Cher Donald,
Chères amies, chers amis,

Je me suis réfugié dans la cave de Kjtiti. Ah quelle folie!
J'ai pris la plume et j'ai eu quelques hallucinations. Non, peut être que j'ai eu des hallucinations et j'ai pris la plume.
Enfin, je ne sais plus, je vous laisse juge.

Toujours est-il, voici ce qu'il en est ressorti, une réponse à ce défi que j'ai appelée : ils me parlent, je vous l'assure.


Croyez-moi bien mes amis, je ne suis pas fou,
Cette aventure a fait de moi un zazou.
J’ai bien peur que vous ne la trouviez fallacieuse,
Au point de vouloir me placer en quelque chartreuse*.

Ce nom évoquerait bien mon grand appétit
Pour les nectars de Bacchus qui sont tant bénits.
Car ce sont bien de ces boissons dont il s’agit.
En plus des bouquets, elles ont acquis de l’esprit.

En rejoignant l’ami Kjtti dans sa cave,
Et y allant d’un pas déterminé et brave,
Ne voilà-t-il pas que par quelques maléfices,
Et nul doute que notre compère est complice,
Les vins de son antre se mettent à me parler,
Et, par leurs grands reproches, viennent m’accabler.

C’est alors que devant moi s’exprime un Chinon
Qui perturbe vraiment votre ami bourguignon.
Oh la ! Répondis-je à la voix de Kjtiti !
Mais non voyons ! Je suis la bouteille blottie
Dans le quartier des très grands vins, assujettie.
Ne boire que des Bourgogne c’est très étrange,
Et, chez nous en Touraine, cela nous dérange,
Me lance l’inconnue qui a de la cervelle !
Mais montres-toi donc avant que je ne chancelle !
Mais je suis là, dit-elle, ne me vois-tu pas,
Si tu veux m’apprécier, approche de deux pas.
Je m’en vais te faire dire la vérité,
Et je la veux entière, avec sincérité.
Je suis un Chinon du Domaine de Roncée
De moi, je veux que tu prennes des resucées.
Je ferai grandir en toi de grandes amours.
Tes rancœurs seront effacées devant l’humour.

Tous ces beaux discours ne sont que du babillage !
Du Bourgogne, tu veux que je fasse le veuvage.
Mais cesse donc de me parler, je deviens fou.
Derrière-toi se cacherait-il un gourou ?
Mais non, ce soir, je suis un vin qui a une âme
Et qui ne veut qu’une chose, que tu te pâmes !
Je veux que flotte autour de toi le repentir
De ne point aimer le Chinon dans un soupir.
Viens tout près de mon cœur et ouvre ma bouteille,
Mes bouquets fruités seront pour toi des merveilles.
Avec moi, tes plus beaux jours seront sans tristesse.
La voile de l’angoisse sera descendue,
Et, des temps avec moi, tu seras éperdu.
Mais cesse donc d’enivrer ainsi mon esprit,
Je vais finir en être cinglé et contrit.

Mon ami, ne te mets pas dans tous ces états
Me permets tu de faire avec toi ce constat,
Es-tu tout à fait certain que je t’ai parlé?
Par toi, tous ces mots n’ont-ils pas été scellés ?
Tu me rassures. Je ne suis pas un crétin.
Alors, d’où qu’il soit, je le dis, petit lutin,
Un grand vin sans ami et un vin sans festin.

Eh ! Mon cher compère, en nous rejoignant ici,
Songeais-tu à t’éloigner de tous tes soucis ?
Aller dans une cave, c’est un guet-apens,
De ses déraisons, il vaut mieux que tu en pinces.

* La Charteuse : l’hôpital psychiatrique de la Côte d’Or.

Voilà pour cette fois-ci.

Amitiés de Dijon.

Jacques

Cher Donald,

Tout comme notre ami Serge, je m'interroge.
Je ne t'ai pourtant pas envoyé une caisse de Bourgogne des plus tanniques qui auraient pu avoir quelque effet sur ton cerveau des émotions.
Que je ne sache, non plus, je ne t'ai pas prescrit de l'Haldol qui aurait pu t'entraîner dans quelques événements hallucinatoires.

Il faut se raisonner, tu es normal. Atypique sans doute mais normal!

Je m'en vais rejoindre Serge dans sa cave. Je crois q'un Chinon ou un Vouvray me fera le plus grand bien.
Je pars chiner quelques folies.

Dis moi, c'est la saison 10 d'X-Files que tu aurais déjà?

Allez, on ne t'en veut pas.
Je te souhaite tout de même un excellent week end.

Amitiés de Dijon.

Jacques

Chère Delphine,

Nos défis sont de grands moments de partage et d'amitié. Et de création humble aussi. Ils sont mon jardin de l'esprit.
Et je ne peux pas les oublier. Sourire!

Bises

Amitiés de Dijon.

Jacques

Chères amies, chers amis,

La culture de la nostalgie aidant, Isté revient, comme à son habitude, avec un poème sous la forme d'une association de haïkus qu'il a appelée "le jardin de l'oubli" :

Je cueille l’oubli.
Par lui, je suis affaibli.
Vient son hallali !

Je ne l’attends point.
Son brin d’air est mon pourpoint.
De lui, je suis oint !

Il est mon hiver.
Il est tout mon univers.
Je suis à l’envers.

Où sont mes roses ?
Remets-les dans mes choses,
Si donc tu l’oses.

Tu dois te taire.
En friches est ta terre.
Tu es solaire.

Sois donc fragile.
Deviens donc mon argile,
Mon évangile.

Jardin de l’espoir,
Je vois tes fleurs se mouvoir.
Laisse-moi m’asseoir.

Oublie les orties.
Livre-toi aux facéties
Des lys en sortie.

Tu es ma survie.
De toi peut naître l’envie
D’un arbre de vie.

Amitiés de Dijon.

Jacques

Cher Serge,

Nous oublions, l'un et l'autre, l'humour pendante ce défi. C'est de son oubli à lui dont nous aurions dû parler.

Je dois donc assumer de t'avoir entraîné dans la nostalgie de notre enfance.
Eh! Je suis heureux de l'avoir fait car j'estime que tu m'as surpassé.

Lorsque je te lis, j'ai souvent la même sensation, la sensation d'avoir un peu écrit ces lignes.
Et cette sensation m'a transpercé l'âme à la lecture de ce quatrain :

"Ces instants oubliés, remisés au passé
D’un hier trop lointain, rejoignent ma mémoire,
Rappelant en l’instant tous ces rêves illusoires,
Que la vie et ses affres ont tôt fait de casser."

Mon Dieu, comme cela est beau. Whaou!

La patience est bien une vertu. J'attendais ton écrit avec empressement.
Tu vas rire. Je suis rentré précipitamment de Besançon en me disant : que vais-je lire sur l'Orée? J'en étais un peu fou fou!
Isté est aussi resté un grand enfant.

Que te dire d'autres qu'un grand merci.

Porte toi bien cher Serge.

Amitiés de Dijon.

Jacques

Chère Athéna,

Nous t'avions pas oublié!
Sans vanité, j'espérais bien que tu répondes à ce défi.
Et ni une ni deux, ne voilà-t-il pas que tu en arrives à oublier l'oubli et à nous revenir. Et deux fois valent mieux qu'une.
Chouette!

Mais Bon Dieu mais c'est bien sûr, lorsque ta plume n'est pas à la main, elle est dans tes oiseaux. Et elle vole dans les cieux.
Et comme le magicien d'Oz, tes oiseaux font venir à toi les mots sans les maux, et tu nous les proposes à demi-mot, mais en des mots riches de toute leur plénitude.

Je fais voler vers toi mes remerciements d'avoir répondu à ce défi.

Je te souhaite une belle semaine parmi les oiseaux.

Jacques

Cher Donald,

Ce n'est pas moi qui vais te contrarier. Tu as raison de chanter. Commence et ne finis jamais.
Je continue encore et toujours à chanter. J'aimerais m'en aller comme cela d'ailleurs.
Chanter est source de liberté et de facilité. Ah, mais au fait, ces mots sont très présents dans ton texte. Comme ils peuvent être indissociables du chant.

Je vois que tu aimes les vieilles voitures, les vieilles américaines. J'aimerais tant rouler dans une vieille américaine sur la route 66.

As-tu été un fervent admirateur de AD/DC? Pour ma part, j'a été un peu fâché avec leur musique, encore que j'appréciais quelques uns de leurs morceaux comme celui que tu nous proposes.
L'honneur est sauf!

Merci pour le texte que tu nous as proposé dans lequel tu renoues avec ton esprit et ton talent de nouvelliste.

Je te souhaite une magnifique semaine, d'un consultant à un autre.

Amitiés de Dijon.

Jacques

Cher Serge,

Sois remercié pour ton message qui me touche.

La nostalgie m'a submergé aujourd'hui, je te l'accorde.
J'étais partie dans une autre direction et ne voilà-t-il pas qu'elle m'a rattrapé. Elle ne m'a pas oublié.

Je suis impatient de te lire mon ami. Prend tout le temps qu'il te faut. Moi, je le prends parfois au point même d'oublier de répondre.

Porte toi bien et prend bien soin de toi.

Je te souhaite une magnifique semaine.

Amitiés de Dijon.

Jacques

Chères amies, chers amis,

Voici mon tour de vous proposer ma réponse à ce défi, que j'ai essayé de placer sous le signe de la confidence, du mystère et d'un brun d'humour.
J'ai appelé ma réponse : je m'oublie dans l'oubli.

Que d’émois de mon enfance j’ai oubliés
Ils sont devenus des pages non publiées.
De leurs lignes jaillit une source bruissante,
Aurore timide d’une oraison naissante.

Le chuchotis de mes souvenirs parentaux
Point dans la bruyère de mes rêves mentaux.
Il est tant de choses que j’adorais chez eux.
Si je peux m’en souvenir, j’en serais heureux.

Mais ne reviennent en moi que les actes mauvais
Qui galopent comme des crues vers un marais.
D’eux, je peux véritablement tout retenir,
Pour autant que je me risque à m’en souvenir.

A ne voir plus qu’eux, je suis frappé d’amnésie,
Et mon âme se plonge dans une hérésie.
Faisons une exception, oublions leurs visages,
Et ne gardons que les beaux émois en tissage.

Si d’aventure, vous n’atteigniez pas ce but,
Chasser les vils souvenirs, c’est un bon début,
Et n’oubliez pas surtout de dire à l’oubli
Que c’est un secret qui sera bien établi.

Je vous souhaite une magnifique semaine.

Amitiés de Dijon.

Jacques

Cher Serge,

Ce poème est bien une rose poétique comme on les aime de toi.

Ah l'oubli de l'anniversaire de sa Dulcinée de Toboso.
Je suis convaincu d'en avoir écrit un moi-même. L'aurais-je oublié?

Quel bonheur de rire encore et toujours de ton talent et de tes bon mots.
Bon nombre de tes poèmes m'ont inspiré.

Il serait temps que je me lance dans la réponse à mon propre défi, tout de même. J'y ai deux fois, je crois, dérogé. Mais pas cette fois-ci!

Merci mon ami pour cette belle page poétique.

Je te souhaite un bel après-midi dominical. Je vais partir marcher un peu avec la Dame de mes pensées.

Amitiés de Dijon.

Jacques