualifier d’anti-maton !
- Bonne idée. C’est du temporaire ou à long terme ?
- Quoi ?
- Ton séjour ici.
- Temporaire. J’ai raté mon train et ne je n’ai pas trouvé d’hôtel dans mon budget.
- C’est notre lot quotidien : l’hôtel hors budget ! »
La dame se met à frissonner violemment.
« Ils n’avaient pas encore de pulls à la Croix Rouge. Je suis gelée. »
Lucie ouvre sa valise et en sort un gros chandail qu’elle tend à la clocharde décharnée. Un quart de seconde d’hésitation et la pauvre femme s’empare du vêtement tendu pour l’enfiler prestement. Elle hésite en jetant un regard sur le bagage béant.
« N’aurais-tu pas un pantalon pour moi ? Le mien est troué de partout. »
Lucie fouille et lui donne son pantalon de jogging. Pendant la séance de déshabillage, la généreuse donatrice interroge sa protégée.
« Que vous est-il arrivé ? Pourquoi vivez-vous dans la gare ?
- Oh ! C’est une très longue histoire. Viens. Allons nous installer sur un banc. »
En passant devant un automate qui propose des sandwichs, Lucie s’immobilise. Elle a l’estomac dans les talons et la vue de cette nourriture fait monter des grondements intérieurs ignorés jusqu’alors. Elle attrape son dernier billet de vingt euros. Il ne lui a pas permis de trouver une couche, au moins servira-t-il à lui remplir la panse. Elle introduit l’argent dans la fente prévue pour les billets mais celui-ci, très abîmé par le voyage en boule au fond de la poche du jean de Lucie, lui est rendu. La jeune fille effectue plusieurs tentatives, sans succès !
Elle retourne près de la vieille dame qui a pris place sur les sièges du hall. Elle lui propose de partager le reste de sandwich laissé, par un voyageur trop pressé, sur le bord d’une poubelle. Celle qui prétend se prénommer Rita entame le récit de sa vie. De déboires amoureux, en enfants placés par la DAS, en passant par la perte de son emploi de caissière et de son petit studio, elle s’est retrouvée ici.
« Mais je ne suis pas seule. Il y a Maurice. Tu devrais le trouver dans la salle d’attente en face du quai 1. »
Lucie, poussée par la curiosité, prend congé de Rita et part vers le quai 1. Il y a en effet un homme d’une quarantaine d’années qui tente de trouver une position confortable sur les sièges métalliques.
« Bonsoir ! lance Lucie.
- Oh ! T’es une nouvelle matonne ?
- Non. Je suis bloquée ici pour la nuit.
- Pas de chance. C’est une mauvaise journée pour moi aussi. On m’a volé ma brosse à dents et mon dentifrice. Je suis sûr que c’est un coup de Pierre. Il ne respecte rien. Il a trouvé ma cachette. »
Lucie ouvre à nouveau sa valise et en sort sa trousse de toilette qu’elle remet à Maurice.
« Tenez, gardez-la. Il y aussi du savon, des lingettes et un peigne.
- C’est tout pour moi ! Vous êtes sûre ?
- Oui. Cadeau.
- On ne m’en a pas offert depuis longtemps. »
Il sert à Lucie un sourire de dents noires de caries avant d’entamer à son tour l’évocation de son périple, qui passe par une phase d’alcoolisme, de dépression, un divorce difficile pour finir dans les sous-sols de la gare.
Lucie est exténuée. Presque deux heures du mat’, il lui faut trouver un coin pour se reposer. Elle quitte Maurice, occupé à faire l’inventaire de son cadeau. Elle jette son dévolu sur le morceau de tapis rouge qui orne l’entrée d’un grand restaurant. Elle dépose son drap de plage à terre afin de diminuer la dureté du sol. Sa valise en guise d’oreiller, elle parvient à s’endormir, bercée par le cliquetis des aiguilles de l’horloge du hall.
Des bruits la réveillent en sursaut. Il est 5 heures et la gare reprend peu à peu son activité. Lucie ne voit plus Rita ni Maurice. Son train part à 5 h 30. Juste le temps de se rafraîchir, d’acheter un croissant et un café avec son billet chiffonné. Lucie se poste sur le quai 8. Son train entre en gare. Elle est heureuse de pouvoir enfin profiter d’un siège douillet. Par la fenêtre, elle observe la gare s’éloigner au coup de sifflet du chef de train.
Elle repense à cette nuit. Si sa valise est plus légère, son esprit est rempli de cette expérience hors du commun. Elle ne regardera plus jamais une gare de la même façon. En ratant le dernier train, elle a découvert que d’autres, plus malchanceux, ne remontent plus dans celui de la vie.

Posté le : 19/08/2013 06:42
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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