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#141 Anatole Deibler
Loriane Posté le : 31/01/2014 23:29
Le 2 Février 1939 à 75 ans à Paris meurt Anatole Joseph François Deibler

bourreau français,


exécuteur en chef des arrêts criminels, naît le 29 novembre 1863 à Rennes. Il est considéré comme le bourreau français le plus célèbre, pour plusieurs raisons.
Signes distinctifs: Barbe à l'impériale; yeux bleu clair, et cheveux blond-roux.
Profession: néant rentier
Carrière:
- Exécuteur adjoint de seconde classe en Algérie en 1885. Participe à dix-huit exécutions en cinq ans.
- Nommé exécuteur-adjoint de seconde classe en France le 1er novembre 1890.
- Nommé exécuteur en chef des arrêts criminels le 1er janvier 1899, en remplaçement de Louis Deibler, démissionnaire.

Avec 395 exécutions à son actif, Anatole François Joseph Deibler fut durant 40 années synonyme de bourreau.

Il a succédé directement à son père au poste d'exécuteur en chef, poste qu'il occupa 40 ans durant. Sur une carrière de 54 ans, il participa à l'exécution de 395 personnes dont 299 en tant qu'exécuteur en chef.
Il exerça à une époque où les exécutions étaient publiques et où les médias friands de sensationnalisme et s'équipant de photographes et de caméras firent de lui une sorte de célébrité. Il représentait une forme d'institution anachronique, transposant le rituel médiéval du bourreau dans un monde plus moderne ou règnent les automobiles, la technologie et les médias de masse.

Sa jeunesse

Fils aîné de Louis Deibler et Zoé Rasseneux, Anatole eut une enfance de souffre-douleur. À douze ans, il entame une carrière de vendeur en confection dans un grand magasin. Il assiste à sa première exécution, le 30 mars 1882 à Versailles. Il décide d'effectuer son service militaire, qu'il achève en 1885. D'abord réticent à entamer une carrière de bourreau, il se résigne et part apprendre le métier à Alger auprès de son grand-père maternel Antoine Rasseneux, exécuteur d'Algérie. Sa première exécution a lieu le 8 septembre 1885, en guillotinant Francisco Arcano à Alger. Dix-sept autres suivront jusqu'à l'automne 1890, quand un des aides de son père décède, laissant un poste d'aide-bourreau vacant.

Revenu à Paris, il est nommé adjoint en second le 1er novembre 1890, et l'assiste lors de 78 exécutions, dont la première est celle de Michel Eyraud, le 3 janvier 1891.
Le 5 avril 1898, Anatole épouse Rosalie Rogis, descendante d'une famille de bourreaux ses deux frères, Louis et Eugène-Clovis, deviendront aides d'Anatole.
Peu après l'exécution du tueur en série Joseph Vacher le 31 décembre 1898 à Bourg-en-Bresse, le 2 janvier 1899, son père démissionne et Anatole devient ainsi exécuteur en chef des arrêts criminels de France. Louis Deibler ayant appris sa nomination lui dira alors :
Ah, mon fils, que voilà de jolies étrennes ! Depuis lors, il officiera souvent en province sous un patronyme d’emprunt de « Boyer », nom de jeune fille de sa grand-mère.

Exécuteur en chef des arrêts criminels de France

Après une exécution à Troyes le 14 janvier, passée relativement inaperçue, Anatole officie pour la première fois à Paris le 1er février, en guillotinant Alfred Peugnez devant les prisons de la Roquette ce sera d'ailleurs la dernière exécution capitale qui se déroula à cet endroit.

Les journaux sont élogieux. Dans les Annales politiques et littéraires du 12 février, on lit :
" Tous les journaux s'accordèrent à rendre justice au jeune monsieur Deibler qui montra pour ses débuts à Paris un tournemain et une aisance de vieux praticien. Jeune, élégant, vêtu d'une redingote de couleur sombre, comme un témoin de duel sélect, il réalise dans la perfection le type du bourreau moderne.
On peut, après cet heureux essai, lui prédire une belle carrière et un nombre respectable de représentations. "
Dans Le Journal, le lendemain de l'exécution, Jean Lorrain est un peu moins enthousiaste :
" De la descente de voiture au couperet, le rythme est un peu trop rapide. Cela enlève de la solennité qui constitue pourtant la raison d'être d'une exécution."

Anatole, en cette année 1899, est un homme heureux.
Il occupe un poste à nul autre pareil, bien qu'assez mal rémunéré, mais la petite fortune familiale le met à l'abri du besoin. De plus, au printemps, Rosalie, toute rose de joie, annonce à son époux l'arrivée de l'héritier Deibler.
Son premier enfant, Roger Aristide Hector, naît le 20 septembre 1899.
Au mois de novembre, les Deibler appellent le médecin pour une maladie infantile bénigne.
Le docteur ausculte le bébé, lui verse un médicament, mais se trompe dans ses flacons.
Le 10 novembre, le petit Roger meurt. Anatole ne se remettra jamais de ce départ si prématuré. Il montrera par la suite une affection sans bornes pour son neveu André Obrecht, né un mois avant feu son fils.
Les premières années d'exécuteur en chef seront peu prolifiques : Félix Faure meurt en 1899 dans les bras de sa maîtresse, et Emile Loubet prend son poste.
Modérément partisan de la guillotine, seuls 18 condamnés à mort seront exécutés durant son mandat.
En 1899, 7 exécutions trois refus de Faure, quatre de Loubet.
En 1900, 3 exécutions. En 1901, idem. En 1903, idem. En 1905, 5 têtes tombent.
La même année, le ménage Deibler aura une fille, Marcelle, le 04 mai 1905. Durant cette période calme, Anatole mène une vie paisible, sous le signe de la modernité. Bien que travaillant avec une machine plus que séculière, il est un partisan du progrès.
Il sera un des premiers Français à obtenir son permis de conduire.
Il montrera un goût certain pour la mécanique et la photographie. On rapporte une anecdote, survenue en 1907, lors du baptême de Robert Martin, qui deviendrait un de ses aides, bien des années plus tard.
Ayant pris la photo de famille traditionnelle, il avait mal cadré, et quelques invités eurent ainsi la tête escamotée. "Ah, soupira gaiement Anatole, c'était fatal. C'est une photo Deibler..." Il va régulièrement au cinéma, au cirque.
Il aime cuisiner, et il y réussit, paraît-il, fort bien. Son seul vrai vice, c'est qu'il fume. Cigarette ou cigare ou pipe il n'arrêtera que sur les instances du médecin et de Marcelle, sa fille, en 1925.

Les années abolitionnistes

En 1906, Armand Fallières et les abolitionnistes président aux destinées de la France. Durant trois ans, tous les condamnés échapperont à Deibler, qui devra, pendant cette période, trouver un emploi de rechange, à savoir placier en vins de Champagne.
Il prendra néanmoins la précaution de se présenter sous le nom de François Rogis.
À l'automne 1907, le Président Fallières gracie Albert Soleilland, auteur d'un crime sexuel abominable, et c'est alors la France qui se lève contre l'abolition. L'Assemblée statuera sur la peine capitale l'année suivante.

La reprise des exécutions

Devant le refus massif de la suppression de la peine de mort, Fallières se doit de réagir, et l'année 1909 verra la reprise des exécutions : 13 têtes sous le couperet comprenant la première exécution devant la prison de la Santé, une double exécution à Albi, une triple exécution à Valence celle des Chauffeurs de la Drôme et une rareté : la première exécution de l'année, à Béthune, sera quadruple, avec l'exécution des quatre principaux dirigeants de la bande Pollet.
Par la suite, il procédera à une vingtaine de doublés, et une autre triple, celle des quelques survivants de la bande à Bonnot, en 1913.
La guerre n'arrête pas le bourreau : une vingtaine d'exécutions auront lieu entre 1914 et 1918.
En mars 1918, Deibler part à Furnes en Belgique, sous les bombardements de l’armée allemande, pour guillotiner Émile Ferfaille au nom du peuple belge il aura à quitter la France une autre fois en juin 1923, pour guillotiner dans le Territoire du Bassin de la Sarre alors sous occupation française.
En août 1918, il est mobilisé, et travaille comme secrétaire au ministère des Armées, avec l'autorisation d'absence en cas d'exécution.
Les années faisant immédiatement suite à la guerre sont les plus fructueuses, à croire que les massacres de l'Est ont libéré les mœurs criminelles.
En 1921, 22 condamnés à mort seront exécutés, et en 1922, 20, dont Landru. D'autres noms, dont la célébrité s'est un peu émoussée, sont : Ughetto en 1930, Gorguloff assassin du président Paul Doumer en 1932 ou Sarrejani en 1934. Le 24 janvier 1939, à Lyon,

il décapite Abdelkader Rakida. Ce sera sa dernière exécution.

Mort

En 1939, Anatole entre dans sa 76e année. C'est un homme toujours affable, sa barbe et le peu de cheveux qui lui restent sont tout blancs.
En moyenne, il exécute environ 7 condamnés par an. Le 1er février 1939, il reçoit un nouvel ordre d'exécution. Au matin du 3, il devra se trouver aux portes de la prison de Rennes, avec sa machine, pour décapiter Maurice Pilorge.

Mais le 2 février, sa fille Marcelle lui prépare son café la matin, il part puis sur le quai de la station Porte de Saint-Cloud, il se sent subitement mal. Il s'écroule, victime d'un infarctus. Les gens l'entourent, on le transporte à l'hôpital. Vers 8 heures, Anatole rend son dernier soupir.

Jules-Henri Desfourneaux, André Obrecht et Georges Martin, qui patientaient à la gare de Paris-Montparnasse, voient arriver, dans la Citroën beige et marron, Marcelle Deibler et Georgette Desfourneaux.
Les deux femmes effondrées préviennent les aides du décès de leur patron.
On doit surseoir à l'exécution, mais la Justice est en marche. Pour la seconde fois de sa carrière, Desfourneaux, aide de première classe, exercera les fonctions de chef le 4 février.
Le lendemain, au vieux cimetière de Boulogne, Anatole est inhumé aux côtés de son père et de son fils.
Un mois et demi après, sur les instances de la veuve d'Anatole, Desfourneaux obtient le poste tant convoité d'exécuteur en chef, ce dernier ayant par le passé, prêté de l'argent au couple.
Au total, Anatole exécuta 395 condamnés à mort de 1885 à 1939, dont 299 en tant qu'exécuteur en chef, de 1899 à 1939.
À compter de la première exécution qu'il effectua, en 1885, Anatole Deibler conserva une série de carnets d'écolier sur lesquels il nota scrupuleusement chaque exécution à laquelle il avait participé.
Au départ, il ne marquait que la date, le lieu, le nom du condamné et son crime, sommairement relaté, mais le temps passant, il finit par ajouter des détails, temps, heure de l'exécution, jour de la semaine, attitude du condamné lors de son réveil et à raconter en détail le crime pour lequel on l'avait condamné à mort.
En 1891, il se lança parallèlement dans la rédaction de carnets de condamnations, dans lesquels il marquait toutes les condamnations à mort prononcées annuellement par les jurys français. Des croix de couleurs différentes permettaient de comprendre le sort des condamnés : une croix bleue signifiait la grâce, le texte entier rayé de bleu la cassation du verdict et une croix rouge cerclée de noir l'exécution.
Dans ce dernier cas, Anatole Deibler reproduisait in extenso le contenu du carnet de condamnations dans celui d'exécutions.
Après la mort de Deibler, ces documents furent conservés par sa veuve et sa fille.
Cette dernière finit par vendre les carnets à une association de recherches historiques au début des années 1980. Ils furent vendus une seconde fois aux enchères, à l'hôtel des ventes Richelieu-Drouot le 5 février 2003, et ils dépassèrent la somme record de 100 000 euros. L'acquéreur en était une société spécialisée dans les autographes anciens.

Biographies

1992 : François Foucart, Anatole Deibler, profession bourreau, Plon.
2004 : Gérard Jaeger, Anatole Deibler. Les carnets d’exécutions, L’Archipel.

Deibler dans la chanson

Le personnage de Deibler apparaît dans la chanson réaliste ou satyrico-politique. Citons, Du Gris E. Dumont/F. L. Benech
Y a l'alcool, me parle pas de cette bavarde
Qui vous met la tête à l'envers
La rouquine, qu'était une pocharde
a vendu son homme à Deibler
ou On est en République Montéhus/Roger Chantegrelet-Pierre Doubis 1910:
Enfin, ça y est ! On est en République !
Tout marche bien, tout le monde est content !
Monsieur Deibler, avec sa mécanique
Nous coûte à peine soixante mille francs par an
ou Les nocturnes Gaston Gabaroche 1914:
Devant la porte sombre
De la vieille prison
Des gens dans l'ombre
Descendent d'un fourgon
Soudain la sinistre machine
Se dresse dans la nuit
Deibler monte sa guillotine
Lentement, sûrement, sans bruit
Dans un silence profond
La foule observe ce qu'ils font
ou Géomay Aristide Bruant vers 1900:
Une nuit qu'il 'tait en permission
vlà qu'i' tu' la vieille d'un coup d'scion
C'est-i bête!
L'aut' matin Deibler, d'un seul coup,
Place d' la Roquette y a cou-
-pé la tête.

Deibler dans la littérature

Le personnage de Deibler apparaît aussi dans Fantômas, roman écrit en 1911 et le premier d'un cycle consacré au génie du mal créé par Pierre Souvestre et Marcel Allain. Il est en effet, à la fin du récit, chargé de l'exécution du criminel. (Mais est-ce bien Fantômas qui est guillotiné ?) Auparavant Deibler avait été cité dans un des articles d'Alphonse Allais.
Le poème Hommes2 de Robert Desnos fait mention de lui : « La machine tourne aux ordres de Deibler. »
Deibler est également cité par Léo Malet (dans L'Homme au sang bleu), ainsi que dans Passez-moi la Joconde, Du sirop pour les guêpes et Faut être logique de San-Antonio, la série de romans policiers de Frédéric Dard. Il apparaît aussi, sous la forme d'une apparition spirite dans Discordances de la Cité ardente, de Christian Delcourt.
Dans le roman Notre-Dame-des-Fleurs, Jean Genet cite un graffiti de prison le mentionnant : « Mon cœur à ma mère, ma bite aux putains, ma tête à Deibler. »
En dernier, il apparaît dans le roman de Michel Folco, Dieu et nous seuls pouvons.

Deibler au théâtre

Son personnage est confronté à Henri Désiré Landru dans une pièce de théâtre Landru et Fantaisies de Christian Siméon, aux éditions de l'Avant-scène Théâtre, en 2003. Une confrontation a lieu durant toute la pièce entre le tueur en série et Deibler, tueur public .

Deibler au cinéma

Dans Le Voyage de la veuve, film de 2008 produit par France 2, Anatole Deibler est incarné par Jean-Michel Dupuis.


***********************************


JULES HENRI DESFOURNEAUX

Exécuteur en chef des arrêts criminels (1939-1951)

Une incroyable vente aux enchères

Les carnets d'Anatole

De notre correspondant spécial, Sylvain P. Larue, le 06.02.2003, 8h15 a.m.

Il faut pour commencer que je relate mes précédentes "aventures". En septembre 2002, il y avait déjà un an que je travaillais de façon assez acharnée à l'élaboration du site sur la guillotine. Toutes les informations, légales, techniques, se trouvent dans les livres : mais la clé de voûte restait le Palmarès ! Je resignale que pour l'établir (et il n'est toujours pas complet - je doute qu'il le soit de sitôt), je n'ai fait appel qu'à la patience et aux quotidiens d'époque.

C'est ainsi que, en septembre, je me suis rendu à Paris, avec l'intention de faire le siège de l'Association de Recherches Historiques et Sociales de Mr Thierry Chaillous, cette association détenant depuis pas mal d'années les carnets personnels du sieur Anatole Deibler ainsi que nombre de documents de famille, tout aussi intéressants à mes yeux. Hélas, l'adresse que j'avais trouvée n'était plus la bonne. Navré, je revins chez moi sans être complètement bredouille, mais avec un regret certain. Je songeai à contacter Mr Gérard Jaeger pour lui demander s'il connaissait le nouvel emplaçement de ces archives, mais je ne le fis pas. Et je ne pensais pas vraiment à Deibler en me levant mardi matin.

Mardi, donc, je me réveillai quand l'aide-ménagère apporta le journal, vers 9h30. Je ne lis presque jamais la presse au saut du lit, mais je ne sais pas par quel hasard il me prit l'envie de le feuilleter avant de l'apporter à ma grand-mère. Et, en page 5 de la Dêpeche, mon oeil, plutôt aiguisé par les séances régulières de lecture de vieux quotidiens, identifia de suite le mot "bourreau". De quoi s'agissait-il? A ma stupeur, je lus que le lendemain, mercredi 05 février, les 14 carnets rédigés par Anatole Deibler, de 1885 à 1939, serait vendus aux enchères. Je restai estomaqué. Alors, c'était fini. Je pouvais faire une croix sur mes recherches à ce sujet.

Mais l'idée germe vite. Pas question de laisser passer cela. Je consultai d'abord le site de l'hôtel Drouot. Estimation du lot n°9 : 10000 euros. Probablement 15000. Hors de mes finances, mais qu'importe. N'étant pas employé en ce moment, je me décidai en 10 minutes de partir pour Paris assister à cette mémorable vente. Les bagages sont vite prêts. Dans mon sac de reporter, mon classeur de coupures de journaux, le livre de Jaeger, un calepin, des stylos... Un petit "coucou" à Mami, en lui disant que "eï oh, eï oh, je m'en vais au boulot" (elle est très vieille, et ne se rend compte de rien. LOL). Direction gare Matabiau à Toulouse. Petit arrêt chez mon grand-oncle Fernand à qui j'expose la situation. Un peu d'attente à Toulouse. 13h43. Le train démarre.

Je passe sur le voyage, la soirée à Paris. O Impétueuse Jeunesse. Un travail par ici, ou quelques années de plus par là, et je ne me serais probablement pas déplacé. Mais là. Le mercredi 05, jour des ventes, je me rends tout d'abord rue de la Roquette pour prendre des photos (les précedentes étant de qualité exécrable). Puis direction Drouot. A l'accueil, une charmante jeune femme à qui je pose deux, trois questions. Un peu surprise par mes recherches, mais pas inintéressée. Nous bavardons un bon quart d'heure. Vers 1 heure, deux photographes se rendent dans la salle n°2 pour y prendre quelques clichés des précieux manuscrits. Je les talonne. Tandis qu'ils patientent, je leur demande la raison de ces photos. Ils ont l'air de se foutre un peu de ma gueule. Ils viennent prendre des photos pour des journaux, et déclarent ensuite "qu'ils vont se barrer, aller à Coubertin jouer au tennis". "Ce ne sera pas pour le plaisir", rajoute l'un, "quoique il y a souvent de jolies filles dans le coin". Ils rentrent. A mon tour de patienter. La vente ne débute qu'à 14 heures. Impatiemment, je feuillette une fois de plus mes coupures de presse. Un monsieur s'assied à mes côtés, et semble intéressé par mon ouvrage, que je lui prête bien volontiers. Mr Balassi est conseiller général d'Ile de France, et membre du parti politique dont la flamme est tricolore. Cette référence me fait un peu tiquer (je ne partage aucune des idées du FN, sauf celle de la peine capitale), surtout lorsqu'il évoque une rencontre avec Marcel Chevalier, dernier exécuteur de la République, dont il affirme qu'il était également adhérent du FN, avant de décéder (???) il y a une dizaine d'années.

Nous parlons livres, affaire criminelles. Un couple, assis en face, participe à la conversation, ainsi qu'un monsieur d'âge respectable. Mr Balassi évoque l'existence d'une guillotine démontée au musée des Arts et des Traditions, dans le bois de Boulogne, ainsi qu'un "Carrefour de la guillotine" (non, pas un hypermarché pour acheter couperet, mouton, et bâti de chêne) dans le Pas-de-Calais, non loin du pays de naissance de ce "cher" Maréchal Pétain (avec qui je partage mon second prénom, mais ni l'âge, et surtout pas les idées collaborationnistes). Toute cette conversation se passe, entrecoupés par mes regards inquiets face au nombre de gens, sans cesse croissant, qui se presse à la porte n°2. A 13 heures 50, la patience de ces braves gens est récompensée. Auraient-été-ils là si il s'était agi d'une exécution capitale publique?

Suivi par Mr Balassi, je m'installe au premier rang dans le coin droit de la salle, petite, tapissée d'un velours rouge. Je vois sur ma droite les livres destinés à être vendus. Et dans une vitrine, un peu séparés des autres, les carnets. Ils sont petits, plus encore que je ne l'aurai pensé. Mais ils sont identifiables immédiatement (pour peu que l'on s'intéresse au sujet). Les personnes se pressent. Certains n'entreront même pas, car la salle compte une cinquantaine de places assises, autant de debout, et il ne reste pas le moindre espace. De plus, les journalistes sont légion : radio, télévision, presse écrite... Mr Balassi demande à l'employé le plus proche de nous s'il est possible de voir les carnets. Mais il est trop tard. La vente va débuter. Sous la direction de Messieurs Beaussant et Lefèvre, commissaires priseurs, et de Mr Alain Nicolas, libraire et expert près la Cour d'Appel de Paris, la vente débute à 14 heures précises. On nous rappelle en premier le tarif des taxes (majoration de 15.83%). Puis c'est parti : cela se passe très vite. Voici les premiers lots (les prix sont indiqués hors taxes, tels que lors de l'adjucation)

1)Deux lettres d'Artaud à Jouvet, estimé 300, vendu 800.
2)2 photos et un dessin d'art contemporain, estimé 100, vendu 180.
3)20 photos d'avions de firme Farman, estimé 200, vendu 300.
4)5 lettres autographes de Gaston Chaissac, estimé 600, vendu 1300.
5)Une lettre de Charles X, estimé 150, vendu 60.
6)Manuscrit de Clermont-Tonnerre, estimé 400, vendu 1600.
7)44 photographies prises durant le Commune de Paris (1871), estimé 250, vendu 450.
8)24 pièces (lettres, mémoires, plans) du Général CAZALS lors de la conquête de l'Angleterre vers 1801, estimé 1200, vendu 5000.

Et nous arrivons à la vente attendue. Mise à prix : 10000 euros. Il est 14h06. Il faudra trois minutes pour s'acquitter de cette vente. Les prix montent, en cinq enchères, on dépasse les 20000 euros. Deux clients au téléphone se déchirent le lot. Ce sera finalement le client de MrNicolas qui obtiendra gain de cause, après 3 minutes de bataille "intra-telephonos". En y laissant la modique somme de 85000 euros. Hors taxes. Ce qui donne un prix total de 100249 euros. Donc, en résumé, 660000 francs. On croit rêver.

Je quitte la salle, ainsi que Mr Balassi. Beaucoup semblent estomaqués par ce prix incroyable. Je me dirige à l'accueil, mais l'hôtesse amicale est partie. On m'informe qu'il est impossible de faire parvenir un message à un acheteur. Depité, je réfléchis un peu. C'est Mr Nicolas qui a obtenu la vente. Il sera probablement présent lors de la remise du lot. Pourquoi ne pas lui laisser un message, dans sa librairie?

Métro, boulot. Dodo, on verra après. Je flâne sur les quais de la rive gauche. 41, quai des Grands Augustins, la librairie "Les neuf muses". Je m'installe au bord de la Seine, adossé au mur face à l'eau, et rédige ma lettre. Puis je retourne à la librairie. C'est une dame d'un certain âge qui se trouve là, c'est la mère de Mr Nicolas. C'est une femme en or. Elle comprend ma démarche, et ne la juge pas incongrüe. Nous parlons une dizaine de minutes. Elle m'avoue que d'avoir lu ces carnets lui a infligé des cauchemars. Le prix adjugé à ces carnets la suffoque quelque peu. Elle sera une des premières à le savoir. J'évoque mes recherches, mon départ un peu précipité. Puis je prends congé (ne pas oublier de recontacter cette librairie, et de remercier cette dame, si je peux avoir accès à ces carnets).

Direction Beaubourg : hier, pas de chance, fermé tous les mardis. Je passe quatre bonnes heures à la bibliothèque, photocopie quelques articles de presse, etc...Mon train n'est qu'à 23 heures. Petit coup de fil à mes amis (l'un d'eux me dit qu'un jour je lui téléphonerai du Népal, en compagnie du Dalaï-Lama...). J'entame mon retour. Nuit presque blanche (3 heures de sommeil, les fauteuils inclinables ne sont pas le meilleur support pour dormir, une soif terrible et une machine à boissons fraîches en panne. Grrr. Ce qui fait qu'il est déjà 9h36 quand je finis cette page. L'AFP m'apprend que c'est la société Scripture qui a fait l'acquisition des carnets, dans l'intention, dixit le PDG Philippe Belin, de faire "une exposition itinérante de documents historiques". Alors, affaire à suivre...

Sylvain Larue, 06 février 2003.

Liens

http://youtu.be/WykWwnk0rxc le voyage de la veuve
http://youtu.be/xxaflU33708 Le dernier guillotiné
http://youtu.be/zscyUK4Q2xw La guillotine
http://youtu.be/xxaflU33708 La peine de mort


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#142 Nicole-Reine Etable Lepaute
Loriane Posté le : 03/01/2014 18:44

Le 5 Janvier 1723 naît Nicole-Reine Etable épouse Lepaute,

mathématicienne et astronome française
Nicole-Reine Étable de La Brière Lepaute, aida Lalande, en 1758, à calculer, d'après les formules établies par Clairaut, la date de retour au périhélie de la comète de Halley en tenant compte de l'attraction de Jupiter et de Saturne, elle meurt le 6 décembre 1788 à poissy.


Elle naît à Paris le 5 janvier 1723, dans le palais du petit Luxembourg où logent ses parents.
Elle est la sixième de neuf enfants. Plusieurs membres de la famille Etable sont alors au service de la famille d'Orléans, à Versailles, puis au palais du Luxembourg. Jean Etable, le père de Nicole-Reine, ancien valet de pied de la duchesse de Berry, sert maintenant Louise Élisabeth d'Orléans, reine douairière d'Espagne.
De l'enfance et de la jeunesse de Nicole Reine, on ne connaît que ce qu’en écrira, des années plus tard celui dont elle fut la collaboratrice, Joseph Jérôme Lefrançois de Lalande : Nicole-Reine fut une jeune femme studieuse, curieuse de sciences.
Nicole Reine fait la connaissance des frères Lepaute lorsque ces derniers viennent installer au palais du Luxembourg une horloge d’un nouveau type. Le 27 août 1749, à l’âge de vingt-six ans, Nicole Reine épouse Jean André Lepaute.
C’est en partageant le travail de son mari qu’elle fait connaissance de Jérôme Lalande, qui obtient peu de temps après un observatoire au-dessus du porche du palais du Luxembourg.

L’Horlogerie au service de l’Astronomie

En 1753, Lalande est chargé par l’Académie des sciences d’étudier une horloge de Jean André munie d’un échappement d’un nouveau type. Sur son encouragement, Jean André Lepaute - devenu horloger du roi en 1753 – se lancera dans la conception et la construction des pendules astronomiques.
C’est aux côtés de son époux que Nicole Reine fait ses premières armes en calculant des tables d’oscillations du pendule pour le Traité d’Horlogerie.

Le retour de Halley

Quand vient le grand défi du calcul du retour de la comète de Halley, Jérôme Lalande propose au mathématicien Alexis Clairaut l’aide de Mme Lepaute pour les monstrueux calculs que nécessite la vérification de la prédiction d'Edmund Halley.
De longs et studieux mois de calculs sont nécessaires aux trois astronomes et mathématiciens : Clairaut établit à cet usage des modèles de calculs que Nicole Reine Lepaute et Jérôme Lalande complètent avec patience et précision. Ce dur labeur sera couronné de succès par l’annonce, en novembre 1758, du retour de la comète pour le 13 avril de l’année suivante. Quelques mois plus tard, justifiant tous leurs calculs et assurant la gloire posthume d’Edmund Halley, la comète tant attendue passe à son périhélie tout juste un mois avant la date annoncée, le 13 mars 1759.
Sur la lancée de ce succès, Clairaut publie alors sa Théorie des comètes, Paris, 1760, mais en oubliant de mentionner le nom de Nicole Reine Lepaute dans la liste des calculateurs, oubli motivé par la jalousie de Mademoiselle Goulier – son amie du moment – qu’il ne souhaitait pas froisser en vantant les mérites d’une autre.
Ce faisant, il met à mal sa longue amitié avec Lalande, qui préférera se ranger aux côtés de l’offensée, Madame Lepaute, à qui il voue une tendre affection. Selon lui, Clairaut supprima toute mention de Mme Lepaute pour plaire à une femme jalouse du mérite de Madame Lepaute, prétentieuse mais dépourvue de quelque connaissance que ce fût. Elle parvint à faire commettre cette injustice par un homme de science judicieux mais faible, qu’elle avait subjugué.
Les deux hommes ne seront plus jamais aussi proches qu’auparavant, et Clairaut poursuivra seul ses recherches en astronomie.

Travaux divers

Nicole Reine Lepaute est engagée par Lalande en 1759, comme assistante pour les calculs nécessaires à la conception des tables et éphémérides astronomiques, qui serviront notamment de base pour les calculs nécessaires au transit de Vénus de 1761. Bien que rien ne permette de connaître dans le détail les contributions de Nicole-Reine Lepaute, celles-ci doivent paraître suffisamment importantes aux yeux de l’Académie de Béziers pour l’accueillir comme membre associé en 1761.
Lalande porte également au crédit de Madame Lepaute les calculs des éléments de la comète observée en 1762, et les éphémérides du Soleil, de la Lune et des planètes pour les années 1774 à 1784, ainsi que les éléments de l’éclipse annulaire du 1er avril 1764, pour laquelle elle dressera une carte de visibilité de l’éclipse donnant sa progression de quart d’heure en quart d’heure pour toute l’Europe.

Une famille vouée à la science

N’ayant pas d’enfant, Nicole-Reine accueille en 1768 l’un des neveux de son mari, Joseph Lepaute, 1751-1788, alors âgé de quinze ans, et lui enseigne si bien l’astronomie qu’il deviendra professeur de mathématiques à l’École militaire en 1777, avant d’être élu adjoint astronome en 1785 à l’Académie royale des sciences. Embarqué comme astronome sur les frégates l'Astrolabe et la Boussole, il périra en 1788 dans l’île de Vanikoro avec le reste de l’expédition menée par Jean-François de La Pérouse.
Nicole-Reine Lepaute consacre ses sept dernières années à s’occuper de son mari qui avait cessé l’horlogerie vers 1774 et avait été atteint d’une grave maladie. Au même moment, sa santé décline et elle perd peu à peu la vue. Précédant son mari de quelques mois, Nicole Reine Lepaute meurt à Paris le 6 décembre 1788 à l’âge de soixante-six ans.

Hommages

En 1935, l'Union astronomique internationale a donné le nom de Lepaute à un cratère lunaire.
L’astéroïde (7720) Lepaute honore la mémoire de Nicole-Reine Lepaute.

Les rectifications et précisions sur les origines familiales de Mme Lepaute proviennent principalement des registres d'état civil de Paris, de Versailles, de Saint-Cloud et du minutier notarial des Archives nationales. On trouvera ces références mieux précisées dans l'article d'Alain Demouzon (descendant Lepaute) indiqué dans les liens ci-après: "De le bruyère dans l'étable".
Lalande attribuera faussement à Madame Lepaute un nom de naissance "Etable de la Brière", repris partout depuis, mais qu'elle ne porta jamais et qui n'était pas le sien. Ce patronyme allongé fut celui choisi par l'un de ses frères, Jean Jacques, né à Versailles en 1716 et devenu inspecteur des Bâtiments du roi, sous le nom de "Monsieur de la Brière".
Le lieu du décès à Saint-Cloud, comme souvent indiqué, est erroné. Le registre paroissial de Saint-Cloud ne le signale pas, alors que l'état civil parisien reconstitué en fait mention, paroisse Saint-Roch.

Voir aussi

L’hortensia, originaire de Chine, avait été nommé Peautia, en son honneur (en 1773), par son ami Philibert Commerson, médecin et botaniste de l'expédition de Bougainville. Puis rebaptisé plus tard Hortensia. On a parfois voulu croire qu'Hortense aurait été l’un des prénoms de Mme Lepaute, ce qui n'est pas fondé.

Edmond Halley
Louise du Pierry


Liens

http://youtu.be/cfshb5fhJuo les calculs sur la comète de Halley (Anglais)
http://www.youtube.com/watch?v=L5eRR8 ... l3QWZXf_BGEdNinCzk0Nypwzy



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#143 La fête du Nouvel an
Loriane Posté le : 29/12/2013 13:30
Les mets de la fête de noël et du nouvel an
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Ce sont deux plats qui, traditionnellement, sont servis traditionnellement dans nos régions à l'occasion du réveillon.

Pourquoi sert-on de la dinde à Noël ?

Parce qu'il s'agit d'un volatile de taille considérable, que l'on peut donc servir à de grandes tablées comme celles qui rassemblaient les familles pour la fête de la Nativité.
Mais aussi parce que cette volaille doit être cuite à feu doux, au contraire de la plupart des autres, et qu'elle pouvait donc être laissée sans risque à mijoter durant les trois messes basses qui ponctuaient parfois l'événement rappelez-vous de la Lettre de mon moulin d'Alphonse Daudet qui portait ce titre...

A-t-on toujours servi de la dinde à Noël ?
Non, car cet animal a été découvert en Amérique par Christophe Colomb en 1492. Il en a ramené avec lui sur son bateau, pour nourrir l'équipage durant le voyage du retour, mais aussi pour prouver qu'il était bien parvenu aux Indes.
Car les Indes étaient le but de son voyage vers l'Ouest. Il espérait ouvrir une nouvelle et fructueuse route des épices en faisant le pari que la terre était bien ronde, comme l'assuraient des savants de son temps.
Quand il toucha terre, il crut qu'il était parvenu aux Indes. Il appela dons Indiens les habitants qu'il rencontra, et on nomma oiseaux d'Inde, les oiseaux qu'il en ramena.
Ce n'est que bien plus tard que l'on comprit qu'il avait découvert un nouveau continent, qui fut baptisé du prénom d'un autre navigateur célèbre de l'époque, Americo Vespucci.
Et voilà pourquoi la dinde devrait s'appeler damérique

La bûche

Cette coutume est assez ancienne. Elle nous vient des pays du Nord où les forêts de sapin sont nombreuses. Le sapin, parce qu'il reste vert en toute saison, est devenu, à l'instar de la bruyère de nos régions et pour les mêmes raisons, un symbole d'immortalité.
Comme vous le savez, Noël se situe en hiver, et la coutume fut adoptée de brûler une bûche de sapin dans la cheminée, afin d'éloigner la mort du foyer et de ses habitants, ce qui était plutôt païen que chrétien… Ces pratiques prolongeaient probablement des rites païens exercés à l'occasion du solstice d'hiver.
Dans certaines régions, la bûche devait brûler du 24 décembre au 1er janvier. On choisissait alors une très grosse pièce ou une souche d'arbre.
Des vertus diverses étaient prêtées aux cendres, dont on prétendait parfois qu'elles guérissaient certaines maladies, éloignaient la foudre ou fertilisaient les champs.
Au fil du temps et, sans doute, suite aux pressions de l'Église qui luttait contre les superstitions, mais aussi en raison de la vogue nordico-anglo-saxonne du Père Noël, apparue chez nous après la Libération de 1945, le symbole fut oublié et la bûche passa de la cheminée sur la table, pour le plus grand plaisir des convives d'aujourd'hui...
Glacées ou au chocolat, à la crème pâtissière ou à la vanille, aux fruits ou au café, décorées d'innombrables sujets en sucre... ou en plastique, elles sont devenues un must de la table de Noël, servies juste avant l'ouverture des cadeaux.

Le nouvel an l'histoire


Par ailleurs, les gens ont coutume, par chez nous, de célébrer le jour de l'an au restaurant...
C’est que, à la différence de la fête de Noël qui se célèbre en famille, le passage à l'année nouvelle est l'occasion de joyeuses agapes entre amis, aussi bien durant le réveillon que le lendemain midi. Et le restaurant se prête bien aux débordements sonores auxquels on s'y livre à cette occasion.

D'où vient cette tradition de fêter l'an nouveau ?
C'est l'héritière directe des fêtes romaines ancestrales de célébration du printemps.
À l'époque romaine ancienne, l'année commençait le 1er mars, au début du printemps, et la coutume voulait que l'on fasse beaucoup de bruit ce jour-là pour chasser l'hiver.
On prit bientôt l'habitude de fêter le passage vers l'année nouvelle dès la veille, c'est-à-dire durant la nuit du 28 février, dernier jour de l'année.
Et c'est donc pour cela que l'on place encore aujourd'hui le jour supplémentaire des années bissextiles le 29 février : on plaçait en effet très logiquement ce jour supplémentaire en fin d'année.
C'est Jules César qui, en sa qualité de pontifex maximus c'est-à-dire de souverain pontife décida en 46 avant J.-C. de fixer le début de l'année au 1er janvier 45, en plein hiver, donc...
On déplaça par conséquent "la fiesta" du 28 février au 31 décembre, tout en conservant la coutume de faire grand bruit, coutume dont le sens disparut bien vite.
Et voilà pourquoi on chante, crie, souffle dans des mirlitons, lance des pétards et même des feux d'artifices à l'occasion de l'année nouvelle...
Plus question, bien entendu, de chasser l'hiver, puisqu'il vient de commencer 10 jours auparavant
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Jour de l'an et superstitions ailleurs dans le monde


Canada.

Sans doute la palme du nouvel An le plus excentrique. A commencer par "la trempette de l'ours polaire" où des milliers de personnes plongent dans des eaux glacées. Le soir du 31, sur la côte est, les hommes ont l'habitude de se déguiser en femme et vice-versa. Tous partent faire du porte-à-porte afin de réclamer quelques verres, le plus souvent du "screech", une sorte de rhum, qu'il est coutume de boire en ayant, au préalable, embrassé une morue. Dernière coutume, et non des moindres, le "cocktail à l'orteil", servi dans un petit verre et agrémenté d'un 'vrai' gros orteil. Les courageux doivent avaler ce breuvage jusqu'à ce que leurs lèvres touchent l'orteil.
Québec
On arrête tout !
À 23 h 59, les québécois ont pour coutume d'arrêter la musique afin de faire le décompte avant le passage à la nouvelle année. La musique et les fêtes reprennent par la suite jussqu'au bout de la nuit.

France,

Nous sabrons le champagne, nous nous embrassons sous le gui, nous nous souhaitons santé, bonheur et prospérité, bref, nous fêtons à notre manière l’arrivée de l’année nouvelle

Allemagne :

Feu d'artifice.À minuit pile, on peut voir partout en Allemagne des feux d'artifice et entendre des pétards. L'origine de cette coutume vient du fait que pour les allemands le bruit est censé faire fuir les mauvais esprits. Les allemands ont aussi pour coutume de faire fondre du plomb qu'ils jettent à l'eau et avec la forme obtenue ces derniers interrogent l'avenir par rapport à la forme obtenue.

Espagne.


Une coutume qui se perpetue encore aujourd'hui consiste à avaler 12 grains de raisin blanc en synchronisation avec les 12 coups de minuits. Essayez et vous verrez que ce n'est pas si facile de suivre le rythme ! Si vous y parvenez cependant, vous pourrez faire un voeu au moment du douzième coup afin qu'il se réalise dans l'année.
Cette coutume remonte à 1909, lorsque des vignerons d'Alicante pensèrent que ce pourrait être un moyen de remédier au surplus de production de cette année-là. Aujourd'hui, cette coutume est très respectée par la majorité des Espagnols et les douze grains de raisin sont devenus inséparables du nouvel an.
La fête peut alors commencer pour de vrai !

Portugal

On quitte sa chaussure
Pour marquer l'arrivée de la nouvelle année les portugais ont pour coutume de lancer une de leur chaussure le plus haut possible.

Italie.

Afin de bien faire comprendre au Destin qu'un nouveau départ arrive et que les mauvaises habitudes ne sont plus qu'un souvenir, les Napolitains avaient pour habitude de jeter par la fenêtre de vieux objets tels que des meubles usagés et des vêtements usés.
De manière plus générale, les Italiens mettent toutes les chances de leur coté lors du repas du Jour de l'An nommé "Capodanno". A cette occasion les plats proposés sont fait à partir d'ingrédients qui apportent de la chance, comme les graines ou le miel. Les lentilles elles assurent d'avoir de l'argent toute l'année durant.

Grèce.


La Grenade est un fruit symbole d'abondance, de fécondité et de chance. Afin de transférer ses vertues au foyer, la coutume veut qu'au retour de la messe de Minuit, le chef de famille ou l'ainé va au pas de la porte et jette une grenade sur le sol de la maison afin qu'elle éclate en morceaux, puis chante la formule consacrée : "Nombreuses Années ! Heureux l’an nouveau !". Il entre ensuite du pied droit dans la maison.
Si les personnes sont déjà dans la maison avant minuit, alors l'une d'entre elle est designée pour sortir et accomplir le rituel de la Grenade au moment des 12 coups.
Enfin, il est préférable de ne pas payer ses dettes, de prêter de l'argent, de travailler ou de donner du feu ce jour là. Cette superstition s'appuie sur un vieux dicton :« ce que tu fais et subis ce jour-là, se reproduira toute l’année ! ».
A noter que l'on retrouve à peu de chose près la même formule en France.
le festival de Saint Basile coïncide avec la nouvelle année. C’est le moment pour les enfants grecs de poser leur chaussures près de la cheminée pour recevoir leurs cadeaux, comme nous le faisons à Noël.

Belgique.

La province de Liège honore le 1er janvier en mangeant la choucroute. Et pour inciter à la prospérité, on place une pièce de monnaie dans sa poche ou sous son assiette afin de ne pas manquer d’argent durant toute l’année.

Finlande

Les Finlandais font de cette dernière nuit de l’année celle de la divination. Dans un récipient ou une louche, ils font fondre du plomb ou de l’étain, puis jettent le métal en fusion dans l’eau froide et interprètent les formes étranges que la solidification lui donne. Une façon de savoir de ce l’année nouvelle leur promet.

Danemark

On monte sur les chaises
Le nouvel an est accueilli par les danois en montant sur des chaises ou un fauteuil au premier coup de minuit, et de sauter à pieds joints lorsque le dernier coup de minuit retenti. Il faut faire du bruit pour annoncer l’année qui commence. C’est aux jeunes que revient cette tâche. Ils vont frapper avec vigueur aux portes de leurs amis et voisins pour les prévenir

Au Pays-Bas

La nouvelle année "Oudejaarsdag" (dernier jour de l’année).
commencera sous les feux d’artifice qui dureront toute la journée du 31 décembre et jusqu’au petit matin du 1er janvier. C’est d’ailleurs la seule période où ils sont autorisés.les hollandais mangent des beignets ronds (les donuts) le jour de l’an afin d’avoir de la chance durant toute l’année.

Irlande, Ecosse & nord de l'Angleterre.

Jour de l'an "ogmanay et First Footer" : le firts footer est la première personne à rendre visite - et donc passer le seuil de la maison - de l'année. C'est cette visite qui va conditionner si la nouvelle année sera heureuse ou non, suivant la nature et le comportement du visiteur.
Le First Footer traditionnel est un personnage mystérieux, décrit comme un homme grand et sombre, de belle allure. Sans un seul mot, il pose un morceau de charbon sur le feu, du pain sur la table, remplit le verre du maître de maison. Il souhaite alors une bonne année à tout le monde. Il entre par la porte de devant et sort par celle de derrière. Si il traverse la maison sans effectuer un seul de ces gestes, c'est le signe que l'année va être particulièrement difficile.
Et on offre le traditionnel pudding black bun et accompagné d’une bouteille de whisky.

Angleterre

Les Anglais ne négligent rien : après minuit, chacun ira chez ses amis avec sur lui du charbon pour la chaleur du sel pour la nourriture et une pièce de monnaie pour la richesse. C’est ainsi qu’ils se porteront chance.

Chypre

On éternue
Pour débuter la nouvelle année les chypriotes doivent éternuer lorsque le dernier coup de minuit retenti. Pour ne pas louper ce moment il n'est pas rare de voir les personnes équipées de poivre ou d'une plume quelques secondes avant minuit !

Turquie

On éteint les lumières
En Turquie pour marquer le moment de passage à la nouvelle année, les Turques ont coutume de couper le courant pendant les 10 dernières secondes et d'éteindre les lumières à minuit pile pour quelques minutes.

Roumanie.

Pour chasser la peur et le blasphème, les enfants font du porte-à-porte accompagnés de deux marionnettes déguisées en mufles, qui meurent à la fin de la saynète pour symboliser l'année qui meurt.

Russie.


Après les 12 coup de minuit, le maître de maison va ouvrir la porte en grand afin de faire entrée la Nouvelle Année et lui souhaiter la bienvenue. Celle-ci bien disposée par cette politesse se montrera clémente.

Pérou.

Dans chaque maison, on fabrique le 31 décembre un mannequin de paille, habillé avec des vieux vêtements. A minuit, chaque famille sort pour le brûler devant chez soi, comme l'on brûlerait l'année écoulée. Il est aussi d'usage, à minuit, de porter des vêtements d'une couleur, jaune pour l'argent, rouge pour l'amour. Et si l'on fait vœu de voyage, on sort à minuit une valise à la main pour courir autour de son pâté de maisons.

Équateur

Porter certaines couleurs au moment des 12 coups de minuit aura des effets bénéfiques tout le long de l'année à venir : le rouge pour l'amour et le jaune pour l'argent.
Pour celui qui a prevu un voyage dans l'année, il doit courir tout aurtour de sa maison avec un sac de voyage ou une valise à la main.

Colombie

On brûle des marionnettes
Les Colombiens et Équatoriens ont pour habitude de brûler des marionnettes de bois, de papier journal et de chiffons qui ont été équipée d'artifices pyrotechniques. Ces marionettes symbolisent les rebuts de la vieille année.
On les promène dans les rues en criant. Elles symbolisent l’année qui meurt et seront brûlées aux douze coups de minuit.

Brésil

À Rio de Janeiro, la plage est illuminée par des milliers de lanternes, lumignons et bougies. Les Cariocas (habitants de Rio), tout de blanc vêtus vont porter des brassées de fleurs blanches en offrande à la déesse de la mer avant le feu d’artifice.
Musique, feux d'artifices et course à pied
La nuit du nouvel an, est fêté avec des feux d'artifices à minuit et des spectacles musicaux. Le grand rendez-vous de ce moment là est la fête de la plage de Copacabana, à Rio de Janeiro. Les brésiliens de São Paulo organise chaque année la course de la Saint Sylvestre à travers les rues de la ville.

Argentine


Juste avant minuit le 1er janvier, les Argentins se retrouvent dans les rues pour célébrer entre voisins. Les enfants allument des feux d'artifice pour lancer l'année avec éclat

Japon

À minuit, des gongs sonnent à 108 occasions pour les 108 péchés qui peuvent être commis. On croit que d'écouter les gongs purifie le cœur et efface les péchés pour une nouvelle année qu'on entreprend à neuf.

Australie

Tous les restaurants sont pleins. Il y a souvent des feux d'artifices. On boit du champagne aux 12 coups de minuit, tous se tiennent par la main en chantant "Auld Lang Syne", un chant écossais.

Pour l' Algerie, Maroc, tunisie, aucune tradition ne s'est encore installée, car le calendrier musulman, encore en cours pour certains, est un calendrier lunaire avec des années hégirienne, Al hijra, la chronologie arabe prend naissance avec l'hégire c'est à dire l'émigration de Mahomet à Medine vers le 16 Juillet 622
L'année hégirienne comprend 12 mois lunaires, c'est à dire que la durée de chaque mois est liée au cycle de la lune : à chaque nouvelle lune, c'est un nouveau mois qui commence. Le cycle lunaire n'atteignant pas 31 jours comme c'est le cas de certains mois du calendrier solaire, l'année hégirienne est donc plus courte - d'environ 11/12 jours.
C'est pourquoi les évènements importants comme les fêtes ou encore le début de Ramadan ne commencent jamais au même moment dans le calendrier solaire et n'est pas lié au saison.

Pour les musulmans le nouvel an est une fête variable qui se situe depuis quelques années en Octobre ou Novembre,

Le 15 Novembre 2012 les musulmans ont fêté le nouvel an de l'année 1434
Le 5 Novembre 2013 les musulmans ont fêté le nouvel an de l'année 1435
Le 24 Octobre 2014 les musulmans fêteront le prochain nouvel an

Ces différences tendent à disparaître toujours pour des raisons économiques et commerciales.

Symbole

Beaucoup de cultures pensent que manger un aliment cuit en forme d'anneau apporterait la chance.
En effet le cercle symbolise l’achèvement du cycle d'une année.


En Russie

Les ancêtres païens des Russes célébraient la Koliada , qui consacrait le solstice d’hiver. Les anciens Slaves la fêtaient du 25 décembre au 6 janvier, comme s’ils savaient que le Nouvel An prendrait place pendant cette même période quelques siècles plus tard. La Koliada durait 12 jours, le rituel étant mené par 12 prêtres qui prédisaient les récoltes grâce à 12 gerbes et en utilisant l’eau de douze puits différents. Le chiffre 12 était, vous l’aurez compris, l’élément clé.
Suite à la christianisation de la Russie kiévienne par Vladimir le Grand en 988, le pays se met à fêter le Nouvel An selon le calendrier julien, mais le 1er mars. Ce qui est logique : c’est à ce moment que la neige fond et que les fleurs bourgeonnent. Beaucoup de rites païens ont été progressivement adaptés au christianisme, certains existant même encore aujourd’hui.

Passer un Noël comme à la maison à Moscou

Vers la fin du 14ème siècle tous les scientifiques ne sont pas d’accord sur cette date, l’Église orthodoxe russe a déplacé le Nouvel An de mars à septembre. Il commencera à être fêté en janvier à partir de 1699, le tsar Pierre Ier souhaitant calquer l’Europe, où les dates s’étaient figées quelques décennies auparavant. L’oukase, décret du tsar stipulait notamment qu’il faudrait désormais accrocher des décorations sur les branches des pins, sapins et genévriers.
Pierre le Grand avait également ordonné de tirer des coups de canon et de mousquet dans les cours des boyards, des nobles et des marchands, ainsi que d’allumer des pétards. Quant aux ménages plus pauvres, ils devaient jeter par terre de la paille et des tiges, placer des tonneaux et allumer des feux. Pierre le Grand n’avait cependant pas tout copié sur l’Europe. Cette dernière était en effet passée du calendrier julien au grégorien.
C’est pourquoi la Russie célébrait la nouvelle année avec environ deux semaines de retard. Ce n’est qu’en 1919 que la Russie a finalement opté pour le calendrier européen. Aujourd’hui, les Russes célèbrent le Nouvel An deux fois : le 1er janvier et 13 jours plus tard.
Personne ne sait vraiment comment la tradition de décorer le sapin est arrivée en Russie.
Personne ne sait vraiment comment la tradition de décorer le sapin est arrivée en Russie. En Europe, cette pratique n’est pas si ancienne. Avec l’arrivée du christianisme, l’ancienne coutume consistant à décorer les arbres de rubans est devenue un rite païen. Il aura fallu attendre le début du 17ème siècle pour que cette tradition fasse son retour en Alsace. Selon une des versions de l’histoire, elle a été introduite en Russie par la fiancée de l’empereur Nicolas Ier, la princesse prussienne Charlotte, au tout début du 19ème siècle. Mais d’après une autre légende, ce sont les migrants allemands qui ont instauré cette pratique dans les années 1840. Quoi qu’il en soit, cette coutume est arrivée en Russie d’Allemagne et s’est répandue dans tout le pays. Le Russie est probablement l’État où l’on vend le plus de sapins avant le Nouvel An. Presque chaque maison en arbore un, vrai ou faux.

La recette du Nouvel An est le filet de sandre marinés
Les sapins ont toutefois été interdits pendant toute une période de notre histoire car ils étaient considérés comme faisant partie d’une tradition païenne. En 1916, durant la Première Guerre mondiale, le Saint-Synode de l’Eglise orthodoxe russe a proscrit cet usage amené par les Allemands . La révolution allait éclater un an plus tard. Les Bolchéviques, qui s’étaient emparés du pouvoir en Russie, préconisaient l’athéisme et luttaient contre l’Eglise sur toutes les questions. Sauf une ! Ils soutenaient en effet l’interdiction du sapin. Cela dit, si le clergé s’élevait contre une coutume de l’ennemi, les Bolchéviques estimait qu’il s’agissait d’un attribut de la fête religieuse de Noël.
Ce n’est que 10 ans plus tard, en 1928, que le sapin a de nouveau été autorisé. Et l’année suivante, toute l’économie planifiée de l’État travaillait autour de cet arbre : une usine de lampes électriques s’est mise à produire des boules pour les fêtes, une usine moscovite spécialisée dans les câbles a commencé à fabriquer des étoiles à placer aux sommets des sapins, etc. Les étoiles de Bethléem avaient néanmoins été remplacées par les étoiles soviétiques à cinq branches. Dans les années 60, l’URSS a vu débarquer en masse les sapins en nylon. L’avantage était que leurs aiguilles ne tombaient pas. Ils présentaient cependant un inconvénient de taille : ils ne donnaient pas la sensation de fêtes.

En Russie, le Nouvel An possède une caractéristique unique. Ce n’est pas le Père Noël qui distribue les cadeaux aux enfants, comme c’est le cas dans beaucoup d’autres pays, mais Ded Moroz Grand-Père Gel en français. Ce personnage est lié au caractère laïc de la fête, réanimé en 1928. Chez nous, les protagonistes sont le personnage du folklore russe Ded Moroz et sa petite-fille Snegourotchka, et non un saint quelconque. Il se différencie peu du Père Noël en apparence, si ce n’est que sa barbe est plus longue et qu’il parle russe.

Nostalgie des décorations soviétiques de Noël

La Russie est passée tardivement au calendrier grégorien, raison pour laquelle le Nouvel An est divisé en deux parties. Depuis longtemps, la Russie fête deux fois la nouvelle année : du 31 décembre au 1er janvier et du 13 au 14 janvier. Même si l’ancien se fête de moins en moins au point qu’il est sur le point de disparaître, on montre encore régulièrement des films et rediffusons de concerts de fin d’année durant cette période.
L’ancien Nouvel An permet d’ailleurs d’étendre les fêtes sur deux semaines, voire plus. Jugez par vous-même. On peut commencer les célébrations le 25 décembre à Noël, avant d’entamer le Nouvel An le 1er janvier. Arrivent ensuite le Noël orthodoxe le 7 janvier, et enfin l’ancien Nouvel An le 14 décembre. La salade olivier et le soviétskoïe champanskoïe, vin pétillant russe, produits cultes, aident le pays à tenir la distance.
La salade olivier, composée de dés de légumes et d’autres aliments mélangés dans de la mayonnaise, a longtemps été considérée comme une spécialité française.
Mais lorsque le rideau de fer est tombé et que la population a commencé à se rendre dans l’Hexagone, elle a découvert avec étonnement que les Français ne connaissaient pas cette salade. Ce mets a en réalité été inventé en 1860 par le Belge Lucien Olivier, chef cuisinier du restaurant moscovite Ermitage.
Quant au soviétskoïe champanskoïe, champagne soviétique en français, il se fait désormais plus rare pour des raisons évidentes. Le champagne ne peut être produit que dans la région de la Champagne. Et si auparavant, on violait souvent les conventions internationales, on ne rencontre désormais plus l’expression « soviétskoïe champanskoïe » en caractères latins. Et même en russe, on le retrouve assez rarement sur les étiquettes. Il s’agit maintenant d’un simple vin mousseux.


Les premiers pays habités qui fêteront la nouvelle année sont :


Kiritimati, Christmas Islands, Kiribati

Passeront les premiers en 2014

L’île Christmas Christmas Island en anglais, Kiritimati en gilbertin est un atoll de l'océan Pacifique appartenant à la République des Kiribati. Située sur le fuseau horaire UTC+14, c'est le premier endroit habité à commencer un jour civil
Kiritimati est le nom écrit de l'île Christmas en gilbertin, langue locale. Il s'agit de la simple translittération de l'anglais Christmas, en français Noël, prononcée. Ce toponyme figure toutefois dans la constitution du 12 juillet 1979 comme une alternative graphique au nom anglais.


Les derniers a fêter le nouvel an seront :

L'île Aleutian de la chaîne d' Alaska.

En tenant compte de la ligne internationale de la date, International Date Line (IDL) qui va du nord au sud qui passe dans l'océan pacifique un peu a l'ouest d'hawaii. Donc techniquement c'est l'antartique qui devrait célébrer le premier la nouvelle année mais c'est une terre presque pas habitée et ce sont les îles Kiritimati, Christmas Islands, Kiribati qui commenceront la fête..

Le nouvel an traditionnel chinois, a une particularité,en effet, tout comme les calendriers traditionnels des civilisations précolombiennes le calendrier chinois est un calendrier lunaire et non solaire comme celui de l'occident.
Cependant maintenant, la Chine comme le monde entier, pour des raisons d'unification des communications et surtout d'économie, adopte le calendrier en cours dans le reste du monde à savoir le calendrier grégorien, qui fixe le premier jour de l'année au 1 Janvier, et compte 365 jours divisés en 12 mois.


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http://youtu.be/QWmqkEFFcMU Nuit et jour sur la terre
http://youtu.be/-j8Ws5UGuAc

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#144 Gustave Eiffel
Loriane Posté le : 15/12/2013 00:52
Le 15 décembre 1832 à Dijon naît Alexandre Gustave Eiffel né Bönickhausenet

mort le 27 décembre 1923 à Paris, est un ingénieur, un industriel français et un franc-maçon, ayant notamment participé à la construction de la statue de la Liberté à New York et de la tour Eiffel à Paris.

Son nom, Eiffel, fut ajouté par un ancêtre allemand de Rhénanie, qui s'installa à Paris au début du XVIIIe siècle, car les Français ne pouvaient pas prononcer son nom de famille réel, Bönickhausen. De plus, ce nom avait "une consonance allemande qui inspire des doutes sur sa nationalité française, et ce simple doute est de nature à lui causer soit individuellement, soit commercialement, le plus grand préjudice" . Il choisit donc ce nom car son lieu de naissance était dans la région allemande de l'Eifel, à Marmagen. Gustave Bönickhausen dit Eiffel substitua ainsi à son patronyme le nom d'Eiffel par un jugement du tribunal de première instance de Dijon du 16 décembre 1880.
Gustave Eiffel est né dans un milieu aisé ; son père, Alexandre Eiffel, officier, engagé dans les armées napoléoniennes en 1811, devint secrétaire de l'intendance militaire de Dijon, où il épousa en 1824 une femme d'affaires entreprenante, Catherine Moneuse. Celle-ci a investi dans le négoce du bois et de la houille et s'est constitué une solide fortune personnelle. En 1843, Eiffel entre au collège Sainte-Barbe avant d'être admissible à l'École polytechnique, mais surtout admis en 1852 à l'École Centrale des Arts et Manufactures à Paris. Il y effectue ses études d'ingénieur et en obtient le diplôme en 1855. Gustave Eiffel, réside à Clichy dans les Hauts-de-Seine à partir de 1856.

Débuts

La statue de la Liberté à New York États-Unis
Après s'être employé pendant quelques mois à la poudrerie de Châtillon-sur-Seine puis à la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest, Eiffel fait la rencontre, en 1856, de Charles Nepveu, entrepreneur qui s'est spécialisé dans la construction métallique qui, grâce aux progrès de la métallurgie, connaît à cette époque une grande diffusion. Résistant, léger et facile à manipuler, ce matériau est bien souvent préféré à la pierre par souci d'économie. Le jeune ingénieur fait bientôt la preuve de ses talents. Sa première grande réalisation fut la passerelle Eiffel à Bordeaux en 1858 en collaboration avec Paul Régnauld, chantier dont il assume, à vingt-six ans, la direction. Gustave Eiffel utilise alors la technique de fondation à l'air comprimé lors de l'exécution des piles tubulaires. Or Gustave Eiffel est l'auteur d'une étude : Le fonçage par pression hydraulique des piles concernant cette nouvelle technique. Le succès de l'entreprise, qui doit relier la Compagnie des chemins de fer du Midi à la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans, lui assure une première renommée. Au début des années 1860, sa collaboration avec Paul Régnauld l'amène à réaliser la Passerelle Saint-Paul et l'Observatoire Sainte-Cécile à Arcachon.
En 1862, à 30 ans, il se marie avec Marguerite Gaudelet, qui a 18 ans. Le couple aura cinq enfants, trois filles et deux garçons, nés entre 1863 et 1873. Sa femme meurt en 1877, à l'âge de 32 ans.

Premiers succès

Le premier grand chantier de Gustave Eiffel est, en 1858, le pont ferroviaire de 500 mètres de long de Bordeaux dont il assure à 26 ans seulement la direction des travaux - une prouesse technique sur une rivière aussi large, qui lui permet de tester toute une série d'innovations qui feront sa force par la suite.
Eiffel, fort de ses premières expériences réussies, décide de fonder sa propre société. En 1866, il fait l'acquisition des Ateliers Michwell de constructions métalliques, à proximité de Paris, à Champigny-le-Sec, alors dans l'ancien département de la Seine.
L'entreprise emporte alors plusieurs grandes commandes d'édification de viaducs et de bâtiments à structure ou charpentes métalliques. Pour ce faire, il n'hésite pas à parcourir l'Europe entière.
Le talent de l'ingénieur centralien, sa vivacité à saisir toute nouvelle idée ou projet, mais aussi sa grande capacité à s'entourer de brillants collaborateurs, contribuent au succès de la société Eiffel : Théophile Seyrig en 1868, Émile Nouguier à partir de 1875, Maurice Koechlin à partir de 1879, etc. Maurice Koechlin sera d'ailleurs à l'origine en 1881 de la conception de l'armature de fer de la statue de la Liberté, dessinée par Bartholdi et inaugurée à New York en 1886.

Hangars, gares et galeries

Édifices construits par les ateliers Eiffel :
la Galerie des Machines pour l'Exposition universelle de Paris en 1867 ;
la Gare de Budapest-Nyugati (« Gare de l'Ouest ») à Pest (Budapest) en Hongrie en 1875 ;
la charpente du lycée Carnot à Paris ;
les vinaigreries Dessault à Orléans ;
le dôme de l'Observatoire astronomique du mont Gros à Nice et les Ateliers Berthier à Paris, en collaboration avec Charles Garnier, architecte de l'Opéra de Paris, ainsi que d'autres salles d'opéra (Nice, Monaco) ;
la Casa de Hierro de Iquitos ;
les charpentes métalliques et les verrières du siège central du Crédit lyonnais à Paris ;
la gare routière à La Paz, en Bolivie ;
église de Santa Barbara, Santa Rosalía, Mexique ;
charpente de la poste centrale de Saïgon (aujourd'hui Hô-Chi-Minh-Ville), Viêt Nam.
Gare de l'Ouest Budapest (Hongrie).
L'observatoire de Nice (France).
Le viaduc Maria Pia (Portugal).
La rivière des Parfums à Huế (Viêt Nam).
Le viaduc de Garabit, situé près de Ruynes (France).
Le rocher de la Vierge, à Biarritz (France).
Le pont-canal métallique de Briare (France).
Pont, Cuenca Espana Cuenca (Espagne).
Ponts et viaducs
Pont du Vecchio (Venaco)
Pont Trang Tien (anciennement pont Clemenceau) à Hué au Viêt Nam
Pont Gustave Eiffel à La Seyne-sur-Mer

Puis il se lance dans la conception de structures métalliques pour des ponts :

Pont de Frynaudour sur le Leff et reliant les communes de Quemper-Guézennec et Plourivo (Côtes-d'Armor). Voir aussi le descriptif de la Gare de Frynaudour.
Pont du château de Kermezen sur la commune de Pommerit-Jaudy (Côtes-d'Armor).
Viaducs de Neuvial et de Rouzat pour la ligne de chemin de fer Commentry -Gannat en 1869 : il y crée des jambes de forces incurvées, à l'instar de la future tour Eiffel.
Pont métallique de Gérone en Catalogne.
Pont Maria Pia sur le Douro au Portugal, 1877. Son projet fut à la fois le plus léger, le moins cher et le plus audacieux. Cette réalisation assoit définitivement sa réputation en France comme à l'étranger puisqu'il remporte ce concours international en mai 1875 face à de grands groupes métallurgiques (les français Fives-Lille, Ernest Goüin et Cie et un groupe anglais).
Pont Eiffel à Viana do Castelo (Portugal), 1878 : viaduc rail-route à double tablier, long de 562 m.
Pont de Cubzac sur la Dordogne (Gironde), 1879 : pont-route en poutre en treillis.
Pont Gustave Eiffel à Toulon.
Viaduc de la Souleuvre dans le Calvados.
Pont Long Bien à Hanoï (Viêt Nam).
Pont Clemenceau (aujourd'hui pont Trang Tien) qui enjambe la rivière des Parfums à Huế (Annam, aujourd'hui Viêt Nam).
Viaduc de Garabit, 1884. L'achèvement de ce viaduc, situé dans le Cantal, lui assure une énorme renommée. L'arc de cent soixante-cinq mètres de portée qui soutient le tablier du pont constitue un record du monde, absolu en ce domaine. De plus, celui-ci est élevé à cent vingt-deux mètres de hauteur. En fait, l'avant-projet est de Léon Boyer. Il figura sur le dernier billet de 200 francs, consacré à Eiffel.
Viaduc Eiffel sur la ligne Paris - Mantes par Conflans sur l'Oise : pont métallique construit par la Société Gustave Eiffel pour la partie « caisson poutrelle » en 1892. Dynamité par les Français le 13 juin 1940, reconstruit provisoirement par les Allemands en 1941-42, il est définitivement cassé en deux parties irrécupérables par une seule bombe bien placée en mai 1944, très certainement par le pilote Pierre Clostermann aux commandes d'un chasseur-bombardier britannique. Il a été reconstruit en 1947 pour le compte de la SNCF.
Viaduc de Thouars : pont de chemin de fer au-dessus de la rivière le Thouet.
Pont ferroviaire Eiffel sur le Vecchio à Venaco (Haute-Corse), 1890 à 1894.
Le pont qui permet l'accès au Rocher de la Vierge à Biarritz, quelques mètres au-dessus de l'océan Atlantique.
Il participe à la construction du magnifique pont-canal de Briare (1896), conçu par l'ingénieur Léonce-Abel Mazoyer, mais pour la construction des 14 piles en maçonnerie, et non pour la cuvette métallique qui est fabriquée par les établissements Daydé & Pillé de Creil.
Le pont sur l'Escaut à Tamise (Belgique).
Pont ferroviaire sur la Siagne, sur la ligne Nice-Meyrargues, construit ensuite par l'ingénieur Jules Rival15.
Pont ferroviaire de Capdenac-Gare, construit en 1860-1861, toujours en service.
Pont ferroviaire d'El Ourit à Tlemcen (Algérie).
Passerelle de l'Avre sur la Seine, entre le Bois de Boulogne à Paris et Saint-Cloud. Cette passerelle piétonne fait partie de l'Aqueduc de l'Avre.
Le pont Skenderija sur la Miljacka à Sarajevo (Bosnie-Herzégovine) construit en 1893

Tour Eiffel L'inventeur d'Une Œuvre

Sans la Tour, le nom de Gustave Eiffel serait probablement demeuré ignoré, comme ceux de nombreux autres constructeurs aussi talentueux mais moins en vue. Cette construction se situe à l'articulation des deux périodes de sa vie, celle de l'ingénieur et celle du savant. Elle marque la fin et l'aboutissement de la première – toutes ses réalisations antérieures à 1889 apparaissent en effet, a posteriori, comme préparatoires à son édification – mais constitue aussi le début et le support de la seconde. De sorte que Gustave Eiffel, auteur d'une œuvre bâtie considérable, reste, pour le grand public, comme l'inventeur d'Une Œuvre.


Gustave Eiffel est surtout connu pour la tour Eiffel, construite en 1887-1889 pour l'exposition universelle de 1889 à Paris, ville dont elle est devenue le symbole.

L'ambition de réaliser une tour « haute de plus de mille pieds » taraude l'esprit des plus audacieux architectes dans le monde entier. Mais ceux-ci se heurtent à d'innombrables problèmes techniques. Ainsi, en 1885, s'achève difficilement la construction en maçonnerie de l'obélisque de Washington, haut de 169 mètres, et l'immeuble Chrysler est encore dans les limbes... Mais « l'idée d'une tour monumentale hante les airs »... En 1874, Clarke et Reeves prétendent élever à Philadelphie une tour de plus de 914 mètres, qui ne voit pas le jour. En France, Bourdais et Sébillot conçoivent une colonne en maçonnerie de 300 m de haut, irréalisable selon les connaissances technologiques de l'époque. Les difficultés sautent aux yeux, mais ce rêve de tour hante nombre d'architectes de l'époque, sans succès.
En France, après la défaite de Sedan et la perte de l'Alsace-Lorraine, la République renaissante et encore fragile a besoin pour marquer le centenaire de la Révolution de 1789 d'un coup d'éclat.Dès 1878, le gouvernement de Jules Ferry envisage l'organisation d'une grande Exposition universelle dont l'inauguration est fixée au 5 mai 1889.
Alors que ce projet est définitivement adopté en 1883, deux ingénieurs de l'entreprise Eiffel, Émile Nouguier et Maurice Koechlin, ont l'idée d'une tour métallique. Parmi leurs sources d'inspiration, il faut rappeler la Galleria Vittorio Emanuele II de Milan. Leur ébauche, mise en forme le 6 juin 1884, s'embellit avec la collaboration de l'architecte Stephen Sauvestre, qui affine et décore l'édifice.
Projet de tour métallique de mille pieds de haut à construire en centre-ville
D'abord réticent, Gustave Eiffel s'approprie l'idée de ses collaborateurs (Maurice Koechlin) en rachetant le brevet déposé le 18 septembre 1884.
Il s'agit maintenant pour lui de vendre sa tour. C'est sous le label ci-dessus qu'il la propose d'abord au maire de Barcelone — où doit bientôt se tenir une autre exposition universelle —, qui refuse, jugeant le projet « peu réaliste et surtout beaucoup trop onéreux ».

Pour éviter un nouvel échec, l'entrepreneur comprend qu'il doit rendre son projet crédible aux yeux des édiles, mais aussi de l'opinion publique. Il se démène alors comme un beau diable, dépensant des fortunes en articles de presse, publicité et relations publiques (notamment auprès d'Édouard Lockroy, ministre du Commerce et commissaire général de l'exposition).
Son projet, qui fait l'unanimité, l'emportera finalement sur tous les autres candidats, le 1er mai 1886, ce qui permet à l'ingénieur de signer une convention avec le gouvernement, le 8 janvier 1887. Cet acte en précise le financement et l'emplacement, en bord de Seine — dans l'axe du pont d'Iéna — autrement dit au centre de la capitale. L'homme a une réputation excellente, il sait s'entourer d'hommes remarquables, comme Émile Nouguier et Maurice Koechlin. C'est un bourreau de travail, un homme respecté (à Bordeaux, il a sauvé un ouvrier de la noyade en se jetant dans le fleuve). Il va vite et loin avec des idées neuves et simples. Enfin, et surtout, il avance de sa poche 80 % des frais des travaux, estimés à 8,5 millions de francs or. Les autorités lui accordent une concession de vingt ans, à dater du 1er janvier 1890, au terme de laquelle la tour reviendra à la ville de Paris.
Le chantier s'ouvre le 28 janvier 1887. On creuse des entonnoirs dans le Champ-de-Mars pour recevoir les maçonneries des piliers, on assèche le terrain. On pose « 4 fameux vérins hydrauliques », bref on invente des solutions à chaque étape. Tous les éléments sont préparés à l'usine de Levallois-Perret puis transférés sur le site.
Le projet de construction de la Tour suscita d'ardentes hostilités. Dès le premier coup de pioche, en janvier 1887, une « Protestation des artistes » contre son édification est signée des noms les plus remarquables : Charles Gounod, Charles Garnier, Victorien Sardou, Alexandre Dumas fils, François Coppée, Sully Prudhomme, Leconte de Lisle, Guy de Maupassant, Huysmans... « Méfions-nous des grands hommes », aurait dit alors Eiffel.
Le 28 janvier 1887, les travaux commencent, et, bientôt, les Parisiens assisteront, mi-hébétés mi-émerveillés, à la majestueuse élévation de l'édifice, au « rythme incroyable » de douze mètres par mois. Sur le chantier, ne s'effectue que l'assemblage des éléments de la Tour. Ceux-ci sont dessinés et fabriqués dans les ateliers Eiffel, à Levallois, près de Paris. L'entrepreneur, qui surveille jour et nuit l'avancement des travaux, doit cependant faire face à une grève retentissante des ouvriers du chantier, ceux-ci réclamant, vu leurs conditions de travail risquées, une augmentation de salaire.

Construction de la tour Eiffel Le triomphe

Eiffel, qui n'a plus qu'une idée en tête, accepte et octroie des salaires exorbitants (pour l'époque). Le 14 juillet 1888, le deuxième étage est atteint ; le 31 mars 1889, le troisième étage est terminé. « Stupéfiante prouesse technique, remarquable rapidité d'exécution » (26 mois) permettent à la tour, « la plus haute du monde » (depuis celle de Babel, rajoutent les mauvaises langues) d'être inaugurée, deux ans plus tard, le 31 mars 1889. Il n'y aura ni mort ni blessé grave au cours de la construction.[réf. nécessaire]
Eiffel, qui a respecté les délais impartis, reçoit la Légion d'honneur (distinction rare à l'époque). À partir du 15 mai suivant, le monument est ouvert au public qui se déclare émerveillé non seulement par la vue mais aussi par les ascenseurs hydrauliques « ultra rapides » et tout à fait novateurs. Et, en moins de six mois, jusqu'à la clôture de l'Exposition universelle, le 6 novembre suivant, la tour recevra deux millions de visiteurs. C'est l'absolu succès, à la mesure des polémiques suscitées auparavant. Citons quelques extraits de la presse d'alors : « À peine finie, la tour s'écroulera et tuera des milliers de Parisiens. » « Arrivés au sommet, les visiteurs seront asphyxiés. » « Le tout s'enfoncera sous terre créant un véritable cataclysme. »

Qu'importe, 1889 sera pour Eiffel, l'année du triomphe et l'apogée de sa double carrière d'ingénieur et d'entrepreneur.

La tempête

Fort de ce succès, Eiffel s'engage aussitôt dans la construction des écluses du canal de Panama. En effet, le percement du canal n'avance pas et Ferdinand de Lesseps abandonne l'idée d'un canal au niveau de la mer et se range à l'idée d'Eiffel de constructions de grandes écluses. Mais en 1893, la Compagnie, placée sous la présidence de Lesseps, est éclaboussée par un énorme scandale financier lié, entre autres, à la corruption de parlementaires chargés d'étouffer, face à l'opinion, la quasi-banqueroute de la société.
Le scandale de Panama est immense. De nombreux petits porteurs sont ruinés. Gustave Eiffel, même s'il n'a agi que comme contractant pour le compte de la Compagnie, et a scrupuleusement rempli ses engagements, est poursuivi à son tour — l'opinion veut que des têtes tombent. Il est condamné en première instance à deux ans de prison et à 20 000 francs d'amende. Ce jugement est cassé par la Cour de cassation grâce à la brillante défense de son avocat, Pierre Waldeck-Rousseau, qui, le mettant hors de cause, lui permet d'être réhabilité.
Mais l'affaire continue à le poursuivre. Dans plusieurs villes, y compris dans sa ville natale de Dijon, on débaptise les rues portant son nom. L’Assemblée Nationale fait même pression sur le Conseil de l’Ordre pour retirer à Gustave Eiffel sa Légion d'honneur. Tout comme la Justice, le Conseil de l’Ordre ne trouva rien à reprocher à l’honneur de Gustave Eiffel et ira jusqu’à démissionner en bloc, un cas très rare dans son histoire, pour protester contre ces accusations infondées et les pressions politiques exercées à son encontre.
Innocenté mais profondément blessé par l’affaire de Panama, Gustave Eiffel se retire alors des affaires pour se consacrer à ses travaux scientifiques de météorologie et d’aérodynamisme. Il s'occupe également de la pérennité de « sa Tour ». Or celle-ci n'est pas assurée, Eiffel n'en possède la jouissance que jusqu'en 1910 ; de plus, la visite en est boudée par le public qui se presse de nouveau à Paris pour l'Exposition de 1900. La tour Eiffel est passée de mode. Il lui préfère le tout nouveau métropolitain dû à un autre ingénieur Fulgence Bienvenüe et surtout le trottoir roulant « rue de l'Avenir » qui passent tous deux à proximité.


Eiffel s'acharnera à en démontrer l'utilité. Il fera installer un laboratoire météo à son sommet en 1898 puis, quelques années plus tard, en 1901, un émetteur permanent de TSF. Il se sent obligé de trouver toutes sortes d'utilités scientifiques à la Tour : mesures de radioactivité, analyse de l'air, expérience du pendule de Foucault, etc. « Elle ne sera pas simplement un objet de curiosité pour le public, soit pendant l'Exposition, soit après, mais elle rendra encore de signalés services à la science et à la Défense nationale. »
Eiffel et les nouvelles technologies

Mais, plus que la TSF, encore balbutiante (et en attendant la télévision), c'est en fait l'avènement de l'aviation et l'intérêt stratégique que lui portent désormais les militaires français qui sauve définitivement le monument du démantèlement qui le menaçait (déjà quelques ferrailleurs lui avaient fait des propositions écrites). « Cette tour présente un intérêt stratégique pour la Défense nationale », finit par déclarer le général Ferrié.
L'ingénieur, qui mise d'emblée sur l'avenir du « plus lourd que l'air », se lance dans des travaux d'aérodynamique, spécialité à laquelle il s'est précédemment intéressé lors de la construction de la tour. Il utilise d'ailleurs la tour pour réaliser des expériences sur la chute libre. En 1909, il installe une première soufflerie au Champ-de-Mars, puis en 1912, une deuxième à Auteuil, dans la très proche banlieue.
Dans ce laboratoire, il conçoit une soufflerie qui lui permet de confirmer ses résultats avec ses expériences sur la chute libre, avec très bonne précision. Il démontre expérimentalement dans ce laboratoire le principe de mouvement relatif : les forces exercées sur un corps au repos dans un courant sont égales aux forces que subit un corps qui se meut à la même vitesse dans l'air au repos. La conception de cette soufflerie inspire celles qui sont utilisées de nos jours.
Pendant la Première Guerre mondiale, Eiffel poursuit ses recherches sur les hélices, la voilure mais aussi sur les projectiles.
Ses travaux aboutissent en 1917 à la conception d'un avion de chasse monoplan. Après le conflit, il fait don de toutes ces installations à l'État, en 1921.
Retentissement dans les arts

Anecdotes

L'escroc Victor Lustig vendit par deux fois la tour Eiffel à des ferrailleurs.
On lui attribue cependant à tort certains ouvrages métalliques comme le viaduc ferroviaire de Busseau, près d'Ahun, dans la Creuse, qui a été construit par les ingénieurs Lyod et Nordling de la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans.
De même, contrairement à une idée répandue, on ne doit pas à Eiffel la construction du pont-canal métallique de Barberey-Saint-Sulpice, près de Troyes, que d'aucuns appellent « pont Eiffel » ou « pont genre Eiffel ». En effet, lors de la mise en service de cet ouvrage, en 1846, le jeune Gustave n'a que 14 ans. Il est dû en fait à l'ingénieur Pierre-Olivier Lebasteur.
Gustave Eiffel héros de bande dessinée dans l'album Louis la Lune d'Alban Guillemois (2006).
L'informaticien Bertrand Meyer, concepteur du langage Eiffel l'a nommé en référence à l'ingénieur français, et notamment par rapport à la construction de la tour Eiffel qui s'est déroulée dans les délais et dans les limites du budget. Cette référence se veut un clin d'œil à la philosophie du langage Eiffel qui prône de saines pratiques lors du développement de grands projets logiciels.
Le groupe de rock The Pixies lui rendent hommage dans une chanson intitulé Alec Eiffel.
Décès

Alexandre Gustave Eiffel meurt le 27 décembre 1923 à 91 ans dans son hôtel particulier de la rue Rabelais à Paris et est enterré le 31 décembre avec sa famille au cimetière de Levallois-Perret, avec tous les honneurs.
Protection de l'héritage de Gustave Eiffel

De nombreux ouvrages de Gustave Eiffel sont menacés et certains ont été détruits, comme au Viêt Nam. Menacé de destruction, le pont ferroviaire de Bordeaux (dit aussi « passerelle Saint-Jean »), premier ouvrage de Gustave Eiffel en tant que maitre d'œuvre, a fait l'objet d'une forte campagne de mobilisation. Ces démarches, entreprises dès 2002 par l'Association des Descendants de Gustave Eiffel et poursuivies ensuite à partir de 2005 par l'Association Sauvons la Passerelle Eiffel, ont permis en 2009 de faire inscrire le pont aux Monuments Historiques et finalement en 2010 de le faire classer21. Il est actuellement au centre d'un grand projet de rénovation urbaine de la ville de Bordeaux.
Numismatique

Le billet 200 francs Gustave Eiffel (1995-2000).

Filmographie

La Légende vraie de la tour Eiffel, docu-fiction de Simon Brook, France. 2005.
Sur les traces de Gustave Eiffel, documentaire de Charles Berling, France. 2009.
Les Secrets de la Tour Eiffel (racontés par Michel Chevalet). Documentaire, DVD Zone 2 - Pal.
La Tour Eiffel - Les merveilles du génie humain. Documentaire, DVD Zone 2 - Pal.
Les plus grands monuments du monde - La Tour Eiffel. Warner Vision France, juillet 2005. Tourisme, DVD Zone 2 - Pal.

Liens

http://www.culturclub.com/circus/jdp_ ... erie_entretien-video.html
http://youtu.be/1U8jPjMQhos la légende vraie de la tour Eiffel
http://youtu.be/4b6r6v67cic gustave Eiffel vu du canada
http://youtu.be/m_uteaIo5Dc Les coulisses de la tour eiffel
http://youtu.be/TgRxy9_Vg7g les stades de la construction
http://youtu.be/Cz4-VkwOYjI la statue de la liberté
http://youtu.be/zspzrcbjybs le viaduc de Garabit de G. Eiffel
http://youtu.be/kL8xA3-DLBU Paris et la tour Eiffel
http://youtu.be/lasm1gGmck4 exposition universelle 1900



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#145 L'Ordre du Temple Solaire(OTS)
Loriane Posté le : 14/12/2013 15:58
Le 15 Décembre 1995, dans la nuit, l'Ordre du temple solaire (OTS)

au trou de l'enfer dans le vercors, sacrifie treize adultes, dont 3 enfants, ce sera le deuxième et avant dernier massacre de cette secte aux ramifications internationales.

Ordre du Temple solaire

L'Ordre du Temple Solaire (OTS), d'abord appelé Ordre International Chevaleresque de Tradition Solaire, était un groupe ésotérique néo-templier fondé en 1984 à Genève par Luc Jouret et Jo di Mambro à la suite de la Fondation Golden Way de ce dernier. Ce faux-ordre est principalement connu pour des affaires d'assassinats ou de suicides collectifs en France, en Suisse et au Canada ayant fait en tout 74 victimes en 1994, 1995 et 1997 et pour les controverses qui ont suivi. L'affaire a été un facteur majeur du durcissement de la lutte contre les sectes en France.
L'OTS est considéré comme une secte par le rapport de la commission d'enquête parlementaire de 1995.

Les protagonistes

Luc Jouret 1947, ex-Congo belge - 1994, Salvan, Suisse est diplômé en médecine à l'Université libre de Bruxelles en 1974, il se spécialise en homéopathie qu'il exercera plus ou moins régulièrement quinze ans durant. Il s'intéresse parallèlement à des thérapies alternatives macrobiotique, iridologie et prend parti pour les guérisseurs à mains nues philippins qu'il a rencontrés à Manille à plusieurs reprises. Après avoir pris la succession du Grand Maître de l'Ordre Rénové du Temple (ORT), en 1983, Luc Jouret en est expulsé en 1984.
Joseph Di Mambro dit Jo di Mambro (19 août 1924 à Pont-Saint-Esprit dans le Gard en France - 5 octobre 1994 à Salvan, canton du Valais en Suisse) a été bijoutier et a a fait 6 mois de prison pour escroquerie4. Dans les années 1950, Di Mambro commence à pratiquer le spiritisme. Avant l’OTS, il fréquente un groupement successeur du service d’action civique (S.A.C ), fondé par Charles Pasqua.
Michel Tabachnik, né le 10 novembre 1942 à Genève en Suisse, est un chef d'orchestre et compositeur Suisse de renommée internationale.

Fondation

En 1977, Jo di Mambro rencontre Michel Tabachnik, passionné de philosophie, d'ésotérisme et de spiritualité. Les deux hommes décident de créer l'année d'après à Genève la Fondation Golden Way5. En 1981, Michel Tabachnik en devient le président.
Après avoir créé en 1982, le Club Amenta, qui devint Atlanta7, Luc Jouret, à la mort de Julien Origas, leader d'un certain Ordre rénové du temple qui avait été créé avec des anciens rosicruciens de l'AMORC, lui succède en 1983, ce qui provoque immédiatement une scission d'où va naître l'Ordre chevaleresque international tradition solaire dont il prend alors la direction.
En 1984, les trois hommes fondent l'Ordre du Temple solaire9 en mêlant divers principes des structures précédentes.

Historique

Avant les massacres

Selon Françoise Champion, sociologue, ce groupe a une « filiation templière bricolée ». Jean-François Mayer décrit certaines croyances du groupe, telles que les notions de « transit »(voyage de l'âme vers une autre planète, par le biais du suicide, notion similaire à celle du groupe Heaven's Gate) ou l'importance de « transporter le germe de vie sur une autre planète », comme les causes de la dérive ultérieure. Une bonne part des concepts et principes de l'Ordre étaient inspirés des écrits « hermétiques » de Tabachnik, « Les Archées » Les objectifs affichés du groupe étaient :
Reconnaître et rassembler une élite spirituelle afin de la préparer, par l'étude des Hautes Sciences, à participer à des Travaux en vue de perpétuer la Conscience UNE et la VIE dans le temps et l'espace.
Prendre une part prépondérante et active à l'édification des Centres de Vie.
Former à travers le monde une chaîne de fraternité véritable, au service des forces positives et du Temple unifié, constitué par l'Ordre TS.
La hiérarchie de l'Ordre est absolue. Les cérémonies rituelles auraient été mises en scène par un membre du nom de Tony Dutoit16. Selon les termes du jugement rendu en 2001 pour Michel Tabachnik, les lieux de culte ont été le « théâtre d'apparitions et de manifestations perçues comme surnaturelles au cours de cérémonies rituelles (...) De nombreux témoins ont rapporté avoir vu (...) des matérialisations d'objets ou de personnages ». Une ancienne adepte déclare avoir assisté à « l'apparition de Maîtres, du Saint-Graal, de l'épée Excalibur, des douze apôtres et même du Christ ».

La naissance de « l'enfant cosmique »

Dominique Bellaton, jeune femme toxicomane qui aurait été recherchée par des proxénètes cherchant à l'assassiner, s'intègre à l'Ordre à la demande de ses parents. Di Mambro a rapidement le projet d'en faire la mère porteuse de « l'enfant cosmique ». Une cérémonie dans la crypte de l'Ordre, avec effets spéciaux (une épée touche le ventre de la jeune femme devant l'assistance et un éclair de lumière surgit), contribue à confirmer aux membres les pouvoirs surnaturels des dirigeants. Di Mambro appelle son rituel : « conception théogamique », une conception sans rapport sexuel, alors que dans la réalité, Dominique est sa maîtresse et qu'elle est enceinte depuis quelques semaines. Emmanuelle naîtra le 22 mars 1982. Elle et sa mère Dominique sont mortes lors du premier massacre à Salvan.

Octobre 1994 : 1er massacre

Le 30 septembre 1994, au Québec, au 199 chemin Belisle à Morin Heights18, 3 personnes sont retrouvées assassinées et deux suicidées (les meurtriers des trois premières) dans un chalet ensuite incendié, comme les autres lieux avec des dispositifs de mise à feu commandés par téléphone.
Le 5 octobre 1994, en Suisse, 25 personnes sont retrouvées mortes au lieu-dit « les roches de cristal » à Salvan, en Valais, et 23 à la ferme de « la rochette » à Cheiry, dans le canton de Fribourg. Les victimes étaient, dans la plupart des cas, « revêtues d'une cape rituelle blanche, noire ou dorée, selon le degré d'initiation atteint ». À Salvan, il se révèle qu'il a été injecté aux victimes (ou qu'elles se sont injectées elles-même) un poison à base de curare, d’opioïde et de benzodiazépine. À Cheiry, 20 victimes sont mortes d'une ou plusieurs balles dans la tête, 2 étouffées par un sac plastique autour de leur tête et une autre probablement de la même manière. En Suisse, c'est le juge d'instruction de Fribourg, André Piller qui est chargé de l'affaire. L'affaire se présentant selon lui comme un suicide collectif flagrant, sans indice à rechercher, il ordonne la destruction des lieux « pour ne pas choquer les croyants ni attirer les curieux », une décision qui soulèvera des controverses.
Thierry Huguenin, ancien membre de l'OTS qui avait alors quitté le groupe, témoigne avoir été appelé 4 octobre à Salvan sur la promesse que de l'argent qui lui était dû lui serait rendu ce jour-là. Mais, pressentant un danger, il aurait quitté les lieux. Il explique ensuite qu'il pense que le projet était de l'assassiner avec les autres afin d'atteindre le nombre de 54 victimes, en rapport avec les 54 chevaliers de l'Ordre du Temple exécutés sur le bûcher le 18 mars 1314 sous le règne de Philippe IV le Bel.
Le matin du 5 octobre, 300 plis destinés aux médias, à d'autres adeptes et à plusieurs personnalités politiques ou publiques, dont Charles Pasqua, seront envoyées par un membre selon les consignes de Di Mambro. Ces courriers divers contenaient principalement des messages extraits des croyances de l'Ordre.

Décembre 1995 : 2e massacre

Dans la nuit du 15 au 16 décembre 1995, seize personnes - treize adultes et trois enfants de 2, 4 et 6 ans - ont été immolés par le feu au lieu-dit « le trou de l'enfer », dans une clairière isolée du plateau du Vercors, près de Saint-Pierre-de-Chérennes (Isère). L'enquête policière a déterminé que quatorze personnes avaient été tuées par une ou deux balles de pistolet 22 long rifle, après avoir absorbé des sédatifs, puis incendiées à l'aide de white spirit. Les deux exécuteurs sont l'inspecteur Jean-Pierre Lardanchet et André Friedli. Ils se sont également aspergés de white spirit et se sont jetés dans le feu après s'être tiré une balle de 9 mm parabellum dans la tête armes retrouvées près de leurs corps. Le Procureur de Grenoble a alors ouvert une information judiciaire pour "assassinats" et "association de malfaiteurs" avec possibilité de complicité extérieure.

Mars 1997 : 3e massacre

5 autres membres sont retrouvés morts à Saint-Casimir au Québec, le 22 mars 1997, dont trois français ; 3 adolescents sont retrouvés vivants, ayant survécus parce qu'ils ont négocié avec leurs parents leur droit à vivre

Suites judiciaires

1997 : Du fait de la mort des deux dirigeants à Salvan en 1994, le chef d'orchestre et compositeur Michel Tabachnik est l'unique prévenu dans le cadre de l'affaire du Temple solaire. Il publie pour sa défense Bouc émissaire. Dans le piège du Temple Solaire, avec une préface de Pierre Boulez.
25 juin 2001 : le tribunal correctionnel de Grenoble relaxe Michel Tabachnik au bénéfice du doute.
Le Parquet, lui reprochant d'avoir « par ses écrits ésotériques », poussé les adeptes à un « transit vers Sirius », fait appel et Michel Tabachnik est à nouveau jugé en 2006. L'avocat général, estimant que le prévenu n'était pas membre actif de l'Ordre et que « sa responsabilité dans les décès n'était pas établie », ne requiert aucune peine contre lui. Il est une seconde fois relaxé en décembre 2006.

Controverses et théories du complot Suicide ou assassinat

Selon le fils et frère de deux des victimes, menant une enquête privée parallèle depuis 199526, Alain Vuarnet, les « suicides collectifs » des membres de l'Ordre du Temple Solaire en décembre 1995 dans le Vercors n'ont toujours pas été véritablement élucidés. Il s'est plaint de l'absence de coopération de la justice, qui a toujours refusé d'enquêter sur la piste d'un assassinat. Selon lui, du phosphore a été trouvé sur les lieux, dénotant l'usage de lance-flammes », ce qui impliquerait qu'il n'y aurait pas eu de suicide mais une mise en scène. Selon M. Vuarnet « Nous restons persuadés, mon père et moi, que ce n'est pas avec quelques branchages humides que ces seize corps ont été carbonisés à ce point». Le résultat des expertises révèle « un excès en phosphore de plus de 21 à 40 % » ; certaines victimes avaient des sacs en plastique sur la tête, ce qui a été expliqué selon la thèse de l'instruction, comme un signe rituel ; enfin, certaines victimes ont été droguées.
Dans le documentaire d'Yves Boisset sur cette affaire, Bernard Geiger, un responsable de la police du Valais, a déclaré « Je le vois davantage comme un meurtre collectif. Je rejette formellement la thèse du suicide collectif décidé par tous – cette idée est du pur cinéma. ». Le réalisateur construit son argumentaire autour de la question : « 74 morts et pas de coupable ? ». La justice soulignant également, lors du procès de 2001, « le caractère improbable de ce nouveau massacre plus d'un an après la disparition des dirigeants » et les investigations qui viennent confirmer « un assassinat collectif suivi du suicide des assassins », tout en établissant que, selon les témoins, la plupart des victimes de 1995, comme celles de 1994, avaient « consenti le sacrifice de leur vie ».
En plus d'Alain Vuarnet, d'autres membres de la famille des victimes, René et Muguette Rostan, Willy et Giséla Schleimer, ont demandé en 2001 puis en 2004 une réouverture de l'instruction afin de contester la thèse du suicide collectif29,12. Réouverture, également demandée par Jean-Pierre Brard en 2006.
Maurice Fusier, reporter à Radio France, relance la même thèse de l'assassinat au phosphore en 2006

Piste politico-mafieuse

Une thèse présentant une origine politico-mafieuse à l'affaire est étayée par certaines sources, dont le psychiatre Jean-Marie Abgrall, évoquant de possibles liens de Luc Jouret avec des membres de Gladio.
En 2006, le cinéaste Yves Boisset dénonce également la piste « politico-mafieuse » qu'auraient négligé les enquêteurs. Il souligne en particulier les liens de Di Mambro avec Jean-Louis Fargette, un « parrain » de Toulon assassiné en 1993. Le cinéaste a réalisé un film « Les mystères sanglants de l'OTS » pour exposer son point de vue. Il dit voir « l'ombre de Charles Pasqua dans cette affaire » et a parlé de « trafics d'armes entre le Canada et l'Angola », ce que le journal Le Monde a nommé Angolagate. Yves Boisset déclare également que le juge Piller aurait « brûlé des pièces à conviction » en détruisant le châlet, scène du crime. Il déclare également que l'inspecteur Jean-Pierre Lardanchet, trouvé mort dans le Vercors, était un agent des renseignements généraux et proche de Charles Pasqua. Lardanchet est présenté par d'autres sources comme un agent de la Police de l'Air et des Frontières ou comme une « taupe » infiltrée dans l'Ordre.

Les cassettes audio

Plusieurs mois après l'affaire, deux journalistes de France 2 se rendent dans les décombres du chalet de Salvan et déclarent trouver, dans la poubelle de la cuisine, des cassettes audio en excellent état où sont enregistrées des conversations téléphoniques d'adeptes, espionnés par Di Mambro. Bien que cette découverte semble incroyable, des extraits du contenu des cassettes sont diffusés et jugés conformes aux croyances et thèses de l'Ordre.

L'affaire Yann Piat

L'enquête de Boisset le conduit à trouver un lien avec l'affaire Yann Piat (ex-députée du Front national de 1986 à 1988 puis députée de la 3e circonscription du Var sous l'étiquette UDF de 1988 à sa mort), qui s'était intéressée à un projet immobilier d'un membre de l'OTS peu de temps avant d'être assassinée, en février 1994 par deux motards. Arnaud Palisson, ancien analyste de la Direction centrale des Renseignements généraux (DCRG) à Paris, considère pour sa part que Boisset « s’est fait balayer par les arguments prodigieusement fallacieux de journalistes de province en quête de leur Watergate en Vercors ».

Texte de Jocelyne Duplessis

Lors des fouilles de l’appartement de Joseph Di Mambro un document a été retrouvé, ainsi qu'un exemplaire imprimé dans un chalet, et attribué à Jocelyne Duplessis, épouse de Di Mambro, dont le contenu, rapporté par le réseau Voltaire indique :
« Suite au tragique Transit de Cheiry, nous tenons à préciser, au nom de la Rose + Croix, que nous déplorons et nous nous désolidarisons totalement du comportement barbare, incompétent et aberrant du docteur Luc Jouret. Prenant la décision d’agir de sa propre Autorité, à l’encontre de toutes nos règles, il a transgressé notre code d’honneur et est la cause d’un véritable carnage qui aurait dû être un Transit effectué dans l’Honneur, la Paix et la Lumière. Ce départ ne correspond pas à l’Ethique que nous représentons et défendons face à la postérité. »

Liens

http://youtu.be/EWBedOwuNIQ Le temple solaire
http://youtu.be/OsY__0wpjy8 temple solaire le dossier
http://youtu.be/xbG2yutTDGU histoire du temple de l'ordre solaire
http://youtu.be/xbG2yutTDGU le deuxième massacre

http://youtu.be/zVo-qRuV9Zo OTS 1
http://youtu.be/CoIfmBRzGXE OTS 2
http://youtu.be/ptI1iTleLHo OTS 3
http://youtu.be/eW9GP6wny00 OTS 4
http://youtu.be/ozjsBzShInE OTS 5
http://youtu.be/xDZhdJL_I_0 OTS 6
http://youtu.be/A-UZ5ZqvpAw OTS 7



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#146 Wilhem Reich
Loriane Posté le : 02/11/2013 23:09
Le 3 Novembre 1957 Wilhem REICH Meurt en prison à Lewisburg, Pennsylvanie, États-Unis.

psychiatre, psychanalyste et critique de la société autrichienne

Reich est de tous les disciples de Freud celui dont l'œuvre représente la tentative la plus aboutie de relier la psychanalyse au politique.
S'il est surtout connu en tant que figure éminente du freudo-marxisme, Reich fut également un clinicien et un chercheur qui n'a cessé de remettre en question ses propres acquis.
Il ne se contenta pas de travailler à une synthèse des théories freudiennes et marxistes, mais, guidé par ses convictions psychanalytiques, s'engagea activement dans l'action politique. D'abord acquis aux conceptions freudiennes, il s'en détachera peu à peu pour ne retenir que la dimension sexuelle.
Par la suite, il abandonnera toute approche intersubjective pour se consacrer à l'étude objective et quantitative des forces psychiques.
Il joue dès 1920 un rôle important au sein de la société psychanalytique de Vienne, où il se distingue par son engagement dans le parti communiste autrichien.
Il cherche à développer des expériences d'hygiène sexuelle au sein de la classe ouvrière de Vienne puis de Berlin.
Refusant l'hypothèse de la pulsion de mort, il conçoit la névrose comme un conflit entre la pulsion sexuelle et une société autoritaire qui la réprime.
Réduisant la sexualité à la physiologie de l'orgasme et à ce qui l'entrave, méconnaissant l'ordre symbolique, il en viendra à élargir la libido à une énergie cosmique : l'orgone.
En 1934, il est exclu à la fois de l'Association internationale de psychanalyse et du parti communiste. Le nazisme le contraint à émigrer d'abord en Suède, puis en Norvège et aux États-Unis.
l y commence, en 1939, ses recherches sur l'orgone, dont la stagnation dans l'organisme serait responsable d'affections psychiques et somatiques comme le cancer, cette théorie est à l'origine de la bioénergie.
Accusé d'escroquerie pour avoir commercialisé des accumulateurs d'orgone, Reich est incarcéré et meurt en prison. Il a écrit Psychologie de masse du fascisme, 1933, la Révolution sexuelle 1945 et Écoute, petit homme 1948.

Premières années

Wilhelm Reich naît le 24 mars en 1897 à Dobrzcynica alors en Autriche-Hongrie, aujourd'hui en Ukraine, dans une famille juive de Galicie, dans l'empire Austro-Hongrois. Ses parents, Leon Reich, un fermier aisé, et Cecilia Roniger, sont juifs assimilés, et l'élèvent en dehors de toute tradition religieuse. Peu après sa naissance, sa famille s'installe plus au sud dans une ferme de Jujinetz, près de Tchernivtsi, en Bucovine.
Il attribue plus tard son intérêt pour l'étude des rapports sexuels et des bases biologiques des émotions à son éducation dans la ferme paternelle, où les fonctions naturelles de la vie ne lui furent jamais cachées.
Il suit un enseignement à domicile jusqu'à l'âge de 13 ans. À l'âge de 14 ans, il joue un rôle important dans le suicide de sa mère en révélant à son père la liaison de celle-ci avec l'un de ses précepteurs. Il fuit son domicile peu après la mort de son père en 1914, lors de l'arrivée de l'armée russe.
Dans Passion of Youth, il écrit :
"Je ne revis jamais ni ma terre natale, ni mes biens. De ma vie passée aisée, il ne m'est rien resté."
Après des études de droit commencées à la fin de la Première Guerre mondiale, il entreprend une formation médicale qu'il achève en 1922. Au cours de ses études, il découvre l'œuvre de Freud, qu'il rencontre en 1919. À l'âge de vingt et un ans, il est admis à la Société psychanalytique de Vienne. Quelques mois plus tard, il y prononce sa première communication – Conflits de la libido et formations délirantes dans Peer Gynt d'Ibsen – qui témoigne déjà de son intérêt pour la sexualité, tout comme son premier livre important, publié en 1927, La Génitalité dans la théorie et la thérapie des névroses, ouvrage apprécié par Freud.

Vie en Europe

Après la fin de la Première Guerre mondiale, au cours de laquelle il combat sur le front italien, il devient médecin, puis psychiatre et s'intéresse à la philosophie, aux sciences naturelles, et à la sexologie naissante.
À Vienne, il exerce comme psychanalyste dès 1919 et participe à la création d'un séminaire de technique psychanalytique, qu'il dirigera par la suite, au cours duquel il développera ses idées sur le caractère et l'économie sexuelle.
Il épouse en 1921 Annie Pink, une de ses patientes qui, sous le nom d'Annie Reich, fera une brillante carrière de psychanalyste.

Il entreprend une analyse didactique avec Rado puis avec Paul Federn.
Après des conférences sur la psychanalyse données en marge de ses études de médecine, il rencontre Freud à l'université de Vienne qui lui offre deux de ses livres et l'encourage. Il participe activement au séminaire de psychanalyse dont il devient rapidement le sous-directeur, il est notamment avec Sandor Ferenczi l'initiateur d'un nouveau séminaire : le séminaire technique, et publie plusieurs ouvrages, dont l'un sur la fonction de l'orgasme en 1927 qu'il dédicace à son Maître, où sont clarifiés les concepts d'économie sexuelle et de caractère génital.
Reich se rend compte que, pour une grande part, la cause des névroses est d'origine socio-économique, problèmes de logement, indépendance économique de la femme, difficultés de contraception.
Il forme un groupe de médecins et d'infirmiers pour aider les personnes dans les quartiers pauvres de Vienne. Il crée un dispensaire psychanalytique gratuit pour les plus démunis. En septembre 1929, il voyage en U.R.S.S. où il rencontre la pédagogue Vera Schmidt.

Allemagne

En 1930, Reich quitte Vienne pour Berlin où il adhère au K.P.D, le parti communiste allemand. Là, il dispense des conseils en matière de sexologie et donne des cours à l'école marxiste des travailleurs. C'est aussi dans cette ville qu'il participe activement aux travaux de l'Institut psychanalytique de Berlin.
Il est en désaccord avec l'apolitisme de la Société de psychanalyse.
Il regroupe autour de lui des psychanalystes de tendance marxiste ou sympathisants tels qu'Erich Fromm, Otto Fenichel, Siegfried Bernfeld, Barbara Lantos. Il contribue à la théorisation du freudo-marxisme.
Son engagement se poursuivant auprès des masses, il crée Sexpol, un centre public de recherches et de discussion sur les conditions de vie contemporaines et les conditions d'épanouissement de la satisfaction sexuelle dans les masses populaires.
Le Sexpol attire de nombreuses associations, plus de cent mille adhérents, puis est interdit lors de la montée du nazisme. Il en reste son journal Zeitschrift für Politische Psychologie und Sexualökonomie et la maison d'édition créée en 1932 verlag für sexual-politik, éditions de politique-sexuelle.
C'est dès cette époque qu'il introduit le concept de cuirasse caractérielle dans sa pratique psychanalytique.
Ses relations avec Sigmund Freud sont amicales tant que Reich s'en tient à la psychanalyse, et il fait partie du cercle de ses intimes.
Mais un désaccord survient à propos de la théorie de Freud sur Thanatos et Éros : selon Reich, Thanatos — l'instinct de mort permettant à la psychanalyse de justifier le masochisme et la compulsion de répétition — n'est qu'une pulsion secondaire, acquise au cours de la vie du souffrant, et non pas primaire selon Freud.
Avec le risque consécutif à la persécution des communistes par le nouveau régime nazi, leurs relations se détériorent.
En 1933, il est secrètement exclu de l’association psychanalytique internationale ce qu'il n'apprend qu'en 1934.
Pour Lore Reich Robin, les relations avec Anna Freud expliquent cette exclusion.
Il est aussi exclu du parti communiste allemand en 1933.
En tant que juif5 et communiste, il fuit l'Allemagne nazie.
En 1935, la Gestapo décrète l’autodafé de tous ses ouvrages.
L'arrivée des nazis au pouvoir le contraint à fuir l'Allemagne et à se réfugier au Danemark où il poursuit son combat politique.
Commence alors une vie d'exilé.

Autriche

Il s'exile en Autriche à Vienne, où l'hostilité croissante des milieux psychanalytiques le contraint à repartir.
Il accepte l'invitation de Leunbach, l'un des fondateurs de la Ligue mondiale pour la réforme sexuelle, au Danemark, d'où des manœuvres staliniennes du parti communiste danois le font expulser.

Danemark

Déclaré persona non grata au Danemark, il doit partir pour la Suède.

Suède

En 1937, il publie Réflexe orgastique, attitude musculaire et expression corporelle, ouvrage dans lequel il relate les résultats de sa tentative de mesurer les activités sexuelles à l'aide d'appareillages qu'il a lui-même conçus.

Norvège

À nouveau contraint de s'exiler, il quitte la Suède pour s'établir en Norvège, où il entreprend des recherches sur la fonction biologique de la sexualité et de l'angoisse avec l'aide d'une nouvelle équipe, formée de médecins, de psychanalystes, d'un ingénieur en électricité, étude qui le conduit à s'intéresser à la biogénèse qui l'amène à élaborer la théorie des bions. C'est à l'invitation du professeur Schjelderup, directeur de l'Institut de physiologie de l'université d'Oslo, qu'il donne des cours sur l'analyse caractérielle.
Les travaux de cette période norvégienne sont publiés en 1937 sous le titre Étude expérimentale de la fonction électrique de la sexualité.
Il pose en ces années les bases de la thérapie psychocorporelle en collaboration avec Ola Raknes.
C'est à cette même époque que Alexander Sutherland Neill, connu pour ses méthodes pédagogiques novatrices expérimentées à l'école de Summerhill, lui rend visite et s'inspire de ses conceptions dans son approche pédagogique de la sexualité.
Il entreprit lui-même pendant six semaines une végétothérapie, nouvelle thérapie mise au point par Reich qui lui procura, selon ses dires, une aide bien plus essentielle que des années de psychanalyse.

Angleterre

En 1939, il passe en Angleterre où il rencontre l'ethnographe Bronislaw Malinowski. À cette occasion il découvre que les observations de Malinowski sur les peuplades primitives des îles Trobriand confirment les théories sur l'évolution du matriarcat au patriarcat et l'influence primordiale des conditions économiques sur les pratiques sexuelles qu'il avait déjà formulées dans son livre L'Irruption de la morale sexuelle publié en 1932.
Il entreprend une nouvelle rédaction de ce livre à la lumière de ces nouveaux éléments. Malinowski l'invite à le rejoindre aux États-Unis, pour occuper un poste de maître de conférences.

Vie aux États-Unis

Embarqué le 19 août 1939, Reich est accueilli aux États-Unis à la fin d'août 1939 par Théodore Wolfe qui est son traducteur.
Reich émigre définitivement aux États-Unis et s'installe en tant que professeur d'analyse caractérielle à la New school for social research.
Il habite alors Forest Hill où il installe son laboratoire afin de poursuivre ses recherches.
Il rencontre en 1939 Ilse Ollendorff, qu'il épousera en seconde noce.
Il s'établit à New York où il enseigne la psychiatrie et l'analyse caractérielle à la New School for Social Research et où il exerce également comme psychiatre-psychanalyste dans son cabinet privé. Il est élu en 1939, membre honoraire de la société internationale de plasmogénie.
Après perquisition de son appartement par le FBI en 1941, il passe Noël 1941 en prison, Pourquoi ?. Il est libéré le 5 janvier 1942.
Après quelques années, il achète en 1945, dans le Maine, une grande propriété, qu'il baptise Orgonon, où il crée l'Orgone Energy Clinic, destinée au dépistage des maladies énergétiques, biopathies, et l'Orgonomic Infant Research Center, consacré à l'étude de l'enfant depuis le stade prénatal jusqu'à l'adolescence pour poursuivre ses travaux avec ses assistants dans le domaine de la biologie et la biophysique.
Y ont eu lieu des conférences sur ses découvertes, sur ses inventions et sur l'évolution de ses recherches, d'où il édite un journal et où venaient le visiter ses collaborateurs. Ce lieu est actuellement le musée Wilhelm Reich ; il se situe à Rangeley.

Il poursuit ses recherches sur ce qu'il appelle l'orgone, une énergie élémentaire qui serait de nature cosmique, visible, quantifiable et utilisable.
En 1941, il rend visite à Einstein et lui expose ses idées sur la possibilité d'isoler et d'accumuler cette énergie.
Il lui laisse un accumulateur d'orgone qu'il vient tout juste de construire. Il fabriqua ensuite un orgonomètre, à partir d'un compteur Geiger, dans le but de mesurer l'intensité du champ d'orgone et d'élaborer une équation orgonométrique. Certainement déçu par l'appareil que testa l'un de ses collaborateurs, Einstein ne répondit jamais aux lettres que Reich lui adressa par la suite.

L'ambition de Reich d'isoler et d'accumuler l'orgone suscite de fortes oppositions, et la justice américaine, sur plaintes de la F.D.A., Food and Drug Administration et de l'A.M.A., American Medical Association l'inculpe pour charlatanisme.
Ses dernières théories comme sa certitude de pouvoir appréhender objectivement l'énergie cosmique sont considérées comme absurdes, voire dangereuses pour les malades, en les encourageant à rejeter les traitements allopathiques.

Le 15 décembre 1950 commence l'expérience Oranur, Orgonotic Anti-Nuclear Radiation.
Reich enferme une aiguille de radium soigneusement isolée par une couche de plomb dans un de ses accumulateurs.
Le but de Reich est de vérifier si l'orgone concentré peut contrer les effets mortifères des radiations atomiques. En février de l'année suivante, l'expérience aboutit à une catastrophe énergétique, le lieu devenant inhabitable.
Par ailleurs, Reich propose à des patients volontaires un traitement expérimental pouvant les aider à mieux vivre leur cancer, ses patients s'irradiant dans un accumulateur d'orgone et bénéficiant parallèlement d'une végétothérapie caractério-analytique.
Des prélèvements sanguins, quelques gouttes de sang sont réalisés pour évaluer les effets de l'irradiation sur l'organisme.
Reich suscite les critiques de la communauté psychanalytique et médicale américaine.
Quand bien même Reich est docteur en médecine et psychiatre en sus d'avoir été chef de séminaire au cours de sa période psychanalytique, ces expériences sont considérées comme privant les malades de thérapie et les mettant en danger.
À cette époque, comme lors de sa période scandinave, des rumeurs le qualifient de fou et de lubrique.
À partir de janvier 1942, attaqué de toutes parts, traité de charlatan par les psychiatres et de schizophrène par le milieu psychanalytique américain, Reich s'enfonça dans la folie, se croyant victime du grand MODJU, c'est-à-dire des fascistes rouges.
Ce nom forgé par lui dérivait de MO :cenigo, personnage anonyme qui avait livré Giordano Bruno à l'Inquisition, et de DJOU : gachvili, alias Staline.
Selon Bela Grunberger et Janine Chasseguet-Smirguel, Wilhelm Reich était devenu paranoïaque, alors qu'Otto Fenichel qualifie Reich de schizophrène.
Cloudbuster
Parmi ses inventions, citons le Cloudbuster, téteur d'éther, ou brise-nuage à l'aide duquel il prétendit faire pleuvoir, d'abord au cours de sécheresses dans le Maine, et ensuite dans les régions arides, essais en Arizona en 1955-1957 ; il s'en sert aussi pour repousser les tempêtes.
Plusieurs versions du cloudbuster ont existé, le principe demeurant le même. Des versions plus modernes de cet appareil, appelées chembuster sont censées pouvoir contrer les effets de ce qui seraient des chemtrails.

Mort en prison

D'après des vérifications entreprises par la Food and Drug Administration, organisme public qui réglemente les fraudes, un tribunal lui interdit la location des accumulateurs d'orgone aux États-Unis. Outrepassant ces injonctions, il est arrêté deux fois.
Jugé une première fois, il refuse de se présenter devant un tribunal une seconde fois, car il estime qu'il n'est pas de la compétence d'un tribunal civil de juger le propos d'une découverte scientifique.
Convoqué par la justice, il refuse de se présenter ; il est alors arrêté, condamné et incarcéré.

Il est condamné pour outrage à la cour à deux années d'emprisonnement en 1956 ;

il meurt d'une crise cardiaque en prison le 3 novembre 1957 mais aucune autopsie n'est pratiquée.

En mai 1957, depuis la bibliothèque de la prison, il écrit ces mots à son fils Peter :
"Je suis fier de me retrouver en si bonne compagnie avec les Socrate, Christ, Giordano Bruno, Galilée, Moïse, Savonarole, Dostoïevski, Gandhi, Nehru, Mindszenty, Luther et tous les autres qui combattirent contre le démon de l'ignorance, les décrets illégitimes et les plaies sociales… Tu as appris à espérer en Dieu comme nous avons compris l'existence et le règne universel de la Vie et de l'Amour "
Le verdict est toujours aujourd'hui objet de controverse. Le contexte politique américain de la fin des années 1950, marqué par le maccarthisme, son appartenance au parti communiste qui avait été à l'origine de certains de ses déboires lors de son entrée aux États-Unis, mais surtout le verdict de justice concernant l'orgone, semblent étranges : l'énergie d'orgone n'existe pas.
Ce jugement semble prouver à ses adeptes que Reich était un savant persécuté pour ses découvertes extraordinaires. D'après Roudinesco, les adeptes de Reich furent sectaires.
Ses œuvres connaissent un second autodafé, elles sont, par décision de justice, brulées à l'incinérateur de Gansevoort, à Manhattan, New York.
Le dossier du FBI sur le cas Wilhelm Reich, contenant les relations entre l'État et l'auteur, a été déclassifié et donc ouvert au public.
Les éditeurs du texte de l'entretien, "Reich parle de Freud" affirment "
que cette interview avec Eisller a été sollicitée et réalisée dans le cadre des efforts désespérés pour discréditer et ruiner Reich et son œuvre par des calomnies gratuites"

L'engagement politique

L' engagement politique de Reich est inséparable de ses conceptions psychanalytiques. Convaincu que les problèmes et souffrances psychologiques sont la conséquence des conditions sociales, il jette dès 1929 dans Matérialisme dialectique, matérialisme historique et psychanalyse les bases d'une théorie qui allie Freud et Marx.
Il visite cette même année la Russie en compagnie de sa femme Annie.
Il en revient enchanté et loue le régime en place, avant de le condamner plus tard.
Il milite alors activement au sein du Parti communiste allemand, une expérience amère qu'il relate dans Les Hommes dans l'État.
En 1930, il quitte Vienne pour Berlin où il poursuit son activisme politique, créant la Société socialiste d'information et de recherche sexuelles.
Il est également à l'origine de la fondation de l'Association allemande pour une politique sexuelle prolétarienne, plus connue sous le nom de Sexpol, qui comptera jusqu'à 40 000 adhérents.
L'objectif de cette association soutenue par le Parti communiste consiste à lutter contre le capitalisme dont la morale est source de la misère sexuelle. Sa lecture des travaux de Malinowski sur la vie sexuelle des Trobriandais confirme sa thèse selon laquelle la famille occidentale patriarcale serait de nature coercitive, ainsi que son hypothèse de l'origine culturelle du complexe d'Œdipe. L'absence de désordres sexuels chez les Trobriandais le convainc que les psychoses, les névroses et les perversions sont dues au refoulement de la sexualité génitale.
Plusieurs de ses ouvrages, en particulier La Lutte sexuelle des jeunes et L'Irruption de la morale sexuelle parus tous deux en 1932, ont pour objectif de proposer des outils prophylactiques afin de lutter contre l'apparition des névroses.
Il reproche bientôt au Parti communiste de ne pas prendre en compte la nécessité d'une révolution sexuelle, ce qui conduira à son exclusion en 1933. Un an plus tard, en raison probablement autant de ses conceptions psychologiques que de ses engagements politiques, il n'est plus membre de l'Association psychanalytique internationale I.P.A.. Certains historiens assurent qu'il en fut exclu, d'autres au contraire affirment qu'il coupa lui-même les ponts avec le mouvement psychanalytique.

Les élections allemandes de novembre 1932 et de mars 1933, qui permettent à Hitler d'accéder au pouvoir, poussent Reich à s'interroger sur les raisons de ce succès.
Il rédige alors son plus important ouvrage politique : Psychologie de masse du fascisme qu'il publie au Danemark en 1933.
Le triomphe du fascisme, dont le nazisme est la version la plus radicale, serait dû à l'irrationnel humain qui trouve ses racines dans la société bourgeoise, la répression sexuelle, la famille autoritaire, etc.
Ni les engagements, ni les conceptions politiques, à l'intérêt pourtant indéniable, d'Adler, de Bernfeld, de Simmel, de Fenichel ou même de Fromm, n'offriront une réflexion freudo-marxiste aussi originale et approfondie que celle de Reich. Hormis les adlériens qui s'engagèrent dans l'expérience municipale sociale-démocrate à Vienne "Vienne la rouge", de 1919 à 1934, aucun représentant du courant freudo-marxiste ne mettra ses idées politiques à l'épreuve de la réalité sociale.

Reich sera l'objet de virulentes attaques venant tout autant du milieu psychanalytique que des communistes.
Dans la revue Partisan qu'il anime, Boris Fraenkel résume assez bien les insultes politiques dont Reich fut l'objet :
"Révolutionnaire pour les réformistes, réformiste pour certains „révolutionnaires, trotskyste pour les staliniens orthodoxes, stalinien pour les trotskystes hyper- ou infra-orthodoxes, on pourrait prolonger une énumération qui ne comporte pas ici les épithètes proprement „médicales“.
Plusieurs psychanalystes le considèrent comme paranoïaque.
Selon Helen Deutsch, le rejet de Reich par Freud n'est aucunement motivé par le caractère radical de ses idées politiques mais lié à sa personnalité agressive et psychotique. Les propos que Freud tint à son disciple Joseph Wortis résument assez bien les reproches que ne cessera de lui adresser le milieu psychanalytique :
"Reich, qui est un psychanalyste très doué, sera probablement amené à quitter le mouvement psychanalytique parce qu'il est devenu communiste et qu'il a modifié ses vues. Il est convaincu, par exemple, que l'instinct d'agression et les problèmes sexuels sont des conséquences de la lutte des classes et non pas des produits des pulsions biologiques innées."

La physiopsychologie reichienne

Dans L'Analyse caractérielle, Reich apporte une contribution psychanalytique essentielle à la notion de caractère. Il ne considère pas le caractère comme la conséquence d'un refoulement, même s'il constitue un mécanisme de défense source des résistances du patient.
À ses yeux, le caractère est en premier lieu un mécanisme de protection narcissique. Défini comme un appareil défensif à la fois psychique et physique comportant plusieurs strates, la notion de caractère débouche chez Reich sur une conception originale de la psychosomatique.
En fonction de son importance et de sa structure blocage, rigidité, cuirasse, etc. le caractère permet de se défendre contre les excitations internes ou externes. Constitué en cuirasse, elle-même composée de l'ensemble des attitudes caractérielles développées dès l'enfance afin de lutter contre les excitations émotionnelles, le caractère a une fonction autorépressive.
Reich postule également l'existence de ce qu'il nomme la cuirasse musculaire, expression corporelle de la cuirasse caractérielle qui correspond à un ensemble d'attitudes musculaires défensives développées pour lutter contre l'apparition d'émotions et de sensations végétatives.
Tout symptôme repose sur un caractère névrotique. Solidement établi, pouvant constituer une véritable cuirasse, le caractère rend le refoulement superflu, mais représente la résistance la plus importante dont l'analyse est un préalable.
Reich dégage une typologie des caractères : caractères compulsif, hystérique, masochiste, génital. Ses travaux sur cette entité le conduisent à modifier la technique psychanalytique classique de l'analyse des symptômes et à proposer ce qu'il nommera une technique caractéro-analytique, laquelle privilégie l'analyse du caractère et les résistances caractérielles.

La sexualité constitue le fil conducteur de l'œuvre reichienne. Dans le sillage des premiers travaux de Freud sur les névroses actuelles, pathologies consécutives à un mésusage de la sexualité, Reich prend conscience du rôle néfaste joué par la répression de la satisfaction génitale.
Publié en 1942, La Fonction de l'orgasme contient de manière plus ou moins explicite les grandes lignes de sa conception personnelle de la psyché qu'il affirme s'inscrire dans la perspective inaugurée par Freud, alors que ce dernier a jugé plutôt négativement l'œuvre de son élève.
L'accent mis d'emblée sur l'économie sexuelle, le souci d'une approche méthodologique inspirée des sciences de la nature au détriment de l'intersubjectivité, le souhait de délaisser la psychologie au profit de la physiologie et de la biologie marquent déjà une rupture avec la psychanalyse freudienne, mais celle-ci ne sera consommée qu'en 1934.
Freud reprochera à Reich d'accorder une place trop exclusive à la sexualité génitale au détriment de la sexualité prégénitale dont le rôle est, à ses yeux, capital dans la formation de la psyché.

La génitalité représente pour Reich une organisation psycho-physiologique caractérisée par le primat de la zone génitale, selon lui à l'origine de tous les troubles névrotiques ou psychotiques de la personnalité. Sa répression ou sa frustration conduirait directement à la « peste émotionnelle », véritable épidémie sur le plan social. L'évolution de la pensée reichienne vers la bioélectricité, puis vers une compréhension orgonique de l'univers, n'entamera pas pour autant sa profonde conviction quant à la primauté qu'il accorde à la génitalité. Cette dernière trouve au contraire, affirme-t-il, dans la découverte de cette énergie vitale sa nature et sa cause biologique.

Prolongements

Ses travaux sur la génitalité le conduisent à développer le concept d'orgasme : phénomène psycho-physiologique d'excitabilité et de relâchement de la tension sexuelle génitale caractérisé par la capacité de s'abandonner sans inhibition au flux de l'énergie biologique et de décharger son excitation sexuelle au moyen de contractions corporelles involontaires.
En 1940, il définit l'orgasme comme un phénomène de décharge électrique, plus précisément de bioélectricité, selon un rythme à quatre temps dit formule de l'orgasme : tension mécanique érection → charge électrique excitation intense → décharge électrique décharge en contraction musculaire → relaxation mécanique relaxation des organes génitaux après la décharge.
Ce rythme à quatre temps de l'orgasme, appelé également fonction TC, n'est pas particulier à l'orgasme, mais affecte toutes les fonctions vitales comme le cœur, les poumons, la vessie, l'intestin, etc.
Cette formule sera au cœur de la nouvelle méthode psychothérapeutique reichienne dite végétothérapie centrée sur les fonctions neurovégétatives, qui tend à restaurer la motilité et l'équilibre biophysiques en dégageant des énergies végétatives bloquées par la cuirasse caractérielle.
Reich ne cessera d'ailleurs de répéter que l'orgasme est le problème fondamental de tous les processus psychosomatiques.
La végétothérapie préfigure ainsi nombre de thérapies psychocorporelles des médecines douces ou naturelles en vogue aujourd'hui.

Les travaux de Reich sur la bioélectricité de la matière le conduisent, lors de son exil à Oslo, à entreprendre des recherches pour déterminer si les mouvements orgastiques du corps humain et ceux des protozoaires sont identiques.
De ses expériences sur les protozoaires il conclut que la matière inorganique recèle également une énergie élémentaire, les bion.
Il s'agirait de vésicules microscopiques chargées d'une énergie élémentaire, l'orgone. Reich pensera avoir mis en évidence de manière expérimentale l'existence de cette énergie de vie. Il affirme qu'il est possible de créer des bions aussi bien à partir de la matière organique que de la matière inorganique. Dans La Fonction de l'orgasme, il écrit que les bions se propagent comme des bactéries et peuvent aussi se développer spontanément dans le sol.
Reich en vient même à se demander si les cellules cancéreuses ne proviendraient pas d'une même source que les cellules des protozoaires. Si l'on en croit ses conclusions, les cellules cancéreuses, exprimant des mouvements identiques aux protozoaires et se développant surtout dans les zones corporelles qui, lors des thérapies reichiennes, manifestent des difficultés énergétiques, proliféreraient à partir de tissus désintégrés en bions.
Alors qu'il tentait avec ses collaborateurs de traiter des cas de cancer par la thérapie orgonique et se préparait à regrouper tous ses travaux sous le terme orgonomie, Reich voit son aventure brutalement interrompue par la justice.


Après sa mort, Reich a connu un regain d'intérêt dans les années 1970, qui ont vu le développement des psychothérapies.
La végétothérapie découle directement des concepts de Reich ainsi que les travaux du docteur John Pierrakos.
L'analyse bioénergétique, bioénergie a été développée par son élève le docteur Alexander Lowen, qui s'est tenu éloigné de l'impression de persécution de Reich à l'époque de l'orgonothérapie et évoque dans La Bioénergie l'enthousiasme et l'excitation des années 1945-1947 qui ont disparu à son retour d'Europe en 1952.
D'autres thérapeutes se réclament de la pratique reichienne, végétothérapie et orgonthérapie.
Citons, par exemple, la somatothérapie de Richard Meyer, à Strasbourg, l'analyse reichienne développée dans la droite ligne de Reich par Gérard Guasch, Paris, Mexico, est enseignée en particulier en région parisienne au Cercle d'études Wilhelm Reich qu'anime Jacques Lesage de La Haye.
Les thérapies primales, l'intégration posturale de Jack Painter et la psychothérapie corporelle intégrée de Jack Rosenberg et Marjorie Rand sont des pratiques d'inspiration néo-reichienne.
Les chercheurs canadiens Paulo et Alexandra Correa, l'Allemand John Joachim Trettin et James DeMeo, à Ashland, dans l'Oregon travaillent sur l'aspect scientifique des travaux de Reich.
Ses écrits sur les régimes totalitaires d'Europe sont repris dans le domaine des sciences politiques, notamment aux États-Unis.

Œuvres

Premiers écrits, vol. 1 (articles, 1920–1925), dont "Conflits de la libido et formations délirantes dans Peer Gynt d'Ibsen" (1920), in "Premiers écrits : Volume 1", Ed.: Payot, 2006 (ISBN 2-2289-0090-7)
Premiers écrits, vol. 2 : la génitalité dans la théorie et la thérapie des névroses, Payot, 2006 (ISBN 2-2289-0102-4) ; Orig. allemand : Die Funktion des Orgasmus, 1927 remanié à partir de la théorie de l'orgone
Die Funktion des Orgasmus (1927) Traduction du texte original dans une édition pirate épuisée (1975) chez les Éditions du Nouveau Monde, 17 impasse Lénine, 93 Montreuil
Matérialisme dialectique et psychanalyse dans La crise sexuelle, Éditions sociales, 1933. Orig. allemand : Dialektischer Materialismus und Psychoanalyse, 1929. Publié également dans la revue communiste internationale "Sous la bannière du marxisme" et dans la revue Kitej automne 2011.
La Lutte sexuelle des jeunes, François Maspero, 1972. Orig. allemand : Der Sexuelle Kampf der Jungend, 1932
Qu'est-ce que la conscience de classe ? écrit sous le pseudonyme de Ernst Parell, traduction et édition de Constantin Sinelnikoff, 1971
L'Irruption de la morale sexuelle, Payot, 1999. Orig. allemand Der Einbruch der Sexualmoral, 1932
L'Analyse caractérielle, Ed.: Payot-poche, 2006 (ISBN 2-2289-0059-1) ; Orig. allemand Charakteranalyse, 1933. Éd. américaine Character Analysis, 1945, 1949, réimp. FSG, 1980
La Psychologie de masse du fascisme, Payot, 1999. Orig. allemand Massenpsychologie des Faschismus, 1933. Éd. américaine The Mass Psychology of Fascism, 1946, réimp. FSG, 1970
The Bions Experiments : on the Origine of Life, FSG, 1979 traduction anglaise de Die Bione Oslo, 1938
La Révolution sexuelle, Christian Bourgeois, 1982. Orig. allemand Die Sexualität im Kulturkampf, 1936
The Bioelectrical Investigation of Sexuality and Anxiety (articles, 1934–1938), FSG, 1982
Children of the Future: On the Prevention of Sexual Pathology (articles, 1928–1938), FSG, 1983
La Fonction de l'orgasme, L'Arche, 1986. Orig. allemand Die Funktion des Orgamus, trad. américaine The Function of the Orgasm, 1942, 1948, réimp. FSG, 1973
La Biopathie du cancer, Payot, 1985. Orig. allemand Der Krebs, trad. américaine The Cancer Biopathy, 1948, réimp. FSG, 1973
Écoute, petit homme !24, illustré par William Steig, Payot, 1999. Orig. allemand Rede an den kleinen Mann, trad. américaine Listen, Little Man!, 1948, réimp. FSG, 1974
L'éther, Dieu et le diable, Payot, 1999. Orig. allemand et américain Ether, God and Devil, 1949, réimp. FSG, 1973
La superposition cosmique, Payot, 2001. Orig. américain Cosmic Superimposition, 1951, réimp. FSG, 1973
The Oranur Experiment, 1951, xerox Wilhelm Reich Museum, Rangeley.
The Orgone Energy Accumulator, Its Scientific and Medical Use, 1951, xerox Wilhelm Reich Museum, Rangeley25
Le meurtre du Christ, traduit de l'américain par Pierre Kamnitzer, Champ Libre, 1971. Orig. américain The Murder of Christ, 1953, réimp. FSG, 1978
Les hommes dans l'État, Payot, 1978. Orig. américain People in Trouble, 1953, réimp. FSG, 1978
Contact with Space, 1957, xerox Wilhelm Reich Museum, Rangeley
Selected Writings: An Introduction to Orgonomy, FSG, 1961
Reich parle de Freud, Payot, 1998. Orig. américain Reich Speaks of Freud, FSG, 1967
The Record of a Friendship: The Correspondence of Wilhelm Reich and A. S. Neill, FSG, 1984
Passion de jeunesse, L'Arche, 1997. Orig. américain Passion of Youth: An Autobiography 1897–1922, FSG, 1988, 2005
Beyond Psychology: Letters and Journals 1934–1938, FSG, 1994
American Odyssey: Letters and Journals 1940–1947, FSG, 1999
Les œuvres complètes américaines de Wilhelm Reich (livres, articles et journaux de recherche) sont disponibles sur microfiches à la bibliothèque Sainte-Geneviève de Paris. Les œuvres psychanalytiques sont dans les archives de Internationale Zeitschrift für Psychoanalyse, Zeitschrift für Sexualwissenschaft, Zeitschrif für Aerztliche Psychotherapie, International Psychoanalyse Verlag, etc.


Liens

http://youtu.be/sPV-JExUPns Orgone energy (English)
http://youtu.be/lFHrHKSXjNA Reich and the cloudbuster (english)
http://www.youtube.com/watch?v=DHyeS9 ... AH0GV3T8FRyG9fdQnQdJRXnrb 5 Vidéos (english)

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#147 Soeur Emmanuelle
Loriane Posté le : 19/10/2013 18:57
. Le 20 Octobre 2008 meurt Madeleine Ciquin dite Soeur Emmanuelle 2008

Sœur Emmanuelle était une personnalité très aimée de l'opinion publique en raison de son engagement humanitaire, de sa personnalité, de son caractère exubérant et de son franc-parler, souvent en contraste avec le ton employé par l'Église ou la simplicité d'autres religieux comme l'Abbé Pierre ou Mère Teresa qui s'étaient eux aussi engagés en faveur de plus pauvres et bénéficiaient d'un fort soutien populaire.
Elle était très médiatisée depuis son passage en 1990 à l'émission La Marche du siècle de Jean-Marie Cavada13 et s'était construit une image caractéristique avec sa blouse, son fichu, ses baskets et son habitude de tutoyer sans distinction hommes politiques et journalistes.

Sa vie

C'est le 16 novembre 1908 que naît, à Bruxelles, Madeleine Cinquin d'un père français, originaire de Calais, et d'une mère belge, bruxelloise. Elle a des origines juives alsaciennes par sa grand-mère, née d’un père juif du nom de Dreyfus et d’une mère chrétienne au début du XVIIIe siècle.
La jeune Madeleine deviendra sous le nom de sœur Emmanuelle, la religieuse la plus populaire auprès des Français, véritable icône de la solidarité.
Madeleine est la deuxième de leurs trois enfants. La famille, aisée, appartient à la bourgeoisie textile et mène une existence tranquille, la jeune fille partage ses jeunes années entre Paris, Londres et Bruxelles.. Survient, en septembre 1914, le drame qui marquera à jamais la petite Madeleine : la mort, sous ses yeux, de son père, lors d'une baignade.
En 1914, alors qu'elle n'a que six ans, elle est fortement marquée par le décès accidentel de son père, noyé sous ses yeux à Ostende le 6 septembre. Elle était sur la plage et l'a vu nager au loin puis disparaître dans la mer houleuse. Cette expérience la traumatisé profondément et l'a fait se rapprocher de Dieu. Elle déclare que, dans son inconscient, sa vocation de religieuse date de cet accident.
Réfugiée dans le nord de la France le temps de la guerre, la famille retrouve la Belgique en 1918.
Jolie et coquette déjà, Madeleine va y vivre une jeunesse privilégiée. Elle pratique le tennis et le patinage et prend goût, aussi, à la mode et à la danse. À l'école, on se souvient plus de ses pitreries et de son insolence que de son travail.
Pourtant, un trait profond de sa personnalité frappe de plus en plus son entourage. Généreuse, la jeune fille est d'une piété profonde, qu'elle n'affiche pas mais dont elle ne fait pas mystère. Elle se passionne pour l'aventure des missionnaires qui consacrent leur vie aux plus pauvres sur des terres lointaines.
À quatorze ans, elle recopie sur ses cahiers les Pensées de Pascal. Il sera, comme elle l'écrit plus tard, son Notre-Dame de Sion à Paris,
Quelques années plus tard, Madeleine Cinquin souhaite aller à l'Université catholique de Louvain mais sa mère s'y oppose car elle estime qu'elle y serait trop oisive. Elle remarque alors que sa fille se tourne vers le Christ et tente de l'en détourner en lui faisant rencontrer la supérieure du couvent de Notre-Dame de Sion à Londres. Ceci ne fait que renforcer ses convictions et accentue la quête de toute sa vie, l'aide à l'enfance malheureuse.
Après avoir voulu initialement rejoindre les Filles de la Charité, Madeleine entre finalement comme postulante à la congrégation de Notre-Dame de Sion le 6 mai 1929. Après des études de sciences philosophiques et religieuses, elle prononce ses vœux de religieuse le 10 mai 1931 et choisit le nom de Sœur Emmanuelle, qui signifie Dieu avec nous en hébreu.

Une nouvelle vie commence.

La carrière d'enseignante de sœur Emmanuelle commence tout d'abord à Istanbul en Turquie, dans une école pour jeunes filles d'un quartier pauvre de la ville.
Sœur Emmanuelle attrape alors la typhoïde et toutes les autres sœurs lui proposent leur sang afin de l'aider à combattre la maladie.
Une fois rétablie, en guise de remerciement, sœur Emmanuelle donne une conférence sur la vie de Soliman le Magnifique et impressionne la directrice du collège, Mère Elvira, qui décide alors de l'affecter dans son établissement.
Bien que celle-ci se soit engagée à envoyer Sœur Emmanuelle au service des pauvres, elle la convainc qu'elle sera plus efficace si elle enseigne à des jeunes filles aisées, appelées à avoir un rôle influent dans la vie turque.
Elle enseigne alors les lettres au Lycée Notre-Dame de Sion.
Après la mort de sa supérieure, Sœur Emmanuelle ne s'entend pas avec sa remplaçante et elle est envoyée à Tunis.
De 1954 à 1959, elle enseigne en Tunisie pendant cinq ans où elle s'occupe de filles de Français installés dans le pays mais ce nouveau poste ne lui convient pas. En pleine décolonisation du pays, les filles dont elle a la charge lui semblent plus superficielles et l'environnement général la fait doucement sombrer dans une dépression.
Ce n'est qu'au bout de trois ans que les responsables de Sion se rendent compte de son état et se décident à la déplacer.
Après avoir décroché sa licence ès lettres à la Sorbonne à Paris, Sœur Emmanuelle est de nouveau affectée à Istanbul en 1959 pour une courte durée.
De 1964 à 1971, elle est envoyée en Égypte pour enseigner au collège de Sion à Alexandrie. Cette expérience s'avère de nouveau négative pour elle car les élèves dont elle est en charge sont peu ouverts sur la pauvreté.
Elle décide donc d'arrêter d'enseigner la philosophie et s'occupe à la place des filles du quartier défavorisé de Bacos. C'est durant cet épisode qu'elle tombe amoureuse de l'Égypte.

En 1971, l'enseignante à la retraite commence son véritable destin.

C'est au Caire, où elle a enseigné huit ans et où elle a éprouvé un véritable malaise face aux inégalités entre riches et pauvres, qu'elle décide de vivre. Non pas pour mais avec les chiffonniers.
Elle décide de partir, à l'instar du Père Damien, qu'elle vénère, pour s'occuper des lépreux au Caire mais doit renoncer face à des complications administratives car le lazaret se trouve en zone militarisée.
Elle décide alors de partager la vie des plus démunis et, avec l'autorisation de sa congrégation, part s'installer à Ezbet-El-Nakhl, un des bidonvilles les plus pauvres du Caire en Égypte, au sein de la communauté majoritairement copte chrétienne des zabbalines, chargée de la récupération des déchets.
En collaborant avec plusieurs églises locales, elle parvient à établir une communauté et lance de nombreux projets de santé, d'éducation et de protection sociale visant à améliorer les conditions de vie.
Chrétiens coptes pour la plupart, ces "zabbalines" : parias, vivent des rebuts des autres. Chaque matin, après avoir vidé les poubelles dans leurs charrettes, ils trient les détritus et récupèrent ce qui sera leur nourriture et celle de leurs enfants.
Sœur Emmanuelle, devenue "Ableti" la grande sœur, se lève, elle aussi, à cinq heures, attrape un train pour aller à la messe puis patauge avec eux dans les immondices. Avec une énergie farouche et son sens du concret, elle se bat pour ses chiffonniers.
En 1976, elle rencontre Sarah Ayoub Ghattas : Sœur Sarah, alors supérieure de la congrégation copte-orthodoxe des Filles de Marie de Béni-Souef. Francophone et issue d'une famille de la bourgeoisie, elle obtient l'autorisation de l'évêque Athanasios, fondateur de la congrégation, pour rejoindre Sœur Emmanuelle à Ezbet-Al-Nakhl dont elle partage la cabane.
Soeur emmanuelle lutte pied à pied pour trouver les médicaments contre l'épidémie de tétanos qui tue, à l'époque, quatre bébés sur dix. Mais il lui faut de l'argent pour développer ses projets. En 1977, elle publie son premier livre, Chiffonnière avec les chiffonniers dans lequel elle raconte son combat.
En compagnie de Sœur Sarah, elle part en 1978 aux États-Unis afin de récolter des fonds.
À leur retour, avec l'argent amassé, elles peuvent investir et en 1980, le Centre Salam est inauguré par l'épouse du président Sadate et propose des dispensaires, des écoles, des jardins d'enfants, des centres de formation et un club socia
En 1982, après avoir confié la gestion d'Ezbet-Al-Nakhl à des jeunes religieuses de l'ordre des filles de Sainte-Marie, elle s'occupe des chiffonniers de Mokattam représentant, avec plus de 23 000 personnes vivant au milieu des détritus, la plus grande communauté de zabbalines du Caire.
En 1984, elle entreprend une tournée de conférences en Europe et aux États-Unis : elle a besoin de 30 000 dollars pour construire une usine de compost et des logements. Son leitmotiv : faire entrer de l'humanité dans les bidonvilles
En 1984, Sœur Emmanuelle vient en aide à cinq familles pauvres et leur permet à chacune de se construire un abri, séparé du lieu où sont triés les déchets.
Elle fera plus tard construire ce même type d'abris à plus grande échelle afin d'accueillir le plus de monde possible. Elle continue à utiliser son charisme afin de récolter des dons et mobiliser les pouvoirs.
Elle permet de raccorder le bidonville à l'eau et l'électricité et poursuit la construction de nombreuses habitations et d'une usine de compost.
En 1985, elle s'installe dans le bidonville de Meadi Tora puis se rend à Khartoum Soudan la même année pour créer des foyers, écoles, fermes et dispensaires.
En 1991, on lui suggère de prendre une retraite bien méritée. Elle se rebelle encore, tant elle aimerait mourir au milieu de ses chiffonniers.
A l'occasion de la célébration des noces de diamant de sa vie religieuse, le président Moubarak lui remet la nationalité égyptienne en reconnaissance de son œuvre en Égypte.

Retour en France

En 1993, à la demande de sa congrégation, Sœur Emmanuelle quitte définitivement l'Égypte et rejoint sa communauté en France, elle accepte finalement de laisser son assistante, sœur Sara, reprendre les rênes, et s'installe dans la maison de sa communauté, dans le Var. Sa retraite commence dans le silence du recueillement et de la prière. Mais rien ne peut retenir cette communicante hors du commun, cette femme libre et généreuse.
Elle n'hésite donc pas à se mêler aux puissants et aux stars du show-biz.
Elle court d'un studio de télévision à un autre pour clamer, encore et toujours, la richesse de la pauvreté.
Sœur Sarah dirige alors l'entreprise caritative et continue seule le développement du bidonville de Mokattam.
Depuis, un lycée pour filles a été créé grâce à l'opération Orange et des écoles techniques ont été ouvertes pour les garçons. Un hôpital a même été construit grâce au prince Albert de Monaco.
En 22 années de présence, l'œuvre de Sœur Emmanuelle a permis de scolariser 85 % des enfants, de faire diminuer la violence et de permettre aux femmes de se libérer8.' un Orange et des écoles techniques ont été ouvertes pour les garçons.
Un hôpital a même été construit grâce au prince Albert de Monaco. En 22 années de présence, l'œuvre de Sœur Emmanuelle a permis de scolariser 85 % des enfants, de faire diminuer la violence et de permettre aux femmes de se libérer

Son action depuis la France

À son retour en France, Sœur Emmanuelle continue de se battre pour plus de solidarité.
Elle écrit des livres, notamment avec sa nièce Sofia Stril-River, rencontre des jeunes dans les lycées et les écoles, s'occupe également de l'association Les Amis de Paola à Fréjus en aide aux SDF et donne des conférences aux côtés de son association pour sensibiliser le public à l'engagement solidaire.
Parallèlement, Sœur Emmanuelle continue à donner un souffle à son association.
Elle lui transmet ses principes d'actions qui sont chaque jour mis en pratique sur le terrain :
"éduquer un homme c'est éduquer un individu, éduquer une femme, c'est éduquer un peuple".écrit soeur Emmanuelle.
En 1995, avec Geneviève de Gaulle-Anthonioz, elle est à l'origine de l'orientation de la campagne présidentielle de Jacques Chirac sur le thème de la fracture et de l'exclusion sociale.
Le 1er janvier 2002, Sœur Emmanuelle est promue par Jacques Chirac au grade de commandeur de la Légion d'honneur avant d'être élevée, par Nicolas Sarkozy, le 31 janvier 2008 grand officier de la Légion d'honneur.
En Belgique elle devint en 2005 grand officier dans l'Ordre de la Couronne. Elle joint le comité d'honneur de Philanthropos, institut d'études anthropologiques fondé en 2003 par le père Nicolas Buttet.

Depuis 1993, elle vivait à la Maison de repos des religieuses de Notre-Dame de Sion à Callian dans le département du Var, où elle est décédée le 20 octobre 2008 à l'âge de 99 ans.

Elle a été inhumée dans la plus stricte intimité, selon ses propres volontés, le 22 octobre 2008 au cimetière de Callian. Le même jour a eu lieu à Paris en la cathédrale Notre-Dame une messe requiem pour lui rendre un hommage collectif.
Le lendemain, le 23 octobre 2008 avait lieu à Bruxelles en la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule une messe commémorative. Les textes et les chants avaient été choisis par Sœur Emmanuelle elle-même quelques mois plus tôt pour ce qui aurait dû être normalement une messe à l'occasion de son centenaire.
Le roi Albert II des Belges ainsi que le prince Laurent et la princesse Claire ont assisté à la cérémonie. Les chants y ont été interprétés par une jeune chorale belge : "la Schola".
Plusieurs membres de cette chorale font partie de l'association belge "Les Amis de Sœur Emmanuelle".
Les Mémoires de Sœur Emmanuelle paraissent dans le livre Confessions d'une religieuse le 23 octobre 2008, rédigés depuis près de vingt ans et publiés après sa mort, selon ses dernières volontés.
Aujourd'hui, une éventuelle possibilité de Procès en Béatification pourrait être ouverte pour le cas de Sœur Emmanuelle

Association et fondation

Afin de poursuivre son œuvre à plus grande échelle, Sœur Emmanuelle a fondé l'association « Les Amis de Sœur Emmanuelle » (devenue ASMAE - association Sœur Emmanuelle) et à l'initiative des Amis de Sœur Emmanuelle Belge (ASBL) a été créée la « Fondation Sœur Emmanuelle ».

ASMAE - Association Sœur Emmanuelle

Article détaillé : ASMAE - Association Sœur Emmanuelle.
Afin de la soutenir dans son œuvre, de développer des actions humanitaires en Égypte et dans d'autres pays comme le Sénégal, le Liban, le Soudan, etc. et d'assurer sa relève, Sœur Emmanuelle a fondé deux associations, Les Amis de sœur Emmanuelle en 1980 et ASMAE en 1985, qui ont fusionné en 1987.

Fondation Sœur Emmanuelle

Article détaillé : Fondation Sœur Emmanuelle.
Fondation créée en 1993 à l'initiative des Amis de Sœur Emmanuelle, de l'université catholique de Louvain et de la Katholieke Universiteit Leuven. Un prix est donné tous les deux ans à une œuvre qui va dans le sens de l'action de Sœur Emmanuelle en faveur des femmes, des enfants et des plus défavorisés.

Elle court d'un studio de télévision à un autre pour clamer, encore et toujours, la richesse de la pauvreté. Jusqu'à sa mort, le 20 octobre 2008.

Œuvres

œuvres écrites par Sœur Emmanuelle

Sœur Emmanuelle (préf. Jean-Marie Cavada), Chiffonnière avec les chiffonniers, Ivry-sur-Seine, Éditions de l'Atelier, 1989 et 2007 (ISBN 978-2-7082-3900-5)
Sœur Emmanuelle, Une vie avec les pauvres, Paris, Éditions de l'Atelier, 1991 (ISBN 978-2-7082-2897-9)
Sœur Emmanuelle, Yalla, en avant les jeunes, Paris, LGF - Livre de Poche, 1999 (ISBN 978-2-253-14567-7)
Sœur Emmanuelle, Les Mots du Rosaire, Arles, Actes Sud, 2001 (ISBN 978-2-7427-3442-9)
Sœur Emmanuelle, Un pauvre a crié, le Seigneur l'écoute, Paray-le-Monial, Emmanuel, 2005 (ISBN 978-2-915313-50-5)
Sœur Emmanuelle, Vivre, à quoi ça sert ?, Paris, J'ai lu, 2005, 149 p. (ISBN 978-2-290343-66-1)
Sœur Emmanuelle, Agenda 2009. Une année avec Sœur Emmanuelle, Presses de la Renaissance, 21 août 2008 (ISBN 978-2-7509-0436-4)
Sœur Emmanuelle, 365 Méditations de Sœur Emmanuelle, Paris, Presses de la Renaissance, 9 octobre 2008 (ISBN 978-2-7509-0435-7)
Sœur Emmanuelle, Je Te Salue Marie, Bordeaux, Elytis, 15 octobre 2008 (ISBN 978-2-35639-007-3)
Sœur Emmanuelle, Les Confessions d'une religieuse, Flammarion, 23 octobre 2008 (ISBN 978-2-08-212519-2

Œuvres en collaboration avec sœur Emmanuelle

Sofia Stril-Rever et Matthieu Ricard (préf. Sœur Emmanuelle), Enfants du Tibet : De cœur à cœur avec Jetsun Pema et Sœur Emmanuelle, Desclée de Brouwer, 2000 (ISBN 978-2-220-04810-9)
Sœur Emmanuelle et Edmond Blattschen, L'Évangile des chiffonniers, Bruxelles, Alice, 2000 (ISBN 978-2-930182-30-8)
Sœur Emmanuelle et Philippe Asso, Richesse de la pauvreté, Paris, Flammarion, 2001 (ISBN 978-2-08-210054-0)
Sœur Emmanuelle et Marlène Tuininga, Jésus tel que je le connais, Paris, J'ai lu, 2003 (ISBN 978-2-290-32873-6)
Sœur Emmanuelle et Philippe Asso, Vivre, à quoi ça sert ?, Paris, Flammarion, 2004 (ISBN 978-2-08-210341-1)
Sœur Emmanuelle et Marlène Tuininga, Le Paradis, c'est les autres, Paris, J'ai lu, 2004 (ISBN 978-2-290-34315-9)
Sœur Emmanuelle et Sofia Stril-Rever, La Folie d'Amour. Entretiens avec sœur Emmanuelle, Flammarion, 2005 (ISBN 978-2-08-210528-6)
Jacques Duquesne, Annabelle Cayrol et Sœur Emmanuelle, J'ai 100 ans et je voudrais vous dire…, Plon, 20 août 2008 (ISBN 978-2-259-20921-2)
Sofia Stril-Rever, Mon testament spirituel:De Sœur Emmanuelle, Paris, Presses de la Renaissance, 2008 (ISBN 978-2-7509-0489-0)

Œuvres consacrées à Sœur Emmanuelle

Pierre Lunel (préf. Bernard Kouchner), Sœur Emmanuelle, la biographie, Paris, Anne Carrière, 2006 (ISBN 978-2-84337-364-0)
Sœur Emmanuelle, Mille et Un bonheurs : Méditations de Sœur Emmanuelle, Paris, Carnets Nord, 2007 (ISBN 978-2-35536-004-6)
Documentaire Sœur Emmanuelle, le cœur et l'esprit (réalisé par Elisabeth Kapnist) - diffusé sur France 5 en 2007.
Spectacle de Pierrette Dupoyet intitulé "L'Amour plus fort que la mort ou une Fleur chez les chiffonniers" (création Festival d'Avignon 1997)- texte paru aux Éditions La Traverse année 1999 = issn 1262-3423

Distinctions

Grand officier de la Légion d'honneur, en 2008 (France)
Commandeur de la Légion d'Honneur, en 2002 (France)
Officier de la Légion d'honneur en 1996 (France)
Grand officier dans l'ordre de la Couronne en 2005 (Belgique)
Officier de l'Ordre de Léopold en 1993 (Belgique)
Médaille d'Or de l'Académie de Médecine en 1995
Ordre du Mérite en 1980
Doctorat honoris causa de l'université catholique de Louvain en 1987
Remise en 1991 de la nationalité égyptienne par le président Moubarak en remerciement de son œuvre
En décembre 2005, elle est élue au 5e rang "du plus Grand Belge de tous les temps" par le public de la RTBF

Liens

http://youtu.be/MqEtgK7hs3s leçon de vie de soeur Emmanuelle
http://youtu.be/bmYt-iyE1sg interview sur KTO
http://youtu.be/7tcDxYu2yFM chez Pivot
http://youtu.be/z9BO3hAo6p0 PPDA parle de soeur Emmanuelle

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#148 Le Corbusier 1
Loriane Posté le : 05/10/2013 20:30
Le 6 Octobre 1887 à la chaux de Fonds naît Charles-Édouard Jeanneret-Gris dit Le Corbusier

Architecte du mouvement modrene, courant puriste, brutaliste; il est aussi, unrbaniste, deisgner, décorateur, dessinateur, peintre, sculpteur, technicien du béton, conférencier, écrivain, et émailleur sur tôle,
Il est Influence à l'époque par Henri Sauvage, Eugène Grasset, Tony Garnier, Il Découvre les architectes du Werkbund

"Le Corbusier, ce théoricien, cet artiste, dont on ne parviendra jamais, je crois, à dire à la fois assez de mal et assez de bien" : l'opinion de Pierre Francastel dans Art et technique résume bien les sentiments étonnamment contradictoires que suscitent l'œuvre et la personnalité de Le Corbusier. Aux yeux du grand public, celui-ci symbolise à lui seul l'architecture contemporaine, et on le tient pour responsable, en bien comme en mal, de toute la production moderne – dont il a été à la fois l'ardent stimulateur par une activité incessante de polémiste et de théoricien et le visible porte-drapeau.
Artiste vedette, Le Corbusier a bien eu une personnalité de leader, prenant à son compte et à sa charge les ambitions d'une époque et leur assurant une continuelle publicité. Personnalité provocante : cet homme que les militants d'extrême droite qualifiaient si aisément de bolchevik était membre d'une organisation fasciste ; cet artiste tenant du "fonctionnalisme", dont il prêchait chaque jour les vertus, était rien moins que fonctionnaliste dans son architecture, où la dimension poétique atteint souvent au lyrisme. Mais c'est justement par ces aspects contradictoires d'une personnalité aussi envahissante que déconcertante que Le Corbusier – à la fois comme homme et comme artiste – s'est assuré une place prééminente dans l'histoire de l'architecture du xxe s.
Voyages et rencontres
Le Corbusier a connu de grands rivaux, déclarait André Malraux dans son hommage posthume à l'architecte en 1965, mais, ajoutait-il, aucun n'a signifié avec une telle force la révolution de l'architecture, parce qu'aucun n'a été si longtemps, si patiemment insulté. » Architecte, urbaniste mais aussi peintre, ensemblier, sculpteur avec Joseph Savina (1901-1983) et créateur de tapisseries, Le Corbusier se passionne pour tous les moyens d'expression. À la fin des années quarante, il inventa le Modulor, un nouveau système de mesure qui se voulait la synthèse entre les principes de compositions modulaires et ceux de la section d'or. Ses meubles, créés avec Charlotte Perriand (1903-1999), sont encore édités par le designer italien Cassina. Militant infatigable, il intellectualise chaque expérience et la traduit non dans un langage abscons et prétentieux, mais dans des termes accessibles à tous. Cette clarté servie par un sens inné de la formule, proche du slogan publicitaire, possède une efficacité que l'on retrouve intacte dans la cinquantaine de livres qu'il publie de 1912 à 1966. À ce titre, il fut le premier architecte médiatique du XXe siècle et certainement le plus médiatisé.
C'est l'un des principaux représentants du mouvement moderne avec, entre autres, Ludwig Mies van der Rohe, Walter Gropius, Alvar Aalto et Theo van Doesburg.
Le Corbusier a également œuvré dans l'urbanisme et le design. Il est connu pour être l'inventeur de l'unité d'habitation , concept sur lequel il a commencé à travailler dans les années 1920, expression d'une réflexion théorique sur le logement collectif. L’unité d’habitation de grandeur conforme nom donné par Le Corbusier lui-même ne sera construite qu'au moment de la reconstruction après la Seconde Guerre mondiale, en cinq exemplaires tous différents, à Marseille, Briey-en-Forêt, Rezé, Firminy et Berlin. Elle prendra valeur de solution aux problèmes de logements de l'après-guerre. Sa conception envisage dans un même bâtiment tous les équipements collectifs nécessaires à la vie — garderie, laverie, piscine, école, commerces, bibliothèque, lieux de rencontre.
Sommaire

Biographie

Charles-Édouard Jeanneret est, par son père, le descendant d'une lignée d'artisans, protestants émigrés du sud-ouest de la France, et par sa mère, de famille d'industriels essentiellement horlogers de Suisse, du nord de la France et de la Belgique. Parmi ces derniers, le patronyme belge "Corbésier" influencera un des divers noms de plume dès 1920 utilisés dans la rédaction de L'Esprit nouveau, l'unique revue du courant puriste qu'il anime avec Ozenfant. Il semble que ce soit le totem indien du corbeau ou Corbu qui transforme ce nom en Le Corbusier.
Ne s'agit-il pas à l'évidence d'un surnom collectif, pour le collectif de l'Esprit nouveau ?

1900-1916 Formation, premières réalisations et voyages

En 1900, Charles-Édouard entame une formation de graveur-ciseleur à l'école d'art de La Chaux-de-Fonds dans le Jura suisse. Il suit les traces de son père, émailleur de cadran et chef d'une petite entreprise spécialisée dans une filière spécifique de l'industrie horlogère jurassienne, en particulier la confection de montres et des boitiers qui les protègent.
L'élève-artisan réalise sa première gravure à quinze ans, obtenant une première récompense à l'exposition des arts décoratifs de Turin en 1902. Mais l'évolution catastrophique de sa vue – il ne voit que d'un œil – ne lui permet plus d'envisager la poursuite de cette formation, encore moins d'espérer faire carrière. Charles-Édouard désire devenir artiste peintre. Le professeur de dessin, directeur de l'école, Charles L'Eplattenier, émule de l'Art nouveau, l'accueille dans son cours de dessin d'art, mais, ne percevant pas son talent, le dirige vers l'architecture et la décoration en 1904. Il l'invite avec deux autres élèves à participer à la réalisation d'une maison sous l'égide de l'architecte Chapallaz, en particulier la décoration de sa première villa à l'âge de dix-sept ans.
Dès 1909, au terme d'un voyage de fin d'étude en Italie, en Autriche, avec retour par l'Allemagne du Sud et la France de l'Est, il visite Paris et rencontre Eugène Grasset, architecte spécialiste de la décoration dont le livre a constitué la base de sa formation d'architecte-décorateur, il n'en a pourtant pas le diplôme.
Sur les conseils d'Eugène Grasset, il apprend les premiers rudiments du dessin technique concernant l'architecture en béton armé en travaillant quelques mois à Paris comme dessinateur chez les frères Perret, industriel du bâtiment spécialisé dans des constructions techniques en France. Il rencontre le dernier fils de la fratrie qui est l'architecte de la maison par nécessité, Auguste Perret.
En 1910, il est chargé, en tant que jeune professeur, par son école d'art d'une mission d'étude sur l'évolution des rapports entre industrie et arts du bâtiments en Allemagne. Au terme des rencontres et des colloques prévus, il gagne Berlin et se fait embaucher quelques mois comme dessinateur dans la grande agence dirigée par Peter Behrens. Il est un simple collègue, parmi d'autres dessinateurs ou architectes novices embauchés, de Ludwig Mies Van Der Rohe et Walter Gropius. Ses gains salariaux lui permettent d'accompagner vers la Roumanie et la Grèce son copain Klipstein qui prépare une thèse sur le peintre Le Gréco.
Le Corbusier, dans une publication posthume intitulée Voyage d'Orient, relate ce lent périple, tantôt à pied, tantôt en voiture, tantôt en train, tantôt en bateau, entamé en mai 1911 par celui qui est encore Charles-Édouard Jeanneret. Voici Prague, Vienne, Budapest, Istanbul, jusqu'à Athènes en Grèce.
Voici aussi les fascinants paysages du Danube et des Balkans avant les rivages de la mer Égée. Tout particulièrement il est captivé par les maisons traditionnelles de Roumanie et de Bulgarie, les formes architecturales d'Istanbul, les ruines blanches de l'Acropole, la conception des monastères perchés du nord de la Grèce, en particulier du mont Athos. Le voyage inspire sa première philosophie d'architecte. Il décide de rentrer en revoyant l'Italie qu'il apprécie depuis son premier voyage, Pise, Florence, le monastère d'Ema en Toscane et nombre de villes chargées d'histoire et d'œuvres d'art en Italie.
Durant ce voyage, il remplit six carnets de dessins dont il se servira à de nombreuses reprises pour illustrer ses propos et ses publications. Il écrit aussi déjà des textes sur sa pérégrination à destination des journaux de sa ville natale.
De retour à La Chaux-de-Fonds, le jeune professeur s'engage dans la rénovation de son école, elle échoue et il démissionne début 1914. Il s'empresse de passer l'examen fédéral de dessinateur, pour ne pas être sans diplôme officiel.
Après quelques missions d'expert décorateur du bâtiment auprès des instances fédérales helvétiques, il décide de s'établir librement comme architecte. Il a déjà construit la villa Jeanneret-Perret, plan de 1912, dite Maison Blanche, pour ses parents, même si l'industriel Favre-Jacot, effrayé du retard et du dépassement du coût prévu, lui a retiré la réalisation de sa villa au profit de l'architecte Chapallaz.
Avant le début des hostilités en 1914, il visite l'exposition du Werkbund à Cologne. Il en revient avec un projet de cité-jardin pour La Chaux-de-Fonds. Les terribles destructions de Reims au début du conflit mondial stimule son imagination pour reconstruire la ville, avec le système Dom-Ino.
Malgré un lancement publicitaire intense, l'agence d'architecture Jeanneret vivote et son architecte est contraint d'exercer son œil exercé de décorateur dans de menus services plus lucratifs, par exemple comme employé saisonnier dans le commerce de meubles d'occasion venant de France pendant la Guerre. En 1916, il construit la villa Schwob, dite aussi villa Turque .
Mais, soucieux de bien construire, il dépasse le prix du devis de construction. De multiples tracas exaspèrent le jeune architecte, les fuites dans la toiture en béton dont il a revêtu un cinéma de La-Chaux-de-Fonds et les impayés de son agence. Mais, en 1917, le jeune architecte végétant sans véritable clientèle rêve de participer à la reconstruction de la France dont il anticipe la victoire. Il a des projets plein la tête, pour (re)construire en série et à faibles coûts dans un grand pays.
Paris est aussi une capitale de l'art et de la culture, il y a étudié avec joie en 1910, mais il n'a pas rencontré les milieux artistes. Dès qu'il le peut, l'apprenti architecte presque trentenaire, artiste dans l'âme, fasciné par les machines et la vitesse, s'engage à transférer son petit cabinet d'architecte à Paris.

1917-1925 : L'aventure artistique du Purisme

Dès 1917, il habite rue Jacob à Paris. Il fonde rue d'Astorg un premier atelier d'architecture, inscrit au registre administratif sous le nom de société d'entreprise industrielle et d'étude. Auguste Perret le présente aussitôt à Amédée Ozenfant, qui l'initie à la peinture à l'huile. Ensemble, ils jettent les bases en 1918 du purisme, courant artistique proposant un retour à l'ordre, opposé aux dérives de l'art avant la déflagration mondiale, en particulier stigmatisant le cubisme, lire les propos acides sur le cubisme dans le livre manifeste Après le cubisme , 1918 ou les excès futuristes.
Il expose ses deux premières toiles galerie Thomas avec celles d'Ozenfant. La peinture doit être pure, autant au niveau de la morale que par sa simplicité. L'art a vocation à être rationnel, l'abstraction fruit d'une application ordonnée et rigoureuse appelle un langage normalisé de forme géométrique élémentaire, des constructions proscrivant a priori la figuration humaine, acceptant des couleurs types. L'art doit engendrer un émoi vibrant et réveiller l'esprit avec sobriété.
L'exubérance et surtout l'exhibitionnisme sont condamnés.
L'émotion et les sens sont intimement rapprochés par la saisie intellectuelle. C'est ce qui frappe d'emblée ceux qui découvrent l'explication corbuséenne avec la réalisation concrète. Naît ainsi une gamme de sentiments de pensée, qui n'est pas sans correspondance avec l'effet de la musique.
Pourtant l'avant-garde créatrice ne permet pas à Charles-Édouard de vivre décemment. C'est pourquoi il travaille dès qu'il le peut en tant que dessinateur pour l'entreprise de bâtiment des frères Perret.
Il multiplie les fonctions précaires de responsables techniques ou d'agent administratif dans l'industrie du bâtiment. Au sortir de la guerre, en 1919, il devient même directeur d'une entreprise de matériaux en banlieue parisienne. Mais celle-ci fait rapidement faillite.
Les deux compères rejoints par un ami poète définissent le sens du nouveau mouvement d'avant-garde qu'ils inventent en détail dans leur revue L'Esprit Nouveau dès 1920. Très vite, pour remplir les colonnes vides de la revue à diffusion confidentielle, le peintre actif et écrivain prolixe Jeanneret s'échine à rédiger de nombreux articles manifestes sur l'homme moderne : "Les œuvres sont rendues lisibles par des formes simples et dépouillées, organisées en constructions ordonnées, génératrices d'harmonie."
C'est au lancement de cette revue en 1920 qu'il utilise pour la première fois son pseudonyme Le Corbusier, qui est une adaptation du nom de son ancêtre du côté maternel « Lecorbésier », d'origine albigeoise5. Il continue quand même à utiliser son nom pour signer certains de ses articles dans cette même revue de façon à faire diversion sur le nombre théorique de contributeurs.
Ozenfant expose quelques toiles dans le Pavillon de l'Esprit nouveau, éphémère construction de Le Corbusier à l'occasion de l'Exposition internationale des Arts décoratifs, Expositions universelles de Paris en 1925.
Mais déjà, Charles-Edouard Jeanneret accaparé par les créations architecturales ou d'équipement du logis, comme par les violents polémiques sur l'architecture moderne et l'art décoratif fréquente avec plus de réticence le peintre Ozenfant. Il ne dévoile plus sa peinture au public et Ozenfant juge mal son évolution picturale, cette phase de réaction poétique qui le rapproche des productions d'un Léger et d'un Picasso auxquels il accorde une amitié durable, bientôt suivie d'une attirance vers le saugrenu message surréaliste.
Ne prend-il pas les objets trouvés, coquillages, bois, os, fossiles, cailloux, pommes de pins pour composer ses tableaux de collages ? Et ces dessins commencent à rechercher les courbes sensuelles du corps féminin ? La brouille entre les créateurs du purisme s'enfle ainsi irrémédiable après 1925.


1922-1931 Au temps des villas blanches

En 1922, la venue à Paris de son cousin, le jeune architecte et futur designer Pierre Jeanneret lui permet de trouver un solide associé pour relancer son activité d'architecte, son entreprise rue d'Astorg ayant fait faillite l'année précédente. Les deux cousins suisses installent leur agence commune au premier étage dans un long couloir de 50 mètres, soustrait à la partie supérieure d'un ancien vaste cloître d'un couvent jésuite, c'est l'atelier 35 S rue de Sèvres qui restera l'unique atelier architectural de Le Corbusier sa vie professionnelle durant. Pour faire connaître leur agence, Charles-Édouard publie dans un livre une sélection des textes sur l'architecture parus dans la revue puriste, signée Le Corbusier. Le livre anti-académique, farouchement contre le décor dégradant la forme et les cinq ordres de l'architecture pontifiante, est un succès éditorial qui surpasse l'aura avant-gardiste de la revue puriste.
La décennie 1920-1930 le voit réaliser un ensemble remarquable de projets de villas, d'ateliers ou d'habitations manifestes, construites ou non, où l'on voit se formaliser les éléments du langage architectural corbuséen. On peut citer en une liste non exhaustive :
le projet de ville contemporaine de trois millions d'habitants, présenté au salon d'Automne à Paris en 1922,
la Villa Ker-Ka-Ré aussi appelée Villa Besnus, à Vaucresson, sa première réalisation française livrée en 1923 à un couple de rentiers retraités.
la maison-atelier Ozenfant pour son ami peintre, à Paris, également livré en 1923
les six maisons ouvrières réalisées à Lège à l'invitation de l'industriel bordelais Henri Frugès.
la Villa Le Lac à Corseaux au bord du lac Léman, commandée par ses parents, construite en 1924. Sa mère y réside seule trente années, après la disparition du père avant la fin des années vingt.
la villa La Roche (1923-1925), pour le collectionneur et banquier Raoul La Roche. Le bâtiment comprend un appartement destiné à la famille de son frère pianiste, Alfred Jeanneret. Elle est l'actuelle Fondation Le Corbusier, à Paris.
les ateliers des sculpteurs Lipchitz-Miestchaninoff, livrés en 1925 à Boulogne-sur-Seine
la réalisation en 1925 du Pavillon de l'Esprit nouveau, à l'occasion de l'Exposition internationale des Arts décoratifs (Expositions universelles de Paris),
le projet du Plan Voisin pour Paris en 1925,
la Cité Frugès à Pessac est composé de 50 logements dans le quartier moderne de Pessac, commandés en 1924 par le promoteur Henri Frugès et construits en 1926. L'absence de viabilisation du quartier entraîne la faillite du promoteur.
la maison du peintre René Guiette à Anvers en 1926,
la villa du couple Ternisien, musiciens et artistes, à Boulogne-Billancourt, achevée en 1926.
Cette série culmine avec plusieurs études et(ou) réalisations remarquables entre 1927 et 1929:
Deux unités d'habitations dans la cité expérimentale du Weissenhof, conçue en 1926 et construite en 1927 sous l'égide du Deutsches Werkbund, près de Stuttgart. Il publie une plaquette en allemand exposant la base de son travail avec les « cinq points d'une architecture moderne ».
la villa du sculpteur Planeix à Paris en 1927,
le pavillon Nestlé à la foire de Paris en 1927,
la participation au concours international pour le siège de la SDN sur les rives du lac à Genève,
la Villa Stein, connue aussi sous le nom de villa les terrasses, livrée vers 1929 à Garches. Cette maison, remaniée à plusieurs reprises, fut dénaturée par une division en appartements,
la Villa Church, à Ville-d'Avray, terminée en 1929 également détruite.
la Villa Savoye, (1928-1931, Poissy) application littérale des cinq points d'une architecture moderne, la plus remarquable de cette période, et qui aura une influence considérable dans l'histoire de l'architecture.
le projet du Mundaneum, centre de culture mondiale à Genève. Non réalisé, il expose déjà le principe du plan du musée à croissance illimitée en 1939, qui influence l'architecture muséale des dernières décennies de sa vie, à Ahmedabad, Chandigarh ou Tokyo.
le siège du Centrosoyus (1928-1935), siège de l'union des coopératives de l'URSS, à Moscou. Architectes et ingénieurs soviétiques réalisent la construction.
l'appartement Beistegui, construit en surélévation d'un immeuble des Champs-Élysées, à Paris, livré en 1933 et détruit depuis.
Le Corbusier conçoit son métier d'architecte de façon moderne : construire nécessite une mise en œuvre rigoureuse, autant qu'une mise à l'épreuve d'idées architecturales qui, en dehors des volumes et des formes conçues par une pensée nécessairement mathématique, n'excluent nullement la façon d'habiter, et donc le mobilier et l'agencement des espaces et le cadre de vie urbain et paysager dans son ensemble. Il mène ainsi une réflexion théorique sur l'urbanisme, avec des projets qui provoquent parfois de violentes polémiques comme le Plan Voisin en 1925, dans lequel il propose de réurbaniser Paris, en détruisant les habitations le long des quais et du centre (sauf les monuments historiques reconnus) pour y construire de vastes immeubles gratte-ciel. L'atelier 35 rue de Sèvres accueille les jeunes architectes de passage dans la capitale ainsi que des étudiants et stagiaires qui se prépare à leur vie professionnelle, les plus familiers sont souvent étrangers, mais les périodes de travail sont courtes, parfois renouvelées.
Il y a aussi des jeunes dessinateurs amateurs, voire des jeunes artistes ou des inventeurs-bricoleurs qui parviennent par leur talent technique à s'inclure dans l'activité souvent vespérale de l'atelier anti-académique. Les responsables soucieux de l'ordre et les stagiaires fidèles de l'atelier se voient attribuer des surnoms basée sur leurs acronymes (« LC » pour Le Corbusier) ou le début du (pré)nom usuel (Corbu). À l'instar de jeunes architectes, techniciens ou ingénieurs familiers de l'atelier, l'assistant puis chef d'atelier de la fin des années trente, André Wogenscki (Vog) y rencontre sa future femme. Pour suivre les chantiers, Le Corbusier et Pierre Jeanneret choisissent des collaborateurs maîtres d'œuvre, comme Alfred Roth dans les années trente.
Dès le début des années vingt, Le Corbusier multiplie les contacts avec les fournisseurs de mobilier. En 1925, mis à part ses propres créations, il n'est nullement satisfait du mobilier commercial qu'il peut exposer au Pavillon de l'Esprit Nouveau. Il entame une recherche sur les matières et les formes de base les plus sobres et/ou économiques. Sa collaboration avec l'artisan Thonet est riche. Le salon d'automne de Paris 1929 le voit présenter une ligne de mobilier dessinée avec Charlotte Perriand. Le Corbusier fonde à cette occasion avec les autres designers français l'Union des Artistes Modernes (UAM). Alors qu'il apparaît avec son trio avec Charlotte Perriand et Jean Prouvé, très en pointe pour la fabrication industrielle, il faudra attendre 1965 pour qu'un industriel du luxe italien, Cassina, produise en modeste série quelques-unes de leurs œuvres.
Il est parmi les architectes modernes européens qui prennent l'initiative de l'organisation, souhaitée par la mécène genevoise Hélène de Mandrot en 1928, du premier Congrès international d'architecture moderne (CIAM) réuni au château de La Sarraz, pays de Vaud. Ce co-fondateur, qui s'enorgueillit d'un succès puisque 21 nationalités sont représentées, participe d'emblée à la bataille du premier congrès. Au troisième congrès en 1930 à Bruxelles, l'axe Zürich-Amsterdam s'impose, laissant dans les marges Le Corbusier, vu et entendu parfois comme un agitateur dogmatique.

1929-1944 Logements collectifs, bâtiments publics et urbanisme

À partir de la crise économique de 1929, Le Corbusier va concentrer sa réflexion théorique sur l'organisation de la concentration urbaine. Ces propositions d'urbanisme concernent :
l'étude d'urbanisation de Rio de Janeiro en 1929 au cours de son voyage d'automne en Argentine et au Brésil
Moscou en 1930,
l'aménagement du front de mer d'Alger de 1930 à 1933
Barcelone en 1932, puis
Anvers, Genève, Stockholm en 1933.
Tous ces projets une fois publiés sont fortement critiqués.
En même temps il mène les réalisations, de la Cité-refuge de l'Armée du salut de 1929 Paris, le Pavillon Suisse de la Cité internationale universitaire de Paris (1930-1932).
En 1930, Charles-Édouard Jeanneret demande et obtient la nationalité française, faisant inscrire sur son passeport la profession d'homme de lettres. Il épouse Yvonne Gallis, ancien mannequin monégasque née le 1er janvier 1892. Le couple aménage en 1933 au dernier étage d'un immeuble d'appartements construit par le cabinet Le Corbusier rue Jacob. Yvonne, sa femme d'origine méditerranéenne, généreuse et joyeusement humaniste, a, de l'avis de nombreux observateurs, beaucoup influencé Charles-Edouard, encore raide et dogmatique sur de nombreux thèmes de société.
Ainsi le racisme latent qui a marqué la Belle Époque et le jeune professeur-architecte jurassien, ou la tentation d'ordre totalitaire qui saisit de nombreux artistes au cours des années vingt s'estompent sous cette douce influence.
Sa peinture a admis la figuration et les formes humaines depuis des années, elle inclut désormais des objets à réaction poétique, qui peuvent être des formes glanées par la main concrète ou l'œil. Du point de vue architectural, il accorde une attention dite d'esthétique brutaliste à la matière rendue en surface, béton brut de décoffrage, lissé ou moulé, briques nues ou bois non poncés, cailloux ou cailloutis grossiers cimentés…
À partir des études d'urbanisme réalisées pour le CIAM, il propose le projet générique de ville radieuse, ainsi que celui d'un palais des soviets à Moscou en 1931.
Le CIAM d’Athènes, tenu en 1933 sur le paquebot qui, de Marseille, se rend au Pirée, prend pour thème la ville fonctionnelle. Les quatre fonctions habiter, travailler, se cultiver, entretenir son corps et son esprit, circuler, enthousiasment Le Corbusier, pourtant toujours marginalisé au même titre que l'architecture moderne française. Ses simples notes servent à rédiger l'ouvrage La charte d'Athènes, paru sous l'Occupation.
En 1942 pour sa naissance et en 1943 pour son lancement, l'auteur est partie prenante de l'assemblée des constructeurs pour la rénovation architecturale ou ASCORAL. Il s'agit d'une organisation élargie du groupe CIAM-France à des acteurs de nombreuses disciplines d'ingénierie et de recherche scientifique qui vise à établir des normes dans l'industrie de la construction qui puissent répondre avec cohérence à ces principales fonctions.
Après 1934, la crise touche les cabinets d'architecture en France. Mais Le Corbusier est déjà une autorité internationale de l'architecture. Profitant de son audience à l'étranger, son cabinet qui a l'avantage d'accueillir un grand nombre de jeunes collaborateurs ou stagiaires non rémunérés continue d'être une ruche bourdonnante.
Le conférencier au rayonnement attendu sur l'art architectural moderne multiplie les voyages en Amérique ou en Europe. La fondation Rockfeller l'invite à New York en 1934. En juillet et août 1936, Le Corbusier réside à Rio de Janeiro au Brésil, officiellement pour une tournée, rémunérée de conférences, officieusement comme super-consultant pour améliorer le projet de construction du ministère de l'Éducation nationale et de la santé publique.
L'architecte Lucio Costa, ancien élève des Beaux-Arts de Paris familier de l'atelier rue de Sèvres, est à l'origine de cette invitation déguisée. Avec son adjoint Oscar Niemeyer, ils essaient de tirer le meilleur des propositions dessinées foisonnantes du maître.
Les deux architectes brésiliens, avec d'autres collaborateurs, construisent ensuite à leurs façons le ministère de l'Éducation nationale à Rio de Janeiro de 1936 à 1943.
En France, les affaires des cabinets d'architecture sont inexistantes.
Le Corbusier travaille à coût réduit et s'adapte à la demande. La maison de vacances pour monsieur Peyron aux Mathes près de Royan est construite par l'entrepreneur du village, elle a des murs porteurs qui supportent une charpente, portant une couverture en fibrociment. Le budget serré n'a pas permis le déplacement de l'architecte, qui s'est contenté d'être le dessinateur et le superviseur des plans précis réalisés à l'atelier. La maison de week-end pour monsieur Félix, à La Celle-Saint-Cloud, est, autre concession, de plain-pied, sans étage. Des voûtes de béton armé surbaissées permettent d'engazonner le toit, tout en réservant des entrées de lumière par des lanterneaux. L'art corbuséen s'investit dans les contrastes de matériaux : béton, maçonnerie de pierre meulière locale, brique de verre, panneaux de bois…
L'atelier participe sans succès au concours pour le musée d'art moderne de Paris en 1935.
Le Corbusier prend sa revanche au cinquième CIAM qu'il organise en 1937 à Paris avec un mécénat français, sur le thème « logis et loisirs ». Un trio directeur, désolidarisant l'ancienne direction, se forme durablement : l'architecte allemand Walter Gropius, le secrétaire général des CIAM, le professeur zurichois Siegfried Giedon et Le Corbusier représentent l'architecture moderne jusqu'au sixième CIAM de Bridgwater (Angleterre) en 1947, qui voit l'irruption d'une nouvelle génération d'architectes turbulente, qui conteste et vilipende l'ancienne. Les congrès vidés de leurs disputes ardentes, malgré la fidélité du vieux Le Corbusier, se maintiennent jusqu'en 1959.
En 1937, invité in extremis à l'exposition internationale de Paris, Le Corbusier élabore le pavillon des Temps Nouveaux qui montre, peut-être avec ironie l'état précaire de l'architecture en France, par sa conception. L'abri-tente, soutenu par des pylônes auxquels s'accrochent haubans et câbles, met exposants et expositions, en particulier celles des CIAM, sous une toile couvrant 1 200 m2. Théoriquement démontable pour être reconstitué dans d'autres villes, selon le vœu corbuséen, le chapiteau n'est pas réutilisé et les composants sont vendus ou dispersés.
En mai 1940, il ferme son atelier de dessin-cabinet d'architecture rue de Sèvres. Pierre Jeanneret part à Grenoble. Le Corbusier et Yvonne se réfugient dans le midi français, le couple réside ensuite dans le petit village pyrénéen d'Ozon.
Le Corbusier (re)devient un découvreur rêveur et artiste en collectionnant les objets trouvés ou jetés, en s'adonnant à la peinture murale. Mais la deuxième année d'occupation allemande le fait revenir à Vézelay en Bourgogne occupée, avec son épouse. Muni d'une doctrine des trois établissements humains, il intrigue - aux dires des hommes politiques - dans les ministères de Vichy.
Son souhait de hâter la mutation industrielle du secteur du bâtiment reste vain. Il n'obtient que des modélisations de fabrications rapides pour le logement provisoire des sinistrés et des animations techniques de chantier de jeunes.
De cette période morne sortent diverses constructions à base de matériaux naturels accessibles, qu'il avait dénommés les murondins. Il ne revient à Paris qu'après 1942. Son atelier n'est définitivement rouvert pour ses anciens collaborateurs qu'après la libération de Paris.

1941-1942 Le Corbusier et le régime de Vichy

Selon l'Encyclopédie Larousse : Personnalité provocante : cet homme que les militants d'extrême droite qualifiaient si aisément de bolchevik était membre d'une organisation fasciste. De même source : En 1941 Destin de Paris reprenant le Plan Voisin est un appel ouvert à l'autorité de Vichy.
Le Corbusier est proche du Faisceau de Georges Valois, en 1926. En janvier 1931 il devient membre du comité de rédaction de la revue Plans fondée par Philippe Lamour, un ancien membre du Faisceau, tout comme Hubert Lagardelle membre du comité de rédaction. En 1933, Le Corbusier collabore à la revue Prélude dirigée par son ami Pierre Winter, ancien membre du Faisceau également.
François de Pierrefeu contribue à la revue Plans et à la revue Prélude.
Bien que d'origine suisse, Le Corbusier a côtoyé de près le régime de Vichy, ville dans laquelle il a vécu 17 mois 1/2 de janvier 1941 à juillet 1942. François de Pierrefeu est aux côtés de Le Corbusier à Vichy, période durant laquelle ils signent ensemble le livre La Maison des hommes. Après le départ de Le Corbusier, le 1er juillet 1942, François de Pierrefeu continue de défendre les intérêts de l'architecte auprès du régime de Vichy. Hubert Lagardelle est quant à lui ministre du Travail du régime de Vichy dans le gouvernement Pierre Laval, avril 1942-novembre 1943.
En 1944, Pierre Winter est Inspecteur Général du Travail du gouvernement de Vichy.
En 1943, en plein conflit, Le Corbusier avait comme principale préoccupation la publication de la Charte d’Athènes. Il est également soupçonné d'antisémitisme au point qu'en 2010, la banque UBS décide de le retirer de ses publicités.

1945-1965 : L'après-guerre

Les destructions de la guerre mondiale, puis la croissance démographique en France appellent avec vigueur une reconstruction.
Reconstruire dans l'urgence, que ce soit pour des sinistrés ou des démunis, nécessite, selon Le Corbusier, une disposition d'esprit différente de construire où la quête d'émotions partagées nourrissant l'architecture créatrice s'adapte suivant un rythme propre à une manière d'habiter individuelle ou familiale. La solution économique idéale passe par l'industrialisation du bâtiment et les fabrications standardisées d'équipements en série.
Pour répondre à ce défi, l'ATBAT ou atelier des bâtisseurs se crée rue de Sèvres. Des hommes de l'art reconnus apportent leurs compétences, leurs soutiens ou contributions financières, ou sympathisent avec l'atelier. Parmi eux :
les architectes Pierre-André Emmery, André Sive, André Wogenscky, Roger Aujame, Nadir Afonso, Soltan, Gérald Hanning…
l'ingénieur des mines Jean Commelin
l'organisateur Jacques Lefebvre
le directeur des travaux Marcel Py
le technicien et industriel nancéien Jean Prouvé
l'ingénieur Vladimir Bodiansky
L'architecte planificateur souhaite pourtant développer des cités jardins verticales, en hauteur et horizontales, délimiter au mieux les espaces marchands, industriels, administratifs de la ville au bénéfice des transports efficaces et rapides tout en créant espaces verts et centres piétonniers, en respectant les éléments paysagers. C'est dans ce cadre qu'il accepte en 1945 les plans de villes, tel le port de La Rochelle-La Palisse, Saint-Gaudens ou Saint-Dié. Ses plans d'urbanisme n'auront pas de succès.
Pourtant, de 1945 à 1952, Le Corbusier voit avec satisfaction se réaliser en France des unités modèles de sa ville moderne :
l'unité d'habitation dont la première est inaugurée à Marseille,
le bâtiment industriel dont le seul exemplaire corbuséen est l'usine Claude et Duval, 1948-51
Le Corbusier, à la demande du ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme, le député communiste François Billoux, élabore les plans et supervise la construction de la Cité radieuse de Marseille, sa première unité d'habitation.
Il s'agit d'un immeuble d'habitation sous la forme d'un parallélépipède sur pilotis en forme de piètements évasés à l'aspect rugueux, qui constitue une innovation importante dans la conception architecturale des résidences d'habitations. Dans cet immeuble, il a tenté d'appliquer ses principes d'architecture pour une nouvelle forme de cité en créant un village vertical, composé de 360 appartements en duplex distribués par des « rues intérieures.
Édifié entre 1945 et 1952, situé sur le boulevard Michelet de Marseille, près du Stade Vélodrome, cet immeuble est l'une des cinq unités d'habitation construites par Le Corbusier au cours de sa carrière. Essentiellement composée de logements, elle comprend également à mi-hauteur de ses dix-sept niveaux, des bureaux et divers services commerciaux, épicerie, boulangerie, café, hôtel/restaurant, librairie, etc.
Le toit-terrasse de l'unité, libre d'accès au public, est occupé par des équipements publics : une école maternelle, un gymnase, une piste d'athlétisme, une petite piscine et un auditorium en plein air. Son inauguration officielle sur le toit-terrasse le 14 octobre 1952 en présence du ministre de la Reconstruction, Eugène Claudius-Petit, est un grand moment d'émotion dans la vie de son architecte concepteur.
Entre 1953 et 1956, l'État pour récupérer les fonds investis vend l'ensemble des duplex aux particuliers privés et se désintéresse de la vie sociale interne qui l'impliquait paradoxalement dans la conception. Notons que l'unité d'habitation est expressément conçue pour le logement social, autant par son agencement que par l'ameublement.
En 1950, à 63 ans, au départ récalcitrant, il est choisi par l'archevêque de Besançon et se lance dans l'aventure de la reconstruction de la chapelle Notre-Dame-du-Haut à Ronchamp en Franche-Comté, détruite par les bombardements de septembre 1944. C'était son premier projet d'un bâtiment de culte, bien qu'il ait travaillé en 1929 sur les plans de l'église de Tremblay-lès-Gonesse : Je n'avais rien fait de religieux, mais quand je me suis trouvé devant ces quatre horizons, je n'ai pu hésiter ». Athée, il disait avoir des ancêtres cathares, desquels il tire son pseudonyme Corbusier pouvant signifier marchand de corbeilles ou encore cordonnier. En mai 1955, il se réjouit de retrouver son premier métier d'apprentissage, il réalise seul en usine le décor de la grande porte de l'église de Ronchamp en y appliquant 18 m2 de peinture sur émail.
Il participe à l'édification de deux autres bâtiments cultuels :
le couvent de Sainte-Marie de la Tourette à Éveux-sur-Abresle près de Lyon, dessiné en 1953, réalisé de 1954 à 1959, inauguré en 1960 et
l'église Saint-Pierre de Firminy à Firminy, près de Saint-Étienne dans la Loire. Jamais terminée de son vivant, c'est seulement en 2006 qu'elle sera achevée.
Ce chantier tout à fait inhabituel, aura été mené par José Oubrerie, ancien collaborateur de l'agence Corbu.
La notoriété mondiale s'attache à sa figure. Dès 1947, il siège au conseil économique et préside différentes délégations françaises d'affaires culturelles vers les pays francophiles, où il est populaire. Ses services envers l'État lui valent d'être nommé commandeur de la Légion d'honneur avant 1950. La modestie du commandeur influença probablement le choix définitif de l'archevêque bisontin qui n'était qu'officier.
Ses obligations officielles, voire ses préparations minutieuses des CIAM, par exemple, le septième congrès de l'été 1949 à Bergame, n'entravent pas les activités de son cabinet d'architecture et leur participation à des chantiers internationaux. Par exemple, le 24 février 1949, il signe à Bogota avec son fidèle ancien élève barcelonais Sert et le New-Yorkais Wiener un contrat de reconstruction de la ville colombienne.
Il va appliquer ses principes urbains et architecturaux à l'échelle d'une ville quand les autorités indiennes, au début des années 1950, lui confient le projet de la ville de Chandigarh, nouvelle capitale du Pendjab située sur un haut plateau dominé par la chaîne himalayenne. Prenant en charge l'urbanisme entier, il dessine en premier lieu les bâtiments du complexe administratif ou capitole pour la ville indienne encore quasiment déserte :
le palais de Justice ou de Haute Cour achevé en 1956, inauguré le 19 mars 1956 en présence du président Nehru ;
le palais du Capitole ou du Gouverneur jamais construit ;
le Secrétariat maison des ministères achevé en 1958 ;
le palais de l'Assemblée inauguré en 1961.
Avant les grands chantiers, Le Corbusier répond aux sollicitations des classes aisées indiennes en concevant des résidences privées de luxe. Ainsi de 1951 à 1954, il supervise la construction du palais de l'association des filateurs d'Ahmedabad, ainsi que les villas Sarabhaï et Shodan.
Des observateurs ont montré que la villa Jaoul, quartier Neuilly, a bénéficié en retour de l'approche pragmatique indienne.
Son cousin collaborateur, Pierre Jeanneret, supervise sur place sur le chantier l'avancée des travaux. La sculpture pacifique de la Main ouverte, la Tour des ombres, la Fosse des considérations, sont des réalisations différées de trente années. Chandigarh offre une synthèse entre les théories novatrices de ses débuts et l’utilisation de formes non linéaires, influencées par la tradition locale.

Le cabanon à Roquebrune

Entre 1948 et 1950, Le Corbusier gère un projet de résidences de vacances Roq et Rob sur une colline escarpée dominée par les bastions de Roquebrune à Cap Martin. Il y regroupe des modules d'habitation type maison Monol ou villa du Week-End à La Celle-Saint-Cloud. Mais le projet est abandonné par le promoteur.
En 1952, le bâtisseur d'édifices gigantesques, séduit par ce bord de mer, construit en se foutant des règles du Modulor avec Fernand Gardien, à Roquebrune-Cap-Martin, un cabanon-baraque de 3,66 m × 3,66 m × 2,26 m à bardage de croûte de pin sur un bout de rocher battu par les flots.
Quelque temps auparavant, le 11 avril 1952, une exposition de ses dessins de la période 1918-1928 - période intense et cruciale, affirmait-il - était inaugurée à la galerie parisienne Denise René. Après trente ans d'éclipse, surtout en France, l'artiste discret choisit de revenir sur le devant de la scène. En décembre 1953, une grande exposition de ses œuvres marque le public au Musée national d'art moderne. Elle est aussi présentée à Londres.
Au cours des années cinquante, si florissantes pour les grosses agences d'architecture engagées dans la Reconstruction, Le Corbusier gouverne avec dureté son atelier qui stagne à l'échelle artisanale, selon l'opinion d'Oscar Niemeyer.
Le Corbusier, architecte ascétique et rigoureux sans concession, n'affiche que mépris pour les confrères enrichis, étalant un train de vie luxueux par propriété privée et voitures interposées. Les commandes de l'atelier restent faibles, mais le réseau des anciens étudiants-collaborateurs s'affirme efficace. Lucio Costa vient construire avec le maître le pavillon du Brésil à la cité universitaire de Paris, de 1957 à 1959. José-Luis Sert, doyen de la section d'urbanisme à l'université d'Harvard, impose Le Corbusier pour le centre Carpenter consacré aux arts visuels, projeté en 1959 et terminé en 1965.
Les anciens étudiants nippons de l'atelier, Mayekawa et Sahakura, l'invitent à Tokyo construire le musée d'art occidental. Le Corbusier, figure internationale de l'architecture, passe ainsi de nombreuses semaines chaque année dans les avions et les aéroports.
La fin des années cinquante est douloureuse. Il perd les deux femmes qui comptaient le plus dans sa vie, son épouse le 5 octobre 1957 puis sa mère début 1959. Mais Le Corbusier en privé ne s'enferme que pour créer. Il cultive l'amitié, on le voit copain avec André Malraux. Lorsqu'il réside à Paris, il passe en matinée à l'atelier pour accomplir ses obligations avec sa secrétaire et répondre aux sollicitations des collaborateurs et visiteurs. Mais l'après-midi il trouve refuge dans l'activité artistique dans son appartement-terrasse situé rue Nungesser et Coli. Il prend invariablement au minimum un mois de délassement estival dans son cabanon, en compensation de ses nombreux voyages et déplacements lointains.
Ce sportif amaigri par l'âge meurt le 27 août 1965, à l'âge de 77 ans, à la suite d'un malaise cardiaque au cours de sa séance quotidienne de natation en Méditerranée, plage du Buse, située près du cabanon, à Roquebrune-Cap-Martin. Après de grandioses obsèques nationales dans la cour du Louvre, orchestrées par le ministre André Malraux, il est simplement enterré sur un promontoire de Roquebrune avec sa femme. Le sobre monument funéraire en béton à double forme est de sa conception.

Les théories de Le Corbusier

"Là où naît l'ordre, naît le bien-être." Les premiers choix de Le Corbusier en architecture sont ceux qui définissent le purisme : simplicité des formes, organisation, rigueur. Cette vision est mêlée d'utopie, le bonheur étant l'une des clés de ses réflexions sur l'urbanisme. Son langage architectural s'applique aussi bien au logement économique qu'à la villa de luxe.
Dès 1926, Le Corbusier définit UNE architecture moderne, et non pas l'architecture moderne en cinq points, ce sont les Cinq points de l'architecture moderne :
les pilotis
le toit-terrasse
le plan libre
la fenêtre-bandeau
la façade libre
En 1933, au Congrès international d'architecture moderne (CIAM) d'Athènes, il affirme : Les matériaux de l'urbanisme sont le soleil, l'espace, les arbres, l'acier et le ciment armé, dans cet ordre et dans cette hiérarchie.
Le docteur Pierre Winter lui déclare : notre rôle et le vôtre, aujourd'hui est de restituer la nature à l'Homme, de l'y intégrer.
En 1938 et ce jusqu'en 1965, il n'eut de cesse de s'intéresser au projet de La Sainte-Baume, qui lui servit de brainstorming toute sa vie. Le projet utopique d'alors était de réconcilier les Français et les pays autour de la France, et de relever l'âme et l'esprit et la raison des gens pour leur redonner goût et espoir après toutes ces années de guerre.
Déjà en 1938 il écrivait un livre avec comme titre : Des canons, des munitions ? Merci ! Des logis… SVP.
Son amitié avec Édouard Trouin, géomètre de père en fils depuis cinq générations, fut très prolifique.
Le Corbusier a consigné ses théories et ses recherches dans 35 ouvrages écrits entre 1912 et 1966. Ses pairs le considéraient comme un visionnaire, mais un piètre bâtisseur. Le Corbusier s'en défendait : En architecture, je ne serai jamais l'un de vos concurrents, puisque j'ai renoncé … à pratiquer l'architecture de manière générale et que je me suis réservé certains problèmes qui mettent en jeu exclusivement des questions de plastique.
À l'annonce de la mort de Le Corbusier, Alvar Aalto reconnaissait qu'il n'avait jamais apprécié le prophète dogmatique ou le porte-parole de l'architecture moderne. Une fois la première surprise des présentations, il ne restait qu'un flux verbeux. Mais les réalisations méticuleuses de l'architecte bâtisseur méritaient, selon le maître finlandais, une tout autre considération, par leur variété et leur originalité, leur fonctionnalité et leur adaptation à la contrainte, leur spiritualité généreuse ou leur dénuement géométrique, leur surprenante évolution avec le temps…


Centre Le Corbusier à Zurich

Le Corbusier se révèle l'architecte de la conciliation des contraires. Les dualités art/technique, règle/arbitraire, géométrie/nature, lumière/ombre, continuité/rupture appellent une véritable réponse artistique in loco. On peut aussi inclure l'esprit corbuséen de conciliation aux divers pôles opposés au sens corbuséen : nature/architecture, volumes essences géométriques/ objets décorum sculpture ou peinture, vie individuelle/vie collective, compacité du béton/transparence du verre, construire/reconstruire…
Le Corbusier artiste et les artistes

En même temps que sa pratique architecturale, Le Corbusier n'a de cesse de nourrir sa réflexion par une pratique régulière des arts plastiques.
Son premier voyage d'Orient le fait passer par Vienne où il rencontre entre autres Gustav Klimt. On l'a vu, sa collaboration avec Amédée Ozenfant a été féconde (l'esprit nouveau, le purisme, etc.).
Il s'est ensuite rapproché de Fernand Léger puis de Pablo Picasso et Georges Braque.
Il ne cesse d'exercer, après 1917 la peinture, et compte de nombreuses expositions à l'étranger, malgré une trentaine d'années de mise entre parenthèses de son activité picturale en France (1923-1953). Dès 1940, il se lance dans la peinture murale.
Le dessinateur instaure des partenariats en ce qui concerne la sculpture après 1947 et les tapisseries à partir de 1948 :
Il était lié d'amitié avec l'ébéniste breton de Tréguier Joseph Savina, artiste et sculpteur amateur, à qui il confie - dès 1947 et au début des années cinquante - la réalisation de sculptures en bois, dont il faisait le projet dessiné.
Il réalise de nombreux cartons de tapisserie : après une première pièce tissée en 1936 à Aubusson pour Marie Cuttoli15, il collabore avec Pierre Baudouin16, professeur à l'École nationale des arts décoratifs d'Aubusson, et fait réaliser plusieurs dizaines d'œuvres en tapisserie d'Aubusson (en particulier avec les manufactures Picaud et Pinton.
Après 1950, il s'intéresse aux collages. Dans l'atelier de Jean Martin, à partir de 1953, il grave des émaux sur tôle d'acier.
La diffusion de ses lithographies est immense.
Pour expliquer cette production gigantesque de dessins, d'aquarelles et de toiles, il suffit de connaître son emploi du temps. Il avoue qu'après le sommeil réparateur, il se réserve en règle général la matinée de 8 h à 13 h. C'est le premier temps libre pour la création picturale et le dessin.
L'après-midi est réservée aux affaires d'architecture et d'urbanisme. Le soir, il peut se plonger dans l'écriture et les rapports de congrès ou de voyage.
L'âge venant, après la disparition d'Yvonne, à la fin des années cinquante, il supervise le matin le travail à l'atelier et prend son après-midi et sa soirée au calme dans son haut logement 24, rue Nungesser et Coli. Ce lecteur assidu des aventures d'Ulysse, de Panurge ou du chevalier Don Quichotte, pour ne citer que ses héros favoris, grand observateur du toit-terrasse adjacent laissé en friche, préférait souvent peindre ou dessiner jusqu'à la nuit tombante.
Il a beaucoup œuvré pour faire connaître son autre cousin Louis Soutter, qui est maintenant reconnu comme un grand artiste suisse et dont il possédait plusieurs centaines de dessins.


L'influence de Le Corbusier

Palais Gustavo Capanema, Rio de Janeiro (Brésil).

Le plan libre

Influencé par son stage effectué en 1909 chez Auguste Perret -célèbre précurseur de l'architecture poteau-poutre en béton armé, ossaturisme- Le Corbusier est connu pour la technique constructive poteau/dalle dont l'archétype est la villa Savoye et dont l'élaboration théorique est passée par la maison Dom-Ino. Les planchers sont supportés par de fins poteaux disposés sur une trame. Ainsi les façades sont libérées de la fonction structurelle. Elles ne sont plus chargées de porter le bâtiment, comme dans la construction en maçonnerie, dite aussi période pré-moderne.
L'organisation intérieure poursuit l'idée : les divisions de l'espace ne sont pas soumises aux impératifs de structure du bâtiment. Les ouvertures ainsi que les parties pleines sont implantées librement et organisent la façade.
Cette nouvelle façon de concevoir la construction des bâtiments est riche de conséquences. Si Le Corbusier n'en est pas l'inventeur, il est cependant celui qui a su la formuler en termes lapidaires : le plan libre, et en développer un vocabulaire architectural réellement nouveau.

Néo-Corbusianisme ?

On a pu voir une redécouverte du travail de Le Corbusier à la fin des années 1960, où son vocabulaire est repris tantôt dans le détail formel, tantôt dans ses principes fondateurs. Les villas blanches de Richard Meier par exemple, quoique construites en bois et acier, reprennent des détails de liaison poteau-poutre aux réalisations de Le Corbusier, comme si elles étaient réalisées en béton. Au-delà de cet aspect anecdotique, ces villas quoique de conception américaine forment une sorte d'hommage aux villas corbuséennes des années trente.
En France, cette redécouverte se formalisera dans les années 1970-1990, où une génération d'architectes formée principalement par Enrique Ciriani a pu être qualifiée de néo-corbuséenne

Le Modulor

Réalisations et projets
Chronologie de ses réalisations
Maison blanche à La Chaux-de-Fonds
Musée national d'art occidental de Tokyo
Bâtiment de l'Assemblée de Chandigarh
Bâtiment de la Haute-Cour de Chandigarh
1905 : villas Fallet, Stotzer et Jacquemet, chemin de Pouillerel à La Chaux-de-Fonds, Suisse
1912 : Villa Favre-Jacot, 6 côte de Billodes, Le Locle, Suisse
1912 : Villa Jeanneret-Perret (dite aussi Maison Blanche), La Chaux-de-Fonds, Suisse
1916 : Villa Schwob (appelée aussi Villa Turque), La Chaux-de-Fonds, Suisse
1916 : Cinéma Scala, 52 rue de la Serre à La Chaux-de-Fonds, Suisse
1917 : Château d'eau à Podensac (Gironde)
1917 : Prototype de maison pour une cité ouvrière, rue Raphaël-Hennion, Saint-Nicolas-d'Aliermont (Seine-Maritime)18
1921 : Aménagement de la villa Berque, villa de Montmorency, à Paris 16e
1922 : villa Besnus, 85 boulevard de la République à Vaucresson (Hauts-de-Seine transformée)
1922 : maison-atelier du peintre Amédée Ozenfant, 53 avenue Reille, à Paris 14e
1923 : Villas La Roche-Jeanneret, 8-10 square du Docteur-Blanche, Paris 16e
1923 : Villa Le Lac, 21 route de Lavaux, Corseaux, Suisse
1923 : Maisons-ateliers Lipchitz et Miestchaninoff, respectivement 9 allée des Pins et 7 rue des Arts à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine)
1923 : Cité Frugès, Pessac, Gironde
1923 : Villa Ternisien, 5 allée des Pins, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), détruite
1924 : Lotissement de Lège, route de Porge, Lège-Cap-Ferret (Gironde)
1924 : Maison du Tonkin, rue Jean-Descas, Bordeaux (Gironde), détruite
1925 : Les habitations de la Cité Frugès à Pessac (Gironde)
1925 : Pavillon de l'Esprit Nouveau à l'Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes (Paris)
1926 : Maison Cook, 6 rue Denfert-Rochereau à Boulogne-Billancourt
1926 : Maison Guiette, Populierenlaan 32, à Anvers (Belgique)
1926 : Armée du Salut, Palais du Peuple, 29, rue des Cordelières 13e arrondissement de Paris
1926 : Villa Stein appelée aussi Les Terrasses, 15, rue du Professeur Pauchet à Vaucresson (Hauts-de-Seine)20
1927 : Maison Planeix, 26 boulevard Masséna, 13e arrondissement de Paris
1929 - 1931 : Villa Savoye, Poissy (Yvelines)
1930 : Pavillon Suisse de la Cité internationale universitaire de Paris (14e arrondissement de Paris).
1930 : Villa l'Artaude, chemin de l'Artaude, Le Pradet (Var). Plan de 1929. Finition en 1931.
1931 - 1932 : Immeuble Clarté, Genève, Suisse
1931 : début de construction de l'immeuble d'habitation 24 rue Nungesser et Coli à la limite entre Boulogne-Billancourt et le 16e arrondissement de Paris. Le Corbusier habite avec Yvonne dès 1933 l'appartement et l'atelier privé jouxtant la terrasse.
1934 : Armée du salut, rue du Chevaleret, 13e arrondissement de Paris
1934 : Maison de week-end Henfel, 49 avenue du Chesnay à La Celle-Saint-Cloud (Yvelines)
1935 : villa Le Sextant, 17, avenue de l'océan à La Palmyre dans la commune des Mathes (Charente-Maritime)
1946 - 1952 : Cité radieuse de Marseille (Unité d'habitation), Marseille
1948 - 1951 : Usine Claude et Duval à Saint-Dié (Vosges), sa seule création à vocation industrielle
1950 - 1955 : Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp (Haute-Saône)
1951 : Le Palais des Filateurs, Villa Sarabhai et Villa Shodan, Ahmedabad, Inde
1952 Les Unité d'habitation de Le Corbusier, Marseille (Bouches-du-Rhône) surnommée par les autochtones La Maison du Fada , inaugurée par Claudius Petit, ministre de la reconstruction, d'une longueur de cent trente mètres et d'une hauteur de cinquante-six mètres.
1953 - 1955 : Cité Radieuse de Rezé (non identique, mais sur le modèle et le même principe de celle de Marseille), appelée aussi Maison radieuse, Rezé, près de Nantes (Loire-Atlantique)
1952 Les maisons Jaoul (A et B), Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine)
1952-1959 : Bâtiments à Chandigarh, Inde
1952 : Haute Cour de Chandigarh
1952 : Musée et Galerie d'Art de Chandigarh
1953 : Secrétariat de Chandigarh
1953 : Club Nautique de Chandigarh
1955 : Assemblée de Chandigarh
1959 : École d'Art de Chandigarh
1954 : Pavillon du Brésil à la Cité internationale universitaire de Paris (14e arrondissement de Paris).
1956: Sanskar Kendra, musée municipal d'Ahmedabad
1957 : Unité d'habitation de Berlin, Berlin, Charlottenburg
1958 : Pavillon du groupe électroménager Philips à l'exposition universelle de Bruxelles.
1959 : Couvent de La Tourette, Éveux (Rhône)
1959 : Musée national d'art occidental de Tokyo, Tôkyô
1960 : Cité radieuse de Briey (non identique, mais sur le modèle et le même principe de celle de Marseille), Briey (Meurthe-et-Moselle)
1961 : Écluse de Kembs-Niffer (Haut-Rhin)
1961-1963 : Carpenter Center for the Visual Arts, Harvard, Cambridge
1964 -1969 Firminy-Vert (Loire)
1965 : Maison de la culture de Firminy-Vert nom actuel de l'édifice : Espace Le Corbusier
1967 : Unité d'habitation de Firminy-Vert réalisé sur le modèle, mais un autre principe architectural de celle de Marseille)
1968 : Stade de Firminy-Vert
1970-2006: Église Saint-Pierre de Firminy (œuvre posthume, réalisée par José Oubrerie)

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#149 Le Corbusier suite
Loriane Posté le : 05/10/2013 20:27
Le Modulor

Réalisations et projets

Chronologie de ses réalisations
Maison blanche à La Chaux-de-Fonds
Musée national d'art occidental de Tokyo
Bâtiment de l'Assemblée de Chandigarh
Bâtiment de la Haute-Cour de Chandigarh
1905 : villas Fallet, Stotzer et Jacquemet, chemin de Pouillerel à La Chaux-de-Fonds, Suisse
1912 : Villa Favre-Jacot, 6 côte de Billodes, Le Locle, Suisse
1912 : Villa Jeanneret-Perret (dite aussi Maison Blanche), La Chaux-de-Fonds, Suisse
1916 : Villa Schwob (appelée aussi Villa Turque), La Chaux-de-Fonds, Suisse
1916 : Cinéma Scala, 52 rue de la Serre à La Chaux-de-Fonds, Suisse
1917 : Château d'eau à Podensac (Gironde)
1917 : Prototype de maison pour une cité ouvrière, rue Raphaël-Hennion, Saint-Nicolas-d'Aliermont (Seine-Maritime)18
1921 : Aménagement de la villa Berque, villa de Montmorency, à Paris 16e
1922 : villa Besnus, 85 boulevard de la République à Vaucresson (Hauts-de-Seine transformée)
1922 : maison-atelier du peintre Amédée Ozenfant, 53 avenue Reille, à Paris 14e
1923 : Villas La Roche-Jeanneret, 8-10 square du Docteur-Blanche, Paris 16e
1923 : Villa Le Lac, 21 route de Lavaux, Corseaux, Suisse
1923 : Maisons-ateliers Lipchitz et Miestchaninoff, respectivement 9 allée des Pins et 7 rue des Arts à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine)
1923 : Cité Frugès, Pessac, Gironde
1923 : Villa Ternisien, 5 allée des Pins, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), détruite
1924 : Lotissement de Lège, route de Porge, Lège-Cap-Ferret (Gironde)
1924 : Maison du Tonkin, rue Jean-Descas, Bordeaux (Gironde), détruite
1925 : Les habitations de la Cité Frugès à Pessac (Gironde)
1925 : Pavillon de l'Esprit Nouveau à l'Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes (Paris)
1926 : Maison Cook, 6 rue Denfert-Rochereau à Boulogne-Billancourt
1926 : Maison Guiette, Populierenlaan 32, à Anvers (Belgique)
1926 : Armée du Salut, Palais du Peuple, 29, rue des Cordelières 13e arrondissement de Paris
1926 : Villa Stein appelée aussi Les Terrasses, 15, rue du Professeur Pauchet à Vaucresson (Hauts-de-Seine)20
1927 : Maison Planeix, 26 boulevard Masséna, 13e arrondissement de Paris
1929 - 1931 : Villa Savoye, Poissy (Yvelines)
1930 : Pavillon Suisse de la Cité internationale universitaire de Paris (14e arrondissement de Paris).
1930 : Villa l'Artaude, chemin de l'Artaude, Le Pradet (Var). Plan de 1929. Finition en 1931.
1931 - 1932 : Immeuble Clarté, Genève, Suisse
1931 : début de construction de l'immeuble d'habitation 24 rue Nungesser et Coli à la limite entre Boulogne-Billancourt et le 16e arrondissement de Paris. Le Corbusier habite avec Yvonne dès 1933 l'appartement et l'atelier privé jouxtant la terrasse.
1934 : Armée du salut, rue du Chevaleret, 13e arrondissement de Paris
1934 : Maison de week-end Henfel, 49 avenue du Chesnay à La Celle-Saint-Cloud (Yvelines)
1935 : villa Le Sextant, 17, avenue de l'océan à La Palmyre dans la commune des Mathes (Charente-Maritime)
1946 - 1952 : Cité radieuse de Marseille (Unité d'habitation), Marseille
1948 - 1951 : Usine Claude et Duval à Saint-Dié (Vosges), sa seule création à vocation industrielle
1950 - 1955 : Chapelle Notre-Dame-du-Haut, Ronchamp (Haute-Saône)
1951 : Le Palais des Filateurs, Villa Sarabhai et Villa Shodan, Ahmedabad, Inde
1952 Les Unité d'habitation de Le Corbusier, Marseille (Bouches-du-Rhône) surnommée par les autochtones La Maison du Fada , inaugurée par Claudius Petit, ministre de la reconstruction, d'une longueur de cent trente mètres et d'une hauteur de cinquante-six mètres.
1953 - 1955 : Cité Radieuse de Rezé (non identique, mais sur le modèle et le même principe de celle de Marseille), appelée aussi Maison radieuse, Rezé, près de Nantes (Loire-Atlantique)
1952 Les maisons Jaoul (A et B), Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine)
1952-1959 : Bâtiments à Chandigarh, Inde
1952 : Haute Cour de Chandigarh
1952 : Musée et Galerie d'Art de Chandigarh
1953 : Secrétariat de Chandigarh
1953 : Club Nautique de Chandigarh
1955 : Assemblée de Chandigarh
1959 : École d'Art de Chandigarh
1954 : Pavillon du Brésil à la Cité internationale universitaire de Paris (14e arrondissement de Paris).
1956: Sanskar Kendra, musée municipal d'Ahmedabad
1957 : Unité d'habitation de Berlin, Berlin, Charlottenburg
1958 : Pavillon du groupe électroménager Philips à l'exposition universelle de Bruxelles.
1959 : Couvent de La Tourette, Éveux (Rhône)
1959 : Musée national d'art occidental de Tokyo, Tôkyô
1960 : Cité radieuse de Briey (non identique, mais sur le modèle et le même principe de celle de Marseille), Briey (Meurthe-et-Moselle)
1961 : Écluse de Kembs-Niffer (Haut-Rhin)
1961-1963 : Carpenter Center for the Visual Arts, Harvard, Cambridge
1964 -1969 Firminy-Vert (Loire)
1965 : Maison de la culture de Firminy-Vert nom actuel de l'édifice : Espace Le Corbusier
1967 : Unité d'habitation de Firminy-Vert réalisé sur le modèle, mais un autre principe architectural de celle de Marseille)
1968 : Stade de Firminy-Vert
1970-2006: Église Saint-Pierre de Firminy (œuvre posthume, réalisée par José Oubrerie)

Typologie de ses réalisations

L'habitat collectif

Pavillon Suisse de la Cité universitaire de Paris (1930)
Immeuble d'habitation, 24 rue Nungesser-et-Coli à la limite entre Boulogne-Billancourt et le 16e arrondissement de Paris.
L'immeuble dans le quartier d'Auteuil est achevé en 1933. Le Corbusier et son épouse Yvonne s'installent dans l'appartement supérieur donnant accès au toit-terrasse au huitième étage. Par une large baie vitrée, il contemple le parc des Princes.
Ils l'achèteront deux fois 300 000 francs, au cours des années trente et après 1945, victimes d'une falsification de facture après la défection du promoteur.
Immeuble Clarté à Genève en Suisse, premiers dessins en 1928, construction 1930-1932.
L'entreprise de construction métallique de l'industriel Edmond Wanner, maîtrisant la soudure de l'acier, assure la construction de cet ensemble locatif de 45 appartements
Cité-refuge de l'Armée du Salut à Paris 1930-1934, changement de la verrière imposée en 1935.
La princesse de Polignac, généreuse donatrice de 1,8 million de francs en juin 1929, impose l'agence Le Corbusier qui veut en faire une vitrine de l'innovation bâtie. L'accumulation de nouveautés, mal maîtrisée ou émancipatrice des pointilleuses réglementations en vigueur, entraîne surcoûts, rappels à l'ordre et insatisfactions.
Cité radieuse à Marseille (1946-1952)
Pavillon du Brésil de la Cité universitaire de Paris (1954)
Unité d'habitation de Briey (1960)
Immeuble Molitor (appartement LC) à Paris
L'habitat standardisé
Unité d'habitation de Firminy-Vert, Firminy.
Cité Frugès à Pessac (1925)
Cité radieuse à Rezé (1953)
Unités d'habitation à Berlin (Allemagne, 1957)
Unité d'habitation de Firminy-Vert (1964)
Cabanon de Le Corbusier à Roquebrune-Cap-Martin
Maison du Weissenhof-Siedlung à Stuttgart (Allemagne)

La maison individuelle

Maison Jeanneret-Perret à La Chaux-de-Fonds (Suisse, 1912)
Maison Schwob à La Chaux-de-Fonds (Suisse, 1916)
Maison au bord du Lac Léman à Corseaux (Suisse, 1923)
Maison La Roche et Maison Jeanneret à Paris (1924)
Villa Stein appelée aussi Les Terrasses à Vaucresson (1926)
Maison Planeix à Paris (1927)
Villa Savoye à Poissy (1929)
Maison de week-end Henfel à La Celle-Saint-Cloud (1934)
Villa Le Sextant à La Palmyre dans la commune des Les Mathes (1935)
Maisons Jaoul à Neuilly-sur-Seine (1952)
Maison du docteur Curutchet à La Plata (Argentine)
Bâtiments du secrétariat, Chandigarh.
Stade de Firminy-Vert, Firminy.
La résidence atelier
Maisons-ateliers Lipschitz et Miestchaninoff, respectivement 9 allée des Pins et 7 rue des arts à Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine
Maison Guiette à Anvers (Belgique)
Maison Cook à Boulogne-Billancourt
L'urbanisme
Bâtiments du Musée, de la Galerie d'Art et de la Haute-Cour à Chandigarh (Inde, 1952)
Bâtiments du Secrétariat et du Club nautique à Chandigarh (Inde, 1953)
Bâtiment de l'Assemblée à Chandigarh (Inde, 1955)
Musée Sanskar Kendra à Ahmedabad (Inde, 1956)
Musée national d'art occidental à Tôkyô (Japon, 1959)
Bâtiment de l'École d'Art à Chandigarh (Inde, 1959)
Carpenter Center for the Visual Arts à l'Université Harvard (1961)
Maison de la culture de Firminy-Vert (1965)
Stade de Firminy-Vert (1966)
Les programmes industriels
Usine Claude et Duval à Saint-Dié (1948)
Palais des Filateurs à Ahmedabad (Inde, 1954)
Écluse de Kembs-Niffer (1961)

L'architecture sacrée

Chapelle Notre-Dame-du-Haut à Ronchamp (1950)
Couvent de La Tourette à Éveux (1958)
Église Saint-Pierre de Firminy à Firminy (1969)
Projets non construits[modifier | modifier le code]
Même si ces études et projets n'ont jamais vu le jour, ils ont marqué la réflexion sur l'architecture moderne.
1920 : Projet de la maison Citrohan.
1922 : Projet de l'immeuble-villa
1925 : Plan Voisin : projet d'aménagement urbain pour Paris
1926 : Projet de la maison minimum (maison Ribot)
1927 : Projet pour le concours du Palais de la Société des Nations à Genève
1929 : Projet de maison Loucheur (Loi sur le bâtiment)
1930 : Projets d'urbanisme dit « Plan Obus » pour la ville d'Alger
1931 : Projets pour le concours du Palais des Soviets, études d'urbanisme pour Moscou et Alger.
1932 : Étude d'urbanisme pour Barcelone.
1933 : Projets d'urbanisme pour la rive gauche de la ville d'Anvers. Ce projet comportait aussi la construction d'un Mundaneum (voir Paul Otlet). Études d'urbanisme pour Genève et Stockholm.
1934 : Ferme et village coopératif, (Piacé, projet en collaboration avec Norbert Bézard)
1935 : Projets pour les musées d'art moderne de Paris
1938 : Projet pour le quartier de la marine à Alger
1939 : Étude pour la station de ski de Vars
1940 : Étude pour loger à coût minimal les réfugiés des frontières (qui se transforme ensuite en « maisons Murondins »)
1945 : Projet de Plan de reconstruction et d'aménagement pour la ville de Saint-Gaudens en collaboration avec Marcel Lods, Projet d'urbanisme pour La Rochelle-La Pallice
1945 : Projet de Plan de reconstruction et d'aménagement pour la ville de Saint-Dié
1945 : Projet de Plan de reconstruction et d'aménagement pour la ville de La Rochelle-La Pallice
1947 : Palais des Nations Unies à New York
1948 : Projet d'urbanisme pour la ville d'Izmir, Turquie, projet de basilique sainte Madeleine pour la Sainte-Baume en Provence.
1949 : Projet d'urbanisme pour la ville de Bogota
1950 : Basilique Universelle de la Paix par le Pardon à Plan-d'Aups-Sainte-Baume (travaux et études commencés avec Édouard Trouin, dès le 12 août 1945).
1951 : Projet pour le concours pour le grand ensemble du quartier Rotterdam à Strasbourg
1955 : Ville radieuse à Meaux
1961 : Projet pour le concours du Palais des congrès et hôtel en lieu et place de la Gare d'Orsay à Paris
1962 : Projet de 3500 logements repartis dans 3 unités d’habitation, mais seul 1 unité vue le jour sur les hauteurs de la ville Firminy-Vert, projet d'un centre de calcul pour le groupe de bureautique italien Olivetti
1964 : Projets pour le palais des congrès de Strasbourg et pour l'ambassade de France à Brasilia.
1965 : Projet d'une piscine dans le centre civique de Firminy Vert, finalement réalisé par son disciple André Wogenscky. Ultime projet pour l'hôpital de Venise, à proximité de la lagune.

Collaborateurs les plus connus

Le Corbusier a travaillé à l'atelier rue de Sèvres avec plus de 200 collaborateurs directs de 1922 à 1965. Ce sont principalement des étudiants français et suisse avant 1929, qui œuvrent sous son égide rarement au-delà de six mois. Les étudiants étrangers sont beaucoup plus nombreux dès les années trente. N'oublions pas non plus les permanents ou les collaborateurs, employés ou élèves-stagiaires de l'atelier ou à l'étranger, sur des projets définis ou des axes de recherches.
Ces derniers parfois, n'ont jamais été auparavant étudiants en art ou architecture. La liste non exhaustive ci-dessous en témoigne :
Edith Aujame, Roger Aujame, Badovici, Balkrishna Vithaldas Doshi (entre 1951 et 1954), Vladimir Bodiansky (surnommé Bod), Bossard, Bossu, Candilis, Lucio Costa, Jane Drew, M. Ducret, Écochard, Marc Emery, Maxwell Fry, Guillermo Jullian de la Fuente, Fernand Gardien, Guillermo Gómez Gavazzo (es), Jean Ginsberg, Pierre Jeanneret, André Maisonnier (entre 1950 et 1959), Jean de Maisonseul, Georges Maurrios (surtout après 65), Mayekawa, Jacques Michel, Miquel, Serge Micheloni, Oscar Niemeyer, José Oubrerie, Amédée Ozenfant, Charlotte Perriand, Jean Petit, Jean Prouvé, Sahakura, Rogelio Salmona, German Samper, Rainer Senn, José-Luis Sert, Justino Serralta (es), N.N Sharma, Jerzy Soltan, Édouard Trouin, Guy Rottier, Simonet, Jean-Louis Véret, André Wogenscky (surnommé « Vog »), Woods, Iannis Xenakis (entre 1947 et 1960), etc.
Reconnaissance

Hommages

Il figure sur le billet de 10 francs suisses mis en circulation le 8 avril 1997, où il est représenté avec les lunettes aux grands verres ronds, cerclés de noir, qu'il portait habituellement. En 1988, la place Le Corbusier à Paris prend son nom en hommage.

Patrimoine mondial de l'UNESCO

De nombreuses réalisations de Le Corbusier sont proposées à l'inscription au patrimoine mondial de l'UNESCO, conjointement par plusieurs pays, sous le titre de L’œuvre architecturale et urbaine de Le Corbusier, Allemagne, Argentine, Belgique, France, Japon et Suisse . Lors de la 33e session du comité de L'UNESCO, celui-ci a retourné le dossier aux États afin qu'ils complètent leur dossier.

Controverse

Même si à d'autres moments il qualifie le leader allemand de monstre, il écrit à sa mère en octobre 1940 : S'il est sérieux dans ses déclarations, Hitler peut couronner sa vie par une œuvre grandiose : l'aménagement de l'Europe, et s'installe en 1941 à Vichy pour collaborer avec le régime de Vichy.

Jugements

À propos de Le Corbusier, né la même année que lui, Marcel Duchamp a noté : L.C. : cas de ménopause masculine précoce sublimisée en coït mental.

Citations

Oser et vouloir créer
La maison est une machine à habiter, mais aussi le temple de la famille.
L'architecture scelle l'alliance de l'homme et de la nature (cosmos) par la géométrie réglée sur les lois de l'univers.
L'architecture est l'émanation humaine fondamentale, où toute œuvre faite à l'échelle humaine constitue un maillon de la tradition, faite de la chaîne de tous les maillons révolutionnaires successifs du passé.
La grandeur n'est pas dans la dimension mais dans l'intention

Ses Publications

Sous le nom Charles-Édouard-Jeanneret
Articles de journal sur des thèmes divers (voyage, compte-rendu), Feuille d'Avis de La Chaux-de-Fonds, 1911
Étude sur le mouvement d'art décoratif en Allemagne, Haefeli et Cie, La Chaux-de-Fonds, 1912 (rapport du voyage de 1911).
Après le cubisme, avec Amédée Ozenfant, édition des commentaires, Paris, 1918

Sous le nom Le Corbusier

Vers une architecture, Paris 1923
Urbanisme, Paris 1924
La peinture moderne', avec Amédée Ozenfant, Paris 1925
L'art décoratif aujourd'hui, Paris 1925
Almanach d'architecture moderne, Paris 1925-1926
Architecture d'époque machiniste, Paris 1926
Requête adressée à la Société des Nations, avec Pierre Jeanneret, Paris 1928
Une maison, un palais, Paris 1928
Vers le Paris de l'époque machiniste, Le redressement français, 1928.
Œuvre complète, 1910-1929, publiée par Willy Boesiger et O. Stonorov, édition Girsberger, Zürich 1929
Précisions sur un état présent de l'architecture et de l'urbanisme, Paris 1930
Clavier de couleur Salubra, Bâle 1931
Requête à Monsieur le Président du Conseil de la Société des Nations, avec Pierre Jeanneret, Paris 1931
Croisade ou le crépuscule des académies, Paris 1933
Œuvre complète, 1929-1934, publiée par Willy Boesiger, édition Girsberger, Zürich 1934
La ville radieuse, Boulogne, 1935
Aircraft, Londres - New York 1935
Quand les cathédrales étaient blanches. Voyage au pays des timides, Plon, Paris 1937
Les tendances de l'architecture rationaliste en rapport avec la peinture et la sculpture, Rome 1937
Îlot insalubre no 6, avec Pierre Jeanneret, Paris 1938
Des canons, des munitions ? Merci, des logis SVP, Boulogne 1938
Œuvre complète, 1934-1938, préface de Pierre Winter, publiée par Max Bill, édition Girsberger, Zürich 1938
Le lyrisme des temps nouveaux et l'urbanisme, Le Point, Colmar, 1939.
Destin de Paris, Paris - Clermont-Ferrand 1941
Sur les quatre routes, Paris 1941
La maison des hommes, avec François de Pierrefeu, Paris 1942
Les constructions murondins, Paris - Clermont-Ferrand 1942
La Charte d'Athènes, Paris 1943 (adaptation pour la publication)
Les trois établissements humains, Paris 1945
Propos d'urbanisme, Bourrelier, Paris 1945-1946
Manière de penser l'urbanisme, Boulogne, 1946
Œuvre complète, 1938-1946, publiée par Willy Boesiger, édition Girsberger, Zürich 1946
United Nations Headquarters, Reinhold, New York 1947
New world of space, New York, 1948
Grille C.I.A.M. d'urbanisme : mise en application de la Charte d'Athènes, Boulogne 1948
Le modulor, Boulogne 1950
Les problèmes de la normalisation : rapport présenté au Conseil économique, in La charte de l'habitat, vol.1, Paris 1950
L'unité d'habitation de Marseille, Souillac - Mulhouse 1950
Poésie sur Alger, Paris 1950
Œuvre complète, 1946-1952, publiée par Willy Boesiger, édition Girsberger, Zürich 1952.
Poème de l'angle droit, éditions Verve, Paris, 1954. Le Poème de l'angle droit, 1955
Une petite maison, Zurich 1954
Le Modulor II (La parole est aux usagers), Boulogne 1955
Architecture du bonheur, l'urbanisme est une clef, Paris 1955
Les plans de Paris : 1956-1922, Paris 1956
Von der Poesie des Bauens, Zurich 1957
Ronchamp carnet de la recherche patiente, édition Girsberger, Zurich 1957
Œuvre complète, 1952-1957, publiée par Willy Boesiger, édition Girsberger, Zürich 1957
Entretien avec les étudiants des écoles d'architecture, Paris 1958
Second clavier des couleurs, Bâle 1959
L'atelier de la recherche patiente, Paris 1960
Orsay Paris 1961, Paris 1961
Œuvre complète, 1957-1965, publiée par Willy Boesiger, édition Girsberger, Zürich 1965
Le voyage d'Orient, Paris 1966
Mises au point, Paris 1966
Œuvre complète, les dernières œuvres, publiée par Willy Boesiger, Les éditions d'architecture Artemis, Zürich 1967
Les maternelles vous parlent, Paris 1968
Carnets de Le Corbusier, en quatre volumes, éditions Herscher, Paris, 1982.
Œuvre complète, en 8 volumes, réédition Zurich, Artémis, 1991. Consultable à la bibliothèque de la fondation Le Corbusier.
The Le Corbusier Archive, en 32 volumes contenant les 32000 dessins conservés par la Fondation Le Corbusier, éditions Garland Publishing Co, New York, 1984.
Choix de lettres, sélection, introduction et notes par Jean Jenger, éd. Birkaüser, 2002, 568 p.
Conférences de Rio (1936). Introduction, établissement du texte et notes par Yannis Tsiomis. Paris, Flammarion, 2006

Liens

http://youtu.be/Z0weEXKdSEA Le Corbusier
http://youtu.be/vhbcceKXX5U La maison du fada cité radieuse
http://youtu.be/3Idue26ztuQ le corbusier fossoyeur de l'architecture
http://youtu.be/zpj5utbmeKg Villa Savoye
http://youtu.be/yRLCBcM6gFw Le Corbusier Ronchamp

http://youtu.be/rWbcbC7uUaQ Le Corbusier 1
http://youtu.be/XnrPtcRaOhg Le Corbusier 2
http://youtu.be/jPK9wmNH_CI Le Corbusier Chandigarh

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#150 La rodioactivité (pour ceux que cela intéresse
Loriane Posté le : 25/08/2013 14:43

RADIOACTIVITÉ

La radioactivité désigne un vaste ensemble de phénomènes physiques, dont le dénominateur commun consiste en une modification du noyau atomique des éléments.

Il existe dans la nature une centaine de type d'atomes. Ils ont été regroupés par Mendeleïev en 1869 sur un tableau montrant les analogies chimiques. Un atome (dimension environ 10—10 m) est lui-même constitué d'un noyau minuscule (environ 10—15 m) contenant toute la masse, et de Z électrons évoluant autour de lui sur des couches concentriques diffuses. Ce nombre Z, appelé numéro atomique, caractérise l'élément « X » et ses propriétés chimiques (par exemple, Z = 8 si X est O, l'oxygène). Le noyau est lui-même un assemblage compact de Z protons et de N neutrons, formant un système de A = N + Z nucléons. Le nombre A s'appelle nombre de masse et le noyau correspondant s'écrit AZXN ou, en abrégé, AX et s'appelle un nucléide. Deux éléments de même nombre atomique Z, mais de A (ou N) différents sont des isotopes ; ils ont les mêmes propriétés chimiques, mais peuvent avoir des propriétés physiques fort différentes. Ainsi l'élément carbone C (Z = 6) est représenté sur la Terre essentiellement par 12C, mais aussi par 13C et 14C. La nature est très généreuse dans la distribution des rôles. Un même nucléide existe avec des masses, ou énergies, différentes ; cela correspond à des configurations différentes de répartition des nucléons. Dans son arrangement d'énergie la plus basse, le noyau est dans son état fondamental. Dans les autres configurations, il se trouve dans un état excité.

La nature recherche les configurations où l'énergie est minimale. Si un noyau se trouve par hasard dans un état qui ne correspond pas à ce minimum, il va tout faire pour trouver un chemin qui mène à celui-ci et qui soit compatible avec un certain nombre de règles de conservation (énergie, charge électrique...). Sa quête du bon chemin pourra prendre un temps très variable. Ainsi, un état excité revient spontanément à un état d'énergie plus basse, voire à l'état fondamental correspondant au niveau d'énergie le plus bas, en émettant de la lumière. Cette lumière possède une très courte longueur d'onde, nommée rayonnement gamma (γ). Ce passage est très bref, de l'ordre de 10—9 à 10—14 s ; on l'appelle désexcitation d'un état excité. Mais il arrive que l'état fondamental lui-même ait besoin de se transmuter pour se vêtir d'une énergie plus basse ; il est forcé de changer d'espèce. Cette alchimie se produit spontanément dans la nature et la transmutation du noyau vers une configuration plus stable constitue le phénomène de radioactivité ; le noyau originel est dit radioactif. Par opposition, un noyau perdurant éternellement est dit stable.

1. La découverte de la radioactivité

En 1895, Wilhelm C. Röntgen remarque que le verre du tube cathodique qu'il utilise pour ses expériences émet un rayonnement invisible capable d'impressionner une plaque photographique. Il nomme rayons X ce rayonnement étrange. Il présente sa nouvelle découverte à l'Académie des sciences de Paris en janvier 1896. Henri Poincaré est très intéressé par ce phénomène et demande à Henri Becquerel d'étudier le rapport entre phosphorescence et rayons X. Becquerel est issu d'une lignée de brillants physiciens, spécialistes de phosphorescence et de luminescence. Il se met sans tarder au travail et déniche dans son laboratoire des cristaux de sulfate double d'uranyle et de potassium. Il dépose ce sel sur une plaque photographique entourée d'un papier noir et expose le tout au soleil. Après développement, la plaque est effectivement impressionnée. Ainsi donc, ce sel émet bien des « rayons X », après excitation par la lumière solaire. Mais l'histoire ne s'arrête pas là, et comme souvent, c'est un heureux hasard qui est à l'origine d'une fantastique découverte. Vers la fin février 1896, il prépare son matériel habituel mais, le soleil étant absent, il décide de remettre à plus tard son expérience et enferme ses plaques dans un tiroir. Quelle n'est pas sa surprise de constater, quelques jours plus tard, que celles-ci ont été fortement impressionnées dans le noir. Ce sel n'est donc pas phosphorescent, mais il émet un rayonnement de façon intrinsèque ! La radioactivité vient d'être découverte.

L'émission des rayons « uraniques » aiguise la curiosité d'un couple de physiciens particulièrement motivés : Pierre et Marie Curie. Ceux-ci vont consacrer désormais leur vie à l'étude de cette radioactivité, comme l'appela alors Marie Curie. Avec du matériel précaire et dans des conditions de travail souvent très pénibles, mais animés d'une volonté sans limite, ils vont comprendre que l'origine de ce rayonnement est due à certains éléments, l'uranium en particulier. Après avoir manipulé de leurs mains des tonnes de minerai, ils parviennent à isoler deux nouveaux éléments radioactifs, le polonium (Po) et le radium (Ra). Ce dernier élément est particulièrement rare (2,8 t d'U contiennent 1 g de Ra) et actif. Pour ces découvertes capitales, Becquerel et les Curie reçoivent le prix Nobel de physique en 1903.

À la suite des travaux des Curie, la radioactivité intéresse de nombreux physiciens. Mais tous leurs travaux portent sur des substances présentes sur la Terre. C'est à un autre couple célèbre, Frédéric Joliot et Irène Curie, que revient le mérite de montrer en 1934 que des éléments créés par l'homme peuvent aussi être radioactifs. En bombardant des feuilles d'aluminium par des particules alpha, ils produisent l'isotope 30P (phosphore 30), qui se révèle être un radioélément se désintégrant en 30Si (silicium 30). La découverte de la radioactivité artificielle ouvre le champ à toute une gamme d'applications en physico-chimie et en biologie. Le prix Nobel de chimie en 1935 est décerné à ces deux chercheurs.

Photographie

Imagerie médicale : les découvreurs de la radioactivité artificielle
Frédéric et Irène Joliot-Curie, dans leur laboratoire, étudient des composés radioactifs. Ces derniers serviront bientôt à la visualisation, à l'échelle microscopique, des constituants profonds du corps humain.
Crédits: Collection Guy Pallardy Consulter


2. La loi de décroissance radioactive

Un noyau radioactif X va, tôt ou tard, se transformer de la façon suivante : X → A + B + ... + G (1).

Les particules A, B, ..., G peuvent être elles-mêmes d'autres noyaux, ou des particules plus élémentaires. L'ensemble des particules A, B, ..., G s'appelle une voie de désintégration. X peut avoir une seule ou plusieurs voies différentes. De plus, certains noyaux de la voie finale peuvent être eux-mêmes radioactifs. Enfin, la désintégration (1) libère beaucoup de chaleur fournie par l'énergie cinétique des particules émises.

La réaction (1), ou désintégration de X, est complètement aléatoire. Nul ne peut prédire à quel moment elle va survenir. Les seules certitudes sont d'ordre statistique. Si à un instant donné t, un échantillon contient N(t) noyaux de type X, il va subir, en moyenne avec une erreur de l'ordre : √dN(t), pendant un temps dt un nombre dN(t) de désintégrations (1) – et par conséquent il va disparaître un nombre dN(t) de noyaux X – proportionnel à N(t), ce que l'on exprime par l'équation : dN/dt = —λN(t) (2), où λ est une constante caractéristique de (1), qu'on nomme constante radioactive de la voie (1). S'il existe p voies de désintégration pour X, alors dNi noyaux disparaissent par la voie (i) avec une constante λi. En sommant les p possibilités de désintégrations, on a une loi d'évolution qui est encore donnée par (2), avec λ = λ1 + λ2 + ... + λp. La variation du nombre de noyaux présents à un instant t subit une décroissance exponentielle : N(t) = N(0)exp(—λt) (3).

Cette loi est fondamentale, car valable pour tous les types de désintégrations. Elle fut proposée en 1900 par Ernest Rutherford.

Plutôt que λ, les physiciens préfèrent utiliser la constante T = 0,693/λ, appelée période radioactive de l'élément X ou demi-vie, car elle représente le temps nécessaire à une réduction de moitié d'une population. La période d'un isomère (état excité particulier à longue période) peut être de l'ordre de la microseconde (μs) ou moins, celle de 14C (carbone 14) est 5 730 ans, celle de 87Rb (rubidium 87) est 48 × 109 ans et celle de 76Ge (germanium 76) est 1,53 × 1021 ans.

La quantité A(t) = λN(t) représente, d'après (2), le nombre de désintégrations du noyau X (toutes voies confondues) par unité de temps. On l'appelle activité de l'échantillon à l'instant t. On dit que celui-ci est plus ou moins actif selon que l'activité est plus ou moins grande. On mesure l'activité d'un corps en becquerels (1 Bq = 1 désintégration/seconde) ; une unité encore employée est le curie (1 Ci = 3,7 × 1010 Bq) correspondant à l'activité d'1g de radium pur.

3. Les différents types de radioactivité


Jusqu'à la fin du XIXe siècle, toutes les lois expliquant la nature reposaient finalement sur deux types de forces (les physiciens parlent plutôt d'interactions) fondamentales : la gravitation et l'électromagnétisme. Pourtant, à l'aube du XXe siècle, les physiciens se rendent compte que, si l'on scrute l'infiniment petit, ces deux forces seules sont incapables d'expliquer le comportement des particules évoluant dans ce monde microscopique. Il faut faire appel à deux autres types de forces : l'interaction forte et l'interaction faible, qui étaient jusqu'alors passées inaperçues du fait de leur très faible portée. L'étude de la radioactivité prit une part prépondérante dans cette prise de conscience.

En 1999, on a mis en évidence tous les éléments depuis Z = 1 jusqu'à Z = 112 (une expérience récente prétend avoir mis en évidence les éléments Z = 114, Z = 116 et Z = 118). Un élément donné possède en général au moins un isotope stable, et plusieurs isotopes radioactifs. Par exemple, on connaît 15 isotopes de l'oxygène (de A = 12 à A = 26), mais seuls 16O,17O et 18O sont stables. Tous les éléments de Z = 1 à Z = 83 (sauf Z = 43 et Z = 61) possèdent au moins un isotope stable, et donc sont présents sur la Terre. Ceux de Z = 84 à Z = 92 sont radioactifs, mais encore présents sur la Terre. Les éléments avec Z > 92 n'existent pas naturellement, mais ils ont été fabriqués et étudiés par l'homme. Pour résumer la situation, 280 nucléides sur les 3 000 connus sont stables. La radioactivité est donc un phénomène courant. Les physiciens ont analysé les modes de désintégration les plus fréquents.

On reporte souvent dans un plan (N, Z) l'ensemble des nucléides. On appelle celui-ci la carte nucléaire. On représente chaque nucléide par un petit carré affecté d'une couleur conventionnelle correspondant au mode de désintégration dominant. Cette carte est illustrée dans la figure. Les noyaux stables sont situés dans une zone appelée « vallée de stabilité ». Sur les bords de celle-ci, on trouve les noyaux radioactifs, qui finissent par rejoindre la vallée en empruntant des chemins variés. La forme de cette vallée résulte d'un combat subtil entre l'interaction forte, qui tend à rendre Z = N, et la force électrique, qui tend à séparer les protons.

Carte nucléaire correspondant à l'ensemble des nucléides connus à l'heure actuelle. Chaque nucléide est symbolisé par un carré repéré dans ce plan par son nombre de protons Z (sur la verticale) et son nombre de neutrons N (sur l'horizontale). Les noyaux stables sont représentés en noir et forment la…
Crédits: 2009 Encyclopædia Universalis France S.A. Consulter
On distingue traditionnellement trois types de radioactivité : la radioactivité naturelle (émission de particules α), découverte par Henri Becquerel, la radioactivité artificielle (radioactivité β et rayonnementγ), découverte par Irène et Frédéric Joliot-Curie, et la radioactivité exotique, découverte plus récemment (1984) par Herbert J. Rose et G. A. Jones. La radioactivité naturelle provient de trois sources :

– des radionucléides produits en même temps que la Terre il y a 4 milliards d'années (U, Th, Np…) et de leurs nombreux descendants aux durées de vie très diverses (le radium et le radon sont les plus connus) ; cette radioactivité est dite d’origine « tellurique » ;

Familles radioactives « naturelles »
Familles radioactives « naturelles » : 238U, 232Th, 235U et famille de 237Np. Sur les trois premières familles, on a fait figurer, à côté du nom actuel de l'élément, le nom ancien qui fut attribué au moment des découvertes sur les radioéléments naturels.
Crédits: 2005 Encyclopædia Universalis France S.A. Consulter
– des rayons cosmiques ;

– des radionucléides produits en permanence par action de ces rayons cosmiques sur des atomes dans la stratosphère ou la haute atmosphère (14C, 3H, …).

• Les modes classiques

Radioactivité α
La particule alpha (α) est un noyau d'hélium α = 42He ; c'est une particule très stable. Un noyau possédant un Z grand subit des tiraillements dus à la répulsion électrique des protons. L'expulsion d'un α par un tel noyau devient intéressante, car le noyau résiduel possède une plus faible énergie électrique. Nous avons affaire à une transmutation du genre :

Une grande partie des noyaux lourds se désintègrent de cette façon, avec la propriété que l'énergie Eα de la particule α est unique pour chaque réaction particulière. Ainsi, la désintégration du 238U donne des α de 4,198 MeV.

Radioactivité β

Il existe trois sortes de radioactivité β.

À la base de la radioactivité β— est la transmutation d'un neutron (n) en proton (p), selon la réaction :

L'antineutrino ̄ν (antiparticule du neutrino ν) est une particule élémentaire neutre. Lorsque cette réaction se produit à l'intérieur d'un noyau, nous avons une désintégration du genre :

Cette réaction n'est énergétiquement favorable que pour les noyaux possédant un surplus de neutrons par rapport aux protons.
La radioactivité β+ est fondée sur la réaction de base :

qui ne se produit jamais spontanément mais qui peut fort bien survenir dans un noyau pour peu que les conditions énergétiques s'y prêtent. Il en découle une désintégration du genre :

Cette réaction survient plutôt pour les noyaux « riches en protons » qui veulent se séparer de leur surplus. Dans ces deux types de radioactivité β, les électrons e— ou les positons e+ ont un spectre en énergie continu.
Une autre possibilité de base très analogue à la précédente est :
Lorsqu'elle se produit dans un noyau, le proton « avale » un électron du cortège atomique (en général un électron situé près du noyau) et se réincarne en neutron, pour donner une réaction comme suit :

Cela s'appelle une capture électronique ; elle est moins gourmande en énergie que la radioactivité β+ et peut se produire dans des circonstances où celle-ci est interdite. L'atome Y est produit dans une configuration excitée ; il retourne à son état fondamental par émission de rayons X, ce qui constitue la signature de cette réaction, le ν étant très difficilement détectable.
Radioactivité γ

Un noyau dans un état excité, noté X*, retourne à un état de plus basse énergie (un autre état excité ou l'état fondamental), en émettant un rayonnement γ électromagnétique de courte longueur d'onde ou, en vertu de la dualité onde-corpuscule, des photons γ de grande énergie, selon le modèle :

Le noyau conserve son « identité », et on parle de désexcitation plutôt que de radioactivité. Néanmoins, par tradition, on appelle volontiers radioactivité γ ces types de désintégrations résultant d'un état excité lui-même produit par une radioactivité de type α ou β. Si l'état excité possède une période appréciable, on parle d'un isomère. Dans certains cas, on le compte presque comme un nucléide à part entière.

Fission

Pour des raisons assez analogues à celles qui interviennent dans la radioactivité α, un noyau très lourd peut se déformer à un point tel qu'une cassure devient inévitable. Le noyau initial se scinde en deux gros fragments (parfois trois) d'importance à peu près égale, plus quelques particules légères, en général des neutrons. Le schéma de désintégration est le suivant : X → A + B + n + n +... (9).

On appelle ce processus la fission nucléaire. Certains noyaux la subissent spontanément ; le plus souvent, elle entre en compétition avec une émission de α.

• Les modes exotiques

A priori, n'importe quelle réaction du type (1) est susceptible de se produire si le bilan d'énergie est favorable. En pratique, parmi toutes les voies de désintégrations ouvertes, on ne détectera que celles qui correspondent aux périodes les plus courtes. Pour la grande majorité des noyaux connus, ce cas de figure correspond aux modes classiques. Pour y échapper, on peut soit attendre très longtemps un phénomène rare, soit chercher dans des noyaux exotiques.

Radioactivité par proton ou neutron
Si on s'intéresse à un noyau qui contient un surplus de protons très important, il peut émettre spontanément un proton et donner :

Ce noyau est très éphémère, car il n'est pas lié par rapport à son constituant le plus simple, le proton. Les noyaux pour lesquels cette réaction est possible sont dits être sur la drip line proton dans la carte nucléaire.

On peut avoir un phénomène analogue, avec émission d'un neutron, pour les noyaux anormalement riches en neutrons :

Ici non plus, le noyau n'est pas lié par rapport à un autre constituant, le neutron. Il existe de même la drip line neutron. L'exploration de ces drip lines constitue à l'heure actuelle un domaine de recherche très attractif pour le physicien, car elles constituent les frontières ultimes de la carte.
La radioactivité double β
Il arrive, dans certains cas extrêmement rares, qu'un noyau ne puisse effectuer une désintégration β classique, mais puisse « sauter une case » et gagner un voisin éloigné, par une double désintégration β, en évitant l'étape du voisin immédiat. On a affaire à une transition du genre :

C'est dans ce type de radioactivité que l'on trouve les noyaux de plus longue période (de 1019 à 1021 ans). Leur mesure demande des prouesses technologiques fantastiques.

Certains modèles théoriques prédisent la réaction précédente, mais sans émission des numacr, avec une période de l'ordre de 1024 ans.

4. La radioactivité comme source d'énergie

Une réaction de fission, comme celle qui est écrite en (9), est une source d'énergie considérable, de l'ordre de 200 MeV pour des nucléides avec A = 240. Cela signifie que la fission d'1 gramme d'uranium (U) produit autant d'énergie que la combustion de 2,5 tonnes de charbon. La fission spontanée concerne peu de noyaux ; en revanche, on peut provoquer la fission en irradiant par des neutrons un élément dit « fissile ». C'est le cas en particulier de 235U, présent à 0,7 p. 100 dans l'uranium naturel. La fission transite par un état excité de 236U. La réaction (9) produisant en moyenne 2,5 neutrons, on peut utiliser les neutrons produits pour induire une autre réaction de fission, et récupérer au passage une énergie considérable. C'est le principe de la réaction en chaîne.

• La fission contrôlée

Dans un réacteur nucléaire en fonctionnement, on garde exactement 1 neutron par fission pour auto-entretenir la réaction, le surplus de neutrons étant absorbé par des matériaux idoines. Plusieurs technologies sont employées. La plupart des réacteurs du parc nucléaire français sont à eau pressurisée (R.E.P., en anglais P.W.R.) ; ils utilisent de l'uranium naturel enrichi à 3 p. 100 en 235U. Les neutrons de fission sont ralentis par un modérateur, afin de provoquer un rendement optimal pour chaque fission. Les réactions de fission produisent aussi toute une gamme de produits, malheureusement radioactifs pour la plupart.

• Les bombes

Le principe de la « bombe atomique » est celui d'une fission non contrôlée, le plus souvent à base de 235U ou de 239Pu. Au départ, une fission produit 2 neutrons, qui produisent 2 fissions donnant 4 neutrons, qui produisent 4 fissions donnant 8 neutrons, etc. Le temps de production d'une fission est quasi instantané. La réaction en chaîne entraîne en un temps très bref une quantité gigantesque de fissions responsables d'une énergie libérée phénoménale. Les effets dévastateurs de la bombe sont tout d'abord la chaleur et l'onde de choc au voisinage immédiat de l'explosion. Les effets dus à la radioactivité surviennent à plus long terme pour les individus fortement exposés.

Un avatar moderne de cette bombe est la « bombe à neutrons » qui minimise les effets de chaleur, mais qui maximise l'émission de neutrons. Elle présente la particularité de tuer les hommes, mais d'épargner le matériel.

• Les déchets nucléaires

La partie intéressante de la réaction de fission (9) est la production de (n) nécessaire à la réaction en chaîne. Elle produit aussi des « fragments » de fission de masse intermédiaire (90 < A < 140), et des nucléides de grande masse (A = 240 environ) produits par des captures successives de (n) sur les noyaux de grande masse. La plupart des sous-produits ne participent pas à la réaction en chaîne et, étant souvent fort actifs, ils sont très indésirables : ce sont les déchets nucléaires. On distingue trois types de déchets selon leur activité, et selon leur période (les déchets de très courte période disparaissent d'eux-mêmes) : ceux de classe A, B ou C par ordre de toxicité. Ils peuvent être gazeux, liquides ou solides. On en élimine certains, directement ou après traitement, dans l'environnement. Mais la période d'un élément est une constante de la nature et l'homme n'a aucun pouvoir pour la changer et accélérer le processus de désintégration. Les déchets de longue période, comme le 239Pu, sont très encombrants. On peut effectuer un retraitement sur les barres irradiées, pour séparer les produits de fission de l'uranium et réutiliser celui-ci. Mais les déchets ultimes à période longue posent un problème très grave à notre société. Pour le moment, on se contente de les stocker dans des conditions les plus sûres possibles. Diverses solutions ont été proposées, le stockage profond réversible étant en faveur à l'heure actuelle, mais il est clair que nous laissons aux générations futures un problème que nous ne savons pas résoudre (cf. NUCLÉAIRE - Déchets).

5. La radioactivité autour de nous

Qu'elle soit naturelle ou artificielle, qu'elle provienne du Soleil, du cosmos ou des activités humaines, la radioactivité est présente autour de nous, en tous lieux, en tout temps.


Photographie

Scintillateur liquide du détecteur KamLand
Le scintillateur liquide du détecteur KamLand est un gigantesque ballon de 13 mètres de diamètre, rempli quand il est opérationnel de 1 000 tonnes d'huile minérale et contenant 1 879 tubes photomultiplicateurs aptes à mesurer l'énergie des photons qui le traversent.
Crédits: Stanford University Consulter
Les réactions thermonucléaires produites au cœur du Soleil fusionnent, par des phénomènes de catalyse variés, 4 protons en un noyau d'hélium. Cela n'est possible que grâce à la radioactivité β qui permet de muer un (p) en un (n).

Les particules très énergétiques provenant de notre Galaxie ou même d'autres galaxies interagissent avec les atomes présents dans la haute atmosphère et donnent naissance à de nombreux éléments radioactifs, comme 14C, qui ensuite, par des phénomènes de convections souvent complexes, se retrouvent dans notre environnement et même dans notre corps, ce qui implique que chaque être vivant est lui-même le siège d'une certaine radioactivité.

Une grande partie de la radioactivité naturelle provient des radioéléments de trois grandes « familles ». Une famille est constituée d'un élément père et d'une série de descendants obtenus d'un parent par une désintégration de type α ou β. La filiation radioactive s'arrête sur un nucléide stable. La première famille démarre avec 238U et se termine au 206Pb, la deuxième a pour père 235U et s'achève au 207Pb, et la dernière commence avec 232Th et finit sur le 208Pb. Les périodes des pères sont beaucoup plus grandes que celles des fils et, avec le temps, il s'établit un « équilibre » tel que tous les descendants possèdent la même activité. C'est un peu comme si un grand réservoir d'eau (le père) se déversait dans une série de réservoirs de taille variable (les fils) avec un débit constant (l'activité) de façon que chaque réservoir se vide au même rythme qu'il se remplit ; le réservoir final (noyau stable) grossit au fil du temps. Cette radioactivité naturelle est responsable de la chaleur interne du globe et donc du volcanisme. C'est elle qui alimente nos ballons gonflés à l'hélium. Elle est aussi présente dans les roches ; ainsi le 226Ra contenu dans le granite rend les maisons construites avec ce matériau radioactives et alimente notre air avec un gaz inerte 222Rn particulièrement nocif.

La radioactivité naturelle est essentiellement due à des radionucléides de très longue période, de l'ordre de l'âge de la Terre (4,6 milliards d'années), sinon ils auraient déjà disparu, ainsi qu'à leurs descendants radioactifs, qui peuvent exister avec des périodes plus courtes puisqu'ils sont constamment renouvelés.

Il faut citer essentiellement les trois familles de l'uranium 238 (4,5 × 109 ans), de l'uranium 235 (7,1 × 108 ans) et du thorium 232 (1,4 × 1 010 ans), ainsi que l'isotope 40 du potassium (1,3 × 109 ans, 0,012 p. 100 du potassium naturel), émetteur β—, sans descendant radioactif. Incidemment, la faiblesse relative de la période de l'uranium 235 explique sa faible concentration (0,7 p. 100) dans l'uranium naturel qui, pour la majorité des réacteurs actuellement en service, nécessite un enrichissement en isotopes 235. Cette concentration était de 3 p. 100 il y a près de deux milliards d'années, analogue à celle de l'uranium enrichi utilisé dans nos centrales électronucléaires, et elle a permis à cette époque le fonctionnement de réacteurs naturels découverts à l'état fossile au Gabon dans la mine d'uranium d'Oklo en 1972 (cf. encadré Le réacteur nucléaire naturel de Bagombé au Gabon).

La concentration massique moyenne de ces radionucléides dans la croûte terrestre est faible et se chiffre en parties par million. Néanmoins, ce sont des sources permanentes d'énergie, et l'énergie qu'ils dégagent est un des facteurs du bilan géothermique du globe terrestre. Les activités humaines produisent aussi de nombreux éléments radioactifs, de tous types et de toutes périodes. Il y a bien sûr les déchets des centrales nucléaires, les résidus des explosions des bombes, mais aussi tous les radio-isotopes produits dans les laboratoires de recherche et dans les hôpitaux.

6. La radioactivité, horloge du monde

La nature, dans sa grande générosité, a mis à notre disposition des éléments actifs de périodes très variées, depuis la seconde et moins jusqu'au milliard d'années et plus. On peut mettre cela à profit pour dater des échantillons. La méthode de datation est, dans son principe, simple. Supposons un élément composé, au moment de sa création, à 100 p. 100 d'un isotope radioactif X. Si on connaît les périodes des éléments de la filiation conduisant au nucléide stable Y, il suffit de mesurer le rapport des quantités X/Y pour accéder à la durée séparant la création de la mesure, autrement dit l'âge. Il faut bien sûr choisir un élément X dont la période soit de l'ordre de grandeur de l'âge supposé. En pratique, l'affaire est plus délicate, par exemple si l'objet testé contenait déjà un mélange de X et de Y au moment de sa création. Il faut alors connaître avec une précision correcte ce pourcentage. Il se peut aussi qu'en cours de route des accidents de parcours modifient ce beau déroulement planifié. D'une certaine façon, il faut connaître et la genèse et l'histoire. Les évaluations se font en général par recoupement de plusieurs méthodes.

L'utilisation de la radioactivité a ainsi permis aux géologues de dater l'âge de la Terre, en mesurant les plus vieilles roches terrestres et météoritiques. En plus des méthodes fondées sur les trois familles naturelles U/Pb et Th/Pb, on utilise fréquemment des « horloges » fondées sur les rapports 40K/40Ar et 87Rb/87Sr.

La datation de la mort d'un être vivant repose sur la désintégration de 14C (qui conduit à 14N par activité β—). Cet élément est formé dans la haute atmosphère par les rayons cosmiques. Il se lie avec O pour donner CO2 qui est absorbé par les plantes puis par les animaux. Le rapport y = 14C/12C reste constant pendant la vie, dû aux échanges de l'organisme avec l'extérieur. À la mort de celui-ci, les échanges cessent et 14C suit inexorablement sa désintégration naturelle. La mesure de y donne une idée de l'âge. En fait, la création de 14C varie au cours du temps, et des corrections s'imposent par rapport à une application simpliste des lois de radioactivité. La période de 14C étant de 5 730 ans, on ne peut pas remonter avec cette méthode à plus de 50 000 ans dans le temps.

7. Radioactivité et santé

La radioactivité artificielle a donné l'élan à la production de nombreux isotopes radioactifs de périodes fort variables. Ce don de la nature, un peu forcé par l'homme, est une manne pour les biologistes et les médecins.

Les propriétés chimiques d'un isotope stable ou d'un homologue radioactif sont les mêmes et on peut ainsi préparer des molécules qui contiennent des atomes radioactifs, que l'on suit « à la trace » par la détection de leurs produits de désintégration. C'est le principe de la méthode des traceurs ou des indicateurs utilisée pour suivre le métabolisme des molécules à l'intérieur d'un organisme. De très faibles quantités (10—15 g) d'éléments actifs sont suffisantes ; on choisit des isotopes de faible période. De plus, on cible l'isotope en fonction du tissu étudié : Fe pour l'hémoglobine, I pour la thyroïde, Xe ou Kr pour les poumons... Dans ce cas, le radio-isotope est introduit à l'intérieur du corps et va se fixer de façon préférentielle sur l'organe ciblé. Ce même schéma d'étude est à la base des radiodiagnostics. Par des moyens de détection très sophistiqués (scanner, tomographe à positons...), on parvient à « voir dans l'espace » des organes et à localiser ainsi des zones suspectes pouvant, par exemple, correspondre à des tumeurs.

Souvent, les rayonnements provenant de la radioactivité (α, β, γ, n, ...) peuvent atteindre les tissus vivants de l'extérieur (exposition accidentelle ou volontaire) ; on parle de rayonnements ionisants car ils créent dans les cellules traversées des ions + ou des ions – (radicaux libres très nocifs) en même temps qu'ils déposent de l'énergie. Les dégâts occasionnés sont fonction de nombreux facteurs : dose absorbée, localisation, durée d'exposition, type de cellules, type de rayonnement. En particulier, les cellules indifférenciées (cellules du sang) ou en division rapide (cellules germinales ou tumorales) sont très sensibles aux rayons. On utilise cette caractéristique en radiothérapie, pour détruire les cellules cancéreuses. Pour une dose absorbée donnée, les effets biologiques sont d'autant plus importants que le facteur de qualité (Q) affecté au rayonnement est important (on a Q = 1 pour des γ, mais Q = 20 pour des α). En plus des radicaux libres, le choc des particules ionisantes sur la molécule d'ADN d'une cellule peut provoquer des dégâts irréversibles. Si un seul brin d'ADN est coupé, les réparations sont effectives ; si les deux brins sont coupés les mécanismes biologiques de réparation sont défaillants et le résultat peut être la mort de la cellule ou une mutation génétique si une cellule germinale est atteinte.




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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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