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#21 disparus de Mourmelon et Valdahon
BALOUD Posté le : 22/03/2016 12:15
Découvrez ces disparitions : Bonjour, ce site est destiné à l'écriture. Les noms et pseudos d'inscription se font en lettres normales, une seule majuscule au début. Merci


#22 Charles Forbes René comte de Montalembert
Loriane Posté le : 12/03/2016 17:12
Le 13 mars 1870 à Paris meurt Charles Forbes René

comte de Montalembert,à 59 ans né le 15 avril 1810 à Londres, inhumé au Cimetière de Picpus, journaliste, historien et homme politique français, principalement connu comme théoricien du catholicisme libéral.
Pair de France à partir de 1831, membre des assemblées constituante et législative de la Deuxième République, membre du Corps législatif du Second Empire, il est partisan de la monarchie constitutionnelle et du libéralisme politique, défendant la liberté de la presse et la liberté d'association, et accordant un soutien constant aux droits des nationalités opprimées ; partisan de la liberté de l'enseignement, il est l'un des auteurs de la loi Falloux 2 mars 1850. Il reçoit sa formation
au lycée Condorcet, cet homme politique, historien est embre de l'académie des sciences, des belles-lettres et des arts de Besançon et de Franche-Comté, ce l'académie hongroise des sciences, de l'académie française à partir de 1851

[size=SIZE]En bref
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Un des principaux représentants du libéralisme catholique au XIXe siècle. Fils d'un noble émigré et marié en Angleterre, il fut élevé jusqu'à l'âge de dix ans par son grand-père maternel, J. Forbes, et conserva toute sa vie de cette éducation un vif attachement à la religion, un goût prononcé pour l'étude et une admiration pour les institutions parlementaires britanniques. La découverte en 1828 des écrits de Görres et d'autres romantiques catholiques allemands (on en retrouvera l'influence dans son Histoire de sainte Élisabeth de Hongrie, 1836, qui allait ouvrir une nouvelle voie à l'hagiographie française) et un séjour en 1830 dans l'Irlande d'O'Connell le confirment dans son projet de consacrer sa vie au service de l'Église en travaillant à la réconciliation du catholicisme avec le libéralisme politique. C'est dans cet esprit qu'il devint l'un des principaux collaborateurs de Lamennais dans l'équipe de L'Avenir et qu'il accompagna celui-ci à Rome en 1831-1832. Malgré sa douloureuse déception à la suite de la double condamnation par Grégoire XVI du libéralisme et de l'insurrection nationale polonaise, il se refusa à rompre avec Rome, soutenu notamment par son ami Lacordaire.
Marié en 1836 à une fille de Félix de Mérode, l'un des pionniers de l'indépendance belge, Montalembert, après un intermède de quatre ans, où il s'était intéressé à des travaux littéraires et à des problèmes d'art chrétien, rentra dans l'arène parlementaire ; avec son ardeur chevaleresque et son talent oratoire, il se fait le champion des intérêts catholiques à la Chambre des pairs, en particulier en matière d'enseignement. Fidèle à l'idéal de ses vingt ans, mais avec plus de diplomatie dans la forme, il se place sur le terrain du droit commun, ne réclamant pour l'Église ni privilège ni droit de contrôle sur l'enseignement public, mais simplement la liberté d'enseignement promise par la charte. Il réussit à gagner à son point de vue l'abbé Dupanloup, auquel l'unira désormais pour un quart de siècle une amitié sans nuage. En 1846, Montalembert, qui, à l'âge de trente-cinq ans, personnifie le mouvement catholique en France, tente, en s'inspirant de l'exemple belge, de rassembler les catholiques en un grand parti politique et parvient à faire élire cent quarante-quatre députés favorables à la liberté d'enseignement. La loi Falloux, quatre ans plus tard, marquera le couronnement de ses efforts, auxquels il a réussi à donner pour les catholiques français le sens d'une croisade.
La révolution de 1848 est une pénible épreuve pour Montalembert, libéral à l'anglaise, mais très méfiant à l'égard de la démocratie. Soucieux avant tout de l'intérêt de l'Église, il fait toutefois taire ses rancœurs et pousse les catholiques au ralliement, mais quelques mois plus tard, effrayé devant les progrès du socialisme (ce grand propriétaire terrien n'a aucune sensibilité pour le problème ouvrier) et croyant sincèrement la religion liée à l'ordre social et menacée en même temps que lui, il contribue dans une large mesure à constituer avec les orléanistes conservateurs le « grand parti de l'ordre », puis, bien à contrecœur, à amener au pouvoir Louis Napoléon Bonaparte.
Toutefois, le caractère dictatorial du nouveau régime est trop opposé à son idéal politique pour que Montalembert ne rompe pas rapidement avec lui ; et dans Les Intérêts catholiques au XIXe siècle (sept. 1852), il s'en prend avec aigreur à ceux qui, comme Veuillot, se flattent d'obtenir pour l'Église un régime privilégié. Il ne cessera plus jusqu'à sa mort de revenir sur le danger qu'il y a à vouloir « enchaîner à l'idole décrépite de l'absolutisme les intérêts immortels de la religion ». C'est pour donner une tribune à son programme libéral catholique qu'il reprend en main en 1855 Le Correspondant ; et le congrès catholique de Malines en 1863 lui fournit une dernière occasion de plaider notamment en faveur de l''Église libre dans l'État libre
Mais ses intuitions, exprimées dans des formules à l'emporte-pièce, étaient trop opposées aux idées qui prévalaient de plus en plus à Rome sous Pie IX ; on le lui fit sentir, malgré la reconnaissance qu'on avait au Vatican pour ses interventions répétées en faveur du pouvoir temporel du pape. Ce désaveu, venant s'ajouter à la fin prématurée de sa carrière politique, et les invitations de plus en plus pressantes de ses amis à plus de prudence, invitations qui apparaissaient comme de la lâcheté à cet idéaliste romantique, accrurent encore l'amertume de ses dernières années, assombries par de continuels ennuis de santé. Il avait toutefois mis à profit sa retraite forcée pour reprendre ses travaux historiques Les Moines d'Occident, 5 vol., 1860-1868 ; 2 vol. posthumes, 1877.
De plus en plus exaspéré par les catholiques « qui immolent la justice, la raison et l'histoire en holocauste à l'idole qu'ils se sont érigée au Vatican », cet ancien ultramontain désabusé mourut le 13 mars 1870 en déclarant toutefois se soumettre par avance à toutes les décisions du concile œcuménique. Roger Aubert

Sa vie

La famille de Montalembert est originaire de l'Angoumois et appartient à l'ancienne noblesse, puisqu'elle peut faire remonter sa généalogie jusqu'au xiiie siècle, voire deux siècles plus haut. La tradition familiale est celle de la carrière des armes, dans laquelle se sont engagés nombre des ancêtres de Charles de Montalembert, notamment son grand-oncle Marc-René de Montalembert, général et ingénieur français .
La famille n'a pas de lien historique avec le château de Montalembert, à Maîche Doubs ; Charles de Montalembert a fait plusieurs séjours dans ce qui était le « château de Maîche », qui a pris son nom actuel en 1870.
Charles est le fils de Marc-René de Montalembert. En 1792, à l'avènement de la République, celui-ci a émigré et s'est engagé dans l'armée de Condé, puis dans la cavalerie britannique. En 1808, il a épousé Élise Rosée Forbes, d'une vieille famille protestante écossaise ; elle est la fille de James Forbes, explorateur en Inde et en Afrique, savant et artiste. Le 15 avril 1810, leur premier enfant, Charles, est né à Londres.

Jeunesse 1810-1828

Après la chute de Napoléon, en 1814, le comte de Montalembert rentre en France avec le roi Louis XVIII. En 1816, il est nommé ministre plénipotentiaire à Stuttgart, puis, à partir de 1820, siège à la Chambre des pairs.
Jusqu'en 1819, Charles est élevé par son grand-père maternel en Angleterre, à Stanmore. Puis il rentre en France et poursuit ses études à Paris, d'abord au lycée Bourbon actuel lycée Condorcet, puis, à partir de 1826, à l'institution Sainte-Barbe. Étudiant zélé et d'une grande précocité intellectuelle, marqué par l'exemple du système politique britannique, Charles de Montalembert développe alors des idées politiques libérales. Par ailleurs, la conversion de sa mère au catholicisme en 1822 renforce sa foi religieuse.
Pendant son adolescence, il développe un cercle important de relations intellectuelles et mondaines : il fréquente les salons de Madame de Davidoff, de Delphine Gay, assiste aux cours du philosophe Victor Cousin, avec lequel il se lie d'amitié, de même qu’avec François Rio, professeur d'histoire au lycée Louis-le-Grand. Ses amis les plus proches sont alors Léon Cornudet, futur conseiller d'État, et Gustave Lemarcis, qu'il a rencontré en septembre 1827 au château de la Roche-Guyon, lors d'un séjour chez Louis François Auguste de Rohan-Chabot.
Comme toute sa génération, Montalembert est influencé par les idées romantiques, rêve de sublime, de génie et de sacrifice. À l'âge de quinze ans, il prend la résolution solennelle de servir à la fois Dieu et la liberté de la France :
En vivant pour notre patrie, nous aurons obéi à la voix de Dieu qui nous ordonne de nous aimer les uns les autres ; et comment pourrions-nous mieux aimer nos concitoyens qu’en leur dévouant notre vie entière ? Nous aurons ainsi vécu pour ce qu’il y a de plus beau et de plus grand dans le monde, la religion et la liberté.

La période des études 1828-183O Séjour en Suède 1828-1829

Après avoir obtenu son baccalauréat 2 août 1828, ainsi qu'un prix de rhétorique au concours général, il part le 26 août rejoindre ses parents à Stockholm, où, en 1827, Marc-René de Montalembert a été nommé ambassadeur. Le jeune vicomte de Montalembert admire alors Stockholm et les institutions politiques suédoises, mais méprise le roi Charles XIV Bernadotte, en raison de ses origines roturières et de son passé bonapartiste. Rebuté alors par la lecture de Kant, dont il traduit pour Cousin la Critique de la raison pratique, il découvre avec enthousiasme les œuvres des penseurs idéalistes et mystiques allemands, Schelling, Zimmer, Baader, qui l'amènent à renier peu à peu l'éclectisme de Victor Cousin.

Droit et journalisme

De retour à Paris en 1829, il commence des études de droit tout en publiant des articles sur la Suède dans la Revue française, dirigée par François Guizot, Victor de Broglie et Prosper de Barante et en collaborant à l'hebdomadaire Correspondant, fondé en mars 1829 par Louis de Carné, Cazalès et Augustin de Meaux.

L'engagement au côté des Romantiques

En matière littéraire, Montalembert est favorable à la jeune école romantique contre les vieux classiques encroûtés. Mais il sera parmi les premiers à saluer La Peau de chagrin d'Honoré de Balzac, comme le roman qui a révélé l'énorme besoin de spiritualité de notre époque. Sa mère reçoit fréquemment Lamartine, Martignac, Delphine Gay. Charles de Montalembert admire Vigny, Sainte-Beuve, et, par-dessus tout, Victor Hugo. Il soutient ardemment Hernani, qu'il voit comme une manifestation de la liberté dans le théâtre. Il fréquente alors assidûment le poète, qui lui fait découvrir l'architecture religieuse du Moyen Âge alors qu'il est en train de préparer Notre-Dame de Paris.

L'engagement politique 1830-1837 L'exemple irlandais

Le 25 juillet 1830, Charles de Montalembert part pour l'Angleterre. Il est à Londres pendant la révolution de Juillet. D'abord favorable à la chute de Charles X, coupable selon lui d'avoir violé la Charte, fondement des libertés garanties par la monarchie constitutionnelle, il réprouve ensuite les excès anti-religieux des libéraux.
Depuis l'Angleterre, il part pour l'Irlande. Il y rencontre Daniel O'Connell, le fondateur de l'Association catholique Catholic Association, qui a obtenu en 1829 l'émancipation politique des catholiques d'Irlande et qui personnifie aux yeux de Montalembert la liberté et la foi triomphantes, ainsi qu'une victoire pacifique, fondée sur le droit et non sur la violence. Montalembert est alors séduit par l'Église catholique d'Irlande, libre et pauvre comme à son berceau, puisque le gouvernement n'y prend aucune part à la nomination des évêques, et qu'elle ne vit que des dons de ses fidèles, situation qui contraste fort avec celle de l'Église de France, dont la situation est réglée par le Concordat de 1801 et les articles organiques : traditionnellement unie au gouvernement de la Restauration, sous le nouveau régime de la monarchie de Juillet, elle est en butte à l'opposition libérale.

L’Avenir et les débuts du catholicisme libéral

Montalembert attend avec impatience depuis son adolescence de s'engager pour défendre la liberté civile et la liberté de l'Église catholique romaine. Longtemps, il se sent isolé dans cette voie. En désaccord avec les idées réactionnaires de la plupart des aristocrates catholiques qu'il fréquente, il déclare ainsi en 1827 que :
« Au nom d'une religion qui a introduit la vraie liberté dans le monde, on me prêche l'arbitraire et l'ancien régime. ... Mais aujourd'hui je ne désespère pas de trouver des hommes qui ... prennent pour mobile de leur conduite Dieu et la liberté.
À l'issue de la révolution de 1830, sa rencontre avec le père de Lamennais lui fournit enfin l'occasion de s'engager pour défendre ses idées, et de développer dans le journal l'Avenir les thèses qui formeront la base du catholicisme libéral, mêlant la doctrine contre-révolutionnaire traditionnelle telle que l'avait développée Joseph de Maistre et la pensée libérale héritée des Lumières et de la Révolution française.
Lancé en octobre 1830 par Lamennais, dans un contexte très anticlérical, le nouveau journal marie ultramontanisme défense de la souveraineté absolue du pape en matière religieuse et libéralisme défense de la liberté de conscience, de la liberté d'expression, aspirations démocratiques et catholicisme. Son rédacteur en chef est Lamennais, secondé par les abbés Gerbet et Lacordaire, qui devient rapidement l'un des amis les plus proches de Montalembert. Le 7 décembre 1830, les rédacteurs de l’Avenir résument leurs revendications : ils demandent la liberté de conscience, la séparation de l'Église et de l'État, la liberté d'enseignement, la liberté de la presse, la liberté d'association, la décentralisation administrative et l'extension du principe électif.
Les contributions de Montalembert dans l'Avenir concernent principalement la liberté d'enseignement et la défense des droits des peuples opprimés. Il soutient en effet l'émancipation des nationalités européennes, au nom du droit des personnes et des communautés à disposer d'elles-mêmes. Séduit par l’exemple des luttes d'Irlande, de Belgique, de Pologne, où l’Église catholique romaine joue un rôle prépondérant dans le combat pour la liberté des nations, Montalembert rêve alors, à la suite de Lamennais, d’établir une souveraineté spirituelle du pape sur les peuples chrétiens d'Europe unis et libres.
Il soutient donc avec éloquence l'Irlande catholique de Daniel O'Connell, ainsi que la Belgique, soulevée le 15 août 1830 contre les Hollandais protestants qui la gouvernaient depuis le Congrès de Vienne de 1815. Mais ses accents les plus dramatiques sont consacrés à la Pologne : écartelée au XVIIIe siècle, elle se révolte en novembre 1830. Le 2 décembre 1830, les Russes sont chassés de Varsovie. Montalembert songe même alors à partir combattre auprès de la fière et généreuse Pologne, tant calomniée, tant opprimée, tant chérie de tous les cœurs libres et catholiques. L'Avenir appelle alors, sans succès, le gouvernement français à soutenir les Polonais insurgés. Finalement, l'insurrection polonaise est écrasée le 12 septembre 1831, et Montalembert écrit alors dans l'Avenir : Catholiques ! la Pologne est vaincue. Agenouillons-nous près du cercueil de ce peuple trahi ; il a été grand et malheureux.
D'autre part, afin de défendre la liberté de l'enseignement, en dehors du monopole de l'Université napoléonienne, conformément à leur interprétation de la Charte de 1830, les journalistes de l'Avenir fondent en décembre 1830 l'Agence générale pour la défense de la liberté religieuse, et ouvrent, le 9 mai 1831, une école libre, rue des Beaux-Arts, à Paris. Aux côtés de Lacordaire et de l'économiste Charles de Coux, Montalembert s’improvise alors maître d’école. Après un procès retentissant devant la Chambre des pairs, qui s’achève par la condamnation de cette initiative et la fermeture de l’école, l’Avenir est suspendu par ses fondateurs le 15 novembre 1831. En butte à l'opposition d'une majorité des évêques français, traditionnellement gallicans, ils décident d'en appeler directement au jugement du pape Grégoire XVI.

L'échec de l'Avenir et la rupture avec Lamennais

Le 30 décembre 1831, Lacordaire, Lamennais et Montalembert, les pèlerins de la liberté, se rendent donc à Rome. D’abord confiants, ils déchantent vite face à l'accueil réservé qui leur est accordé. Le 15 août 1832, le pape Grégoire XVI, sans les nommer, condamne leurs idées libérales par l'encyclique Mirari Vos. Les condamnés se soumettent et renoncent à faire reparaître le titre.
Après une rupture douloureuse avec Lamennais, condamné une nouvelle fois par le pape en 1834 à la suite de la publication des Paroles d'un croyant, Montalembert écrit en 1835 une Histoire de sainte Elisabeth, duchesse de Thuringe et Tertiaire Franciscaine au xiiie siècle. Dans ce livre, empreint de merveilleux et d’une vision romantique et idéalisée du Moyen Âge, il renouvelle le genre de l’hagiographie. Le livre est un important succès de librairie tout au long du XIXe siècle.
Après la publication de l'Histoire de sainte Elisabeth, alors que, séduit par la vie monastique à l’abbaye Saint-Pierre de Solesmes, encouragé en ce sens par Lacordaire et Dom Guéranger, Montalembert hésite à choisir cette voie, il rencontre Marie-Anne de Mérode. Fille du comte Félix de Mérode, héros de l’indépendance de la Belgique en 1830 et conseiller du roi Léopold Ier de Belgique, et de Rosalie de Grammont, dont le père, le marquis de Grammont, était l’un des principaux actionnaires de l'Avenir,
Anna de Mérode est âgée de 18 ans en 1836. Les deux jeunes gens sont unis le 16 août 1836 à Trélon, dans le château de la famille de Mérode en Hainaut français, lors d’une cérémonie présidée par l’abbé Gerbet. Suit un voyage de noces en Allemagne et en Italie. Reçus par Manzoni à Milan, les jeunes époux partent ensuite pour Rome. Montalembert, plusieurs fois reçu en audience par le pape Grégoire XVI, proteste alors devant lui de sa fidélité à son égard, achève de renier Lamennais et ses Affaires de Rome, critique l'archevêque de Paris, Monseigneur de Quélen et les gallicans français, et plaide les causes de Gerbet et de Lacordaire.

Carrière parlementaire 1837-1850

En 1837, Montalembert commence véritablement sa carrière parlementaire. Même s'il n'apprécie guère la Monarchie de Juillet, qu'il considère comme un régime individualiste, bourgeois et matérialiste, au détriment de la cohésion sociale et de l’union nationale, il décide de soutenir cette monarchie constitutionnelle et libérale, dans le travail législatif mené à la Chambre des pairs. Il y défend inlassablement deux thèmes principaux : la défense du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes et celle des libertés religieuses, à travers le rétablissement officiel des congrégations religieuses et la liberté d'enseignement.
Ainsi, il soutient en Espagne les partisans de la reine Isabelle II, favorables à une monarchie constitutionnelle, et défend avec constance la cause de la Pologne. Il lutte surtout pour la liberté de la Belgique, dont il avait salué l’affranchissement en 1830 : en 1838, lors de la crise diplomatique du Luxembourg et du Limbourg, il tente aux côtés de son beau-père, Félix de Mérode, mais sans succès, de convaincre le roi Louis-Philippe et son ministre, Mathieu Molé, de défendre les prétentions territoriales belges du roi Léopold contre le roi Guillaume Ier des Pays-Bas.

La constitution du « Parti catholique »

Cependant, l'essentiel de l'action de Montalembert pendant les années 1837-1850 vise à la constitution d’un parti catholique unifié, fédérant l’action des catholiques français autour de la défense des intérêts de l'Église et la liberté d'enseignement, en s’assurant de l’appui des évêques, qui avait cruellement manqué aux hommes de l'Avenir.
L’action à mener est immense, à la mesure de la division des catholiques français : les uns sont fidèles au régime déchu en 1830, au gallicanisme, et considèrent le roi Louis-Philippe comme un usurpateur. À leur tête se trouve Monseigneur de Quélen, l'archevêque de Paris, appuyé par l'abbé Dupanloup. L'autre fraction, soutenue par le pape Grégoire XVI, rassemble une partie de la jeune génération catholique, sous la direction de Lacordaire, Ozanam, et Montalembert. Ultramontains et libéraux, ils entreprennent alors, chacun à leur manière, de réconcilier la religion catholique et la société française post-révolutionnaire, en détachant le catholicisme français des traditions légitimistes et gallicanes : tandis que Frédéric Ozanam se tourne vers l’action charitable, rapprochant les classes populaires de l’Église catholique, que Lacordaire prêche la liberté à Notre-Dame de Paris, Montalembert défend les libertés religieuses à travers son action politique.
À cette fin, il rachète en 1836 le journal l'Univers, fondé par l'abbé Migne, pour en faire un organe de combat au service des libertés de l'Église.
Il cherche ensuite à faire remplacer l’ancienne génération d’évêques légitimistes par des hommes indépendants du pouvoir royal et favorables aux idées libérales, et appuie auprès du roi plusieurs nominations importantes : celles de Bonald à Lyon, de Sibour à Digne, de Denys Affre à Paris, de Thomas Gousset à Reims, et de Doney à Montauban.
Montalembert soutient aussi la restauration des ordres religieux, supprimés en France par la Révolution française, qu'il s’agisse des bénédictins, reconstitués par Prosper Guéranger à Solesmes, ou des dominicains, restaurés par son ami Henri Lacordaire. Proche du père de Ravignan, il défend aussi avec constance les jésuites, très impopulaires, à plusieurs reprises menacés d'expulsion de France, dispersés en 1845.

La campagne pour la liberté d'enseignement

L'essentiel des combats menés par Montalembert et le parti catholique ont un objectif principal : obtenir la liberté d'enseignement, à savoir, la possibilité de créer des établissements d'enseignement secondaire en dehors du monopole de l'enseignement public d'État. Cette liberté concernerait avant tout les congrégations religieuses enseignantes, notamment les jésuites.
Plusieurs projets de loi à ce sujet sont proposés par les ministres de l'Instruction publique successifs : Victor Cousin en 1840, Villemain en 1841 et 1844. Ces projets se heurtent à l'opposition de la gauche, mais aussi à celle d'une grande partie du clergé français, qui les juge trop sévères pour l'enseignement catholique ; ainsi, le projet de 1844 interdit explicitement l'enseignement aux membres de congrégations.
Une campagne de presse et d'opinion sans précédent est déclenchée par les catholiques, à l'instigation de Montalembert, afin d'obtenir une loi plus favorable. L'Univers de Veuillot est l'organe du mouvement, et Montalembert le défend avec constance auprès des autorités romaines méfiantes face au libéralisme du titre. De nombreuses brochures sont publiées. Plusieurs évêques, tels le cardinal de Bonald, ou Mgr Parisis, évêque de Langres, s'expriment publiquement, ainsi que les abbés Maret et Combalot. Montalembert lui-même publie en 1843 une brochure intitulée Du devoir des catholiques dans la question de la liberté d'enseignement. Il y appelle les catholiques français à s'organiser pour la conquête de la liberté d'enseignement.
En conséquence, en 1844, Montalembert structure la campagne sur l'ensemble du territoire national, créant un comité directeur ainsi que des comités départementaux chargés de mobiliser sur le terrain l'opinion publique en faveur de la liberté d'enseignement par le biais de pétitions. Ces comités soutiennent aussi les candidats proches du parti catholique aux élections législatives de 1846. De nombreuses circulaires du comité central aux départements organisent la campagne, répandent les mots d'ordre de mobilisation. Précision intéressante, en juillet 1845 avec le prince de la Moskowa, fils du maréchal Ney, il proteste à la Chambre des Pairs contre les enfumades du Dahra, ordonnées par Bugeaud et le colonel Pélissier, l'un des épisodes les plus noirs de la conquête de l'Algérie.
Les élections sont un succès : plus de 140 députés élus sont favorables au parti catholique. Après ce succès, de nouvelles tensions apparaissent au sein du parti : certains, menés par Dupanloup, conservateur et proche politiquement du pouvoir royal, sont partisans de négocier avec le gouvernement, tandis que les partisans de Veuillot souhaitent poursuivre le combat. Mais ils sont de nouveau rassemblés dans leur opposition commune au projet de loi présenté en 1847 par Salvandy.

La République et la loi Falloux

Député sous la Seconde République, il participe à l'élaboration de la loi Falloux sur l'enseignement. Il siège également à la Commission sur l'assistance et la prévoyance publiques présidée par Thiers.
Montalembert et le Second Empire, L'échec du ralliement à l'Empire
Le 10 mars 1850, des élections législatives partielles donnent une majorité aux socialistes à Paris. Les chefs de la droite, ou « Burgraves », Adolphe Thiers, Mathieu Molé, Pierre-Antoine Berryer, Changarnier, Montalembert, par crainte d'une victoire des socialistes aux élections de 1852, entreprennent, avec l'aval du président, une réforme de la loi électorale de la Constitution de 1848, imposant à tout électeur un domicile continu depuis trois ans, afin d'éliminer l'électorat ouvrier. Montalembert défend la loi, votée le 31 mai 1850, à l'Assemblée, affirmant alors : Nous voulons la guerre légale au socialisme, afin d'éviter la guerre civile.
D'abord favorable à une révision constitutionnelle, après le coup d'État du 2 décembre 1851, Montalembert décide de cautionner le fait accompli, par crainte de la révolution, et dans l'espoir d'obtenir de Louis-Napoléon des lois favorables aux catholiques liberté d'association, abrogation des articles organiques de 1802. Aux côtés de Louis Veuillot, il appelle donc publiquement dans l'Univers à voter pour le coup d'État : Je suis pour l'autorité contre la révolte, pour la conservation contre la destruction, pour la société contre le socialisme...

Échec et divisions du « Parti catholique »

Mais vite déçu par l'absolutisme du nouveau régime, et par l'absence de concessions aux catholiques, Montalembert officialise sa rupture avec le Second Empire le 20 octobre 1852 par la publication d'un ouvrage, Les Intérêts catholiques au xixe siècle, dans lequel il fait l'éloge du gouvernement représentatif. Consterné par le ralliement de nombreux évêques auparavant légitimistes, comme Donnet, Salinis ou Parisis au régime autoritaire de Napoléon III, Montalembert y demande aux catholiques de ne pas associer la cause de l'Église et celle de l'absolutisme monarchique. L'ouvrage le réconcilie avec les libéraux, comme Lacordaire, mais le brouille définitivement avec le nouveau parti clérical, ultramontain et absolutiste, dont les idéologues sont Guéranger et Veuillot, qui traite le livre de Marseillaise parlementaire.
Pour répliquer aux attaques de l'Univers, les catholiques opposés à la dictature impériale relancent alors une revue, le Correspondant, fondée en 1828. Aux côtés de Montalembert y contribuent des orléanistes le duc de Broglie, Dupanloup, des légitimistes Falloux, Théophile Foisset, et des libéraux Cochin, Lacordaire. Craignant un réveil d'anticléricalisme à la suite du ralliement de l'Église catholique à l'absolutisme napoléonien, de sa posture permanente d'adversaire de la raison, de la société moderne, de la liberté de conscience, des libertés politiques, la revue entreprend de montrer que ces principes constitutifs de la société moderne sont conformes à la religion catholique.
Le 9 janvier 1851, Charles de Montalembert est élu à l'Académie française. Il est reçu par Guizot le 5 février 1852. Avec les opposants au Second Empire, il soutient par la suite les candidatures de Dupanloup en 1854, de Berryer en 1855, de Falloux en 1856, de Lacordaire en 1860.
Sans enthousiasme, il siège au Corps législatif, tentant sans succès de faire exister une opposition parlementaire à l'Empire.
« L'histoire dira quelle fut l'infatigable complaisance et l'incommensurable abaissement de cette première assemblée du second Empire …, cette cave sans air et sans jour, où j'ai passé six ans à lutter contre des reptiles.
Candidat de nouveau aux élections législatives de 1857 à Besançon, Montalembert bénéficie de l'appui réticent de l'Univers. Mais l'opposition de l'administration impériale contribue à un échec écrasant. En réaction, l'Académie française en fait son directeur. Le Correspondant devient alors son principal terrain d'action.
Ainsi, en 1858, Montalembert effectue un voyage à Londres, où il fréquente les princes d'Orléans exilés. Il assiste aux séances du parlement britannique. De retour en France, il écrit un article intitulé Un débat sur l'Inde au Parlement anglais, dans lequel, tout en exaltant la liberté des parlementaires britanniques, il critique la vie politique française. Les rédacteurs du Correspondant jugent l'article imprudent, mais l'enthousiasme de Lacordaire, L'heure est venue de dire ce qu'on estime la vérité, quoi qu'il puisse en advenir… » décide finalement Montalembert à le publier ; l'article paraît le 25 octobre 1858. Des poursuites sont engagées immédiatement contre Montalembert, accusé par le ministère public d'avoir excité à la haine et au mépris du gouvernement, violé le respect dû aux lois, attaqué les droits et l'autorité que l'Empereur tient de la constitution et du suffrage universel. Les adversaires du régime impérial font de ce procès une tribune politique. Défendu par les avocats Berryer et Dufaure, soutenu au tribunal par le duc de Broglie, Odilon Barrot, Villemain, et de nombreux autres opposants, Montalembert comparaît le 24 novembre 1858. Il est condamné à six mois de prison, 3000 francs d'amende, et fait appel. Le 2 décembre, jour anniversaire du de l'empire, l'empereur accorde sa grâce à Montalembert, qui la refuse. Il est donc jugé une deuxième fois, le 21 décembre 1858, et obtient une réduction de sa peine de prison de 6 à 3 mois, avant d'être de nouveau gracié par l'empereur.
Puis Montalembert s'oppose au soutien de la France de Napoléon III à l'unification italienne menée par le royaume de Piémont-Sardaigne sous l'égide de Cavour, menaçant le pouvoir temporel du pape Pie IX. En effet, en 1859, la France entre en guerre contre l'Autriche aux côtés du Piémont. En juillet 1859, l'armistice de Villafranca termine la guerre. L'Autriche abandonne la Lombardie au Piémont. Mais la Toscane, ainsi que les villes de Parme et Modène, et les légations pontificales de Bologne, Ferrare et Ravenne demandent à leur tour leur annexion au Piémont, menaçant l'existence-même des États pontificaux. Napoléon III demande en janvier 1860 au pape de faire le sacrifice de ses provinces révoltées, déclenchant de vives réactions chez les catholiques français. L'Univers, qui soutient le pouvoir temporel du pape, est interdit.
Le beau-frère de Montalembert, Xavier de Mérode, prend la tête des armées du Saint-Siège.

Contre l'absolutisme pontifical : « l'Église libre dans l'État libre »

En 1863, les prélats et hommes politiques catholiques de Belgique organisent un congrès international à Malines, rassemblant plus de trois mille participants. Le 20 août 1863 Montalembert y prononce un discours sur le rôle de l'Église dans les nouvelles sociétés démocratiques. Désespéré depuis des années par le discours réactionnaire de la plupart des organes les plus écoutés du Saint-Siège notamment l'Univers et la Civiltà Cattolica, soutenant selon lui les thèses les plus exagérées, les plus insolentes, les plus dangereuses, les plus répugnantes à la société moderne », révolté par l'attitude et les arguments de Veuillot et de Guéranger lors de l'Affaire Mortara, mais profondément fidèle à l'Église de Rome, Montalembert fait de son discours un manifeste en faveur du libéralisme catholique. Il réaffirme avec éloquence les principes fondamentaux du catholicisme libéral, tels qu'ils avaient été ébauchés dès l'époque de L'Avenir : défense de la liberté de conscience, indépendance de l'Église vis-à-vis du pouvoir politique. Il exalte l'ensemble des libertés publiques liberté de la presse, liberté d'enseignement..., à terme bénéfiques selon lui à l'Église. Poursuivant son discours le 21 août, il développe plus particulièrement le thème de la liberté de conscience, tout en se défendant d'un quelconque relativisme religieux. Il affirme alors notamment :
« J'éprouve une invincible horreur pour tous les supplices et toutes les violences faites à l'humanité sous prétexte de servir ou de défendre la religion... L'inquisiteur espagnol disant à l'hérétique : la vérité ou la mort ! m’est aussi odieux que le terroriste français disant à mon grand-père : la liberté, la fraternité ou la mort ! La conscience humaine a le droit d'exiger qu'on ne lui pose plus jamais ces hideuses alternatives.
Il défend l'idée d'une Église qui, dégagée de toute solidarité compromettante, de tout engagement de parti ou de dynastie, apparaîtra au milieu des flots vacillants et agités de la démocratie, seule immobile, seule inébranlable, seule sûre d'elle-même et de Dieu, ouvrant ses bras maternels à tout ce qu’il y a de légitime, de souffrant, d'innocent, de repentant, dans tous les camps, dans tous les pays.
Ce discours de Malines suscite de vives réactions. Salué par les catholiques libéraux de Belgique et de France, Montalembert se heurte rapidement à l'opposition frontale de Veuillot et du parti clérical, ainsi qu'aux fortes réticences du Saint-Siège, représenté par le cardinal Wiseman, le nonce Ledochowski, et les jésuites de la Civiltà Cattolica.
En réponse au discours de Malines, et malgré le soutien de Xavier de Mérode, en mars 1864, le cardinal Antonelli écrit, au nom du pape Pie IX, une lettre de blâme à Montalembert, qui se soumet en silence, optant pour la résignation et la patience. La réponse publique du pape au discours de Malines est, le 8 décembre 1864, l'encyclique Quanta Cura, à laquelle est annexée le Syllabus. Celui-ci est une liste de propositions condamnées, visant notamment les idées libérales, la liberté de conscience, la liberté de la presse. Consternés, les catholiques libéraux français répliquent, sous la plume de Dupanloup, qui défend fermement le Syllabus, tout en minimisant sa portée.
Profondément déçu par le Syllabus, mais demeurant fidèle au pape, gravement malade à partir de 1867, Montalembert se consacre désormais au Correspondant, dont il confie la direction à Léon Lavedan, ainsi qu'à son travail historique sur les Moines d'Occident.
La préparation du concile du Vatican, la future proclamation du dogme de l'infaillibilité pontificale lui font craindre la victoire du parti favorable à l'absolutisme monarchique et au pouvoir personnel du pape, aboutissant selon lui à une rupture complète entre l'Église et la société moderne. Il soutient donc les catholiques allemands opposés au dogme, et souhaite, sans succès, que Newman et Döllinger influencent les débats du concile grâce à leur science théologique. Satisfait par les débuts de l'Empire libéral, il meurt, avant la fin du concile et la proclamation du dogme de l'infaillibilité pontificale, en 1870 dans son hôtel particulier du no 5 impasse de Valmy près de la rue du Bac à Paris.
Il consacra beaucoup de son temps à un grand travail sur le monachisme en Occident. Il fut d'abord attiré par le personnage de Bernard de Clairvaux et lui consacra un volume ; par la suite, cependant il abandonna ce travail sur le conseil de son ami Dupanloup et l'édition entière fut détruite. Il élargit alors son plan original et publia les premiers volumes de ses Moines d'occident 1860, œuvre admirablement écrite et qui fut reçue avec beaucoup d'admiration dans ces cercles où la langue était plus appréciée que l'étude elle-même. Le travail, inachevé à la mort de l'auteur, fut complété par la suite à l'aide de quelques longs fragments retrouvés parmi ses papiers vols. VI et VII, 1877.

Descendance

En 1841, Charles de Montalembert acquiert le château de La Roche-en-Brenil 21-Côte d'Or qui appartient aujourd’hui encore à l’un de ses descendants.
De l'union de Montalembert avec Anna de Mérode sont issues quatre filles, dont descendance :
Élisabeth 1837-1913, épouse du vicomte Camille de Meaux 1830-1907, homme politique français, ministre de l'agriculture puis du commerce en 1876-1877 ;
Catherine 1841-1926, religieuse du Sacré-Cœur ;
Madeleine 1849-1920, épouse du comte François de Hemricourt de Grunne 1850-1926, général belge ;
Thérèse Généreuse 1855-1924.
Son neveu Jules de Montalembert 1850-1926, fut maire d’Annappes, conseiller général et député.

Membre de sociétés savantes

Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon et de Franche-Comté
Académie française 1851
Comité des travaux historiques et scientifiques 1849

Citations

« Les longs souvenirs font les grands peuples. La mémoire du passé ne devient importune que lorsque la conscience du présent est honteuse. »
« Vous avez beau ne pas vous occuper de politique, la politique s'occupe de vous tout de même. »
« On n'est jamais aussi vainqueur ni aussi vaincu qu'on se l'imagine. »
« Il y a encore moins de différence entre l'ordre des choses détruit en 1789 et la société moderne, qu'entre la chrétienté du Moyen Âge et l'ancien régime.
« ...les difficultés ne sont pas faites pour abattre mais pour être abattues...

Œuvres de Charles de Montalembert

Défense de l'école libre devant la Chambre des Pairs, 1831
Histoire de sainte Élisabeth, reine de Hongrie, 1836
Monuments de l'histoire de sainte Élisabeth, 1838
Du vandalisme et du catholicisme dans l'art, 1839
Du devoir des catholiques dans la question de la liberté d'enseignement, 1843
Trois discours sur la liberté de l'Église. Saint Anselme, 1844
Quelques conseils aux catholiques, 1849
Des intérêts catholiques au XIXe siècle, 1852
De l'avenir politique de l'Angleterre, 1855
Un débat sur l'Inde au Parlement anglais, 1858
Pie IX et lord Palmeston, 1859
Discours, 3 vol., 1860
Les Moines d'Occident, depuis saint Benoît jusqu'à saint Bernard, 7 vol., 1860
Pie IX et la France, 1860
Lettre à M. le comte de Cavour, 1860
Une nation en deuil, la Pologne en 1861, 1861
Le père Lacordaire, 1862
L'Église libre dans l'État libre. L'insurrection polonaise, 1863
Le Pape et la Pologne, 1864
Le général Lamoricière. La victoire du Nord aux États-Unis, 1865
L'Espagne et la Liberté, 1870
Lettres à un ami de collège, publiées par M. Cornudet, 1872
Textes en ligne
Discours de M. de Montalembert sur la liberté d'enseignement, 18 septembre 1848, serveur Gallica de la Bibliothèque nationale de France
Histoire de sainte Elisabeth de Hongrie, duchesse de Thuringe, 1836, serveur Gallica de la Bibliothèque nationale de France
Du devoir des catholiques dans la question de la liberté d'enseignement, 1843, serveur Gallica de la Bibliothèque nationale de France
Le Pape et la Pologne, 1864
Journal de Montalembert
Journal intime inédit. Texte établi, présenté et annoté par Louis Le Guillou et Nicole Roger-Taillade, Éditions Honoré Champion :
Tome III. 1834-1843, 2003.
Tome IV. 1844-1848, 2005.
Tome V : 1849-1853, 2006.
Tome VI. 1854-1858, 2006.
Tome VII : 1859-1864, 2008.
Tome VIII et dernier. 1865-1870, 2009.



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#23 Henri Breuil
Loriane Posté le : 26/02/2016 19:57
Le 28 février 1877 naît Henri Breuil à Mortain Manche

connu sous le nom de l'abbé Breuil, mort le 14 août 1961 à L'Isle-Adam Val-d'Oise à 84 ans, à l'époque Seine-et-Oise, est un prêtre catholique et préhistorien français. Il fut surnommé le pape de la Préhistoire, il s’est illustré par ses contributions à la classification des industries paléolithiques et à l’étude de l’art pariétal préhistorique. Son activité principale est : Archéologie, anthropologie, ethnologie et géologie. Il reçoit plusieurs distinctions , la médaille Daniel Giraud Elliot 1924 puis Commandeur de la Légion d'honneur 1958. Il est enterré à Belleu Aisne.

En bref

Originaire d'une famille de bourgeoisie provinciale, Henri Breuil passe son enfance à Clermont-de-l'Oise, où son père est procureur de la République, fait ses études au collège de Saint-Vincent de Senlis, entre au séminaire d'Issy-les-Moulineaux 1895, puis à Saint-Sulpice à Paris 1897, où il est ordonné prêtre 1900. Libéré des servitudes paroissiales, il entreprend une carrière d'homme de science, avec l'accord de l'Église, à laquelle il manifesta, sa vie durant, une stricte obéissance. Son existence s'identifie avec le développement de l'étude de la préhistoire dans la première moitié du XXe siècle, mais il est excessif, comme on l'a fait, de le qualifier de père de la préhistoire ; tout au plus a-t-il souhaité en être le pape, comme il disait plaisamment, et en a-t-il été effectivement un des plus efficaces serviteurs.
Quelques dates jalonnent une carrière sans problèmes : 1901, découverte avec R. Capitan et D. Peyrony de la grotte ornée des Combarelles, aux Eyzies Dordogne ; 1902, voyage avec E. Cartailhac à Altamira ; 1905-1910, privat-docent à la faculté des sciences de Fribourg, Suisse ; 1910, professeur d'ethnographie préhistorique à l'Institut de paléontologie humaine, fondé par le prince Albert Ier de Monaco ; 1929, professeur au Collège de France chaire de préhistoire ; 1938, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Henri Breuil voyage beaucoup, se rend fréquemment en Espagne et au Portugal, va en Chine 1931 et 1935, en Éthiopie 1933, et plusieurs fois en Afrique du Sud 1929, 1942-1945, 1947-1949, 1951.
Il réalise une œuvre immense dont témoignent des centaines de publications, avec des activités et des intérêts multiples qui se sont constamment chevauchés. Ses contributions essentielles ont trait au Paléolithique inférieur, au Paléolithique supérieur, à l'art franco-cantabrique et, enfin, aux peintures rupestres d'Afrique.
L'étude géologique des terrasses de la Somme H. Breuil et L. Koslowski, Études de stratigraphie paléolithique dans le nord de la France, la Belgique et l'Angleterre, in L'Anthropologie, t. XLI, 1931 ; t. XLII, 1932 et, en Angleterre, des gisements de Clacton-on-Sea et de High-Lodge H. Breuil, Le Clactonien, in Préhistoire, fasc. II, 1932 sert de fondement à la théorie des phylums parallèles qu'il propose pour les industries du Paléolithique ancien. Outre les industries à bifaces dès longtemps reconnues (Chelléen ou Abbevillien, Acheuléen et Micoquien, il existe des industries sans bifaces, avec outils sur éclats Clactonien, Tayacien, Levalloisien). Elles évoluent parallèlement, les premières se manifestant dans les périodes chaudes interglaciaires, les secondes dans les périodes froides glaciaires. Cette théorie repose sur l'attribution de la basse terrasse de cinq mètres de la Somme à la glaciation de Riss, et sur l'affirmation qu'il existe une industrie autonome sans bifaces, à éclats Levallois, le Levalloisien. Ces points ont été contestés par F. Bordes, et la théorie n'est plus admise F. Bordes, Les Limons quaternaires du Bassin de Paris. Stratigraphie et archéologie paléolithique, Paris, 1954.
Contre les partisans de G. et A. de Mortillet qui, pour des raisons théoriques, soutiennent que le Solutréen est antérieur à l'Aurignacien, et en s'appuyant sur les stratigraphies établies par A. et J. Bouyssonie, D. Peyrony et lui-même Laussel, le Ruth, le roc de Combe-Capelle, etc., H. Breuil mène et gagne la bataille de l' Aurignacien présolutréen 1909. En 1912, il rassemble, compare et critique tous les documents valables sur le Paléolithique supérieur de la région classique et en établit magistralement les caractéristiques typologiques et la séquence évolutive (Les Subdivisions du Paléolithique supérieur et leur signification, Genève, 1912.
Henri Breuil effectue par milliers des relevés de gravures et de peintures dans les grottes franco-cantabriques Pair-non-Pair, La Mouthe, les Combarelles, Font-de-Gaume, Altamira, Le Castillo, Niaux, Le Portel, La Pileta, Minateda, les Trois-Frères, etc.. Il établit un classement chronologique de l'art rupestre d'après les superpositions de figures et les comparaisons de style avec les objets d'art mobilier, datés par les niveaux qui les contiennent ; cycle aurignaco-périgordien, avec figures en « profil absolu », avec une seule patte par paire, et encornures, oreilles, sabots, en perspective tordue, vus de face pour un animal de profil ; cycle solutréo-magdalénien, avec figures en perspective naturelle. Il attribue à la période paléolithique les peintures des abris du Levant espagnol que les savants datent, actuellement, d'une époque beaucoup plus tardive.
En Éthiopie, il relève les peintures de la grotte du Porc-Épic 1933, en Afrique du Sud la « Dame blanche de Brandberg, dans le Tsibab-Ravine 1947 et dans l'Érongo les fresques de Philip Cave 1951 : la présence dans ces peintures d'un type ethnique à peau claire et cheveux roux, différent des populations actuelles, lui fait supposer des migrations ou des influences de Nilotiques méditerranéens ? À la fin de sa vie, il les datait de ~ 1500, attribution trop ancienne d'après les spécialistes sud-africains. Pénétrant esprit d'observation, l'abbé Breuil, qui avait une rapidité incisive de jugement, était porté par une insatiable curiosité. Il vérifie, contrôle, trie, classe, compare les innombrables documents de la préhistoire, conclut, conscient, parfois à l'excès, de son génie, passionné, abrupt. Il a formé peu d'élèves, sans doute parce que son impatience souffrait mal la contradiction. Denise de Sonneville-bordes

Sa vie

Né d'un père procureur de la République à Mortain et à Clermont-de-l'Oise et de Cécile Morio de L'Isle, petite-fille du général Annet Morio de L'Isle, il entre au séminaire Saint-Sulpice en 1895 en même temps que Jean Bouyssonie 1877-1961, il suit les cours de sciences naturelles de Jean Guibert, auteur d'un traité intitulé Les Origines, questions d'Apologétique sur les rapports de la science et de la religion. Son enseignement fait une large place aux idées évolutionnistes alors relativement nouvelles. Il va faire un certain nombre de rencontres cruciales qui vont conforter son intérêt pour la science préhistorique naissante : Geoffroy d’Ault du Mesnil, Louis Capitan en 1896, Édouard Piette en 1897, chez qui il peut admirer des chefs-d’œuvre de l’art mobilier préhistorique, Denis Peyrony.
Ordonné prêtre le 9 juin 1900 à Saint-Sulpice, Henri Breuil obtient de ne pas être attaché à une paroisse après plusieurs tentatives infructueuses, grâce à l’évêque de Soissons que connaît bien son grand-père maternel qui fut sous-préfet. Il peut ainsi se consacrer entièrement à ses travaux de préhistorien dans un but d'apologétique catholique. Il obtient sa licence d'histoire naturelle en 1904.

Un préhistorien de renommée internationale

Dès 1905, il enseigne la préhistoire à l’université de Fribourg, puis à Paris prend en charge la chaire d'ethnographie historique de l’Institut de paléontologie humaine en 1910, ce qui fait de lui le premier préhistorien professionnel de France. Il enseigne au Collège de France de 1929 à 1947. Il est nommé membre de l’Institut de France en 1938. Bien que détestant l'enseignement, il construit paradoxalement sa carrière dans ce domaine afin de le faire reconnaître et financer par l'université et la Caisse des monuments historiques et préhistoriques.

Apport à la connaissance de la préhistoire Henri Breuil et l’art pariétal

En 1901, avec Louis Capitan et Denis Peyrony, il participe à la découverte de deux grottes ornées majeures de Dordogne, les Combarelles et Font-de-Gaume. Il commence à réaliser des relevés des gravures de la première et des peintures et gravures de la deuxième. En 1902, Émile Cartailhac le convie à étudier les peintures de Marsoulas et d’Altamira. Dès lors, il va participer à l’étude de nombreux sites ornés, en France les grottes du Tuc d’Audoubert, des Trois-Frères et de Saint-Cirq dite grotte du Sorcier, en Espagne Castillo, Tajo de las Figuras mais aussi en Afrique du Sud. Il sera notamment le premier préhistorien à visiter et décrire sommairement la grotte de Lascaux, avant de gagner l'Afrique.
Ses études vont lui permettre d'être reconnu désormais comme le spécialiste international de l'art pariétal préhistorique : en 1929, il reçoit une chaire au Collège de France, et en 1935, il obtient la première chaire du genre à l'université de Bordeaux.
Son ouvrage majeur, Quatre cents siècles d'art pariétal, paru en 1952, dresse pour la première fois un panorama de l'art pariétal paléolithique franco-cantabrique connu à l'époque et lui confère une autorité mondiale. Ce livre est l'aboutissement de plus de 700 jours d’études sous terre. Henri Breuil s'attache avant tout à relever et à décrire minutieusement les œuvres paléolithiques et à en préciser la chronologie qu'il imagine se dérouler en deux cycles successifs.
Plus tard, malgré son âge et ses difficultés visuelles, il ira authentifier les découvertes de Rouffignac révélées par le Spéléo-Club de Périgueux dès 1948 et reconnues seulement en 1954 par Louis-René Nougier et Romain Robert et de Villars découvertes par ces mêmes spéléologues.

Henri Breuil et les industries préhistoriques

Prenant conscience de l'importance des phénomènes périglaciaires, sa contribution majeure concernant les industries lithiques reste sa révision de stratigraphies de références du Paléolithique supérieur et la restitution en 1906 de la véritable position de l’Aurignacien dans la chronologie de cette période, au terme d'une étude méthodique de l'outillage lithique et osseux d'Europe en stratigraphie menée depuis 1905.
Sa passion le conduit à s’intéresser à toutes les formes de la culture matérielle paléolithique, toutes périodes confondues. Avec le père Pierre Teilhard de Chardin, exilé en Chine dans les années 1930, il participe aux recherches concernant le Sinanthrope à Zhoukoudian en Chine.
Il s’intéressa aux découvertes faites dans les gravières du quartier de Montières à Amiens et proposa de donner le nom de levalloisien pour désigner les industries à éclats sans biface dont de nombreux exemplaires furent trouvés de 1930 à 1950 à Montières. Il distingua également d'autres industries avec éclats le Clactonien et le Tayacien, en 1932.
En 1939, l'abbé Breuil proposa de substituer le nom d'Abbevilien à celui de Chelléen aux plus anciens silex taillés grossièrement et de façon irrégulière trouvés à Abbeville.

Henri Breuil et l'Afrique

Ses nombreux voyages en Afrique lui permettent de se lier à sir Ernest Oppenheimer, alors leader mondial de l'industrie de l'or et du diamant. Il peut examiner de nombreuses collections et livrer les premières publications synthétiques traitant de la Préhistoire africaine.
En Afrique du Sud, il prend une part importante au développement académique de la discipline et est même élu Président de la South African Archeological Society. Il se lie d'amitié avec le maréchal Jan Smuts, grâce à qui il obtient les moyens financiers et logistiques de ses expéditions. Plus tard, il se lie avec l'anthropologue sud-africain Phillip Tobias.
En 1918, le prospecteur et topographe allemand Reinhard Maack découvre sur une paroi rocheuse, une importante fresque rupestre, dans les monts du Brandberg 2 573 m, le plus haut massif montagneux de Namibie. En 1947, Henri Breuil visite cette découverte dont le personnage central, qu'il appelle la Dame blanche, le hante depuis qu'il a appris son existence dix-huit ans auparavant.

Principales publications

Henri Breuil a publié plus de 800 contributions concernant la Préhistoire en général et l'art préhistorique en particulier, ainsi que quelques-unes concernant la botanique et l'entomologie.
« La question aurignacienne. Étude critique de stratigraphie comparée, in Revue préhistorique, II, 1907, p. 173-219.
« Les subdivisions du Paléolithique supérieur et leur signification, in Cong.int. d'Anthr. et d'Arch. préhist., 1912, p. 165-238.
« Découverte d'une remarquable grotte ornée, au domaine de Lascaux, Montignac Dordogne, in C.R. de l'Acad. des Inscr. et Belles-Lettres, séance du 11 oct. 1940, p. 387-390
Quatre cents siècles d’art pariétal, Centre d'Études et de Documentation préhistoriques, 1952.
Des descriptions inédites de grottes ornées par H. Breuil Bernifal, la Mouthe, Combarelles II, la Calèvie devaient être publiées par l'abbé André Glory, décédé accidentellement en 1966. Elles ont été publiées par Brigitte et Gilles Delluc et D. Vialou en 1994, 1995 et 2006 dans le Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord.




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#24 Mirra Alfassa et Auroville en Inde
Loriane Posté le : 19/02/2016 19:48
Le 21 février 1878 à Paris 9e naît Mirra Alfassa

de son vrai nom Blanche Rachel Mirra Alfassa, morte le 17 novembre 1973 à 95 ans, à Pondichéry en Inde, aussi surnommée Douce Mère ou la Mère, a pour identité Mirra Richard. Elle a la double nationalité françaies et Indienne, elle reçoit une formation à l'académie Julian.
Elle est connue pour son parcours spirituel et mystique avec Sri Aurobindo et ses écrits et pour être à l'origine de la cité d'Auroville en Inde.

Sa vie

Sa mère, Mathilde Ismalun, née à Alexandrie en Égypte, et son père, Moïse Maurice Alfassa, banquier, né à Adrianople, en Turquie, tous deux de confession juive, s'installent en France en 1877. Son frère aîné, Matteo Mathieu Maurice, né à Alexandrie, devient gouverneur des colonies. Elle étudie la peinture et se marie le 13 octobre 1897 à l'âge de 19 ans avec le peintre Henri Morisset, disciple de Gustave Moreau, dont l'atelier était au 15, rue Lemercier à Paris. Son fils André nait le 23 août 1898. En 1904, elle rencontre pour la première fois Louis Bimstein dit Max Théon.
Elle effectue un séjour à Tlemcen de 1905 à 1906, puis en 1907.
Elle fonde ensuite sa première association : Idea. Elle divorce en 1908 et se remarie avec Paul Antoine Richard 17 juin 1874 - juin 1967 en avril 1911.
Elle se rend en Inde avec son mari en 1914 à Pondichéry Puducherry et rencontre Sri Aurobindo. Elle passe une première année à Pondichéry, revient en France en novembre 1915 puis part quatre ans au Japon à partir du 18 mai 1916 avec Paul Richard et revient définitivement à Pondichéry auprès de Sri Aurobindo en avril 1920.
Son mari Paul Richard la quittera en novembre 1920.
Lorsque Sri Aurobindo se retire en 1926, il laisse à Mirra Alfassa — qu'il a commencé à appeler Mère— la direction de l'ashram qu'elle organise et développe. Elle assiste aux derniers moments de Sri Aurobindo lors de son décès en 1950.

Elle fonde le 28 février 1968, en présence du président de l'Inde, Auroville au nord de Pondichéry dans le sud du Tamil Nadu, une communauté internationale soutenue par l'UNESCO, dont la vocation est de réaliser l'unité humaine.

Elle meurt le 17 novembre 1973 à Pondichéry. Elle laisse derrière elle une œuvre écrite importante, notamment son journal Prières et méditations, les Entretiens — causeries aux membres de l'Ashram — et les treize tomes de L'Agenda de Mère recueillis par un de ses disciples, le Français Satprem Bernard Enginger, qui raconte ce qu'elle nomme sa percée au cœur de la matière, pour donner naissance à ce qu'elle nomme l'espèce nouvelle ou la vie sans mort. Sri Aurobindo écrit dans The Mother 25.49 : Elle travaille ici, dans le corps, pour faire descendre quelque chose qui ne s'est pas encore exprimé en ce monde matériel et qui transformera la vie ici-bas.

Alfassa Mira dite La mère 1878-1973

L'âshram de Shrî Aurobindo était dirigé depuis 1926 par une femme que les disciples vénéraient comme une incarnation de la Mère divine. On ne l'appelait donc que « Mère », et depuis la mort du maître 1950 elle assumait également la fonction d'inspiratrice spirituelle, qui à l'origine était dévolue à Shrî Aurobindo.
Juive d'origine égyptienne, Mira Alfassa était française ; née à Paris en 1878, elle épousa d'abord un peintre du nom de Morisset, puis un avocat, Richard.
C'est au cours d'un séjour avec celui-ci dans l'Inde française qu'elle rencontra Aurobindo 1922.
Associant désormais sa vie à celle de ce dernier, elle devient sa proche collaboratrice et fonde avec lui l'âshram centre spirituel de Pondicherry.
Le fils qu'elle avait eu de M. Morisset y joua le rôle de secrétaire général après la Seconde Guerre mondiale. Entre 1926 et 1973 date de sa mort, la Mère donne une puissante impulsion à l'organisation matérielle de l'âshram officiellement : Shrî Aurobindo Society qui devient une importante entreprise capitaliste.
Son génie de l'organisation, joint à une autorité rigoureuse et s'exerçant sans partage, a permis à la Mère de réaliser une œuvre certainement promise à durer.
Son influence sur le plan spirituel est plus difficile à apprécier puisqu'il s'agit là d'un domaine où les témoignages ne peuvent être que subjectifs.
Du moins la Mère a-t-elle toujours dit qu'elle ne faisait que transmettre l'influence supramentale issue d'Aurobindo lui-même, limitant ainsi volontairement son rôle à celui d'un intermédiaire entre le maître et ses disciples.Jean Varenne

Œuvre écrite

Prières et Méditations 1912-1919. Première édition en 1932.
La Découverte suprême 1912. Première édition en 1937
Paroles d'Autrefois 1946
Quelques Paroles 1951
Quelques Réponses 1964
Éducation 1952
Les Quatre Austérités & Les Quatre Libérations 1953
Le Grand Secret 1954
Commentaires sur le Dhammapada 1960
White Roses 1964-1970
Sri Aurobindo, Pensées et Aphorismes. Deux Volumes commentés par la Mère.
Entretiens 1929-1958, Huit tomes publiés pour la première fois de 1933 à 1972. Trad. T. I : Entretiens. 1929, Shri Aurobindo Ashram, 1967, 165 p.
L'Agenda de Mère 1951-1973, édités par Satprem, trad., Institut de recherches évolutives, Interforum, 13 vol. T. I : L'Agenda de Mère. 1951-1960.
Source : bibliographie des œuvres de Mère citées par Satprem dans "Mère. L'Espèce Nouvelle", p. 563.

AUROVILLE


Le Matrimandir, centre et lieu de méditation d'Auroville
Pays Inde
État ou territoire Tamil Nadu
District Viluppuram
Démographie
Population 2 262 habitants


Auroville, la ville de Sri Aurobindo mais aussi la ville de l'Aurore est une ville expérimentale située à une dizaine de kilomètres au nord de Pondichéry dans l'État du Tamil Nadu en Inde.
Elle fut créée en 1968 par une Française, Mirra Alfassa Mirra Richard, plus connue sous le nom de la Mère et compagne spirituelle du philosophe indien Sri Aurobindo. Auroville a pour vocation d'être, selon les termes de sa conceptrice, le lieu d'une vie communautaire universelle, où hommes et femmes apprendraient à vivre en paix, dans une parfaite harmonie, au-delà de toutes croyances, opinions politiques et nationalités.
Aujourd'hui, les Aurovilliens, issus d'une trentaine de pays, sont organisés en 35 unités de travail : agriculture, informatique, éducation, santé, artisanat, etc. Désert à l'origine, le lieu est maintenant parfaitement viable.
En 1972, la Mère parle du projet en ces termes : Il doit exister sur Terre un endroit inaliénable, un endroit qui n'appartiendrait à aucune nation, un lieu où tous les êtres de bonne volonté, sincères dans leurs aspirations, pourraient vivre librement comme citoyens du monde…
Au centre d'Auroville, se trouvera le Matrimandir la Maison de la Mère, considéré par Mirra Alfassa comme l'âme du lieu. Le projet prévoit quatre zones internationale, culturelle, industrielle, résidentielle aménagées autour du Matrimandir et occupant 25 km2 actuellement 10 km2 sont réalisés. La ville est censée avoir la forme d'une galaxie spirale une fois sa construction achevée. Conçue par l'architecte français Roger Anger, Auroville est prévue pour accueillir 50 000 habitants.
À leur arrivée, les pionniers trouvent un site aride, sans eau. Ils creusent des puits et, pour faciliter le pompage, installent des éoliennes, des réseaux d'évacuation et d'adduction d'eau. Plus de deux millions d'arbres et d'arbustes sont plantés en quatre décennies dans ce qui était un désert.

L'unesco a soutenu le projet depuis le début.

Charte
Lors de l'inauguration d'Auroville, le 28 février 1968, en présence du président de la République indienne, un garçon et une fille représentant chacun des 124 pays du monde, versent une poignée de terre de leur sol natal dans une urne en forme de lotus en signe de fraternité universelle.
Une charte en quatre points, exprimant sa vision de la ville, est lue par la Mère :
Auroville n'appartient à personne en particulier. Elle appartient à toute l'Humanité. Mais pour y séjourner, il faut être le serviteur volontaire de la Conscience Divine ;
Auroville sera le lieu de l'éducation perpétuelle, du progrès constant, et d'une jeunesse qui ne vieillit point ;
Auroville veut être le pont entre le passé et l'avenir. Profitant de toutes les découvertes extérieures et intérieures, elle veut hardiment s'élancer vers les réalisations futures ;
Auroville sera le lieu des recherches matérielles et spirituelles pour donner un corps vivant à une unité humaine concrète.
Conformément à la croyance de la Mère que l'ère de la religion est derrière nous et doit faire place à une ère de spiritualité transcendant la religion, la charte d'Auroville dit catégoriquement pas de religions.

Plan

Au centre d'Auroville, se trouve la zone de la Paix, laquelle abrite le Matrimandir et ses jardins, l'amphithéâtre contenant l'Urne de l'Humanité et un lac censé créer une ambiance de calme et réapprovisionner la nappe phréatique.
Quatre zones s'ordonnent autour de cette zone centrale :
la zone industrielle : s'étendant sur 109 hectares au nord de la zone de la Paix et du Matrimandir, elle sert à abriter les industries vertes, les centres de formation, l'artisanat, et les services administratifs de la ville ;
la zone résidentielle : couvrant 189 ha au sud de la zone de la Paix, elle est réservée à l'habitat sur 45 % de sa superficie et à la verdure sur 55 % ;
la zone internationale : située à l'ouest de la zone de la Paix, elle est destinée, avec ses 74 ha, à accueillir des pavillons nationaux et culturels, regroupés par continents ;
la zone culturelle : couvrant 93 ha à l'est de la zone centrale, elle est vouée aux activités éducatives, artistiques, culturelles et sportives.
Autour de ces quatre zones périphériques s'étend une ceinture verte de 1,25 km de rayon, regroupant fermes biologiques, laiteries, vergers, forêt, habitat protégé pour la faune. Elle est censée fournir bois de construction, nourriture, remèdes, et servir de lieu de détente et de poumon vert.

Administration

Après la mort de Mirra Alfassa en 1973, la question principale à Auroville est de savoir quelle structure va gérer la ville : l'ashram de Sri Aurobindo qui, dans les faits, contrôle Auroville, ou bien la Sri Aurobindo Society, qui en possède le contrôle juridique ? En 1981, des habitants d'Auroville parviennent finalement à convaincre le gouvernement indien de retirer le contrôle juridique à la Sri Aurobindo Society et de le remettre au gouvernement par le biais d'une structure juridique adaptée. À partir de cette date, un représentant du gouvernement commence à résider à Auroville. La charte d'Auroville, et en particulier son article numéro 1, est donnée en référence de cette volonté d'indépendance par rapport à l'ashram.
En 1988, le parlement indien vote une loi accordant à ce grand village de 20 km2 un statut unique dans le pays. Son administration est désormais entre les mains d'un conseil de sept membres provenant du gouvernement de l'État, de la société Sri Aurobindo et de la communauté aurovillienne elle-même. Depuis, les habitants étrangers bénéficient d'un statut préférentiel pour leur visa un an renouvelable contre six mois pour les touristes.

Population

Évolution de la population d'Auroville
L'agglomération d'Auroville est constituée d'environ 80 communautés réparties dans un rayon d'une vingtaine de kilomètres. Au sein d'Auroville vit une population internationale de plus de 2 000 résidents, dont plus de 50 nationalités. En décembre 2014, la population regroupait 2 314 Aurovilliens 900 hommes, 880 femmes et 534 mineurs de moins de 18 ans, soit 1 780 adultes.

Unités de travail

Les Aurovilliens sont organisés en unités de travail, notamment :

Forecomers agriculture et technologies de substitution,
Aurelec informatique,
Fertile reboisement et agriculture,
Nine Palms reboisement et agriculture,
Meadows reboisement et agriculture,
Fraternity communauté artisanale travaillant avec les villageois tamouls,
Aspiration éducation, santé et activité du village.
Les équipes du Centre de recherche scientifique d'Auroville le CSR s'intéressent activement aux énergies renouvelables, au recyclage et à la purification de l'eau fontaine Mélusine1, aux constructions écologiques ainsi qu'aux véhicules hybrides et électriques depuis plus de vingt ans.

Vivre à Auroville

Actuellement, pour devenir membre d'Auroville, il faut faire ses preuves pendant un an, il faut un visa indien de type X (abréviation de l'anglais extensible, renouvelable permettant de résider en Inde, ainsi que l'argent nécessaire pour vivre au moins un an sans être rémunéré pour son travail.
Tous les biens immobiliers terrains, maisons, puits sont la propriété de la fondation Auroville, la propriété privée est interdite. Pour devenir l'occupant d'une maison existante, il faut faire don à la fondation du montant équivalent à la valeur de la maison. Pour bâtir une maison et en devenir l'occupant, il faut également faire un don à la fondation.

Atelier de théâtre dans Sadhana Forêt, Auroville

Éducation, soins médicaux de base, culture et activités sportives sont gratuits. Pour le reste, ceux qui n'ont pas de revenus touchent une allocation de 5 000 roupies environ 64 euros par mois. De l'argent virtuel, débité pour les achats effectués à Auroville, les factures d'électricité ou de restauration. Impossible néanmoins de se contenter de cette somme : le nouvel arrivant doit pourvoir aux frais de location, puis de construction de son logement; ce pécule ne peut suffire à qui souhaite voyager ou payer des études supérieures à ses enfants. Pour pallier ce problème, certains ont fait le pari d'une unité commerciale à Auroville même : hébergement des invités, fabrication d'encens, de produits bio, de vêtements, d'objets artisanaux, etc. une partie des bénéfices commerciaux est reversée à la communauté.

Constructions majeures Le Matrimandir

Qualifié de gigantesque balle de golf dorée et de simili Epcot Center par le guide Lonely Planet pour l'Inde méridionale, le Matrimandir est visible de tous les points du territoire de la ville. Il contient une chambre intérieure, revêtue de marbre blanc, qui abrite un globe de verre de 70 cm de diamètre20 réputé le plus gros au monde. Conçue comme lieu destiné à la méditation, cette chambre ne renferme ni fleurs, ni encens, ni musique susceptibles d'évoquer un édifice religieux. Elle n'est pas ouverte aux touristes.

Autres bâtiments

Le Centre des visiteurs Visitors Center : vaste édifice destiné à accueillir les visiteurs. On y trouve plusieurs photos d'Auroville à l'origine, des livres, une restauration et un amphithéâtre où se tiennent des spectacles.
La Maison de l'Inde Bharat Niwas : bâtiment voué à la culture d'Auroville et comprenant des amphithéâtres, des cinémas, une bibliothèque, etc.
Pour tous : la principale supérette d'Auroville.
Le Laboratoire des langues Language Laboratory : lieu commun d'échanges pour l'étude et l'apprentissage des langues par l'écrit, l'audio, l'oral, l'ordinateur, etc.
La Cuisine solaire : cuisine vaste et peu chère 25 roupies par repas soit environ 0,30 euro pour les Aurovilliens et les résidents. Néanmoins, elle coûte un peu plus cher (80 roupies/repas, soit environ 1,00 euro, pour les personnes extérieures, lesquelles doivent réserver.
Le Coin des nouvelles créations New Creation Corner : restaurant à côté du réfectoire Nouvelles créations New Creation. Il s'agit d'un restaurant classique, avec serveurs, d'où des prix plus élevés environ 100 roupies par repas, soit environ 1,30 euros. La monnaie et les cartes bancaires y sont acceptées.

Maison de l'Inde Bharat Niwas Le pavillon de la culture tibétaine

Le pavillon de la culture tibétaine, financé par l'Inde est, avec celui de ce pays, le seul existant à Auroville. Claude Arpi en est le directeur. La journaliste Ann Riquier a participé à sa création. Son architecture s'inspire des plans du Mandala du Kalachakra et ses différentes pièces sont disposées symétriquement autour d’une cour centrale. Le 14e dalaï-lama a inauguré ce pavillon le 20 janvier 2009.

AUROBINDO ŚRĪ 1872-1950


La philosophie de Śrī Aurobindo a essentiellement pour élément européen la doctrine de l'évolution biologique, et pour élément indien son ontologie. Celle-ci affirme l'unicité de l'Être, substrat commun de toute réalité matérielle ou psychologique du monde phénoménal ou humain ; dans cette ontologie, l'Être est donc immanent à ce monde, mais en même temps le transcende ; pour l'homme, cet Être est Dieu, éternel, infini, omniprésent et, par là même, lui est intérieur.
Le Śrī Aurobindo Āśram – communauté spirituelle et temporelle dont le centre est à Pondichéry – déploie une grande activité d'éducation ; elle vise à développer, dans l'esprit du maître, la connaissance scientifique internationale, mais aussi la santé physique par le régime de vie et l'activité sportive.

Synthèse de deux cultures

Né à Calcutta le 15 août 1872, Śrī Aurobindo, philosophe indien, fondateur du Śrī Aurobindo Āśram, est mort à Pondichéry le 5 décembre 1950. Troisième fils du Dr Krishnadhan Ghose, médecin bengali admirateur de la culture britannique, le jeune Ghose reçut deux noms personnels : en bengali, celui de Aurobindo (prononciation bengali du sanskrit Aravinda, « lotus ») et, en anglais, celui de Ackroyd. Son éducation, comme celle de ses frères aînés, demeura uniquement anglaise, bien que son grand-père, Kaliprasad Ghose, fût resté très attaché à la culture indienne. En 1879, on le confia avec ses deux frères aînés (après lui naquirent encore une fille et un fils) à une famille de Manchester où il commença l'étude du latin. En 1885, il entra à la St Paul's School à Londres, où il étudia particulièrement le grec, l'histoire de l'Europe, plusieurs langues européennes, et développa ses dons poétiques. En 1889, il s'inscrivit au King's College de Cambridge et adhéra à une association d'étudiants indiens ; il abandonna son nom anglais. Son père le destinait à l'Indian Civil Service : il y fut refusé pour un examen d'équitation ; il affichait d'ailleurs dès lors des sentiments nationalistes peu compatibles avec ce service. Distingué par James S. Cotton, frère d'un ancien lieutenant-gouverneur du Bengale, et par le Mahārājah de Baroda, il quitta l'Angleterre en 1893 et entra au service de l'État de Baroda. Il collabora bientôt, anonymement, à la revue nationaliste Induprakash. Il jugeait insuffisante l'action du National Indian Congress, fondé en 1885 et qui, à ses débuts, cherchait à inspirer à l'administration anglaise des réformes favorables au pays. Il estimait qu'il fallait surtout rétablir et promouvoir l'activité de la nation indienne. C'est alors qu'il en étudia les grandes traditions sanskrite et bengali que ses études lui avaient fait méconnaître. Mais, loin de renoncer à l'acquis européen, et particulièrement à la science européenne, il voua dès lors sa pensée à la recherche d'une synthèse supérieure, où le meilleur des deux cultures devait entrer comme élément, et dont la part indienne devait rendre à l'Inde la conscience de sa valeur propre.

Politiquement, il militait dans les organisations secrètes qui œuvraient pour l'indépendance, mais surtout dans celles de sa patrie, le Bengale, et il n'excluait pas, à la différence de Gandhi, le recours éventuel à la violence. Après le grand mouvement d'indignation provoqué en 1905 par la division du Bengale, due à lord Curzon, il quitte Baroda, en 1906, fait des tournées politiques au Bengale, dirige le Bengal National College et prend part à la direction du journal nationaliste Bande Mātāram (« Je salue la Mère »... qui est la Patrie et l'Âme), ainsi nommé d'après les deux premiers mots d'un chant de Bankim Chandra Chatterjī devenu la Marseillaise des Bengalis. Il est l'objet de poursuites en 1907 et quitte son « College ». Le National Indian Congress traverse une crise. Aurobindo est parmi les extrémistes avec le Marathe Tilak. Il pratique déjà la discipline psychologique du yoga, qui lui donne maîtrise de soi et sérénité. En 1908, à l'occasion d'actes de terrorisme où les siens sont impliqués, il est arrêté ; en 1909, il est acquitté, après avoir été incarcéré pendant toute une année parmi des condamnés de droit commun, année qu'il consacre à l'exercice du yoga, au travail littéraire et à la méditation. Athée moderniste en Angleterre, il avait retrouvé Dieu dans la philosophie indienne, Dieu en lui-même et qui lui donnait ses ordres, non par des visions, mais par le sentiment de sa présence en tout et de sa force en lui. Menacé de nouveau d'être arrêté, Aurobindo passe clandestinement à Chandernagor, territoire français, en février 1910, puis, en avril, sur un bateau français, à Pondichéry où il se fixe définitivement.
Il s'abstient dès lors de toute action politique directe et même jusqu'en 1914 de toute activité publique et de toute publication. Après cette date, il fonde la revue Arya avec Paul Richard et un petit groupe de disciples, et il commence à publier. Ses œuvres furent traduites en français par Mme Richard qui devait bientôt quitter Pondichéry, pour y revenir, en 1920, s'associer à l'œuvre de Śrī Aurobindo, en organiser la réalisation communautaire, l'Āśram, devenir la « Mère ». En 1926 elle prenait la direction effective de cette communauté, tandis que Śrī Aurobindo entrait dans une retraite, interrompue seulement, chaque année, par son apparition publique darśan en un petit nombre d'anniversaires et d'occasions solennelles.
À sa mort, qui n'a pas été acceptée comme telle par tous ses disciples et n'exclut pas pour eux la persistance de la présence, il a été inhumé dans une cour du bâtiment central de son Āśram, en une tombe samādhi constamment vénérée.

La Vérité divine reconnue en soi

Supposé par toute existence, Dieu, selon Aurobindo, est présent dans la matière comme dans ce qu'il appelle le « mental » et le « supramental ». Il y est actif aussi. La Vérité qu'il constitue et qui englobe toute vérité particulière s'exprime surtout par l'intelligence de l'homme et doit se manifester toujours plus pleinement par cette intelligence en évolution dirigée. La Vérité est déjà contenue dans les anciens textes, tout en y étant mêlée à des vérités de circonstance, de temps et de lieu, selon les époques et les peuples où ces textes ont été élaborés. Aurobindo la retrouve chez Héraclite comme dans les Véda, les Upaniṣad, la Bhagavadgītā ; dans ce dernier texte, elle apparaît clairement comme l'objet final de l'œuvre, de la connaissance et de l'amour. L'œuvre idéale est, dans le domaine de l'homme et de sa vie, la pleine réalisation désintéressée de la condition propre à chacun. Pour Aurobindo, il n'y a donc pas de doctrine religieuse ou philosophique universelle dont chaque homme doive être l'esclave, et le yoga, l'ajustement intégral pour chacun, est un ajustement à sa nature propre, ce qui ne veut pas dire la servitude à l'égard de ses penchants, mais la réalisation, conditionnée par la connaissance, de la Vérité divine reconnue en soi-même.
Dominée tout entière par l'idée de synthèse où confluent les perceptions partielles de la Vérité, la pensée d'Aurobindo s'est exprimée philosophiquement – comme dans les images du poète qu'il n'a jamais cessé d'être – à la fois dans des travaux d'exégèse sur les textes et dans d'amples exposés, La Synthèse des yogas, La Vie divine. À l'égard de la doctrine de l'évolution, qui, selon lui, ne s'arrête pas à l'homme comme couronnement de réalisation mais doit admettre une marche vers un surhomme, certains comparent Aurobindo à Teilhard de Chardin.

Une communauté originale

Dans l' Āśram, la communauté spirituelle et temporelle dirigée par la Mère décédée en 1973, cette doctrine est l'idéal que les disciples se sont appliqués à réaliser en collaboration avec des sympathisants qui travaillent pour faire vivre et prospérer cette communauté. Le centre en demeure à Pondichéry, mais la communauté possède des branches et des groupes dans plusieurs grandes villes de l'Inde, ainsi qu'en Europe et en Amérique. L'Āśram favorise la fondation d'une grande ville, Auroville, ville de l'Aurore, comprenant, outre l'établissement fondamental, des secteurs international, agricole et industriel et située près de Pondichéry. Jean Filliozat



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#25 Rébecca Nurse (sorcière de Salem)
Loriane Posté le : 19/02/2016 19:13
Le 21 Février 1621 naît Rebecca Nurse, américaine née Towne

pendue à 71 ans le 19 juillet 1692, elle fut une des victimes notoires des procès dans l'affaire des Sorcières de Salem.
Rebecca Nurse était née en Angleterre, de William Towne et Joanna Blessing. Elle arriva à Salem Village, aujourd'hui Danvers avec sa famille en 1640. Elle épousa Francis Nurse (1618-1695), qui était également un immigrant anglais, aux alentours de 1645. Le couple eut 7 enfants : Rebecca, Sarah, John, Samuel, Mary Elizabeth, Francis, et Benjamin. Francis était artisan en objets de bois, il fabriquait notamment des plateaux. Il fut le policier de Salem en 1672.
L'affaire des sorcières éclata à Salem en 1692.


Rebecca était alors une invalide de 71 ans qui avait donné naissance à 7 enfants et les avait élevés.
La famille Nurse était impliquée dans plusieurs litiges fonciers qui avaient pu causer du ressentiment chez d'autres citoyens de la ville. Néanmoins, la plupart des contemporains de Rebecca Nurse avaient de bonnes relations avec elle.
La noblesse et la dignité de caractère qu'elle démontra pendant son procès contribua fortement au changement d'attitude de l'opinion publique contre les procès.
Peu de temps après que la première femme a été accusée de sorcellerie, Rebecca Nurse découvrit que son nom avait été mentionné en tant que suspecte.
Elle aurait alors dit : Je suis aussi innocente qu'une enfant à naître, mais sans doute le Seigneur a-t-il découvert en moi un péché dont je ne me suis pas repentie, pour m'éprouver ainsi dans mon grand âge.
Le 23 mars 1692 un mandat d'arrêt fut lancé contre elle, sur la plainte de Edward et John Putnam, oncles d'Ann Putnam.
La famille Putnam était l'une de celles qui étaient en litige avec les Nurse.
Comme dans les autres affaires, l'audience de Rebecca devant les juges fut accompagnée de grands bruits par les possédées »great noyses by the afflicted. Rebecca répéta qu'elle était innocente mais fut incarcérée à la prison de Salem.
Elle fut mise en accusation le 2 juin 1692 et contrainte à un examen physique par un jury de femmes.
Elles découvrirent ce que la majorité d'entre elles pensèrent être une marque du démon ; quoique deux d'entre elles exprimèrent leur désaccord en indiquant que la marque avait une cause naturelle. Rebecca demanda que la marque soit examinée par d'autres personnes, avant le renvoi devant la cour de jugement, mais sa requête fut rejetée.
Rebecca Nurse fut jugée le 29 juin 1692.
On comptait, au nombre de ses accusateurs, les quatre jeunes filles qui avaient causé la crise d'hystérie collective anti-sorcière, le révérend Parris et plusieurs membres de la famille Putnam. Rebecca fut défendue par un de ses fils, son gendre et sa bru. En outre, une quarantaine de citoyens de Salem Village signèrent une pétition pour témoigner de son caractère.
Le jury la déclara d'abord non coupable.
Certains des accusés avaient avoué pratiquer la sorcellerie en espérant échapper à la peine de mort. Une de ces femmes, dame Hobbs, murmura elle est l'une des nôtres. Dans cette circonstance, le juge demanda que le verdict soit reconsidéré.
Lorsqu'on demanda à Rebecca Nurse ce qu'avait voulu dire dame Hobbs, elle ne donna aucune réponse. Plus tard, elle déclara qu'elle n'avait pas entendu la question, parce qu'elle était dure d'oreille, et que l'une d'entre nous signifiait qu'elles étaient emprisonnées ensemble.
Le gouverneur commua la sentence, mais quand les accusateurs de Rebecca renouvelèrent leurs protestations, il revint sur sa décision.
Rebecca Nurse fut excommuniée le 3 juillet 1692, abandonnée au démon et à la damnation éternelle.
Le 19 juillet 1692, elle fut conduite en charrette avec quatre autres femmes à Gallows Hill, colline du gibet et pendue. L'une des sœurs de Rebecca, Mary Towne Estey, fut également pendue pour sorcellerie.
En 1703, des indemnités furent payées aux héritiers des victimes et ceux de Rebecca Nurse reçurent la somme de 25 livres.
En 1706, Ann Putnam fit des excuses publiques, mentionnant particulièrement Rebecca Nurse. En 1712, le pasteur qui avait excommunié Rebecca Nurse abrogea formellement sa décision.
Francis Nurse vécut jusqu'au 22 novembre 1695.
La maison où il avait vécu avec Rebecca existe toujours et est conservée par une société historique.



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#26 L. Ronald Hubbard
Loriane Posté le : 23/01/2016 22:27
Le 24 janvier 1986 meurt à 74 ans Lafayette Ronald Hubbard,

à 74 ans à Creston en californie dit L. Ron Hubbard, né le 13 mars 1911 à Tilden dans le Nebraska, écrivain américain qui s'est d'abord fait connaître pour ses œuvres de fantasy à l'époque de l'âge d'or de la science-fiction.Ses Œuvres principales sont Terre, champ de bataille, Mission Terre.Il est également connu pour avoir élaboré, en 1950, la Dianétique, qu'il décrit comme une technique de développement personnel, et surtout comme fondateur de la Scientologie. Il la déclare comme une religion en décembre 1953, date à laquelle la première Église de Scientologie est fondée. Il supervise ensuite la croissance de ce qui devient une organisation mondiale, avant de revenir à l'écriture de science-fiction à la fin de sa vie.
Lorsque la Scientologie fut mise en cause dans les années 1970, il fut condamné par contumace à quatre ans de prison ferme pour escroquerie en France ; aux États-Unis, s'étant à cette époque retiré de la direction de l'organisation, il ne fut pas poursuivi lors de l'affaire d'espionnage Snow White où son épouse et d'autres dirigeants scientologues furent condamnés.


Sa vie

L. Ron Hubbard est né en 1911 à Tilden, au Nebraska, de Harry Ross Hubbard 1886-1975 et de Ledora May Waterbury.
Son père est né Henry August Wilson à Fayette en Iowa ; devenu orphelin encore enfant, il fut adopté par les Hubbard, des fermiers de Fredericksburg en Iowa. Harry, son père, a servi dans la marine américaine de 1904 à 1908. Sa mère, May, était une féministe qui suivit une formation d’enseignante. Les parents de L. Ron Hubbard se marient en 1909, et il naît en 1911. Son père se réengage en 1917 lors de la déclaration de guerre à l’Allemagne, et reste dans la marine jusqu'en 1946 avec un grade d’officier subalterne obtenu en 1934. Il est affecté à la base de Guam dans le Pacifique, où L. Ron Hubbard alla deux fois dans les années 1920 pour rendre visite à ses parents.
Dans sa jeunesse, Hubbard fut un Eagle scout dans les Boy Scouts of America1, et voyagea dans plusieurs régions des États-Unis au fil des diverses affectations de son père. Pour les scientologues, il aurait été dès l'époque de l'enfance et de l'adolescence un être hors du commun, tandis que leurs adversaires s'attachent à montrer qu'il n'en est rien. Selon une biographie de J. Gordon Melton, il aurait été initié à l'âge de 12 ans à la psychanalyse par un ancien élève de Sigmund Freud, Joseph Thompson, au cours du voyage qui menait la famille Hubbard à la côte est des États-Unis. Pour le policier Arnaud Palisson, cette initiation serait sujette à caution car même dans les biographies de l'Église sa durée et son lieu varieraient et le journal du jeune LRH ne la mentionnerait pas.
Après avoir été diplômé de l’école de Woodward pour garçons en 1930, Hubbard s’est inscrit à la George Washington University pour suivre des cours d’ingénieur civil. Ses résultats furent médiocres et il abandonna en 1931 sans aucune qualification. Selon d'anciens scientologues, Hubbard se serait proclamé physicien nucléaire sur la base d'un de ses cours s’intitulant phénomènes atomiques et moléculaires, bien qu’il n’ait jamais obtenu de notes supérieures à F dans cette matière8. En fait, lui-même déclarait dans une interview avoir eu des notes catastrophiques à l'université ainsi qu'un manque d'engouement pour sa matière principale.
Des années plus tard, Hubbard aurait également affirmé posséder un PhD doctorat de l’université de Sequoia en Californie ; cette université n’a jamais donné de cours reconnus par une autorité académique et attribuait des diplômes de complaisance par correspondance. Hubbard a renoncé ensuite à se prévaloir de ce doctorat.
En 1931, il monte une expédition en voilier aux Antilles, dont les visées scientifiques sont également contestées.
En 1933, Hubbard épousa Margaret Poly Grubb dont il eut deux enfants : Ronald Dewolf L. Ron, Jr 1934-1991 et Katherine May née en 1936. Ils vécurent à Bremerton, Washington, durant la fin des années 1930.
Hubbard commença à cette époque à publier de nombreuses histoires d'aventure et de science-fiction dans des Pulps. Auteur prolifique, il connut le succès à partir de 1939 pour des nouvelles de science-fiction et surtout des romans de fantasy parus dans Astounding ou Unknown dont il devient un auteur phare.
En juin 1941, Hubbard a rejoint l' United States Navy avec le grade de lieutenant junior sous-lieutenant et aura diverses affectations jusqu'à la fin de la guerre. Après l’attaque de Pearl Harbor, il a été affecté en Australie puis reçut le commandement d’un patrouilleur côtier USS YP-422 basé à Boston Massachusetts. Après un entraînement à l’école navale en Floride, il reçut le commandement du chasseur de sous-marin USS PC-815. Il affirma avoir repéré deux sous-marins japonais près de l’embouchure de la Columbia River et en avoir coulé au moins un. Ce fait d’armes n’a jamais été reconnu par l’US Navy, selon Gordon Melton parce que le gouvernement américain refusait d’admettre que les Japonais opéraient au large de la côte Ouest des États-Unis, et selon la Navy parce que Hubbard aurait pris pour un sous-marin un dépôt magnétique connu.
Les états de service de Hubbard sont controversés, en particulier sur cette affaire de sous-marin et le nombre de médailles et citations reçues. L’Église de Scientologie met en avant l’estime de ses subordonnés tandis que des adversaires de la scientologie comme Jon Atack ou Russel Miller citent des rapports concernant l'inaptitude au commandement de Hubbard.
Il fut hospitalisé à la fin de la guerre. Selon lui, c'est à cette époque, alors qu'il était entouré de blessés de guerre, qu'il commença à réfléchir sur l'importance du mental dans la santé humaine et à son influence sur le corps.
En 1945, il s'impliqua dans les activités de l'Ordo Templi Orientis au côté d'Aleister Crowley et Jack Parsons; sans être initié à cet ordre, il participa avec Parsons à la pratique de rituel sexuel magique destiné à appeler une déesse ou moonchild.
Selon Hubbard, il aurait agi dans le cadre d'une mission d'espionnage3 pour interrompre les activités magiques de Parsons et sauver une jeune fille que Parsons utilisait dans un but magique.
En 1946, Hubbard quitta son épouse Margaret, et épousa Sara Betty Northrup, la compagne de Jack Parsons ; le divorce de Hubbard pour bigamie et cruauté, devint un sujet de gros titres à la fin de l’année 1950 lorsque sa seconde épouse l'accusa de tortures et d'avoir enlevé leur fille de 13 mois Alexis.
Hubbard retourna à l’écriture de fiction en 1947 ; son œuvre la plus connue de cette période est le roman Return to Tomorrow parue dans le magazine Astounding Science-Fiction.
C’est dans les pages de ce magazine que parut en mai 1950 le premier article de Ron Hubbard sur la dianétique, annoncé depuis plusieurs mois par le rédacteur en chef John W. Campbell qui le présente comme un travail scientifique important. En parallèle paraissait le livre Dianétique : la science moderne de la santé mentale, qui connut un succès rapide. Dès juillet, le livre était un best seller, et des clubs de dianétique se créèrent un peu partout dans le pays pour expérimenter la méthode d'audition qu'il décrivait.
Le corps médical réagit rapidement, l'Association Psychiatrique Américaine exigeant que la dianétique soit soumise à une enquête scientifique15.
En 1952, Hubbard élargit la dianétique en une philosophie laïque qu’il appela scientologie. Cette année-là, Hubbard épousa sa troisième épouse, Mary Sue Whipp dont il eut quatre enfants en six ans : Diana, Quentin, Suzette et Arthur, et en resta l’époux jusqu'à la fin de la vie.
EN 1953, Hubbard déclara la scientologie religion et la première Église de scientologie fut fondée à Camden au New Jersey. Il déménagea vers l’Angleterre à cette époque. Durant le reste des années cinquante, il supervisa la croissance de l’organisation depuis un bureau à Londres. Entre autres la scientologie ouvrit en 1957 un bureau en Afrique du Sud, ce qui amena ses adversaires à imputer à des sympathies pour le régime d'apartheid.
En 1959, il acheta le manoir de Saint Hill, situé près de la ville de East Grinstead au Sussex. Ce manoir géorgien appartenait au maharajah de Jaipur. Il devint le quartier général mondial de la scientologie.
La scientologie devint le sujet de controverses dans le monde anglophone, vers le milieu des années 1960. Le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud, l’État de Victoria en Australie et la province de l’Ontario au Canada menèrent des enquêtes publiques sur les activités de la Scientologie.
Hubbard laissa ces attentions indésirables derrière lui, en 1966, lorsqu’il déménagea vers la Rhodésie, alors sous le coup de sanctions des Nations unies, en suivant la déclaration unilatérale d’indépendance de Ian Smith ; mais il fut prié de quitter le pays.
En 1967, Hubbard prit plus de distance encore avec la controverse attachée à la Scientologie en démissionnant du poste de directeur exécutif et en se rémunérant comme Commodore » d’une petite flotte de navires manœuvrés par des Scientologues. Il croisa pendant les huit années suivantes en Méditerranée. C’est là que Hubbard fonda l’ordre religieux baptisé Sea Organisation ou Sea Org, avec titres et uniformes. La Sea Org devint le groupe de gestion internationale de la Scientologie.
À cette époque, la Grande-Bretagne tenta d'interdire l'accès du pays aux scientologues et en 1968, Ron Hubbard y fut déclaré étranger indésirable. Hubbard retourna aux États-Unis vers le milieu des années 1970 et vécut en Floride pendant un moment.
Quentin Hubbard, un des fils de Ron Hubbard, aurait été élevé dans la perspective de succéder à son père à la tête de la scientologie. Il mourut en 1976 pour une cause toujours indéterminée à ce jour. Des hypothèses de suicide et de meurtre ont été avancées mais aucune n'a été prouvée.
En 1977, les bureaux de Scientologie des deux côtes furent perquisitionnés par des agents du FBI cherchant des preuves de l’opération Snow White un réseau d’espionnage monté par l’Église. En 1979, l’épouse de Hubbard, Mary Sue, et une douzaine d’autres responsables de la Scientologie sont convaincus de conspiration contre le gouvernement fédéral des États-Unis. Hubbard fut mentionné, par le procureur fédéral, comme « coconspirateur non poursuivi, et aucun lien ne lui fut trouvé avec l'affaire. C'est à cette époque qu'il se retira dans un ranch à Tiny Creston, en Californie, au nord de San Luis Obispo.
En 1978, Hubbard fut convaincu d'escroquerie et condamné par contumace à quatre ans de prison et à 35 000 FRF 5 300 € d’amende par un tribunal français.
Dans les années 1980, Hubbard revint à la science-fiction et publia la trilogie Terre champ de bataille puis Mission Terre, dont neuf volumes sur les dix furent publiés à titre posthume.
Hubbard est mort dans son ranch le 24 janvier 1986, à l’âge de 74 ans d’une attaque cérébrale. Il n’avait pas été vu en public durant les cinq années précédentes.

L'auteur de science-fiction

Hubbard a débuté sa carrière d’écrivain par des nouvelles d’aventure publiées dans des magazines bon marché pulp fiction durant les années 1930, sous de multiples pseudonymes dont Rene Lafayette, Legionnaire 148, Lieutenant Scott Morgan, Morgan de Wolf, Michael de Wolf, Michael Keith, Kurt von Rachen, Captain Charles Gordon, Legionnaire 148, Elron, Bernard Hubbel, Captain B.A. Northrup, Joe Blitz et Winchester Remington Colt.
Il commença en 1938 à écrire des récits de science fiction et d’heroic fantasy paraissant dans Astonishing Stories, Astounding ou Unknown.
Il rencontre un premier succès avec la publication dans Astounding de La dimension parallèle, une des premières histoires de téléportation ; mais c'est surtout pour ses textes publiés dans Unknown, plus orientés vers le fantastique, qu'il se taille une vraie réputation. Ses œuvres significatives de cette époque sont Slaves of the sleep où un homme mène une vie double à l'état de veille et dans ses rêves, Death deputy, une histoire de porte-guigne qui paraîtra en français sous le titre de Le Bras droit de la mort ainsi que Typewriter in the sky. Dans ce roman, le héros - nommé de Wolf - se retrouve transporté dans le récit que son ami romancier est en train d'écrire.
En 1940, paraît Fear, fantastique et réaliste à la fois à la façon d'un conte anglais, puis un roman très noir, Final Blackout, récit post apocalyptique qui a pour cadre une Europe ravagée par la guerre.
Cette carrière est interrompue par la Seconde Guerre mondiale. Après avoir quitté la marine à la fin de la guerre, Hubbard retourna à l’écriture de fiction et publia en 1950 Return to Tomorrow Retour à demain roman sur le décalage temporel des voyageurs interstellaires, qui fait d’eux des parias.
À cette époque où les romans de science-fiction étaient encore exclusivement publiés sous la forme de pulps, deux maisons d'édition spécialisées se créent qui choisiront parmi leurs premières publications en livres Final blackout pour l'une et Slave of Sleep pour l'autre.
C’est dans les pages du magazine Astounding que parut en mai 1950 le premier article sur la dianétique, annoncé depuis plusieurs mois par le rédacteur en chef John W. Campbell comme un travail scientifique important.
La communauté de la science fiction fut divisée sur les mérites de cette publication de Hubbard. Isaac Asimov en critiqua les aspects non scientifiques, et Jack Williamson qualifia la Dianétique de révision lunatique de la psychologie freudienne qui ressemble à une superbe escroquerie rémunératrice. Mais, Campbell et A. E. Van Vogt s’enthousiasmèrent. Campbell devint le trésorier de Hubbard et Van Vogt interrompit sa carrière d’écrivain pour ouvrir le premier centre de Dianétique à Los Angeles.
Des années plus tard, Hubbard retourna à la science fiction, publiant en 1982 Terre champ de bataille et surtout en 1985 Mission Terre, une grande fresque publiée en une série de dix volumes qui fut bien accueillie par de grands auteurs de science fiction et remporta le prix cosmos 2000 en France. Ces dernières œuvres de science fiction de Hubbard se vendirent bien mais furent en partie jugées à l'aune des opinions sur la scientologie. Selon un journal de San Diego les ventes des livres de Hubbard auraient été artificiellement gonflées par les scientologues qui auraient acheté en masse des exemplaires pour manipuler les statistiques des meilleures ventes, tandis qu'à l'inverse un magazine de science-fiction se vit reprocher d'avoir accepté un encart publicitaire.
En 1983 il lance le concours Les écrivains du futur qui existe encore aujourd'hui, dont le but est de lancer de jeunes écrivains n'ayant jamais encore publié, et qui accueille dans son jury des auteurs comme Isaac Asimov et Jack Williamson réconciliés, Ray Bradbury, Theodore Sturgeon, Robert Silverberg, Frank Herbert, Anne McCaffrey. Il écrivit aussi un scénario, non publié, Revolt in the Stars, qui met en scène les enseignements des niveaux avancés de la scientologie.
En 2000, Battlefield Earth: A Saga of the Year 3000, adaptation cinématographique de Terre, champ de bataille fut un fiasco, qui se vit attribuer sept Razzie Awards réservés aux pires films de l'année.
En 2006, le Livre Guinness des Records attribua à Ron Hubbard le record de l'auteur le plus traduit et le record de l'auteur le plus publié dans le monde, avec 1084 œuvres publiées en 71 langues.

L'inventeur de la dianétique

En mai 1950, Hubbard publie un livre intitulé Dianétique : La Science Moderne de la Santé Mentale et décrivant une technique de développement personnel. Avec la dianétique, Hubbard introduit le concept d’audition, une thérapie à deux personnes basée sur des questions-réponses et focalisée sur les souvenirs pénibles. D’après Hubbard, l’audition dianétique peut éliminer les problèmes émotionnels, guérir les maladies physiques et augmenter l’intelligence. Dans son introduction, Hubbard écrit « La création de la dianétique est une étape pour l’homme, comparable à la découverte du feu et est supérieure aux inventions de la roue et de l’arc.
L’éditorialiste du New York Daily Mirror, Walter Winchell, avait écrit le 31 janvier 1950 : Quelque chose de nouveau, appelé la Dianétique, va arriver en avril. C’est une nouvelle science qui marche d’une façon aussi invariable que les lois de la science physique, mais dans le domaine du mental. Selon toutes les apparences, elle s’avérera aussi révolutionnaire pour l’humanité que la découverte et l’utilisation du feu par l’homme des cavernes.
Dianetics, the Modern Science of Mental Health se vendit à 150 000 exemplaires dans l’année de sa publication chez Hermitage House. Comme elle se diffusait, la dianétique devint l’objet d’observations critiques par la presse et les autorités médicales. En septembre 1950, The New York Times a publié un avertissement de l’ American Psychological Association » sur le sujet : L’association attire l’attention sur le fait que les prétentions de la dianétique ne sont pas confortées par des preuves expérimentales et met en garde contre les techniques étranges de la dianétique tant qu’elles n’ont pas été validées par une expérimentation scientifique. Consumer Reports, dans une évaluation de la dianétique en août 1951, écrit sèchement on cherche en vain dans dianétique la modestie généralement associée à l’annonce d’une découverte médicale ou scientifique, et souligne que ce livre est devenu la base d’une nouvelle secte. L’article remarque qu’à l’étude du texte de Hubbard, on est surpris depuis le début par la tendance à la généralisation et aux déclarations autoritaires non soutenues par des preuves ou des faits. Consumer Reports met en garde ses lecteurs contre la possibilité de préjudices sérieux pouvant provenir de l’abus de l’intimité de confidences faite dans la relation entre l’auditeur et le patient, un risque qui serait d'autant plus sérieux dans une secte sans tradition professionnelle.
La Hubbard Dianetic Research Foundation est créée à Elizabeth au New Jersey. Cinq bureaux régionaux sont ouverts dans d’autres villes américaines avant la fin de l’année 1950. Hubbard abandonne la fondation en dénonçant certains de ses anciens associés comme communistes .

Le fondateur de la scientologie

En 1952, Hubbard élargit la Dianétique en Scientologie.
Hubbard déclara avoir conduit des années de recherches intensives sur la nature de l’existence humaine. Pour décrire ses découvertes, il développa un vocabulaire avec beaucoup de néologismes. Il codifia un ensemble d’axiomes et de « philosophie religieuse appliquée » qui promettent d’améliorer l’état de l’esprit humain, qu’il appelle le Thétan. L’essentiel de la scientologie se focalise sur la réhabilitation du Thétan.
Les adeptes d’Hubbard croient que sa technologie leur donne accès à leurs vies antérieures, dont les traumas conduisent à des défaillances dans le présent, sauf s'ils sont audités. À cette époque, Hubbard introduisit un appareil de biofeedback dans la procédure d’audition. Il le baptisa Hubbard Electropsychometer ou E-meter bien qu’il fut conçu par M. Volney Mathison, un chiropracteur adepte de la dianétique. Il ne s’agit que d’un ohmmètre logarithmique c'est-à-dire d’un appareil, banal en électronique, mesurant la résistance placée entre ses électrodes. Cet appareil, proche des détecteurs de mensonges de l’époque, est utilisé par les scientologues durant l’ audition pour évaluer la masse mentale entourant le Thétan. Cette masse est censée empêcher le Thétan de réaliser pleinement son potentiel.
Selon Hubbard, une bonne partie des maladies physiques seraient psychosomatiques et celui qui, comme lui, a atteint l’état révélateur de Clair et est devenu un Thétan Opérant serait relativement préservé des maladies. D’après ses biographes, Hubbard s'est donné beaucoup de peine pour supprimer son recours à la médecine moderne, attribuant ses symptômes à des attaques de forces malicieuses, autant spirituelles que terrestres. Hubbard souligna que l’humanité était menacée par de telles forces, qui résultaient des mémoires négatives ou engrammes, stockées dans l’inconscient ou mental réactif, certaines portées en un Thétan immortel depuis des milliards d’années. En conséquence, Hubbard décréta que la seule possibilité de salut de l’esprit était un effort concerté pour clarifier la planète, c’est-à-dire, d’apporter les bénéfices de la Scientologie à tout le monde, partout, et d’attaquer toutes les forces, sociales ou morales, hostiles aux intérêts du mouvement.
Les motivations de Ron Hubbard concernant la fondation de la scientologie, de même que ses sources d'inspiration ont été sujettes à diverses conjonctures. Son expérience d'écrivain de science-fiction et de fantastique est fréquemment rappelée à propos de l'élaboration des théories sur les thétans et la création du mythe de Xénu.
Certains anciens scientologues, s'appuyant en particulier sur le témoignage de Virginia Downsborough, une ancienne membre de la Sea Org, affiment qu'à l'époque où il créa ces théories, il était en permanence sous l'emprise de drogues hallucinogènes, en dépit de ses discours contre toute drogue ou médicament.
D'autres, comme l'ex-scientologue Jon Atack, estiment que Hubbard s’est fortement inspiré dans les principes de la scientologie des expériences occultes de l'Ordo Templi Orientis qu'il a mené au côté d'Aleister Crowley et Jack Parsons ; selon des sociologues il ne s'agirait que d'une influence parmi d'autres, voire minime.
Certains documents, qui auraient été écrits par Hubbard lui-même, suggèrent qu’il considérait la scientologie comme une entreprise, pas comme une religion. Une lettre qui lui est attribuée par ses détracteurs, datée du 10 avril 1953, dit qu’appeler la scientologie une religion résout un problème d’affaires pratique, et que l’ériger en religion parvient à des fins plus justes… avec ce que nous avons à vendre. Dans une directive officielle de 1962, il aurait écrit La scientologie de 1970 sera préparée sur la base d’une organisation religieuse à travers le monde. Cela ne doit pas contrecarrer, en aucune manière, les activités habituelles de toute organisation. Il s’agit uniquement d'un travail de comptable et de juriste.
Des propos qu'il aurait tenus sont fréquemment rapportés : Je vais inventer une religion qui me rapportera une fortune. Je suis fatigué d’écrire pour un penny le mot .
À l'inverse, dans une interview donnée en 1958 au Dr Stillson Judah, théologien et professeur d’histoire religieuse, Hubbard explique qu'à la suite de ses travaux sur la Dianétique, s'étant confronté au fait que l'homme était son propre esprit et que le domaine qu'il explorait maintenant était celui de la spiritualité, il avait dû se rendra à l'évidence qu'il avait pénétré le champ de la religion.
En 1958, la fondation de Scientologie de Washington DC, a perdu son statut d’exonération de taxes à cause des émoluments de Hubbard qui s'élevaient à plus de 108 000 $ sur une période de quatre ans et ce, en plus du pourcentage des revenus bruts habituellement 10 % qu’il recevait.
Justice Latey, juge de la Haute Cour de Justice de Londres, eut des déclarations très critiques concernant Hubbard et la scientologie.

Le Commodore de la Sea Org

En septembre 1966, Hubbard quitte ses fonctions de leader administratif de l'Église de Scientologie. Il se consacre alors au développement des niveaux supérieurs de la scientologie. Il fait l'acquisition d'une flotte de trois bateaux et s'embarque avec des scientologues de longue date qui le soutiennent dans ses recherches. Ceux-ci ne sont pour la plupart pas familiers avec la vie en mer, et ont tout à apprendre du maniement d'un bateau en haute mer. En 1967 il établit officiellement "l'organisation maritime" sea org, ordre religieux dont le premier objectif est de former des scientologues dévoués aux niveaux supérieurs de scientologie, afin de les envoyer dans les organisations prévues à cet effet.
Selon d'anciens scientologues Hubbard avait à son service personnel les Messagers qui transmettaient ses ordres, et desquels était attendue une obéissance aveugle et immédiate ; ils évoquent des punitions brutales telles que l’incarcération et l’estrapade, l'impossibilité de vie familiale entre le temps consacré au service et celui des auditions, ainsi que l'implication d'enfants très jeunes. D'autres restés fidèles au mouvement accordent à cette expérience de vie en mer avec Hubbard une valeur inestimable. Il était attendu des membres de la Sea Org une loyauté et un dévouement absolus ; en cas de faute, ils pouvaient éviter l'exclusion comme fair game en se soumettant à un programme de réhabilitation, selon Melton certains dirigeants actuels seraient eux-mêmes passés par cette réhabilitation.
Certains textes de cette époque attribués à Hubbard décrivent des procédures pour résister aux personnes suppressives, c'est-à-dire les gens ou les groupes qui cherchent activement à nuire à la Scientologie ou à un scientologue par des actes suppressifs. Ils préconisent des comportements criminels, l’exploitation des lois et des tromperies, et en particulier la propagande noire, campagne de diffamation pour détruire la réputation de la personne. L’Église de scientologie affirme que ces propos étaient sortis de leur contexte, qu'ils ont depuis été retirés de sa doctrine, et que cette ligne de conduite n’existerait plus, affirmation vigoureusement contestée par les critiques de l’Église.
En 1971, suivant les consignes de Hubbard, l'organisation maritime assumera la direction internationale de l'Église de scientologie. La vie en mer de Hubbard et de l'organisation maritime s'arrêtera en 1975, date à laquelle cette dernière s'installera à terre tout en continuant d'assumer ses fonctions. Hubbard vivra alors en Floride pendant quelques années.
À partir des années 1970, Hubbard fut concerné par des poursuites judiciaires dans plusieurs pays, lors de procès impliquant diverses organisations de la Scientologie.

Procès pour escroquerie

En 1978, en France, des scientologues furent convaincus d'escroquerie en première instance au terme de six années de procédure. Il leur était reproché de réaliser « une pression intellectuelle et morale sur les personnes attirées par l'espérance d'un meilleur équilibre personnel, d'une plus grande réussite professionnelle et en définitive du "bonheur" pour vendre des livres, formations et autres services à un coût totalement disproportionné par rapport à leur valeur intrinsèque. Ils furent tous relaxés en appel
Hubbard, qui, outre les droits d'auteur sur ses livres et autres matériels, aurait perçu 10 % du revenu brut des différentes filiales de l'Église, fut condamné par contumace à quatre ans de prison et à 35 000 FRF d’amende. En janvier 2013, la Cour d'appel de Caen a rappelé qu'il n'avait jamais été cité et n'avait pas eu l'occasion de faire opposition, et que sa condamnation tombait sous le coup de la réhabilitation, donc devait être considérée comme non avenue.

L'opération Snow White

En 1977, les bureaux de Scientologie des deux côtes furent perquisitionnés par des agents du FBI cherchant des preuves de l’opération Snow White, un réseau d’espionnage et d'infiltration de diverses organisations monté par l’Office du gardien dans le but de faire disparaître des documents sur celle-ci et sur Hubbard. À cette occasion fut découverte la mise en œuvre de la politique de propagande noire attribuée aux préconisations de Hubbard envers les adversaires de scientologie.
En 1979, l’épouse de Hubbard, Mary Sue, et une douzaine d’autres responsables de la Scientologie sont convaincus de conspiration contre le gouvernement fédéral des États-Unis. Hubbard fut mentionné, par le procureur fédéral, comme coconspirateur non poursuivi; aucun lien direct ne lui fut trouvé avec l'affaire, l'Office du Gardien ayant, selon l'Église, agi de sa propre initiative. L'épouse de Hubbard fut condamnée à quatre années de prison.

Affaire Gerry Armstrong

En 1984, un procès opposa la Scientologie à Gerry Armstrong, ancien scientologue exclu de l'Église de Scientologie et déclaré suppressif en novembre 1981. Celui-ci, scientologue depuis dix ans et membre de la Sea Org, participa en janvier 1980 à la destruction de divers documents sur ordre de l'organisation qui craignait une opération de police. Il eut accès à cette occasion aux carnets de jeunesse d'Hubbard, qu'il conserva, et obtint l'autorisation de l'Église de Scientologie de faire des recherches complémentaires pour la rédaction d'une biographie confiée à l'écrivain Omar Garrison. Selon Russel Miller, c'est quand il voulut faire rectifier la biographie officielle de l'Église de Scientologie qu'il fut exclu de celle-ci et déclaré suppressif en novembre 198115. Lors du procès, Armstrong se plaignait du harcèlement lié à la politique de fair game envers les suppressifs dont il avait fait l'objet de la part de l'Église, tandis que celle-ci lui reprochait le détournement de documents, les atteintes à la vie privée et le non-respect du contrat. Gerry Armstrong reconnut aussi avoir eu des contacts répétés avec l'IRS et la CIA qui lui ont été reprochés par l'Église, qui a vu en lui l'un de leurs agents. Le procès aboutit à un compromis en 1986, par lequel l'organisation versa 800 000$ à Armstrong. Armstrong fut par la suite reconnu coupable à plusieurs reprises par des tribunaux des États-Unis d'avoir violé le compromis et fut condamné à payer 800 000 dollars à L'Église de Scientologie. Il partit vivre au Canada pour éviter d'avoir à répondre d'une peine de prison de 26 jours.

Mort et autopsie

Hubbard est décédé dans son ranch le 24 janvier 1986, à l’âge de 74 ans d’une attaque cérébrale. Il n’avait pas été vu en public durant les cinq années précédentes. L’Église de scientologie annonça que Hubbard s’était délibérément débarrassé de son corps pour faire des recherches d’un plus haut niveau spirituel sans être encombré de son enveloppe mortelle.
Selon certains sites internet comme Xenu.net, l'autopsie obtenue par le médecin légiste du comté de San Luis Obispo pour vérifier s'il avait pu y avoir une intoxication aurait révélé qu'il avait reçu du Vistaril médicament à base d'hydroxyzine quelques jours avant sa mort, qu'il présentait dix traces de piqûre sur la fesse droite et qu'il était atteint selon son médecin personnel, Gene Denk, d'une pancréatite chronique alcoolique58 mais qu'aucune trace de stupéfiant ni de poison n'apparaissait. Le médecin de Ron Hubbard déclara aussi dans l'enquête qu'il le soignait depuis 8 jours de manifestations de dysphasie qui ne lui laissaient pas de doute sur l'issue rapide de sa dégénérescence neurologique à la suite de sa première attaque cérébrale. L'administration d'hydroxyzine par voie intramusculaire qui est présumée à la lecture de l'autopsie chez différents auteurs ou par voie orale étant initialement réservée aux personnes souffrant de graves manifestations psychiatriques permet la contention chimique ou encore présentant des troubles de l'addiction aux narcotiques ou aigus de l'alcoolisme, sembla déplacée et paradoxale chez Hubbard qui avait souvent dénoncé en public l'usage de la drogue et des médicaments à vocation psychiatrique. Cependant, d'autres témoignages l'ont accusé d'avoir été lui-même un consommateur de drogues.

Succession

Bien qu'ayant abandonné toute responsabilité dans la gestion de la scientologie, il aurait continué à en percevoir des revenus importants, les membres de l’Église étant redevables de donations tarifées pour les cours, les auditions, les livres et les E-meters dont lui revenait une partie en sus des royalties sur ses œuvres. Le magazine Forbes estima ses revenus provenant de la scientologie en 1982 à plus de 40 millions de dollars US. Cependant, Hubbard a nié avoir reçu ces émoluments, à plusieurs reprises par écrit. Il proclamait n’avoir jamais reçu d’argent de l’Église.
Après l'affaire Snow White, l'Office du Gardien avait été démantelé et dans la réorganisation qui avait suivi, les scientologues de haut rang mêlés à cette affaire avaient été écartés des instances dirigeantes.
En mai 1982, Ron Hubbard et son entourage a créé la "Church of spiritual technology" chargé de percevoir ses droits d'auteurs sur ses publications.
En mai 1987, c'est donc David Miscavige, un des anciens assistants personnels de Hubbard, qui prit la présidence du centre de technologie religieuse RTC, une société commerciale détenant les marques et symboles déposés de la dianétique et de la scientologie. Bien que le centre de technologie religieuse soit une entreprise distincte de l’Église internationale de scientologie, Miscavige est le dirigeant de la religion. Herber Jantzsch est le président de l’Église internationale de scientologie.

Controverses biographiques

La biographie de Ron Hubbard est fort controversée et beaucoup de détails de sa vie sont litigieux. D’une part, les quelques biographies publiées par l'Église de scientologie présentent Hubbard et ses diverses réalisations sous un éclairage hagiographique. D’autre part, les biographies de Hubbard écrites par des journalistes indépendants ou par d’anciens scientologues peignent un tableau beaucoup moins flatteur de Hubbard et contredisent dans beaucoup de cas le matériel présenté par l'organisation. En dernier lieu quelques universitaires ont écrit sur le sujet, analysant à la fois les biographies de l'Église et celles de ses détracteurs.
Une des premières controverses sur la biographie de Hubbard est celle liée à la découverte puis à l'exploitation d'archives personnelles de Ron Hubbard par Gerry Armstrong, qui donna lieu au procès exposé plus haut. Selon Russel Miller, c'est quand il voulut faire rectifier la biographie officielle de l'Église de Scientologie qu'il fut exclu de celle-ci et déclaré suppressif en novembre 1981. Russell Miller exploita ces carnets dans une biographie Bare-Faced Messiah Le gourou démasqué, où il mettait en exergue le caractère fabulateur de ces récits de jeunesse, et présentait le caractère de Hubbard sous un jour fort peu flatteur. Il insiste entre autres sur la période de la Seconde Guerre mondiale, ainsi que sur les récits des voyages en Asie de Hubbard, où des commentaires péjoratifs sur les chinois ou les lamas tibétains sont assez éloignés du récit officiel disant Ron parla de regarder les moines méditer durant des semaines … il tira profit de cette occasion unique d’étudier la culture d’Extrême-Orient. L'Église de Scientologie tenta de faire interdire sa publication pour utilisation de matériel sous copyright à des fins de dénigrement systématique, mais n'obtint pas gain de cause.
En 1987, une autre biographie fit également scandale, où était impliqué le propre fils de Ron Hubbard. Celui-ci, L. Ron Hubbard Jr., après avoir changé son nom pour Ron DeWolfe, avait attaqué son père à plusieurs reprises dans certains medias, en particulier une interview dans Penthouse, où il l'accusait de toxicomanie, de pratique de rituels sataniques et d'être un menteur invétéré. Quelques années plus tard, Bent Corydon reprit ses allégations dans la biographie qu'il écrivait, Ron Hubbard, Messiah or Madman?, où il était prévu de créditer Ron DeWolfe comme coauteur. Celui-ci le refusa et rétracta ses accusations initiales en 1987 dans un affidavit.
Une étude de l'université de Marburg fait le point sur ces différentes biographies.

La collection "Ron" qui comprend une douzaine de fascicules illustrés, confectionnée par les scientologues eux-mêmes dans les années 1990, contient une prise en compte de données issues de la masse de documents inédits relatifs à Hubbard et développe une autre appréciation de la trajectoire du fondateur. Le film américain The Master de Paul Thomas Anderson en 2012, accumulant les récompenses, dresse un portrait transparent de Ron Hubbard à travers le rôle de Lancaster Dodd. Elle est le fait d'artistes d'Hollywood dont le compagnonnage avec la scientologie ne s'est guère démenti depuis les années 1950, de Errol Flynn à Tom Cruise et de B. de Mille à Paul Anderson.

Œuvres Livres de fantasy et science-fiction

Ron Hubbard a écrit plus d'une centaine de romans de fiction. Cette bibliographie ne comprend que les titres des livres traduits en français. Les dates sont celles de la publication en France.
Romans :
Terre champ de bataille, Presses Pocket Science-fiction no 5280 5281 et 5282, 1985.
Mission Terre, suite romanesque en dix volumes, Presses de la Cité, 1988-1990.
Return to To-Morrow - Retour à demain, trad. A. Audiberti, Fleuve Noir, Coll. Anticipation, no 98, 1957.
Doc Mathusalem, Presses de la Cité, 1993.
Final Black-out, Presses de la Cité, 1992.
Fear, 1991 - Au bout du cauchemar, trad. Michel Demuth, Presses de la Cité, Presses Pocket, Coll. Science-Fiction no 5543, 1991.
Death's Deputy, 1940 - Le bras droit de la mort, trad. Igor B. Maslowski, Hachette, Romans extraordinaires - L'Énigme, 1951.
Nouvelles :
La Dimension périlleuse, in L'âge d'or de la SF 4e série, Opta, Fiction-Spécial no 21, 1973.
Quand montent les ombres, in Histoires galactiques, Livre de Poche, La Grande Anthologie de la SF, no 3774.
Derrière la nébuleuse noire, in Les Pièges de l'espace, Le Masque SF, no 53, 1977.

Livres de dianétique et de scientologie

Par ordre chronologique de publication :
Dianétique, la Thèse Originelle, New Era Publications, Dernière édition 2007.
Évolution d'une Science, New Era Publications, Dernière édition 2007.
La Dianétique, la Puissance de la pensée sur le Corps, New Era Publications, Dernière édition 2007.
Science de la Survie, New Era Publications, Dernière édition 2007.
Self Analyse, New Era Publications, Dernière édition 2007.
Procédure Avancée et Axiomes, New Era Publications, Dernière édition 2007.
Guide pour préclairs, New Era Publications, Dernière édition 2007.
Scientologie, une Histoire de l'Homme, New Era Publications, dernière édition 2007.
Scientologie 8/80, New Era Publications, dernière édition 2007.
Scientologie 8/8008, New Era Publications, dernière édition 2007.
La Création des Aptitudes Humaines, New Era Publications, dernière édition 2007.
Dianétique 55, New Era Publications, Dernière édition 2007.
Scientologie, les Fondements de la Vie, New Era Publications, dernière édition 2007.
Les Problèmes du Travail, New Era Publications, dernière édition 2007.
Une Nouvelle Optique sur la Vie, New Era Publications, dernière édition 2007.
Scientologie 8/08, le Livre des Fondements, New Era Publications, dernière édition 2007.
Introduction à l'Éthique de Scientologie, New Era Publications, dernière édition 2007.
Un Corps Pur, l'Esprit Clair, New Era Publications, dernière édition 2007.

Films

Les films suivants furent réalisés à partir des scénarios de Ron Hubbard

1964 : The Mastery of GPMs
1964 : The Bank and Its Pattern
1964 : The Pattern of the Bank
1966 : Composition of the Bank
1966 : General Information
1966 : Auditing Demonstration
1966 : The Technical Materials
1967 : Affinity (dont il fut également réalisateur et producteur
1976 : How to Set Up a Session and an E-Meter également réalisateur et producteur
1976 : How the E-Meter Works également réalisateur et producteur
1976 : Man the Unfathomable également réalisateur et producteur
1977 : The Secret of Flag Results
1978 : An Afternoon at Saint Hill également réalisateur et producteur
1980 : The Problem of Life également réalisateur et producteur, ainsi que compositeur et directeur de la photo
1981 : The Auditor's Code
1981 : The Cycle of Communication également producteur et compositeur
1981 : The Case He Couldn't Crack également réalisateur et compositeur
1985 : The Tone Scale également réalisateur, producteur, compositeur et narrateur
1985 : E-Meter Reads Dril
1988 : Classification, Gradation & Awareness Chart
1988 : The Auditor's Code
1988 : The History of the E-Meter
1989 : TRs in Life également narrateur
1989 : Assists
1995 : Assists
1995 : The Art of Communication également compositeur
1995 : Confessional TRs également compositeur
1996 : The Cycle of Communication également narrateur
1996 : Orientation: A Scientology Information Film
1997 : The Auditor's Code
1997 : Body Motion Reads
1998 : The Different TR Courses and Their Criticism
Il est réalisateur, producteur, compositeur et narrateur de :
1983 : The Professional TR Course
et compositeur des musiques de
1986 : What Happened to These Civilizations?
1988 : The Married Couple

Prix Ig Nobel

Il reçoit un prix Ig Nobel en 1994 pour son crépitant Grand Livre, "La Dianétique", très profitable pour l’humanité ou pour une partie d’entre elle.

SCIENTOLOGIE



La scientologie nom officiel : Church of Scientology est l'œuvre de Lafayette Ronald Hubbard 1911-1986, dénommé par les adeptes L.R.H., Ron ou Commodore, célèbre auteur américain de romans de science-fiction. Il était selon lui le premier être à avoir trouvé, au péril de sa vie, le chemin vers la liberté totale. La doctrine, désignée sous le nom de Tech Standard, qu'il en a tirée permettrait désormais au reste de l'humanité de se libérer. Son altération constitue de ce fait le crime absolu aux yeux de ses adeptes. Hubbard est l'unique source de la doctrine et de la technologie qu'il a baptisées du nom de Dianétique, puis de scientologie. Tous ses travaux s'y rapportant sont considérés comme des écrits sacrés. Ce sacré s'est annexé des domaines ordinairement profanes comme le management. Il tend même à recouvrir la réalité tout entière, à nier tout espace profane. La scientologie effectue depuis la mort de son fondateur un important travail de purification des sources.
Identifiée par le rapport parlementaire français de décembre 1995 comme une secte dangereuse, surveillée étroitement par l'État fédéral allemand, la scientologie est reconnue en revanche comme religion aux États-Unis, en Afrique du Sud, en Suèd et en Espagne notamment. Elle compterait en 2005 entre 8 et 15 millions de membres selon les estimations. D'autres sources faisaient état d'un million de membres dont 10 000 environ pour la France. La scientologie est éminemment moderne par son organisation, son mode de prosélytisme mais aussi par sa doctrine et les comportements qu'elle génère. Sa conception de l'homme et de la société s'avère très en prise avec les ultimes évolutions enregistrées par les sociétés avancées.

Historique de la scientologie

L. R. Hubbard publie en 1950 La Dianétique, science moderne de la santé mentale. Cet ouvrage est un livre banal parmi tous ceux qui, aux États-Unis, proposent alors de créer une psychothérapie en dehors des enseignements de la psychanalyse freudienne. De nombreux groupes de Dianétique sont bientôt créés (États-Unis, Australie, Israël...). La Dianétique se présente alors comme une discipline scientifique et thérapeutique. Elle suscite rapidement l'opposition du corps médical, notamment psychiatrique. Hubbard imprime alors à son enseignement une orientation religieuse afin de bénéficier de la protection du premier amendement de la Constitution américaine (liberté des cultes) et du régime d'exonération fiscale qui lui correspond. La scientologie adopte tout un arsenal de signes religieux (credo, prières, cérémonies...). La première Église de scientologie est ouverte en 1954 aux États-Unis (Washington). Sur décision de son fondateur, le siège de l'organisation est transféré un temps en Angleterre (Saint Hill Manoir) et l'Association des amis de la scientologie, qu'il crée dans la foulée, essaime dans de nombreux pays dont la France. En 1966, il abandonne la direction officielle du mouvement pour se consacrer à ses recherches. Il embarque en 1967 à bord d'une flottille et fonde la Sea Org (Organisation maritime). La flotte est désarmée en 1976 et son état-major s'installe définitivement aux États-Unis. La scientologie continue de croître malgré la retraite de Hubbard à partir de 1977 et bien que se prépare déjà en coulisse ce qui va devenir une véritable guerre de succession. David Miscavige, ancien Messager du Commandant (Commodore's Messenger Organization, C.M.O. – structure fondée pour regrouper les enfants des scientologues chargés de transmettre la parole du Maître) dénonce bientôt l'altération de la Tech par David Mayo, dauphin présumé du fondateur, et obtient la mise à l'écart des dirigeants du Bureau des Gardiens (dont Marie Sue, épouse du fondateur) après leur condamnation par la justice américaine pour espionnage et vol. Un compromis est finalement trouvé entre une partie de l'appareil et la jeune garde. L'Église de scientologie internationale (Church of Scientology International, C.S.I.) reste la plus haute autorité ecclésiastique mais le cœur du système passe sous contrôle du Centre de technologie religieuse (Religious Technology Center, C.T.R.) fondé par Miscavige pour préserver l'orthodoxie des Écrits et de la Tech et gérer ses marques. L'état-major du C.T.R. exerce notamment son pouvoir à travers le comité de surveillance (Watchdog Committee) qui contrôle l'activité de onze secteurs d'organisation et du Bureau international des affaires spéciales (Office of Special Affairs International, O.S.A.I.), service de sécurité, régulièrement dénoncé par les associations dites antisectes. La quasi-totalité des postes de direction est contrôlée par des membres de la Sea Org, véritable ordre de moines-soldats ayant signé un engagement pour un milliard d'années, portant des grades et des uniformes militaires. La scientologie a ainsi survécu au décès de son fondateur, puis à la création de groupes dissidents commercialisant des produits analogues à des tarifs beaucoup moins onéreux.

L'organisation scientologique

La structure de la scientologie organise un système de progression sur le « pont ». Les organisations de base (orgs de classe 5) vendent les services d'introduction (classés de « préclair » à « clair »). Les orgs plus avancées (Advanced Orgs) commercialisent les niveaux secrets,gradués de 1 à 8, qui sont réservés aux « thétans opérants », les O.T., Operating Thetans). Les nouveaux adeptes appartenant à l'élite sociale, particulièrement prisés, sont dirigés vers les centres de célébrités (Églises de classe 5). L'ensemble des orgs observent des comportements standardisés à l'extrême en appliquant les mêmes procédures. Ces structures non électives sont excessivement hiérarchisées, cloisonnées et complexes. La scientologie se caractérise par un fantasme de toute-puissance qui entretient une mystique de l'organisation propre à attirer des sujets fragilisés. Elle innove cependant en coulant sa forme religieuse dans le moule managérial. La scientologie n'a en effet qu'un seul but : concevoir, fabriquer et vendre ses produits. Elle se développe notamment par des franchises percevant un pourcentage sur les ventes. Le prosélytisme est fondé sur des techniques de communication et de commercialisation, dont le fameux test de personnalité : test d'analyse de capacité d'Oxford. Les adeptes sont formés pour recruter. Ce commerce utilise les méthodes les plus profanes (promotions, achats groupés, etc.). La scientologie est naturellement très présente sur le terrain économique à travers son réseau Wise (World Institute of Scientology Enterprises, Institut mondial des entreprises de scientologie). Elle développe enfin un réseau d'associations caritatives utilisant aussi la Tech Standard. La scientologie « produit » l'adepte comme objet adéquat à son propre fonctionnement. Elle pratique peu l'injonction mais obtient une normalisation en travaillant le désir. L'adepte entretient en effet avec la scientologie une relation de nature asymétrique du fait de sa soumission inconditionnelle à une organisation hyperhiérarchisée et aussi du fait de sa croyance en la promesse proclamée de guérison qui provoque une situation de transfert. Dévalorisé par la découverte de sa « ruine », il trouve une valorisation dans le don de soi, forme particulière de sacrifice, qu'il accomplit en se conformant aveuglément aux normes. Cette soumission s'appuie sur des doctrines – la Tech Standard –, des instruments – l'électromètre –, des rituels – l'audition – et bien sûr des interprètes autorisés.

La doctrine

La scientologie, se présentant comme une philosophie religieuse appliquée, entend « clarifier la planète ». Selon son enseignement, les hommes seraient des thétans (principes spirituels immortels) qui, après avoir créé l'univers, se seraient accidentellement englués dans leur création. Ils auraient perdu leur puissance et auraient régressé jusqu'à oublier qui ils étaient. La scientologie propose donc à ses adeptes de recouvrer la conscience de soi-même en tant que thétan, de parvenir à l'état de « clair », qui seul libère le thétan et le rend « opérant » donc littéralement tout-puissant. L'initiation scientologique apparaît formellement comme un enchaînement d'étapes. Les premiers niveaux sont publics, les niveaux supérieurs sont secrets. Ils représenteraient un danger vital pour des individus non préalablement initiés. La scientologie se caractérise en réalité par un fonctionnement au secret sans secret : c'est de la dramatisation de sa transmission qu'elle tire son efficacité plutôt que du contenu de ses révélations. Ces étapes obligatoires forment ce que la scientologie nomme le « pont vers la liberté totale » qui fait passer de la non-existence à la toute-puissance. L'adepte accomplit deux parcours en parallèle, l'un de doctrine, l'autre d'audition. Le premier parcours, dénommé « entraînement », consiste en une étude intensive des Écrits. Cette formation s'accomplit sous le contrôle d'un superviseur de cours. Il existe, en outre, au sein de chaque « académie », un « clarificateur de mots » chargé de l'orthodoxie. La doctrine ne relèverait pas de la croyance car elle serait confirmée par la pratique. L'adepte accomplit également un second parcours parallèle en « audition ».
L'audition doit libérer le thétan du fardeau de mest (néologisme formé à partir des initiales de matière, énergie, espace, temps). Révélation standardisée et progressive du passé du thétan à l'adepte, elle est qualifiée de sacrement. De même, l'électromètre est considéré religieusement bien qu'il relève, comme l'audition, d'une même démarche technico-magique par excès de rationalisation, autrement dit par scientisme. L'appareil, qui existe en diverses versions, enregistre en fait les réactions électrodermiques. Il aiderait à détecter les zones de souffrances spirituelles liées à des épisodes douloureux. L'objectif serait de les « travailler » jusqu'à ce que l'aiguille de l'appareil devienne « libre ». Un auditeur (ministre scientologue) guide l'audité (l'adepte) tout au long de ce travail. L'audition se donne pour objectif de retrouver tous les événements traumatiques de la vie présente et des vies antérieures (la piste du temps, remontant l'histoire de l'univers jusqu'à 75 millions d'années) qui aliènent une grande quantité d'énergie et réduisent ainsi les capacités d'action et de pensée du thétan, entravé par la condition d'homme de l'adepte. La libération du thétan exige tout d'abord l'effacement des engrammes, ces marques du temps propres à la mémoire de chaque individu, c'est-à-dire l'effacement de la condition d'homme. Puis une seconde phase permettrait de passer de l'état de « clair » à celui de pré-O.T. puis de O.T. Elle marquerait la progression d'une dimension individuelle à une dimension collective, depuis les « incidents » qui ont marqué l'histoire du monde.
Cette technologie du bonheur fait finalement de l'homme lui-même le vrai problème. Elle marque en outre la victoire du signe clos sur le symbole ouvert, annihilant la possibilité même d'interprétation. Elle enclenche enfin une logique de purification destinée à chasser toute faiblesse de l'homme. Les procédures de purification (sauna, effort physique, régime alimentaire) obligatoires au début du parcours pour débarrasser, dans un but spirituel, le corps de ses résidus de drogues, de substances toxiques, expriment bien cette réification, cette réduction de l'homme à l'état de produit. Tout bien pesé, la Tech reste, d'un point de vue psychiatrique, très voisine des rééducations comportementales de type béhavioriste imageries mentales libres, répétition, accompagnement dans le délire, etc.. La nouveauté ne résiderait pas tant dans ces techniques que dans leur généralisation.

Le rapport au monde extérieur

La scientologie postule que l'homme est bon mais distingue entre l'individu d'élite, le suspect et l'asocial. Chacun voit son éthique définie par sa position sur « l'échelle des conditions ». Toute activité est pour cela systématiquement encadrée, quantifiée, enregistrée. L'objectif n'est pas officiellement de surveiller et de punir, mais d'aider à progresser. L'organisation dispose pour cela d'officiers d'éthique mettant en œuvre plusieurs procédures. (confessions en audition, interrogatoires de sécurité pour les adultes ou les enfants, etc.). L'adepte en « mauvais standing » devient une « source potentielle de trouble » (Potential Trouble Source, P.T.S.). Il existe 34 degrés de sanction, allant de la perte d'un droit à celle d'un bien (grade). Un programme de redressement (Rehabilitation Project Force, R.P.F.) a même été créé en 1973. Selon les scientologues, ces personnes antisociales représenteraient environ 20 p. 100 de la population globale, parmi lesquelles on compterait 2,5 p. 100 de personnes vraiment dangereuses, dites « suppressives » (Suppressive Persons, S.P.). Un cours de détection explique que les « P.T.S. » font des « montagnes russes » (qu'ils sont sujets à des variations de tonus), mais qu'ils se libèrent en se « déconnectant » de S.P. La scientologie a formalisé 72 actes permettant d'identifier ces « suppressifs ». Il n'existerait pas, selon elle, un seul adversaire qui ne soit ou n'ait été par le passé un criminel. La scientologie, accusée par ses détracteurs de pratiquer la « propagande noire », c'est-à-dire de lancer des campagnes de rumeurs, explique qu'elle en est la victime. Elle se heurte cependant à sa propre logique normalisatrice : elle a dû ainsi établir des garde-fous en définissant un pourcentage normal de « P.T.S.-S.P. » dans ses rangs, en mettant en garde ses officiers d'éthique contre les « fausses conditions P.T.S. » et en prononçant des amnisties.
La scientologie peut apparaître d'une certaine manière comme la première technologie religieuse commercialisable mondialement. En ce sens elle ne fait somme toute que systématiser un certain nombre de tendances actuelles (culte de la performance, de la technique, refus de l'État-providence, de la faiblesse, critique de la démocratie, etc.). Elle s'avère très révélatrice du monde contemporain dans la mesure où elle expérimente un mode de sociabilité marchand qui brouille les catégories habituelles de pensée. Paul Arieès



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#27 Louis Comfort Tiffany
Loriane Posté le : 15/01/2016 19:45
Le 17 janvier 1933, à 84 ans, meurt Louis Comfort Tiffany

à New-York, né le 18 février 1848 dans la même ville, artiste américain célèbre pour ses œuvres en verre teinté dans le style Art nouveau. Créateur de plusieurs entreprises, il a également peint, conçu des bijoux et des meubles.
Fils du célèbre bijoutier Charles Lewis Tiffany 1812-1902. Il suit une formation artistique, à l'université Widener avec les peintres américains George Inness 1825-1894 et Samuel Colman 1832-1920, du mouvement Art nouveau, puis étudie la peinture d'histoire à Paris. Il effectue un séjour au Maroc qui laissera des traces évidentes dans certaines de ses œuvres les plus remarquables, puis il est fait chevalier de la Légion d'honneur‎

Sa vie

Louis est le fils de Harriet et Charles Lewis Tiffany, fondateur d'une entreprise florissante de bijouterie, Tiffany & Co. Il étudie en 1866 à l'Académie américaine de design.
Sa première réalisation est une peinture réalisée alors qu'il est élève de George Inness en 1867. À 24 ans, il s'intéresse au travail du verre. C’est à cette période qu’il rencontre Mary Woodbridge Goddard, qu'il épousera le 15 mai 1872.
Il crée, en 1885, sa propre entreprise de travail du verre et invente un procédé pour fabriquer des verres opalins, auxquels d'autres artistes préfèrent le verre teinté en clair. Chaque point de vue est motivé par les idéaux du mouvement Arts and Crafts fondé par William Morris en Grande-Bretagne. Un des concurrents de Comfort est le verrier John La Farge 1835-1910.
En 1893, son entreprise introduit une nouvelle technique, Favrile, pour la fabrication de vases et de bols. Ce nom est dérivé du latin fabrilis, qui signifie « fait à la main »1. Il réalise par ailleurs des vitraux (notamment à l'église Church of the Incarnation, Madison Avenue, à New York, tandis que son entreprise crée une gamme de décorations intérieures. Il use de tout son talent pour la conception de sa propre maison, Laurelton Hall, à Oyster Bay, Long Island, terminée en 1904.
Il crée de nombreuses entreprises : L. C. Tiffany & Associated Artists créée en 1879, entreprise de décoration intérieure à laquelle collabora notamment Stanford White, la Tiffany Glass Co créée en 1885, Tiffany Glass and Decorating Co, Tiffany Studios, Tiffany Furnaces et L.C. Tiffany Furnaces.
Il se retire progressivement des affaires à la fin des années 1920. Sa firme Tiffany Studios fait faillite en 19321, un an avant son décès.
Louis Comfort Tiffany a été enterré au cimetière de Green-Wood à Brooklyn New York.

Peintre, artisan, philanthrope, décorateur et designer américain de renommée internationale, Louis Comfort Tiffany fut l'un des plus importants représentants de l'Art nouveau, mais aussi un innovateur remarquable dans le domaine de la verrerie d'art.
Fils du célèbre bijoutier Charles Lewis Tiffany 1812-1902, Louis naît le 18 février 1848 à New York. Il suit une formation artistique avec les peintres américains George Inness 1825-1894 et Samuel Colman 1832-1920, puis étudie la peinture d'histoire à Paris. Il effectue un séjour au Maroc qui laissera des traces évidentes dans certaines de ses œuvres les plus remarquables. De retour aux États-Unis, il devient un peintre reconnu et entre à la National Academy of Design de New York. En 1877, il réagira au conservatisme de cette institution en fondant, avec les artistes John La Farge 1835-1910 et Augustus Saint-Gaudens 1848-1907, la Society of American Artists.
Tiffany travaille le verre teinté à partir de 1875, et poursuit ses expérimentations. Trois ans plus tard, il crée son entreprise de verrerie dans le Queens, à New York. Au cours des années 1890, il figure parmi les principaux producteurs de verre et met au point des procédés de colorisation originaux. Il acquiert une célébrité mondiale avec la création du verre « Favrile », néologisme inventé à partir du mot latin faber artisan. Ce verre opalescent, auquel il donne des formes fluides, est parfois combiné à des alliages offrant l'aspect du bronze, ou d'autres métaux. Les objets ainsi réalisés, signés L.C. Tiffany ou L.C.T., connurent une immense popularité de 1890 à 1915, avant d'être redécouverts dans les années 1960. La réputation du verre Favrile s'étendit au-delà des États-Unis, et spécialement en Europe centrale, où il fit l'objet d'un engouement tout particulier.
La fabrique d'objets décoratifs baptisée Tiffany Glass and Decorating Company, qui fournissait les New-Yorkais fortunés, reçut également une commande du président américain Chester A. Arthur pour la décoration des salles de réception de la Maison-Blanche à Washington. Louis Comfort Tiffany fabriqua alors les grands panneaux de verre teinté destinés au hall d'entrée. Il conçut par ailleurs la chapelle de l'exposition internationale de Chicago, en 1893, ainsi que l'autel de la cathédrale St. John-the-Divine à New York.
Vivement impressionné par les créations d'Émile Gallé, héros français de l'Art nouveau, présentées à l'exposition de 1889 à Paris, Tiffany se tourna vers le verre soufflé. De 1896 à 1900, il produisit un nombre considérable d'objets en verre Favrile d'une exquise délicatesse et mystérieusement irisés, qui le consacrent définitivement comme l'une des figures majeures de l'Art nouveau.
L'entreprise Tiffany, rebaptisée Tiffany Studios en 1900, produisit des lampes, des bijoux, des céramiques et des bibelots. En 1911, son fondateur réalisa une de ses pièces maîtresses : un gigantesque rideau de verre pour le palais des Beaux-Arts de Mexico. Comme son père, Louis fut fait chevalier de la Légion d'honneur. Il devint membre honoraire de Société nationale des beaux-arts à Paris, ainsi que de la Société impériale des beaux-arts de Tōkyō. En 1919, il fit de sa luxueuse demeure de Long Island, dont il avait intégralement conçu les plans une fondation dédiée aux étudiants en art. Après sa mort, le 17 janvier 1933 à New York, elle fut vendue, en 1946, afin de financer des bourses d'études.

L'œuvre

Lampe Tiffany. Vers 1890-1900
Le Metropolitan Museum of Art de New York a recueilli un certain nombre de ses œuvres.
Il a reçu de nombreuses récompenses internationales et nationales2, dont, en France, la Légion d'honneur en 1900.

1893 : 44 médailles, Exposition universelle de 1893 Chicago
1900 : médaille d'or, Chevalier de la Légion d'honneur
1900 : grand prix, Exposition Universelle de 1900 Paris
1901 : grand prix, Exposition de Saint-Pétersbourg
1901 : médaille d'or, Exposition de Buffalo
1901 : médaille d'or, Exposition de Dresde
1902 : médaille d'or et diplôme spécial, Exposition de Turin
1904 : médaille d'or, Exposition universelle de 19043
1907 : médaille d'or, Exposition de Jamestown
1909 : grand prix, Exposition de Seattle
1915 : médaille d'or, Exposition de Panama
1926 : médaille d'or, Philadelphia Sesquicentennial Exposition
Tiffany a écrit également plusieurs ouvrages dont Character and individuality in decorations and furnishings, paru en 1913.

Le verre

C'est le domaine où il est le plus connu, dans toutes ses formes : vitraux, vases, lampes, bijoux, objets divers. Il s'y intéresse dès 1870 en commençant une collection d'antiquités4. Il introduit plusieurs nouveautés dans la technique de verrier dont certains ont fait l'objet de brevets : verres drapés où la pâte en fusion est repliée sur elle-même, emploi de plusieurs couches superposées, inclusion de morceaux de verre coloré5... Son apport le plus remarquable est la création de son verre Favrile qui inclut des sels métalliques.
La création de « vitraux Tiffany » a été une activité importante pour Tiffany qui a produit plusieurs milliers d'exemplaires dans son atelier. Concevant le dessin, il a été aidé pour cela par son équipe, dont les membres les plus connus furent Agnès Northrop et Frederick Wilson. Les thèmes prédominants étaient la religion et les paysages. Sa technique délaisse le traditionnel serissage au plomb au profit d'un enrobage des vitraux avec un ruban de cuivre autocollant sur lequel est appliqué de la graisse à soudure afin de faciliter l'adhérence de l'étain de soudure.
Ses multiples lampes restent l'une de ses créations les plus connues, même si Tiffany ne goutait guère à la production de masse qu'elles impliquent, préférant implicitement la fabrication d'œuvres uniques. Elles coïncident avec l'apparition de l'éclairage électrique. Leurs décors floraux ont fait une partie de la réputation de l'artiste.

Education, Université Yale

L'architecture intérieure

Laurelton Hall, demeure de Louis Comfort Tiffany à Oyster Bay, Long Island
Ses entreprises et lui-même ont conçu l'aménagement de plusieurs maisons et appartements. Parmi ces derniers, figurent naturellement son propre appartement à New York ainsi que la vaste demeure, Laurelton Hall, qu'il s'est fait construire peu après la mort de son père et aujourd’hui détruite, mais aussi la maison de Mark Twain ainsi que plusieurs salons de la Maison-Blanche9. Son style se caractérise naturellement par l'emploi du verre mosaïques, vitraux… ainsi que d'un goût pour l'orientalisme.

Principales expositions

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Musée du Luxembourg à Paris 2009
Le verre selon Tiffany, exposition du musée des beaux-arts de Montréal (2010)10
Du 1er juillet au 23 octobre 2011, au Domaine Biltmore, à Asheville, Caroline du Nord, exposition de lampes en verre, Tiffany at Biltmore; organisé par "The Neustadt Collection of Tiffany Glass" Tiffany at Biltmore


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#28 Gabrielle Channel dit Coco
Loriane Posté le : 09/01/2016 22:49
Le 10 janvier 1971, meurt à 87 ans à Paris Coco Chanel

de son vrai nom Gabrielle Bonheur Chanel, née le 19 août 1883 à Saumur, créatrice de mode, modiste et grande couturière française célèbre pour ses créations de haute couture, ainsi que les parfums portant son nom. Elle est à l'origine de la Maison Chanel, symbole de l'élégance française. Certains choix de vie de Chanel sont à l'origine de controverses, en particulier son comportement pendant l'Occupation allemande.

En bref

André Malraux disait de Chanel qu'elle comptait, avec de Gaulle et Picasso, parmi les grandes figures de notre temps. La force de cette créatrice est d'avoir su vivre avec son époque, d'avoir pressenti les modes, accompagné le mouvement d'émancipation féminine et de s'être érigée en modèle. De l'ouverture de son premier atelier de modiste en 1909 à sa mort en 1971, elle n'a cessé d'affiner une conception résolument moderne de l'élégance.
Une ligne simple et d'avant-garde
Enfant illégitime, elle dissimula toute sa vie ses origines. Au sortir de l'orphelinat, Gabrielle Chanel est placée dans une maison spécialisée en layette, à Moulins, ville de garnison qui lui permet de se distinguer. Chantant « Qui qu'a vu Coco dans l'Trocadéro » – qui lui valut son surnom de « Coco » –, elle est remarquée par un officier de cavalerie, Étienne Balsan, qui l'initie à la vie de château. Solitaire, animée par une indéfectible volonté de liberté, la jeune femme est exempte de préjugés. « L'irrégulière » de Balsan fréquente le demi-monde et le séduit par ses tenues très simples empruntées au vestiaire masculin. L'amant suivant, l'Anglais Arthur Capel, l'aide à s'installer à Paris comme modiste, au 160, boulevard Malesherbes, où ses créations dépouillées contrastent avec les chapeaux énormes et surchargés de l'époque. Engageant des ouvrières professionnelles, elle s'installe un an plus tard, au 21, rue Cambon. Accoutumée aux rythmes saisonniers du beau monde, elle ouvre en 1913 une boutique à Deauville, où la garde-robe simplifiée qu'elle promeut éveille l'intérêt d'une clientèle huppée. Son succès lui permet, en 1915, d'installer une seconde boutique à Biarritz, refuge du Tout-Paris qui apprécie ses toilettes souples et sportives, constituées de jersey, matériau jusqu'alors réservé aux sous-vêtements masculins. Par la force d'un travail narcissique – elle créait d'abord en fonction de son propre corps – Chanel se fait donc connaître dès la Première Guerre mondiale.
À Paris, durant l'entre-deux-guerres, elle donne l'image d'une femme à la mode, proche de l'avant-garde artistique, tour à tour mécène, collaboratrice ou amie fidèle de Serge Lifar, Serge de Diaghilev, Igor Stravinski, Misia Sert, Christian Bérard, Paul Iribe, Pierre Reverdy, Paul Morand, Colette, Jean Cocteau, Picasso, Salvador Dalí... Elle crée des costumes pour quatre pièces de Cocteau (dont Antigone en 1922) et pour les Ballets russes (dont Le Train bleu en 1924) ou participe financièrement à leur réalisation. Elle intervient à Hollywood dans Tonight or Never (1931), apporte sa contribution à de nombreux films de Jean Renoir dont la très célèbre Règle du jeu 1939, et habille plus tard Jeanne Moreau Les Amants de Louis Malle, 1958), Delphine Seyrig L'Année dernière à Marienbad d'Alain Resnais, 1961 et Romy Schneider Boccace 70 de Luchino Visconti, 1962.
De la couture aux parfums et aux bijoux
Femme d'affaires, autoritaire et pragmatique, à la tête d'une entreprise qui comptera, en 1936, 4 000 employés, femme libre, dotée d'une rare indépendance d'esprit, Chanel est peu soucieuse des convenances. S'érigeant en exemple, elle contribue à la réforme du mode de vie des femmes : cheveux courts, bronzée, elle s'affiche en tenue décontractée, en pyjama de plage ou encore en pantalon à pont, la tête couverte d'une casquette de yachting. Elle conçoit, sans jamais les dessiner, des ensembles d'une grande simplicité et d'informels tailleurs de jersey, mais son ambition est plus vaste : imposer au monde une conception de l'élégance qui verrait triompher la personnalité de la femme. Ainsi, très tôt, s'intéresse-t-elle à tout ce qui vient compléter l'habillement. « Le parfum, c'est ce qu'il y a de plus important », disait-elle en citant Paul Valéry : « Une femme mal parfumée n'a pas d'avenir ! » Dès 1921, elle lance son premier parfum intitulé « Chanel no 5 », créé par Ernest Beaux, qui marque le début d'une activité prolifique et lucrative, dont l'actuelle Maison Chanel a conservé la tradition. En 1924, à l'heure où les femmes commencent à oser se farder en plein jour, Chanel, à la pointe de la modernité, imagine une ligne de soins et de maquillage.
La couturière puise son inspiration dans l'univers mouvementé de ses conquêtes amoureuses. En 1920, sa liaison avec le grand-duc Dimitri donne un tour russe aux robes-chemises qu'elle fait broder de motifs slaves. Avec le duc de Westminster, de 1924 à 1931, elle découvre l'élégance et le confort anglais : le tweed, le chandail, la veste masculine, la pelisse qui feront désormais partie de ses collections. En 1926, lasse des débordements outranciers, des perles et des paillettes des années folles, elle propose pour le soir une petite robe noire, une « Ford signée Chanel » comme la qualifie le Vogue américain qui, immédiatement, pressent son incroyable destinée. Pratique et passe-partout, cette robe courte, sobre mais raffinée, se retrouvera dans toutes les garde-robes. Paul Poiret accuse la couturière de se complaire dans le misérabilisme de luxe, de transformer les femmes en « petits télégraphistes sous-alimentés... »
Mais dans la farouche concurrence qui l'oppose à Madeleine Vionnet puis, plus tard, à la redoutable Elsa Schiaparelli, Chanel prouve qu'elle sait aussi s'adonner au luxe le plus effréné. Lorsque la mode se « féminise » et gagne en sophistication au début des années 1930, elle crée des robes de mousseline diaphanes et fluides qui gainent le corps, d'arachnéennes robes du soir de tulle ou de dentelle, ou encore, en 1938, une robe « gitane » qui fait le tour du monde. En pleine crise économique, elle élabore avec Paul Iribe, en 1932, une collection de bijoux de diamants qu'elle expose dans ses salons. Le bénéfice des entrées est versé à une œuvre caritative. Chanel n'accorde aucune importance à la valeur des bijoux. Ils ne doivent pas servir à afficher la richesse, mais à orner la femme. Il lui importe de compléter la fausse pauvreté des vêtements par l'opulence factice de l'ornement, de rompre la sévérité de ses tenues par une profusion de bijoux fantaisie d'inspiration baroque, qu'elle réalise avec le comte Étienne de Beaumont, avec Fulco di Verdura ou Madame Gripoix et, après la Seconde Guerre mondiale, avec Robert Goossens.
L'émancipation du corps de la femme
À l'annonce de la Seconde Guerre mondiale, cette femme au parcours singulier, reconnue dans le monde entier et qui a su donner ses lettres de noblesse à toute une profession ferme sa maison de couture et demeure au Ritz. Après une retraite en Suisse d'une quinzaine d'années, Chanel, qui a 71 ans, mais comprend mieux que quiconque les exigences d'une vie active, rouvre sa maison en 1954. À la suprématie du new look affichée par Christian Dior, qu'elle juge rétrograde, à cette féminité outrée qui restaure les crinolines et les corsets, elle oppose son petit tailleur. Les Américains applaudissent à la modernité de ses propositions, mais la presse française la conspue, tout en reconnaissant son erreur dès la saison suivante. Triomphante, Chanel se trouve alors en parfaite adéquation avec les aspirations de son temps : ce qui, en 1954, était qualifié « d'avant-garde » sera, la saison suivante, promu au rang enviable de « classique ».
Seconde peau, ce tailleur se porte en toutes circonstances, hiver comme été. C'est un ensemble de vêtements organiquement conçus pour permettre l'aisance du mouvement, clé de voûte de l'élégance. La veste, dénuée de col, doit être aussi souple qu'un cardigan, et la jupe portefeuille, frisant le genou, ne doit ni serrer la taille ni entraver la marche. Les poches servent à y mettre les mains et les boutons à boutonner. Même la ganse dont s'orne la veste a sa fonctionnalité : elle évite la surépaisseur de l'ourlet. L'ensemble en tweed doublé d'un matelassage de soie, fini à l'intérieur par une chaîne dorée qui vient plomber la veste, ne prend forme que sur le corps. À ce costume exclusivement réalisé sur mesure, toujours pareil et pourtant chaque fois différent, s'ajoutent des accessoires devenus emblématiques de la Maison : le sac en bandoulière, matelassé, à chaîne dorée, le catogan, le camélia, les bijoux et sandales bicolores qui affinent la jambe. Chacun de ces accessoires est élaboré en collaboration avec des artisans hautement spécialisés qui, menacés de disparaître, ont été repris par l'actuelle Maison Chanel : le bottier Massaro, le parurier Desrues, le plumassier Lemarié, le brodeur Lesage, la Maison Guillet (fleurs), le bijoutier Goossens ainsi que le modiste Michel, artisans qui ont contribué à la définition non d'une mode mais d'un style et d'un véritable art de vivre où règnent décontraction et bien-être.
À sa mort, en 1971, Mademoiselle Chanel laisse un véritable empire. Ses premiers d'atelier assurent la continuité de la haute couture, dans le plus grand respect de son œuvre. Un département de prêt-à-porter est institué en 1978. La direction revient au styliste Philippe Guibourgé avant que Karl Lagerfeld ne devienne, en 1983, le directeur artistique des collections de haute couture, de prêt-à-porter et d'accessoires. Évinçant le respect qui fige toute créativité, Karl Lagerfeld revisite tout l'héritage laissé par la Grande Mademoiselle. Sans cesse, par ses créations irrévérencieuses, il rajeunit l'image de ses clientes. En cela, il est fidèle à l'esprit même de Chanel : il est en parfaite concordance avec son temps. Catherine Ormen

Sa vie

Née le 19 août 1883 à l'hospice de Saumur tenu par les Sœurs de la Providence, Gabrielle Chanel est issue d'une lignée de marchands forains cévenols, de Ponteils-et-Brésis près d'Alès. Née hors mariage, elle est la seconde fille d'Henri-Albert Chasnel connu sous le prénom d'Albert, un camelot originaire du Gard et d'Eugénie Jeanne Devolle connue sous le prénom de Jeanne, couturière originaire de Courpière, tous deux établis à Saumur et qui se marient un an après sa naissance, le 17 novembre 1884.
Jeanne Devolle lui donne cinq frères et sœurs : Julia-Berthe 1882-1912, qui aurait laissé à son suicide un fils, André Palasse, dont Gabrielle s'occupera, à moins qu'il ne s'agisse du propre fils de la couturière, Antoinette 1887-1920, Alphonse 1885-1953, Lucien 1889-1941 et Augustin mort en enfance. Très peu d'éléments sont connus sur l'enfance de Chanel, sur laquelle elle ne dira rien, si ce n'est qu'elle s'est murée dans la solitude et ne s'est pas sentie aimée par son père aigri, qui reprochait à son épouse chétive et ses enfants de l'avoir empêché de mener la vie de succès dont il rêvait. Cela n'empêche pas Gabrielle de vouer une véritable adoration à ce père bourru, volage et souvent absent.
La mère de Chanel meurt le 16 février 1895 à l'âge de 32 ans, épuisée par des grossesses successives, la tuberculose et le travail qu'elle effectue sur les marchés de Paris dans le froid. La jeune fille n'a alors que douze ans.
Son père la place alors avec ses deux sœurs dans l'orphelinat de l'abbaye cistercienne d'Aubazine en Corrèze. C'est probablement de cet abandon et pour faire taire les réflexions de ses camarades que « prend racine la véritable mythomanie de Gabrielle, qui s'invente un père aventurier, négociant en vins parti faire fortune à New York et lui faisant de somptueux cadeaux. Parallèlement, son père confie Alphonse et Lucien à l'Assistance publique, qui les place comme garçons à tout faire dans des familles de cultivateurs.
À l'orphelinat, elle apprend la couture et mène une vie austère et rigoureuse pendant six années qui marqueront profondément le style de la future styliste. Elle se serait inspirée du lieu pour créer des vêtements aux lignes épurées harmonieuses à l'instar de l'architecture sobre et géométrique de l'abbaye ou des vêtements qu'elle portait, col blanc, lavallière et jupe sombre, aux couleurs neutres noir et blanc comme les uniformes des sœurs et des pensionnaires dont la robe de bure leur permet de se mouvoir à l'envie ; beige comme les couleurs des murs ou pour former son logo voir les pavements anciens des sols et les C entrelacés des vitraux de l'abbatiale.
N'aspirant pas au noviciat, à 18 ans Chanel est confiée aux dames chanoinesses de l'Institut Notre-Dame de Moulins, où elle se perfectionne dans le métier de couseuse. Elle retrouve dans cette pension de jeunes filles sa tante Adrienne, qui a presque le même âge et, surtout, la même ambition de sortir de sa condition. En 1903, aptes à manier le fil et l'aiguille, les dames chanoinesses les placent en qualité de couseuses à la Maison Grampayre, atelier de couture spécialisé en trousseaux et layettes.

Gabrielle devient Coco

Vers 1907-1908, très courtisée, Chanel ne veut pas partager le sort anonyme des cousettes, et recherche un avenir meilleur. Lors d'un voyage à Vichy chez son oncle, elle se met à poser sur la scène du beuglant de La Rotonde à Moulins, un café-concert où elle fait ses premières apparitions, silencieuses. La Rotonde est notamment fréquentée par les officiers du 10e régiment de chasseurs à cheval stationné dans la capitale bourbonnaise. Aujourd'hui y est installé le Centre national de costume de scène.
Bientôt, elle ose pousser la chansonnette et se met à rêver de music-hall. Âgée de vingt-quatre ans, elle se produit en spectacle devant les officiers qui la surnomment Coco, parce qu'elle a pour habitude de chanter Qui qu'a vu Coco dans l'Trocadéro ? paroles Félix Baumaine et Charles Blondelet, musique Édouard Deransart.
Convoitée par de nombreux jeunes garçons fortunés ou titrés, elle séduit le riche Étienne Balsan, officier, homme du monde qui vient de quitter l'armée pour se consacrer à l'élevage de chevaux et aux courses. Il lui fait découvrir la vie de château au domaine de Royallieu près de Compiègne, resté célèbre pour son histoire pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est peut-être son amant, mais en tout cas son ami pour toujours.
Pendant près d'un an elle apprend les codes et les usages de la haute société, mais l’idylle ne dure que quelques mois : elle se rend compte qu’elle ne l’aime plus, elle s'ennuie et pleure. Elle a vingt-cinq ans et nulle part où aller. Sa première révolution vestimentaire, elle l'invente avec les tenues équestres qu'elle porte à cheval, non pas en robe amazone mais en jodhpurs de peau, cravate et bandeau dans les cheveux.
La fréquentation des relations de Balsan lui font cependant rencontrer un futur grand amour, l'Anglais Arthur Capel, surnommé Boy Celui-ci est un homme d'affaires qui fera fortune dans les frets charbonniers durant la Grande Guerre, et un homme de cheval possédant une écurie de polo. Ce sera un amour irrégulier il épousera malgré tout une Anglaise et sincère qui durera dix ans, jusqu'à un accident de voiture en 1919 auquel il ne survivra pas.

Une modiste à contre-couran

Gabrielle Chanel ne reste cependant pas inactive. Mettant à profit les rudiments, enseignés à Moulins, du maniement du fil et de l’aiguille et de l’initiation prodiguée par Lucienne Rabaté, célèbre modiste du moment, elle se confectionne de petits chapeaux originaux qu’elle pose très bas sur son front. Pour assister aux mondaines courses de chevaux, elle n’arbore pas les robes des grands couturiers mais ses propres réalisations. Jeune femme charmante mais au style décalé, tantôt écolière en tenue sage noire et blanche, tantôt garçonne n’hésitant pas à porter polo, cardigan, jodhpurs et pantalons, elle invente déjà un nouveau style, une nouvelle allure. Ses créations avant-gardistes, très sobres, contrastent avec celles que portent les élégantes de l’époque.
En 1909, sur les conseils de Boy Capel, son artisanat débute boulevard Malesherbes, dans la garçonnière parisienne de son protecteur Étienne Balsan. Les chapeaux qu'elle propose à ses clientes sont des déclinaisons de ceux qu'elle fabrique pour elle-même et qui, au château de Royallieu, près de Compiègne, ont séduit ses amies, des demi-mondaines qui fréquentaient le lieu. Balsan ne croit pas à un succès commercial.
N'ayant pas de formation technique, ni d'outils de fabrication, dans un premier temps Chanel achète ses formes de chapeaux dans les grands magasins puis les garnit elle-même, avant de les revendre. La nouveauté et l'élégance de son style font que, très vite, elle doit faire appel à sa cousine Adrienne et à sa sœur Antoinette pour la seconder. Ses créations de chapeaux, débarrassées des grandes plumes d'autruches ou autres froufrous volumineux, commencent à être appréciées pour leur simplicité et leur sophistication.

Ouverture des premières boutiques

Devenue la compagne de Boy Capel, Coco Chanel développe ses activités grâce à son aide. En 1910, son amant britannique lui prête les fonds nécessaires à l'achat d'une patente et à l'ouverture d'un salon de modiste au 21 rue Cambon à Paris, sous le nom de CHANEL MODES. À l’été 1913, alors que le couple séjourne à Deauville, Boy Capel loue une boutique entre le casino et l’hôtel Normandy. Comme à Paris, elle est modiste mais l’enseigne est changée en mentionnant son nom complet : GABRIELLE CHANEL ; la boutique connaît un succès certain. En 1915 à Biarritz, elle ouvre sa troisième boutique et première vraie maison de couture. Suivant son inspiration, elle raccourcit les jupes et supprime la taille. À l'instar de Paul Poiret qui supprima le corset en 1906, elle veut libérer le corps de la femme. Ses boutiques bénéficient de la clientèle de la société fortunée qui s’est repliée pendant la guerre dans ces deux stations balnéaires.

Naissance d'un style : la reine du genre pauvre

Dès 1915, l'étoffe manquant, elle taille des robes de sport à partir des maillots de garçons-d'écurie en jersey, ces tricots de corps pour les soldats, qu'elle a depuis longtemps adoptés. Libérant le corps, abandonnant la taille, Chanel annonce cette silhouette neuve qui lui vaudra sa réputation. Pour s'y conformer, les femmes s'efforcent d'être maigres comme Coco, qui devient une des premières femmes aux cheveux courts à créer des vêtements simples et pratiques, s’inspirant d'une vie dynamique et sportive et jouant avec les codes féminins/masculins.
En 1916, elle utilise Adrienne comme mannequin à Deauville, qui est alors un lieu de villégiature à la mode. Elle-même s'y promène, testant ainsi sous les yeux d'aristocrates européennes, couvertes d'apparat et maintenues dans des corsets rigides, ses nouvelles tenues qui contrastent par leur simplicité et leur confort. La pénurie de tissus due à la Première Guerre mondiale, ainsi que le manque relatif de main-d'œuvre domestique ont créé de nouveaux besoins pour les femmes de ce milieu, et Chanel perçoit ces besoins. Elle achète à Rodier des pièces entières d'un jersey utilisé à l'époque uniquement pour les sous-vêtements masculins, et lance la marinière.
En 1918, immédiatement après la guerre, elle commence à édifier peu à peu l’une des maisons de couture les plus importantes de l’époque, qui emploie plus de 300 ouvrières, et rembourse enfin Boy Capel, refusant le statut de femme entretenue La guerre terminée, Boy doit prendre femme, selon les règles de l'aristocratie anglaise, et Chanel en éprouve une insupportable humiliation. Mais, comme sa mère, elle acceptera cette situation et continuera d'aimer Boy. La nuit du 22 décembre 1919, elle apprend qu'il s'est tué la veille au volant de son automobile. En perdant Capel, je perdais tout avouera-t-elle 50 ans plus tard.
La mort de son amant l'affecte profondément, et pour ne pas sombrer dans le chagrin Chanel se raccroche à son travail. Cette attitude sera payante, car le succès de ses modèles va grandissant et l'incite à développer encore sa maison.

Élève-décoratrice de José-Maria Sert

Après avoir habité sur les hauteurs de Garches une villa au crépi beige et aux volets noirs, couleurs qui auraient scandalisé ses voisins et qui devinrent ses couleurs fétiches en décoration, elle déménage et se rapproche de la rue Cambon. Chanel loue vers 1919 l'immense Hôtel de Rohan-Montbazon, 29, rue du Faubourg-Saint-Honoré, édifié par Lassurance en 1719 pour la duchesse de Rohan-Montbazon, où elle installe un piano et quelques chaises. Trouvant les boiseries d'un vert passé couleur pois cassé — que le bail lui interdit de toucher — elle les fait recouvrir de grandes glaces. Le peintre et décorateur José Maria Sert et Misia, sa polonaise d'un désordre admirable, l'aident à meubler et décorer les pièces dans un genre baroque qu'elle adopta dans ses résidences successives : miroirs, paravents en laque de Coromandel, canapés en bois doré, lampes faites de boules inégales de cristal de Bohême, lustres à pampilles, potiches chinoises, reliures anciennes, girandoles et torses antiques sur les cheminées.
Misia Sert et Picasso y eurent leur chambre, Stravinski composa sur le piano du salon les danses andalouses Cuadro flamenco, et Diaghilev faisait répéter Garrotin, une naine danseuse venue de Séville, dans la salle à manger.

Le succès continue

Dès 1921 à Paris, à côté de la luxueuse place Vendôme, Coco Chanel annexe en quelques années les numéros 27, 29 et enfin 31 de la rue Cambon. Une adresse où se trouve aujourd'hui encore la célèbre maison de couture qui porte son nom. Elle dispose en outre de ses propres fabriques de tissus en Normandie et s'associe avec les propriétaires de la marque Bourjois — les frères Wertheimer — afin de diffuser commercialement ses parfums.
Ses liaisons masculines lui donnent souvent des motifs d’inspiration, c’est ainsi qu’elle crée des robes à motifs slaves lorsqu'elle a une liaison amoureuse avec le Grand-duc Dimitri Pavlovitch de Russie, cousin du dernier tsar de Russie en exil qui lui aurait inspiré la forme du flacon de son célèbre N° 5 flasque de vodka des troupes russes. Elle est aussi la maîtresse du poète Pierre Reverdy, qui édite des aphorismes et citations de la couturière, avant que celui-ci de plus en plus mystique ne se retire à l'abbaye de Solesmes. Son amant Paul Iribe travaille pour elle en tant que créateur de meubles tandis que son ami François Hugo arrière-petit-fils de Victor Hugo lui dessine des faux bijoux notamment des boutons en métal.

Elle héberge Igor Stravinski et les siens pendant deux ans à Garches.

Plus tard, elle emprunte à son nouvel amant, le duc de Westminster, réputé l’homme le plus riche d’Angleterre, des éléments de costume masculin, comme le chandail, la pelisse, le béret de marin ou la veste en tweed. Elle les adapte ensuite à la panoplie vestimentaire féminine, qu’elle souhaite moderne et dynamique, alliant le confort à l’élégance.
Elle est l'une des premières à lancer la mode des cheveux courts, et s’oppose résolument à la sophistication prônée par Paul Poiret qui accusait Chanel de transformer les femmes en petites télégraphistes sous-alimentées. D'après la mini-série Coco Chanel, elle aurait répliqué en disant qu'elle ne voulait pas de femmes ayant l'air d’
esclaves échappées de leur harem, en se référant à la mode orientaliste de l'époque. Chanel privilégie une simplicité très étudiée, des tenues pratiques, comme le pyjama, à porter sur la plage comme en soirée ; les premiers pantalons, la jupe plissée courte, le tailleur orné de poches. Une mode qui s'inspire du vêtement de sport des lieux balnéaires golf, tennis, plage, nautisme. Elle propose des cardigans en maille jersey sur des jupes courtes, le tout surmonté d'un chapeau cloche. De même les robes de soirée taille basse s'arrêtant au-dessus du genou, que l'on peut associer aux danses charleston populaires entre 1925 et 1935.
En 1926, la célèbre petite robe noire couleur jusqu’alors exclusivement réservée au deuil, fourreau droit sans col à manches 3/4, tube noir en crêpe de Chine, correspondent parfaitement à la mode garçonne effaçant les formes du corps féminin. Maintes fois copiée, cette Ford signée Chanel faisant référence à la populaire voiture américaine, ainsi que devait la qualifier le magazine Vogue, deviendra un classique de la garde-robe féminine des années 1920 et 30.
Récusant le qualificatif de genre pauvre souvent accolé à ses créations, Chanel veut distinguer la sobriété du dépouillement : si la toilette féminine doit être simple, elle doit en revanche être agrémentée d’accessoires. Chanel recourt, par exemple, à de faux bijoux mêlant pierres semi-précieuses, strass et fausses perles, ainsi qu’à des bracelets ornés d’un motif croix de Malte, ou encore à des broches d’inspiration byzantine ou à motifs d’animaux, de fleurs ou de coquillages. Étienne de Beaumont, Paul Iribe et surtout, entre 1929 et 1937, Fulco di Verdura, ont donné à ces faux bijoux une identité reconnaissable.
En 1927, Gabrielle Chanel fait construire à Roquebrune-Cap-Martin une maison appelée La Pausa. Elle demande à l'architecte Robert Streitz de la dessiner en intégrant quelques éléments, l'escalier et le cloître, rappelant son enfance à l'orphelinat d'Aubazine. Elle la meuble essentiellement de mobilier anglais et espagnol du XVIe et XVIIe siècles. Elle y accueille le duc de Westminster, Jean Cocteau, Pierre Reverdy, Paul Iribe, Salvador Dalí, Luchino Visconti ; une partie de la maison a été recréée au Dallas Museum of Art lors de la donation de la collection Reves. Son mobilier est désormais conservé au Dallas Museum of Art.

Un cercle d'amis artistes

Misia Sert, rencontrée en 1919 chez son amie Cécile Sorel, sera la meilleure amie de Chanel pendant l'entre-deux-guerres. Misia tenait un salon où elle recevait l'élite culturelle et artistique de Paris ; elle a introduit Chanel dans ce milieu.
Égérie de nombreux peintres et musiciens du début du XXe siècle Toulouse-Lautrec, Pierre Bonnard, Odilon Redon et Auguste Renoir, Misia Sert se fait connaître dans le milieu artistique parisien par ses talents de pianiste (elle était élève de Fauré et par sa beauté. Elle fréquente Stéphane Mallarmé et Marcel Proust, puis Erik Satie, Colette, elle se lie avec Serge Diaghilev, Picasso, Cocteau et Serge Lifar et avec le secrétaire général du Quai d'Orsay Philippe Berthelot. Les journalistes la surnomment la Reine de Paris.
La proximité de Chanel avec les artistes a été constante. En 1924, elle réalise les costumes du Train Bleu, ballet de Bronislava Nijinska sur un livret de Cocteau et une partition de Darius Milhaud, créé par les Ballets russes de Serge Diaghilev. Elle était une personnalité du Tout-Paris, amie de Cocteau, pour lequel elle créera des costumes de scène : Œdipe roi 1937 et Antigone 1943. Elle soutint financièrement Serge Diaghilev dans le besoin et régla ses funérailles à l'île San Michele de Venise. Jeanne Toussaint est sa fidèle amie qui a toujours été là quand elle avait besoin.
Elle réalise également des costumes pour le cinéma, notamment, en 1939, pour La Règle du jeu de Jean Renoir. On lui prête, en suivant Misia Sert, une liaison amoureuse avec le poète Pierre Reverdy à la fin des années 1930.

L'Empire Chanel

Parallèlement, Chanel est la première couturière à lancer ses propres parfums. Avec l’aide de son parfumeur Ernest Beaux qui conçoit : N° 5 1921, qui connaîtra une célébrité mondiale, mais aussi No22 1922, Gardénia 1925, Bois des Îles 1926 et Cuir de Russie 1926. Pour diffuser internationalement son produit, Chanel fait appel à l'expérience commerciale des frères Pierre et Paul Wertheimer qui dès 1924 possèdent 70 % des parfums Chanel. Leurs descendants Alain et Gérard Wertheimer possèdent l'intégralité de la maison Chanel aujourd'hui.
De 1927 à 1944, Chanel séjourne régulièrement au château de Corbère-Abères dans le Béarn pour poursuivre son travail à l'aide de ses cousettes. Elle s’adaptera aux mutations des années 1930, au cours desquelles elle devra affronter à la fois les revendications sociales de ses ouvrières et l’étoile montante de la Haute Couture parisienne qu'était Elsa Schiaparelli. Privilégiant alors une silhouette plus épurée, Chanel présente notamment des robes du soir légères et transparentes en mousseline de soie, en tulle ou en laize de dentelle, le plus souvent dans des couleurs faussement neutres blanc, noir ou beige, parfois brodées de perles ou de strass. Comportant une combinaison cousue à l’intérieur, la coupe très simple de ces robes permet à la femme du monde de s’habiller sans l’assistance d’une domestique. Un peu plus tard, elle crée les premières robes à balconnet, puis en 1937, le style gitane.
Chanel ne se déplaçait jamais sans ses perles, et avait un goût très prononcé pour les bijoux. Dès 1924, elle ouvre un atelier de bijoux fantaisie. Étienne de Beaumont puis le duc Fulco de Verdura contribuent au développement des bijoux de la maison.
Mais c'est en 1932 que Gabrielle Chanel défraie à nouveau la chronique. À la demande de la Guilde internationale du diamant, Chanel crée Bijoux de Diamants, sa première collection de haute joaillerie. Les diamants sont montés sur platine, une extravagance après le krach de 1929.
En 1939, elle était alors à la tête d'une entreprise de 4 000 ouvrières qui fournissaient 28 000 commandes par an.

Occupation allemande et collaboration

À l’annonce de la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, elle présente une collection « bleu-blanc-rouge » patriote puis ferme subitement sa maison de couture et licencie l'intégralité du personnel 4 000 ouvrières qui confectionnaient annuellement 25 000 modèles, les mettant toutes à la porte. Ainsi, cette annonce de la guerre donne à Chanel l'opportunité de représailles envers ses ouvrières qui, revendiquant de meilleurs salaires et conditions de travail, avaient osé arrêter le travail lors d'une grande grève nationale en 1936.
Chanel se consacre alors uniquement à son activité dans le domaine des parfums dont la boutique reste ouverte. Profitant de la confusion et des lois antisémites, elle tente de récupérer la marque de parfum N° 5, car la célèbre fragrance dont elle ne détient les droits qu’à hauteur de 10 % est en fait la propriété d'une famille juive, les Wertheimer.
Le 5 mai 1941, elle réclame aux autorités allemandes la propriété des Parfums Chanel, assurant qu'ils sont toujours la propriété de Juifs, et qu'ils ont été légalement abandonnés par leurs propriétaires les Wertheimer étant alors réfugiés aux États-Unis. Elle fait valoir un droit indiscutable de priorité, et demande réparation pour les préjudices subis pendant ces dix-sept années.
Cependant cette demande n'aboutira pas, Chanel ignorant que les Wertheimer, anticipant les lois nazies, ont fait passer légalement le contrôle des Parfums Chanel entre les mains de leur ami Félix Amiot, qui leur rendra après la guerre.
Ayant séjourné dans l'hôtel Ritz dès les années 1920, elle y loue une suite au troisième étage en 1937. Bien que l'hôtel réquisitionné soit devenu le quartier général de la Luftwaffe en 1940, elle dispose néanmoins d'une suite où elle vit durant la Seconde Guerre mondiale de 1941 à 1944 avec Hans Günther von Dincklage le baron Spatz. Cet ancien attaché d'ambassade allemand appartenait au renseignement militaire allemand, l'Abwehr, selon plusieurs sources, Edmonde Charles-Roux voyant plus en lui un agent d'influence mondain à Paris chargé de favoriser la collaboration. Ils auront une longue liaison amoureuse, qui se poursuivra après la fin de la guerre.
La biographie du journaliste Hal W. Vaughan , s'appuyant notamment sur des archives allemandes et du MI6 déclassifiées, révèle qu'elle fut recrutée comme espionne de l'Abwehr, devenant l'agent F-7124 sous le nom de code Westminster, en référence à son ancien amant le duc de Westminster, ce que confirme une fiche récemment déclassifiée des archives de la Préfecture de police de Paris, concernant Gabrielle Chanel et portant le même numéro d'agent et le même nom de code36. Chanel a été recrutée par le lieutenant Hermann Niebuhr qui l'a mise en relation avec le baron Louis de Vaufreland, ancien agent français de la Gestapo au Maroc et recruteur d'espions allemands, et l'a envoyée en mission en Espagne dès 1941.
En 1943, les Nazis tablant sur sa relation passée avec le duc de Westminster et son amitié avec Churchill, Chanel est chargée d'œuvrer en faveur de la conclusion d'une paix séparée entre l'Allemagne nazie et la Grande-Bretagne. Par l'intermédiaire de Walter Schellenberg, SS-Brigadeführer chef de la section espionnage du RSHA qu'elle rencontre à Berlin en avril 1943 et qu'elle aidera financièrement après son emprisonnement, et d'une amie membre de la famille Windsor, Vera Bate Lombardi, elle doit faire parvenir à Churchill une lettre qu'elle lui a rédigée, via l'ambassade de Grande-Bretagne à Madrid. L'opération baptisée Modellhut, Chapeau de couture en allemand échouera, car Lombardi dès son arrivée à Londres dénoncera Chanel et d'autres complices comme étant des espions nazis.
Hal Vaughansoutient également que Coco Chanel a été d’un antisémitisme féroce : mariée, dit-il, bien que Chanel ne l'ait pas épousé, il fut son amant vraisemblablement entre 1933 et 1935 à Paul Iribe, antisémite notoire, elle distinguait les Israélites comme les Rothschild qu'elle fréquentait et les youpins. Un ancien proche déclare à ce propos : Juif ou pas, elle s’en foutait. C’était une égocentrique qui n’avait aucune empathie pour le genre humain, qui méprisait les Allemands autant que les résistants et de Gaulle. Le groupe Chanel dément l'accusation d'antisémitisme, tout en reconnaissant une part de mystère chez sa fondatrice au sujet des révélations sur son passé.

L'après-guerre, l'exil en Suisse

En septembre 1944 à la Libération, Coco Chanel est brièvement interrogée par un comité d'épuration des Forces françaises de l'intérieur FFI mais relâchée deux heures après ; Winston Churchill, qu'elle connut en 1927 lors de sa liaison avec le duc de Westminster, serait intervenu en sa faveur. La réalité de ce point fait toujours débat, notamment sur le fait que Churchill aurait pu vouloir protéger certains hauts responsables britanniques, membres de l'élite ou de la famille royale, contre des témoignages de leurs sympathies et agissements pro-nazis lors d'un éventuel procès. Néanmoins, on peut souligner que les membres du comité d'épuration ne disposaient alors d'aucune des pièces ni des éléments concernant la collaboration de Chanel tels qu'ils sont connus aujourd'hui, ce qui peut expliquer leur décision.
Elle s'installe alors en Suisse, sur les hauts de Lausanne, au bord du lac Léman, où elle restera pendant 10 ans, tout en séjournant encore occasionnellement à Paris. Elle se fait soigner à la clinique Valmont, et l'on peut souvent la rencontrer au salon de thé Steffen, sur les hauts de Montreux, lieu de rencontre de nombreuses célébrités.
Pendant ce temps, à Paris, le « New Look » de Christian Dior fait fureur : taille de guêpe et seins « pigeonnants » obtenus par la pose d'un corset ou d'une guêpière. Elle est effondrée, tout son travail de libération du corps de la femme semblant alors réduit à néant.

Le retour à Paris, le triomphe du tailleur en tweed gansé

Pourtant, en 1954, âgée de 71 ans, Chanel accepte de rouvrir sa maison sur l'insistance de ses commanditaires, les frères Wertheimer — qu'elle tenta de déposséder pendant l'Occupation — qui comptent sur sa présence pour relancer la vente des parfums. Elle renoue avec la création mais sa première collection est mal accueillie, car elle s’inscrit à contre-courant du style de Christian Dior. Face aux balconnets et aux formes bouffantes qui font le succès de ce style après-guerre, Chanel veut imposer de nouveau des robes près du corps et une silhouette androgyne.
Le tailleur de tweed, complété par une blouse de soie, des chaussures bicolores et un sac matelassé à chaîne dorée — le 2.55 —, composent le nouveau style Chanel qui deviendra un classique, souvent copié.
Les vêtements Chanel sont portés par les actrices du moment, notamment Romy Schneider ou Jeanne Moreau dans Les Amants 1958 de Louis Malle, et Delphine Seyrig dans L'Année dernière à Marienbad 1961 d’Alain Resnais. Jackie Kennedy portait un tailleur Chanel rose lors de l'assassinat de son mari John F. Kennedy.
En 1957, elle reçoit à Dallas un Oscar de la mode. Marilyn Monroe contribue à cette consécration en affirmant qu'elle ne porte, la nuit, que quelques gouttes de N° 5.
À partir de 1954, la création de bijoux est confiée à Robert Goossens. Parallèlement, de nouveaux parfums sont créés sous l’impulsion d’Henri Robert, nouveau « nez » de la maison, qui lance Pour Monsieur 1955, N° 19 1970 et Cristalle 1974.
Chanel reçoit ses connaissances et clients dans l'appartement de deux pièces situé au deuxième étage de sa maison de couture, mais réside dans une suite de l'hôtel Ritz, situé à côté de la maison Chanel.
Les années soixante voient apparaître la mode de la minijupe, popularisée par Mary Quant et André Courrèges, mais Chanel s'y opposera et ne relèvera pas la jupe au-dessus du genou, car elle pense que les genoux sont laids. Elle ne touchera pas à son classique tailleur avec des jupes sous le genou, et restera insensible à la mode de l'époque et aux influences anglo-saxonnes véhiculées par la musique pop.
Les défilés de haute couture se déroulent dans les salons du 1er étage du 31, rue Cambon, où Chanel les suit assise sur les marches de l'escalier qui mène à l'étage supérieur, d'où elle observe les réactions de ses clientes par le biais des miroirs qui tapissent les parois de l'escalier.

Fin de carrière

Avec les événements de mai 1968, la vague hippie change la donne de la mode. Chanel affirmait que les modes n’étaient bonnes que lorsqu’elles descendaient dans la rue, et pas quand elles en venaient. Chanel devient tyrannique, s’enferme dans son monde fait d’essayages, de défilés, de mannequins et de courtisanes. Edmonde Charles-Roux écrit : Jamais Chanel n'aima avouer que son art de vivre était fait de recettes empruntées à Sert. La violence qu'elle apportait à le nier la dénonçait. À 80 ans passés, l'âge où sa rage d'imposture s'était développée jusqu'au délire.. Sèche et acariâtre, elle est très seule, accompagnée dans ses dernières années parfois par Jacques Chazot et surtout par sa confidente de longue date, Lilou Marquand. Elle déteste la jeunesse en minijupe ou en blue-jean, crache sur le féminisme. Elle souffre de blessures intimes jamais cicatrisées que masque mal sa réputation de « femme de fer » ne montrant pas son désespoir. Aimée de Heeren était une amie fidèle, avec laquelle elle partageait de bons souvenirs du duc Hugh Grosvenor.
Le 10 janvier 1971, à l'âge de 87 ans, elle meurt de vieillesse dans sa suite de l'hôtel Ritz à Paris. Elle est enterrée au cimetière du Bois-de-Vaux, section 9, à Lausanne en Suisse, dans une tombe qu'elle a elle-même dessinée, réalisée par Jacques Labrunie, mari de sa petite-nièce Gabrielle Palasse-Labrunie, sa seule descendante directe. Dans son testament rédigé le 11 octobre 1965, Chanel lègue sa fortune estimée par la presse à 10 millions de dollars de l'époque à la fondation Coga initiales de Coco et Gabrielle administrée par Gabrielle Palasse-Labrunie et des avocats suisses, chargée de verser des rentes à ses proches, ses employés ou des artistes.

Anecdotes

C'est Coco Chanel qui lança la mode des peaux bronzées, après un bronzage accidentel lors de ses vacances en mer du Nord, alors qu'avant les peaux claires étaient à la mode. À la fin de sa vie, elle reviendra sur cette mode en insistant sur l'aspect dangereux de trop fortes expositions au soleil.
Ses intimes la surnommaient « Mademoiselle ».
De 1955 à sa mort, elle se rendait à son travail presque quotidiennement vêtue d'un imperméable attaché à la taille qu'elle nommait « caoutchouc ».
Elle fait partie des cent personnalités les plus marquantes du xxe siècle, selon un classement du magazine Time réalisé en 1999.

Citations

« Si vous êtes née sans ailes, ne faites rien pour les empêcher de pousser. »
« C'est la solitude qui m'a trempé le caractère, que j'ai mauvais, bronzé l'âme, que j'ai fière, et le corps, que j'ai solide. »
« C'est avec ce qui ne s'apprend pas qu'on réussit. »
(propos que lui prête P.Morand dans "L'allure de Chanel", 1976
« Si une femme est mal habillée, on remarque sa robe mais si elle est impeccablement vêtue, c'est elle que l'on remarque »
« Je ne fais pas la mode, je suis la mode. »
« J’ai rendu au corps des femmes sa liberté ; ce corps suait dans des habits de parade, sous les dentelles, les corsets, les dessous, le rembourrage. »
« Quand on me demande mon âge, je réponds : Après 50 ans, ça dépend des jours. »48
« La mode se démode, le style jamais. »
« Chanel est d'abord un style. La mode se démode. Le style, jamais. »
« Avec les accessoires, le plus important c’est de toujours enlever le dernier que l’on a ajouté. »
« Une femme sans parfum est une femme sans avenir. »

Postérité

Dans la boutique Chanel, 31 rue Cambon, un escalier Art déco escalier célèbre tapissé de centaine de miroirs et aux marches en moquette couleur beige-sable, gansées de cuir blanc mène à son appartement trois-pièces situé au second étage. Ce lieu se visite si l'on est bonne cliente ou journaliste. Resté tel qu’elle l’avait décoré, il est marqué par son opulence huit paravents de Coromandel sur pieds ou cloués au mur, tentures de soie recouvertes d'or, sofa en suède aux coussins matelassés et surpiqués préfigurant peut-être le sac 2.55 de Chanel, chaise de nourrice sur laquelle elle travailla toute sa vie, lustres aux pampilles en cristal de roche, quartz et améthyste, nombreux bibelots.

Cinématographie

1981 : Chanel solitaire est un film franco-britannique réalisé par George Kaczender
2008 : Coco Chanel est une télésuite en deux épisodes ; une coproduction européenne, dans laquelle Shirley MacLaine incarne la couturière de retour de Suisse, à 71 ans, et Barbora Bobulova campe Coco Chanel à partir de ses 18 ans.
2009 : Coco avant Chanel, film réalisé par Anne Fontaine. Audrey Tautou interprète la jeune Coco Chanel.
2009 : Coco Chanel et Igor Stravinsky, film réalisé par Jan Kounen, avec Anna Mouglalis qui interprète Mademoiselle Chanel, relate sa relation amoureuse avec le compositeur Igor Stravinsky à la même période que la création de son Sacre du printemps.
2013 : Once Upon a Time…, court-métrage en noir et blanc réalisé par Karl Lagerfeld à la Cité du Cinéma de Luc Besson avec Keira Knightley dans le rôle de Coco Chanel disponible sur le site internet de la Maison Chanel.

Comédie musicale

Coco est une comédie musicale américaine de Michael Benthall.

Romans

Coco Chanel et Igor Stravinsky est un roman de Chris Greenhalgh paru en 2003.
L'Évangile selon Coco Chanel : leçons de vie de la femme du monde plus élégante est un roman de Karen Karbo paru en 2009.


#29 Cody dit Buffalo Bill
Loriane Posté le : 08/01/2016 21:40
Le 10 janvier 1917 meurt William Frederick Cody dit Buffalo Bill

à 70 ans, à Denver dans le Colorado né le 26 février 1846 à Le Claire dans le territoire de l'Iowa, figure mythique de la Conquête de l'Ouest. Il fut notamment chasseur de bisons et dirigea une troupe théâtrale populaire.

En bref

Une des figures emblématiques de l'Ouest américain, Buffalo Bill, de son vrai nom William Frederick Cody, né le 26 février 1846, à Scott County Iowa, perd son père en 1857, à l'âge de onze ans. Il devient alors messager à cheval au Kansas pour la compagnie de convois de chariots qui deviendra plus tard Russell, Majors and Waddell, commanditaires du Pony Express. Avant même d'avoir vingt ans, il est reconnu comme étant un excellent chasseur, et s'est déjà illustré en combattant les Indiens.
Après avoir combattu pendant la guerre de Sécession 1861-1865, il travaille pour l'armée des États-Unis en tant qu'éclaireur civil et estafette à Fort Ellsworth, au Kansas 1866-1867. En 1867-1868, il chasse les bisons pour nourrir les équipes qui construisent le chemin de fer de l'Union Pacific Railroad. À cette époque, il abat 4 280 bisons, et se fait rapidement une réputation de meilleur chasseur de bisons des grandes plaines.
Buffalo Bill devient célèbre non seulement pour son adresse au tir, mais aussi pour son extraordinaire capacité à mémoriser les vastes territoires qu'il traverse, sa connaissance des coutumes indiennes, son courage et son endurance. Il est alors très demandé pour servir d'éclaireur ou de guide, notamment par le 5e régiment de cavalerie, à l'époque où le gouvernement tente d'éradiquer la résistance indienne à l'ouest du Mississippi 1868-1876. Il reçoit la médaille d'honneur en 1872, décoration qui lui sera retirée en 1916 sous le prétexte qu'il n'était pas officier ou engagé dans l'armée les éclaireurs sont alors considérés comme des civils. L'armée américaine lui rendra cette médaille à titre posthume en 1989.
Buffalo Bill participe à seize combats contre les Indiens, notamment celui du 17 juillet 1876 contre guerrier cheyenne Cheveux jaunes traduit à tort Main jaune dans le comté de Sioux, au Nebraska. Ses « exploits » fournissent un matériau de choix aux journalistes ainsi qu'aux auteurs de romans à quatre sous, qui transforment l'excellent tireur et l'intrépide cavalier en héros folklorique de l'Ouest. Parmi ces auteurs figurent Ned Buntline (pseudonyme de E. Z. C. Judson) et Prentiss Ingraham. La mise en scène de l'Ouest paraissant être une idée lucrative, Buffalo Bill se laisse convaincre en 1872 de jouer dans la pièce de Buntline The Scouts of the Prairie (« Les Éclaireurs des Prairies »). Son talent d'acteur est quelconque, mais le public apprécie ce personnage haut en couleur. Entre chaque saison théâtrale, il part dans l'Ouest escorter de riches Américains ou Européens venus participer à des parties de chasse.
En 1883, Buffalo Bill organise sa première représentation du Wild West Show : un spectacle sur l'Ouest sauvage avec une chasse au bison, la capture de la diligence de Deadwood Dakota du Sud, une chevauchée du Pony Express, des cow-boys et des Indiens. Parmi les stars du spectacle figurent la fameuse gâchette Annie Oakley et, en 1885, le chef sioux Sitting Bull.
Les spectacles de Buffalo Bill sont très populaires aux États-Unis et à l'étranger, mais il finit, à la suite d'erreurs de gestion, ruiné. Il apparaît publiquement pour la dernière fois à Portsmouth (Virginie), deux mois avant sa mort, le 10 janvier 1917, à Denver (Colorado.

Sa vie

Son père était un homme du Kansas, blessé par ses adversaires pro-esclavagistes après un discours lors des évènements qui précédèrent la guerre de Sécession. Il finit par en mourir en 1857. Le jeune William Frederick Cody devint soldat pendant la guerre. Après une vie aventureuse, débutée à quatorze ans, où il participe aux guerres indiennes en tant qu’éclaireur et au développement du Pony Express, il entre dans la légende grâce à l’écrivain Ned Buntline qui raconta ses aventures. Son nom enlangue indienne sioux était Pahaska, traduction : cheveux longs.

Buffalo Bill

Son surnom provient du fait qu’il fournissait en viande de bison, buffalo en anglais les employés des chemins de fer Kansas Pacific Railway et qu’il gagna un duel contre Bill Comstock en tuant 69 bisons contre 48 en une journée1. Ils furent juste abattus pour le prestige des chasseurs. Les bisons consommés, par ailleurs, ne furent dépecés que de leurs flancs n'étant pas en contact avec le sol, évitant ainsi aux chasseurs de se fatiguer à les retourner.
De 1882 à 1912, il organise et dirige un spectacle populaire : le Buffalo Bill’s Wild West1. Une tournée le conduit lui et sa troupe dans toute l’Amérique du Nord et en Europe. En 1889, il passe en France par Paris, Lyon et Marseille. Sitting Bull participe au Wild West Show en 1885 aux États-Unis et au Canada mais n’est pas autorisé à se rendre en Europe. En 1905 lors d'une tournée qui a lieu dans plus de cent villes françaises, le spectacle connaît un important succès à Paris. La cavalerie de sa troupe participe, de façon remarquée, au grand cortège du Carnaval de Paris, sorti pour la Mi-Carême. Le spectacle sera présenté au pied de la tour Eiffel et attirera trois millions de spectateurs.
C’était un spectacle étonnant pour l’époque, destiné à recréer l’atmosphère de l’Ouest américain dans toute son authenticité. Les scènes de la vie des pionniers illustraient des thèmes tels que la chasse au bison, le Pony Express, l’attaque d’une diligence et de la cabane d’un pionnier par les Indiens, la présence de vrais Indiens constituant le clou du spectacle.
Pour des millions d’Américains et d’Européens commença alors le grand mythe du Far West qui ne s’éteindra plus et que le cinéma, avec ses figures mythiques des géants de l’Ouest, contribuera à développer.
William Cody construisit en 1904 un lodge nommé Pahaska Tepee pour y accueillir les visiteurs du parc de Yellowstone. En 2011, ce lodge reçoit des touristes tout au long de l'année, le lodge ancien existe toujours mais ne se visite pas.
Sa vie est retracée dans le film Buffalo Bill de William A. Wellman réalisé en 1944 avec Joel McCrea et Maureen O'Hara.
Son plus célèbre cheval est un cheval blanc nommé Isham.
Il est une des rares personnes ayant reçu la Medal of Honor.

La légende

Le chapeau stetson, le bandana et la chemise du cow-boy ont été popularisés par Buffalo Bill alors que tous les cow-boys n'en portaient pas. La majorité d'entre eux portaient un sombrero, moins chaud et beaucoup moins cher que le stetson. Les grandes coiffes amérindiennes faites de dizaines de plumes n'étaient utilisées que dans quelques tribus et seulement lors de grandes et rares occasions. La plupart du temps, les Amérindiens ne portaient que des coiffes de quelques plumes. C'est le spectacle de Buffalo Bill qui a fait entrer les grandes coiffes dans l'imaginaire collectif.

La ville de Cody

La ville de Cody au nord-ouest du Wyoming, proche du parc national de Yellowstone a été fondée par Buffalo Bill Cody. La légende de Buffalo Bill constitue un atout touristique. Un rodeo a lieu chaque soir de l'été. Un musée, le Buffalo Bill Historical Center, présente les Indiens des plaines, la faune et la flore de la région, des peintres américains, des armes à feu et une des cinq sections du musée est entièrement consacrée à l'histoire de Buffalo Bill et sa famille avec notamment une collection de souvenirs du mondialement célèbre Wild Wild West Show. C'est le plus grand espace culturel entre Minneapolis et la côte Ouest.

Filmographie

Le premier film montrant des Indiens d'Amérique est un film pour kinétoscope datant de 1894 et montre des Indiens du Buffalo Bill’s Wild West Show exécutant une danse. Le premier film montrant un cow-boy est également pour kinétoscope et de 1894 et ce cow-boy est également acteur au Buffalo Bill’s Wild West, il exécute un rodeo.

Comme acteur

The Adventures of Buffalo Bill 1914
1897 : Buffalo Bill and Escort
1898 : Indian War Council
1900 : Buffalo Bill's Wild West Show
1900 : Buffalo Bill's Wild West Parade
1900 : Buffalo Bill's Show Parade
1900 : Buffalo Bill's Wild West Parade
1901 : Buffalo Bill's Wild West Parade
1902 : Buffalo Bill's Wild West Show
1903 : Buffalo Bill's Parade
1910 : Buffalo Bill's Wild West and Pawnee Bill's Far East
1914 : The Adventures of Buffalo Bill

Comme scénariste

1909 : Les Aventures de Buffalo Bill

Comme producteur

1914 : The Adventures of Buffalo Bill
1914 : The Indian Wars

Inspirations

Un spectacle équestre permanent est donné en l’honneur des exploits de cet as de la gâchette depuis 1992 dans le Disney Village de Disneyland Paris. La troupe de ce spectacle participa au cortège du Carnaval de Paris, en 1999.

Cinéma

Le personnage de Buffalo Bill fut incarné dans au moins 47 films de cinéma.
1894 : Buffalo Bill,
1917 : The Adventures of Buffalo Bill,
1926 : Fighting with Buffalo Bill, Ray Taylor
1931 : Battling with Buffalo Bill, Ray Taylor
1936 : The Plainsman , Une aventure de Buffalo Bill, Cecil B. de Mille
1944 : Buffalo Bill, William A. Wellman
1947 : Buffalo Bill Rides Again, Le retour de Buffalo Bill, Bernard B. Ray
1952 : Buffalo Bill in Tomahawk Territory, Bernard B. Ray
1953 : Le Triomphe de Buffalo Bill Pony Express de Jerry Hopper sous les traits de Charlton Heston.
1965 : Buffalo Bill, le héros du Far West Buffalo Bill, l'eroe del far west, Mario Costa
1966 : The Plainsman, Les fusils du Far-West, David Lowell Rich
1974 : Touche pas à la femme blanche, Marco Ferreri
1976 : Buffalo Bill et les Indiens Buffalo Bill and the Indians, or Sitting Bull's History Lesson, Robert Altman
2004 : Hidalgo, J. K. Simmons
2012 : Buffalo Bill et la Conquête de l'Est, réalisé par Vincent Froehly, documentaire sur l'histoire du Wild West et le début de l'américanisation de l'Europe

Télévision

1910. Buffalo Bill documentaire, série Mystères d'archives, Arte, 2008, première diffusion 10 juillet 2009

Littérature

Tristesse de la terre : Une histoire de Buffalo Bill Cody d'Éric Vuillard, aux éditions Actes Sud
Dans le roman, Le Silence des agneaux, le tueur en série est surnommé Buffalo Bill

Restaurants

La chaîne de restaurants française Buffalo Grill tire son nom d'une paronomase avec Buffalo Bill.

Bande dessinée

Dans la série Lucky Luke, Buffalo Bill fait de temps en temps des apparitions et, il y est curieusement représenté comme souffrant de dyslalie [réf. nécessaire].
Dans la série Chick Bill, Buffalo Bill apparaît une fois, représenté en petit trappeur vieillissant, écrivant ses mémoires et ayant quelques problèmes orthographiques
Dans la série La Jeunesse de Picsou, Buffalo Bill apparaît au cours de l'épisode 6 bis, Le Protecteur de Pizen Bluff, représenté en acteur vieillissant et quelque peu dépassé par l'action.



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#30 Carl Linnæus
Loriane Posté le : 08/01/2016 16:49
Le 10 janvier 1778 à Uppsala Suède meurt Carl Linnæus

puis Carl von Linné, à 70 ans après son anoblissement, né le 23 mai 1707 à Råshult Suède, médecin zoologiste, naturaliste suédois qui a fondé les bases du système moderne de la nomenclature binominale. Considérant, selon la formule d'Edward Coke Nomina si nescis, perit cognitio rerum la connaissance des choses périt par l'ignorance du nom, que la connaissance scientifique nécessite de nommer les choses, il a répertorié, nommé et classé de manière systématique l'essentiel des espèces vivantes connues à son époque en s'appuyant sur ses propres observations comme sur celles de son réseau de correspondants. La nomenclature qu'il établit alors, et la hiérarchisation des classifications en classe, genre, ordre, espèce et variété, s'impose au xixe siècle comme la nomenclature standard.

En bref

Fondateur de l'histoire naturelle moderne, Linné n'est pas le premier en date des naturalistes. Il y avait des anatomistes avant Vésale, des chimistes avant Lavoisier. Néanmoins, dans la perspective de l'histoire des sciences, Vésale, Linné et Lavoisier apparaissent comme des initiateurs dans les disciplines où ils se sont illustrés.
Selon Condillac, une science est une langue bien faite. Si la formule est vraie, l'histoire naturelle ne commence à exister comme science qu'à partir du moment où Linné la dote d'une langue positive, rigoureuse et universelle, de même que Lavoisier, inspiré par Condillac, crée la langue de la chimie. La science de Linné est loin d'être parfaite, mais elle est perfectible. Désormais les naturalistes savent ce que parler veut dire. Leur activité se déploie dans un univers du discours cohérent ; une place pour chaque chose et chaque chose à sa place, telle est la norme du nouvel espace épistémologique où se regroupent les éléments d'un savoir constitué en raison.
L'histoire naturelle avant Linné est un domaine confus où s'accumulent les éléments disparates, réels ou légendaires, que la critique ne se soucie guère de départager. Le naturaliste est un compilateur, dont la curiosité encyclopédique entasse pêle-mêle les données de l'observation et celles de l'érudition philologique. Albert le Grand au XIIIe siècle, K. von Gesner et U. Aldrovandi au XVIe siècle sont partagés entre le respect de l'autorité incarnée par Aristote, Théophraste ou Pline, et le sens de la documentation, de l'information objective. Il leur arrive de classer leurs matériaux, faute d'apercevoir un meilleur ordonnancement, par ordre alphabétique. La révolution galiléenne introduit un ordre nouveau dans le monde matériel, soustrait à la juridiction de la physique aristotélicienne. L'ordre biologique résiste plus longtemps à l'exigence de la nouvelle raison, du fait de sa plus grande complexité, et aussi parce que le génie d'Aristote en ce domaine intervient comme un obstacle épistémologique difficilement surmontable. La zoologie, la botanique demeurent en état de sous-équipement conceptuel, en dépit des efforts méritoires de l'Anglais John Ray (1627-1705) et du Français Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708), entre autres. Déjà s'esquissent des tentatives de classifications systématiques ; le problème de la méthode est clairement posé. L'œuvre de Linné n'est pas une création originale, mais la réussite qui vient couronner une série d'essais antérieurs.
Le mérite du savant suédois n'en demeure pas moins entier : grâce à lui, le seuil épistémologique de la science positive est franchi une fois pour toutes. L'histoire naturelle peut devenir, au XVIIIe siècle, une aventure de l'esprit et une passion de l'âme. La systématique
Fils d'un pasteur de campagne, né à Råshult (Suède), Linné manifeste dès l'enfance un intérêt exclusif pour les plantes et l'observation des réalités naturelles. Après des études dans les universités suédoises et sur le terrain, il acquiert en Hollande le grade de docteur en médecine et publie, en 1735, la première édition du Systema Naturae. Bientôt célèbre, professeur à l'université d'Upsal en 1741, il poursuit dès lors une carrière jalonnée de savants ouvrages ; sa gloire européenne lui vaut dans son pays un titre de noblesse. Il meurt, après des années obscurcies par la maladie, la même année que Voltaire et Rousseau.
Linné est d'abord un botaniste, et c'est à partir de ce domaine d'élection qu'il opère sa réformation de l'histoire naturelle. Le problème est posé par l'enrichissement des connaissances depuis que les savants de la Renaissance ont entrepris d'inventorier la richesse indéfinie du monde des plantes. À partir du XVIe siècle, les catalogues ne cessent de s'allonger, accablant les spécialistes sous la masse des informations. Pour que la raison reprenne ses droits, il faut découvrir un principe d'ordre, soumettant la variété des faits à une règle unitaire, elle-même fondée dans la nature des choses.
Reprenant sur ce point les idées de Ray et de Tournefort, Linné affirme : « La méthode, âme de la science, désigne à première vue n'importe quel corps de la nature, de telle sorte que ce corps énonce le nom qui lui est propre, et que ce nom rappelle toutes les connaissances qui ont pu être acquises, au cours du temps, sur le corps ainsi nommé ; si bien que, dans l'extrême confusion apparente des choses, se découvre l'ordre souverain de la Nature » (Systema Naturae, éd. 1766-1767).
La méthode correspond à la conversion de la réalité en un monde intelligible, schématisé selon les exigences de l'esprit scientifique. Le regard du savant opère une mutation du concret à l'abstrait. « La description, écrit Linné, est l'ensemble des caractères naturels de la plante ; elle en fait connaître toutes les parties extérieures ; elle doit comprendre pour chaque organe le nombre, la forme, la proportion et la position ; être faite dans l'ordre de succession des organes ; être divisée en autant de paragraphes séparés qu'il y a de parties distinctes, et n'être ni trop longue, ni trop succincte » (Philosophia botanica, 1751).
Avant Linné, les plus clairvoyants des botanistes avaient posé le problème de la détermination des espèces végétales sans pouvoir le résoudre. Devant la multiplicité des apparences, ils n'étaient pas parvenus à fixer des points exclusifs de ressemblance et de dissemblance susceptibles de permettre l'ordonnancement du domaine végétal dans son ensemble. Ray pensait qu'il fallait s'en tenir aux caractères des fleurs et des fruits ; Tournefort estimait qu'on devait y ajouter des caractères relatifs aux diverses parties de la plante. Ainsi les premières tentatives de systématisation ne permettaient pas de surmonter la diversité empirique.
Soucieux d'imposer dans la représentation de l'univers végétal un modèle descriptif opératoire, à la fois rationnel et universel, qui puisse s'appliquer aussi bien dans la géographie administrative ou dans l'art militaire, Linné, après des inventaires considérables, conclut que « la disposition des végétaux la plus recommandable doit être tirée du nombre, de la figure, de la proportion et de la situation de toutes les parties différentes de la fructification » (Philosophia botanica). Étamines et pistil fourniront le fil conducteur de la classification. Une rigoureuse économie de la pensée doit permettre, au sein des classes et des ordres, de désigner les espèces de chaque genre par un seul caractère distinctif, ce qui fonde une classification binaire. Les critères sexuels seront remplacés par d'autres dans le domaine de la zoologie, où ils ne fournissent pas une intelligibilité suffisante.
La première édition du Systema Naturae paraît en Hollande en 1735. Œuvre d'un homme de vingt-huit ans, elle se présente comme une brochure d'une dizaine de pages in-folio : deux pages pour les minéraux, trois pour les plantes, deux pour les animaux. De réédition en réédition, le document initial ne cessera de s'enrichir, jusqu'à devenir un ouvrage considérable, la bible des naturalistes. Le système linnéen des déterminations (classes, ordres, genres, espèces) et des dénominations s'est imposé dans tous les domaines intéressant les naturalistes, en dépit des résistances, dont celle de Buffon. L'histoire naturelle a désormais son code. Linné l'a dotée de termes nouveaux, si bien entrés dans les mœurs que l'on n'imagine pas qu'ils ont seulement deux siècles d'existence : flore, faune, mammifère, primate...
Le génie de Linné se situe dans le positivisme du regard qu'il porte sur la création ; il est le don de percevoir les êtres dans leur spécificité, mais aussi dans leurs rapports réciproques. Par la vertu du regard, la classification, fondée sur le choix de repères artificiels, semble rejoindre un ordre naturel. La systématique apparaît ainsi comme une phénoménologie et une morphologie. Nommer un être, c'est le mettre en place dans l'ensemble des êtres. La taxinomie n'est pas une mnémotechnique, mais une véritable science.

Histoire de son patronyme

Le grand nomenclateur que fut Linné, qui consacra sa vie à nommer la plupart des objets et êtres vivants, puis à les ordonner selon leur rang, eut lui-même maille à partir avec sa propre identité, son nom et même son prénom ayant été remaniés tant de fois au cours de sa vie qu’on ne dénombre pas moins de neuf binômes on voulait dire bi-noms, en deux noms et autant de synonymes.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la plupart des Suédois ne portent pas encore de noms patronymiques. Aussi le grand-père de Linné, conformément à la tradition scandinave, s’appelait Ingemar Bengtsson signifiant Ingemar, fils de Bengt et son propre fils, le père de Linné, fut d’abord connu sous le nom de « Nils Ingemarsson signifiant Nils, fils d’Ingemar.
Mais Nils, pour répondre aux exigences administratives lors de son inscription à l’université de Lund, doit choisir un patronyme. Sur les terres familiales pousse un grand tilleul. La propriété en porte déjà le nom : Linnagård ou Linnegård, toponyme formé de linn variante aujourd’hui obsolète de lind, tilleul en suédois et de gård, ferme. Plusieurs membres de la famille s’en sont déjà inspirés pour former des patronymes comme Lindelius à partir de lind ou Tiliander à partir de Tilia, tilleul en latin. Il est par ailleurs de bon ton, dans les milieux instruits de pratiquer le latin. Nils choisit donc une forme latinisée et devient Nils Ingemarsson Linnæus.
Honorant ensuite le très populaire souverain de Suède de l’époque Charles XII, en suédois Karl XII, 1682-1718, Nils donne le prénom du roi à son fils, qui débute donc son existence en s’appelant Carl Nilsson signifiant Carl, fils de Nils, puis Karl Linnæus, le plus souvent orthographié Carl Linnæus.
Lorsque Carl Linnæus s’inscrit à l’université de Lund à l’âge de vingt ans, son prénom est enregistré sous la forme latinisée de Carolus. Et c’est sous ce nom de Carolus Linnæus, qu’il publie ses premiers travaux en latin.
Parvenu à une immense notoriété et en qualité de médecin de la famille royale de Suède, il est anobli en 1761 et prend en 1762 le nom de Carl von Linné, Linné étant un diminutif à la française, selon la mode de l’époque dans nombre de pays de langue germanique de Linnæus et von étant la particule nobiliaire allemande. Dans le monde francophone comme en Suède, il est aujourd’hui communément connu sous le nom de Linné.
En botanique, où les citations d’auteurs sont souvent abrégées, on emploie l’abréviation standardisée L. Il est d’ailleurs le seul botaniste à avoir le grand privilège d’être abrégé en une seule lettre.
En zoologie, où il est d’usage de citer le nom patronymique complet de l’auteur du taxon, on emploie Linnæus ou sa graphie sans ligature latine Linnaeus, adoptée en anglais et plus pratique pour les utilisateurs de claviers dits internationaux à la suite des taxons qu’il a décrits, et plus rarement Linné, car c’est sous son nom universitaire Linnæus que ses principaux travaux de taxinomie zoologique jusqu’à 1761 ont été publiés sauf les 1 500 noms d’espèces d’animaux nouveaux établis en 1766/1767 dans la 12e édition de Systema naturae, pour lesquelles on utilise habituellement en français le nom d’auteur Linné. De plus, à la différence de son prénom Carolus, Linnæus n’est pas une transcription latine a posteriori, mais son véritable patronyme.
Quant à ses œuvres, elles furent publiées jusqu’en 1762 sous les noms de Caroli Linnæi qui est la forme génitive, signifiant « de Carolus Linnæus, ou encore Carl Linnæus ou seulement Linnæus. En 1762, sur la page de couverture de la seconde édition de Species plantarum, le nom est encore imprimé de cette manière. Mais ensuite, il n’apparaît plus imprimé que dans sa forme nobiliaire Carl von Linné ou Carolus a Linné le a ou ab étant la traduction latine de von. Dans quelques bibliothèques, il est généralement entré comme Linnaeus, Carolus Carl von Linné, d'autres utilisent Carl von Linné.

Généalogie de la famille de Linné.

Carl Linnæus naît le 23 mai 1707 à Råshult, dans la paroisse de Stenbrohult du comté de Kronoberg, dépendant à cette époque de la province suédoise méridionale du Småland. La région est riche en forêts et en lacs, l’environnement y est particulièrement propice à la contemplation et à l’observation de la nature.
Le père de Carl, Nils Ingemarsson Linnaeus 1674-1748 est alors un vicaire de l’église luthérienne et sa mère, Kristina Brodersonia 1688-1733 est la fille du pasteur de Stenbrohult, Samuel Brodersonius. Nils exerce cette charge d’assistant pastoral depuis son arrivée à Råshult en 1705, mais en 1709, à la mort de son beau-père, il devient lui-même le pasteur de la paroisse et la famille déménage de quelques centaines de mètres jusqu’au presbytère de Stenbrohult, au bord du lac de Möckeln.
Nils est un amoureux des plantes qui transmet sa passion à son jeune fils, permettant à celui-ci d’entretenir son propre jardin dès l’âge de 5 ans. Mais avec un père et un grand-père pasteurs, la destinée de Carl est de suivre leurs traces et de devenir aussi pasteur.
Carl quitte le foyer familial à 9 ans, le 10 mai 1716, pour entrer à l’école de Växjö à une quarantaine de kilomètres de Stenbrohult. Il poursuit ensuite ses études au lycée de la même ville, qu’il intègre le 11 juillet 1723 et qu’il quitte le 6 mai 1727.
Mais il ne montre guère d’enthousiasme pour les études et la vocation religieuse. Il préfère s’intéresser aux choses de la nature et y passer son temps. Ses camarades le surnomment déjà « le petit botaniste ». Les professeurs, notamment celui d’histoire naturelle, le Dr Johan Stensson Rothman 1684-1763, convainquent finalement les parents de Carl de ne pas lui imposer une carrière religieuse et de lui permettre de poursuivre des études de médecine.
C’est finalement son jeune frère, Samuel, qui succédant à son père et à son grand-père, deviendra pasteur de Stenbrohult.

Brillant étudiant de l’université d’Uppsala

Inscrit sous le nom de « Carolus Linnæus », il commence ses études à l’université de Lund en 1727. Il y reçoit notamment l’enseignement de Kilian Stobæus (1690-1742), le futur professeur et recteur de l’université, alors encore seulement docteur en médecine, qui lui offre son amitié et ses encouragements et lui ouvre ses collections et sa bibliothèque.
Cependant, sur les conseils de son ancien professeur de Växjö, le Dr Johan Stensson Rothman, il s’inscrit à la prestigieuse université d'Uppsala qu’il rejoint en septembre 1728, où il peut effectivement trouver la richesse générale de connaissance qui lui convient.
Fort peu développées à cette époque, les études de médecine n’étaient suivies que par une dizaine d’étudiants sur les cinq cents environ que comptait l’université et il n’était pas prévu que l’on puisse soutenir sa thèse de doctorat en Suède. Mais l’enseignement médical incluait une part importante de botanique, notamment l’apprentissage des caractères des plantes, de leurs vertus médicinales et de la manière de les préparer en pharmacie. Ces études furent sans doute le moyen, voire le prétexte, pour Carolus Linnæus de s’adonner à sa passion pour la botanique.
Arrivé à Uppsala sans un sou vaillant, il lui faut aussi subvenir à sa propre existence. Alors qu’à peine arrivé en ville, il visite le jardin botanique fondé par Olof Rudbeck 1630-1702, il est remarqué et pris en charge par Olof Celsius 1670-1756, le doyen de la cathédrale et oncle du savant Anders Celsius 1701-1744. Olof Celsius présente Linné à Olof Rudbeck le Jeune 1660-1740, lui-même médecin naturaliste, qui engage le jeune étudiant comme tuteur de ses fils et lui permet d’accéder à sa bibliothèque. Linné remplace un temps l’assistant de Rudbeck, Nils Rozén 1706-1773, alors en voyage à l’étranger.
Le jardin de Linné a été entretenu et peut actuellement se visiter à Uppsala
Linné a justement comme professeur Olof Rudbeck le Jeune, ainsi que Lars Roberg 1664-1742.
C’est à Uppsala, dès l’âge de 24 ans, qu’il conçoit sa classification des plantes d’après les organes sexuels et commence à l’exposer dans son Hortus uplandicus3.
C’est aussi à Uppsala, que Linné se lie d’amitié avec Peter Artedi 1705-1735, son aîné de deux ans, qui également issu d’un milieu d’église, destiné à devenir pasteur et venu étudier la théologie, s’intéresse finalement plus à l’histoire naturelle, particulièrement aux poissons.

À travers l’Europe : des voyages d’exploration à la notoriété

Il conduit des missions scientifiques en Laponie et en Dalécarlie, à l'époque régions inconnues. Il en rapporte une très riche collection de spécimens végétaux, animaux et minéraux et publie sa première étude qui utilise le système sexuel des plantes, Florula Lapponica qu'il améliora par la suite sous le nom de Flora Lapponica 1737. Bien qu’il donne des conférences de botanique et qu’il soit considéré à Uppsala comme un génie, il n’a pas encore de diplôme de médecine.
En 1735, il part aux Pays-Bas, avec l'intention d'y obtenir son diplôme de médecine et de publier ses écrits. Il met en forme ses notes et rencontre le botaniste Jan Frederik Gronovius 1686-1762 à qui il montre son manuscrit Systema Naturae. Celui-ci est si impressionné qu’il décide de financer son édition à Leyde4. En 1736, il fait un voyage à Londres où il rencontre les personnes en vue de l'université d'Oxford tel le physicien Hans Sloane, le botaniste Philip Miller et le professeur de botanique J.J. Dillenius. Il rentre à Amsterdam pour continuer l'impression de son travail Genera Plantarum, point de départ de sa taxinomie. Au cours de son séjour en Hollande, il rencontre également le droguiste Albertus Seba 1665-1736 et Herman Boerhaave 1668-1738 botaniste qui le met en relation avec l’influent George Clifford 1685-1760, président de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales et botaniste distingué. Il étudie et travaille au cours de l'année 1737 dans le jardin du riche banquier. Clifford est en relation avec les marchands hollandais et les plantes collectées dans le monde entier sont ramenées à Linné qui s'efforce de les intégrer dans son Systema naturae5. Son jardin à Hartekamp était fameux à l'époque, puisqu'il y avait plus de mille espèces différentes. Linné y écrit en collaboration avec Georg Dionysius Ehret, illustrateur botanique, une description de jardin anglais, l’Hortus Cliffortianus, publié en 1737.
Dans le frontispice d'Hortus Cliffortianus il est fait allusion au mythe prométhéen et au thermomètre de Celsius. En effet on attribue à Linné l'inversion de l'échelle des degrés centigrades 0 °C : fusion et 100 °C : vaporisation
Il obtient enfin son titre de docteur en médecine, après un court séjour à l’université de Harderwijk, puis il part pour l’université de Leyde, plus prestigieuse, où il reste une année au cours de laquelle son ouvrage Classes Plantarum est imprimé. Avant de rentrer en Suède, il va à Paris où il fait la rencontre de Bernard de Jussieu et de Claude Richard à Trianon.

Retour en Suède

Il retourne alors en Suède, où, ne recevant pas de proposition qui le satisfasse, il exerce la médecine à Stockholm en se spécialisant dans le traitement de la syphilis.
Il se marie le 26 juin 1739 avec Sara Elisabeth Moræa 1716-1806, originaire de Falun. Ensemble ils auront sept enfants, deux garçons et cinq filles : Carl 1741-1783, Elisabeth Christina 1743-1782, Sara Magdalena 1744, morte à l’âge de quinze jours, Lovisa 1749-1839, Sara Christina 1751-1835, Johan 1754-1757 et Sofia 1757-1830.
Finalement, en 1741, il obtient la chaire de médecine à l’université d’Uppsala puis celle de botanique, fonction qu’il occupera jusqu’à sa mort. Dans le jardin botanique de l'Université, il arrange les plantes selon sa classification. Il effectue trois expéditions en Suède et inspire une génération d'étudiants. Les compte-rendus de voyages sont publiés en suédois afin d'être accessible à tous. Outre la pertinence des observations de la vie de tous les jours, ces œuvres sont aussi appréciées pour leur qualité littéraire.
Linné continue de réviser son ouvrage, Systema Naturae, qui ne cesse de grossir au fil des ans et à mesure qu'il reçoit des quatre coins du globe des spécimens de végétaux et d'animaux qu'on lui expédie et qu'il doit classer. De la brochure de dix pages du début deux pages pour les minéraux, trois pour les plantes, deux pour les animaux, son œuvre devient un ouvrage de plusieurs volumes. Quand il n'est pas en voyage, il travaille sur l'extension du domaine minéral et animal. Il est si fier de son travail qu'il se voit tel un nouvel Adam nommant la nature, au point qu'il avait coutume de dire Deus creavit, Linnaeus disposuit, ce qui traduit du latin signifie « Dieu a créé Linné a organisé »
Il plante en 1745 la première horloge florale dans le Jardin botanique d'Uppsala.
En 1747, il devient médecin de la famille royale de Suède et obtient un titre de noblesse en 1761.
À la fin de sa vie il est si célèbre que Catherine II de Russie lui envoie des graines de son pays. Il entre aussi en correspondance avec Joannes A. Scopoli, surnommé le Linné de l'Empire autrichien, qui était docteur et botaniste à Idrija, duché de Carniole en actuelle Slovénie. Scopoli lui a transmis toutes ses recherches et ses observations pendant des années, sans qu'ils pussent se rencontrer à cause de la distance. Pour lui rendre hommage, Linné a nommé Scopolia une espèce de la famille des solanaceae.
Les dernières années sont marquées par une santé déclinante. Il souffre de la goutte et de maux de dents. Une attaque en 1774 le laisse très faible et une seconde, deux ans plus tard lui paralyse la partie droite. Il meurt le 10 janvier 1778, à Uppsala, au cours d'une cérémonie dans la cathédrale, où il est par ailleurs enterré.
Six années plus tard, suivant ses instructions posthumes, sa veuve vendit sa bibliothèque, ses manuscrits et la plus grande partie de ses collections à un acquéreur qui en prendrait grand soin. Ce dernier, un jeune Anglais nommé James Edward Smith, fonda une société scientifique chargée de recevoir ces trésors et l'appela la Linnean Society of London, où les collections sont conservées, protégées dans un sous-sol, mais disponibles aux chercheurs.
Carl von Linné était membre de l'Académie royale des sciences de Suède et de l'Académie royale danoise des sciences et des lettres.

Son œuvre Systema Naturæ

L’ouvrage le plus important de Linné est son Systema Naturæ les systèmes de la Nature qui connaît de nombreuses éditions successives, la première datant de 1735. Chacune d’elles améliore son système et l’élargit. C’est avec la dixième édition, de 1758, que Linné généralise le système de nomenclature binominale.
Mais sa classification est parfois totalement artificielle. Ainsi dans la sixième édition de Systema Naturæ 1748, il classe les oiseaux dans six grands ensembles pour répondre, harmonieusement, aux six ensembles qu’il utilise pour classer les mammifères.
Il définit clairement certains groupes comme la classe des amphibiens. Pour cela, il utilise les animaux décrits ailleurs comme dans les œuvres de Seba, Aldrovandi, Catesby, Jonston ou d’autres auteurs. Mais, la plupart du temps, il décrit les espèces d’après des spécimens qu’il peut lui-même étudier.
Précurseur du racisme scientifique, il divise les Homo sapiens en quatre variétés en 1735, mais c’est dans la dixième édition, celle de 1758, qu’il introduit une classification de différentes espèces humaines avec l’homme blanc Homo europaeus en haut de l’échelle et l’homme noir Homo afer en bas voir Linné, Systema Naturae, 10e éd., 1758 t. I, p. 20

Species plantarum

C’est en 1753 que Linné fait publier Species plantarum les espèces des plantes où il décrit environ 8 000 végétaux différents pour lesquels il met en application de manière systématique la nomenclature binominale dont il est le promoteur.

Ses correspondances

Mises en vente par la veuve de Linné en 1783 pour subvenir à ses propres besoins et à ceux de ses filles, les très nombreuses lettres à Linné des plus grandes figures de l’époque du monde des sciences et des idées révèlent toute la richesse intellectuelle du personnage et mettent en lumière les controverses qui agitaient alors la pensée européenne.

Les perles de culture

Lors de son voyage en Laponie en 1732, Linné visite une pêcherie de perles au lac de Purkijaure. Il faut ouvrir des milliers de coquillages pour trouver les si rares perles : cela l’intrigue. De retour à Uppsala, il tente une expérience, introduit une petite dose de plâtre fin dans des moules perlières et replace celles-ci dans la rivière de la ville, la Fyris. Six ans plus tard, il récolte plusieurs perles de la taille d’un pois.
Il perfectionne la technique utilisant alors un fil d’argent pour tenir le granule générateur éloigné de la paroi de la coquille. La nacre peut ainsi se déposer régulièrement pour former une perle sphérique. Il vend son brevet en 1762, mais l’acquéreur néglige d’en tirer profit.
Ce n’est qu’en 1900 que l’invention de Linné est redécouverte lors de la lecture de ses manuscrits conservés à Londres. Au XXe siècle, les Japonais développent alors la culture perlière et en améliorent les techniques.

Ses idées
Nomenclature linnéenne Nomenclature binominale.

Linnée boréale, Linnaea borealis, fleur discrète de Laponie dont Linné avait fait son emblème.
Linné met au point son système de nomenclature binominale, qui permet de désigner avec précision toutes les espèces animales et végétales (et, plus tard, les minéraux) grâce à une combinaison de deux noms latins. Ce binom ou binôme suivant un usage erroné trop répandu comprend :
un nom de genre au nominatif singulier ou traité comme tel, dont la première lettre est une majuscule ;
une épithète spécifique, qui peut être un adjectif, un nom au génitif ou un attribut, s’accordant avec le genre grammatical masculin, féminin ou neutre du nom de genre. Il est écrit entièrement en minuscules. L’épithète évoque souvent un trait caractéristique de l’espèce ou peut être formé à partir d’un nom de personne, de lieu, etc.
Il faut dire correctement binom, comme le Code de Nomenclature zoologique 4e édition, 1999 le précise en français, traduction de l'anglais binomen qui fut traduit par erreur par binôme en anglais binomial. Les rédacteurs de la dernière version française ont rectifié cette grotesque erreur - il n'y a aucun rapport entre ce concept algébrique et le nom des organismes en nomenclature binominale. Le code de Botanique a malheureusement entériné cette confusion, et, pire, admet l'expression de nomenclature binomiale.
Le nom de l’espèce est constitué par l’ensemble du binom. Ces noms sont réputés latins, quelle que soit leur origine véritable grecque, chinoise ou autre, et écrits en alphabet latin lettres de a à z et ligatures æ et œ, comme en français, mais sans diacritiques ni accents.
Ce système binominal permet d’éviter de recourir aux noms vernaculaires, qui varient d’un pays à l’autre, voire d’une région à l’autre. Par exemple, le renard roux est appelé en japonais aka-kitsune, mais un naturaliste japonais comprendra le nom latin, international, de Vulpes vulpes.
Toutefois, avec la multiplication des recombinaisons, des synonymes et des interprétations divergentes d’auteurs, les « noms scientifiques » actuels sont parfois instables et difficiles à manier, comme d'ailleurs les noms vernaculaires.

Systématique fixiste

Linné est un naturaliste fixiste. Pour lui, les espèces vivantes ont été créées par Dieu lors de la Genèse et n’ont pas varié depuis. Le but premier de son système est de démontrer la grandeur de la création divine. L’ordre hiérarchique des taxons y est fondé sur des critères de ressemblance morphologiques et d’affinités supposées, sans établir de relation génétique ou phylogénétique entre les espèces.
Mais, par la suite, au fur et à mesure de l’avancée des connaissances, notamment à partir des travaux de Lamarck et de Darwin, la systématique a pris diverses formes (phénétique, évolutioniste, phylogénétique…, pour aboutir de nos jours à une systématique pragmatique au quotidien qui essaie de prendre en compte les diverses données propres à chaque méthode.

Fixité ou mutabilité des espèces

Linné a été longtemps considéré comme un tenant du fixisme, c'est-à-dire de l'invariabilité des espèces naturelles. On a relevé dans ses écrits, en particulier dans les œuvres de jeunesse, des formules affirmant que le nombre des espèces est égal à celui des formes créées à l'origine. Le mythe biblique de la Création, religieusement respecté par Linné, semble fermer définitivement au soir du sixième jour la période des initiatives créatrices.
Mais Linné est assez génial observateur pour découvrir des faits qui ne concordent pas avec ses présupposés théologiques. Il reconnaît de bonne heure des formes monstrueuses, déviations et aberrations par rapport au type, en lesquelles il voit d'abord des ratés de la Création, ou même des « plaisanteries » du Créateur. Seulement un monstre ne saurait se reproduire ; or en 1744, Linné constate que la Peloria, une « monstruosité » de la Linaire, se reproduit. « Une conclusion stupéfiante s'impose, écrit-il, à savoir que de nouvelles espèces peuvent surgir dans le règne végétal [...]. Il y a là [...] de quoi faire sauter les classes naturelles des plantes. »
Il faut donc admettre une certaine plasticité des espèces. Linné cède à l'évidence ; il accepte la thèse d'un devenir temporel de la création. Seuls les genres ont été fixés à l'origine ; dans les limites du genre, « les espèces sont l'œuvre du temps », précise un texte de 1762. Lamarck et Darwin iront plus loin, mais il y a chez l'auteur du Systema Naturae des pierres d'attente pour les transformismes à venir.

L'anthropologie de Linné

On peut dire que l'histoire naturelle de l'homme commence avec Linné. L'inventaire systématique de la création ne serait pas complet si l'homme n'y figurait pas à sa place. Cette place est une place d'honneur, la première de toutes, mais c'est une place parmi les autres : l'espèce humaine doit se soumettre à la même curiosité qui soumet à sa juridiction toutes les autres espèces vivantes. La péripétie décisive s'accomplit dans la dixième édition du Systema Naturae (2 vol., Stockholm, 1758-1759) : l'homme y figure parmi les « animaux à mamelles », et dans l'ordre des « primates » qui comprend aussi les singes supérieurs. Il ne s'agit pas là de classification seulement, mais aussi d'une description précise, énumérant les signes distinctifs qui caractérisent l'homme en tant qu'homme.
L'initiative de Linné renoue avec une tradition qui remonte à Aristote et à Galien, mais a été interrompue par l'intervention du christianisme ; celui-ci fait de la condition humaine une sorte de position intermédiaire entre l'animalité et la divinité. De même que l'avènement de la science moderne finit par avoir raison du tabou de la dissection, qui interdisait l'autopsie, de même la nouvelle intelligence impose le thème de l'anatomie et de la physiologie comparées. Tous les êtres vivants ont, à des degrés divers, des structures communes et un fonctionnement commun. Selon l'ordre anatomique, observe Linné, il n'y a pas de différence décisive entre l'homme et l'orang-outang.
L'Homo sapiens de Linné se distingue du grand singe anthropoïde (Homo sylvestris) par des marques psychologiques et sociologiques plutôt que corporelles. L'histoire naturelle de l'homme, telle que l'esquisse Linné, complète les données de l'anthropologie culturelle ; la description des races est associée à celle des genres de vie.

Le décor mythico-religieux

Le positivisme de Linné, s'il triomphe d'interdits millénaires, n'implique nullement une rupture avec la religion traditionnelle. Linné est un chrétien aussi convaincu que Newton, ce qui n'est pas peu dire. Le Système de la Nature, en ses éditions définitives, s'ouvre par une profession de foi ; la Nature proclame la gloire du Dieu de la Genèse, et le naturaliste accomplit une œuvre d'apologétique.
Le schéma théologique de la Création, bien loin de jouer le rôle d'un obstacle épistémologique, fournit des éléments d'intelligibilité, en particulier ceux de la finalité des êtres naturels et de la hiérarchie des formes vivantes. Le thème de la grande chaîne des êtres qui groupe toutes les réalités selon l'ordre ascendant d'une échelle ontologique est un présupposé de l'œuvre linnéenne. Cette échelle se retrouve chez tous les naturalistes du temps et fournit le principe d'un ordre de complexité et de dignité croissantes, à mesure que l'on passe des réalités les plus humbles, de la vie endormie dans les minéraux aux espèces végétales et animales. Les primates sont ainsi dénommés par Linné parce qu'ils constituent le couronnement de la nature aux confins du surnaturel.
Chez Linné, comme chez Newton, la foi n'est pas un obstacle à la science. La conviction religieuse cautionne la recherche scientifique ; elle fournit à celle-ci le présupposé de l'unité et de l'harmonie de la création ; le discours scientifique n'en demeure pas moins autonome ; il ne met en œuvre que des éléments d'une rigoureuse positivité.
Cette positivité est, chez Linné, celle du regard qui saisit l'unité des formes avec l'intuition divinatrice du génie. L'auteur du Système de la Nature n'est pas un biologiste ; il n'explique pas, ou, quand il se mêle d'expliquer, il explique mal. Il est un visionnaire du réel dont le coup d'œil a su embrasser à la fois la prodigieuse diversité des formes et leur prodigieuse unité. Mieux qu'un penseur ou un savant, Linné est, comme Goethe, un Augenmensch, un génie du regard. Georges Gusdorf

Linné et la Bible

Linné, comme d’autres scientifiques de son temps, éprouve des difficultés pour concilier le contenu de la Bible avec ses connaissances. Il explique ainsi que le jardin d'Éden était comme une île tropicale qui devait comporter une haute montagne. Celle-ci, dont le climat change avec l’altitude, offre des habitats pour les autres formes de vie habituées aux régions tempérées et arctiques.

Place de l'humanité

Linné a appliqué le concept de race à l'homme (ainsi qu'aux créatures mythologiques. La catégorie Homo sapiens fut subdivisée en cinq catégories de rang inférieur, à savoir Africanus, Americanus, Asiaticus, Europeanus et Monstrosus. Elles étaient basées au départ sur le lieu d'origine selon des critères géographiques, puis plus tard, sur la couleur de peau. Chaque « race » possédait certaines caractéristiques que Linné considérait comme endémiques pour les individus qui la représentaient. Les Indiens d'Amérique seraient colériques, rouges de peau, francs, enthousiastes et combatifs; les Africains flegmatiques, noirs de peau, lents, détendus et négligents ; les Asiatiques mélancoliques, jaunes de peau, inflexibles, sévères et avaricieux ; les Européens seraient quant à eux sanguins et pâles, musclés, rapides, astucieux et inventifs. On trouverait enfin dans la catégorie des hommes monstrueux les nains des Alpes, les géants de Patagonie et les Hottentots monorchistes. Par la suite, dans Amoenitates academicae 1763, il définit l'Homo anthropomorpha comme un terme fourre-tout pour une variété de créatures mythologiques et proches de l'homme, tels le troglodyte, le satyre, l'hydre, le phœnix. Il prétendit que ces créatures n'existèrent pas vraiment mais qu'elles étaient des descriptions inexactes de créatures ressemblant aux grands singes.
Dans son Systema Naturae il définit aussi l'Homo ferus comme « chevelu, muet et à quatre pattes ». Il y inclut aussi le Juvenis lupinus hessensis ou garçons-loups qui furent élevés par des animaux, pensait-il ; dans le même esprit on y trouve le Juvenis hannoveranus Pierre de Hanovre et la Puella campanica où Linné évoque la fille sauvage de Songy.

L’influence de Linné
Ses élèves et son influence Liste des étudiants de Linné.

Linné a eu une immense influence sur les naturalistes de son époque. Nombreux sont ceux qui viennent assister à son cours, apprendre sa méthode pour l’appliquer dans leur pays. Nombreux sont ceux qui s’embarquent pour des contrées lointaines pour y reconnaître la flore, Linné lui-même les nomme ses apôtres. Tous ces naturalistes trouvent avec la systématique et la nomenclature linnéenne un moyen de faire progresser les connaissances.
C’est avec sa collaboration que Philibert Commerson put écrire son traité d’ichtyologie. Il eut aussi quelques autres correspondants tels que Frédéric-Louis Allamand.
Parmi ses nombreux élèves, citons : Anders Dahl, Johan Christian Fabricius, Charles de Géer, Christen Friis Rottbøll, Daniel Solander ou Martin Vahl.
Il faut citer également le naturaliste suédois Peter Artedi (1705-1735). Les deux hommes se rencontrent à l’université d'Uppsala, se lient d’amitié puis se séparent, Linné partant pour la Laponie et Artedi pour la Grande-Bretagne. Avant leur départ, ils se lèguent mutuellement leurs manuscrits en cas de décès. Mais Artedi se noie accidentellement à Amsterdam où il venait réaliser le catalogue des collections d’ichtyologie d’Albertus Seba (1665-1736). Suivant leur accord, Linné hérite des manuscrits d’Artedi. Il les fait paraître sous le titre de Bibliotheca Ichthyologica et de Philosophia Ichthyologica, accompagné d’une biographie de leur auteur, à Leyde en 1738.
Son influence s’exerce à travers tous les continents : Pehr Kalm en Amérique du Nord, Fredric Hasselquist en Égypte et en Palestine, Andreas Berlin en Afrique, Pehr Forsskål au Moyen-Orient, Pehr Löfling au Venezuela, Pehr Osbeck et Olof Torén en Chine et en Asie du Sud-Est, Carl Peter Thunberg au Japon, Johann Peter Falck en Sibérie…
Son caractère égocentrique, conjugué à une extrême ambition, le conduit, comme Buffon, à persécuter ceux qui n’optent pas pour son système. Mais il est le premier, suivant en cela John Ray, à utiliser un concept clair d’espèce qui n’est en rien diminué par sa conviction de l’immuabilité des espèces.
Dans son roman d'anticipation Vingt mille lieues sous les mers, Jules Verne met en scène le personnage de Conseil, domestique du professeur Aronnax, qui classe systématiquement toutes les espèces rencontrées durant le voyage selon le système linnéen.

Les critiques

Contrairement à la plupart des naturalistes européens qui reconnaissent la révolution linnéenne, des naturalistes et des philosophes français comme Julien Offray de La Mettrie, Denis Diderot, Buffon ou Maupertuis critiquent la systématique linnéenne. Ce qui lui est reproché est son caractère artificiel et fixiste. L’entreprise de Linné ne fait que partiellement appel à la raison, et peu d’incitation à l’expérimentation. Ils lui reprochent aussi une démarche empreinte de religiosité car Linné se voit en nouvel Adam décrivant et nommant la création. Pour toutes ces raisons les philosophes des Lumières en France ne peuvent le reconnaître comme l’un des leurs. Finalement, des idées de Linné, seule la nomenclature binominale survivra.

Le prénom Linnea

Courant en Suède, le prénom « Linnea » dérive d’une fleur des bois, nommée Linnaea borealis, en hommage à Carl von Linné, par son professeur Jan Frederik Gronovius.

Sociétés linnéennes

Hommage

Le portrait de Carl von Linné figure sur le billet de banque suédois de 100 couronnes.

Plusieurs voies de circulation en France et une en Belgique ont été nommées Rue Linné.

bibliographie Œuvres de Linné

La liste ci-dessous est limitées aux principales publications la date indique la première édition
Præludia sponsaliarum plantarum 1729
Fundamenta botanica quae majorum operum prodromi instar theoriam scientiae botanices per breves aphorismos tradunt 1732
Systema Naturae 1735
Fundamenta botanica 1735
Bibliotheca botanica 1736 Bibliotheca botanica recensens libros plus mille de plantis huc usque editos secundum systema auctorum naturale in classes, ordines, genera et species
Critica botanica 1736
Genera plantarum Ratio operis 1737
Corollarium generum plantarum 1737 sur Gallica
Flora lapponica 1737 Flora lapponica exhibens plantas per Lapponiam Crescentes, secundum Systema Sexuale Collectas in Itinere Impensis
Ichthyologia 1738, où Linné publie les travaux de son collègue et ami Peter Artedi décédé accidentellement
Classes plantarum sur Bibliotheca Augustana
Hortus Cliffortianus 1738
Flora suecica 1745
Fauna suecica 1746
Hortus Upsaliensis 1748
Philosophia botanica 1751
Species plantarum 1753
Flora anglica 1755
Animalium specierum, Leyde : Haak, 1759
Fundamentum fructificationis 1762
Fructus esculenti 1763
Fundamentorum botanicorum partes I et II 1768
Fundamentorum botanicorum tomoi 1778



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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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