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#31 Le clown Grock
Loriane Posté le : 08/01/2016 16:47
Le 10 janvier 1880 naît Charles Adrien Wettach, dit Grock

à Loveresse, canton de Berne Suisse, mort le 14 juillet 1959 à Imperia en Italie, à 79 ans, clown, musicien, acteur Suisse, Grock est considéré par ses pairs comme le plus grand clown musical du XXe siècle. Il a conquis, en 60 ans de music-hall mondial, en 15 langues et sur autant d'instruments, des millions de spectateurs, et a composé plus de 2 500 mélodies.

En bref

Né en Suisse, dans une famille d'horlogers, Adrien Wettach fut d'abord acrobate amateur. Après avoir débuté en Hongrie, il devint le partenaire d'un clown nommé Brick et prit son nom de scène : Grock. Lorsque Brick se maria, Grock rejoignit le célèbre Antonet. En passant de la piste à la scène, à Berlin, ils essuyèrent d'abord des échecs, puis, maîtrisant leur technique, ils obtinrent un engagement à Londres en 1911. Deux ans plus tard, Grock met au point un numéro avec lequel il fera rire le monde entier et qu'il conservera jusqu'à la fin de sa carrière. Son héros est un nigaud qui, placé au milieu d'instruments de musique, cherche les cordes de son violon alors qu'il tient celui-ci du mauvais côté et s'efforce de s'asseoir plus près du piano en tirant ce dernier plutôt que le tabouret et ponctuant ses découvertes du célèbre : « sans blââgue ! ». Assimilé à la catégorie des clowns musicaux, Grock était aussi excellent acrobate ; son art, plus proche par ailleurs du music-hall, tendit vers une certaine forme d'universalité. En 1924, il quitta l'Angleterre et passa sur le continent. Il fit ses adieux à la scène, à Hambourg, en 1954.
Grock écrivit plusieurs livres parmi lesquels figure son autobiographie, Ma Vie de clown Die Memoiren des Königs der Clowns, 1956. Michèle Grandin.

Sa vie

1880 Naissance à Loveresse de Charles Adrien Wettach, fils de Jean Adolphe Wettach, horloger, aubergiste et cabaretier1
1880 déc. - 1882 avril : La Neuveville
1882 avril - automne : Le Landeron, Moulin-de-la-Tour
automne 1882 - 1885 octobre : Le Landeron, Rue de Soleure
1885 octobre - 1887 Le Locle, Rue de France
1887 - fin 1889 Col-des-Roches, Café National et bureau postal tenu par la mère. Fasciné par le cirque Wetzel, il joue au cirque pour ses copains.
fin 1889 - été 1891 : Les Replattes
été 1891 - 1892 printemps Bienne, Rue Haute
1892 printemps - 1893 février : Bienne, Rue du Milieu
Premier spectacle il a 13 ans
Café Paradisli à Bienne
1893 février - 1894 avril : Bienne, café Paradisli , Faubourg du lac
premières représentations avec sa sœur Jeanne, les Paradiesli-Folies
numéro musical en frappant sur des bouteilles plus ou moins remplies d'eau
homme serpent
morceau d'acrobatie avec sa sœur au piano
mange une portion de spaghetti avec les pieds
1894 avril - 1895 mai : Villeret, Auberge du Cerf
1894 : il fait quelques stages au cirque Weitzel, qui a ses quartiers d'hiver dans la région ; il observe les artistes et apprend le jonglage, l'acrobatie, le mime, le contorsionnisme, la musique et la danse
1894 mai : funambule, il traverse la place du marché neuf de Bienne en marchant sur une corde.
Début d'un apprentissage d'horloger 6 semaines
1895 mai - 1895 juillet : Villeret, La petite copè
1895 juillet - 1896 juillet : Malleray, rue Schäublin 3
1896 - 1897 octobre : Bienne, Rue Franche 29
1896 : 1re tournée avec sa sœur Jeanne à Berne, Lucerne, Zurich, Saint-Gall, Schaffhouse et Soleure

La Hongrie

1897 juillet Départ avec sa sœur Jeanne pour la Hongrie.
1897 Professeur de français pour les 3 fils d'un baron.
1899 Travaille à Budapest chez un fabricant d'instruments et comme violoniste.

Premiers pas de clown

1900 - Premiers pas comme partenaire du clown Alfred Prinz sous le nom d'Alfrediamos
Hiver : Accordeur de piano itinérant l'hiver, période pendant laquelle les cirques ne tournent pas.
Engagé par le cirque Krateily avec Prinz
1902 - Fin du travail avec Prinz, qui se marie.
Lyon avec Achille Conche. Cirque des frères Barazetta.
1903 - Cirque national suisse comme caissier, puis numéro avec Marius Galante qui avait eu du succès avec l'espagnol Brock. Il n'est pas enthousiaste de ce nom, il le change en Grock
Octobre à Nîmes : dans les arènes, 1re représentation de Brick et Grock
1904 - Brick et Grock sont engagés par le cirque Medrano
1906 - avril : Buenos Aires où il rencontre les célèbres Antonet 1er clown du Cirque de Paris et Little Walter. Alors qu'Antonet porte un frac élégant, Grock est coiffé d'une calotte de feutre, vêtu d'un immense paletot. Ses yeux de chien battu, son sourire de nigaud et son maquillage blanc lui composent un faciès malicieux à l'expression enfantine
1907 : Il tombe amoureux de Inès Della Casa, une chanteuse italienne de 17 ans avec qui il se mariera plus tard. Il tombe amoureux de Louise Bullot, artiste de Paris.
Marseille : Grock & Antonet remportent un gros succès. Tournée en Espagne
1909 : Il sait négocier son succès, les gages augmentent. Il s'achète une voiture de luxe de marque Grégoire.
1911 : Achat pour ses parents d'une résidence à Saint-Maur-des-Fossés près de Paris.

Variété et music-hall

1911 août Théâtre de Variété de Berlin Wintergarten. La première est un désastre. Grock remanie le programme, après un mois ils sont l’attraction. Engagement à Londres
1912 déc. Folies Bergère à Paris
1913 Rencontre avec Géo Lolé qui prend le rôle de conférencier du sérieux. Tournée en partant de Copenhague et ensuite l’Allemagne, la Hongrie et l’Autriche.
1914 Tournée en Russie, arrêtée car la guerre éclate.
1914 août Mariage avec Loulou à Copenhague et retour en Suisse où il est déclaré inapte au service militaire
1914 voyage à Paris chez ses parents.
1914 noël Olympia musical-hall alors proche de la banqueroute à Paris et tournée en province. Gros succès, l’Olympia est sauvé.
1915 sept. - 1916 mai Engagement avec Hayem Friedmann qui sera mobilisé au Coliseum à Londres
1916 Fondation avec le musicien Leon Silbermann de la maison d’édition L. Silbermann & A. Grock. Grock écrit toutes les chansons dont quelques-unes seront interprétées par des stars anglaises
1916 Sa sœur Jeanne se marie avec son ancien partenaire Geo Lolé qui se trouve sur le front.
1916 mai Rencontre avec le Hollandais Max van Embden 21 ans. Grock & Max font une tournée en Angleterre et Écosse.
1918 4 septembre, sa femme Loulou meurt de la tuberculose.
1919 A nouveau les Folies Bergère, Grock & Max font un triomphe. La solitude lui pèse, il se souvient d'Inès Della Casa qu'il avait aimée en 1907 en Amérique du Sud et qui vit séparée de son mari, il ne pourra l'épouser qu'en 1923.
1919 3 décembre, tournée au USA avec Inès et Max jusqu'à fin décembre 1920. Il est déçu du public américain. ..Pour les Yankees j’étais trop doux, trop peu excité et excitant...
1921 Grande-Bretagne jusqu’au 21 avril 1924 départ à cause de problèmes fiscaux.
1922 Il construit une villa pour ses beaux-parents à Oneglia/Imperia, sur la Riviera italienne. Il y habite dès 1924.
1922 Tournée en France et en Allemagne en commençant par L’Empire à Paris, il reprend Lolé comme partenaire.
1925 Film réalisé par Jean Kemm.
1927 Il joue de nouveau avec Max. Leur numéro est filmé et ils sortent un disque.
Il doit se séparer de Max qui demande des cachets plus élevés. Il joue à nouveau avec Lolé.
1927, Rencontre avec le fabricant d’accordéon Hohner qui lui demande de faire son numéro avec cet instrument. Il accepte à condition que ce dernier ait un clavier de piano. Hohner développe un tel instrument.
1930 Déménagement dans la maison qu’il s'est fait construire à Oneglia quartier d'Imperia en Italie, la villa Bianca nom de sa fille adoptée de 50 pièces dont le belvédère géant domine un parc de 2 hectares où l'effigie du clown est partout. Cette construction est un mélange de style perse, baroque, liberty et rococo, entourée par un jardin fascinant.
1930 Automne, commencement du tournage d’un film produit par lui-même en 5 langues.
1931 24 février, première à Berlin.
1931 Juillet il se rend compte que les propriétaires de la société de distribution sont partis avec son argent. Son film ne peut pas être distribué en Grande-Bretagne à cause de ses arriérés fiscaux. Il est couvert de dettes.

Avant-guerre

1934 - 24 janvier, Hitler voit son spectacle au Deutsche Theater à Munich et le félicite. Il revient 13 fois ! Grock pend des portraits d'Hitler dans sa villa5.
1934 - Noël Les nazis ne plaisent pas à Lolé, qui part chez sa femme à Paris
1938 Tournage d'un film publicitaire en couleur pour Hohner. Grock ne peut présenter le film qu'à condition de présenter un certificat d'arianité. Hitler commence à lui déplaire.

La guerre

1939 6 mai, il décide mettre fin à sa carrière, il se retire dans sa villa.
1940 17 avril, Goebbels lui demande de faire des représentations dans les hôpitaux de guerre.
1943 Oneglia est bombardée mais sa villa est épargnée.
1944 31 août, fuite en sécurité en Suisse à Zurich.
1944 Automne, il remonte sur scène.
1945 janvier, Lausanne où il prend domicile.

Après-guerre

1945 8 mai, capitulation de l'Allemagne nazie, il reprend ses tournées, gros succès malgré les accusations de nazisme.
1946 Il est proche de la ruine : à cause de la dévaluation du mark allemand et de la lire italienne, sa fortune ne vaut plus rien.
1950 Nouveau film « Au revoir, Mr Grock ». 1re mondiale au cinéma Métropole à Lausanne dans l'immeuble-même où il habite.
1951 Création d'un cirque de variété, grâce à un manège tournant de 9 mètres de diamètre cirque Grock de 4 500 places, 140 employés et 60 roulottes qui permet de le voir de tous les côtés. Première à Hamburg le 24 mars 1951 avec Schatz, gros succès.
1953 Mai, à Zurich commence sa dernière tournée en Suisse.
1954 10 octobre, dernière représentation dans son manège à Hamburg.
1957 Représentations à la télévision italienne

L'homme

Il parlait 6 langues couramment : français maternelle, anglais, italien, allemand, espagnol et hongrois.
Il jouait de 24 instruments en particulier le violon miniature.
De son Jura bernois natal, il a gardé une formation de sourcier, qu'il a utilisé de temps en temps.
Féru d'automobiles, il s'y ruinera, aura plusieurs accidents plus ou moins graves.
Il est nommé dans le 232e des 480 souvenirs cités par Georges Perec dans Je me souviens.
Il était franc-maçon, membre de la Grande Loge suisse Alpina.

Famille

Son père Jean Adolphe Wettach Reconvilier 1853-France 1921 horloger, aubergiste, cabaretier chanteur de jodel, guitariste,..., s'était distingué jeune en faisant l'acrobate et le pitre
1876-1880 horloger rhabilleur et paysan
1891 Bienne, horloger remonteur chez Brandt & Cie futur Omega
1893 Bienne, Restaurant Paradiesli faillite en 1894
1894 Villeret, Hôtel du Cerf
1895 Malleray,
1896 Bienne,
dès 1896 pas d'emploi fixe
1911 Saint-Maur-des-Fossés France
Sa mère Cécile née Péquegnat Loveresse 1853-Oneglia 1951
Sa sœur Jeanne 1881-1971
fait du piano dans les cafés-concerts en Russie
travaillera dans sa maison d'édition
Son beau-frère et partenaire Geo Lolé 1969 épouse sa sœur Jeanne en 1916
Sa sœur Fanny 1883-1955 Lucerne chez qui il habite en automne 1944
Sa nièce Madeleine Zurich chez qui il habite en été 1944
son petit neveu Raymond Naef 1948- a écrit « Grock ein Wiederentdeckung des Clowns
Sa sœur Cécile 1889-1970 épouse de Georges Bessire
Son frère Adolphe 1891-1892, qui s'est noyé dans un ruisseau
Sa 1re femme Louise Bullot dite Loulou 1875-4 septembre 1918
Sa 2e femme Inès Della Casa 1890-1974 née Ospiri
Sa fille adoptive Bianca 1909-1978 fille d'Inès Della Casa
Suit des cours au conservatoire de Turin
Sa petite fille Adrienne
Son petit fils Richard Wettach
Son arrière petit fils Florian Wettach
Son arrière petite fille Julie Wettach

Partenaires

Sa sœur Jeanne 1893-août 1897.
Alfred Prinz duo Alfrediamos 1899-mars 1900
Marius Galante dit Brick, Brick & Grock oct. 1903-juin 1907
Antonet Umberto Guillaume sept. 1907-sept. 1913
Georges Laulhé dit Lolé sept. 1913-juin 1914, en 1914 mobilisé, en 1916 marie sa sœur Jeanne,1924-1926 1927-1935
Moretti (déc. 1914-juin 1915
Hayem Friedmann juin 1915-mai 1916
Belin Fante mai 1916-juin 1916
Max von Embden juin 1915-avril 1924, Grock & Max
Lolé sept. 1924- sept 1925
Louis Allary sept. 1925- déc 1926
Max von Embden janv 1927-Févr 1932, Grock & Max
professeur Jean Niard 1932-1945 remplacement
Lolé mars 1932- déc. 1935
Alfred Schatz janv 1936- avril 1939
Jérôme Medrano fils, 1907-1998 janv 1937- oct 1937remplacement
Alfred Schatz automne 1941- printemps 42 camps de blessés
Sisto Lorrenzoni 1944-avril 1945
Max von Embden noël 1945 Grock & Max
Max von Embden mars 1947-mars 1949 Grock & Max
Louis Maïss mars 1949-oct. 1949
Alfred Schatz nov. 1949- oct. 1954
Max von Embden août-sept 1957 5 shows TV italiennE

Impresarios

1911 Marinelli
1914 Percy Riess
1924 Henri Lartigue

Entreprises

La maison d'édition L. Silbermann und A. Grock fondée avec le musicien Leon Silbermann en 1916. Sa sœur Jeanne y travaille.
Son manège tournant -9 m de diamètre - 4500 places trouvé par son neveu Jean-Jacques Bessire + une tente à 4 mats , 14 roulottes, 7 tracteurs, une grue et quelques camions.
L'entreprise Perfectone à Bienne, spécialiste en appareils acoustiques de précision, créée par ses neveux Henri et Jean-Jacques Bessire, il est l'actionnaire principal.
Gags
son expression Sans blague...
son numéro saut de la chaise : être debout dans une chaise percée, par un saut il se retrouve assis sur le dossier, un pied sur le bord de la chaise et l'autre jambe sur le genou, son petit accordéon toujours en main.
Avant de se mettre au piano, rapprocher ce dernier au lieu de pousser la chaise.
Le petit violon qu'il prend dans une immense valise.

Bricolages, inventions

Machine à mélanger les cartes
L'accordéon à touches silencieuses, trop cher pour être fabriqué !
L'idée d'ajouter un clavier de piano à un accordéon, réalisé par Hohner
La piste tournante de son cirque
sa serrure antivol, inventée par Lucien Witz
et d'autres
Maisons
Villa Bianca à Impéria en 2007
Achat pour ses parents d'une résidence dans Le Parc Saint Maur France
1922 Construction d'une Villa à Oneglia/Imperia
1928 Achat de la propriété voisine pour éviter la construction d'un tullière devant sa maison qu'il transforme en parc.
1930 Construction d'une nouvelle Villa 50 chambres"Villa Bianca" nom de sa fille
1944 Occupation par les nazis
1945 Occupation par les partisans
1975 Vente par sa fille Bianca.
1999 The Grock Foundation tente de sauver la maison qui est abandonnée et a été vandalisée

Cinéma Acteur

1926 : Son premier film ou Le Gardien du sérail de Jean Kemm
1927 : Pourquoi ? What for ?
1931 : Grock de Carl Boese version allemande : Grock
1931 : Grock de Carl Boese et Joë Hamman version française : Grock
1939 : Revue-Film der Akkordeon-Fabrik Hohner film en couleur
1954 : Le Dernier Spectacle de Grock
1957 : 5 séquences du programme de Grock télévision italienne RAI
1950 : Au revoir monsieur Grock de Pierre Billon : lui-même

Musique

Il a composé plus de 2500 mélodies
De nombreuses chansons publiées par sa maison d'édition L. Silbermann und A. Grock, par Hohner
Ces chansons ont été chantées par de grandes vedettes: Fred Barnes, Émilie Hayes, Florrie Forde, George d'Albert,...

Disques

Plusieurs disques produit par la maison Odéon

Iconographie

1950 - Portrait photographique par Émile Savitry.



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#32 Dom Jean Mabillon
Loriane Posté le : 23/12/2015 21:50
Le 27 décembre 1707 meurt Dom Jean Mabillon à Saint-Germain-des-Prés

né le 23 novembre 1632 à Saint-Pierremont, dans les Ardennes en France, moine bénédictin de la congrégation bénédictine réformée de Saint-Maur, érudit et historien français. ce bénédictin dont l' activité principale est historien, Érudit, il reçoit sa formation en 1644 au Collège des Bons Enfants à Reims, puis en 1650 au Séminaire diocésain de Reims. Il reçoit pour distinctions l'inscription à l'Académie royale des Inscriptions et Médailles. Il a utilisé pour pseudonyme Eusebius Romanus.
Cet intellectuel a exercé un rôle déterminant dans la transmission des savoirs au XVIIe siècle. Il a introduit pour la première fois un discours de la méthode sur l'analyse des documents, qui fait ensuite référence pour les historiens et les chartistes. Il est à ce titre connu comme le fondateur de la diplomatique, cette science nouvelle définissant les règles pour établir la date, la provenance, la nature, l’authenticité et les versions successives d’un document écrit. De même, la publication de son ouvrage De Re Diplomatica a été considérée a posteriori par l'historien Marc Bloch comme une grande date en vérité dans l’histoire de l’esprit humain.
Son esprit critique et rigoureux se retrouve également dans ses éditions des œuvres des Pères de l'Église et des grands théologiens. Les travaux de Jean Mabillon dans ce domaine ont donné un nouvel élan à l'étude des premiers textes chrétiens et de la patristique. Enfin, ce voyageur et épistolier a entretenu un réseau de contacts dans la République des Lettres européennes, notamment en Flandre, en Bourgogne, en Lorraine, en Champagne, en Suisse, en Allemagne et en Italie.
Sa vie est marquée par son caractère, fait à la fois de sérénité et de ténacité dans l'analyse et l'argumentation, et par sa capacité à associer sa vocation intellectuelle et scientifique à sa vocation religieuse.

En bref

Moine bénédictin de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, où il aide dom Luc d'Achery à la bibliothèque, Jean Mabillon voyage beaucoup pour prendre copie d'actes conservés dans les abbayes d'Europe. Il est amené à tirer les conclusions de ce travail en publiant le De re diplomatica, qui fonde la diplomatique ou étude des actes officiels. Au cours de ses voyages, en Suisse, en Allemagne, en Italie, il s'intéresse à l'histoire de la liturgie, discipline dont il est le grand initiateur, notamment par son ouvrage De liturgia gallicana 1685.
Il est aussi l'éditeur des œuvres de saint Bernard, des Acta sanctorum ordinis sancti Benedicti en neuf volumes, des Vetera Analecta et des Annales ordinis sancti Benedicti, qui restent des sources importantes pour les historiens, en raison de l'exactitude des renseignements donnés. La disparition de nombreux documents pendant la Révolution et aux époques troublées des Temps modernes donnent à ces publications une valeur considérable.
Dom Mabillon appartient au groupe des moines qui ont rendu la congrégation bénédictine de Saint-Maur illustre par la qualité de leurs travaux, par l'ampleur de leur érudition. Il a défendu la cause de l'érudition et le travail intellectuel des hommes d'Église contre l'abbé de Rancé, réformateur de l'ordre des Cisterciens : à cet effet, il a écrit le Traité des études monastiques en 1691. Anne Ben Khémis

Sa vie

Né en 1632, il est le cinquième enfant d'Estienne Mabillon, un paysan décédé le 24 mai 1692, âgé de 104 ans, et de sa femme, Jeanne Guérin. Le village de Saint-Pierremont, où il est né, est situé aux confins de l'Argonne ardennaise, sur un petit monticule. Il est à quelques kilomètres de la forêt de Belval et de l'abbaye de même nom, traversé par un ruisseau qui se jette dans la Bar. Cette famille de laboureurs habite dans une modeste maison à quelques pas de l'église. Jean Mabillon montre clairement, dans l'école du village, des capacités intellectuelles qui justifient de poursuivre d'autres études en d'autres lieux, ces petites écoles de village n'ayant d'autres ambitions que d'apprendre à lire, à écrire et à compter sommairement.
À l'âge de neuf ans, on l'envoie chez son oncle, Jean Mabillon, alors prêtre de paroisse à Neuville-Day, qui lui enseigne de façon correcte les rudiments et lui procure les ressources nécessaires pour lui permettre de continuer ses études. Grâce à ce dernier, il entre en 1644 au Collège des Bons Enfants à Reims, collège et université. Il est pensionné moitié comme élève, moitié comme domestique, dans la maison du chanoine de la cathédrale et abbé commendataire qui surveille ses progrès avec intérêt.
En 1650, ce chanoine le fait entrer au séminaire diocésain, où il reste trois ans. Mais en 1653, il quitte le séminaire, pour rejoindre la Congrégation de Saint-Maur, à l'abbaye de Saint-Remi de Reims. Cette évolution dans sa vocation religieuse s'explique, selon certains auteurs, par sa déception devant la conduite et le parcours de son oncle, prêtre séculier auprès de qui il a vécu en Ardennes avant que ce dernier ne soit nommé à Condé-sur-Marne, et, pour d'autres, par l'exemple des moines de l'abbaye Saint-Remi, et tout particulièrement des novices dont il admirait la ferveur. Le 29 août de cette année 1653, il est admis au nombre des postulants, et n'a pas vingt et un ans lorsqu'il promet obéissance, persévérance et conduite morale. Le 5 septembre, il revêt l'habit de saint Benoît dans la congrégation de Saint-Maur.

Une vie de bénédictin

De santé fragile, il doit renoncer à l'éducation des novices qui lui a été confiée. À partir de 1656, il est successivement envoyé à l'abbaye de Nogent-sous-Coucy, puis à Corbie. Même si des emplois à des tâches plus temporelles lui sont affectés, il s'adonne également à l'étude des Antiquités, c'est-à-dire des documents anciens. Il commence à élaborer progressivement les règles d'une méthode critique de l'usage des documents, en s'intéressant à la démarche historique d'un de ses illustres prédécesseurs à l'abbaye de Nogent-sous-Coucy, Guibert de Nogent.
Après un séjour comme trésorier à l'abbaye de Saint-Denis, en 1663 et 1664, rapidement remarqué par les membres de son ordre en raison de ses capacités, il est envoyé à Saint-Germain-des-Prés, en juillet 1664. Il a trente-et-un ans.
Il y rejoint un cercle d'érudits formés autour du bibliothécaire de l'abbaye, Luc d'Achery, auquel il est appelé à succéder. Il commence alors à assister ce dernier dans la collecte de documents en vue de la rédaction des Actes de l'Ordre de Saint-Benoît Acta Ordinis Sancti Benedicti : sa contribution se révèle tellement déterminante dans l'œuvre issue de ce projet, dont le premier volume paraît en 1703, qu'elle lui est attribuée en définitive. Il reprend également les travaux, qu'il porte à bonne fin, sur une édition des Œuvres de Saint-Bernard, entreprise par Dom Claude Chantelou. Bientôt, des associés lui sont adressés, qui deviennent des amis, notamment Claude Estien de la Serrée, Michel Germain et Thierry Ruinart. Ce dernier est originaire comme lui de la province de Champagne.
L'érudition dont il fait preuve dans ses œuvres, et la fiabilité de son interprétation des sources documentaires sont remarquées rapidement par ses contemporains qui accordent de plus en plus d'attention et de crédit à ses écrits. Chacune de ses publications est autorisée voire suscitée par sa hiérarchie au sein de l'abbaye et de la congrégation de Saint-Maur, dont il est devenu l'une des voix. Il intervient ainsi sur des controverses en cours, en particulier sur l'identification de l'auteur de L'Imitation de Jésus-Christ, ainsi que l'usage du pain azyme pour l'Eucharistie. Sur ce dernier sujet, il répond initialement à une publication de Jacques Sirmond, mais s'aperçoit que cet écrit contredit également un traité récent du cardinal Bona, qu'il connaît bien et avec qui il est en contact très régulièrement. Il s'excuse auprès de ce dernier, de façon très courtoise, d'être publiquement rentré en controverse mais maintient fermement, dans un traité définitif, son analyse.
En 1681, il publie le traité De re diplomatica, qu'il rédige à la demande de ses supérieurs en réponse à la mise en question de l'authenticité de certaines chartes de l'abbaye de Saint-Denis par un jésuite, le bollandiste Daniel van Papenbroeck. Il y propose des outils permettant d'authentifier un document et de le dater. Le retentissement de cette œuvre vaut à Jean Mabillon, à quarante-neuf ans, d'apparaître comme le fondateur d'une nouvelle science, la diplomatique, l'analyse critique des documents et chartes, dont l'intérêt est unanimement reconnu.
La préface de l’œuvre, écrite par Jean Mabillon, est significative de la sérénité et de la modération qu'il s'impose : Deux choses nous ont poussé à écrire ce livre : d'un coté l'utilité de cette science nouvelle, et de l'autre la nécessité d'une défense ... En réfutant les objections que nous ont faites des adversaires irrités, nous nous sommes efforcés de ne point aller trop loin dans la réplique et de dire toute la vérité ... Qu'il le lecteur se souvienne que s'il est plus difficile de défendre que d'accuser, à plus forte raison est-il plus facile de causer des blessures que de les guérir. . Daniel van Papenbroeck, son contradicteur, lui répond notamment, dans une lettre qui fait honneur à son auteur : Je vous avoue que j'ai plus d'autre satisfaction d'avoir écrit sur cette matière que celle de vous avoir donné occasion de composer un ouvrage aussi accompli.
Devenu le protégé de Colbert, Champenois comme lui, il effectue pour ce dernier deux voyages – en Bourgogne 1682, puis en Suisse et en Allemagne 1683 – afin de collecter et d'authentifier des documents sur l'histoire de la couronne, puis sur celle de l'Église en France. L'archevêque de Reims, Charles-Maurice Le Tellier, devient également un grand admirateur de Mabillon et fait en sorte qu'en 1685, le roi confie à ce dernier la tâche de visiter les principales bibliothèques d'Italie afin d'acquérir des livres et des manuscrits pour la Bibliothèque royale. Il accomplit cette mission avec l'aide et la compagnie de son ami et ancien collaborateur Dom Claude Estiennot de la Serrée, devenu procureur de la Congrégation de Saint-Maur près le Saint-Siège, avec lequel il a continué à entretenir une correspondance riche et assidue.
Son travail sans concession pour développer la critique historique, sa connaissance de la tradition monastique et son audience, le désignent naturellement lorsqu'il s'agit pour la congrégation de Saint-Maur de réagir à la controverse ouverte par l'abbé de La Trappe, Rancé, dans trois ouvrages successifs, sur la place que doivent tenir les études par rapport au travail manuel dans la vie monastique. Rancé remet en valeur le silence et le travail manuel, si possible pénible, et nie l'intérêt des études scientifiques dans un monastère. Mabillon répond à ce dernier par un Traité des études monastiques 1691. Ce traité est bien accueilli par une partie des érudits, savants et scientifiques, religieux ou non. Pierre-Daniel Huet lui écrit ainsi : Je suis ravi que vous aiez entrepris de désabuser ceux à qui on a voulu persuader, depuis quelques années, que l'ignorance est une qualité nécessaire à un bon religieux. Mais les thèses de Rancé conservent un certain succès auprès d'une autre partie de la communauté religieuse, ainsi qu'au sein de la noblesse et de la Cour. L'abbé de La Trappe écrit une réponse au traité, qui provoque de la part de Jean Mabillon la publication des Réflexions sur la Réponse de M. l'abbé de la Trappe au traité des Études monastiques, où il se garde bien d'adopter un ton polémique. En définitive, Jean Mabillon reçoit l'appui du roi qui déclare à son propos le considérer comme le plus savant et le plus humble religieux de son royaume , ce qui incite Rancé à clore l'échange, d'autant que son contradicteur prend soin de lui rendre visite, avec la cordialité requise.
En 1694, ayant été conduit à s'intéresser au sort d'un religieux condamné à la prison, il écrit un mémoire sur les conditions de détention dans les geôles réservées à cet effet, Réflexions sur les prisons des ordres religieux, plaidant pour un traitement plus humain. L'ouvrage reste au sein de la communauté de l'abbaye de Saint-Germain, sans que la hiérarchie n'ose ni le faire connaître ni le détruire. Thierry Ruinart ne le cite pas. Il n'est publié que bien plus tard, dans les Œuvres posthumes. En 1698, Jean Mabillon proteste en vain sous le pseudonyme d'Eusebius Romanus contre la vénération des reliques des saints anonymes dans les catacombes de Rome, ce qui lui vaut d'être convoqué pour s'expliquer et d'avoir à publier, en apparence de soumission, une défense de la Sainte Larme de Vendôme.
Finalement, en dépit des attaques qu'il subit, la réputation de Mabillon ressort intacte et, en 1701, il est nommé membre de l'Académie royale des Inscriptions et Médailles par le roi. En 1703, il publie le premier volume consacré à l'histoire de son ordre, les Annales de l'Ordre de Saint-Benoît, qui lui vaut les louanges de Bossuet25. Les autres volumes suivent et le cinquième sera publié après sa mort. D'ultimes controverses le décident également à apporter des précisions et des suppléments à son œuvre maîtresse, le De re diplomatica. Il se consacre aussi à un ouvrage sur La Mort chrétienne.
Il décède en 1707 à Saint-Germain-des-Prés. Les cendres de Mabillon, unies à celles de Descartes, ont été déposées dans une tombe scellée dans un mur de l'église Saint-Germain-des-Prés. À proximité, une rue de Paris porte son nom, à titre d'hommage, et une station de métro a également été nommée ainsi en 1925.

Les principaux apports

Une méthode d'analyse des documents et des écritures

Les travaux et recherches historiques des moines de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés sont indissociables de leur appartenance à la congrégation de Saint-Maur. Depuis le concile de Trente, les bénédictins s’efforcent de respecter de façon plus stricte leur règle. Pour mener à bien cette réforme, le besoin se fait sentir, en 1621, d'ériger une congrégation nouvelle propre au royaume de France qui adopte le nom du premier disciple de saint Benoît. Le développement des mauristes est tel qu’en 1707, moins d'un siècle plus tard, ils comptent environ 2 200 religieux, avec une forte implantation dans des provinces ecclésiastiques importantes telles que Reims et Paris.
Ce retour à la pureté initiale de la règle, souhaitée par cette congrégation, comporte une dimension historique : reconstituer l'histoire de l'ordre religieux et la vie de ses saints, mieux connaître les auteurs monastiques, etc. Sincèrement attaché à son ordre, attiré par les travaux historiques, Mabillon a également les aptitudes requises pour de telles recherches. C'est pour ces raisons qu'il est envoyé en 1664 à Saint-Germain-des-Prés comme adjoint au bibliothécaire de cette abbaye, dom Luc d’Achery. Il prône à partir de cet instant la recherche de la vérité historique dans le domaine des études religieuses.
L’ouvrage le plus connu de Mabillon, le De re diplomatica, publié en 1681, est une étape majeure dans l'élaboration d'une méthode d'analyse historique des documents qui peuvent ou non servir de référence. Dans cet ouvrage, Mabillon donne les règles qui permettent d’établir la date, la provenance, la nature et l’authenticité d'un document écrit, charte officielle ou autre ; il en analyse le style ; il propose d'en repérer les transcriptions successives, d'identifier les institutions qui le créent puis le diffusent, de s'intéresser au support de l’écrit, le papier, parchemin ou papyrus, mais aussi à l’écriture elle-même, à la signature, et au sceau clôturant le support. Les aspects méthodologiques, qu'il a forgés, sont apparus ensuite transposables à toute enquête historique ou scientifique s'appuyant sur des sources écrites.

Diplomatique.

Cette méthode est enseignée à l’École des chartes dès sa création, avec la volonté d'inculquer aux élèves des réflexes critiques face à toute affirmation. Deux siècles plus tard, le jugement de Marc Bloch sur cet apport méthodologique est sans équivoque : Cette année là — 1681, l’année de la publication du De Re Diplomatica, une grande date en vérité dans l’histoire de l’esprit humain — la critique des documents d’archives fut définitivement fondée. Tel fut bien, d’ailleurs, de toute façon, dans l’histoire de la méthode critique, le moment décisif.
L’ouvrage de Mabillon, De re diplomatica, initialise également une approche rigoureuse de la paléographie, autre science auxiliaire de l'histoire. Aux catégories d'écritures relativement arbitraires qui existaient précédemment, le bénédictin substitue des groupements chronologiques et géographiques, fondés sur des données historiques fiables. Ses successeurs en cette matière parmi les mauristes, René Prosper Tassin et Charles-François Toustain, écrivent quelques décennies plus tard : Son système est dans le vrai, et quiconque voudra se frayer des routes contraires à celles qu'il nous a tracées ne peut manquer de s'égarer ; quiconque voudra bâtir sur d'autres fondements bâtira sur du sable .

Paléographie.

Pourtant, malgré cette rigueur et son souci de vérité, Jean Mabillon commet des erreurs. C'est le cas sur la controverse concernant l'auteur de L'Imitation de Jésus-Christ, une question qui reste ouverte au début du XXIe siècle. L'hypothèse considérée aujourd'hui comme la plus probable attribue l’œuvre à un moine allemand, Thomas a Kempis, contrairement à la position appuyée par Jean Mabillon sur la base d'un manuscrit qui semblait antérieur à Thomas a Kempis mais dont la date était difficilement vérifiable.
L'autre affaire sur laquelle son expertise a été critiquée porte sur sa participation à l'analyse de la généalogie de la maison d'Auvergne, sujet d'autant plus délicat qu'il touche Emmanuel Théodose de La Tour d'Auvergne, cardinal de Bouillon, fâché avec le roi Louis XIV, conférant à cette affaire de filiation une dimension politique.

Un nouvel élan apporté à l'étude des Pères de l’Église

Jean Mabillon a été appelé à l'abbaye de Saint-Germain des Prés par le bibliothécaire Luc d'Achery pour le seconder dans l'étude de la vie et l’œuvre des Pères de l'Église et de ses saints, et dans l'histoire de l'ordre des Bénédictins. Il consacre à ces thèmes une grande partie de sa vie et insuffle une nouvelle dynamique à ces études historiques, tout en s'inscrivant dans un mouvement de recherche plus large.
Si l'on recueille alors avec plus de curiosité et d'exactitude que jamais les délibérations et les décrets des conciles, les lettres et les bulles de papes, les écrits des Pères, les rituels et missels primitifs, les rares manuscrits des anciennes hérésies, c'est que l'Antiquité est devenue une raison pour la croyance et que la foi des chrétiens de ce temps a besoin de se sentir soutenue par la foi des aïeux. Allazi, Schelstrate, Luc d'Achery, Cotelier, Emerie Bigot, Thomassin, Tillemont, Mabillon, Baluze, Valois, Ellies du Pin, Bochart, Blondel, Limborch, Beveridge, William Cave, Dodwell, Allix, furent les auxiliaires, les pourvoyeurs des théologiens militants ... La théologie, au milieu du dix-septième siècle, a rendu service à l'histoire en la suscitant à travailler pour elle.

Alfred Rébelliau.

Ses premiers travaux sont consacrés à l'édition des œuvres de Bernard de Clairvaux, entreprise par un autre bénédictin, Dom Chapelou, décédé en novembre 1664. L'accueil de ce travail, en 1667, six tomes en neuf volumes in-8°, l'encourage. La publication est portée à l'attention du pape Alexandre V.
Il lui est demandé ensuite de se consacrer à l’Édition des Actes des saints de l'ordre. Il se donne à cet ouvrage durant trois décennies, le résultat étant publié au fil des années, en neuf volumes, chaque volume correspondant à un siècle à compter de la fondation de l'ordre au vie siècle. Ces publications recueillent beaucoup d'intérêt. Mais une polémique, émaillée d'une suite de pamphlets et de réponses, est déclenchée dès la première publication, en 1668, par deux autres moines bénédictins, Dom Philippe Bastide et Dom Antoine-Joseph Mège. Elle dure une dizaine d'années et prend de l'ampleur jusqu'au volume correspondant au quatrième siècle bénédictin. Les deux moines contestent la remise en cause de quelques énoncés traditionnels associés à l'histoire de l'ordre, et de quelques saints qui, après vérification par Jean Mabillon des sources disponibles, ne sont pas, pour lui, des bénédictins. Ils attaquent aussi les raisons invoquées pour expliquer le relâchement de l'ordre, sujet délicat ayant abouti à la nécessité de réformes. Ces moines zélés ne demandent pas moins que la rétractation de Jean Mabillon, que lui soit imposée l'interdiction d'écrire et qu'il soit également interdit d'imprimer les ouvrages déjà diffusés. Pour clore la controverse, les supérieurs de la congrégation adressent l'ultime factum des adversaires de Jean Mabillon à celui-ci, lui demandant une ultime réponse Réponse aux remarques que le R.P. Bastide a faites sur la préface du quatrième siècle bénédictin, et soumettent l'ensemble à d'éminents prieurs de la congrégation. En avril 1678, ceux-ci se prononcent unanimement en faveur de Mabillon, faisant ainsi le choix de la sincérité historique. Ce n'est plus la tradition qui est le garant de l'authenticité, mais l'authenticité des sources qui fait autorité.
Parmi les défenses rédigées durant cette controverse, l'ouvrage de Mabillon intitulé Brèves réflexions sur quelques Règles de l'histoire, resté à l'état de manuscrit, n'est jamais publié de son vivant. L'auteur, sortant de la mission qui lui a été confiée par sa congrégation, rentre dans le domaine de l'épistémologie de l'histoire.
Les autres publications historiques de Jean Mabillon sont plus conformes au rôle qui lui était dévolu, telles les Analectes anciens, publiés en quatre volumes de 1675 à 168541, l'ouvrage sur la liturgie française en 1685, et la préface des œuvres de Saint-Augustin en 1701. Dans cette dernière préface, il s'emploie à disculper la congrégation de Saint-Maur des soupçons de jansénisme distillés, semble-t-il, par des jésuites. Puis dans les dernières années avant son décès, la documentation accumulée est utilisée pour écrire les Annales de l'Ordre de Saint-Benoît.

Citoyen de la République des Lettres

La respublica literaria l'expression apparaît pour la première fois en 1417 dans la correspondance de l’humaniste florentin Poggio Bracciolini est cette communauté, émergeant au moment de la Renaissance, rassemblant de façon virtuelle des savants et intellectuels italiens, français, flamands, anglais, allemands, transcendant les frontières, les différences religieuses, les appartenances sociales et les professions. Ces érudits échangent par des correspondances et des rencontres. Le but de ces échanges est de transmettre les savoirs et de réunir les ouvrages essentiels dans les bibliothèques européennes.

République des Lettres.

Jean Mabillon entreprend de fréquents voyages pour accéder aux chartes, diplômes et ouvrages, et pour rencontrer des correspondants. Avec Luc d'Achery, ils avaient à plusieurs reprises encouragé les correspondants de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés dans les différentes contrées européennes à leur transmettre des copies en leur faisant connaître leurs recherches et les ouvrages en préparation.
En 1672, choisi spécifiquement par la congrégation de Saint-Maur, il part, à pied, pour les Flandres, destination qu'il reprend en 1679. Puis il se rend en Lorraine en 1680, pour consulter des archives nécessaires à son ouvrage De re diplomatica. En 1682, c'est la Bourgogne, déplacement commandité par le ministre Jean-Baptiste Colbert, pour retrouver des pièces intéressant la maison royale. Il consacre cinq jours à l'abbaye de Cluny, et le compte-rendu de cette visite montre que, s'il n'oublie pas la commande du ministre, il s'intéresse aussi à l'institution religieuse et à son fonctionnement. En 1683, c'est la Suisse et l'Allemagne, déplacement toujours commandité par Colbert. Puis l'Italie en 1685 et 1686, sur proposition de l'archevêque de Reims, Charles-Maurice Le Tellier, pour compléter la bibliothèque du roi. Ce voyage, qui dure plus d'un an, le fait passer notamment à Milan, Venise, Rome, Naples, le mont Cassin, Florence, Gênes, etc., visitant les chartriers et les bibliothèques, pour ses recherches sur l'histoire religieuse et sur l'histoire politique. Il recense les sources existantes, et achète pour la bibliothèque royale quelque 4 912 ouvrages. Ses derniers voyages le conduisent en Lorraine, à nouveau, en 1696, en Alsace, en Touraine et Anjou en 1698, en Champagne en 1699 puis en Normandie en 1700, déplacement commandité cette fois par l'ordre des Bénédictins. Chaque fois que le trajet le permet et passe à proximité des frontières de la Champagne, il réapparaît également à Saint-Pierremont, son village natal, en Ardennes. C'est le cas lors du dernier voyage, en 1703, qui le mène à Reims.
Mabillon multiplie également les échanges épistolaires. Il écrit pour organiser ses voyages, il écrit pour faire suite à ses voyages, il écrit pour connaître et faire connaître les publications récentes, il écrit pour maintenir des contacts amicaux, par exemple avec les représentants de la congrégation à Rome, qui sont souvent d'anciens moines de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Cette correspondance, reconstituée partiellement, comprend plusieurs milliers de lettres. Il diffuse également des documents vers ses correspondants, et un Pierre-François Chifflet, par exemple, à Dijon, est très heureux d'être en contact avec un Luc d'Achery ou un Jean Mabillon : l'abbaye de Saint-Germain sert, de fait, de centre de diffusion et de point focal aux chercheurs provinciaux.
Et, pour rendre compte de l'activité de Jean Mabillon et des différents cercles lui permettant d’échanger des connaissances et des idées, faut-il encore citer les conférences de l'abbaye ou les réunions plus privées et quasiment hebdomadaires, pendant près d'un quart de siècle, avec des historiens tels que Jean-Baptiste Cotelier et Charles du Fresne, sieur du Cange.

Principales Å“uvres

Galliae ad Hispaniam lugubre nuntium ob mortem reginae Galliarum Annae Austriacae (lugubre nouvelle de la France à l'Espagne à l'occasion de la mort de la reine de France Anne d'Autriche 1666 : hommage à la régente Anne d'Autriche à l'occasion de sa mort, en reconnaissance de l'appui qu'elle a apporté à la congrégation de Saint-Maur.
Sancti Bernardi Abbatis Primi Clarevallensis, Et Ecclesiae Doctoris, Opera Omnia Å’uvres de saint Bernard 1667.
Acta Sanctorum ordinis Sancti Benedicti Vies des Saints de l'Ordre de saint Benoît, 9 volumes, Paris, chacun correspondant à un siècle à compter de la fondation de l'ordre au vie siècle. :
t. 1, 1668 ;
t. 2, 1669 ;
t. 4, 1, 1677 ;
t. 4, 2, 1680 ;
t. 5, 1685 ;
t. 6, 2, 1701.
Dissertatio de Pane Eucharistico Azimo et Fermentano Traité sur le pain azyme et fermenté pour l'Eucharistie 1674.
Veterum Analectum Analectes anciens vol. 1 : 1675 ; vol. 2 : 1676 ; vol.3 : 1682 ; vol.4 : 1685.
Brèves réflexions sur quelques règles de l'histoire, 1677 : non publié et retrouvé dans ses manuscrits, cet ouvrage est publié en 1990 par les Éditions POL préfacé et annoté par Blandine Kriegel.
Animadversiones in Vindicias Kempenses a R.R... canonico regulari congregationis gallicanae adversus dom P.Delfau, monachus Benedictinus Sancti Mauri 1677.
De re diplomatica 1681.
Méthode pour apprendre l'histoire 1684.
De liturgia gallicana libri III 1685.
Museum italicum seu collectio veterum scriptorum ex bibliothecis italicis eruta a d. Johanne Mabillon, et d. Michaele Germain 1686, 2 volumes : récit du voyage en Italie.
Sancti Bernardi, Abbatis Priopprii Clarevallensis Opera Omnia Œuvres de saint Bernard 1690 : seconde édition, améliorée et complétée vingt-trois ans après la première.
Traité des études monastiques 1691
Réflexions sur la Réponse de M. l'Abbé de la Trappe 1692
Praefatio generalis in editionem operum S. Augustini Préface à l'édition des œuvres de Saint-Augustin 1701.
La mort chrétienne sur le modèle de celle de Notre-Seigneur Jésus-Christ et de plusieurs saints et grands personnages de l'Antiquité, le tout extrait des originaux, 1702
Annales Ordinis Sancti Benedicti occidentalium monachorum patriarchae Annales de l'Ordre de Saint Benoît, patriarche des moines d'occident, ou Annales O.S.B., 6 vol., Paris, 1703-1739 ; 4 vol. publiés du vivant de l'auteur en 1703, 1704, 1706 et 1707 ; le tome 5 paru en 1713 ; il avait été préparé intégralement par Mabillon ; son impression fut assurée par Dom Thierry Ruinart. Autre édition avec pagination différente Lucques, L. Venturini, 1739-1745.
Supplementum au De re diplomatica 1704.
Dissertation sur le culte des saints inconnus 1705.

Principales Å“uvres posthumes.

Histoire des contestations sur la diplomatique avec l'analyse de cet ouvrage, 1708.
De re diplomatica, Editio Secunda ab ipso Auctore recognita, par D. Thierri Ruinart, Paris, 1709,.
Ouvrages posthumes de D. Jean Mabillon et de D. Thierri Ruinart, réunies par Vincent Thuillier, Paris, 1724.
Brèves réflexions sur quelques Règles d'histoire, préface et notes de Blandine Kriegel, Paris, Éditions POL, 1990.
Différents recueils de correspondance ont également été publiés, dont :
Correspondance inédite de Mabillon et de Montfaucon avec l'Italie, 1846
Orationes, dissertationes, prolusiones, epistolae, et cum Cl. Joanne Mabillonio epistolarum, commercium, Lodovico Sergardi, Lucques, P.Bonsigori, 1783.



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#33 Ambroise Paré
Loriane Posté le : 19/12/2015 15:58
Le 20 décembre 1590 meurt Ambroise Paré

à Paris à 80 ans, né vers 1510 ou 1509 selon les sources au Bourg-Hersent, près de Laval, est un chirurgien et anatomiste français.
Ambroise Paré, chirurgien du roi et des champs de bataille, est souvent considéré comme le père de la chirurgie moderne. Inventeur de nombreux instruments, il participe à l’amélioration et à la diffusion d’une technique de cautérisation d’un nouveau genre. L'utilisation généralisée des armes à feu confronte les chirurgiens à des plaies d'une sorte nouvelle, que l’on cautérise au fer rouge ou à l’huile bouillante au risque de tuer le blessé. Paré met au point la ligature des artères, qu'il substitue à la cautérisation, dans les amputations.
" Je le pansay, Dieu le guarist ".
On cite volontiers cette phrase modeste de Paré pour résumer sa philosophie citation en moyen français signifiant : Je le pansai, Dieu le guérit.

En bref

Chirurgien français, Ambroise Paré a été nommé le « père de la chirurgie moderne ». Né près de Laval, il s'initie à la médecine chez un chirurgien de Vitré. Arrivé à Paris vers 1529, il devient aide-chirurgien-barbier à l'Hôtel-Dieu ; puis maître chirurgien (1536), et entre au service du duc de Montejean qu'il suit au siège de Turin. À la bataille du Pas de Suse (1537), il pratique la première désarticulation du coude et, manquant de l'huile que l'on répandait bouillante sur les blessures par arme à feu, il panse la plaie avec un mélange de jaune d'œuf, d'huile de rosat et de térébenthine ; ses malades guérissent sans présenter les complications habituelles (fièvres, tuméfactions, etc.) rencontrées avec la cruelle cautérisation.
À la mort de son maître, il revient à Paris, se marie, entre dans la corporation des chirurgiens-barbiers (1541), et tient boutique rue de l'Hirondelle à l'enseigne des Trois Bassins. En 1542, il est au service du comte de Rohan qui dirige le siège de Perpignan, et soigne les nombreux blessés ; pour extraire une balle particulièrement mal logée dans l'épaule du maréchal de Brissac, il replace le blessé dans la position qu'il occupait au moment de l'arrivée du projectile qu'il trouve plus facilement ensuite. L'année suivante, il est avec l'armée en Basse-Bretagne où l'on craint un débarquement anglais. Le jour de la Toussaint 1543, il assiste à la bataille de Landrecies contre les impériaux, puis rentre à Paris et commence à rédiger le récit de ses voyages et les observations faites durant ses campagnes. Il obtient, le 20 août 1545, le privilège du roi et fait imprimer la Méthode de traicter les playes faictes par harquebutes et aultres bastons à feu et de celles qui sont faictes par flèches, dards et semblables, qui soulève l'indignation de la faculté de médecine de Paris : l'auteur reconnaît n'avoir pas lu Galien, n'entendre ni le grec ni le latin son ouvrage est rédigé en français.
Après la mort de François Ier en 1547, Paré, dans sa boutique parisienne, prodigue à sa clientèle les soins nécessaires à l'opération de la taille, de la cataracte, à la réduction des fractures ; il pratique les accouchements ; il confectionne et vend des emplâtres. En 1552, la guerre reprend avec la maison d'Autriche, et Paré suit l'armée du comte de Rohan au siège de Danvilliers. Là, il doit amputer un gentilhomme, opération peu pratiquée car l'on craignait l'hémorragie des vaisseaux que l'on cautérisait au fer rouge ; Paré, perfectionnant une vieille technique, ligature les artères du blessé qui survit.
À la mort du comte de Rohan, Paré entre au service d'Antoine de Bourbon qui vante à Henri II les mérites de son chirurgien ; le roi s'attache Paré comme chirurgien ordinaire. En octobre 1552, les soldats du duc François de Guise, assiégés dans Metz par Charles Quint, sont démoralisés par la mortalité à la suite des blessures ; Henri II envoie Paré dont la présence et les soins réconfortent l'armée. L'année suivante, il est fait prisonnier au siège de Hesdin, mais il soigne l'un des vainqueurs qui le renvoie à Paris. Il souhaite alors être reçu docteur en chirurgie, mais la Faculté dresse des obstacles contre cet autodidacte, et il faut l'appui du roi pour qu'il reçoive le bonnet de docteur du Collège de Saint-Côme, le 8 décembre 1554, avec une thèse rédigée en français et sans subir les examens en latin. En 1559, il soigne mais ne peut guérir Henri II, blessé lors d'un tournoi. Il ne peut davantage sauver, en 1560, François II, de santé délicate. Il conserve cependant la confiance de Charles IX, qui, le 1er janvier 1562, le nomme son « premier chirurgien » un mois plus tard, paraît la Méthode curative des playes et fractures de la teste humaine.
Les guerres de Religion vont ensanglanter la France trente ans durant, et Paré va à Rouen soigner Antoine de Bourbon, devenu roi de Navarre et père du futur Henri IV, puis puis à Dreux 1562 et au Havre 1563 où il soigne catholiques et protestants. À son retour, il publie en 1564 les Dix Livres de la chirurgie avec le magasin des instruments nécessaires à icelle, parmi ces instruments, certains figurent encore, à peine modifiés, de nos jours. De 1564 à 1566, Charles IX, voyageant autour de son royaume, emmène son chirurgien qui, à son retour, soigne les blessés des affrontements de Saint-Denis 1567 et de Moncontour 1569. À l'avènement de Henri III il demeure premier chirurgien du roy, mais ne voyage plus ; il défend ses méthodes nouvelles, ligature des artères, traitement des plaies sans huile bouillante, simplification du traitement des luxations et des trépanations, et rédige un Traicté de la peste, de la petite vérolle et rougeolle 1568, ouvrage dans lequel il insiste sur la notion de contagion. La faculté de médecine déclare ces textes contraires aux bonnes mœurs et demande qu'ils soient brûlés en place publique. La protection du roi permet leur publication en 1575. Cette œuvre influence la chirurgie des siècles suivants en la libérant de l'obéissance aux Anciens. Paré disait : Ce n'est pas grand-chose de feuilleter des traités et de caqueter en chaire si la main ne besogne ; ce que fit la sienne durant un demi-siècle passé auprès des blessés. Cette œuvre ne concerne pas seulement la chirurgie militaire où il termine l'exposé de chaque cas par : Je le pansay, Dieu le guarit, mais l'obstétrique Précis d'anatomie et des accouchements, l'ophtalmologie, l'urologie, la pédiatrie, et d'autres domaines encore...
À côté de l'aspect purement médical, se dégage de l'œuvre de Paré un profond sentiment de bonté, de générosité. De nombreuses pages de ses œuvres sont des appels à l'apaisement, à l'entente fraternelle.
Paré fut-il huguenot ? Si tous les actes de sa vie passent par l'église Saint-André-des-Arts, ses deux mariages, les baptêmes de ses enfants, sa sépulture en bas de la nef proche le cloché et s'il fut au service de quatre rois catholiques, son cœur semble bien avoir été du côté protestant. Il ne faut en tout cas pas voir, dans le silence de Paré, une fuite devant sa conscience ou une marque d'indifférence, mais bien au contraire preuve de son amour de l'humanité : avouer son protestantisme aurait signifié, en ce temps de persécution, monter au bûcher, et Paré se savait utile aux hommes ; il sut garder un mutisme digne sur ses convictions personnelles et ne montrer qu'un soin inlassable et généreux à guérir ses semblables.Jacqueline Brossolet

Sa vie

Il est né au Bourg-Hersent, en Mayenne, près de Laval et d'Avesnières, probablement en 1510. Son père, agriculteur et fabricant de coffres, eut quatre enfants : Jean Paré, qui fut barbier-chirurgien à Vitré, en Bretagne ; X. Paré, qui alla s’établir aussi coffretier à Paris, rue de la Huchette ; Anne Paré, laquelle épousa Claude Viart, chirurgien juré à Paris morte le 19 septembre 1581 et Ambroise.
L'instruction d'Ambroise est confiée à un chapelain, qui se dédommage de l'extrême modicité de la pension en faisant de son élève son domestique au lieu de lui enseigner le latin. Ambroise Paré, qui ignorera toute sa vie le grec et le latin, quitte cette place sans avenir et entre comme marmiton chez le comte de Laval. On remarque son sérieux, son intelligence et son adresse ; le barbier du comte le prend pour apprenti. Il coupe le poil, arrange les perruques et va ici et là panser les ulcères. Il devient ensuite aide-soignant d'un barbier d'Angers puis travaille à Vitré avec son frère Jean, lui aussi chirurgien-barbier.

Le métier de chirurgien.

En 1529, il entre comme compagnon chirurgien à l'Hôtel-dieu et déclare : Ce n'est rien de feuilleter les livres de gazouiller, de caqueter en chaire de la chirurgie, si la main ne met en usage ce que la raison ordonne. Durant trois années, Paré côtoie tout ce qui peut être d'altération et maladies au corps humain. Il observe malades et cadavres et enrichit son savoir anatomique. À la fin de ses études, il choisit, sans doute pour des raisons financières, de s'attacher au service du baron René de Montjean, lieutenant-général d'infanterie. Il devient maître barbier-chirurgien en 1536.

Le chirurgien des champs de bataille

Les blessures de guerre selon Ambroise Paré.
Accompagnant le lieutenant-général, il reçoit le baptême du feu en 1537 à la bataille du Pas de Suse huitième guerre d'Italie. Il y pratique la première désarticulation du coude et découvre que la poudre des arquebuses n'empoisonne pas les blessures comme on le croyait. Il voit des scènes atroces et tente avec succès d'adoucir les méthodes de guérison trop brutales qui consistent par exemple à cautériser les plaies à l'huile bouillante. À la mort de Montjean, Ambroise Paré est de retour à Paris. Il se marie le 30 juin 1541 avec Jeanne Mazelin à Saint-André-des-Arts elle décédera, et sera inhumé à église Saint-André-des-Arts, le 4 novembre 1573 en lui laissant la garde de leur fille âgée de treize ans, Catherine, et celle de leur nièce de dix-neuf ans, Jeanne Paré. Il entre alors une première fois au service de René de Rohan.
En 1542, il assiste au siège de Perpignan, alors ville espagnole. Les tentatives de René Ier de Rohan pour reprendre la ville échouent, mais Paré, lui, continue d'élaborer de nouvelles techniques chirurgicales. Le maréchal de Brissac ayant reçu une balle dans l'épaule, il a l'idée de replacer le blessé dans la position initiale au moment de l'impact pour révéler l'emplacement de la balle perdue et ainsi permettre au chirurgien du Dauphin Nicole Lavernault de l'extraire.
En 1543, Ambroise Paré accompagne René Ier de Rohan qui vient dans l'ouest de la Bretagne défendre la province menacée par un débarquement anglais dans le cadre de la guerre entre 1542 et 1546 entre Henry VIII d'Angleterre, allié à Charles Quint, et François Ier.
En 1544, il guérit brillamment François de Lorraine, duc de Guise, grièvement blessé d'un coup de lance au visage, au siège de Boulogne.
La campagne achevée, il se met à la rédaction du récit de ses voyages qu'il souhaite faire paraître en français. Mais il lui faut le soutien du roi face à la faculté de médecine pour voir aboutir son projet ; en 1545 il publie la Méthode de traiter les plaies faites par les arquebuts et autres bastons à feu, et celles qui sont faites par la poudre à canon puis un Traité sur l'accouchement et l'anatomie.

Ambroise Paré utilisant la ligature à Damvillers

par Ernest Board 1877-1934
Au siège de Damvillers, il doit amputer l'un des gentilshommes de l'armée du comte de Rohan. Plutôt que d'appliquer le fer rouge pour éviter l'hémorragie, il tente sa nouvelle méthode et ligature les artères du blessé, qui se rétablira. À la mort de Rohan, tué près de Nancy, Paré entre au service de Antoine de Bourbon, roi de Navarre, puis à celui de Henri II de France, qui l'admit au nombre de ses chirurgiens ordinaires aux côtés de Nicolas Lavernot, Jean d'Amboise et Jean Fromager. Désormais, la carrière de Paré sera intimement liée au destin des souverains de son pays. Il participa à plusieurs campagnes militaires aux côtés du Roi.
En 1557, au siège de Saint-Quentin en Picardie, il note que les asticots d'une certaine mouche aident à la cicatrisation des plaies de blessés. L'asticothérapie est développée ou redécouverte à la fin du XXe siècle, utile contre les souches nosocomiales de bactéries notamment.

Le premier chirurgien du roi

En 1553, il est prisonnier au siège de Hesdin Vieil Hesdin actuellement avant sa destruction par Charles Quint.
À cette époque, la Confrérie de Saint-Côme, qui regroupait les barbiers-chirurgiens depuis le XIIIe siècle, avait été transformée depuis peu en collège de chirurgie. Cependant, les chirurgiens restaient sous la tutelle des médecins, et cherchaient a s'en affranchir, ou au moins à la limiter. Par exemple, les dissections et autopsies étaient effectuées par les chirurgiens, mais, en théorie, en présence d'un médecin, seul autorisé à en rédiger le compte-rendu. Paré ayant une grande réputation et le soutien du roi, le collège de Saint-Côme décida de s'adjoindre Paré. C'est ainsi qu'il reçu le bonnet de maître le 8 décembre 1554 , malgré l'opposition de la faculté de médecine et sa piètre connaissance du latin, pourtant obligatoire. L'appui du roi a été le plus fort.
En 1561 et 1562, il publie deux autres ouvrages dont son Anatomie universelle du corps humain. Le 1er janvier 1562, Catherine de Médicis le nomme premier chirurgien du roi Charles IX. Paré est ensuite renvoyé au secours des armées, d'abord à Rouen, puis à Dreux et au Havre. Les guerres de religion opposant catholiques et protestants huguenots ont repris de plus belle, ensanglantant le pays pour les trente années à venir. De 1564 à 1566, Paré accompagne Charles IX en visite à travers la France et en profite pour débusquer de nouvelles pistes de recherches. En 1564, il publie Dix livres de la chirurgie : avec le magasin des instrumens nécessaires à icelle, où se trouve le premier usage connu du mot bistouri en fait bistorie, féminin dans le sens chirurgical.
La plus grande innovation est, pour les amputations, de ligaturer les artères et de panser la plaie avec un mélange de jaune d'œuf, d'huile rosate et de térébenthine plutôt que de cautériser avec de l'huile bouillante. Il jure de ne plus brûler aussi cruellement les pauvres blessés. La légende raconte qu'eut lieu entre Charles IX et Ambroise Paré cet échange verbal :
« — J'espère bien que tu vas mieux soigner les rois que les pauvres ?
— Non Sire, c'est impossible.
— Et pourquoi ?
— Parce que je soigne les pauvres comme des rois.
Veuf en 1573 de Jeanne Mazelin, il se remarie le 18 janvier 1574 avec Jacqueline Rousselet et aura six autres enfants, le dernier à 73 ans. Un de ses petits-fils est François Hédelin. Couronné en 1574, Henri III de France garde Paré, auprès de lui, en tant que premier chirurgien.

Opinions religieuses

Ambroise Paré a traditionnellement été considéré par les historiens comme protestant. Cependant une polémique à ce sujet est née au xixe, certains historiens d’obédience catholique estimant détenir les preuves de son adhésion à la foi catholique. Certains autres voient en lui un catholique tolérant.
La version traditionnelle repose sur une concordance de témoignage. Celui de Brantôme, un catholique contemporain de Charles IX, et celui de Sully un protestant. Tous deux rapportent, entre autres, que lors du massacre de la Saint-Barthélémy, Ambroise Paré avait trouvé refuge chez le roi Charles IX qui l’avait dissimulé dans sa propre chambre. C’est donc à tout le moins qu’Ambroise Paré était tenu pour protestant à l’époque. La réponse exacte d’Ambroise Paré au roi qui le pressait de se convertir n'a sans doute que valeur d'anecdote "Par la lumière de Dieu, Sire, je crois qu'il vous souvient m’avoir promis de ne me commander jamais quatre choses, savoir : de rentrer dans le ventre de ma mère, de me trouer à un jeu de bataille, de quitter votre service et d’aller à la messe". Par ailleurs, Paré lui-même raconte qu'à la fin de l’année 1562, après la prise de Rouen, "me trouvay à disner en quelque compaignie où en avait quelques-uns qui me hayoient à mort pour la Religion" Œuvres, 1re édit., 1575, p. 939-940. Attaqué à cause de ce passage, Paré, dans sa Responce aux calomnies des médecins, se défendra d'avoir voulu nuire aux catholiques, mais ne protestera pas de son catholicisme. Par ailleurs, Jean-Michel Delacomptée estime que le sauvetage de Paré par Charles IX le jour de la Saint-Barthélemy, raconté par Brantôme, est une légende, mais souligne que Paré, qui, dans ses œuvres, parle de Dieu, de l'Ancien Testament et de Jésus-Christ, ne fait aucune place à la Vierge Marie et aux saints. M. Huchon relève que le chapitre De l'âme, dans le XVIIIe livre des Œuvres, contient un emprunt direct à Jean Calvin et un emprunt textuel au huguenot Philippe de Mornay
A l’appui de la thèse catholique, on relève qu’Ambroise Paré est resté attaché à Antoine de Bourbon après sa conversion au catholicisme et que, d’autre part, Ambroise Paré a continué à avoir une vie liturgique catholique lors des baptêmes, mariages et enterrements dans sa famille. Ces faits incontestables sont toutefois aujourd’hui considérés comme compatibles avec une adhésion à la foi réformée puisque d’une part, il aurait été difficile à un chirurgien tel que Paré de changer brutalement de service sans risquer de perdre son salaire, sa pratique et ses recherches et que d’autre part les curés avaient le monopole des actes d’état-civil. Dans le cadre d’une ville de Paris gagnée à la Ligue, il aurait été suicidaire de se mettre en avant comme protestant, par la même de risquer sa vie et de perdre toute inscription légale, d’autant plus que les édits de mars 1563 et 1567 avaient expressément prévu que les protestants seraient enterrés dans les cimetières catholiques. Jean-Pierre Poirier note de même qu'un document, mis en lumière par Paule Dumaître, attestant le catholicisme de Paré en faveur de son petit-fils pourrait être une attestation de complaisance.

La mort d'Ambroise Paré

Il meurt à Paris alors dominée par la Ligue, le 20 décembre 1590. Pierre de l'Estoile raconte que, quelques jours avant la levée du siège de Paris par Henri IV 29 août 1590, Paré avait adjuré, dans la rue, Pierre de Saint-Priest d'Épinac, archevêque de Lyon, d'intercéder en faveur de la paix pour soulager la misère du peuple et que Pierre d'Épinac en avait été ébranlé, encore que ce fût un langage de politique que le sien.
Ambroise Paré recevra de grandes funérailles à l'Église Saint-André-des-Arts où il fut inhumé. Sa tombe existait encore en 1790, mais on ignore si elle fut détruite lors des profanations révolutionnaire ou après la vente et la destruction de l'église en 1807. On suppose que la tombe, qui comportait sa statue en terre cuite, aurait été installée plus tard à l'église de la Charité rue des Saints-Pères qui fut détruite à la Révolution.

Anecdotes biographiques

Pour améliorer cet article il convient, si ces faits présentent un intérêt encyclopédique et sont correctement sourcés, de les intégrer dans d’autres sections.
À 50 ans, et alors qu'il faisait effectuer des travaux dans sa demeure de Meudon, la pioche de l'un des ouvriers fendit une grosse pierre en deux, d'où sortit… un énorme crapaud plein de vie. On a proposé des explications rationnelles du phénomène, par exemple la présence fortuite d'un crapaud hibernant à proximité de la pierre.
On prête à Ambroise Paré la description fantastique d'une comète qui serait parue en 1528. Dans son Livre des monstres, Paré écrit effectivement : Cette Comète était si horrible et épouvantable, qu'elle engendra si grande terreur au vulgaire qu'il en mourut d'aucune peur : les autres en tombèrent malades .... Mais Paré n'a jamais vu ce qu'il a décrit, et s'est contenté de recopier ce qu'en disait Pierre Boaistuau dans ses Histoires prodigieuses, qui lui-même recopiait un occasionnel de 1528, outrageusement mal traduit d'un exposé de l'astrologue Peter Creutzer, à propos d'un phénomène observé le 11 octobre 1527, et qui n'était pas une comète, mais probablement une aurore boréale. Le texte initial parlait de témoins à demi morts de peur. C'est l'occasionnel français qui les fait mourir de peur, et Paré n'est coupable que d'avoir trop fait confiance à sa source.

Les patients célèbres d'Ambroise Paré

Henri II de France après son accident mortel dans un tournoi, avec Vésale venu de Bruxelles.
François II de France
François de Guise, blessé au siège de Boulogne en 1544, d'où son surnom de Balafré
Anne de Montmorency, après sa blessure qui se révèlera fatale
Antoine de Bourbon, père de Henri IV, qui fut mortellement blessé le 3 novembre 1562 et qui mourut peu après, comme Paré l'avait annoncé, le 17, aux Andelys
Gaspard II de Coligny après sa tentative d'assassinat du 22 août 1572

L'apport d'Ambroise Paré à la chirurgie, à l'anatomie et à la médecine

Prothèses de jambes selon Ambroise Paré - 1575.
La main artificielle d'Ambroise paré.

Ambroise Paré a fait progresser la chirurgie, notamment par la préférence qu'il donna à la ligature des artères sur leur cautérisation après les amputations, par la suppression de l'huile bouillante dans le traitement des plaies par armes à feu et par les prothèses qu'il inventa ou perfectionna45. Il a également amélioré le traitement de la lithiase urinaire maladie couramment dite la pierre, même si, en cette matière, il a beaucoup emprunté sans le dire à Pierre Franco.
En anatomie, il cite ses prédécesseurs, mais les prend parfois en défaut, Vésale en particulier, et on lui doit des descriptions nouvelles ou améliorées.
Selon J.-P. Poirier, la principale originalité d'Ambroise Paré est la conception exigeante qu'il eut de sa profession, tant sur le plan technique que sur le plan humain, conception au service de laquelle il sut mettre un véritable génie de la communication, qui l'amena par exemple à publier ses livres en français, il n'écrivait pas le latin, mais aurait pu se contenter de publier les traductions latines qui furent faites de ses livres.
Paré eut également le mérite de réfuter quelques mythes répandus à son époque. En 1557, par exemple, doutant des propriétés d'antidote universel qu'on attribuait au bézoard, il proposa au roi qu'on en fasse l'essai après avoir empoisonné un condamné à mort. On offrit à un marmiton de la cour, condamné à la pendaison pour avoir volé de l'argenterie, de lui laisser la vie sauve s'il acceptait d'être empoisonné puis soigné à l'aide du bézoard et que le bézoard se montrait efficace. Le marmiton accepta. Paré utilisa alors la pierre de bézoard, sans succès puisque le cuisinier mourut sept heures plus tard. L'inefficacité du bézoard fut ainsi démontrée. Il reste que sa réputation d'antidote ne s'est pas éteinte du même coup.
Paré réfuta également le pouvoir thérapeutique de la mumie chair momifiée et l'existence de la licorne. En revanche, il accueillit sans critique des descriptions d'animaux monstrueux en réalité inexistants.

Å’uvres et publications

Page titre ornementée - Les Œuvres d'Ambroise Paré, conseiller et premier chirurgien du roy, IVe édition, G. Buon, Paris, 1585.
Ambroise Paré suspend ses voyages pour se consacrer à la rédaction de ses ouvrages. Autodidacte ne sachant ni le grec ni le latin, il publia à dessein ses ouvrages en français, avec les encouragements de la cour et de ses illustres contemporains, dont Pierre de Ronsard. Ce dernier lui adressa deux poèmes, placés en tête du volume de ses œuvres en 1575. Je n'ai voulu escrire en autre langaige que le vulgaire de nostre nation, ne voulant estre de ces curieux, et par trop supersticieux, qui veulent cabaliser les arts et les serrer soubs les loix de quelque langue particulière, explique Paré dans son avis au lecteur. Paré n'étant pas docteur, la Faculté de médecine, en la personne de son doyen Étienne Gourmelen, tenta de s'opposer à la mise en vente du livre, prétextant qu'il contenait des choses abominables, contraires à la bonne morale. L'affaire fut menée devant le Parlement, sans succès et le livre fut distribué et mis en vente sans modifications.

Å’uvres 1585

De chirugica dans la Bibliothèque numérique de l'Université de Strasbourg.
Briefve collection de l'administration anatomique, avec la maniere de cojoindre les os, et d'extraire les enfans tat mors que vivans du ventre de la mere, lors que nature de foy de peult venir a son effect.
Deux livres de chirurgie, de la génération de l'homme, & manière d'extraire les enfans hors du ventre de la mère, ensemble ce qu'il faut faire pour la faire mieux, & plus tost accoucher, avec la cure de plusieurs maladies qui luy peuvent survenir.
Opera chirurgica.
Discours d'Ambroise Paré : à savoir, De la mumie, De la licorne, Des venins, De la peste. Avec une table des plus notables matières contenues esdits discours.
Dix livres de la chirurgie : avec le magasin des instrumens nécessaires à icelle.
La maniere de traicter les playes faictes tant par hacquebutes, que par fleches, & les accidentz d'icelles, comme fractures & caries des os, gangrene & mortification, avec les pourtraictz des instrumentz nécessaires pour leur curation. Et la méthode de curer les combustions principalement faictes par la pouldre à canon. Paris, 1551. Réédition en fac-similé, Paris, P.U.F. Fondation Martin Bodmer, 2007.
La maniere de traicter les playes faictes tant par hacquebutes, que par flèches, & les accidentz d'icelles, come fractures & caries des os, gangrene & mortification, avec les pourtraictz des instrumentz nécessaires pour leur curation, éd. de Paris, 1552.
Les œuvres de M. Ambroise Paré : avec les figures & portraicts tant de l'anatomie que des instruments de chirurgie, & de plusieurs monstres.
Traicté de la peste, de la petite verolle & rougeolle... : avec une brefve description de la lèpre;
Traicté de la peste, de la petite verolle & rougeolle....
Œuvres complètes d'Ambroise Paré revues et collationnées par J.-F. Malgaigne, 3 volumes, Paris, 1840. En ligne : t. 1 ; t. 3. Réimpr. Slatkine, 1970.
Œuvres complètes remises en ordre et en français moderne, par F. de Bissy et R.-H. Guerrand, Union latine d'édition, 1983, 3 tomes et un index.
Des monstres et prodiges, Ed. L'Œil d'or, 2005, Réédition de trois ouvrages de Paré : Des animaux et de l'excellence de l'homme, Des monstres et prodiges et le Discours de la licorne.

Hommages posthumes

Timbre Ambroise, émis en 1943
Plusieurs hôpitaux et cliniques portent son nom dont :
Hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt
Hôpital Ambroise Paré de Marseille
Centre hospitalier et universitaire Ambroise Paré de Mons
Clinique Ambroise-Paré à Neuilly-sur-Seine
Clinique Ambroise-Paré à Toulouse
Clinique Ambroise-Paré à Thionville .
Il y a également le lycée Ambroise-Paré, à Laval, qui porte son nom.

Anniversaires

Hommage à Ambroise Paré, Allocution d'Alain Ségal, Vieil-Hesdin, 27 juin 2004.
Julien Pierre : « Hommage lavallois à Ambroise Paré » Revue d'histoire de la pharmacie, 79e année, No 288, 1991. p. 32-34.
Ambroise Paré, chirurgien et écrivain français, exposition de la Bibliothèque de l’ancienne Faculté de Médecine de Paris BIUM, conçue pour le 500e anniversaire de la naissance d’Ambroise Paré dédiée à Paule Dumaître - très riche iconographie.

Å’uvres d'art

Hommage à Ambroise Paré par Laurent Vignais, Centre Hospitalier de Laval.
Musée du Vieux Château & Les sculptures de la ville de Laval à Laval.

Galerie

Ambroise Paré



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#34 Le Concorde l'avion 1
Loriane Posté le : 28/11/2015 08:35
Le 29 novembre 1962 nait l'avion concorde

les accords de construction sont signés entre la British Aircraft Corporation BAC et Sud Aviation.
Le Concorde est un avion de ligne supersonique construit par l’association de Sud-Aviation devenue par la suite aerospatiale et de la British Aircraft Corporation devenue ensuite British Aerospace.
La vitesse de croisière du Concorde est de Mach 2,02 à une altitude variant de 16 000 à 18 000 mètres. Il est doté d’une aile delta spécifique dite gothique et de moteurs à postcombustion développés d’abord pour le bombardier britannique Avro Vulcan5. Il est aussi le premier avion civil à être équipé de commandes de vol électriques analogiques.
Les vols commerciaux ont commencé en 1976 et se sont terminés 27 ans plus tard, en 2003. La forte consommation de carburant de l’appareil a rendu non rentable son exploitation. Son déclin fut précipité par un crash en juillet 2000, seul accident majeur d'un Concorde mais qui entraîna la mort de 113 personnes.
Confiné à des liaisons transatlantiques et exploité par deux compagnies seulement, l’appareil ne fut produit qu’en vingt exemplaires dont six non commerciaux) et fut un échec commercial. Cependant il a été le moteur d’importants développements technologiques et stratégiques, et a eu un fort impact culturel. Le Concorde fait partie des deux modèles d'avions supersoniques de transport de voyageurs à avoir été développé, avec le Tupolev Tu-144.


Conception et développement

Planche architecturale du Concorde
À la fin des années 19506, des entreprises aéronautiques britannique, française, américaine et soviétique veulent construire le premier avion civil supersonique7.

Un Concorde d'Air France au décollage.
Rôle Avion de ligne supersonique
Constructeur Sud-Aviation (aerospatiale)
BAC (British Aerospace)
Équipage 3 navigants techniques et 6 navigants commerciaux
Premier vol 2 mars 1969
Mise en service 21 janvier 1976
Retrait 26 novembre 2003
Dimensions
Longueur 61,661 m
Envergure 25,601 m
Hauteur 12,191 m
Aire alaire 4201 m²
Masse et capacité d'emport
Max. à vide 79,32 t
Max. au décollage 185,12 t
Max. à l’atterrissage 111,12 t
Kérosène 119 5002 L
Passagers 128 sièges, 100 passagers en version commerciale
Fret 4,352
Motorisation
Moteurs 4 turboréacteurs Rolls-Royce/Snecma Olympus 593 Mk.6103
Poussée unitaire 169,34 kN
Poussée totale 677 kN
Performances
Vitesse de croisière maximale 2 1454 km/h (Mach 2,024)
Vitesse maximale 2 3684 km/h (Mach 2,234)
Autonomie 6 200 km
Altitude de croisière 16 000 à 18 000 m
Vitesse ascensionnelle 25,41 m/s
Charge alaire 440 kg/m²
Rapport poussée/poids 0,373

Historique

Le français Sud-Aviation et le britannique Bristol Aeroplane Company développent respectivement leurs supersoniques Super-Caravelle et Bristol 223. Ils sont financés par leurs gouvernements respectifs, ceux-ci tenant à contrer la domination aérienne américaine. Dans les années 1960, les deux projets sont déjà bien avancés, mais les énormes coûts de développement des appareils amènent les États à faire collaborer les deux entreprises. Le développement du Concorde est donc plus un accord international franco-britannique qu’un accord commercial entre les constructeurs. Le traité de coopération, dont les discussions ont duré environ un an, est signé le 29 novembre 19628. British Aircraft Corporation BAC et Sud Aviation se partagèrent les coûts de l’appareil, Bristol Aero Engines (racheté par Rolls-Royce en 1966 et Snecma font de même pour développer le turboréacteur dérivé du Bristol Olympus référence 593. Les Britanniques voulaient un modèle long-courrier transatlantique alors que les Français voulaient un moyen-courrier. Le 25 novembre 1964, suite aux élections générales britanniques du 15 octobre qui conduisent à la victoire du parti travailliste, le Royaume-Uni se retire du projet mais fait volte-face deux mois plus tard.

Concord ou Concorde

Le 13 janvier 1963, le président français Charles de Gaulle suggère que l’avion soit baptisé « Concorde » et le 24 octobre, une première maquette grandeur nature du Concord » sans « e » est présentée ; une polémique s'ensuit sur le nom de l'avion. Le ministre britannique de la Technologie Tony Benn met fin à la polémique en annonçant : « Le Concord britannique s'écrira désormais avec un « e » car cette lettre signifie aussi Excellence, England, Europe et Entente.

Essais

L'assemblage d'un premier prototype, Concorde 001, débute à Toulouse en avril 1966 et l'avion sort des hangars le 11 décembre 1967 sous l'immatriculation F-WTSS, TSS signifiant transport supersonique. Un second prototype, immatriculé G-BSST, sort des chaînes le 19 septembre suivant. Le premier vol d'essai de Concorde 001 a lieu au-dessus de Toulouse, le 2 mars 1969. L'équipage est composé d'André Turcat aux commandes, secondé par Jacques Guignard, Henri Perrier et Michel Retif. Ce vol dure 29 minutes. Le prototype 001 est rejoint pour les essais par Concorde 002 qui vole pour la première fois un mois plus tard, le 9 avril.
Parmi les autres projets d'avion de ligne supersonique proposés, seul le projet soviétique aboutit. Le Tupolev Tu-144 était prévu pour transporter 140 passagers à la vitesse de Mach 2. Le prototype soviétique effectue son premier vol le 31 décembre 1968 à la base de Joukovski, près de Moscou.
Concorde effectue son premier passage supersonique le 1er octobre 1969 au cours du 45e vol piloté par Jean Pinet. Le 4 novembre 1970 au cours de son 102e vol, il atteint Mach 2, vitesse qu'il maintient 53 minutes. Le programme d’essais en vol se déroulant sans incidents, cette version de développement commence les démonstrations destinées au grand public le 4 septembre 1971. Deux appareils de préproduction sont également construits pour les essais, en plus des prototypes. Le premier (no 101) est construit à Filton ; il intègre plusieurs modifications par rapport aux prototypes, dont une nouvelle voilure plus grande, de 25,6 m d'envergure, un fuselage rallongé et une verrière sur le nez à la place des hublots. Le second appareil no 102, de construction française, est le premier à avoir l'aspect et les dimensions des futurs avions de série ; le cône de queue est allongé, portant la longueur totale à 61,66 m et il est le premier Concorde à être équipé des tuyères 28 à coquilles. Les deux premiers avions de série sont également engagés dans le programme d'essais, le premier d'entre eux vole le 6 décembre 1973.
Au cours des essais, Concorde établit des records de vitesse et d'altitude. Le 16 mars 1973, Concorde 001 atteint une altitude de 68 000 pieds, soit plus de 20 700 mètres. Le record de vitesse est établi le 26 mars 1974 à Mach 2,23 par Concorde 101. En juin 1973, peu avant d'être retiré des vols, le prototype 001 est équipé d'appareils de mesures afin de suivre une éclipse de soleil totale. Le vol a lieu le 30 juin, entre les îles Canaries et Fort-Lamy, capitale du Tchad, avec André Turcat aux commandes. L'avion vole à Mach 2 et reste dans l'ombre en suivant l'éclipse pendant 74 minutes.
Les vols d’essai des Concorde ont enregistré plus de 5 000 heures de vol11 sans trop de problèmes, les appareils de pré-série et les deux premiers avions de série servant à terminer la mise au point, notamment des entrées d’air. Au total, plus de 2 000 heures de test ont été réalisées à vitesse supersonique11. Avec autant d'heures d'essais, le Concorde a été testé environ quatre fois plus longtemps qu’un avion commercial subsonique moyen ou long-courrier."Malgré sa construction relativement simple, le Concorde est de loin l'avion civil le plus cher qui ait jamais été construit.

Commandes et vols de démonstration

En l’absence de toute étude de marché, le consortium a estimé un montant de commandes de plus de cent avions, passé par les principales compagnies aériennes de l’époque. Cinq appareils sont commandés par British Airways le 5 avril 1972, qui devient le premier client de l'avion. Le 2 juin 1972, le second prototype 002 fait des démonstrations au Moyen-Orient et en Extrême-Orient. Celles-ci amènent un nombre important de commandes pour l’avion, puisque 74 commandes ou options ont été prévues par seize compagnies aériennes, dont huit nord-américaines.
Les hangars de BAe Systems à Filton où ont été construits les Concorde britanniques
Client Options Signature Annulation
Panair do Brasil 3 octobre 1961 10 février 1965
Pan Am 6 3 juin 1963 31 janvier 1973 2 options suppl. en 1964
Air France 6 3 juin 1963 2 options suppl. en 1964
BOAC 6 3 juin 1963 2 options suppl. en 1964
Continental Airlines 3 24 juillet 1963 mars 1973
American Airlines 4 7 octobre 1963 février 1973 2 options suppl. en 1965
TWA 4 16 octobre 1963 31 janvier 1973 2 options suppl. en 1965
MEA 2 4 décembre 1963 février 1973
Qantas 6 19 mars 1964 2 annulée en mai 1966
Air India 2 15 juillet 1964 février 1975
Japan Airlines 3 30 septembre 1965 1973
Sabena 2 1er décembre 1965 février 1973
Eastern Airlines 2 28 juin 1966 février 1973 2 options suppl. en 15 août 1966
2 autres options suppl. en 28 avril 1967
United Airlines 6 29 juin 1966 26 octobre 1972
Braniff International 3 1er septembre 1966 février 1973
Lufthansa 3 16 février 1967 avril 1973
Air Canada 4 1er mars 1967 6 juin 1972
Cependant, à partir de 1973 une combinaison de facteurs cause l'annulation de la presque totalité des commandes en option. Parmi ceux-ci, on peut citer principalement le premier choc pétrolier, les difficultés financières des compagnies aériennes, l'absence de soutien du projet en Amérique du Nord, l’accident au salon du Bourget du concurrent direct soviétique Tupolev Tu-14414,15 et les problèmes environnementaux comme le bruit du passage supersonique8. Finalement, Air France et British Airways restent les seuls acquéreurs.
Les États-Unis avaient lancé leur propre projet de transporteur supersonique en 1963. Deux conceptions s'affrontent à l’origine : le Lockheed L-200016 qui ressemble au Concorde et le Boeing 2707, projet techniquement plus audacieux avec une cellule en titane et une voilure à géométrie variable. C'est Boeing qui est retenu en 1966 par le Congrès américain. Plus rapide que le Concorde, le 2707 doit transporter 300 passagers à une vitesse proche de Mach 2.7. Cependant, face à de grandes difficultés techniques et de fortes oppositions politiques et environnementales, le projet est annulé en 1971. À la suite de cette décision, l'Administration Fédérale Aéronautique (FAA) interdit le survol du territoire américain à vitesse supersonique pour les avions civils, ce qui a contribué à l'annulation des commandes de Concorde par les compagnies nord-américaines.
Les deux compagnies aériennes européennes commencent les vols de démonstration et d’essais vers diverses destinations à partir de 1974.
Le Concorde reçoit son certificat de navigabilité le 10 octobre 1975. Toulouse, en France, et Filton, au Royaume-Uni, sont les deux seuls centres de production des appareils.
Les premiers associés, BAC (qui devint BAE Systems) et aerospatiale qui devint EADS, sont les copropriétaires de Concorde. La responsabilité a été transférée à Airbus lorsque l’entreprise qui regroupe BAE Systems et EADS a été fondée.

Innovations techniques

Beaucoup d’améliorations technologiques très communes dans les avions de ligne actuels furent utilisées pour la première fois avec le Concorde.
Le Concorde est le premier avion civil à disposer de commandes de vol entièrement électriques et analogiques fly-by-wire : en vol supersonique se produisait une augmentation importante de température sur la cellule, ce qui provoquait l'allongement du fuselage. Comme une transmission par câbles aurait été trop compliquée, on a opté pour des commandes entièrement électriques. Toujours pour la même raison, l'avion dispose de réacteurs reliés en thrust-by-wire, ancêtres des réacteurs actuels contrôlés par FADEC.

Dernier vol : atterrissage à Filton, 26 novembre 2003

Un pilote automatique permet une gestion automatique de la puissance (ou encore auto-manette, autorisant un contrôle « mains libres » ou hands off de l’avion de la montée initiale à l’atterrissage. L'électricité à bord est générée par des IDG Integrated Driving Generator, prédécesseurs et de même technologie que ceux montés sur les avions actuels Airbus et Boeing. Le Concorde dispose de trois circuits hydrauliques à haute pression de 28 MPa soit 4 000 PSI pour les composants légers à circuits hydrauliques utilisant un liquide hydraulique à huile synthétique M2 V résistant à la température.
Pour le freinage, le Concorde est équipé d'un système SPAD système perfectionné anti-dérapant de contrôle de glissement, c’est-à-dire de l’écart de vitesse entre roues freinées et roues non freinées. Par rapport au principe de contrôle de la décélération angulaire des roues freinées, ce système permet de réduire les distances d’arrêt de 15 % sur sol sec et d’améliorer la sécurité sur sol mouillé. Ce système a été repris par Airbus et sur les avions militaires français à partir du Mirage F1. Le système de freinage est contrôlé électriquement. Une commande agit sur une servo-valve faisant interface entre la consigne électrique d'entrée et la grandeur hydraulique débit ou pression agissant sur les freins hydrauliques. Ce système remplaçait les commandes classiques hydro-mécaniques plus lourdes et plus complexes à installer. Ce système a été complété sur les avions d'Airbus par l’orientation de la roue avant sur l’A320. Des disques de freins en carbone ventilés offrent un gain de masse de 500 kg par rapport à des disques en acier, ainsi qu'une meilleure tenue à l’échauffement.
Le rééquilibrage des masses gestion du centrage permet une optimisation des performances. Pendant toutes les phases de vol, le carburant est déplacé afin de positionner au mieux le centre de gravité par rapport au centre de poussée dans la phase de vol concernée centrage avant en subsonique, centrage arrière pour le vol supersonique.
Des pièces sont usinées à partir d’une ébauche unique et non issues d’un assemblage, ce qui permet de réduire la masse et la nomenclature des composants. Les gouvernes de direction et élevons sont constitués de matériaux composites. Toutefois, il s'est révélé que le vieillissement du matériau entraînait des pertes partielles de gouvernes, particulièrement de direction.
Certaines de ces nouveautés technologiques avaient 20 ans d’avance. Si les coûts de conception ont été élevés, cela a permis aux constructeurs aéronautiques français et anglais de rester dans la course avec les États-Unis, puis de créer Airbus. Nombre de ces améliorations sont maintenant des standards dans les avions de ligne actuels. Par ailleurs, la Snecma a commencé à construire des moteurs pour l’aviation civile avec le Concorde, et l’expérience qu’elle en tire lui donne l’expertise technique nécessaire à l’établissement du consortium CFM International avec General Electric, qui produit avec succès le moteur CFM56.

Concorde B

Dès les premiers vols commerciaux du Concorde en 1976, aérospatiale a proposé de développer une version B pour réduire le bruit de l'avion et porter sa distance franchissable de 6 800 à 7 500 km (le projet initial français, dénommé Super Caravelle, avait un rayon d'action de 4 500 km). Cela entraînait diverses modifications :
aérodynamiques : augmentation de l'envergure pour augmenter la finesse, montage de becs de bord d'attaque pour augmenter la portance et réduire l'assiette de l'avion aux basses vitesses. La finesse serait passée de 3,9 à 4,2 au décollage, et de 5 à 5,5 en montée. En subsonique (Mach 0,93) elle passait de 11,5 à 12,9, et en vol supersonique de 7,1 à 7,7 ;
moteurs : modification interne pour augmenter la poussée à basse vitesse, supprimer la réchauffe postcombustion, réduire la consommation notamment entre Mach 1,2 et 1,7 (-20 %), réduire le bruit.
Le programme n'a jamais été lancé en raison de l'absence de commandes.

Exploitation commerciale Les vols réguliers


Historique des vols réguliers
Le Concorde au décollage.
Les premiers vols commerciaux commencent le 21 janvier 1976 sur les trajets Londres-Bahreïn et Paris-Rio de Janeiro via Dakar et Paris-Caracas via les Açores. Les deux appareils décollent simultanément. Le premier vol Paris-Genève eut lieu le 31 août 1976, il dura 37 minutes. L'interdiction au Concorde d'atterrir sur le territoire des États-Unis, les autorités portuaires de ce pays invoquant des raisons environnementales et des nuisances sonores, gêna les compagnies qui voulaient faire des trajets transatlantiques.
Le 4 février 1976, le secrétaire américain aux transports William Coleman lève l’interdiction pour les vols supersoniques au-dessus des eaux territoriales et accorde les atterrissages à Washington et à New York mais le 11 mars, les autorités portuaires new-yorkaises opposent pour six mois le survol local au Concorde. Avec le peu de choix qu’elles avaient en destinations, Air France et British Airways ont commencé les transatlantiques avec Washington District de Columbia le 24 mai. Finalement, en 1977, les nuisances sonores que les New-Yorkais devaient subir ont été annulées par les avantages de Concorde et la liaison Paris et Londres vers l’aéroport new-yorkais John-F.-Kennedy commence le 22 novembre 1977.
Jusqu’en 1983, les destinations pour Air France sont : Rio de Janeiro, Caracas, Dakar, Mexico, Washington, Dallas et New York. À partir de 1983, pour rentabiliser au maximum son supersonique, la compagnie réduit ses vols à la seule destination de New York, assurant cependant en plus des vols spéciaux appelés charters et des tours du monde.
Le temps de vol moyen sur l’un ou l’autre itinéraire est environ de trois heures et demie. Jusqu’en 2003, Air France et British Airways ont continué à avoir des liaisons quotidiennes avec New York. En plus, Concorde a volé vers la Barbade pendant la saison de vacances d’hiver et, de temps en temps, aux destinations de Rovaniemi en Finlande. Le 1er novembre 1986, un Concorde fait le tour du monde en trente-et-une heures et cinquante-et-une minutes.

Les autres compagnies

Pendant une période brève en 1977, puis de 1979 à 1980, British Airways et Singapore Airlines partagent un Concorde pour les vols entre Bahreïn et l’aéroport international de Changi. L’appareil, immatriculé « G-BOAD », est peint aux couleurs de la compagnie singapourienne sur le flanc gauche et aux couleurs de la compagnie britannique du côté droit24. Le trajet est cependant stoppé au bout de trois mois. En effet, le gouvernement malaisien s'était plaint des nuisances sonores. Le trajet fut réutilisé lorsqu’une nouvelle ligne, qui cette fois ne passait pas dans l’espace aérien malaisien, ouvrit. Cependant, l’Inde refusant que le Concorde atteignit la vitesse supersonique dans son espace aérien, l’itinéraire fut plus tard déclaré inutilisable.
De 1978 à 1980, la compagnie américaine Braniff International loue deux Concorde, l’un appartient à British Airways et l’autre à Air France. Ils seront utilisés pour effectuer des vols réguliers à vitesse subsonique entre l’aéroport Fort Worth de Dallas à l’aéroport international Dulles de Washington D.C., vols qui continueront ensuite sur l'Europe. Pour des raisons de légalité, les avions utilisés par Braniff sont enregistrés aux États-Unis mais aussi dans les deux États d’origine France, Royaume-Uni. Les vols Dallas-Washington sont assurés par des équipages de la Braniff, puis des équipages Français et Britanniques prennent le relais pour le vol transatlantique vers Paris ou Londres. Cependant, les vols ne sont pas bénéficiaires ce qui forcera Braniff à arrêter les opérations en mai 1980.

Les autres vols Les vols charters

Les compagnies Air France et British Airways tentent, à partir de 1983, après l’arrêt des vols commerciaux autres que vers JFK, de rentabiliser les avions maintenance, équipage.
Les équipes commerciales développent des vols à la demande pour les entreprises, mais aussi pour les agences de voyages des tours du monde et des vols liés à des évènements médiatiques ou autres. Par exemple des vols sont effectués pour la Coupe du monde de football, les Jeux olympiques transport de la flamme olympique en 1992 pour les jeux d’Albertville (France), Grands Prix de Formule 1, Carnaval de Rio, complément de croisière en paquebot, inauguration de l’aéroport de Kansai. Jusqu’en juin 1989, promotion dans les meetings d’aviation.

Tours du monde

Ces tours du monde durent environ un mois.
Les passagers des tours du monde sont principalement des passagers américains. Les principales agences sont Kuoni, Intrav Missouri et TMR France (Marseille). Certaines années, chez Air France, jusqu’à 6 tours du monde sont effectués.
En 1995, plusieurs événements politiques et contentieux diplomatiques déroutent deux tours du monde. L’un de ces évènements est une vague d’attentats en France et l’autre, la reprise des essais nucléaires français en Polynésie. Les escales de remplacement sont Nouméa avec un transfert des passagers par vols subsoniques vers Christchurch et Sydney ainsi que Londres au lieu de Paris.
Une pause a été faite en 1991 pendant la première guerre du Golfe.
En septembre 1995, la Chine donne l’autorisation d’atterrir à Pékin pour British Airways et Air France. Mais le bruit au décollage amène les chinois à interdire Pékin au Concorde. Les escales en Chine se font à Tianjin à 140 km au sud de Pékin, en bord de mer.

Les vols présidentiels

Le 7 mai 1971, le Concorde emporte le président de la République française Georges Pompidou. C’est la première fois qu’un chef d’État utilise un prototype pour effectuer un voyage officiel. Durant ce vol, le président Pompidou donne une interview en direct au micro de l’ORTF, dans laquelle il a dit : « Je suis frappé par la stabilité de l’appareil à plus de deux mille kilomètres à l’heure. Je ne m’en apercevrais même pas, tant le vol est calme, doux et silencieux, si je ne voyais pas les côtes de France au loin, qui défilent devant nous à une vitesse extraordinaire. À tout le personnel d'aerospatiale, des ingénieurs aux techniciens et à tous les travailleurs, je voudrais dire, pour la joie qu’ils me donnent aujourd’hui, de tout cœur merci.

Georges Pompidou, le premier chef d'État à utiliser le Concorde pour ses déplacements

De 1981 à 1995, après un voyage du président de la République française en Chine avec un avion supersonique, tous les voyages présidentiels lointains sont effectués en Concorde. Celui-ci était aménagé en bureau et chambres à coucher dans la cabine avant, la cabine arrière étant réservée aux invités. Une photocopieuse était installée en cabine arrière.
De même, un système de chiffrement des communications dites sensibles était installé avec un téléphone vers le bureau du président. Un pilote spécialiste radio était embarqué pour s’occuper des communications présidentielles.
La visite du 12 septembre 1985 sur le site de Kourou pour le lancement de la fusée Ariane 3, laisse un souvenir désastreux au président François Mitterrand : après deux demi-tours sol pour des problèmes de train avant, il doit changer d'appareil (de plus, la fusée a dû être détruite en vol, à la suite d'un défaut d'allumage du 3e étage.
D’autres présidents ou rois ont affrété le Concorde pour leurs déplacements soit par les vols réguliers vers New York assemblée générale des Nations unies soit des transports vers l’Afrique comme le président Mobutu Zaïre ou le président Houphouët-Boigny Côte d’Ivoire.

Les vols pontificaux.

Lors des voyages du pape, la règle est que le pays recevant le pape organise le voyage de départ vers sa destination suivante
Lors du passage du pape Jean-Paul II sur l’île de la Réunion le 2 mai 1989, un Concorde d'Air France (F-BTSC) est affrété pour le transporter entre Saint-Denis de la Réunion et Lusaka (via Gillot).

La maintenance.

L’entretien du Concorde avec les contraintes exigées, sécurité des vols, ponctualité, régularité vol en supersonique, peut être assimilé à l’entretien d’une Formule 1 donc gourmand en heures de main-d’œuvre et en pièces.
À titre de comparaison, la maintenance d’un Concorde est de 18 à 20 heures par heure de vol alors que celle d’un avion classique d’aujourd’hui est en moyenne de 2 heures.
D’autre part, le nombre réduit de vols entraîne des stationnements prolongés au sol.
L’arrivée du Concorde entraîne une petite révolution en maintenance puisque les circuits étaient commandés en électrique et en hydraulique, avec pour certains des tests embarqués pour faciliter le dépannage. Il a fallu repenser les métiers des mécaniciens et électriciens pour entretenir les Concorde : l’électronique faisait son entrée dans tous les circuits en commande et en surveillance.

Les visites

Comme les autres avions, le programme d’entretien est déposé par la compagnie aérienne. Cependant, les deux compagnies avaient deux philosophies différentes en matière d’entretien, particulièrement dans l’utilisation et l’occupation des mécaniciens.

British Airways

Le choix de British Airways est de créer un département entretien spécialement réservé au Concorde.

Air France

Dès les débuts de l’exploitation de Concorde, le choix est également de créer un département Concorde, mais la fréquence des vols, la sous-utilisation des mécaniciens et les coûts de maintenance entraînent la création d’un département avion européens. Dans un premier temps en 1979 avec l’A300, en 1984 avec l’A310, puis en 1989 avec l’A320. À partir de 1990, la maintenance des Concorde est partagée avec seulement les A300 et A310. En 2001, après l'accident de Gonesse, un département Concorde seul est recréé jusqu’en 2003, fin de l'exploitation.
Cette organisation permet d’occuper les mécaniciens en permanence, mais aussi de maintenir les compétences dans les technologies nouvelles.
Dans les escales régulières, comme JFK, une équipe spécialisée est en permanence sur place. À partir de 1995, la maintenance à JFK est sous-traitée à une entreprise créée par d’anciens mécaniciens Air France, Mach 2.
Dans les autres escales, deux mécaniciens sont envoyés sur place pour assurer les pleins et la maintenance.
Pour les tours du monde, un technicien superviseur est en permanence à bord en vol, en plus de l’officier mécanicien navigant, et deux mécaniciens envoyés sur place assurent la maintenance dans chaque escale. Un lot de bord permet d’assurer un dépannage de qualité permettant la poursuite du vol.

Accident de Gonesse Vol 4590 Air France.

Avant l’accident de Gonesse, le Concorde n'a jamais connu d’avaries entraînant des pertes humaines.
L’enquête judiciaire qui a suivi l’accident met en cause le talon d’Achille du Concorde, la fragilité des pneumatiques. Des dizaines de cas d’éclatement de pneumatiques sont survenus depuis sa mise en service, avec dans plusieurs cas des perforations d'un réservoir ou d'une aile notamment à Washington et à Dakar en 1979.
Le 25 juillet 2000, le F-BTSC du vol 4590 Air France, charter à destination de New York, avec des passagers de nationalité allemande, décolle de l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle puis s’écrase deux minutes après le décollage sur un hôtel à la Patte d’Oie de Gonesse, provoquant la mort de 113 personnes : cent passagers, neuf membres d’équipage et quatre personnes au sol.
L’accident du 25 juillet 2000 serait dû, notamment, à une cause extérieure, une lame métallique laissée sur la piste par un avion précédent : un DC-10 de la Continental Airlines. L’éclatement d'un pneu aurait provoqué une fuite de carburant plus importante que lors des incidents précédents ; l’inflammation du carburant aurait entraîné des « pompages » (décrochage aérodynamique des pales des compresseurs et des pertes massives de puissance sur un moteur le no 2, puis sur l’autre situé juste à côté le no 1. La principale cause retenue par la version officielle est celle de la lame métallique présente sur la piste, cependant, l’analyse détaillée de cet accident par des méthodes rigoureuses révèle que pas moins de quinze facteurs différents causes premières se sont conjugués pour provoquer ce crash.
L’accident est à l’origine de nouvelles modifications sur le Concorde. Les contrôles électriques ont été améliorés : protection anti-perforation en kevlar des réservoirs de carburant (au nombre de 13 sur Concorde), montage de pneus plus résistants, fournis par Michelin qui a développé des pneus d'une nouvelle technologie Radial NZG (Near Zero Growth) qui pèsent 20 kg de moins que ceux précédemment utilisés. Cependant, le nombre de places à bord est réduit d’une dizaine, rendant l’exploitation de l'appareil d'autant moins rentable. Les deux itinéraires sont rouverts le 7 novembre 2001.
Un autre scénario, présenté comme une nouvelle hypothèse, est rendu public par le magazine Spécial investigation dans son émission nommée Concorde Le crash d'un mythe, diffusée le 22 janvier 2010 à 22 h 35 sur Canal+. Cette nouvelle hypothèse serait étayée par de nombreux témoignages (pompiers, pilotes, personnel de l'aéroport qui affirment que Concorde était déjà en feu près d'un kilomètre avant la position sur la piste de la lamelle incriminée par l'enquête du BEA. Le documentaire affirme que l'appareil était en surcharge d'environ 1,5 tonne et qu'une entretoise manquait depuis plusieurs jours sur le train d'atterrissage dont un pneu a éclaté. L'éclatement en lui-même serait dû à un défaut sur la piste de décollage.
Il est à noter que l'absence de l'entretoise ainsi que la surcharge ne sont pas des éléments nouveaux : connus et publiés dans le rapport officiel du BEA, ils ont été analysés et jugés sans effet sur l'accident. L'écart d'un kilomètre revendiqué par le documentaire est également sujet à caution : la distance correspond à celle qui sépare le défaut de raccord sur la piste, et le lieu où la lamelle a été retrouvée après le passage de l'avion. De plus, alors que le documentaire indique que des témoignages sont ignorés par la thèse officielle, on trouve pourtant, dans l'annexe 6 du rapport du BEA, ceux de pompiers et d'un commandant de bord, proches de la scène qui ont entre autres orientés les conclusions de l'analyse sur le départ de feu. Enfin, cet autre scénario ne prend pas en compte le fait que des traces et débris d'élastomère, retrouvés sur la lamelle, ont été analysés comme correspondant à la matière du pneumatique de Concorde.
Le procès relatif à cet accident s'est ouvert le 2 février 2010 au palais de justice de Pontoise. Le 21 mai 2010, l’accusation a requis:
la condamnation à une amende de 175 000 euros de Continental Airlines ce qui entraînerait sa responsabilité civile ;
dix-huit mois de prison avec sursis contre son mécanicien John Taylor et Stanley Ford, son chef d'équipe ;
deux ans de prison avec sursis contre Henri Perrier, 80 ans, directeur du programme Concorde à aerospatiale devenue EADS de 1978 à 1994. Il est celui qui avait la conscience des risques, de ce qu'il fallait faire. Il aurait pu empêcher l'accident »32, a dit le procureur à son propos ;
la relaxe de Jacques Hérubel, 74 ans, ingénieur en chef de ce programme de 1993 à 1995 et de Claude Frantzen, 72 ans, un des principaux dirigeants de la direction générale de l'aviation civile DGAC de 1966 à 1994.
Le 6 décembre 2010 la justice rend son verdict et condamne Continental Airlines à une amende de deux cent mille euros et à verser un million d'euros de dédommagement en faveur d'Air France (cinq cent mille euros pour « préjudice moral » et la même somme pour « atteinte à l'image »). Continental Airlines, par la voix de son avocat Me Olivier Metzner, a décidé de faire appel de cette décision. Le chaudronnier John Taylor est condamné à 15 mois de prison avec sursis, son chef d'équipe, Stanley Ford, ayant été relaxé. Les trois autres prévenus (Henri Perrier, Jacques Hérubel et Claude Frantzen) ont été relaxés.
Le 16 décembre 2010 Air France décide de faire appel en raison des propos tenus après l’annonce du verdict par Continental Airlines décision absurde , détermination des autorités françaises de détourner l’attention de la responsabilité d’Air France, qui appartenait à l’État au moment de l’accident. Le procès en appel aboutit à la relaxe de Continental Airlines et de John Taylor sur le plan pénal, tandis que la condamnation de Continental Airlines à verser un million d'euros à Air France est maintenue sur le plan civil.

Le retrait du service

Après l’accident de Gonesse, le Concorde est remis en service le 7 novembre 2001 mais il connaît plusieurs incidents (problèmes moteur le 15 juillet 2002, le 3 et le 5 novembre 2002. Un Concorde de la British Airways connaît un souci majeur le 27 novembre 2002 : il perd une de ses gouvernes alors qu'il amorce sa descente vers l'aéroport JFK de New York35. Le 10 avril 2003 British Airways et Air France annoncent simultanément le retrait de leurs Concorde pour l’année suivante. Les raisons invoquées sont la baisse du nombre de passagers depuis l’accident de Gonesse le 25 juillet 2000 et le coût élevé de maintenance. De plus, le trafic aérien connaît une grave crise après les attentats du 11 septembre 2001, les nouvelles normes contre la pollution, le bruit et la hausse du prix du kérosène. Mais la raison essentielle vient de la décision d'EADS de ne plus assurer l'entretien du supersonique à partir d'octobre 200336.
Dans le même temps Sir Richard Branson offre la somme d’une livre sterling pour acheter un appareil à British Airways qui aurait servi dans la Virgin Atlantic, mais cette offre est refusée. Plus tard, il écrit dans The Economist du 23 octobre 2003 que l’offre finale était de cinq millions de livres sterling et qu’il voulait utiliser le Concorde pendant encore de nombreuses années. Cette offre était probablement destinée à faire de la publicité pour Virgin, Airbus ayant de toute façon refusé de continuer à livrer des pièces de rechange pour Concorde.

Air France

Les derniers vols commerciaux de Concorde avec Air France décollent de l’aéroport JFK de New York dernier vol régulier New York vers Paris et de Roissy dernière boucle supersonique et atterrissent à Roissy le 31 mai 2003. Le dernier Concorde à atterrir en service commercial devait être le Sierra Delta en provenance de New York, mais un problème sur le moteur no 4 retarde de 45 minutes le décollage du Fox Bravo, chargé d’effectuer la dernière boucle supersonique au-dessus de l’Atlantique, et le FB atterrit donc finalement le dernier vers 18 h 30 alors que Sierra Delta se pose à 17 h 45 les arrivées étaient initialement prévues à une minute d’intervalle. Les camions de pompiers ont arrosé l’avion comme de coutume sur la piste de l’aéroport John F. Kennedy alors que, à Roissy, 15 000 personnes attendaient les deux derniers Concorde.
La fin de l’aventure Concorde avec Air France est marquée, pour le Fox Bravo, par un vol au-dessus du golfe de Gascogne à vitesse supersonique. De retour de sa boucle au-dessus de l’Atlantique, le Fox Bravo survole Orly, l’aérodrome de Lognes, puis passe à la verticale de Roissy avant de s’y poser. De nombreux véhicules véhicules de piste, voitures de gendarmerie et de pompiers escortent les deux derniers Concorde après leurs atterrissages respectifs. Les deux avions font une longue promenade sur les taxiways de Roissy, s’arrêtant entre autres devant le siège d’Air France et devant les milliers de personnes venues assister aux deux derniers atterrissages de Concorde en service commercial. Mais c'est le 3 juin 2003, que Concorde effectua pour la toute dernière fois la liaison New York - Paris Charles de Gaulle, à l'issue d'un vol VIP non commercial, à bord du F-BVFB.
Les derniers vols de convoyage vers les musées des Concorde se sont effectués de cette manière : le 12 juin, le Concorde F-BVFA est le premier à rejoindre son musée, il quitte Paris pour rejoindre la collection du Smithsionan Museum de Washington, où il sera exposé officiellement le 20 décembre de la même année. Le 14 juin 2003, c'est F-BTSD qui rejoint la collection du Musée de L'Air et de L'Espace du Bourget, il effectue un court vol entre Roissy et Le Bourget, et arrivera en vol durant le salon du Bourget 2003 devant le Président Jacques Chirac, présent pour l'occasion. Le 24 juin, le Concorde F-BVFB quittera Paris pour rejoindre Karlsruhe-Baden en Allemagne, où il se posera pour la dernière fois pour rejoindre par voie fluviale et terrestre la collection du musée allemand technique de Sinsheim aux côtés de son rival Tupolev-144. Le 27 juin 2003, le F-BVFC effectuera l'ultime vol Concorde français entre Paris et Toulouse, là où il sera exposé pour le futur musée Aeroscopia, à son bord André Turcat, et autres acteurs du projet Concorde.
Une enchère a par ailleurs lieu chez Christie's à Paris le 15 novembre 2003. 1 300 personnes sont présentes pour acheter des objets et des photos des moments importants de la vie du Concorde. Parmi ces objets, certains voient leur valeur multipliée par dix voire plus par rapport à celle prévue.

British Airways

Le dernier Concorde de British Airways décolle de la Barbade le 30 août 2003.
La dernière semaine de vols de démonstration du Concorde se fait au-dessus de Birmingham le 20 octobre, à Belfast le 21, Manchester le 22, Cardiff le 23, et Édimbourg le 24. Chaque jour, l’avion part de la ville de Heathrow et va jusqu’aux villes concernées en volant à basse altitude en vol subsonique. Il y a eu environ 650 personnes ayant gagné à un concours et 350 personnes invitées qui ont volé dans ce Concorde.
Élisabeth II consent à éclairer le château de Windsor pour la soirée du 23 octobre 2003, pour le passage de Concorde au-dessus du château après un décollage de Londres. C'est, pour le Concorde, un honneur suprême, car seuls quelques avions des principaux chefs d’État ont droit à ce privilège.
British Airways retire officiellement l’avion le jour suivant, le 24 octobre. Cette sortie définitive se fait avec l’un des Concorde qui quitte New York avec une fanfare similaire à celle qu'a connu son homologue d’Air France, tandis que, simultanément, deux autres avions paradent, l’un au-dessus du golfe de Gascogne pour Air France, et l’autre au-dessus d’Édimbourg pour British Airways. Les trois avions ont obtenu la permission spéciale de voler à basse altitude. Les deux Concorde qui faisaient des tours atterrissent respectivement à 16 h 01 et 16 h 03 à l’heure britannique et celui venant de New York à 16 h 05. Chacun des trois avions passe alors 45 minutes en roulant au sol autour de l’aéroport avant de débarquer les derniers passagers d’un vol supersonique commercial. Le pilote du vol New York/Londres est Mike Bannister, qui est aussi le pilote du premier vol commercial d’un Concorde aux couleurs de British Airways, qui a eu lieu en 1976.
Parmi les passagers de ce dernier vol transatlantique il y a, comme souvent, de nombreuses célébrités du monde du spectacle et des affaires, des cadres ou des dirigeants de grandes compagnies internationales mais aussi un voyageur très chanceux qui avait réservé un an auparavant un billet pour ce trajet sans savoir, bien évidemment, que ce serait le dernier voyage de l’avion.
Il y a eu par la suite une vente aux enchères des pièces d’un Concorde de British Airways qui s'est déroulé le 1er décembre 2003 au centre d'exposition d'Olympia dans le quartier Kensington de Londres. Les articles vendus sont hétéroclites et comprenaient un compteur de mach, le cône du nez, le siège du pilote de Concorde, des fauteuils de passagers et même des couverts, des cendriers et des couvertures utilisés à bord de l’appareil. Environ 1 129 000 euros sont récoltés, dont 752 720 sont donnés à l’association 'Get Kids Going!' qui donne aux enfants handicapés et aux jeunes l’occasion de faire du sport.

Projet pour 2019

D'anciens pilotes et affréteurs de l'appareil auraient pour projet l'acquisition des deux exemplaires qui sont aujourd'hui en exposition à l'aéroport du Bourget et à l'aéroport d'Orly. Un des deux appareils serait remis en état afin d'être loué à des entreprises, et l'autre serait exposé sur la Tamise à Londres37.

Descriptif technologique Cellule et fuselage

Le poste de pilotage

L’entrée du poste de pilotage se fait par un couloir bas (1,75 m de haut) d’une longueur de 2 mètres. Dans les armoires électroniques de chaque côté, sont disposés des calculateurs servant au pilotage automatique, navigation, communications VHF38, batterie, conditionnement d’air, conduite moteur. La partie supérieure est réservée aux panneaux disjoncteurs.
Trois sièges à manœuvre électrique sont disposés dans le cockpit, les deux sièges des pilotes CDB39 et OPL40 avec des planches de bord similaires à droite et à gauche navigation.
La partie centrale, conduite moteur, commande du pilote automatique et pylône, (radionavigation et communications est commune. En partie supérieure, au-dessus des pares-brise, un panneau de centrale d’alarme avec en fonction des niveaux d’alarme des voyants de couleurs différentes. Au panneau supérieur, les commandes de vol, les poignées coupe-feu, les éclairages extérieurs (feux de navigation et phares.
Le poste de l’OMN41, siège orientable soit vers le panneau ou vers l’avant position décollage, derrière l’OPL40, est équipé de nombreux indicateurs et interrupteurs : conditionnement d’air, électricité, carburant, indicateurs complémentaires moteurs, panneau de démarrage, commandes des entrées d’air et hydrauliques. Le panneau, du plafond au plancher, est équipé d’indications et commandes. Sur la cloison gauche du cockpit, encore des panneaux disjoncteurs.
Deux sièges observateurs peuvent être utilisés en fonction des besoins, l’un derrière le CDB39, l’autre dans le couloir central derrière l’OMN
En raison de sa forme élancée nécessaire afin d'avoir de bonnes performances pour le vol supersonique, les pilotes avaient généralement une très mauvaise visibilité vers l'avant. Cela ne causait pas de problème en vol de croisière, mais un peu plus dans les phases de décollage et d'atterrissage. C'est ce qui explique pourquoi les pilotes devaient abaisser le nez du Concorde pour ces phases.

Les aménagements cabine

Aménagement de la cabine chez British Airways
L'appareil est séparé en deux cabines, 40 passagers pour la cabine avant et 60 passagers pour la cabine arrière, les toilettes, les vestiaires et les portes centrales servant de séparation entre les deux cabines. Les sièges sont installés par rangées de quatre, séparés en deux par une travée centrale.
À l’entrée de la cabine avant, un office avec four est installé pour le service. La conservation des aliments est faite avec de la carboglace. Le même type d'équipement est installé en cabine arrière.
Il n’y a ni vidéo ni projection de film pendant les vols, mais un choix de musiques est disponible à chaque siège.
Trois toilettes sont installées, une à l’avant pour les passagers cabine avant et l’équipage et deux entre les deux cabines.
Chaque siège dispose d’un porte-bagages en partie supérieure et des vestiaires à porte-manteaux sont installés en extrémité de chaque cabine.
Dans le galley arrière, des calculateurs, entrées d’air, communications longue portée (HF) sont disposés de chaque côté avec accès par le galley. Au fond, un accès mène vers la soute arrière mais ne peut être ouvert qu'au sol.

Les soutes

Deux soutes peuvent accueillir les bagages des passagers, l’une sous la cabine avant, l’autre derrière le galley arrière. Chaque soute dispose d’une entrée indépendante. Les soutes à bagages ont un volume de 19,74 m3 et ne sont pas ventilées. De ce fait, le transport d'animaux vivants est exclu.
Toutes les parties disponibles restantes sont utilisées pour les équipements : centrale à inertie et radar à l’avant, soute hydraulique, soute de conditionnement d’air.

Le nez basculant

L'aile delta n'est que très peu portante à faible vitesse, ce qui oblige l'avion à avoir un angle d'incidence élevé durant les phases de décollage et d'atterrissage. La visibilité vers l'avant s'en trouve fortement réduite lors du décollage et en phase d'approche.
En réponse à ce problème, le Concorde comme le Tupolev Tu-144, est équipé d'un nez et d'une visière mobiles inclinables, pour une meilleure visibilité à basse vitesse et meilleure pénétration dans l’air à haute vitesse43. L'ensemble nez-visière peut prendre 4 positions :
L'appareil de présérie britannique est le premier à posséder une véritable verrière sur le nez.
inclinaison de 5° lors des phases de manœuvres au sol et de décollage ;
inclinaison de 12,5° à l’atterrissage ;
nez relevé et visière baissée en vol subsonique (en pratique, la visière est relevée dès la phase de montée initiale achevée) ;
nez et visière relevés en vol supersonique et lors du stationnement parking.

Matériaux utilisés

Le fuselage et la voilure de Concorde sont construits en alliage d'aluminium, connu sous la référence RR58 en Grande-Bretagne et AU2GN44 en France. Cet alliage a été mis au point afin d'offrir le meilleur compromis entre masse, résistance aux déformations et résistance à la température. L'échauffement cinétique en vol supersonique est important : 127 °C sur le nez de l'appareil, 100 °C environ sur le bord d'attaque des ailes.

La voilure

Partie essentielle et spécifique de cet avion : l’aile adaptée au vol supersonique. Le concept d’aile delta (triangulaire) est modifié afin d’avoir de meilleures performances aux basses vitesses. Cette modification de l’aile du Concorde porte un nom spécifique : l’aile gothique. En effet, si on regarde le plan de l’aile, on s’aperçoit que la forme en plan est en ogive, d’où le nom gothique.
Les travaux de l'Onera, dans les années 1950 ont démontré de nombreuses hypothèses. L'augmentation de la flèche à l'emplanture (apex) permet une augmentation de la portance, notamment grâce à la portance tourbillonnaire. Une corde à emplanture plus longue offre plus de volume pour les réservoirs (un point-clef du projet). Les ailes du Concorde disposent de bords d'attaque à double courbure, il y a ainsi une augmentation de la surface en bout d'aile. Les commandes de vol sont multifonctions, les élevons sont à la fois les ailerons (roulis) et les gouvernes de profondeur (tangage). Il n'y a pas d'aérofreins (inutiles sur une aile delta à forte traînée), ni de volet déporteurs, ni encore de volets de bord d’attaque et de bord de fuite. Du fait de son faible allongement (ici 1,5546), une aile delta est peu portante (Czmax ≈ 1), l'avion doit avoir un angle d'incidence élevé au décollage et à l'atterrissage, ce qui gêne fortement la visibilité depuis le cockpit.
En l'absence de volets, les vitesses minimales portance maximale sont obtenues de la façon suivante :
Au décollage, l'hypersustentation se fait sous trois formes :
La portance tourbillonnaire, qui augmente le Cz de 20 %
L'effet de sol qui augmente le Cz de 12 %, pendant le roulage et à faible hauteur,
La composante verticale de la poussée, très forte avec la postcombustion. Pour 70 t de poussée, on obtient 16 à 20 t de portance (sur 185 t) à un angle de cabré de 13 ° à 17 °.
Au total un coefficient de portance d’environ 0,65 pour une masse de 170 t permet de décoller aux environs de 200 kt (soit 360 km/h), soit une vitesse supérieure de 50 à 60 % à celle d'un avion de ligne subsonique (entre 125 et 135 kt).
À l’atterrissage, on perd la composante de la poussée, mais l’avion est plus léger il a consommé 80 tonnes de kérosène. La vitesse d'atterrissage est d'environ 280 km/h.

Les moteurs

Le Concorde est un quadriréacteur. Les réacteurs sont disposés deux par deux. Les nacelles, dans lesquelles ils sont logés, sont réalisées en acier et matériaux résistants aux hautes températures. Des panneaux de protection thermique sont installés au plafond. Les détecteurs d’incendie y sont installés.
La grande difficulté de conception et de mise au point des réacteurs vient du fait que l’avion vole en subsonique et en supersonique, alors que la vitesse de l’air à l’intérieur du moteur doit être inférieure à la vitesse du son même en supersonique. Pour cela, les constructeurs ont partagé le moteur en trois parties :
les entrées d’air ;
le moteur lui-même ;
la tuyère.
Ces trois parties disposaient de leurs commandes et contrôles particuliers.

Entrées d’air

Le but des entrées d’air est d’amener la vitesse de l’air à une vitesse compatible avec le fonctionnement du moteur (environ Mach 0,5). Des panneaux articulés, appelés rampes assurent cette fonction. Ces rampes sont manœuvrées par des tubes de torsions, eux-mêmes entraînés par un moteur hydraulique. Ces moteurs sont au nombre de deux : un normal et un autre de secours.

Trois phases de fonctionnement :

Vitesse de 0 à Mach 0,5 :
Le débit d’air passant par les entrées d’air est insuffisant jusqu’à Mach 0,5. Un volet d’air additionnel, situé en partie inférieure s’ouvre du fait de la différence de pression entre l’extérieur et l’intérieur de l’entrée d’air.
Vitesse de Mach 0,5 à Mach 1,2 :
Le volet d’air additionnel se referme. Les rampes sont en position haute.
Vitesse supérieure à Mach 1,2 :
En vol supersonique, une onde de choc se crée à partir des bords de la prise d’air. Lorsque l’air passe à travers l’onde de choc, sa vitesse devient subsonique. En compensation il s’agit de l’observation des lois de conservation en aérodynamique compressible la pression augmente. L’air arrive ainsi dans le compresseur à une vitesse convenable environ Mach 0,5 et à plus haute pression. La position de l’onde de choc est cruciale, et doit être contrôlée en fonction de la vitesse. Les rampes sont positionnées afin d’adapter la géométrie de l’entrée d’air à la vitesse de l’avion. Ces entrées d’air étaient contrôlées par des calculateurs d’entrée d’air AICU, deux par moteur, situés en partie avionique du galley42 arrière. Des informations de pression d’air, température, et nombre de Mach alimentent les calculateurs.
En vol supersonique, de l’air prélevé par quatre petits volets situés dans les coins supérieur et inférieur au niveau de l’entrée du moteur propre, permet de refroidir la nacelle du moteur. Ces volets sont fermés en subsonique et en cas de feu ou surchauffe moteur par action sur la poignée coupe-feu.
À l’intérieur de l’entrée, une sonde de température et quatre sondes de pression permettent de connaître les paramètres d’entrée d’air.
Au poste de mécanicien navigant, un indicateur par entrée d’air permet de contrôler en permanence le rapport de pression IPRE : Indicator pressure ratio error.
Le système d’entrée d’air est équipé d’un système embarqué de test pour les essais et recherche de panne en maintenance.

Le moteur

Le Concorde est propulsé par des turboréacteurs composés de trois ensembles : l'entrée d'air conçue par British Aircraft Corporation, le réacteur Bristol Siddeley (puis Rolls-Royce) type Olympus 593 à postcombustion3 monté sur l'Avro Vulcan et le canal d'éjection étudié et réalisé par la SNECMA. Des modifications importantes ont permis d’accroître la poussée et de diminuer la consommation en régime subsonique. La version définitive est la Mk IV.
Des entrées d’air moteurs à section variable à régulation électronique3 servent à réduire la vitesse de l'air entrant dans le réacteur. Une sortie des gaz à section variable48 augmente la vitesse de l'air sortant. Le dégivrage de la voilure et des entrées d’air moteurs est entièrement électrique soit en continu soit par cycle, limitant les tuyauteries d’air. Cette spécificité n'est pas reprise sur les avions actuels.
La conception difficile, la réalisation et la mise au point de l'entrée d'air du réacteur ont été prises en charge en partie par la Snecma. Parties mobiles, rampes, etc. à préciser).
Cependant, il n'y a pas d’APU49, ce qui impose la présence d'un groupe électrique et à air indépendant dans chaque escale. Un projet a été étudié mais abandonné (prototype APU au MAE, don de M. Chevalier. Le Boeing 727 est le premier avion civil à disposer d'APU49 intégré pour la mise en route des réacteurs.
Les Concorde français sont équipés de réacteurs identiques à ceux équipant les Concorde britannique, mais assemblés par la Snecma.

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#35 Le Concorde l'avion 2
Loriane Posté le : 28/11/2015 08:27

Constitution du moteur

Simple flux, double corps compresseurs basse pression N1 et haute pression N2, chambres de combustion annulaire, turbines haute et basse pression. Un système de postcombustion ou réchauffe est ajouté. Une tuyère à section variable AJ : Area Jet vient se positionner à l’arrière.
Un relais accessoire, entraîné par le corps haute pression N2, permet d’entraîner les vario-alternateurs, les pompes hydrauliques, les pompes d’alimentation en carburant haute et basse pression.
La régulation de la poussée est effectuée par le biais du corps haute pression N2 Contrairement aux moteurs d’aujourd’hui qui se régulent au N1. Ce dernier N2 réagit aux variations de débit carburant piloté par la manette des gaz associée au moteur. L’attelage basse pression N1 est régulé par la tuyère primaire AJ, montée en sortie de canal de réchauffe postcombustion. Le N1 est ajusté au N2. Le rapport de vitesses des deux compresseurs doit rester dans une plage de fonctionnement compatible. La régulation du N1 n’interfère par sur celle du N2 car un phénomène de saturation ou bouchon permet de dissocier les deux. Concrètement, un col sonique est présent dans le distributeur de la turbine BP. Les paramètres variants en amont n’affectent pas ceux situés en aval et inversement. C’est une particularité de ce moteur. Ce système a permis de se passer de clapet de décharge.
L’équipage ajuste et contrôle la poussée par la vitesse de rotation du corps haute pression (N2) au moyen de deux calculateurs de poussée TCU par moteurs, l’un suppléant l’autre en cas de panne. Au poste de pilotage, des indicateurs à aiguilles et à tambours permettent de contrôler les paramètres de vitesse de rotation moteur, de consommation de carburant, de pressions et de températures.
La postcombustion appelée aussi réchauffe est utilisée pour le décollage et pour passer le mur du son, à partir de Mach 0,97 et jusqu’à Mach 1,7. Elle permet d’obtenir une poussée supplémentaire d’environ 18 % pendant ces deux phases, mais au prix d’une consommation très élevée (80 tonnes par heure au décollage au lieu de 20 en croisière. La postcombustion est réalisée par une pompe et un régulateur de carburant haute pression envoyant du carburant dans les gaz d’échappement du moteur. Elle est commandée par le pilote au moyen d’un interrupteur situé derrière les manettes de poussée moteur au travers d’un calculateur électronique.
La postcombustion n’est pas allumée sur les quatre moteurs en même temps mais par paire symétrique, d’abord les moteurs 1 et 4 moteurs extérieurs, les plus éloignés du fuselage puis les moteurs 2 et 3.
Une couronne de sondes mesurant les températures des gaz de turbine TGT est disposée dans le cône de queue du moteur.

La tuyère.

Cette partie située en arrière du moteur est faite d’un tube d’acier haute température d’environ 1 m de diamètre et 2,50 m de longueur.
La partie tube est une cheminée pour les gaz d’échappement en sortie de turbine. Elle est terminée par deux équipements :
Les tuyères 14 : une couronne de petits volets appelée « AJ » permettant par leur mouvement de modifier la section de sortie de la tuyère. Ce dispositif est destiné à augmenter la pression pour accélérer la vitesse des gaz, donc augmenter la vitesse de l’avion particulièrement en supersonique. Ces volets sont commandés par des vérins pneumatiques dont l’ordre d’ouverture ou de fermeture est émis par le calculateur de poussée (TCU) au travers d’un moteur électrique PNT commandant un servomoteur à gaz PNC.
Les tuyères 28 : deux coquilles mobiles sur chaque moteur sont installées à l’extrémité de la tuyère. Ce sont les inverseurs de poussée utilisés comme système d’appoint au freinage des roues et comme ralentisseur de vitesse dans la phase de retour en subsonique. C’était l’un des rares avions à utiliser les inverseurs en vol. Ces coquilles servaient aussi à moduler le flux du réacteur. Ces inverseurs sont actionnés par un moteur pneumatique commandé par la manette inverseur de poussée situé en avant des manettes de poussée au poste de pilotage.

Le train d’atterrissage et les freins

Cône de queue du Concorde, on peut distinguer la roulette de queue.
Le train d'atterrissage est un train dit tricycle : un train principal sous chaque aile plus un train avant sous la cabine avant. La commande est électrique, elle pilote des électrovannes qui envoient un fluide dans des vérins hydrauliques. La sortie, comme la rentrée, est normalement hydraulique, mais en cas d’urgence, après déverrouillage manuel, chaque train est sorti par gravité.
Le train avant se replie vers l’avant ; les deux trains principaux, après raccourcissement se replient latéralement, dans leur logement situé en partie dans le fuselage. Une fois le train rentré, des portes ferment les logements.
Une roulette dite « de queue » rétractable est installée au niveau du cône de queue pour protéger le fuselage en cas d’incidence trop élevée pendant le décollage.

Les freins

Les disques de freins principaux, au nombre de 8, un par roue, sont en carbone pour réduire la masse de l’avion. Ce point clef de la conception n'est adopté qu'à partir de l’avion 102.
Le Concorde dispose de trois possibilités de freinage : un freinage normal avec antipatinage, un freinage alternate et un freinage de secours.
Les roues avant sont freinées par un frein à disque pour le freinage à la rentrée du train uniquement.
Un transmetteur de position pédale électrique commande la puissance hydraulique pour les freinages normal et alternate. Le freinage de secours est entièrement hydraulique, des pédales de freins aux freins. Des ventilateurs permettent le refroidissement accéléré des freins.
Une sonde de température est installée sur chaque frein dont la température est transmise au cockpit.

Les roues

Il y a quatre roues sur chaque train principal. Les pneus sont gonflés à l’azote pour limiter l’échauffement des roues. Il n'y a pas de transmetteurs de pression des pneus comme sur les avions actuels, mais, à la suite d'un incident à Washington en 1979, un système de détection de sous-gonflage a été installé sur chaque train principal. Il s’agit de mesurer les contraintes du bogie dû, par exemple, à une roue dégonflée ou crevée par des détecteurs d’effort collés sur le bogie. Le signal est envoyé au cockpit sur des voyants au panneau avant et au panneau OMN.
Le test du système est quotidien et l’alarme de sous-gonflage pendant le roulage nécessitait un retour au parking pour vérification. De plus, la vérification des pressions des roues est effectuée avant chaque vol. L'orientation des roues avant est faite à l'aide d'un volant pour chaque pilote. Le signal généré par le volant est envoyé vers un calculateur. Un vérin hydraulique commandé électriquement oriente le train avant en fonction de la consigne reçue.

Les circuits La génération électrique

La génération électrique est de même principe que sur les autres avions modernes contemporains Boeing 747 triphasé 115/200 V et 400 Hz avec mise en parallèle des 4 alternateurs. Ceux-ci sont entraînés par les moteurs par l’intermédiaire du boîtier accessoires. Il y avait un IDG (Integrated Driving Generator par moteur.
La nouveauté du Concorde était les générateurs électriques dont on avait, pour gagner du poids, réuni les deux fonctions, régulation de fréquence et générateur électrique en un seul équipement appelé IDG20. Le gain de poids est d'environ 40 kg par alternateur. Cette technologie fut reprise par les constructeurs d’équipement pour les avions modernes à partir de l’Airbus A310. Tous les avions en sont maintenant équipés.
Les commandes et contrôles des tension et fréquence de chaque IDG20 sont gérés par un moteur et un calculateur, appelé Generator Control Unit GCU. Les paramètres (tension, fréquence et températures de l’huile de refroidissement) pouvaient être vérifiés par l’officier mécanicien navigant OMN. Un bouton-poussoir et un voyant de synchronisme permettant de faciliter la mise en parallèles des alternateurs, qui était normalement automatique même tension, même fréquence et même rotation de phase.
En cas de panne, le mécanicien navigant pouvait déconnecter mécaniquement l’IDG20 à partir du poste de pilotage. Le vol se poursuivait avec trois générateurs. De plus, pour respecter la réglementation, un alternateur de secours entraîné par un circuit hydraulique était également installé. En dernier recours, un convertisseur statique courant continu/courant alternatif assurait le courant alternatif à partir des batteries de bord. Ces deux batteries cadmium/nickel assuraient le dernier secours en 28 V. La recharge de ces batteries et l’alimentation électrique continue étaient assurées par des transfo-redresseurs 115/28 via des contrôleurs de charge.
Au sol, moteurs arrêtés, l’avion était alimenté par un groupe de parc de minimum 90 kW de puissance.

Les éclairages

Le Concorde dispose de nombreux éclairages. Les commandes des éclairages se situent dans le cockpit, juste au-dessus du pare-brise afin d'être accessible aux deux pilotes. Deux phares d'atterrissage rétractables d'une puissance de 600 W sont situés à l'intrados, près du bord d'attaque, à proximité de la jonction entre l'aile et le fuselage. Deux phares de roulage et de décollage également rétractables sont situés sous le fuselage. En avant du cockpit, en partie inférieure du fuselage, de chaque côté, se trouvent deux phares de virage. Trois feux de navigation sont inclus soit dans les ailes, soit dans le cône de queue, afin d'éviter les trainées supplémentaires. Trois feux anticollisions à flash rouge sont situés de part et d'autre du fuselage au début de la jonction entre l'aile et le fuselage et un à l'arrière en extrémité de fuselage.
À l'arrière, le boîtier de feu de navigation est commun avec le feu anticollision. La fixation de ce feu sera renforcée afin de parer à la dégradation due aux vibrations dans cette partie de l'avion. Les logements de trains d’atterrissage étaient éclairés au sol à des fins d’inspection.

Les circuits hydrauliques

Comme la Caravelle et les Airbus actuels, le Concorde est doté de trois circuits hydrauliques. Circuits normaux appelés vert et bleu et circuit secours appelé jaune. Le liquide est de l’Oronite, un liquide synthétique résistant à la température de fonctionnement en vol soit 120 °C. Ces circuits sont alimentés par des réservoirs situés dans la soute hydraulique placée sous la soute arrière.
Au sol, moteurs arrêtés, la pression est générée par deux pompes électriques, une pour le circuit vert et une pour le circuit bleu, alimentées en triphasé. Le circuit jaune peut être utilisé par une ou les deux électro-pompes sous réserve qu’on ait orienté le sélecteur sur jaune. Ces pompes sont commandées par des interrupteurs situé au panneau mécanicien navigant. Tous les équipements hydrauliques peuvent être commandés par la pression délivrée par ces pompes.
En situation de maintenance, des groupes de parcs hydrauliques sont utilisés pour les essais prolongés notamment les essais de rentrée de train alors que quand les moteurs sont en route, la pression hydraulique est délivrée par les pompes entraînées par les moteurs.
Les circuits hydrauliques commandent les trains d’atterrissage rétraction/extension, freins, les commandes de vol et le nez basculant.
En dernier recours, en cas de perte des trois circuits hydrauliques, une hélice (RAT, ram air turbine située sous l’aile gauche peut être sortie à partir du poste de pilotage. Cette hélice, mue par le vent relatif lié au déplacement de l’avion, entraîne une pompe hydraulique permettant de conserver un minimum de commandes de vol et les freins en freinage secours pas d'antipatinage ainsi que l’alternateur de secours. Pendant la vie de l’avion, cet équipement de secours n’a jamais servi. Seuls les essais en maintenance garantissaient le bon fonctionnement en cas de besoin en vol.

Les circuits carburants et réservoir.

Treize réservoirs30 contenant au total 95,8 t50 de kérosène, soit environ 119 500 L densité 0,8 permettent d’alimenter les réacteurs. Ces réservoirs sont répartis dans les ailes, dans le cône de queue derrière la soute à bagage et dans le fuselage en partie basse en avant des trains d’atterrissage principaux. Les réacteurs sont alimentés à partir des quatre réservoirs dits nourrices. Ceux-ci se remplissent pendant le vol par transfert de carburant à partir des autres réservoirs.
Le transfert de carburant :
A : décollage
B : croisière
C : retour en subsonique
La consommation de carburant pouvant varier en fonction des vents, de la charge (passagers et bagages, du temps estimé d’attente à l’arrivée notamment de CDG vers JFK), une quantité de carburant supplémentaire environ 1 600 L peut être ajoutée dans les parties hautes des réservoirs surplein.
La quantité de carburant vers les États-Unis est le plein complet à pleine charge, soit 95 t avec environ 13 t restant à l’arrivée le tableau de caractéristiques indique 7 tonnes. Le retour vers l’Europe ne nécessite pas le plein complet (vents favorables. La quantité pour le retour est d’environ 78 t avec également 13 t restant. Cette quantité restante pouvant être utilisé en cas de panne du conditionnement d'air ou du moteur, et dégagement en cas d’indisponibilité de l’escale d’arrivée.
En plus de l’alimentation des réacteurs, le carburant remplit deux autres fonctions. Il est utilisé pour le centrage. Après le passage du mur du son, l’équilibre aérodynamique est modifié, le centre de poussée recule. Pour compenser cet effet, les ingénieurs auraient pu utiliser le braquage des gouvernes de profondeur, mais ce système n’était pas acceptable, car il aurait produit une augmentation significative de la traînée, ce qui aurait entraîné une surconsommation de carburant, réduisant considérablement l’autonomie de l’avion. La solution trouvée pour parer à ce phénomène consiste à déplacer vers l’arrière le centre de gravité de l’appareil. Sur Concorde, la seule masse déplaçable est le carburant. Le transfert du carburant se fait de l’avant vers l’arrière pour le vol supersonique et le contraire pour le retour en subsonique comme sur le Dassault Mirage IV. Trois réservoirs situés dans le fuselage, deux à l’avant et un à l’arrière servaient principalement à cette fonction. Le transfert s’effectue par deux conduits dits main gallery entre les trois réservoirs. Pendant ces transferts, le déplacement du carburant est entendu en cabine. À Mach 0,93, transfert vers l’arrière du carburant, aux environs de Mach 1,2, début du transfert vers l’avant. Pendant l'avitaillement, la séquence de chargement du carburant permet de ne pas poser l’avion sur la roulette de queue. Une table des volumes des réservoirs permet de connaître la répartition du carburant. Enfin, le carburant est également utilisé pour le refroidissement de l’air de conditionnement de la cabine.

Le conditionnement d’air

Selon la vitesse, le maintien de la température en cabine peut se faire de deux manières. En vol subsonique, la cabine est réchauffée par le prélèvement d'air sur les étages compresseur haute pression. Pour des vitesses supersoniques, la climatisation est rendue difficile par l'échauffement de la cellule en raison des frottements de l'air. Le refroidissement se fait par échange avec le carburant, prélèvement des frigories. Une surconsommation de carburant peut obliger à revenir en subsonique plus tôt que prévu afin de conserver une température acceptable en cabine.
Quatre groupes de conditionnement d’air sont utilisés, mais une surveillance accrue de la température par l’officier mécanicien navigant est nécessaire pour éviter une augmentation de la température cabine non compatible avec le confort des passagers. La pressurisation de la cabine est réalisée par quatre vannes ouflow valves commandées par un contrôleur de pressurisation. L’OMN programme le système manuellement. Quatre indicateurs permettent la surveillance de la pressurisation. Il y a un variomètre cabine, un altimètre cabine, un indicateur d’écart de pression externe/interne (delta P) et un indicateur de position de vanne de régulation de pression de la cabine.

Le circuit de secours oxygène

Le Concorde dispose de 2 circuits de secours à oxygène.
Le circuit pilotes comprenait une bouteille oxygène gazeux qui alimente cinq masques à oxygène au poste de pilotage. Le circuit passagers était constitué de trois bouteilles installées en soute arrière qui alimentent les masques pour cent passagers et six personnels commerciaux.
Des bouteilles portatives sont installées à bord afin de permettre aux personnels commerciaux de circuler en cabine avec un masque à oxygène si besoin.

Pilotage Vitesse et altitude

Comme les autres avions de la même époque 747, A300, DC-10, le Concorde est équipé de deux centrales aérodynamiques et d’un circuit de secours. Les centrales, situées dans l’entrée du cockpit, récupèrent les informations de nombreux instruments. La vitesse est obtenue grâce à des tubes de Pitot situés de chaque côté. L'altitude est mesurée à l'aide des prises statiques situées de part et d’autre du fuselage en arrière des portes avant. La température est relevée en utilisant des sondes sous le nez. La température était très importante pour le calcul du nombre de Mach. Les informations sont distribuées par des tuyauteries souples et rigides situées sous les planchers cabine et poste de pilotage sauf pour la température informations électriques.
On retrouve les instruments classiques mais doubles, puisque servant en mode électrique normal et secours pneumatique sur chaque planche de bord. Ces indicateurs sont les altimètres pour l'altitude et les anémomètres pour la vitesse par rapport à l'air. Les machmètres indiquaient la vitesse en nombre de Mach. Pour le calcul de celle-ci, il est nécessaire de connaître la température de l'air ambiant et la vitesse. Les variomètres étaient utilisés pour connaître la variation d'altitude. Il y avait également les indicateurs de température. Les informations reçues par ces instruments sont des informations calculées par les centrales aérodynamiques ayant pour origine les pressions prises par les Pitot et les prises statiques. Des sondes d'incidences et de dérapages, au nombre de deux chacune, complètent le dispositif aérodynamique. Deux sondes de dégivrage sont également installées. Toutes les sondes sont dégivrées en subsonique.
Le circuit de secours est entièrement pneumatique, des sondes aux indicateurs. Le Pitot est constitué par la pointe de perche de nez et la prise statique est placée sur la partie externe de cette même perche.
Deux recopies machmètres installés à l’avant des cabines avant et arrière permettaient aux passagers de suivre l’évolution du Mach en croisière.
Un test embarqué commandé par deux interrupteurs situés en arrière du pylône permet de simuler les vitesses et altitudes au sol.

Cap et horizon artificiel

Trois centrales à inertie permettaient d’obtenir les informations de cap et horizon de manière indépendante de systèmes terrestres. Ces centrales, situées en soute électronique, sous le cockpit avec accès par une porte indépendante, étaient chacune couplées à une batterie de petite capacité pour permettre d’assurer l’alimentation des centrales en cas de perte de réseau électrique.
Afin de lire et d’utiliser un cap magnétique, les centrales étaient couplées à un coupleur compas, qui permettait de corriger le cap géographique donné par les centrales à inertie pour obtenir un cap magnétique. Deux vannes de flux situées sur le toit de l’avion permettaient de récupérer les informations magnétiques. Ces informations peuvent être lues sur les instruments de bord de chaque côté, mais les informations de cap et d'altitudes distribuées sur chaque planche sont d’origine différente pour faciliter la détection de pannes ou d’erreurs d’indications.
Le temps d’alignement et chauffe des centrales à inertie était d’environ 18 minutes. Ces centrales étaient utilisées pour effectuer de la navigation par waypoints. Ces points de repère étaient insérés un par un par les équipages. Les informations des centrales étaient utilisées pour le cap, l’altitude horizon artificiel, les corrections de vitesse et d'altitude, le calcul de la vitesse par rapport au sol et de la vitesse ascensionnelle, ainsi que pour le pilote automatique.
Couplé au pilote automatique, l’avion peut rejoindre son point de destination automatiquement sans autre surveillance que la vérification du passage du way-point.

Radionavigation

Des systèmes d’aide à la navigation par radio étaient installés sur Concorde. Il y avait deux VOR, radio navigation en VHF38, constitués de deux antennes, deux récepteurs et boîtes de commandes, et des indicateurs RMI VOR pour la chaîne automatique et les HSI pour les chaînes manuelles. Les VOR sont couplés aux centrales à inertie pour le recalage des positions. Deux DME permettaient de calculer les distances de l’avion par rapport aux stations au sol. Deux systèmes ILS étaient utilisés pour le guidage des approches de précision. Ces systèmes utilisent les mêmes instruments de vol que les VOR. Le Concorde était équipé de deux ADF dont les antennes sont fixées sur le toit du fuselage et dont les récepteurs sont installés dans les armoires électroniques situées dans le galley42 arrière. Deux RMI ADF permettent la visualisation des indications de directions des stations. Deux radio altimètres permettaient de lire les altitudes d’approche inférieur à 2 000 mètres avec précision au pied près. Les antennes sont situées sous le fuselage à hauteur de la soute avant. Les émetteurs-récepteurs sont installés au fond de la soute avant. Il y avait deux systèmes radar météo qui permettaient la détection des zones nuageuses en vol. L’antenne double, installée dans le radôme de nez, envoyait les informations à l’aide d’un guide d’ondes vers les émetteurs-récepteurs situés en soute électronique avant. Les zones nuageuses seront visibles sur deux écrans mono-couleurs, situé à l’avant droit et gauche des pilotes. Deux systèmes ATC permettaient d’envoyer les informations de situation et altitude vers les Centres de Contrôle en vol. Deux systèmes anticollisions en vol ont été installés en 1998 à la suite de l’obligation d’installation pour les vols, vers les États-Unis dans un premier temps.

Les pilotes automatiques

Le Concorde est équipé de deux pilotes automatiques/directeur de vol, permettant de faciliter la conduite du vol aux pilotes pendant le vol52. Le panneau de commande (AFCS) était situé, comme pour les autres avions, sur le panneau situé au-dessus des indications moteurs. Il permet d’engager les différents modes PA/DV.
Les calculateurs PA, sont situés dans les meubles avioniques situé de chaque côté du couloir d’entrée du cockpit. Un test embarqué permet la détection et le dépannage des PA. La liaison PA/Commande de vol s’effectue par les relay-jack situés sous le plancher du poste de pilotage. À l’avant des manettes de poussée, un panneau avec des boutons de commande permet de faire évoluer en PA dit manuel. De plus, en PA, des bielles d’effort permettent de piloter l’avion en mode PA dit « pilotage transparent » à partir des manches sur simple effort du pilote. Les signaux d’effort transmis par les bielles sont traités par les calculateurs PA avant d’être envoyés sur les commandes de vol.
Le Concorde est certifié atterrissage tout temps dit CAT 3 A, hauteur de décision 25 pieds.

Les communications radio

Le Concorde est équipé des systèmes traditionnels de communications radio.
Il dispose de deux radios VHF38 de 350 km de portée. Les émetteurs récepteurs VHF étaient situés dans l’armoire électronique situé dans l’entrée du poste de pilotage. Les antennes sont situées, une sur le toit, l’autre sous le fuselage. Celle sous le fuselage avait pour particularité d’être double VHF et VOR.
Il y a également deux radios longue portée HF pour les routes empruntées au-dessus des océans et parties désertiques qui rendaient obligatoire l’utilisation permanente de la HF. La nouveauté du Concorde était l’utilisation d’une antenne HF structurale située dans la partie basse du bord d’attaque de l’empennage vertical (tous les avions modernes sont maintenant équipés de cette façon. Les deux boîtes d’accord HF sont situées dans l’épaisseur de l'empennage vertical (portes ovales situées à gauche. La garantie du fonctionnement du système nécessitait un essai par la maintenance avant chaque vol.
Aucun avion n’a été équipé de système téléphone satellite ni ACARS telex.

Sécurité Les détections incendie et fumée

À la mise en service, la détection incendie moteur était réalisée avec des détecteurs dits de flamme. Des cellules disposées dans les nacelles moteurs, trois doubles par moteur, étaient chargées de détecter les flammes et la fumée. Trop sensibles et non fiables, d’une maintenance difficile accès très difficile ces détecteurs ont été remplacés ensuite par des détecteurs classiques de l’époque dit capacitifs.
La détection incendie et fumée soutes était des plus classiques. Il y avait deux types de détecteurs, détecteurs ambiance et détecteurs prélèvement. Les détecteurs ambiance analysent l’air ambiant grâce à des cellules photoélectriques. Les détecteurs prélèvement analysent l’air des conduits d’évacuation de l’air de ventilation des équipements.

Les enregistreurs de vol

Comme sur tous les autres avions, deux enregistreurs de paramètres équipaient le Concorde. Il y avait un enregistreur de paramètres dit DFDR, qui est réglementaire, situé dans la partie basse des meubles avionique du galley arrière. Un autre enregistreur de paramètres dit QAR se situait en partie avionique du cockpit. Cet enregistreur dispose dans un premier temps d’une cassette, puis d’un disque optique facilement remplaçable, le but étant un accès rapide aux paramètres par la compagnie à des fins de contrôle de trajectoires et de maintenance dans des conditions définies par la compagnie.
Comme pour les avions de ligne, le Concorde était équipé d'un enregistreur de conversation. Celui-ci, situé en partie avionique du galley arrière, permettait l’enregistrement des conversations cockpit dès la prévol de l’équipage et jusqu’à la fin du vol. Il est équipé également d’une balise émettrice sous-marine.
L’altitude de vol étant élevée, un détecteur de rayonnement cosmique était installé à bord. Un indicateur permettait à l’équipage de contrôler en permanence le niveau de rayons cosmiques.

Liste des appareils et leur histoire

Article détaillé : Liste des Concorde.
Seuls vingt Concorde ont été construits plus 2 cellules pour essais statiques, six pour les essais et quatorze pour les vols commerciaux.
Il y a ainsi eu :
deux prototypes ;
deux appareils de pré-série ;
seize appareils de série dont :
les deux premiers, qui n’ont jamais fait de service commercial la mise au point n’étant pas terminée,
les quatorze autres firent les vols commerciaux et neuf étaient encore en service en avril 2003.
Tous sauf deux sont préservés, ce qui représente 90 % des appareils produits qui ne sont, pour l’instant, pas détruits. Cela est très rare en aéronautique.

Impact culturel, politique et économique

Cet avion, s'il ne fut pas un succès commercial, se révéla, en revanche, une très grande réussite technologique. Il reste un symbole fort de technologie ultra moderne malgré ses 40 ans, et nombreux sont ceux qui aiment ses formes sculpturales. Il est de plus un symbole de fierté nationale pour beaucoup de gens au Royaume-Uni et en France - étant généralement considéré en France comme un avion français, et au Royaume-Uni comme un avion britannique.

Records

Le Concorde détient toujours le record des liaisons commerciales les plus rapides :
Paris / New-York en 3h30 durée commerciale habituelle,
New-York / Paris en 2 heures 59 minutes et 40 secondes, record du 24 décembre 1989
New-York / Londres en 2 heures 52 minutes et 59 secondes le 7 février 1996.
Tour du monde en vol supersonique sur avion de ligne : en 31 heures 27 minutes 21 secondes avec escales, dont 18 heures 40 minutes et 8 secondes en vol supersonique.

Concorde et la diplomatie

La vitesse et les horaires de Concorde départ à 11 h de l'aéroport Paris-Charles-de-Gaulle arrivée à 8 h 45 à Aéroport John-F. Kennedy ont facilité certaines négociations diplomatiques. Dans des moments critiques pour la paix dans le monde Yougoslavie et guerre du Golfe, les diplomates et bien sûr Kofi Annan, ex-secrétaire général de l'ONU ont utilisé le Concorde dans les deux sens.
De plus, le passage des chefs d'État et diplomates à Paris pour prendre le Concorde était l'occasion d'une visite au locataire de l'Élysée avant de s'envoler vers leur destination finale.
En 1991, François Mitterrand a utilisé le Concorde pour se rendre en Arabie saoudite quelques jours avant la guerre du Golfe afin de rencontrer le roi et de soutenir les troupes françaises stationnées dans le Royaume.

La prise en compte de l'opinion

La réaction des riverains contre la perspective d'importantes nuisances sonores dues aux vols a aussi représenté un changement social important. Avant les premiers essais en vol du Concorde, les nouveautés de l'industrie civile aéronautique étaient largement acceptées par les gouvernements démocratiques et leurs électeurs. Les protestations populaires (particulièrement sur la côte est des États-Unis) contre le bruit du Concorde ont marqué un point de rupture politique. Par la suite, les scientifiques et ingénieurs de domaines variés ont commencé à prendre en compte plus sérieusement les impacts environnementaux et sociaux de leurs innovations.
De ce point de vue, le grand bond en avant technique incarné par le Concorde a aussi été un bond en avant pour la sensibilisation du public (et des médias) aux conflits entre la technologie et les écosystèmes naturels qui sont toujours d'actualité. Beaucoup d'avions actuels produisent moins de particules polluantes et de nuisances sonores, et cela est peut être une partie de l'héritage du Concorde. L'usage de murs antibruit le long des lignes de TGV n'aurait peut-être pas été si développé sans les protestations des années 1970 au sujet de la pollution sonore des avions.
Concorde au jubilé de la reine, avec les Red Arrows en 2002
Un billet sur une ligne régulière Concorde était un privilège pour les plus aisés. Cependant, certains vols charter circulaires (les boucles supersoniques) ou aller simple avec retour en voiture, train ou bateau étaient organisés et accessibles à des passionnés moins fortunés.
Le Concorde est aussi apparu lors d'événements royaux au Royaume-Uni, volant parfois en formation avec la patrouille des Red Arrows. Il a aussi participé à de nombreux salons aéronautiques, et a été accompagné par la Patrouille de France.
Un timbre a été édité en France à son effigie, l'exemplaire en photo étant F-BTSC. Un cachet premier courrier postal supersonique a également existé pour la première desserte de Rio de Janeiro par courrier postal en Concorde (qui n'eût cependant pas de suite).
La Britannique Barbara Harmer et la Française Béatrice Vialle sont les deux seules femmes à avoir été pilotes professionnelles du Concorde. Il est à noter que Jacqueline Auriol pilota l'appareil en tant que pilote d'essai.

L’avenir supersonique

En 1992, Aérospatiale Avions a présenté un avant-projet de supersonique Allianc dit ATSF pour Avion de Transport Supersonique du Futur. Ce projet devait transporter 250 personnes sur 10 000 km à une vitesse similaire Mach 2. Grâce à un allongement plus important 2,2 au lieu de 1,56 la finesse aérodynamique aurait été de 10 au lieu de 7,3 pour le Concorde ; la consommation spécifique rapportée à la poussée restant du même ordre, 1,1 au lieu de 1,2 kg/daN/h, la consommation par passager pour 100 km serait descendue de 18 à 13 L. Les valeurs actuelles en 2010 pour les avions subsoniques les plus économes sont de l'ordre de 2.5 à 3 L/100 km par passager57,58.
En novembre 2003, la compagnie EADS qui codétient Airbus avec BAe Systems annonça qu'elle travaillait avec des compagnies aériennes japonaises pour développer un avion plus grand et deux fois plus rapide hypersonique que Concorde. Le projet ZEHST a été présenté au salon international du Bourget en juin 2011.
Concernant les aides d'État à la recherche, le réseau « Recherche aéronautique sur le supersonique créé en 2000 par la direction de la Technologie ministère de la Recherche a été clos en 2004.
Un accord de coopération entre le Groupement des industriels français de l'aéronautique et de l'espace (Gifas) et son homologue japonais SJAC a été signé lors du Salon du Bourget 200561. Le supersonique franco-japonais qui pourrait succéder au Concorde devrait transporter 250 personnes entre Mach 1,6 et 1,8 à 23 000 mètres d'altitude, sur 13 000 kilomètres. Son premier vol pourrait s'effectuer en 201762.
Les projets « hypersoniques » plus futuristes que réalistes étant mis de côté, il semble qu'un avion supersonique « possible » aurait une vitesse d'environ Mach 1,6, et des moteurs à double flux sans réchauffe présentant le meilleur rendement possible en subsonique. La question de la finesse aérodynamique, très inférieure à celle d'un avion subsonique, reste entière.
La compagnie britannique Reaction Engines Limited est engagée dans un programme de recherche appelé LAPCAT63, financé à 50 % par l'Union européenne via l'Agence Spatiale Européenne. Ce projet a pour but d'étudier la possibilité d'un avion fonctionnant à l'hydrogène et transportant 300 passagers, l'A2. Cet avion hypersonique serait capable de voler entre Bruxelles et Sydney à Mach 5 en 4,6 heures. Il s'agit seulement d'un application prospective dérivée de leur projet d'avion spatial Skylon comprenant les technologies clées, notamment le très innovant moteur hybride Sabre dont la variante appliquée à l'avion civil A2 s'appelle Scimitar ; celui-ci autorise l'entrée d'air à haute vitesse dans les moteurs mais l'air est néanmoins refroidi et ralenti avant d'entrer dans le compresseur du moteur au moyen de l'hydrogène, embarqué dans d'imposants réservoirs, qui sert à la fois de refroidisseur et de carburant.
Un autre projet encore plus ambitieux est étudié par l'agence spatiale allemande Deutsches Zentrum für Luft- und Raumfahrt et soutenu également par l'Union européenne et l'ESA. Cet avion suborbital, le SpaceLiner, serait capable de relier l'Australie à l'Europe en seulement 90 minutes en atteignant une vitesse maximale supérieure à Mach 20.



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#36 Re: Vincent de Paul
Loriane Posté le : 10/10/2015 11:53
Jacques,
je te remercie, tu nous offres des renseignements nouveaux, que j'ai lu avec plaisir.
Je ne connaissais rien de tous ces évènements..
C'est très intéressant, je vais garder ton texte.
Gros poutous


#37 Jean-Henry Fabre 1
Loriane Posté le : 09/10/2015 22:38
Le 11 octobre 1915 meurt Jean-Henri Casimir Fabre

à Sérignan-du-Comtat Vaucluse, à 91 ans, né le 21 décembre 1823 à Saint-Léons du Lévézou en Aveyron, humaniste, un naturaliste, un entomologiste éminent, un écrivain passionné par la nature et un poète français et de langue d'oc et à ce titre félibre, lauréat de l'Académie française et d'un nombre élevé de prix.
Il peut être considéré comme l'un des précurseurs de l'éthologie, science du comportement animal, et de l'écophysiologie.
Ses découvertes sont tenues en haute estime en Russie, aux États-Unis et surtout au Japon où Jean-Henri Fabre est considéré comme le modèle accompli de l'homme de sciences et de l'homme de lettres réunis et, à ce titre, est au programme des enseignements de l'école primaire. Il est aussi mondialement connu pour ses Souvenirs entomologiques, qui ont été traduits en quinze langues.
Un grand savant qui pense en philosophe, voit en artiste, sent et s'exprime en poète , c'est ainsi que Jean Rostand5 qualifie Jean-Henri Fabre.

En bref

Entomologiste, poète, peintre, musicien, le Français Jean-Henri Fabre s’est acquis une renommée internationale avec les Souvenirs entomologiques 1879-1907, son œuvre maîtresse, traduite en de nombreuses langues.
Né le 21 décembre 1823, à Saint-Léons Aveyron, dans une famille modeste, Jean-Henri Fabre parvient à force de ténacité au statut d’enseignant : instituteur à Carpentras en 1842, il devient professeur de lycée, d’abord à Ajaccio en 1849, puis à Avignon en 1852. Marié, père de famille, il tente d’augmenter ses revenus grâce à l’industrie des colorants garance ; mais il ne réussit pas et se tourne vers la rédaction d’ouvrages d’enseignement destinés non seulement aux élèves, mais également aux adultes n’ayant pu poursuivre d’études. C’est la grande époque de la « vulgarisation », et Fabre rêve de partager la gloire des auteurs en vogue, comme Louis Figuier, dont les beaux volumes dorés sur tranche connaissent de gros tirages. Un premier petit livre de Chimie agricole (1862), qu’il édite lui-même, est épuisé en quelques semaines et suscite un véritable enthousiasme, dont la rumeur atteint le ministre de l’Éducation, Victor Duruy, qui pense à nommer Fabre précepteur du fils de Napoléon III ce qui ne se fera pas. En attendant, Duruy présente Fabre à l’éditeur Charles Delagrave ; c’est le début d’une collaboration qui durera plus de cinquante ans. Bientôt sort des presses une série de petits livres, La Science élémentaire, qui connaît aussitôt le succès, avec La Physique 1864, La Terre 1865, Le Ciel 1867, Le Livre d’histoires 1869, Les Ravageurs 1870… En tout, jusque vers 1900, Fabre fera paraître une centaine d’ouvrages didactiques, pour un tirage total dépassant le million d’exemplaires.
Cette activité se révèle rentable : Fabre quitte la fonction publique en 1870 et vit de ses droits d’auteur. En 1879, il acquiert un domaine à Sérignan-du-Comtat dans le Vaucluse : l’Harmas qui sera racheté par l’État en 1921, rattaché au Muséum national d’histoire naturelle et ouvert au public. C’est là qu’il va se livrer, jusqu’à sa mort le 11 octobre 1915, à sa passion : les insectes. Il ne les collectionne pas dans des boîtes vitrées, mais il les étudie vivants, les observant avec une extrême attention, notant et décrivant les détails de leur biologie et de leur écologie, ce qui fait de lui un précurseur, un des inventeurs d’une science nouvelle, l’éthologie. Par ailleurs, il désire vulgariser les résultats de ses recherches. Dès 1864, il propose à son éditeur un ouvrage sur les insectes. Mais ce n’est qu’en 1879 que celui-ci acceptera de publier la première série des Souvenirs entomologiques. Cet ouvrage est très remarqué : le public est conquis par ces récits étranges et barbares, dont les minuscules héros s’aiment, se combattent et s’entretuent dans nos jardins, voire nos maisons. La plupart des gens ne leur prêtent aucune attention, alors que les insectes ont beaucoup à nous apprendre, comme Fabre s’attache à le montrer. Un des chapitres les plus connus de la première série, Les trois coups de poignard, outre son intrigue dramatique, pose une question de fond : les comportements des insectes sont-ils le produit de l’évolution ? L’ouvrage de Darwin, On the Origin of Species by Means of Natural Selection L’Origine des espèces, paru en 1859, suscite d’âpres débats encore de nos jours. Fabre n’était pas convaincu : il n’a jamais cru à la théorie de l’évolution et ne cessera de la pourfendre – non sans porter ombrage à sa réputation de savant – dans les dix volumes des Souvenirs entomologiques, qu’il va publier jusqu’en 1907 et qui seront traduits et diffusés dans le monde entier.
Aujourd’hui, l’œuvre de Fabre nous paraît appartenir moins au domaine scientifique qu’à la littérature, à la poésie. La forme et le style parviennent à intéresser le lecteur à ces minuscules créatures, de prime abord rebutantes, voire inquiétantes. Mais Fabre est aussi un philosophe : il parle de la vie et de la mort, grandes questions qui concernent et passionnent les hommes depuis qu’ils ont la faculté de penser. Et c’est ce paradoxe qui a fait son succès : par le biais des insectes, Fabre est un des écrivains qui ont le mieux su nous parler de nous-mêmes.Y. Cambefort

Sa vie

L'éveil à la nature : un autodidacte précoce
Son père, Antoine Fabre, est originaire du Puech de la Font, au lieu-dit Malaval, au nord de Saint-Léons, sur la paroisse de Vaysse. Marié à Victoire Salgues, fille de l’huissier de Saint-Léons, il s’y établit dans l’espoir de succéder à son beau-père. Jean-Henri est élevé par ses grands-parents paternels, Pierre-Jean Fabre et Élizabeth Poujade, dans la ferme du Malaval. C'est dans ce Rouergue que le petit garçon découvre très tôt les réalités d'une nature contrastée et sauvage, qui va aiguiser son esprit d'observation et sa pugnacité.
L'œil toujours en éveil sur la bête et sur la plante, ainsi s'exerçait tout seul, sans y prendre garde, le futur observateur, marmouset de six ans. Il allait à la fleur, il allait à l'insecte comme la Piéride va au chou et la Vanesse au char.
De retour au village de Saint-Léons à l'âge de sept ans, en compagnie de son frère Frédéric, de deux ans son cadet, le jeune garçon s'instruit dans de nombreux domaines avec les moyens mis à sa disposition. Son instituteur est son parrain, Pierre Ricard. Pendant trois ans, il lui apprend à lire et à écrire dans une grange transformée en classe, entouré d'animaux de basse-cour. Son plus précieux outil scolaire est alors un abécédaire illustré par des animaux que son père Antoine lui a rapporté de la ville. Dans le chapitre IV de la 6e série des Souvenirs entomologiques, sous le titre Mon école, il le décrit de la sorte : C'était une grande image de six liards, coloriée et subdivisée en compartiments où des animaux de toute sorte enseignaient la série des lettres par les initiales de leur nom .... Puis, progressant sur l'utilisation de son abécédaire et ses capacités de lecture : Comme récompense de mes progrès, on me donne les fables de La Fontaine, livre de vingt sous, très riche en images, petites il est vrai, très incorrectes, délicieuses toutefois. Il y a là le corbeau, le renard, le loup, la pie, la grenouille, le lapin, l'âne, le chien, le chat, tous personnages de ma connaissance.
Les difficultés professionnelles de son père, paysan devenu cafetier, vont interrompre sans cesse sa scolarité, obligeant Jean-Henri à être autodidacte dès l'âge de 10 ans. Dès 1833 et pendant les six années suivantes, l'exode rural va pousser la famille à Rodez, Aurillac, Toulouse, Montpellier, Pierrelatte et enfin Avignon.
À dix ans, élève au Collège royal de Rodez, il est clergeon dans la chapelle de l'établissement universitaire ce qui lui vaut la gratuité de l'externat. Quatre ans après, son père s’installe à Toulouse où Jean Henri peut suivre gratuitement les cours du séminaire de l’Esquille. Puis la famille déménage à nouveau. À Montpellier, âgé de quatorze ans, il est tenté par la médecine mais doit y renoncer pour aider ses parents. Il abandonne ses études pour gagner sa vie et se retrouve à vendre des citrons à la foire de Beaucaire puis se fait embaucher comme manœuvre pour la construction du chemin de fer Nîmes-Beaucaire.
Il y a pourtant appris assez de latin et de grec pour se passionner pour les auteurs de l'Antiquité. Il affectionne surtout Virgile, en qui il découvre un poète épris de nature. Décidé à se présenter à un examen pour obtenir une bourse, en 1840, ayant appris qu'un concours d'entrée recrutait des élèves instituteurs, il part à Avignon, sort premier de sa promotion et rentre à l'École normale d'instituteurs. Reçu en qualité de pensionnaire boursier, il est, à dix-sept ans, enfin assuré du gîte et du couvert.
Les résultats de sa première année sont passables. Au milieu de la seconde, il est déclaré élève insuffisant et médiocre. Piqué au vif, il demande et obtient de suivre son dernier semestre en 3e et obtient le Brevet supérieur en 1842, avec une année d'avance sur le cycle habituel.

Carpentras : l'instituteur érudit

Le mont Ventoux fut pour Fabre un important terrain d'étude. Âgé de dix-neuf ans, il devient instituteur à l’école primaire annexe du collège de Carpentras. Il va y rester sept ans. En cette année 1842, ses émoluments ne dépassent pas 700 F. Il reprend pourtant ses études latines en relisant Virgile et en traduisant Homère. C'est aussi en 1842 qu'il publie son premier recueil de poèmes Invocations et qu'il escalade pour la première fois le mont Ventoux.
L’installation de l’aîné attire sa famille. Son père et sa mère rejoignent Pierrelatte pour tenir un nouveau café sur la Place d’Armes, tandis que son frère est nommé instituteur à Lapalud16. Le 3 octobre 1844, il épouse Marie-Césarine Villard, institutrice originaire de Carpentras, avec qui il a eu sept enfants dont plusieurs sont morts avant d'atteindre l'âge adulte.
Étouffé par l'enseignement de l'époque, qu'il qualifie de prison, il met à profit la clémence du climat de la région pour encourager l'enseignement en plein air. Poussé par son envie d'apprendre, il consacre son temps libre à la préparation de nouveaux diplômes, tout en menant diverses recherches, notamment en entomologie. Il obtient en 1844, à Montpellier, le baccalauréat ès-lettres, en 1846 le baccalauréat en mathématiques, en 1847 la licence de sciences mathématiques enfin en 1848 la licence de sciences physiques.
C’est cette même année que son jeune fils est atteint de fièvre, son état empirant et devant l’impuissance avouée des médecins traitants, il tente de la sauver avec les méthodes prescrites par François-Vincent Raspail. L’enfant meurt et il annonce son deuil à son frère le 8 septembre 1848. Pour faire face et ne pouvant plus se contenter de son maigre salaire, il postule à un poste de professeur de mathématiques au lycée de Tournon, qui lui échappe tout comme celui d’Avignon.
Durant toute cette période, Fabre avait fait sien le précepte de Platon : Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre. Entre vingt et trente ans, il se perfectionne en mathématiques et en particulier l'ellipse, l'hyperbole, les tangentes, la mécanique analytique, le calcul infinitésimal. Lui pour qui le nombre est empreint de poésie, va jusqu'à lui consacrer une ode, Arithmos.
Séduit par la richesse botanique et entomologique de la Provence, il s'adonne à nouveau à sa passion des insectes et commence une carrière d'historien des bêtes. Mais c'est la lecture des travaux de Léon Dufour qui va le pousser vers sa nouvelle carrière.

Ajaccio 1849-1852 : éclosion du naturaliste

Nommé professeur de physique au collège impérial d’Ajaccio11, le 22 janvier 1849, il s'installe dans l'île avec son épouse. Fabre, qui enseigne à présent la physique et la chimie dans les classes secondaires, bénéficie d'une nette amélioration de ses conditions de travail puisque ses appointements se montent à 1 800 francs. La Corse ouvre au jeune professeur un champ de recherches et d’observations qui va compléter ce qu’il a déjà entrepris sur les pentes du Ventoux.
La découverte de la nature corse et de la civilisation méditerranéenne lui offre un important champ d'investigation. Jean-Henri et Marie-Césarine multiplient les excursions, découvrent la richesse de la faune des mollusques, et récoltent de nombreuses espèces de coquillages marins, terrestres ou d'eau douce. Fabre réunit les éléments pour une Conchyliologie de la Corse. Ce travail d’inventaires et de descriptions des mollusques et coquillages, réunissant les connaissances de Linné, Lamarck et bien d'autres savants, est enrichi d'une foule de notes et d'observations personnelles. Il ne sera cependant jamais publié, la brièveté de son séjour ne lui permettant pas de l'achever.
Alfred Moquin-Tandon, joua un rôle dans le choix de Fabre pour la botanique.
Avec Esprit Requien, qui habitait Bonifacio, il amasse les plantes rares et, profitant des vacances scolaires pour herboriser, constitue un herbier imposant. Il décrit cela dans Mon école : En mes heures de liberté, je l'accompagnais dans ses courses botaniques, et jamais le maître n'eut disciple plus attentif. Leur projet commun de réaliser une flore de la Corse sera anéanti par la mort subite et prématurée du naturaliste avignonnais, emporté par une congestion cérébrale en mai 1851.
La Corse, c'est aussi pour Fabre la rencontre avec le zoologiste montpelliérain Moquin-Tandon venu y étudier la riche faune d'araignées, insectes, crustacés et reptiles. Grâce à Requien, Fabre avait déjà échangé quelques lettres botaniques et un jour où celui-ci ne trouvait aucune chambre dans les hôtels, Fabre lui offre le gîte et le couvert. Membre de plusieurs Académies, Moquin-Tandon, qui était de plus très cultivé en littérature et poète, a une influence déterminante dans le choix de la carrière naturaliste de Fabre. Il lui donna, dit-il, la seule et mémorable leçon d'histoire naturelle que j'aie jamais reçue dans ma vie en disséquant un escargot avec seulement deux aiguilles à coudre, avant de prononcer la fameuse phrase qui eut raison de ses hésitations : Laissez là vos mathématiques .... Venez à la bête, à la plante; et si vous avez, comme il me semble, quelque ardeur dans les veines, vous trouverez qui vous écoutera.
Malgré les conditions idéales que lui offrait la Corse, plusieurs raisons incitent Fabre à demander son retour sur le continent : des accès de paludisme qu'il avait contracté en herborisant exigeaient un climat plus sain ; les traitements des professeurs du collège avaient été réduits de moitié et la chaire de physique risquait d'être supprimée ; il voulait préparer un doctorat ou l'agrégation. Diminué fortement, il demande et obtient son retour sur le continent pour se soigner. Ainsi, il se rapproche de ses parents et de son frère Frédéric, durablement installés dans la banlieue d'Avignon, à la ferme de Roberty.
Dans un courrier adressé à son cadet le 3 décembre 1851, il narre les péripéties de son éprouvante traversée. Au lieu des 18 heures normales du trajet, son bateau pris dans la tempête met trois jours et deux nuits pour rejoindre Marseille dans des conditions épouvantables.

Avignon 1853-1871 : l'enseignant chercheur

Ayant choisi de s'orienter vers la recherche en éthologie des insectes, science des mœurs des insectes, Fabre rentre définitivement de Corse en janvier 1853.Il loge 4rue Saint-Thomas-d'Aquin, puis 22 rue de la Masse.Il est nommé professeur, répétiteur de physique et chimie au lycée impérial d'Avignon où il enseigne pendant dix-huit ans.
L'année suivante, en juillet 1854, il est reçu à la licence ès-sciences naturelles20 avec les félicitations du jury ; réussite déterminante qui lui ouvre la voie du doctorat ou de l'agrégation. Renonçant à contrecœur à l'agrégation, qui l'aurait empêché de s'engager dans une recherche personnelle, Fabre prépare un doctorat. Son sujet de thèse principal s'intitule Recherche sur l'anatomie des organes reproducteurs et sur le développement des myriapodes, et son sujet secondaire, portant sur la botanique, Recherche sur les tubercules de l'Himantoglossum hircinum. Au cours de l’hiver de la même année, il prend connaissance des travaux de l’entomologiste Léon Dufour, qui venait d’étudier dans les Landes une grosse guêpe, le Cerceris. C’est un déclic. Fabre connaît cet insecte qui a colonisé les pentes du Ventoux. Il se remet à l’étudier, et publie le résultat de ses recherches en 1855 dans les Annales de sciences naturelles sous le titre Observations sur les mœurs des Cerceris et sur la cause de la longue conservation des Coléoptères dont ils approvisionnent leurs larve. La même année, les Fabre emménagent au 14 rue des Teinturiers.
Toujours en 1855, il soutient sa thèse à Paris devant un jury composé de deux professeurs au Muséum national d'histoire naturelle, Henri Milne Edwards et Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, et du botaniste Jean-Baptiste Payer. Sur place, il rend visite à son ami Moquin-Tandon, qu’il avait hébergé à Ajaccio. Mais les retrouvailles entre le petit professeur de province et celui qui est devenu maître de la chaire d’histoire naturelle de la Faculté de médecine de Paris manquent de cordialité.
Enfin, son Étude sur l'instinct et les métamorphoses des sphégiens obtient la mention honorable au concours pour le prix Montyon de physiologie, décerné par l'Académie des sciences. À partir de 1856, Fabre multiplie les observations et rompt son isolement en échangeant fructueusement ses notes et échantillons avec Léon Dufour. Il réfute son hypothèse d'une liqueur conservatrice à l'origine de la paralysie des proies vivantes des cerceris en démontrant la destruction sélective des centres nerveux non vitaux des buprestes, par les savants coups de stylet des hyménoptères.
En 1857, il décrit les comportements les plus intimes des hyménoptères, bembex, scolies et coléoptères avec une rigueur méthodologique et dans une langue de qualité. Il étudie la reproduction de la truffe, sujet sensible pour la prospérité économique du département et, dans une note présentée en avril à la Société d'agriculture et d'horticulture de Vaucluse, réfute la théorie de la galle du chêne.
Fabre s'étant lié d'amitié avec le botaniste avignonnais Théodore Delacour qui dirigeait à Paris les Établissements Vilmorin, celui-ci lui présente Bernard Verlot, chef des cultures au Muséum national d'histoire naturelle à Paris. Ensemble, ils explorent la flore du Mont Ventoux et instruisent Fabre des dernières techniques en horticulture.
Pensant tirer profit de ses connaissances en chimie, Fabre effectue des recherches sur la garancine, poudre de racine de garance qui permettait de teindre les tissus en rouge, fournissant notamment les fameux pantalons rouges de l'infanterie française. De 1859 à 1861, il dépose quatre brevets d'invention touchant à l'analyse des fraudes, mais surtout à l'alizarine pure, qu'il a réussi à extraire par une méthode d’une simplicité étonnante. Mais la découverte de l'alizarine artificielle, réalisée par Carl Graebe et Liebermann en 1868, sonne le glas de l'industrie tinctoriale de la garance et des ressources agricoles qu'elle représentait dans le Vaucluse, ruinant du même coup les dix années d’efforts que Fabre avait consacrées à ces procédés.
En 1862, il publie son premier livre scolaire sous le titre de Chimie Agricole;
En 1865, sur la recommandation du chimiste Jean-Baptiste Dumas, Louis Pasteur vient en personne le consulter pour tenter de sauver l'industrie séricicole française30. Les vers à soie étaient décimés par une désastreuse épidémie de pébrine, caractérisée par l'éruption de points noirs, évoquant des grains de poivre. Fabre lui explique la biologie du bombyx du mûrier et les moyens de sélectionner les œufs indemnes. Il le reçoit à son domicile, 14 rue des Teinturiers, et son hôte est étonné, qu’au milieu de leur entretien, le savant lui demande de voir sa cave. Fabre ne peut que lui montrer une dame-jeanne posée sur un tabouret de paille dans un coin de sa cuisine. Mais la leçon porte ses fruits et Pasteur réussit à enrayer la redoutable épidémie.
En 1866, la municipalité nomme Fabre au poste de conservateur du musée d'Histoire naturelle d'Avignon rebaptisé musée Requien depuis 1851, alors abrité dans l'église Saint-Martial désaffectée. C'est là que Fabre travaille aux colorants et donne des cours publics de chimie. C'est là également qu'il reçoit en 1867 la visite surprise de Victor Duruy 1811-1894. Ce fils d'ouvrier devenu normalien et inspecteur de l'enseignement avait pris en amitié le naturaliste avec qui il partageait le rêve d'une instruction accessible aux plus démunis. Devenu Ministre de l'Instruction publique, Duruy convoque Fabre à Paris deux ans plus tard pour lui remettre la Légion d'honneur et le présenter à l'empereur Napoléon III.
Duruy le charge de donner des cours du soir pour adultes qui, ouverts à tous les publics, vont connaître un franc succès. Ses leçons de botanique attirent un public attentif composé de jeunes villageoises qui lui apportent tant de fleurs que son bureau disparaissait sous les richesses des serres voisines, d'agriculteurs curieux de science, mais aussi de personnalités fort cultivées, telles que l'éditeur Joseph Roumanille et le philosophe anglais John Stuart Mill 1806-1873, directeur de la Compagnie des Indes, qui devient l'un de ses plus fidèles amis.
Mais la loi Duruy 10 juillet 1867 pour la démocratisation de l'enseignement laïque, notamment l'accès des jeunes filles à l'instruction secondaire, déclenche une cabale des cléricaux et des conservateurs, obligeant le ministre à démissionner. Accusé d'avoir osé expliquer la fécondation des fleurs devant des jeunes filles jugées innocentes par certains moralisateurs, les cours du soir sont supprimés après deux années d'existence et Fabre est dénoncé comme subversif et dangereux. Incapable de gérer une telle atteinte à son honneur, il démissionne de son poste au lycée fin 1870. Malgré ses vingt-huit ans de service, il quitte l’enseignement sans obtenir de pension.
De plus, ses bailleuses, deux vieilles demoiselles bigotes, convaincues de son immoralité, le mettent en demeure de quitter la rue des Teinturiers. À leur demande, il reçoit la visite d'un huissier pour être expulsé dans le mois avec sa femme et ses enfants. C'est grâce à l'aide de Stuart Mill, qui lui avance la somme de trois mille francs, que Fabre et sa famille vont pouvoir s'installer, en novembre, à Orange. Bien que riche sur le plan scientifique, cette période n'a pas été favorable à Fabre d'un point de vue financier puisqu'il n'a bénéficié d'aucun avancement ni augmentation de salaire en dix-huit ans.
Si la lecture était le réconfort de sa misère, c’est sa plume qui va lui permettre d'en sortir. Le succès remporté par deux de ses livres destinés à la jeunesse, Le Ciel, et Histoire de la bûche ; récits sur la vie des plantes, édités par la librairie Garnier en 1867 et largement diffusés par Hachette, l’encourage à poursuivre son œuvre de pédagogue en composant des livres scolaires. Grâce à la confiance et à l'amitié de l'éditeur Charles Delagrave, Fabre participe activement à la naissance de l'école républicaine et aux prémices d'une pédagogie universelle.

Orange 1871-1879 : écrivain pédagogue

Désormais libéré des charges et des contraintes de l’enseignement, Fabre se retrouve, à 47 ans, sans situation, sans ressources et sans toit, alors que la guerre de 1870 bat son plein. Tandis que Marie-Césarine et les enfants séjournent chez ses parents à Carpentras, Fabre loge provisoirement chez un ami, le docteur Ripert, au Castel des Arènes à Orange. Puis il trouve un logement au centre ville, place des Cordeliers, qui lui permet de réunir la famille, mais trop bruyant et trop loin de la nature pour y poursuivre des études entomologiques.
En 1872, les Fabre s'installent en location pour huit ans dans la maison dite la Vinarde, située à la sortie de la ville. La garrigue aux portes du logis lui permet de recréer, avec l'aide de son fils Jules né en 1861, un petit jardin botanique et de reprendre ses observations du Chalicodome, d'étudier le Pompile apical, les Halictes, les Chrysomèles, de récolter les champignons et d'en peindre les premières aquarelles.
Mais surtout, Fabre entreprend de très importants travaux de vulgarisation qui le préparent à sa mission d'écrivain scientifique. En plus du premier volume des Souvenirs et une étude sur les Halictes, il rédige pendant les neuf ans de son séjour à Orange plus de quatre-vingt ouvrages destinés à l'enseignement, dont des manuels scolaires et livres de lecture pour enfants qui, publiés par Charles Delagrave, vont connaître un grand succès : Arithmétique, Algèbre et Trigonométrie, Botanique et Zoologie, Géographie, Géologie, Physique, Chimie organique, Astronomie élémentaire, Cours de cosmographie, Le ménage ou causerie sur l'économie domestique, L'industrie…

John Stuart Mill.

Plusieurs générations d'élèves ont étudié leurs matières scolaires avec ces textes à la fois scientifiques et littéraires. Fabre se voulait pédagogue et s'en explique dans les Souvenirs affirmant que s'il écrit pour les savants et pour les philosophes, il écrit surtout pour les jeunes à qui il désire faire aimer l'histoire naturelle.
Le 7 mai 1873, il est invité à la villa Mon Loisir par Stuart Mill pour déjeuner. Arrivé à Avignon, il s’arrête d’abord chez le libraire Clément Saint-Just à l’angle de la rue des Marchands et de la place du Change, et apprend qu'il vient de décéder. Le lendemain, son ami et protecteur, mort des suites d'une pneumonie, rejoint sa femme qui l'attendait au Cimetière Saint-Véran à Avignon. Fabre lui-même est frappé par une pneumonie mais finit par guérir.
Le 14 septembre 1877, à midi, son fils Jules, gravement malade, décède à l'âge de 16 ans. Fabre est très affecté par cette disparition. Non seulement son fils l'assistait dans ses travaux entomologiques mais il voyait en lui son successeur et il lui dédicaça sa deuxième série des Souvenirs entomologiques.
Loin d'être perdues, ces dix années à Orange lui permettent de préparer les neuf volumes suivants de son œuvre capitale, les Souvenirs entomologiques. Un incident va précipiter son départ. Son propriétaire ayant fait élaguer l’allée de platanes qui conduit à sa maison, sans l’avoir prévenu, il l’accuse d’acte de barbarie et décide de quitter Orange et la Vinarde.

Le maître de Sérignan 1879-1915

En mars 1879, grâce à l'argent que lui rapporte la vente de ses livres, Fabre achète une superbe propriété à huit kilomètres d'Orange sur une terre non cultivée, qu'il nomme L'Harmas41, à la sortie du village de Sérignan-du-Comtat. Il va pouvoir enfin, dans cette nouvelle demeure, se consacrer à son rêve de toujours, l'observation des insectes et faire de l’Harmas de Sérignan le premier laboratoire vivant de la nature et de l’entomologie.
Son installation marque à la fois la dislocation de sa famille, certains de ses enfants sont mariés, d’autres vont le quitter, mais aussi sa recomposition puisqu'il accueille son père. Le vieux cafetier de Pierrelatte devient même une figure familière du village où il va s’éteindre à l’âge de 96 ans.
En revanche, Fabre se retrouve veuf. Son épouse décède le 25 juillet 1885, âgée de 62 ans. Pour aider aux tâches ménagères, il décide de prendre à son service une jeune domestique, fille de la dame Daudel, l’épicière du village. Par la suite, le 23 juillet 1887, il épouse en secondes noces la jeune Marie Josèphe Daudel de 41 ans sa cadette qui va lui donner trois enfants. Le couple voit naître successivement Paul, le 14 septembre 1888, Pauline, le 30 mars 1890, et Anna, le 31 octobre 1893.
L'entomologiste se heurte à un nouveau problème, la chute de la vente de ses ouvrages à partir de 1884. L'instruction obligatoire — depuis les lois de Jules Ferry — dans le cadre de la laïcité, fait contester par bon nombre d'inspecteurs primaires ses livres considérés de support de l'autorité de l'Église pour les trop fréquentes allusions spirituelles qui s'y trouvent. Le 27 janvier 1889, dans une lettre à son éditeur, il avoue son anxiété et confie que le désespoir commence à le gagner. Il est plus ou moins sauvé de la misère par la reconnaissance de ses pairs. Membre correspondant de l'Institut depuis 1887, il reçoit deux ans plus tard le prix Le Petit Dormoy, doté de 10 000 francs. C'est un encouragement qui stimule Fabre.
L'Harmas devient rapidement son lieu privilégié d'observation des mœurs des insectes. Pour ce faire, Fabre est amené à concevoir des appareils aussi curieux que rudimentaires mais dont l'utilité est prouvée par les résultats de ses observations. Ce qui lui permet d'écrire la deuxième série des Souvenirs entomologiques. Huit autres séries vont suivre, à un rythme irrégulier jusqu'en 1907.
Pour ce faire, il s'adjoint deux jardiniers auxquels il va rendre hommage dans son œuvre. Le premier est Favier, un ancien militaire. Dans son tome II, Fabre cite une anecdote mettant en exergue ses répliques assassines, son esprit vif et son bon sens :
« Je venais de récolter une poignée de crottes de lapin où la loupe m'avait révélé une végétation cryptogamique digne d'examen ultérieur. Survient un indiscret qui m'a vu recueillir dans un cornet de papier la précieuse trouvaille. Il soupçonne une affaire d'argent, un commerce insensé.
Tout, pour l'homme de la campagne, doit se traduire par le gros sou. À ses yeux, je me fais de grosses rentes avec ses crottes de lapin.
« Que fait ton maître de ces pétourles c'est le mot de l'endroit? demande-t-il insidieusement à Favier. Il les distille pour en retirer de l'essence répond mon homme avec un aplomb superbe.
Abasourdi par la révélation, le questionneur tourne le dos et s'en va.
À la mort de Favier, l'entomologiste engage Marius Guigues, un rempailleur de chaises aveugle depuis l'âge de 20 ans. En dépit de son handicap, celui-ci va se révéler particulièrement doué pour réaliser sur les indications de son employeur tout l'appareillage cages, pièges, boîtes d'étude pour les expériences et les observations menées par celui-ci.
Ses travaux et les conditions précaires qui conditionnent ses recherches sont maintenant connus au plus haut niveau. En 1907, le préfet du Vaucluse, Belleudy, déclare publiquement être affligé de voir « un aussi grand esprit, un tel savant, un pareil maître de la littérature française aussi peu aidé. Il intervient auprès du ministre Gaston Doumergue qui accorde à Fabre une allocation de 1 000 francs sur le crédit des encouragements aux gens de lettres. Peu satisfait, le préfet revient à la charge lors de la session du Conseil Général de Vaucluse, en août 1908. L'assemblée décide de lui verser une rente annuelle de 500 francs en hommage public rendu à sa haute science et à son excessive modestie. De plus est mis à sa disposition l'appareillage du laboratoire départemental de chimie agricole qui était inemployé et qui devait être vendu.
L'académicien Edmond Rostand, qui écrivit le 7 avril 1910 à propos des ouvrages de Jean-Henri Fabre :
Ses livres ont été mon enchantement pendant une bien longue convalescence.
C'est en 1907 que des liens se créent puis qu'une amitié s'installe entre Fabre et son disciple le docteur Legros, député du Loir-et-Cher. Celui-ci décide de le faire connaître du monde entier et rédige en 1910 une première biographie illustrée de 112 pages, Jean-Henri Fabre, naturaliste, puis une seconde en 1912, richement documentée par la correspondance de Fabre : La vie de J.-H. Fabre, naturaliste, ouvrage qui va être traduit dans de nombreuses langues, la version anglaise paraissant dès 1913.
Le docteur est aussi à l'origine de l'idée de célébrer son jubilé. Pour ce faire, il réussit à réunir autour de lui des personnalités comme Henri Poincaré, Edmond Rostand, Romain Rolland et Maurice Maeterlinck, tous admirateurs de Fabre. Le jour de la cérémonie, le 3 avril 1910, Edmond Perrier, de l'Institut, lui remet une plaquette d'or sur laquelle avait été gravés au recto le portrait du maître et au verso une composition représentant son œuvre, son village de Sérignan et le Ventoux. Edmond Rostand, qui n'a pu être sur place, envoie un message :
« Empêché de venir au milieu de vous, je suis du meilleur de mon cœur avec ceux qui fêtent aujourd'hui un homme admirable, une des plus pures gloires de France, le grand savant dont j'admire l'œuvre, le poète savoureux et profond, le Virgile des insectes, qui nous a fait agenouiller dans l'herbe, le solitaire dont la vie est le plus merveilleux des exemples de sagesse, la noble figure qui, coiffée de son feutre noir, fait de Sérignan, le pendant de Maillane.
C'est justement au cours de l'année 1913 que, se rendant à Maillane pour saluer Frédéric Mistral, le président de la République Raymond Poincaré apporte l'hommage de la nation à Fabre. Devant une foule immense, il s'adresse à lui en ces termes :
« Ce n'est pas seulement par la patience de vos recherches et la consciencieuse exactitude de vos observations que vous avez donné à l'entomologie et à la science en général une gloire nouvelle. Vous avez mis dans les êtres les plus humbles une attention si passionnée, une pénétration si ardente, un enthousiasme si bienveillant et si compréhensible, que dans les plus petites choses, vous avez fait voir de très grandes et qu'à chaque pas de votre œuvre nous éprouvons la sensation de nous pencher sur l'infini.
La déclaration de la guerre en 1914, bouleverse à nouveau sa vie. Devenu une nouvelle fois veuf55, il est à la charge de sa seule fille Aglaé qui s'adjoint pour le soigner la sœur Adrienne, une religieuse de la congrégation de Viviers. Son fils Paul est sur le front, et un an plus tard, Jean-Henri Fabre apprend avec joie qu'il est sain et sauf après la victoire de la Marne.
Contraint depuis des mois de garder le lit à cause de ses crises d'urémie, Jean-Henri Fabre entre en agonie le 7 octobre et s'éteint le 11 octobre 1915, à six heures du soir, âgé de 91 ans. Il est enterré dans la tombe familiale du vieux cimetière de Sérignan. Fabre y avait fait graver deux phrases en latin : Quos periisse putamus praemissi sunt ceux que nous croyons perdus ont été envoyés en avant de Sénèque et Minime finis sed limen vitae excelsioris la mort n'est pas une fin mais le seuil d'une vie plus haute, de lui-même.

Poète félibre et compositeur

Les sept membres fondateurs du Félibrige, dont Joseph Roumanille et Frédéric Mistral, que Fabre rejoignit en tant que Felibre di Tavan.
Épris de poésie depuis son enfance, on sait qu'à l'âge de dix sept ans, Fabre n'hésita pas à sacrifier ses trois francs durement gagnés pour l'achat des Poésies de Jean Reboul. L'année suivante, il publie un premier poème dans L'indicateur d'Avignon du 26 juin 1842, suivi du commentaire : Ces vers, qui annoncent d'heureuses dispositions pour la poésie, sont d'un jeune homme de dix-sept à dix-huit ans, élève de l'École normale d'Avignon. Il a vingt et un ans quand L'Écho du Ventoux du 20 janvier 1844 publie son poème Les Fleurs, puis Ce que donne l'or, bientôt suivi d'une série de poèmes sur la nature, dont Les Mondes paru dans le Mercure Aptésien le 26 février 1845, remarqué par Camille Flammarion.
En 1854, le Docteur Barjavel de Carpentras, érudit bibliophile, cherche à faire publier le poème Arytmos de Fabre, mais n'y parvient pas. Il en avait pourtant déjà rédigé un commentaire, qui devait figurer en tête du poème, dans lequel il loue les qualités littéraires du naturaliste : M. Jean-Henri Fabre, auteur de l'ode remarquable qu'on va lire, n'en est pas, comme poète, à son coup d'essai. Déjà, il y a plusieurs années, son talent littéraire, que corroborent aujourd'hui ses nombreuses acquisitions scientifiques, s'était dévoilé par diverses productions qui étincellent comme des diamants de la plus belle eau.
Dès 1868, Fabre se lie avec Joseph Roumanille, fervent admirateur de ses cours du soir, lequel lui présente ensuite son élève Frédéric Mistral. Ce dernier l'invite à rejoindre le Félibrige et à publier ses poèmes sous le nom de Felibre di Tavan le Félibre des Hannetons. En 1909, Roumanille édite un recueil de 21 poésies de Fabre en provençal, avec traduction française en regard : Oubreto Prouvençalo dóu Felibre di Tavan et dont le titre complet était : Oubreto Prouvençalo dóu Felibre di Tavan, rambaiado pèr J.H. Fabre, Œuvrettes Provençales du Félibre des Hannetons recueillies par J.-H. Fabre, Avignon, Roumanille, 1909. Il est élu Majoral du Félibrige Cigalo de Carcassouno, o de l'Amourié en 1909
Un recueil de soixante-six poésies, écrites à ses brèves heures de loisir entre 1842 et 1908, dont une série de vingt-six avec pièces musicales composées par Fabre lui-même sur le petit harmonium de l'Harmas, a été publiée pour le centenaire du félibrige chez Delagrave en 1925, puis rééditée en 1980 chez Marcel Petit, Raphèle-lès-Arles : Poésies françaises et provençales de Jean-Henri Fabre, recueillies en édition définitive du Centenaire par Pierre Julian.
Pour Revel, qui consacre une biographie à celui qu'il appelle, selon le mot de Victor Hugo, l’Homère des insectes, toute l'œuvre de Fabre, et non plus seulement ses poèmes, est imprégnée de cette humanité virgilienne qui fait frémir les Géorgiques et l’Énéide.

Homme de sciences fin de sa vie.

Jean-Henri Fabre entretient une correspondance avec Stuart Mill, Joseph Roumanille et Frédéric Mistral, mais surtout avec Charles Darwin, dont il n'admet pas la théorie de l'évolution. En effet, ce concept trop nouveau va à l'encontre des idées véhiculées par la religion encore très présente à cette époque. Fabre lui-même sera influencé dans ses analyses et ses écrits par la religion.
En 1859, soit vingt ans avant la parution des Souvenirs, Darwin, qui avait déjà pressenti son génie, le cite dans l’Origine des espèces et le sacre inimitable observer » observateur incomparable.
On trouve au chapitre VII de la série II des Souvenirs, intitulé Nouvelles recherches sur les chalicodomes, un témoignage de l'estime que Fabre avait pour Darwin :
Ce chapitre et le suivant devaient être dédiés, sous forme de lettre, à l'illustre naturaliste anglais qui repose maintenant à Westminster, en face de Newton, à Charles Darwin. Mon devoir était de lui rendre compte du résultat de quelques expériences qu'il m'avait suggérées dans notre correspondance, devoir bien doux pour moi, car si les faits, tels que je les observe, m'éloignent de ses théories, je n'ai pas moins en profonde vénération sa noblesse de caractère et sa candeur de savant. Je rédigeais ma lettre quand m'arriva la poignante nouvelle : l'excellent homme n'était plus ; après avoir sondé la grandiose question des origines, il était aux prises avec l'ultime et ténébreux problème de l'au-delà. Je renonce donc à la forme épistolaire, contresens devant la tombe de Westminster. Une rédaction impersonnelle, libre d'allures, exposera ce que j'avais à raconter sur un ton plus académique.

Fabre, une référence

Au début des années 1920, Étienne Rabaud, professeur à la Faculté des sciences de Paris, dans un livre intitulé Fabre et la science, l'accusa d'avoir refusé le transformisme, manqué d'originalité et eu une trop grande tendance à généraliser. Lui reprochant par la même occasion des observations assez approximatives, il alla jusqu’à affirmer que des dix volumes des Souvenirs entomologiques, il ne restait que quelques dizaines de pages utiles.
De nos jours, Fabre a été à nouveau mis en cause par Patrick Tort dans son ouvrage : Fabre le miroir aux insectes, un livre qui se veut démystificateur de la légende de celui que Victor Hugo avait surnommé l'Homère des insectes. L’auteur, spécialiste du darwinisme, est aussi le fondateur en 1998 de l'Institut Charles-Darwin international. L’accueil de cet ouvrage a été très mitigé. Pour un critique, cet auteur donne l'impression de fouiller partout pour systématiquement tout dénigrer. Il constate que ce livre commence avec peu d'élégance — personne ne pouvant défendre Fabre dans ses attaques contre la théorie de l'évolution — car en définitive Patrick Tort ne relève pas tant que cela d'incorrections et d'erreurs volontaires ou involontaires de l’entomologiste. Quant à Alain Prevot, auteur d'un suivi éditorial du livre de Tort, il dénonce, avec l'auteur de Fabre, le miroir aux insectes, la sainteté supposée de Fabre, et s’étonne de constater que l’homme des insectes conserve pourtant ses adeptes enthousiastes, ses cultes régionaux et ses célébrations jubilaires — en Aveyron, en Provence, à Paris, au Japon et ailleurs. Il salue dans cet ouvrage le premier livre consacré à une analyse scientifique et critique de l’œuvre et de la doctrine naturalistes de celui qu’il appelle le savant occitan.
L’étude d’Eileen Crist, professeur assistant au Centre des Études interdisciplinaires de l’Institut polytechnique de Virginie, mérite également d'être mentionnée, tout d’abord parce qu’elle est écrite dans un pays, les États-Unis d'Amérique, où le néo-créationnisme connaît un très fort succès sous le camouflage de l’Intelligent Design le dessein intelligent. Elle met l'accent sur la vision des naturalistes de la fin du XIXe siècle Jean Henri Fabre et George et Elizabeth Peckham face au monde animal.

La garance des teinturiers

Appliquant une méthode que les spécialistes des sciences sociales appellent Verstehen, ils n’ont, d'après elle, vu à travers l'action de l'animal qu’un moyen de justifier et prouver leurs opinions subjectives. Leurs présuppositions naturalistes sont analysées sans complaisance et leurs effets sur la description comportementale des animaux dénoncés clairement. On peut reprocher beaucoup de choses à Fabre, mais pas sa solitude, sa pauvreté, son labeur quotidien et ses épreuves. Vivant dans un département qui subit simultanément trois graves crises agricoles, la disparition de la culture du ver à soie et de la garance, ainsi que la destruction de son vignoble par le phylloxéra, sa vie de chercheur reflète ce marasme économique. De plus, comme l’explique Jean-Marc Drouin, professeur au Muséum national d’histoire naturelle, il est à l’articulation de deux époques : par son refus du darwinisme, il clôt une époque révolue, celle où le dogme de la fixité des espèces pouvait encore se glisser dans les interstices de l’histoire naturelle ; par ses observations de terrain, il participe à la construction d’une approche scientifique des comportements animaux, et contribue à ouvrir une époque nouvelle.
Une période où tout le monde se cherche. Charles Darwin est persuadé que la démonstration de la génération spontanée sera favorable à sa théorie de l’évolution. Quant à Louis Pasteur, il ne se réfère jamais à Lamarck et ne cite qu’une seule fois les travaux de Darwin en 1879. Par ailleurs, tous les grands pastoriens d’alors — Flourens et Milne Edwards en particulier — sont anti-darwiniens.
Déjà, en 1973, un entomologiste comme Lucien Chopard considérait que l’œuvre de Fabre avait été très injustement attaquée : Ce que l’on peut reprocher à Fabre, c’est d’avoir, sous le mauvais prétexte de l’isolement, voulu ignorer systématiquement ce qui avait été fait avant lui. Mais son œuvre reste pleine d’observations exactes, et il semble bien que ce soit lui qui, le premier, a signalé les hypermétamorphoses. Quant à son style, qui lui a bien souvent été reproché, il oblige le naturaliste, qui ne cherche que le fait brutal, à lire quelques pages qui lui paraissent inutiles, mais il a aussi permis à des milliers de lecteurs d’entrer agréablement dans le monde des insectes.
Aujourd’hui plus que jamais, certains ne peuvent pas comprendre l’opposition de Fabre à la théorie de l’évolution, du fait de sa popularité d’auteur naturaliste et de pédagogue des sciences. Tout en regrettant ou pas, le climat religieux qui a entouré la glorification de son œuvre depuis le début du XXe siècle, d’autres lisent encore ses ouvrages avec toujours autant de plaisir en découvrant un merveilleux conteur de la vie des insectes et en lui pardonnant sa mauvaise foi et son parti-pris évidents. C’est à ces interrogations que répond Jean-Marc Drouin : Les Souvenirs entomologiques occupent une place centrale dans les textes de langue française sur les insectes. Tout d’abord parce que, dans ces dix volumes, se croisent une tradition littéraire informée sur la science et une tradition scientifique soucieuse du bien dire. Rétrospectivement, il est significatif que ceci se fasse à propos des insectes, qui, par leur nombre et leur rôle dans les écosystèmes, constituent une pièce maîtresse de la biodiversité. Enfin la popularité des Souvenirs entomologiques oblige à nous interroger sur la fascination — mêlée de répulsion — qu’exerce sur beaucoup de lecteurs le monde des insectes. Peut-être parce que les insectes, à la fois proches et étranges, constituent les plus petits acteurs dans lesquels nous pouvons être tentés de projeter nos rapports sociaux et affectifs, nos tâches et nos peines.
Fabre demeure donc encore, près d'un siècle après sa mort, une référence en matière d'observation du monde des insectes, tant pour le spécialiste que pour l'amateur. On comprend pourquoi en 1911, Edmond Rostand lui consacra une série de huit sonnets : Fabre des insectes. Pourquoi aussi, toujours en France, Henri Diamant-Berger en 1951 a réalisé Monsieur Fabre, qu'un timbre-poste de France à son effigie à la valeur faciale de 12 f. gravé par Robert Cami a été mis en vente le 7 avril 1956 ou encore que le dessinateur Gotlib l'a représenté dans son œuvre, mais c'est au Japon, où de nombreuses publications81 et des expositions lui ont été consacrées qu'il connaît une grande popularité. La visite de l'Harmas de Sérignan semble faire partie de l'itinéraire culturel de certains touristes nippons. En URSS, l'entomologiste Nikolaï Plavilchtchikov a popularisé son œuvre pour des générations de lecteurs.
Le docteur Legros, dans sa première biographie, écrit que sa devise aurait pu être De fimo ad excelsa, du bas vers la perfection. C'est peut-être cette attitude de Fabre, alliant la rigueur de la morale confucianiste, à la souplesse quasi-shintoïste de la conscience des lois de la nature, qui explique l'admiration dont il est l'objet en Extrême-Orient et particulièrement au Japon.
2007 a été l'année du centenaire des Souvenirs entomologiques. Pour célébrer cet anniversaire particulier, la maison d'édition sud-coréenne Hyeonamsa a entrepris la traduction de l'œuvre intégrale de Jean-Henri Fabre ainsi que de la biographie d'Yves Delange.

Thèses et publications scientifiques

Docteur ès-Sciences, ses recherches touchent à l'entomologie, la botanique, la chimie organique, la mycologie et la biologie :
Thèse de Doctorat présentée à la Faculté des Sciences de Paris en 1855 Imprimerie de L. Martinet, Paris, 1855:
Sujet principal en zoologie: Recherche sur l'anatomie des organes reproducteurs et sur le développement des myriapodes ;
Sujet secondaire en botanique : Recherche sur les tubercules de l'Himantoglossum Hircinum.

Botanique

La botanique occupe une place non négligeable dans l'œuvre de Fabre. Son fameux carnet de notes, qui ne le quitte pas, est émaillé de diagrammes de fleurs et d'observations originales, notamment sur les aspects dynamiques des végétaux et leur écologie : il étudie les mouvements des étamines des Opuntia, ceux des vrilles des Cucurbitacées, la germination des Ophrys (orchidées et les parties hypogées souterraines des Vesces.
Observations sur les fleurs et les fruits hypogés de Vicia amphicarpa, Paris 1855, Bulletin de la Société Botanique de France 1;
Sur la nature des vrilles des Cucurbitacées, Paris 1855, Bull. Soc. Bot. France 2;
Recherches sur les tubercules de l'Himantoglossum Hircinum, Paris, L. Martinet,‎
De la germination des Ophrydées et de la nature de leurs tubercules, Paris 1857, Annales des sciences naturelles et de zoologie, 4e série, tome V

Mycologie

Fabre s'intéressa aux champignons dès son plus jeune âge, comme le montrent de nombreuses anecdotes rapportées dans les Souvenirs.

Publications

Les truffes noires du Ventoux dont Fabre étudia la reproduction.
En tant que naturaliste, il publia les travaux suivants :
Sur la phosphorescence de l'agaric de l'olivier; Note de M. Fabre présentée par M. Ad. Brongniart, Comptes rendus des séances de l'Académie des Sciences, juillet-décembre 1855, Tome XLI p. 1245 ;
Recherche sur les causes de la phosphorescence de l'agaric de l'olivier, Annales des sciences naturelles et de zoologie, 4e série, tome IV, Cahier no 3, Paris 1856 ; réédition Imprimerie de L. Martinet ;
Notes sur le mode de reproduction des truffes, Bulletin de la Société d'Agriculture et d'Horticulture de Vaucluse, Avignon séance du 6 avril 1857 ;
Essai sur les Sphériacées du département de Vaucluse, Annales des sciences naturelles, Botanique, 6e série, 9: 66-118 1878 ;
Insectes et champignons, Souvenirs entomologiques, Xe série, chapitre XX 1907;

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#38 Jean-Henry Fabre 2
Loriane Posté le : 09/10/2015 22:35
Aquarelles de champignons

Fabre a consacré sept années de sa vie à l’étude des champignons du mont Ventoux et aux spécimens envoyés par son fils, Émile Fabre. Il réalisa près de 700 planches de format 35×25, qui, de l'avis d'éminents mycologues, montrent une précision scientifique de haut niveau et, sur le plan esthétique, constituent des œuvres d'art non moins remarquables. Ces aquarelles ont été retrouvées dans les greniers de l'Harmas en 1955 par son petit-fils. Elles figurent des espèces communes, mais aussi de nombreuses espèces méditerranéennes rares ou peu connues. Ces planches n'ont pas été publiées du vivant de Fabre, privant la mycologie méditerranéenne d'une contribution qui aurait sans aucun doute fait sensation à l'époque (récemment encore, elles ont suscité l'intérêt d'un grand mycologue comme Roger Heim.
Le grand souci de Fabre avait été de préserver ce trésor pour les générations futures car il craignait de le voir disparaître après sa mort.
Il n'en a heureusement rien été. Un tiers d'entre elles sont exposées au musée de l'Harmas, tandis qu'elles connaissaient une publication progressive : quelques planches en 1957, quarante-neuf en 1978, puis 221 en 1991 dans Champignons de Jean-Henri Fabre, suivie d'une adaptation japonaise en 1992.
C'est d'ailleurs pour sauver cette collection qu'a eu lieu la seule et unique visite de Frédéric Mistral à l'Harmas. Le Prix Nobel de littérature — le poète de Maillane l'avait obtenu en 1904 — se rend à Sérignan au cours du printemps 1908, alerté par le désir qu'a le savant de vendre ses aquarelles sur les champignons. Fabre lui propose de s'en rendre acquéreur pour le Museon Arlaten que le fondateur du Félibrige fonde à Arles grâce à l'argent du prix. Une lettre de Fabre datée du 8 septembre 1908 confirme à Mistral cette proposition mais la réponse lui enlève ses illusions. Le poète, ému par sa détresse financière, lui propose alors une solution. Un riche mécène du nom de Mariani est prêt à lui offrir 10 000 francs or pour ses aquarelles. La transaction ne se fait pas et Mistral écrit alors, dans les colonnes du journal Le Matin, un grand article dans lequel il dénonce la misère qui accable le savant. La mobilisation de tous ses amis et admirateurs qui suivit a permis, grâce à la pugnacité du docteur Legros, la vente, au cours de la seule année 1910, de plus de ses livres qu'en 20 ans. Cela lui accorda assez de revenus afin que, aidé également par les allocations que reçoit le naturaliste, dont les successifs Prix Gegner qui lui sont décernés par l'Académie des Sciences de 1903 à 1909 et de 1911 à 1914, il puisse conserver ses aquarelles.
Malgré la vigilance des conservateurs successifs, plusieurs de ces aquarelles ont disparu de l'Harmas. Certaines réapparaissent, parfois dans des lieux inattendus, comme les 19 qui ont été vendues aux enchères par Christie's, à Londres, le 29 mai 1986.
De nos jours, ces aquarelles de champignons sont reconnues comme des œuvres d'art, et Fabre comme un peintre à part entière. C'est à ce titre qu'il figure dans la dernière édition du plus important dictionnaire consacré aux artistes.

Chimie

La compétence de Fabre en chimie fut confirmée en remportant le premier prix au concours ouvert sur la recherche des altérations frauduleuses de la garance.
Mémoire sur la recherche des corps étrangers introduits frauduleusement dans la garance en poudre et dans ses dérivés, Avignon 1859, Impr. Bonnet fils;
Brevets sur la garancine, colorant extrait de la racine de garance :
Description du perfectionnement apporté par le soussigné au procédé de fabrication de la Garancine ;
Description du procédé par lequel on transforme la fane de Garance en une matière tinctoriale identique à celle de la racine de la même plante ;
Description du procédé propre à réduire la quantité d'acide dans le traitement des Rubiacées tinctoriales;
Nouvel engrais appelé noir de garance, Avignon 1861, Bulletin de la Société d'Agriculture et d'Horticulture de Vaucluse ;
Rapport sur l’alizarine artificielle de M. Roussin, Bulletin de la Société d'Agriculture et d'Horticulture de Vaucluse, août 1861;

Entomologie

Outre les Souvenirs entomologiques, Fabre a publié les études suivantes :
Observation sur les mœurs des Cerceris et sur la cause de la longue conservation des Coléoptères dont ils approvisionnent leurs larves, Annales Sc. Nat. Zoologie, 4e série 1855 ;
Étude sur l'instinct et les métamorphoses des Sphégiens, Annales de Sciences naturelles et de Zoologie, 4e série, tome V 1855 ;
Recherches sur l'anatomie des organes reproducteurs, et sur le développement des myriapodes, Paris, L. Martinet,‎ 1855
Recherches sur les tubercules de l'Himantoglossum hircinum, Impr. L. Martinet Paris, 1855.
Mémoire sur l’hypermétamorphose et les mœurs des Méloïdes, Annales Sc. Nat. Zoologie, 4e série, tome VII 1857 ;
Nouvelles observations sur l’hypermétamorphose et les mœurs des Méloïdes, Annales Sc. Nat. Zoologie, 4e série, tome IX 1858 ;
Étude sur le rôle du tissu adipeux dans la sécrétion urinaire chez les Insectes, Annales Sc. Nat. Zoologie, 4e série, tome XIX 1863 ;
Insectes coléoptères observés aux environs d'Avignon, impr. F. Seguin aîné, Avignon 1870 ;
Étude sur les mœurs et la parthénogenèse des Halictes, Annales Sc. Nat. Zoologie, 6e série, tome IX 1879
Étude sur les mœurs du Phylloxera pendant la période d'août à novembre 1880, Paris 1880 Académie des Sciences, séance du 15 novembre

Souvenirs entomologiques

Œuvre majeure et imposante, avec ses quatre mille pages, publiées en dix séries entre 1879 et 1907, les Souvenirs entomologiques rapportent plus d'un demi-siècle d'études et de descriptions de la vie et des mœurs des insectes, notamment coléoptères et hyménoptères. La rigueur de la méthode scientifique, la recherche sur le terrain et les expérimentations, les réflexions philosophiques, y sont intégrées dans une foule de souvenirs d'enfance, de récits émouvants sur les personnages étranges du monde des insectes, mais aussi les joies de la découverte et les drames de la vie. À la fois, scientifique, poétique et lyrique, l'ensemble constitue un hymne à la nature et à la connaissance .
Souvenirs entomologiques - Ire série 1891 - 1879
Nouveaux souvenirs entomologiques - IIe série 1882
Souvenirs entomologiques - IIIe série 1886
Souvenirs entomologiques - IVe série 1891
Souvenirs entomologiques - Ve série 1897
Souvenirs entomologiques - VIe série 1899
Souvenirs entomologiques - VIIe série 1900
Souvenirs entomologiques - VIIIe série 1903
Souvenirs entomologiques - IXe série 1905
Souvenirs entomologiques - Xe série 1907

Extraits des Souvenirs

La mouche bleue 1907
La vie des insectes 1910
MÅ“urs des insectes 1911
Les merveilles de l'instinct chez les insectes 1913
Le monde merveilleux des insectes 1921
La vie des araignées 1928
La vie des guêpes 1936
Scène de la vie des insectes
Les Nécrophores et le Minotaure Typhée

Les insectes dans les Souvenirs

Liste alphabétique des chapitres des Souvenirs entomologiques consacrés aux insectes : acridiens, ammophiles, araignées, bruches, bembexs, cerceris, chalicodomes, charançons, chenille processionnaire du pin, cigales, cossus, dorthésie characias, épeires, ergates, fourmis rousses, grillons, guêpes, halictes, hannetons, kermès de l’yeuse, ver luisant, lycose de Narbonne, mante religieuse, méloés, minotaure typhée, mouches, onthophages, papillons, pucerons de térébinthe, punaises, sauterelle verte , scarabée sacré, scarabées, scorpions et sphex.

Écrivain pédagogue

Jean-Henri Fabre a fait œuvre de pédagogue en rédigeant de nombreux ouvrages scolaires dans plus de dix matières. Mais c'est surtout en publiant ses Souvenirs entomologiques, totalisant quatre mille pages publiées en dix séries de 1879 à 1907, qu'il a sensibilisé le grand public au monde et à la vie des insectes. Traduits dans quatorze langues et cités dans les manuels scolaires de nombreux pays, notamment au Japon, les Souvenirs entomologiques ont été réédités en 1989 en deux volumes dans la collection Bouquins chez Robert Laffont. Pour l'éditeur, ces souvenirs constituent une œuvre exceptionnelle, à la fois sur les plans littéraire et scientifique.
Parmi les livres scolaires et lectures destinées à la jeunesse, l'on trouve :
Chimie agricole 862
La Terre 1865
Le Ciel, lectures et leçons pour tous 1867, 8e édition, Delagrave, Paris, 1893 126
Histoire de la bûche ; récits sur la vie des plantes 1867, Garnier Frères, Paris
Le livre d’histoires, récits scientifiques de l’oncle Paul à ses neveux. Lectures courantes pour toutes les écoles 1869, Delagrave, Paris
Nouvelle arithmétique, à l’usage de tous les établissements de l’instruction publique, avec 1 800 exercices et problèmes variés et gradués 1870, Delagrave, Paris
Les Ravageurs. Récits sur les insectes nuisibles à l’agriculture 1870, Paris, Delagrave 1939
Algèbre et trigonométrie, à l’usage de tous les établissements d’instruction publique, avec 400 problèmes gradués et variés 1872, Delagrave, Paris
Lectures scientifiques. Zoologie 1872
Lectures scientifiques. Botanique 1873
Les Auxiliaires, récits de l’oncle Paul sur les animaux utiles à l’agriculture 1873, Delagrave, Paris, 1890
Aurore, cents récits sur des sujets variés, lectures courantes à l’usage des écoles, Delagrave, Paris, 1874
Botanique 1874, Delagrave, Paris
L'Industrie, simples récits de l’oncle Paul sur l’origine, l’histoire et la fabrication des principales choses d’un emploi général dans les usages de la vie. Lectures courantes à l’usage de toutes les écoles 1875, Delagrave, Paris. Texte en ligne disponible sur IRIS
Les Serviteurs 1875
La plante leçons à mon fils sur la botanique 1876, Librairie Charles Delagrave, Paris
Notions d'histoire naturelle: physiologie, zoologie, botanique, géologie 1880, Delagrave Paris
Le Ménage, causeries d’Aurore avec ses nièces sur l’économie domestique. Lectures courantes à l’usage des écoles de filles 1889, 2e édition, Delagrave, Paris.
Le Livre des Champs, entretiens de l’oncle Paul avec ses neveux, sur les choses de l’agriculture 1879, Delagrave, Paris
Les Petites filles, premier livre de lecture à l’usage des écoles primaires 1880, Delagrave, Paris
Cours de mécanique 1880, Delagrave, Paris
La Chimie de l’oncle Paul 1881
Notions élémentaires de physique à l’usage de l’enseignement primaire et des classes élémentaires 1881, Delagrave, Paris
Les Inventeurs et leurs inventions, histoire élémentaire des principales découvertes dans l’ordre des sciences physiques 1881, Delagrave, Paris
Lectures sur la Botanique 1881, Delagrave, Paris
Lectures sur la Zoologie 1882, Delagrave, Paris
Éléments usuels des sciences physiques et naturelles à l'usage des écoles primaires, conformément au programme du 27 juillet 1882, Delagrave, Paris, 1883-1884
Zoologie 1884
Histoire naturelle, ouvrage conforme aux programmes officiels pour l’enseignement secondaire classique et spécial, les écoles normales primaires, les baccalauréats ès lettres et ès sciences 1889, Delagrave, Paris
Maître Paul, simples récits sur la science. Lectures courantes pour les écoles normales primaires 1889, Delagrave, Paris
La plante : leçons à mon fils sur la botanique 1892 4e édition -
Petite encyclopédie des sciences 6 volumes, Delagrave 1891-1892
Animaux, végétaux et terrains. 30 tableaux muraux imprimés en couleurs. Notices explicatives et descriptives, Delagrave, Paris 1901
Arithmétique agricole théorique et pratiques à l’usage des écoles primaires, avec 600 exercices ou problèmes relatifs à l’agriculture, Delagrave, Paris, 1901
La Science de l'oncle Paul. Entretiens familiers sur les animaux, les plantes, les minéraux, le ciel, la terre, l'industrie 1926, Delagrave ; Paris
Réédition 2002. Fabre, Jean-Henri-Casimir. Récits sur les insectes Les animaux et les choses de l'agriculture, les Ravageurs, les Auxiliaires, les Serviteurs, le Livre des champs, la Chimie agricole, Éditions Actes Sud Thésaurus 1024

Honneurs et distinctions

Membre d'honneur de la Société d'Entomologie Belge 1892
Membre de la « Société Entomologique » de Russie, France, Londres et Stockholm 1902
Membre de l'Académie royale des sciences de Suède, récipiendaire de la médaille d'or Linné en 1910
Membre de l'Institut de Genève en 1910, qui lui décerne un diplôme.
Chevalier de l'Ordre de la Légion d'honneur en 1867
Officier de l'Ordre de la Légion d'honneur en 1910
Majoral du Félibrige Cigalo de Carcassouno, o de l'Amourié en 1909
Médaille d'argent de la Société protectrice des animaux en 1873
Médaille d'argent de l'Exposition universelle de 1878
Médaille Mariani en 1911 et hommage de la Société nationale d'Agriculture et de la Société d'acclimatation
Prix Montyon en 1856, de l'Académie française
Prix Thore en 1866, de l'Académie française
Prix Dolfus décerné en 1887 par la Société entomologique de France
Prix Petit-Dormoy en 1889, attribué par l'Académie des sciences
Chaque année, de 1903 à 1914, il obtient le prix Gegner de l'Académie des sciences140
Prix Alfred-Née de l'Académie française en 1910
Proposé, en 1904, pour le prix Nobel de littérature
Plusieurs odonymes rappellent son nom, notamment :
à Paris : Rue Jean-Henri-Fabre, dans le XVIIIe arrondissement.
à Carpentras Vaucluse : une cité scolaire porte son nom.


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#39 Frédérik Auguste Bartholdi
Loriane Posté le : 03/10/2015 23:03
Le 4 octobre 1904 meurt Frédéric Auguste Bartholdi

à Paris, à 70 ans, né le 2 août 1834 à Colmar et mort le 4 octobre 1904 à Paris, est un sculpteur français.
Il est notamment l'auteur de la célèbre Statue de la Liberté dont le titre exact est La Liberté éclairant le monde, offerte par la France aux États-Unis et placée ensuite sur Bedloe's island, à l'entrée du port de New York ; il est aussi l'auteur du groupe Les Fleuves et les Sources allant à l'Océan de la fontaine située place des Terreaux à Lyon, ainsi que du monumental Lion de Belfort, sculpté dans une falaise pour célébrer la résistance héroïque de la ville lors du siège de 1870-71. Ses peintures sont généralement signées du pseudonyme d'Amilcar Hasenfratz. Architecte de formation, il possède un style robuste, mais un peu massif, qui apparaît déjà dans sa statue colossale de Rapp 1855. Colmar, où sa maison natale a été convertie en musée, s'orne du monument de Martin Schöngauer eu du jeune Vigneron alsacien, mais les deux œuvres les plus célèbres de Bartholdi sont le Lion de Belfort 1880, en grès rouge taillé dans le roc 22 m de haut sur 11 m de large, et la Liberté éclairant le monde 1886, en cuivre et fer, dont l'armature de fer fut conçue par Eiffel, à l'entrée du port de New York. Paris possède des réductions de l'une et de l'autre aux deux-tiers sur la place Denfert-Rochereau, en bronze, et sur le pont de Grenelle.


En bref

Né à Colmar le 2 août 1834, fils de Jean Charles Bartholdi 1791-1836, conseiller de préfecture, et d’Augusta Charlotte, née Beysser 1801-1891, fille d'un maire de Ribeauvillé. Quatre enfants, dont seul l'aîné, Jean-Charles avocat-éditeur, puis interné pour maladie, et le cadet, Auguste, survivront. À la mort prématurée de son père en 1836, la mère, de condition aisée, décide d'aller vivre à Paris, tout en conservant la maison familiale du 30 rue des marchands, qui abrite, depuis 1922, le musée Bartholdi, après avoir été léguée à la ville en 1907.
Après le lycée Louis-le-Grand à Paris, Auguste Bartholdi obtient son baccalauréat en 1852. Il fréquente l'atelier d'Ary Scheffer rue Chaptal aujourd'hui Musée de la vie romantique qui y conserve deux bronzes, La Gravure et L'Orfèvrerie. Il est élève du sculpteur Antoine Étex. Il rapporte des photographies d'un long voyage mémorable en Égypte, avec ses amis Édouard-Auguste Imer, Jean-Léon Gérôme.
Son premier monument, dédié au général Rapp, est inauguré en 1856 à Colmar.
Pendant la guerre franco-allemande de 1870, chef d'escadron des gardes nationales, il est aide de camp du général Giuseppe Garibaldi et agent de liaison du gouvernement, particulièrement chargé de s'occuper des besoins de l'armée des Vosges.
En 1871, à la demande d'Édouard Lefebvre de Laboulaye dont Bartholdi a réalisé un buste en 1866 et de l'union franco-américaine, il effectue son premier voyage aux États-Unis pour sélectionner en personne le site où sera installée la Statue de la Liberté. Le projet ressemblera d'ailleurs beaucoup à un projet semblable qui aurait dû être installé à l'entrée du canal de Suez, si Ismaïl Pacha l'avait accepté en 1869.
Sa carrière prendra dès lors une ampleur internationale. Il devient un des sculpteurs les plus célèbres du xixe siècle en Europe et en Amérique du Nord.
Franc-maçon depuis 1875, il adhéra à la Loge Alsace-Lorraine à Paris. C'est à partir de cette date qu'il commence la construction de la statue de la Liberté dans ses ateliers parisiens, rue Vavin.
La même année, le 15 décembre, il conclut un mariage rocambolesque avec Jeanne-Émilie Baheux de Puysieux, qui se serait rajeunie de 13 ans aux yeux de son mari, à l'hôtel de ville de Newport Rhode Island aux États-Unis. Leur mariage sera cependant heureux et sans enfants.
Il effectuera son dernier voyage aux États-Unis pour l'inauguration, le 28 octobre 1886, de la statue de la Liberté à New-York.
Il est promu au grade de commandeur de la Légion d'honneur en 1886, vingt-deux ans après avoir été fait chevalier.
Il meurt dans le 6e arrondissement de Paris, le 4 octobre 1904, à la suite d'une tuberculose. Il est enterré au cimetière du Montparnasse 28e division.

Sa vie

Architecte et sculpteur français. Bartholdi perd très tôt son père et est élevé par une mère sévère qui n'approuve guère son goût pour les arts ni ses résultats médiocres au lycée Louis-le-Grand. Elle lui permet cependant d'étudier l'architecture puis la peinture dans l'atelier d'Ary Scheffer. Celui-ci, maître estimé et sensible, pressent les dons du jeune homme et, devant quelques essais de modelage, lui conseille de s'adonner essentiellement à la sculpture.
Après quelques mois de travail dans l'atelier du sculpteur Soitoux, Bartholdi ose concourir pour la commande faite par la ville de Colmar d'une statue monumentale du général Rapp. Primée, son œuvre obtient un vif succès lors de son inauguration en 1856.
Il fait alors, avec Gérôme et Berchère, un long voyage en Orient dont il rapporte une centaine de négatifs : les calotypes sont conservés au musée Bartholdi à Colmar.
L'Égypte lui inspire son premier groupe en bronze, La Lyre des Berbères à Lyon, exposé au Salon de 1857, et l'ébauche d'une statue colossale qu'il rêvera de proposer à Ferdinand de Lesseps comme phare de la ville de Suez.
Il espère réaliser une œuvre architecturale importante avec le palais de Longchamp, à Marseille, dont il fournit les plans en 1859. Mais la Ville confie la tâche à un nouvel architecte, Espérandieu, qui s'inspire à tel point des dessins de Bartholdi que celui-ci entame un long procès qu'il gagnera, sans malheureusement retrouver la notoriété méritée. Bartholdi présente alors au Salon de 1863 la maquette du Monument de l'amiral Bruat, destiné à sa ville natale Colmar, puis en 1867 son émouvant Génie funèbre, figure de bronze lovée dans une simple toge, pour la tombe, cimetière Montmartre, Paris de Georges Nefftzer, mort à dix-sept ans.
Si les statues pédestres du général Arrighi de Casanova 1868, Corte et de Vauban, 1871, Avallon sont deux œuvres soignées, d'une inspiration traditionnelle, le Petit Vigneron, succès du Salon de 1869, montre, à l'angle du marché couvert de Colmar, le sens qu'avait l'artiste de la vie folklorique alsacienne.
Batholdi expose au Salon de 1870 le beau plâtre, musée de Clermont-Ferrand de sa statue équestre de Vercingétorix, conçue pour la place de Jaude, à Clermont-Ferrand, et fondue seulement trente ans plus tard. L'apparente maladresse de la composition en porte à faux, le cheval reposant sur un pivot central, lui donne l'élan d'un poème épique.
Quand la guerre de 1870 éclate, Bartholdi s'engage dans la Garde nationale, sert à Colmar, puis devient aide de camp de Garibaldi.
À la fin des hostilités, projetant un monument pour célébrer l'indépendance américaine, il s'embarque pour les États-Unis qu'il désire visiter longuement. Lorsque le bateau pénètre dans la baie de New York, le 21 juin 1871, Bartholdi imagine subitement La Liberté éclairant le monde.
Il faudra cependant plusieurs années pour qu'un Comité de l'union franco-américaine, sous la présidence d'Édouard de Laboulaye, puisse recueillir, par souscriptions et manifestations mondaines, les fonds nécessaires à la colossale entreprise.
Bartholdi découvre le modèle espéré en Jeanne-Émilie Baheux de Puysieux qu'il épousera, mais il prête à la Liberté le visage grave de sa mère. Il conçoit une statue ayant 33 mètres de haut, la plus grande du monde, exécutée en plaques de cuivre martelées et rivées, soutenues par une armature de fer très savamment calculée par Gustave Eiffel pour résister aux vents les plus forts.
Le bras de la statue, tenant le flambeau, est envoyé, en 1876, à l'exposition de Philadelphie où il déchaîne tantôt l'enthousiasme tantôt la suspicion et les moqueries des Américains qui doutent que l'œuvre soit jamais réalisée en son entier. Elle devait l'être assez rapidement. Dressée dans la rade, elle est offerte officiellement par la France le 4 juillet 1884. Sa célébrité est universelle, et peu d'œuvres sont autant reproduites, réduction en cuivre martelé, sur le pont de Grenelle à Paris et prises à parti dans les dessins humoristiques des journaux et sur les affiches politiques ou publicitaires.
Bartholdi exécute parallèlement son groupe de la Malédiction de l'Alsace, offert à Gambetta, en avril 1872, par une délégation d'Alsaciens, et la statue en bronze de La Fayette 1876 pour la ville de New York.
Il propose à la ville de Belfort un projet audacieux pour commémorer le siège de cent deux jours soutenu durant l'Année terrible : un monument architectural, faisant corps avec la citadelle, un grand lion blessé, adossé à la falaise et rugissant avec fureur.
Tandis que le modèle en plâtre, réduit de deux tiers, est coulé en bronze pour la place Denfert-Rochereau, à Paris, le Lion de Belfort, de 22 mètres de long et 11 mètres de haut, est taillé dans du grès rouge des Vosges.
Inauguré en 1880, il demeure dans le paysage belfortain comme une silhouette familière et grandiose.
Bartholdi sculpte, en 1895, pour la ville de Bâle, un groupe de marbre, La Suisse secourant les douleurs de Strasbourg pendant le siège de 1870, qui lui vaut la médaille d'honneur au Salon. Il y trahit quelque faiblesse en mêlant, sans véritable cohésion, des personnages allégoriques et des notations précises de folklore local. Il réalise enfin pour Belfort le Monument des Trois Sièges, terminé après sa mort en 1912, et pour le rond-point de la Révolte, à Neuilly, actuellement place de la Porte-des-Ternes, le Monument des aéronautes du siège de Paris, ce célèbre Ballon des Ternes, en bronze, qui fut malheureusement fondu en 1942.
Comme dans le Tombeau du sergent Hoff cimetière du Père-Lachaise, Paris, il s'y montre plus franchement réaliste : la qualité de l'exécution soutenant une conception délibérément empreinte de modernité. En 1907, sa maison natale, rue des Marchands, est léguée à la Ville de Colmar par sa veuve, à condition d'y installer un musée, inauguré en 1922, et qui abrite les maquettes originales de la plupart des monuments érigés par Bartholdi ainsi que des aquarelles, peintures à l'huile et photographies réalisées au cours du voyage effectué en Égypte en 1856. Thérèse Burollet

Å’uvres

La Liberté éclairant le monde, dite aussi Statue de la Liberté 1886, New York.
Bartholdi est à l’origine de 35 monuments de par le monde. Les plus célèbres sont :
la statue de Martin Schongauer à Colmar 1863;
les quatre anges trompettistes à l’Église unitarienne baptiste de Boston aux États-Unis 1874 ;
la statue de La Fayette à Union Square à New York aux États-Unis 1876 ;
la « Fontaine du Capitole » au parc Bartholdi à Washington aux États-Unis 1878 ;
le Lion de Belfort à Belfort en France 1880 dont une réplique réduite est sur la place Denfert-Rochereau à Paris ;
la statue de Diderot, érigée sur la place Diderot de Langres en 1884 ;
La Liberté éclairant le monde, plus connue sous le nom de Statue de la Liberté à New York aux États-Unis 1886 ; des copies plus petites se trouvent : à l'extrémité sud de l'île aux Cygnes à Paris inaugurée en 1885 avant celle de New-York, au musée d'Orsay de Paris, au musée des Arts et Métiers de Paris ; à l'entrée de la ville de Colmar ; à Roybon Isère sur la place principale offerte à ce village par Bartholdi ; à Poitiers sur la place de la Liberté ancienne place du Pilori ; sur la place Portalis de Saint-Cyr-sur-Mer réplique en fonte dorée par la suite et une plus petite en Normandie, à Barentin ;
la fontaine Bartholdi, sur la place des Terreaux, à Lyon en France 1892 ;
Monument à la Suisse secourant Strasbourg à Bâle en Suisse 1895 ;
la statue équestre de Vercingétorix, à Clermont-Ferrand en France 1903 ;
la statue de Jean-François Champollion, marbre, 1875 dans la cour du Collège de France à Paris.
Statue de Champollion, cour du Collège de France, Paris.
De nombreux monuments et statues à Colmar, dans le Haut-Rhin France :
le monument du général Rapp 1860 ; la statue est présentée dans le cadre de l'Exposition universelle de 1855 aux Champs-Élysées avant de rejoindre la grand place de la ville alsacienne ;
le monument de Martin Schongauer au musée Unterlinden 1863 ;
le monument de l’amiral Armand Joseph Bruat au Champ-de-Mars 1864, détruit par les Allemands en septembre 1940, remis en place en 1958 ; il représente l'amiral flanqué de figures allégoriques ;
le Génie funèbre, bronze de 1866 dans l'escalier du lycée Bartholdi ;
le petit vigneron alsacien musée Bartholdi 1869, copie au marché couvert ;
le monument funéraire des Gardes nationaux tombés en 1870, cimetière du Ladhof 1872 ; deux dalles disjointes laissent passer le bras d'un combattant cherchant à agripper la baïonnette qui lui a échappé ;
la fontaine Jean Roesselmann 1888 ;
le monument Gustave-Adolphe Hirn 1894 ;
le monument-fontaine au baron Lazare de Schwendi sur la place de l'Ancienne-Douane 1898 ;
les grands soutiens du monde, groupe en bronze de 1902 au musée Bartholdi présenté au Salon de Paris en 1902 ;
le tonnelier alsacien, couronnement de la Maison des Têtes 1902 ;
quatre statues allégoriques de l’Orfèvrerie, l’Étude, la Gravure et la Peinture les quatre sont au musée Bartholdi, Colmar ; l'Orfèvrerie et la Gravure, épreuves en bronze, 1861, au musée de la vie romantique, Paris.
De nombreux monuments sont également visibles ailleurs en France et dans le monde :
le monument au Général Arrighi de Casanova Corté 1867 ;
À Gambetta, les Alsaciens reconnaissants, Cahors, Musée de Cahors Henri-Martin, 1872;
le monument de Vauban à Avallon 1873 ;
le monument de Gribeauval à Paris 1879 ;
le monument de Rouget de Lisle à Lons-le-Saunier 1882 ;
le monument funéraire du peintre Gustave Jundt à Paris cimetière du Montparnasse 1885 ;
le monument Gambetta à Sèvres 1891 ;
le monument de Christophe Colomb à l'exposition internationale de Chicago 1893 ;
le monument de La Fayette et Washington à Paris 1895.

Monument détruit :

Fontaine place de la République à Reims, avant la Première Guerre mondiale
Fontaine place de la République à Reims, détruite après la Première Guerre mondiale
fontaine place de la République à Reims en 1885. Monument élevé en 1906 à la mémoire des aéronautes, Gambetta et 30 aérostiers pendant le siège de paris 1870 au Rond-Point de la révolte à Neuilly, aujourd'hui à Paris-depuis annexion de 1929 - Place du Général Koenig, fondu en 1941.
Plusieurs autres projets ne virent pas le jour :
le palais de Longchamp à Marseille, qui ne sera pas retenu, mais dont le lauréat se serait inspiré ;
un projet monumental, de jeunesse, pour l'entrée du canal de Suez : l'Égypte éclairant l'Asie;
un projet pour Callao, destiné à la République du Pérou ;
à Bordeaux, Bartholdi participe à un concours pour une fontaine monumentale sur la place des Quinconces ; il reçoit le premier prix mais la fontaine fut ensuite installée à Lyon sur la place des Terreaux.

Monuments posthumes :

le monument des Trois Sièges, à Belfort, inauguré en 1913 d'après maquette de Bartholdi, fini par ses élèves sculpteurs Louis Noël et Jules Déchin ;
une nouvelle statue de bronze, érigée en mars 2005 dans la cour du palais royal de Varsovie en Pologne, réalisée à partir d’un modèle original en plâtre du Martyr moderne salon de 1864, conservé par le Musée Bartholdi de Colmar, et qui symbolise le drame polonais en référence aux évènements de 1863 entre la Russie et la Pologne ;
une statue de la Liberté est fondue en 2012 pour remplacer celle de 1889 qui était exposée dans le Jardin du Luxembourg, après que le Sénat ait accepté de transférer l'original au musée d'Orsay.

Å’uvres d'Auguste Bartholdi

Statue équestre de Vercingétorix - Clermont-Ferrand
Fontaine Bartholdi - Place des Terreaux - Lyon
Lion de Belfort…
...et sa reproduction de la Place Denfert-Rochereau à Paris
Statue de Gustave-Adolphe Hirn - Colmar
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Statue du général Jean Rapp - Colmar
Statue de la Liberté en terre cuite de Bartholdi - Musée des beaux-arts de Lyon

Prix Bartholdi

Le Prix Bartholdi est une récompense visant à développer l'ouverture internationale d'enseignements universitaires dans le Rhin supérieur F-D-CH.

Numismatique

Auguste Bartholdi figure sur une pièce de 10 € en argent édité en 2012 par la Monnaie de Paris pour représenter sa région natale, l'Alsace.


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#40 Re: Vincent de Paul
Istenozot Posté le : 03/10/2015 19:07
Chère Loriane,

Nous avons à Dijon un lycée, le lycée Saint Bénigne qui s'inscrit dans la tradition psycho éducative de Saint Vincent de Paul, qui place l'enfant au coeur des enseignements.

Voici en quelques lignes son histoire :

Les archives de l'Ecole originelle Saint Bénigne font état de l'arrivée, à l'aube du XVIIIème siècle des filles de la charité à DIjon "pour soigner les malades et enseigner la "créance » aux petites filles pauvres » ...
Voici les étapes historiques qui ont conduit ces filles à créer une oeuvre éducative très bien classée dans les classements nationaux :


1715 : Un acte notarié implante les Soeurs pour le service des pauvres de Saint-Médard et Saint-Philibert à Dijon.

1719 : Monseigneur de Berbisey, Président du Parlement de Dijon, sollicite les Filles de la Charité pour venir en aide aux populations pauvre de la ville de Dijon.. Monsieur BONNET, Supérieur de la Compagnie des Filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul, envoie deux Soeurs et leur donne lettre patente pour oeuvrer sous les ordres dudit Magistrat. Le premier document attestant de l’arrivée des soeurs de St-Vincent de Paul (Filles de la Charité) à Dijon date de 1719.

1791 : La Révolution atteint les Soeurs dans leurs activités. Une relation les montre aux prises avec les autorités locales pour défendre le service des Pauvres dont elles ont charge. Le Ministère des Cultes intervient et leur accorde sa protection.

1909 : Un décret impérial confirme à la Compagnie et à toutes ses maisons la possibilité de continuer leur service.

1849 : L’Equipe des filles de Dijon est toujours en place. On trouve une déclaration d’ouverture d’une Ecole Primaire élémentaire enregistrée par l’Académie de Dijon.

1901 : Le Ministre de l’Intérieur et des Cultes autorise le statu quo pour la Compagnie des Filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul et 682 de ses Etablissements. Dijon-Saint-Bénigne est du nombre. L’Ecole resta ouverte ... et se transforma peu à peu pour devenir l’actuel établissement.

1918 : Ouverture d’" Ateliers Professionnels » dans la Maison paroissiale Saint-Bénigne, à côté de l’Ecole Primaire. Une relation d’alors indique cinq divisions : 2 de lingerie, 1 de broderie, 1 de confection, 1 de bonneterie ( La Loi Astier les régit en 1919)

1928 : Une déclaration d’ouverture de "Cours Professionnels" transmise par le Maire de Dijon à l’Inspecteur Départemental de l’Enseignement Technique, donne une existence légale à la future école Saint Bénigne.

1930 : L’équipe d’alors, soucieuse de l’éducation totale des jeunes qu’elle accueille, créé une Association « Aide à la Jeune Fille Laborieuse" (Cette appellation est déclarée à la Mairie le 24-6-1931 A.J.F.L.). Cet organisme assure la gestion de l’Ecole et des loisirs qui s’y rattachent. L’Ecole est habilitée à percevoir la Taxe d’Apprentissage dès 1934. Aux cinq divisions de 1918, s’est adjoint un petit cours commercial et. les Anciennes se souviennent de Mademoiselle COROT qui les initia à la dactylo ... 3 machines à écrire formaient le parc d’alors ... que de souvenirs s’y rattachent !

1943 : L’Ecole est déclarée « Régulièrement ouverte ", sous le nom « Ecole Technique et Ménagère Saint-Bénigne" (c’est la première fois qu’apparaît la dénomination Saint-Bénigne). L’Ecole abrite alors : une section ménagère soucieuse de la formation féminine ; les sections « couture" datant des origines ; une section commerciale pour un petit nombre. L’Ecole s’abrite à l’ombre de la Cathédrale qui lui sert d’ailleurs de Chapelle ... et son Pasteur d’Aumônier.

1960 : La loi Debré est votée et les premiers rapports avec l’Etat sont signés. En octobre 1960, un contrat simple est demandé par l'école Saint Bénigne. A cette époque, les sections « couture" et ménagère se sont amenuisées (50 élèves au total), .la section commerciale 150 élèves, prépare des C.A.P. et quelques Brevets. A côté de l’Ecole s’abritent une Ecole Maternelle florissante, une Ecole Primaire dont les locaux sont vétustes et les effectifs en diminution chaque année, et un embryon de C.E.G.

1960-1970, est une étape de déménagement et de regroupement. Le but poursuivi est de servir là où se trouve la Vie et les besoins. Dès 1961, la couture et l'enseignement ménager sont supprimés au profit d’un autre institut. L’Ecole primaire est vendue et reconstruite dans un quartier nouveau en 1963. Elle est confiée à un Directeur laïque. Les classes maternelles sont passées aux Ursulines en 1965. Les deux Ecoles étaient d’un côté et d’autre de la même rue ... Le Commercial et le C.E.G. envahissent peu à peu les locaux laissés vides.

1964 : 610 élèves permettent de créer des sections. nouvelles. La place manque rue du Tillot... On décide de faire des emprunts et de construire.

1965 : Le chantier est ouvert et c’est l’exode en deux temps : Septembre 66, les internes occupent le foyer rue de Talant, un an après toute l’école emménage. Le déménagement a lieu en juin 1967. La sortie scolaire marque aussi le départ de tout le mobilier emporté par des déménageurs bénévoles : parents et jeunes l’assument.

1967 : Grâce à l’effort de toutes et de tous, on entre dans les actuels locaux, palais de la lumière pour celles qui ont connu les barreaux et les couleurs sombres de la rue du Tillot. On s’y retrouve avec 810 élèves. L’année suivante l’effectif atteint 870. A nouveau se pose le problème de l'avenir.
Les anciens de la rue du Tillot sont vendus à la maîtrise de la cathédrale.

1968 : A Dijon, ce fut l’occasion de contacts fréquents entre les établissements de la ville et d’une réflexion sur les décisions à prendre pour réaliser une unité plus grande entre tous et un meilleur service des familles. Une carte scolaire répartit les différentes options possibles entre les établissements de la ville. Chacun se spécialise. Saint-Bénigne s’ouvre à la mixité et garde l’économique à tous les niveaux : C.A.P. et Bac. Le C.E.G. est devenu le C.E.S. Un contrat d’association a remplacé le contrat simple pour le technique comme pour le secondaire. Les années qui suivent sont marquées par la mise en place progressive du plan élaboré « ensemble ».

1970 : Saint-Bénigne construit à nouveau. Le regroupement des premiers cycles sous la Direction de Saint-François (ancien secondaire), dans le nouveau bâtiment édifié en 5 mois, terminera le complexe. Il libèrera des locaux à Notre-Dame (secondaire) et aussi à Saint-Bénigne, permettant à l’un et à l’autre de faire la rentrée 1971. Cette entente générale nous a permis d’offrir aux familles dès 1971, des nouvelles sections allant des classes préprofessionnelles aux Techniciens Supérieurs ... C’est tout cet ensemble qui est proposé actuelement à Saint-Bénigne. Pendant plus de deux siècles l’Ecole a vécu au coeur de la cité, à l’ombre de sa Cathédrale. Implantée maintenant en périphérie dans le domaine de la « Providence", elle sait que cette Providence ne lui fera pas défaut et qu’en ce monde en pleine mutation elle la guidera et lui donnera de rester fidèle à son objectif premier : SERVIR LES ENFANTS.

1981 : Ouverture du Centre de Formation SB formation dans les locaux du lycée privé saint bénigne.

1990 : Installation du Centre de Formation SB formation dans les locaux loués (rue de Broglie).

1991 : Création du service "Educatif" et ouverture de la classe prépa H.E.C.

1992 : Installation définitive du Centre de Formation SB formation dans les locaux actuels, 9 avenue Jean Bertin.

1994 : Agrandissement du secteur hôtelier et de l’espace Post-Bac ; création d’un espace de restauration rapide ; extension des bâtiments. Création du Centre de Formation d’Apprentis saint bénigne.

1998 : Conventionnement du C.F.A. saint bénigne par le Conseil Régional de Bourgogne. L'école et le collège privés de la Maîtrise intègrent le groupe.

2003 : Le Chœur de la Maîtrise est rattaché au Groupe saint bénigne.

2009 : L’école saint bénigne rue du Pommard fait partie du Groupe saint bénigne depuis la rentrée de septembre.

2011 : Succédant à Mr Rizzi, Mr Laffitte est nommé directeur du Groupe saint bénigne.

2017 : L'école et le collège de la maîtrise quitte la rue du Tillot pour rejoindre le site de Pommard et connaître un nouveau développement.

Les valeurs du groupe Saint Bénigne s'inscrivent dans les pas des valeurs propres de Vincent de Paul qui place l'enfant au coeur des priorités. Cela se traduit pas une rencontre individuel entre la directrice et le chef de choeur avec l'enfant pour connaître ses propres motivations et par un engagement "contractuel" entre les enseignanst et l'enfant.

Amitiés de Dijon.

Jacques



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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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