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#331 Re: huile sur toile, par moi.
Rhodan Posté le : 02/08/2014 19:11
Très beau, heureux de voir de belles choses


#332 Re: huile sur toile, par moi.
Titi Posté le : 02/08/2014 20:34
Quel bonheur de pouvoir poser avec une telle exactitude, un paysage, un instant, un siouvenir

J'ai ce désir fou, mais hélas je n'ai pas le don...!!!

Merci de ton envoi, dans l'attente des prochains

Amitiés


#333 James Wilson-Morrice
Loriane Posté le : 09/08/2014 18:47
Le 10 août 1865 à Montréal, Canada, naît James Wilson Morrice,

peintre fauviste, canadien, influencé par Henri Matisse, il eut pour maître Henri Harpignies mort à Tunis Tunisie le 23 janvier 1924 à 58 ans, à Tunis.

Passant la majorité de sa carrière à l'étranger, surtout à Paris France, Morrice est considéré par certains comme le premier peintre canadien à se rattacher à une tradition vivante en peinture au Canada. En effet, ses voyages le mettront en contact avec des peintres tels que James Abbott McNeill Whistler et Henri Matisse, chef de file du fauvisme, qui influenceront son travail. Ayant apporté l'influence de la peinture moderne européenne au Canada, son travail aura un impact sur celui de plus jeunes artistes comme Clarence Gagnon, John Lyman et même chez Paul-Émile Borduas. La rue James-Morrice dans les quartiers de Nouveau-Bordeaux et de Ahuntsic-Cartierville à Montréal est nommée en sa mémoire.

En bref

L'art de James Wilson Morrice, peintre canadien, appartient aux deux siècles qu'il a traversés. Profondément marqué par l'impressionnisme, dont il adopte au début de sa carrière certains principes, il est peu sensible à l'œuvre de Cézanne et au cubisme, mais il subit l'influence des fauves et de Matisse, dont il adapte les idées à sa propre personnalité. Comme beaucoup d'artistes de l'Amérique du Nord, qui jugeaient indispensable de faire carrière en Europe, Morrice arrive à Paris en 1890 et y restera jusqu'à sa mort, malgré de fréquents séjours dans son pays d'origine. Grand admirateur de Whistler, lié au peintre anglais Sickert, il fait l'apprentissage de la peinture dans l'atelier de Harpignies et s'oriente vers le paysage. Travaillant sur le motif, il est le chroniqueur mélancolique de son temps et atteint à une manière intimiste et colorée qui le situe à mi-chemin de Vuillard et de Marquet et lui permet d'évoquer un spectacle de rue ou un paysage en quelques notations simples et justes, L'Omnibus à chevaux, 1900-1905, Galerie nationale du Canada, Ottawa, Quai des Grands-Augustins, 1908, musée des Beaux-Arts, Montréal. Très lié aux milieux littéraires, il sera le poète alcoolique et fin-de-siècle d'un roman de son ami Somerset Maugham, Servitude humaine Of Human Bondage, 1915.
Vers la fin de sa vie, au cours de ses nombreux voyages, en Afrique du Nord où il suit Matisse, et aux Antilles, il découvre une lumière nouvelle qui l'aide à prendre conscience des possibilités rythmiques d'une composition simplifiée à l'extrême qui réduit l'espace pictural à une succession de plans, ainsi que des moyens d'expression offerts par l'utilisation de la couleur pure, Village de la Jamaïque, 1920-1921, musée des Beaux-Arts Montréal, Paysage à Trinidad, 1921, Art Gallery of Ontario. Et bien qu'il n'ait été ni un novateur ni un théoricien, c'est dans la mesure où il a libéré l'expression picturale d'un certain académisme, et dans l'emploi audacieux qu'il fait de la couleur, que Morrice occupe une place importante dans l'évolution de la peinture canadienne, ouvrant ainsi la voie de l'art moderne à la génération d'artistes qui l'ont suivi.

Sa vie

James Wilson Morrice grandit dans une famille bourgeoise dont l’intérêt pour l’art le mit en contact avec la peinture. Morrice commence sa pratique artistique par l’aquarelle, loisir auquel il s’adonne lors de ses vacances au Maine États-Unis en 1882.
À la même époque, il effectue des études dans la faculté des arts de l’Université de Toronto suivi par des études en droit au Osgoode Hall de Toronto. Désintéressé par le droit, mais passionné pour la peinture, il participe à l'exposition de la Royal Canadian Academy en 1888 et au Spring Exhibition Salon du Printemps de la Montreal Art Association ancêtre du Musée des beaux-arts de Montréal. Son talent étant remarqué par l’homme d’affaires et collectionneur William Van Horne, son père se laissera convaincre de l’envoyer étudier à Paris.
Il y fréquente pendant une courte période l’Académie Julian, mais, incompatible au milieu académique, il poursuit son éducation avec le peintre de l’École de Barbizon Henri Harpignies.

Morrice et le voyage

Le voyage offre aussi à Morrice un aspect pédagogique. En effet, il part avec de jeunes peintres effectuer croquis et études en province et plus tard à Venise.
Un voyage sera particulièrement important pour Morrice, soit celui des hivers 1912 et 1913 à Tanger avec Henri Matisse, qui aura une importante influence sur son style.
Bref, parcourant différents pays et revenant sporadiquement au Québec, pour lui, les frontières n’existent pas. Toute sa vie il parcourt le monde, et ses œuvres en font autant.
La manière de travailler de Morrice reflète bien cet état de perpétuel mouvement, en effet, il possède un studio à Paris, mais son travail se fait en partie à l’extérieur où il effectue esquisses et pochades qu’il transposera ensuite sur toile dans son atelier. Ces pochades semblent très importantes pour Morrice puisqu'au Salon d'automne de Paris de 1905 il n’aurait exposé que des études.

Carrière et implication sociale

En plus d’exposer au Salon d’Automne de Paris, au cours de sa vie, Morrice participe à plus de 140 expositions dans sept pays6. En 1901, James McNeill Whistler placera Morrice aux côtés de Degas, Fantin-Latour, Harpignies et Monet lors de l’exposition de la Société Internationale des Sculpteurs, Peintres et Graveurs de Londres7.
En 1904, il obtient une reconnaissance officielle du gouvernement français lors de l’achat de l’œuvre le Quai des Grands-Augustins pour la collection d’art moderne étranger présentée dans la Galerie nationale du Jeu de Paume. De plus, au cours de sa vie, ses œuvres sont achetées par plusieurs lieux d’importance, notons le Pennsylvania Museum, la ville de Lyon, The Museum of Modern Western Art de Russie, le Musée du Luxembourg et la Tate Gallery de Londres, où il sera le premier Canadien à exposer. Après sa mort, une exposition rétrospective lui sera accordée à Paris, un honneur rarement réservé à un étranger.
Malgré le peu d’intérêt des acheteurs et du public canadien, qui n'a d'intérêt que pour la peinture de paysage et de genre hollandais du XIXe siècle, il participe aux expositions de l’Art Association et du Canadian Art Club. ’est sûrement la fortune personnelle de Morrice qui lui a permis de participer à tant d’expositions, au Canada ou à l’étranger.
James Wilson Morrice participe aussi à la culture des cafés parisiens, comme le Chat Blanc ou le Café Versailles.
Morrice sera membre d'un grand nombre de sociétés artistiques importantes de Paris, vice-président de La Société Nationale des Beaux Arts, Société Nouvelle, vice-président du Salon d’Automne et membre de l’International Society of Painters de Londres et du Canada, le Royal Canadian Academy et le Canadian Art Club. En plus de la peinture, Morrice cultive un intérêt pour la musique, la littérature et la poésie. En contact avec le milieu littéraire, il aurait inspiré des personnages des œuvres littéraires des auteurs Arnold Bennett et William Somerset Maugham.

Production artistique Le portrait

La production de Morrice comprend quelques portraits qui représentent rarement des personnes précises et ne se révèlent pas comme des études de caractère. En effet, l’humain y est plutôt traité comme un motif, ou simple sujet de composition. Cette caractéristique se retrouve aussi dans les portraits du peintre américain James McNeill Whistler, un artiste qui aura une grande influence sur Morrice et pour qui les personnages et autres objets que représente une surface peinte ne sont qu’un prétexte pour des arrangements harmoniques de tons. On note aussi chez les deux peintres l’influence de la peinture chinoise par la simplicité de composition, les larges tons rapprochés et les dégradés subtils . Bref, l’aspect plastique y est plus important que le sujet représenté.

Le paysage

Les paysages représentent 80 % de sa production. On note des affinités dans leur traitement avec ceux du peintre européen Paul Cézanne, en effet, on sent chez Morrice la même simplification des formes, la même élimination des contingences, notamment des personnages, ainsi qu’une certaine similitude de composition avec les nombreuses Montagnes Sainte-Victoire. Comme chez ses contemporains canadiens ayant étudié à Paris et pratiquant le paysage, c’est-à-dire Maurice Cullen et Marc-Aurèle de Foy Suzor-Coté, ont sent l’influence impressionniste dans leurs paysages locaux, qui s’exprime chez Morrice par l’usage de la touche divisée.

Les thèmes traités

Ne se confinant pas à un genre, Morrice ne se confinera pas non plus à un lieu ou un thème16. En effet, comme les artistes du groupe des Sept ou Tom Thomson, il illustre l’hiver canadien, mais ne s’y limite pas. Il traite aussi bien du paysage urbain québécois que celui de Tanger ou encore celui de Paris. Dans ses scènes de genre, majoritairement insérées dans un espace rural ou urbain, on retrouve des thèmes traités par d’autres artistes, entre autres, celui du cirque qu’avaient déjà exploité Degas et Henri de Toulouse-Lautrec.
C'est en contact avec les avant-gardes européennes, qui traitent de la figure humaine nue pour elle-même, que Morrice produira du nu qui, dans la peinture canadienne d'avant le XIXe siècle, n’était utilisé que lors des études préparatoires à la réalisation d’un tableau et qui sera ensuite habillé. Ainsi, c’est suite au contact avec des peintres comme Morrice que des artistes comme Louis Muhlstock, Alfred Pellan et Jori Smith purent traiter le nu féminin soit comme thème principal de leur œuvre, soit comme élément secondaire de la composition. Bref, ils permirent, grâce à leur représentation de nu empreint des mouvements d’avant-garde européens, qu’un nu puisse être un nu en tant que tel.

L'influence de Matisse

Suite à leur voyage à Tanger l'influence de Matisse se dénote par la palette plus vive et l’espace plus décomposé dans le travail de Morrice. Par contre, contrairement à Matisse qui abandonne la perspective en faveur de la planéité et de l’autosuffisance de la toile par rapport aux couleurs, Morrice affiche une certaine planéité, mais ne refuse pas entièrement la perspective.

Liens

http://youtu.be/jiI_NIHX6aQ Sa vie
http://youtu.be/9CXtCj_O1-w Morrice avec Lyman et Matisse
http://youtu.be/zZCqa2hzw9E Vente de toile

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#334 Karl Schmidt-Rottluff
Loriane Posté le : 09/08/2014 19:45
Le 10 août 1976, à 91 ans, meurt Karl Schmidt-Rottluff,

à Berlin en Allemagne de l'Ouest, peintre, graphiste, plasticien, illustrateur et graveur expressionniste allemand, membre du groupe Die Brücke, il reçoit une formation à l'école technique supérieure de Dresde, il appartient au mouvement artistique "Die Brücke" il a pour mécènes Rosa Schapire, il est influencé par Picasso, Vincent Van Gogh, Edvard Munch, il reçoit en récompense le prix Lovis Corinth, ses oeuvres les plus réputées sont Bildnis, Rosa et Schapire. il est né le 1er décembre 1884, à Rottluff Royaume de Saxe dans l'empire allemand.

En bref

Le peintre allemand Schmidt-Rottluff est l'un des représentants de l'expressionnisme allemand au début du siècle. Karl Schmidt qui adjoignit plus tard à son nom celui de Rottluff, faubourg de Chemnitz où il avait vu le jour vint à Dresde en 1905 pour étudier l'architecture. Il y retrouve Heckel et se lie avec Ludwig Kirchner et Fritz Bleyl. Les quatre jeunes gens forment la même année la communauté à laquelle ils donnent le nom de Die Brücke Le Pont, dont Schmidt-Rottluff restera membre jusqu'à sa dissolution en 1913.
En 1911, il s'installe à Berlin, qu'il a peu quitté, si l'on excepte trois années sous l'uniforme 1915-1918 et un certain nombre de voyages, surtout vers 1930. Rangé par le IIIe Reich au nombre des artistes dégénérés, il voit ses œuvres exclues des collections publiques et est soumis, sous contrôle policier, à l'interdiction de peindre en 1941. En 1947, il a été nommé professeur à l'Académie des beaux-arts de Berlin. Les œuvres de Schmidt-Rottluff qui ont échappé aux destructions du IIIe Reich et de la guerre son appartement brûla pendant le bombardement de Berlin se trouvent surtout dans des collections allemandes, en particulier la collection Buchheim (à Bernried, en Bavière. Contrairement à nombre de ses contemporains, Schmidt-Rottluff a très peu écrit sur son art et peu parlé de lui. Son œuvre peint se limite presque exclusivement à des paysages. Comme beaucoup de jeunes artistes de sa génération, il a d'abord adopté la manière mais non la vision des impressionnistes, avant d'être touché par l'exemple des fauves. Si l'on excepte Nolde — le Nolde des aquarelles —, il est de tous les artistes de la Brücke le plus coloriste ; il est le seul parmi eux à posséder le sens des compositions décoratives et monumentales, ce qui l'entraîne parfois aux limites de l'abstraction. Après son retour à Berlin, en 1947, il continue à peindre, essentiellement des paysages. Dernier survivant du mouvement, il fonde à Berlin, en 1967, un musée consacré à Die Brücke. Schmidt-Rottluff a également pratiqué la gravure sur bois dont il tire des effets qui relèvent de la stylisation géométrique ou qui soulignent l'aspect brut ou inachevé du matériau, la lithographie, l'aquarelle, et enfin la sculpture où l'influence de l'art nègre est très sensible.

Sa vie

Karl Schmidt naît, dans une famille modeste, à Rottluff, qui est maintenant un quartier de Chemnitz Saxe, le 1er décembre 1884.
Il est le fils du meunier Friedrich August Schmidt3. Au lycée de Chemnitz, Karl Schmidt fait la connaissance, en 1901, d'Erich Heckel né le 31 juillet 1883. Tous deux participent au cercle littéraire Vulkan. À partir de 1905, Karl Schmidt se fait appeler Schmidt-Rottluff.
Comme Franz Marc, il étudie la théologie, selon la volonté de son père.
En 1905 et 1906, il suit des cours d'architecture à l'École technique supérieure de Dresde, ainsi qu'Erich Heckel, qui lui fait rencontrer Ernst Ludwig Kirchner 1880-1938 et Fritz Bleyl. Fritz Schumacher est son professeur de dessin.

Die Brücke

Le 7 juin 1905, Karl Schmitt-Rottluff fonde, à Dresde, avec Ernst Ludwig Kirchner, Fritz Bleyl et Erich Heckel, un groupe d'artistes, qu'il baptise Die Brücke Le pont, indiquant ainsi l'intention des jeunes participants de bâtir un pont entre les éléments révolutionnaires de l'époque. Le nom vient d'une phrase de Nietzsche, dans Ainsi parlait Zarathustra. Le groupe, issu du Jugendstil, est influencé par Hermann Obrist. Il s'installe dans une ancienne boucherie.
Karl Schmidt-Rottluff interrompt alors ses études d'architecture, au bout d'un semestre, et décide de se consacrer aux arts visuels. En novembre 1905, la première exposition de Die Brücke, a lieu, dans une galerie de Leipzig. En 1906, Karl Schidt-Rottluff fait la connaissance d'Emil Nolde et l'invite à rejoindre le groupe. Hermann Max Pechstein adhère également à Die Brücke, en 1906.
C'est aussi l'année où est publié le premier recueil de gravures de Die Brücke1. Rosa Schapire, historienne d'art de Hambourg, participe au groupe, en tant que membre passif, à partir de 1907. Karl Schmitt-Rottluff peint son portrait, en 1911 et 1919, et décore son appartement de Hambourg, créant, pour son salon, des meubles, des textiles, des boîtes et des murs colorés. Il conçoit également des vêtements et des bijoux pour elle. Treize de ces derniers sont exposés dans les collections d'art de Chemnitz. Gustav Schiefler, juriste à Hambourg, commence à collectionner les œuvres graphiques de Karl Schmidt-Rottluff. Le peintre Max Pechstein, le seul à avoir fait des études académiques de peinture, est exclu du groupe à cause de sa participation au mouvement Sécession berlinoise. Grâce à Otto Mueller , qui rejoint le groupe en 1910, Die Brücke s'installe à Berlin, à l'automne 1911.
Kirchner arrive en octobre, suivi de Heckel et Karl Schmidt-Rottluff, en décembre. C'est dans la capitale allemande que Lyonel Feininger fait découvrir le cubisme à Karl Schmidt-Rottluff. Van Dongen sert d'intermédiaire entre le groupe et les fauvistes parisiens. Le 27 mai 1913, Die Brücke se dissout et certains de ses membres se tournent vers le cubisme ou le futurisme. Karl Schmitt-Rottluff, solitaire par nature, n'a pas vraiment été un participant actif aux activités de l'association. Entre 1907 et 1912, souvent accompagné de Heckel, il séjourne, l'été, à Dangast, au nord d'Oldenburg, où il peint de nombreux tableaux.

L'expressionisme

Karl Schmitt-Rottluff participe, en 1910, aux expositions de la Nouvelle Sécession, à Berlin. Il découvre la sculpture de l'Afrique. En 1911, il effectue un voyage en Norvège, au cours duquel il peint un certain nombre de paysages. Il fréquente également le groupe Der Blaue Reiter, participant à la seconde exposition de ce dernier, en 1912, à Munich. Cette même année, il expose également avec le Sonderbund, à Cologne, aux côtés de Heckel et Kirchner, avec lesquels il se rend,à la fin de l'été, sur l'île de Fehmarn, dans la mer Baltique. En 1912, il voyage à Paris, en Italie et en Dalmatie. Il rejoint la Nouvelle Sécession en 1914, ce qui lui permet d'organiser ses premières expositions particulières.
La première a lieu à la galerie Fritz Gürlitt15. Karl Schmidt-Rottluff répond à une enquête menée par le périodique Kunst und Künstler, sur la définition d'un nouveau programme pour l'art.
À cette époque, il est influencé par Picasso et le cubisme, ainsi que par l'art africain. C'est aussi la période où il peint ses premiers portraits et réalise également des sculptures. Il expose à Hambourg et Iéna.
Durant la Première Guerre mondiale, il s'engage comme soldat dans un bataillon du génie, en Lithuanie et en Russie, de mai 1915 à 1918. Il est affecté à l'État-major. En 1916, il participe activement à la fondation, à Berlin, du Groupe de novembre allemand : November Gruppe. Traumatisé par la brutalité des combats et incapable de peindre, il pratique alors la gravure sur bois, créant notamment un cycle de huit œuvres religieuses sur des thèmes du Nouveau Testament, en 1917 et 1918, inspiré par les horreurs de la guerre et où les plages noires prédominent.
Après la guerre, il épouse la photographe Emmy Frisch, en 1918. Entre 1918 et 1921, il est membre du Conseil ouvrier pour l'art et participe au journal Action. L'architecte Walter Gropius l'invite, en 1919, à donner des cours à l'institut du Bauhaus. Il enseigne également à l'Académie de Berlin. En collaboration avec Rosa Schapire et Wilhelm Niemeyer, il fonde la publication expressionniste Die rote Erde La terre rouge et, en 1920 et 1921, le journal d'art Kündung. En 1932, il s'installe à Rumbke, sur le Lebasee, en Poméranie.
Cette période est marquée par l'influence de Vincent van Gogh, d'Edvard Munch et de l'art primitif. La vie paysanne devient un de ses sujets de prédilection.
L'artiste voyage au Tessin 1928 et 1929, dans les monts du Taunus, en Italie 1923, à Paris 1924 et à Rome, où il passe l'année 1930 à l'Académie allemande de la villa Massimo. En 1931, il est nommé membre de l'Académie des arts de Prusse.
Lors des Jeux olympiques de 1936, la galerie Ferdinand Möller Ferdinand Möller Galerie expose 70 de ses aquarelles. La même année, Karl Schmidt-Rottluff expose à la Galerie Westermann Westermann Gallery, à New York. En février et mars 1937, 40 aquarelles sont exposées à Berlin, à la galerie Karl Buchholz.

Art dégénéré

En 1938, 608 œuvres d'art de Karl Schmidt-Rottluff sont qualifiées d'art dégénéré Entartete Kunst, par les nazis, et retirées des musées allemands. 25 d'entre elles sont présentées dans l'exposition Entartete Kunst. Celle-ci, conçue par Goebbels, stigmatise la presque totalité de l'art moderne. Karl Schmidt-Rottluff y figure, aux côtés de Kirchner, Matisse, Picasso, Van Gogh et Chagall. Plusieurs de ses œuvres sont détruites par le feu, lors de l'autodafé de peintures du 20 mars 1939, dans la cour de la caserne centrale des pompiers de Berlin. Pendant le même temps, comme Ernst Barlach et Emil Nolde, il présente une partie de son travail à l'Exposition d'artisanat, qui se tient sous le patronage du Front allemand du travail. Rosa Schapire se réfugie en Angleterre, en 1939, emportant avec elle plusieurs de ses œuvres.
En 1941, Karl Schmidt-Rottluff est interdit d'exercice de la peinture et exclu de la Chambre de la Culture du Reich allemand : Reichskammer der bildenden Künste. La lettre de renvoi est rédigée par Adolf Ziegler, le dirigeant de cette institution. Cette mise à l'écart est, en fait, la fin d'un long processus, commencé en 1933 par son exclusion de l'Académie des arts de Prusse, lors de l'avènement du nazisme, et poursuivi, en 1936, par une interdiction d'exposition. À partir de 1941, le peintre est surveillé par la police nazie. Il quitte alors Berlin pour se retirer à Rottluff. Cette même année, les bombardements de Berlin détruisent son appartement et son atelier, ainsi qu'une partie importante de son œuvre. D'autres peintures, stockées en Silésie, sont détruites en 1945.

Après la Seconde Guerre mondiale

Après la Seconde Guerre mondiale 1939-1945, Karl Schmitt-Rottluff revient à Berlin, en 1946, et préside la Ligue culturelle pour le renouveau démocratique.
Il recommence à peindre. En 1947, il est nommé professeur à l'université des Beaux-Arts, à Berlin-Charlottenburg, où il enseigne jusqu'en 1954. Il se rend à Ascona, en 19493. Il participe à l'exposition document, à Kassel, en 1955. En 1964, il abandonne la peinture sur toile pour l'aquarelle. Lors de son quatre-vingtième anniversaire, en 1964, il propose de créer, à Berlin, un musée consacré à Die Brücke. Après trois ans de travaux, le musée ouvre, à Berlin-Zehlendorf, le 15 septembre 1967, avec plusieurs œuvres, données par Karl Schmitt-Rottluff et Erich Heckel, encore en vie à ce moment-là.
En 1974, à l'occasion du 90e anniversaire de sa naissance, Karl Schmitt-Rottluff est nommé membre honoraire de l'Académie des Beaux-Arts de Stuttgart, sur la proposition de son recteur, Wolfgang Kermer. Il est membre de l'Association des artistes allemands, allemand : Deutscher Künstlerbund. Dernier survivant de Die Brücke,

il meurt, à l'âge de 91 ans, le 10 août 1976, à Berlin, après une longue maladie, quelques mois après la mort d'Emmy Schmidt-Rottluff, en 1975.
Il est enterré dans le cimetière forestier de Dahlem, à Berlin-Dahlem. Le premier directeur du musée de Die Brücke prononce son éloge funèbre. Sa tombe est une des tombes d'honneur de Berlin.

Les séjours au bord de la mer Baltique

Le tableau Seehofallee in Sierksdorf, de Karl Schmidt-Rottluff, sur le panneau d'information de l'avenue Schmidt-Rottluff, à Sierksdorf.
Tout au long de sa vie, Karl Schmidt-Rottluff effectue des séjours au bord de la mer Baltique. Il y peint des paysages de couleurs vives et aux dessins simples, ainsi que des natures mortes. Les séjours sont :
1906 : île d'Alsen danois : Als, au Danemark, en compagnie de Nolde15.
1913 : Nida, sur l'isthme de Courlande Prusse orientale.
1914 et 1919 : Hohwacht, dans la baie de Lübeck, sur la côte du Holstein.
1920 à 1931 : Jarosławiec, en Poméranie.
1932 à 1943 : Rumbke, sur le Lebasee polonais : Lebsko.
1951 à 1970 : Sierksdorf, dans la baie de Lübeck.

Style

À ses débuts, Karl Schmidt-Rottluff est nettement influencé par l'impressionnisme, ainsi que par les œuvres d'art qu'il a pu voir au musée ethnographique de Dresde4. Il prend souvent comme sujets des paysages de l'Allemagne du nord et de Scandinavie, notamment des paysages hivernaux. À partir de 1923, sous l'influence de la lithographie, les formes géométriques prennent une place plus importante dans son œuvre, avec des contours courbes ou arrondis, fortement stylisés. Sa peinture présente des effets dynamiques, avec une pâte épaisse. Son style est agressif, avec des couleurs pures explosives, sous l'influence des fauves. La composition se simplifie et devient plus monumentale. L'absence de perspective fait de certains de ses tableaux des œuvres presque abstraites.
Les peintures créées après la Seconde Guerre mondiale restent encore fortement expressionnistes, mais les couleurs sont plus atténuées. Karl Schmidt-Rottluff se tourne, par la suite, vers l'aquarelle.

L'artiste pratique aussi la gravure sur bois, la lithographie et la gravure. Il est considéré comme un classique des modernes.

Expositions Permanentes

Allemagne

Brücke Museum, Berlin-Zehlendorf - environ 300 œuvres, peintures, aquarelles, dessins, cartes postales, environ 200 gravures sur bois25, eaux-fortes, lithographies, sculptures et œuvres d'arts appliqués.
Musées d'État de Berlin, Berlin.
Collection Buchheim, Bernried, Bavière.
Collections d'art de Chemnitz - près de 300 œuvres.
Musée de la Sarre - 70 peintures et aquarelles.
Musée Städel, Francfort.
Musée Von der Heydt, Wuppertal.

Canada

Galerie d'art de Winnipeg, Winnipeg, Manitoba.
Galerie d'art du Grand Victoria Victoria, Colombie britannique, Canada.
Galerie d'art du MacKenzie, Saskatchewan, Canada.

États-Unis

Musée des beaux-arts, Boston.
Institut d'art de Chicago, Chicago.
Musée d'art de Cleveland, Cleveland, Ohio.
Institut des arts de Detroit, Detroit, Michigan - trois Å“uvres.
Musée d'art d'Indianapolis, Indianapolis, Indiana.
Musée d'art du comté de Los Angeles, Los Angeles, Californie.
Musée d'art de Milwaukee, Milwaukee, Wisconsin.
Musée de Brooklyn, New York.
Musée d'art métropolitain, New York.
Musée d'art moderne, New York - trente œuvres.
Musée Neue Galerie pour l'art allemand et autrichien, New York.
Musée d'art Allen, Oberlin College, Ohio.
Musée d'art d'Oklahoma City, Oklahoma City, Oklahoma.
Musée Norton Simon, Pasadena, Californie.
Musée d'art de Portland, Portland, Maine.
Musée d'art de Caroline du nord, Raleigh, Caroline du nord.
Musée d'art de Saint Louis, Saint Louis, Missouri.
Musée d'art de San Diego, San Diego, Californie.
Musée d'État d'art de Ball, Indiana.
Musée d'art Block à l'université du nord-ouest, Illinois.
Musées d'art de l'université Harvard, Massachusetts.
Musée d'art Palmer, université d'État de Pennsylvanie.
Collection d'art de l'université de Syracuse.

Royaume-Uni


Galerie Tate, Londres, Royaume-Uni.
Musée Victoria et Albert, Londres, Royaume-Uni.

Autres pays

Galerie d'art de Nouvelle Galles du sud, Sydney, Australie.
Albertina, Vienne, Autriche.
Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid, Espagne.

Temporaire

1905 novembre - exposition de Die Brücke, Leipzig.
1910 mai - exposition de Die Brücke, Berlin.
1910 - expositions de la Nouvelle Sécession, Berlin.
1911 - galerie Commeter, Hambourg, Allemagne.
1912 - seconde exposition de Der Blaue Reiter, Munich.
1912 - exposition du Sonderbund, Cologne.
1914 - galerie Fritz Gürlitt.
1914 - musée Folkwang.
1936 - galerie Ferdinand Möller, 70 aquarelles.
1936 - galerie Westermann, New York.
1937 février - mars- galerie Karl Buchholz, Berlin, 40 aquarelles.
1937 juillet - Entartete Kunst, Munich - 25 peintures, 24 dessins et deux aquarelles.
1938 - exposition d'artisanat.
1951 - galerie d'art de Mannheim.
1951 - Galerie nationale allemand : Staatsgalerie Stuttgart, Stuttgart.
1953 - exposition organisée par la société Kestnergesellschaft, à Hanovre.
1953 - Leicester Royaume-Uni.
1954 - expositions à Kiel, Nuremberg et Hambourg.
1955 - document, Kassel.
1961 - Les sources du XXe siècle, Paris.
1964 - rétrospective, Essen.
1969 - Karl Schmidt-Rottluff - Aquarelle der 60er Jahre, Brücke-Museum, Berlin.
1972 - Karl Schmidt-Rottluff - Aquarelle von 1909-1970, Brücke-Museum, Berlin.
1973 - Karl Schmidt-Rottluff - Gemälde des Spätwerks, Brücke-Museum, Berlin.
1974 - Karl Schmidt-Rottluff - Das graphische Werk, Brücke-Museum, Berlin.
1977 - Karl Schmidt-Rottluff - Das nachgelassene Werk, Brücke-Museum, Berlin.
1984 - Karl Schmidt-Rottluff - Aquarelle, Brücke-Museum, Berlin.
1984 - Karl Schmidt-Rottluff - Gemälde. Zum 100. Geburtstag, Brücke-Museum, Berlin.
1985 - 1986 - Karl Schmidt-Rottluff - Der Holzstock als Kunstwerk, Brücke-Museum, Berlin.
1992 - Karl Schmidt-Rottluff - Aquarelle, Brücke-Museum, Berlin.
1993 - Karl Schmidt-Rottluff - Der Maler, Brücke-Museum, Berlin.
1995 - Gemälde der Sammlung - Die Schmidt-Rottluff - Bildnisse, Brücke-Museum, Berlin.
1996 - Karl Schmidt-Rottluff - Tuschpinselzeichnungen, Brücke-Museum, Berlin.
1996 - galerie moderne Rupertinum, Salzbourg.
1999 - Karl Schmidt-Rottluff - Gemälde, Aquarelle, Zeichnungen, Brücke-Museum, Berlin.
2001 - Karl Schmidt-Rottluff - Aquarelle, Brücke-Museum, Berlin.
2001 - Karl Schmidt-Rottluff - Druckgraphik, Brücke-Museum, Berlin.
2002 - Karl Schmidt-Rottluff: Selections from the Robert Gore Rifkind Center for German Expressionist Studies, Musée d'art du comté de Los Angeles Californie.
2003 - Karl Schmidt-Rottluff, galerie Maulberger, Munich, Allemagne.
2004 - Karl Schmidt-Rottluff – Aquarelle, Brücke-Museum, Berlin.
2005 - Karl Schmidt-Rottluff - Explosion der Farbe, Brücke-Museum, Berlin.
2007 (1er juin - 26 août) - Expressive! The Artists of Die Brücke: The Collection of Hermann Gerlinger, Albertina, Vienne.
2008 (26 août - 26 octobre) - Impassioned Images: German Expressionist Prints, Centre d'art Frances Lehman Loeb.
2008 - Ekstase, Rhythmus, Stille - Pastelle von Karl Schmidt-Rottluff, Brücke-Museum, Berlin.
2008 (6 décembre au 1er mars 2009) - Expressionismus – Auftakt zur Moderne in der Natur, Kunsthalle Jesuitenkirche, Aschaffenburg6.
2010 (6 novembre - 23 janvier 2011) - Karl Schmidt-Rottluff: Landschaften und Stillleben, Musée de la Sarre, Sarrebruck.
2011 (23 janvier - 15 mai) - Karl Schmidt-Rottluff: Unbekannte Blätter aus einer Privatsammlung, aquarelles tardives, maison Ernst-Barlach, Hambourg.
2011 (11 février - 17 juillet) - Karl Schmidt-Rottluff. Ostseebilder, 35 peintures, 60 aquarelles et cent lithographies29 des rivages de la Baltique, de l'île danoise d'Alsen, de Nida, sur l'isthme de Courlande, de Hohwacht et Sierksdorf, en baie de Lübeck, de Jarosławiec et Rumbke, sur le Lebasee, en Poméranie, Brücke Museum, Berlin.
2011 - Aquarelle von Erich Heckel und Karl Schmidt-Rottluff, Brücke-Museum, Berlin.
2011 - Sommergäste. Von Arp bis Werefkin - Die Klassische Moderne in Mecklenburg und Pommern, Musée d'État, Schwerin, Allemagne.
2012 8 juillet - 7 octobre - Karl Schmidt-Rottluff - Die Holzstöcke, musée Buchheim, trente gravures sur bois du Brücke-Museum de Berlin25.
2012 18 - 21 octobre- Foire internationale d'art contemporain, Paris, 2 tableaux.

Distinctions

Plaque commémorative, au 14 Niedstraße, à Berlin-Friedenau.
Karl Schmidt-Rottluff reçoit, en 1930, le Prix Villa Massimo. En 1946, il est nommé citoyen d'honneur de la ville de Chemnitz. En 1952, il reçoit le Prix d'Art de la Ville de Berlin et, en 1955, le prix Cornelius de Düsseldorf. En 1956, il est décoré de la plus haute distinction allemande, l'ordre Pour le Mérite pour la science et l'art.

Il reçoit le grand prix d'art du land de Rhénanie du nord-Westphalie en 1958 et le prix d'art de la ville de Munich en 19613. En 1970, il est nommé citoyen d'honneur de Berlin. En 1974, le premier prix Lovis Corinth lui est attribué. La même année, il est membre honoraire de l'Académie américaine des arts et des lettres.

Deux rues portent son nom, l'avenue Schmidt-Rottluff qui est le sujet de la peinture Seehofallee in Sierksdorf, à Sierksdorf, et la Karl-Schmidt-Rottluff-Weg, à Berlin-Zehlendorf (entre la Berliner Straße et la Schützallee. À Chemnitz, une école secondaire porte son nom.

Å’uvres

Parmi les œuvres de Karl Schmidt-Rottluff, les paysages occupent une place prépondérante. Cependant, on trouve des portraits, notamment de l'historienne d'art Rosa Schapire, avec laquelle il se lie d'amitié, et de Lyonel Feininger, un représentant de l'expressionnisme. Karl Schmidt-Rottluff peint aussi des nus. C'est un graveur prolifique, avec 446 gravures sur bois, 121 lithographies, 70 gravures, 96 intailles et 78 estampes commerciales non numérotées recensées dans le catalogue raisonné, établi par Rosa Schapire. Pratiquement toutes ses gravures sont exécutées entre 1905 à 1927, date à laquelle il abandonne tout travail graphique. De 1906 à 1912, il réalise ses propres impressions, en tirages limités. Après cette période, il embauche des professionnels et fait des éditions de 25 à 30 exemplaires. On notera, en particulier, les gravures sur bois produites durant l'année 1914.

Peintures

1905 - Aepfel.
1905 - Nudo accovacciato.
1906 - Al mare costa scoscesa.
1906 - Gartenstraße.
1906 - Gärtenerei - huile sur carton, Brücke-Museum, Berlin.
1906 - The Little House.
1907 - Das Blaue Haus.
1907 - Jour de vent.
1907 - Paisaje de otoño en Oldenburg - musée Thyssen-Bornemisza, Madrid Espagne.
1908 - Mittag im Dangaster Moor - huile sur toile.
1909 - Paysage de Dangast - aquarelle.
1909 - Strandkörbe - Brücke Museum, Berlin.
1909 - Strand mit Körben.
1909 - Vareberhafen - Musée d'art d'Oklahoma City, Oklahoma City, Oklahoma.
1910 - Allée.
1910 - Autoportrait au monocle.
1910 - Barrage.
1910 - Deichdurchbruch - Brücke-Museum, Berlin.
1910 - Dorfweg - huile.
1910 - Einfahrt.
1910 - Gutshof in Dangast - huile.
1910 - Haus unter Bäumen.
1910 - Paysage de Dangast.
1910 - Roter Turm im Park - Musée Städel, Francfort, Allemagne.
1911 - À la gare - Galerie autrichienne, Vienne.
1911 - Atelierpause.
1911 - Bildnis Rosa Schapire - Brücke-Museum, Berlin40.
1911 - Dangaster Allee - huile sur toile
1911 - La lectrice.
1911 - Landschaft.
1911 - Landschaft mit Feldern.
1911 - Lofthus - musée de Hambourg.
1911 - Portrait Dr Paul Rauert - collection privée.
1911 - Norwegische Landschaft Skrygedal- musée Buchheim.
1911 - Roter Giebel.
1911 - Vorfruehling.
1912 - Après le bain5.
1912 - Donna pensierosa.
1912 - Fille à la Toilette.
1912 - Häuser bei Nacht - Musée d'art moderne, New York.
1912 - Petriturm in Hamburg - collection privée.
1912 - Pharisäer - Musée d'art moderne, New York.
1912 - Rising Moon - Musée d'art de Saint Louis, Saint Louis, Missouri.
1912 - Still Life with Yellow Tulips - Albertina, Vienne, Autriche.
1912 - Trois Nus.
1912 - Villa mit Turm - Kunsthalle Mannheim, Mannheim.
1912 - Zwei Badende - huile sur toile.
1912 - Zwei Frauen - huile sur toile, Galerie Tate, Londres
1913 - Akte in den Dünen, Brücke-Museum, Berlin.
1913 - Baigneurs - Musée d'art du comté de Los Angeles.
1913 - Boats at the beach - huile sur toile.
1913 - Fischerboote - Musée d'État d'art Ball, Indiana35.
1913 - Quatre Baigneuses sur la plage.
1913 - Quatre nageurs sur la plage.
1913 - Rote Düne - huile sur toile collection Hermann Gerlinger.
1913 - Soleil dans les pins - musée Thyssen-Bornemisza, Madrid Espagne.
1913 - Stilleben mit Gefäßen.
1913 - Village on the Sea - Musée d'art de Saint Louis, Saint Louis, Missouri.
1914 - Freundinnen - toile.
1914 - Mädchenkopf - Galerie d'art de Nouvelle Galles du sud, Sydney, Australie.
1914 - Zwei Frauen - Musée Von der Heydt, Wuppertal.
1915 - Frau mit Tasche - galerie Tate, Londres.
1918 - La silla.
1919 - Bildnis Rosa Schapire - galerie Tate, Londres.
1919 - Christus.
1919 - Drei Frauen am Meer - musée Buchheim.
1919 - Muchacha peinándose.
1919 - Nuit sur la mer.
1919 - Portrait d'Emy.
1919 - Selbstbildnis mit Cigarre - musée de Wiesbaden.
1919 - Wasserträgerin - huile.
1920 - Aufgehender Mond.
1920 - Barbe-verte.
1920 - Conversations de la mort5.
1920 - Luna azul.
1920 - Mädchen - Collections d'art, Chemnitz.
1920 - 1922 - Mond und Meer.
1921 - Heuernte.
1921 - Wäscherinnen - huile.
1922 - Leuchtturm mit Mondsichel - aquarelle.
1922 - Patroklusturm.
1923 - Blumenstilleben.
1923 - Mujer en azul.
1923 - Promenade - Brücke-Museum, Berlin.
1924 - Lune sur le village - aquarelle, Düsseldorf.
1925 - Abend am Meer.
1925 - Double Portrait of S.and L. I - toile, 65,5 cm5.
1925 - Double Portrait II.
1925 - Schwertlilien.
1925 - Waldlandschaft.
1926 - Herbst am Vietzker See - aquarelle et encre sur papier.
1926 - Nach dem Bade - Brücke-Museum, Berlin.
1927 - 1929 - Gebirgslandschaft.
1929 - Zomerochtend.
1930 - Nächtlicher Mittelmeerhafen, Musée de Wiesbaden.
1930 - Villa Hadriana.
1931 - Pommersche Moorlandschaft - Musée de la Sarre, Sarrebruck.
1934 - Angler auf der Brücke - Brücke-Museum, Berlin.
1934 - Seerosen.
1935 - Abend im Zimmer - musée de Wiesbaden.
1936 - Reflejo de nubes - musée Thyssen-Bornemisza, Madrid Espagne.
1937 - Blumenstilleben.
1937 - Dünental mit totem Baum.
1937 - Fischerbucht.
1944 - Selbstbildnis.
1947 - Wanderdüne am Haff Brücke-Museum, Berlin.
1948 - Bodegón.
1949 - Stilleben mit Holzplastik.
1950 - Gelbe Lupine - aquarelle et encre sur papier.
1950 - Lampionblumen im Glaskrug - aquarelle et encre sur papier.
1950 - Mujer leyendo - Brücke-Museum, Berlin.
1950 - Weg in Ascona.
1953 - Conchas de mar - musée Thyssen-Bornemisza, Madrid Espagne.
1954 - Afrikanisches.
1954 - Stilleben im Freien - aquarelle sur papier.
1955 - Anlegestelle am Strom - Brücke-Museum, Berlin.
1955 - Dünenkap - aquarelle.
1956 - Mond über der Küste - huile sur isorel, Brücke-Museum, Berlin5.
1956 - Seehofallee in Sierksdorf - huile sur masonite, Collections municipales d'art, Chemnitz50.
1956 - Stillleben mit Pflaumen.
1957 - Die Groβe Wolke - Brücke-Museum, Berlin.
1959 - Embarcadère sur la rivière - Musée d'État du Schleswig-Holstein, Schleswig.
1959 - Weiden an der Landstrasse.
1960 - Blumen.
1961 - Blumenstilleben
1961 - Lübecker Bucht - Brücke-Museum, Berlin48.
1962 - Stillleben mit Bananen - aquarelle et encre.
1963 - Mond Im August46.
1964 - Die Sierksdorfer Bucht - huile sur craie, Musée maritime international, Hambourg52.
1968 - Mit dem Hirschgeweih - aquarelle et encre sur papier, 50 × 69 cm49.
1969 - Jardin d'Hiver.
Apfelbäume.
Ascona.
Bateaux à flot.
Bateaux de pêche.
Blooming Trees.
Campesina regresando de la taberna.
Corner of a Park.
Couleurs hivernales8.
Deux paysans8.
Devozione alla stelle.
Die Neuen Hauser.
Fünf Tulpen - aquarelle et encre sur papier.
Garden in Winter - aquarelle.
Handwerker.
Heckel seated.
Kakteen - 39 cm.
Köpfe I - Musée d'art de Milwaukee, Milwaukee, Wisconsin.
Landscape with Lighthouse.
Landschaft im Herbst.
Landschaft mit Sitzender Figur.
Liegender weiblicher Akt.
Lofthus Landscape.
Lune dans une chambre.
Madchen aus Kowno.
Mädchen vor dem Spiege.
Maedchenakt.
Marschlandschaft mit rotem Windrad.
Mujer aseándose.
Nature morte.
Norwegische Küstenlandschaft.
Ohne Titel - Collection Frieder Burda.
Oostseebucht.
Parco.
Parkweg - Musée d'art Allen, Oberlin College, Ohio.
Passant sur la plage.
Prato im Maggiatal - huile sur toile.
Printemps.
Regenbogen über Dorfhäusern.
Roemisches Stilleben.
Self-Portrait.
Sonnenblumen auf grauem Grund.
Taunusfrühling.
The White Cloud.
Tulpen am Fenster.
Two Girls in a Garden.
Untitled three figures in a sailboat - Musée d'art Block à l'université du nord-ouest, Illinois.
Waldwege im Spessart.
Wanderdüne.
Warmer Fruehling - im Taunusgebirge.
Wasserlilien.
Weisses Haus.

Sculpture

1917 - Principal - sculpture sur bois.

Gravures

Karl Schmidt-Rottluff a non seulement laissé une œuvre picturale importante, mais il est aussi l'un des graveurs les plus importants de l'expressionnisme.

Magdalena M. Moeller
1905 - Bäume im Winter - gravure sur bois, Brücke-Museum, Berlin.
1905 - Femme au chapeau - gravure sur bois.
1906 - Liegender Akt - gravure sur bois, Brücke-Museum, Berlin.
1906 - Selbstporträt.
1907 - Dresden - Elbhafen - lithographie.
1909 - Paar.
1910 - Deux Femmes - gravure sur bois, musée de Kiel.
1911 - Abendunterhaltung - gravure sur bois, Brücke-Museum, Berlin.
1911 - Haus hinter Bäumen - gravure sur bois, Brücke-Museum, Berlin.
1911 - Heads I19.
1911 - Norwegische Landschaft - gravure sur bois, Brücke-Museum, Berlin.
1913 - Autoretrato - xylogravure.
1913 - Haus mit Pappeln.
1913 - In the Studio.
1913 - Nehrungslandschaft - gravure sur bois, Brücke-Museum, Berlin.
1913 - 1924 - Die Bucht - gravure sur bois coloriée, Brücke-Museum, Berlin.
1914 - Femme au collier - gravure sur bois, Galerie d'État, Stuttgart.
1914 - Jünglingskopf.
1914 - Kniende.
1914 - Le soleil - gravure sur bois.
1914 - Melancolía - gravure sur bois.
1914 - Selbstbildnis - gravure sur bois.
1914 - Table des Illustrations pour Zehn Holzschnitte, 1914 - ventes aux enchères Artcurial | Briest - Poulain - F. Tajan, à Paris, 22 juin 1999, no 4260.
1915 - Katzen - publiée en 1919, Musée d'art moderne, New York.
1915 - Kopf - Schapire no 174, Davis-Riffkind no 2552, gravure sur bois, impression sur papier vélin, publiée dans Die Aktion, en 1915.
1915 - Kopf - Schapire no 189, Davis-Riffkind no 2550, gravure sur bois, impression sur papier vélin, publiée dans Genius, en 1919.
1915 - Weiblicher Kopf.
1915 - Zwei Akt - Schapire no 173 - gravure sur bois, impression sur papier vélin, publiée dans Die Aktion, en 1916, 250 × 187 mm, valeur : 2 520 €61,63.
1915 - Fraukopf - Schapire no 191, Davis-Riffkind no 2551, gravure sur bois, tirage à 600 exemplaires, sur papier vélin, publiée dans Deutsche Graphiker der Gegenwart.
1916 - Frauenkopf - gravure sur bois.
1916 - Kopf eines Mannes - Van Gelder Zonenvélin.
1916 - Landschaft mit Sonne.
1917 - Dünen und Mole - gravure sur bois coloriée.
1917 - Kuhweide.
1917 - Madchen mit Zopfen - Schapire no W200, Davis-Riffkind no 2554, gravure sur bois, tirage à 110 exemplaires, sur papier vélin, publiée dans Das Kunstblatt, en 1918, 216 × 150 mm, valeur : 3 690 €.
1917 - Mann und Frau in Mondschein - Schapire no 198, gravure sur bois, impression sur papier vélin, publiée dans Die Aktion, en 1917, 275 × 112 mm, valeur.
1917 - Menschenpaar - Schapire no 199, gravure sur bois, tirage à 110 exemplaires, sur papier vélin
1918 - Christ - gravure sur bois.
1918 - Christ and Judas - Musée d'art Palmer, Université d'État de Pennsylvanie.
1918 - Christ et la femme adultère - gravure sur bois.
1918 - Emmaus - gravure sur bois.
1918 - Gang nach Emmaus - gravure sur bois.
1918 - Gekreuzigter - vente aux enchères Nagel, Stuttgart, 27 juin 2012, no 1013, vendu 3 000.
1918 - 9 Holzschnitte Titelblatt zur Holzschnittmappe- Reed no 123, Davis-Riffkind no 2562, gravure sur bois, tirage à 75 exemplaires
1918 - Kiss of Love - gravure sur bois.
1918 - Kopf - Schapire no 208, Wietek no 121, gravure sur bois, tirage à 75 exemplaires, signés et numérotés, sur papier à marges larges
1918 - Kopf - Schapire no 224, Davis-Riffkind no 2563:6, gravure sur bois, tirage à cent exemplaires, sur papier à la cuve, publiée dans Die Aktion, 127 × 88 m.
1918 - Maria - gravure sur bois8.
1918 - Petri Fischzug - gravure sur bois, tirage à 75 exemplaires, imprimée par Karl Schmidt-Rottluff et W. Drugulin (Leipzig), publiée par Kurt Wolff Verlag (Munich), 53,3 × 70,5 cm, Musée d'art moderne.
1919 - Kleine Prophetin - Schapire no W253, Davis-Riffkind
1919 - Moses.
1919 - Selbstbildnis.
1920 - Ostseeküste.
1921 - Lesender Mann - Schapire no W274, Davis-Riffkind no 2571, gravure sur bois, publiée dans Genius, en 1921, 181 × 132 mm, valeur : 2 530 €.
1922 - Die Lebensgeschichte - xylogravure sur papier fait main.
1922 - 1926 - Ville dans la montagne.
1923 - Anlandende Fischer - estimation : 3 800 à 4 800 €, vente aux enchères Ahrenshoop, Ostseebad-ahrenshoop, 4 août 2012.
1923 - Der Angler - Wietek no 150, Rathenau no 4, gravure sur bois, tirage à 3 000 exemplaires, par la galerie Nierendor
1923 - Holzschnitte - Schapire no S.13, Davis-Riffkind no 2576, Rathenau no 71, gravure sur bois, tirage à 400 exemplaires, dont 330 pour l'édition normale.
1923 - Karl Schmidt-rottluff's Graphisches Werk Bis 1923 - vente aux enchères Bonhams, Londres, 11 juillet 2012, no 5060.
1924 - Drei Männer im Gespräch, im Hintergrund Holzfäller - gravure sur bois51.
1924 - Paysan martelant sa faux - eau-forte.
Alte mit Spaten.
Bei den Netzen - Musée d'art moderne, New York.
Bildnis Valentiner 119.
Boote auf See - Musée d'art moderne, New York.
Christus unter den Frauen - valeur : 2 500 €1.
Drei am Tisch.
Dune and Pier - gravure sur bois.
Gespräch vom Tod - valeur : 1 400 €1.
Girl and cat.
Häuser und Mond - gravure sur bois.
Heads - Milwaukee.
Lago Maggiore - valeur : 1 800 €1.
Mädchen.
Mutter - gravure sur bois, Musée d'art moderne, New York.
Nordische Landschaft - valeur : 3 000 €1.
Portrait of Otto Mueller.
Russian Landscape with Sun - Musée d'art moderne, New York.
Saint Francis - Musée d'art moderne, New York.
Selbstbildnis I.
Straße durch Gebirgstal mit Ochsenwagen - valeur : 3 000 €1.
The Three Magi - Musée d'art moderne, New York.
Valentin I - gravure sur bois8.
Zwei Männer am Tisch - Musée d'art moderne, New York.

Dessins


1908 - Altdresdner Häuser.
1910 - 1915 Stehender Weiblicher Akt.
Blumenstilleben - encre et pastel sur papier vergé.
Blumenstilleben - encre et pastel sur papier veré
Landschaft Mit Weg - vente aux enchères Hampel, Munich, 20 septembre 2012.
Liegender Akt.
Pavillons im Großen Garten Dresden - valeur : 4 000 €.
Still Life With Bottle And Flowers - vente aux enchères galerie Koller, 22 juin 2012, .
Summer Chrysanthemums - Musée d'art Allen, Oberlin College, Ohio.
Vase mit Blütenzweig - valeur : 6 000 €.
Weg ins Dorf - encre et pastel sur papier vergé.

Tapisserie

1910 - 1911 - Wall-hanging - tapisserie murale, coton brun rehaussé d'applications en vert, noir, beige, bleu et blanc différents tissus, support en coton rouge, 198 × 142 cm, créée pour Wilhelm Niemeyer, l'un des organisateurs des Expositions du Sonderbund, vente aux enchères De Vuyst, à Lokeren, 12 mai 2012, no 19360.

Arts décoratifs

Pendentif en acajou.
Bourse Karl Schmidt-Rottluff

La bourse Karl Schmidt-Rottluff est créée par le peintre en 1975. Elle est financée par la Fondation Karl Schmidt-Rottluff, à qui l'artiste a fait don de sa fortune personnelle :
Avec la conviction que le succès de mon travail de création soit conservé et incorporé dans le flux de la création artistique.

Tous les deux ans, un jury d'artistes attribue jusqu'à cinq bourses d'étude de 37 000 €, pour une durée d'un an, renouvelable une fois, à des artistes des arts visuels (peintres, sculpteurs, dessinateurs, artistes de performance.

Philatélie

Gutshof in Dangast.
Sonnenblumen auf grauem Grund.
Le tableau Sonnenblumen auf grauem Grund Tournesols sur fond gris, de Karl Schmidt-Rottluff, est représenté sur un timbre commémoratif de 60 pfennigs, émis en 1984 par la poste fédérale à Berlin-ouest. En 1995, la poste fédérale émet un timbre commémoratif de 300 pfennigs, représentant le tableau Gutshof in Dangast Michel, no 1776.

Liens

http://youtu.be/VnQFyxG79F0 Diaporama musique
http://youtu.be/-hBrVXGwWX0 Diaporama musique
http://youtu.be/kxWNlROJzuM Diaporama musique
http://youtu.be/49IslwLRfUM Museum
http://youtu.be/n3LE2RMsek4 Diaporama
http://youtu.be/vvRb_WeiBig Aquarelles et pastels
http://youtu.be/qtkaZRRkEwI Die Brücke


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#335 Fernand Léger
Loriane Posté le : 16/08/2014 18:39
Le 17 août 1955, à 74 ans, à Gif sur Yvette dans l'essone meurt

Fernand Léger,


peintre français, aussi créateur de cartons de tapisseries et de vitraux, décorateur, céramiste, sculpteur, dessinateur, illustrateur, né le 4 février 1881, à Argentan dans l'Orne. Il a été l’un des premiers à exposer publiquement des travaux d’orientation cubiste, même si on a parfois qualifié son style de tubiste. Ses Œuvres les plus réputées sont, Le Réveil-matin, Ballet mécanique, Composition aux trois figures, Les Constructeurs, état définitif, La partie de cartes.

Ses origines normandes, son physique de brute au physique désavantageux qu’il attribue à un père éleveur et son franc-parler ont souvent fait passer Fernand Léger pour le paysan de l’avant-garde. À dix-neuf ans, il découvre le Paris de 1900. Léger n’y accomplira jamais la formation d’architecte qu’il est venu y poursuivre. Lentement, s’imprégnant patiemment du mouvement dynamique de la ville, il troquera son tire-ligne pour les pinceaux : l’assurance d’un métier stable contre la promesse d’une liberté périlleuse.
Dès 1903, Léger partage un atelier avec le peintre André Mare. Après son échec aux Beaux-Arts, il s’exerce dans diverses académies. Daniel-Henry Kahnweiler, qui deviendra son marchand, se souvient ainsi de Léger allant dessiner le nu presque tous les soirs à l’académie de la Grande Chaumière. Il reste difficile de savoir à quoi ressemblaient ces dessins.

Léger dit effectivement avoir détruit entre 1902 et 1908 une grande partie de ses travaux au fur et à mesure de leur production. Peut-être contenaient-ils encore quelques traces du sentimentalisme du Jardin de ma mère, peint en 1905, ou de ces Gamins au soleil 1907 que Guillaume Apollinaire qualifia de baignades du soir postimpressionnistes. Sans interprétation abusive, on peut assimiler la destruction de ces dessins à un acte proprement artistique : en s’attaquant à ses tentatives désuètes, Léger brutalisait déjà la tradition.

La place de Fernand Léger dans son siècle s'est définie avec plus de lenteur que pour certains de ses grands contemporains. Lenteur sans doute à l'image du personnage et de sa légendaire silhouette de paysan normand, à l'image aussi de l'artiste au cheminement régulier et obstiné, qui construit son œuvre avec la certitude de l'objectif visé et la confiance en ses capacités à l'atteindre. Rien n'est moins laborieux, cependant, que cette façon de faire ; il y a même une certaine forme de brio chez Léger, qui a développé à chaque période un art magnifique de la variation et de la modification à partir des grands thèmes dont quelques œuvres monumentales font la synthèse, offrant aujourd'hui d'indispensables clés de lecture de l'art du XXe siècle. Fernand Léger a sans tarder déclaré l'ambition qui allait diriger l'ensemble de sa carrière d'artiste : créer l'art de son époque, créer en accord avec ce qu'elle peut offrir de plus neuf et de plus moderne. Il ne s'agissait pourtant ni d'apologie ni d'assentiment pur et simple, puisqu'il a également su dire l'irrémédiable violence du monde moderne, éprouvée dans les tranchées de la Grande Guerre, puis constatée dans l'âpreté des luttes économiques. En outre, Léger a développé très tôt la conscience d'être un classique, d'être le peintre d'un art fait pour durer, recherchant des points d'ancrage dans la plus grande tradition de la peinture. Son art présente alors ce point d'équilibre entre le nouveau visage de l'époque – la mode, qui est, depuis Baudelaire, la moitié de l'art – et les lois éternelles et sublimes du beau, qui en constituent l'autre moitié et qui permettent à l'artiste de franchir son temps et de s'inscrire dans la durée. Enfin, les textes sur l'art et la correspondance privée de Fernand Léger – celle-ci progressivement révélée depuis la fin des années 1980, ceux-là connus depuis plus longtemps – montrent un observateur pointu, un analyste attentif à un très grand éventail de faits et d'événements, exprimant sa pensée, à la fois déliée et toujours en prise sur la réalité contemporaine, avec d'indéniables qualités littéraires et un sens frappant de la formule. Dans tous les domaines, l'activité de Léger constitue l'un des plus prodigieux coups de sonde dans le XXe siècle.

La bataille du cubisme

Fernand Léger est né le 4 février 1881 à Argentan, d'un éleveur de bœufs, décédé trois ans plus tard, et a grandi auprès d'une mère pieuse et effacée. Il s'est formé pendant deux années dans un bureau d'architecture à Caen, avant de gagner Paris en 1900, où il fréquenta comme élève libre les ateliers de deux peintres officiels, Jean Léon Gérome et Gabriel Ferrier. En même temps qu'il peint, il assure le quotidien en dessinant pour un architecte et en accomplissant des travaux de retouche photographique. Il fait entre 1907 et 1908 plusieurs séjours en Corse, pour raison de santé, d'où il rapporte des paysages lumineux et hauts en pâte qu'il expose au Salon d'automne. Jusque-là, sa peinture se situe dans le prolongement d'un impressionnisme sans audace ; mais l'époque des impressionnistes avait été naturellement mélodieuse, alors que la mienne ne l'était plus », dira-t-il pour expliquer la violente réaction qui suit immédiatement cette prise de conscience : il détruit la plus grande partie de son œuvre de jeunesse en justifiant déjà sa première percée significative dans le monde des formes par la recherche de la plus grande proximité possible avec l'esprit de son temps.
Comme beaucoup d'artistes de sa génération, il connaît alors les effets de la redécouverte de Cézanne, complétés par l'exemple des tableaux de Braque et de Picasso, exposés à la galerie Kanhweiler. Léger participe dès lors pleinement à cette phase de refondation des bases de la peinture que les contemporains nomment bientôt « cubisme. Il se signale toutefois par un attachement plus durable que celui de ses confrères montmartrois à l'intégrité de la forme, appliquant presque scolairement la leçon de Cézanne Traitez la nature par le cylindre, la sphère, le cône, le tout mis en perspective... en construisant au moyen de volumes géométriques l'une des pièces maîtresses du Salon des indépendants de 1911, Nus dans un paysage, dont le titre est bientôt transformé en Nus dans la forêt. La singularité du peintre en ce domaine se complète d'un sentiment dynamique étranger à l'esprit des inventeurs du cubisme, encore renforcé dans La Noce 1910-1911 ou dans La Femme en bleu 1912, au sujet pourtant statique. Ces œuvres, par ailleurs, après la grisaille des Nus dans la forêt, réintroduisent fortement la couleur, en surfaces alternativement plates ou modulées sur les membres cylindriques des personnages figurés. Des surfaces vides ou nuageuses amortissent leur effet d'intrusion, dans la recherche d'un équilibre dynamique qui trouve sa résolution dans ce que le peintre nomme la théorie des contrastes : J'oppose des courbes à des droites, des surfaces plates à des formes modelées, des tons locaux purs à des gris nuancés, expliquera-t-il en 1923 quand cette théorie se sera définitivement affirmée comme le continuo fondamental de l'œuvre, qu'aucune évolution ultérieure ne remettra en cause. À partir de 1913, Léger se consacre à l'exploration systématique des possibilités de son nouveau langage, à travers la vaste série des Contrastes de formes. Pour plus de force visuelle, il se limite à l'utilisation d'un trait noir épais cernant des volumes encore simplifiés et grossis, portant des zébrures de couleurs pures, parfois réduites aux trois primaires rouge, jaune, bleu. Dans le souci de se concentrer sur l'emploi exclusif de ces quantités plastiques, il abandonne à plusieurs reprises tout souvenir d'un sujet réel et crée certains des premiers tableaux abstraits de l'histoire de la peinture. Leur traitement rugueux veut prévenir tout effet de séduction : la couleur est sèche et granuleuse, elle ne recouvre pas entièrement la toile non préparée, et c'est un dessin à grands traits sommaires qui la contient. Le contraste devient ainsi le meilleur antidote de la mélodie de la Belle Époque impressionniste, et du « bon goût qu'elle avait généré.
Une nouvelle fois, Léger se flatte de pouvoir trouver la justification de son style dans l'époque elle-même : dans les deux longs textes qu'il consacre avant la guerre à la situation de la peinture moderne, l'artiste multiplie les formules d'allégeance à la vie moderne qui a donné naissance à un environnement polysensoriel plus violent, dynamisé par l'intrusion des machines et de la publicité colorée, où la variété des sensations simultanément ressenties par l'observateur condense et fractionne à la fois sa perception du monde. D'ailleurs, confirme-t-il quelques années plus tard, je reconnais que la vie moderne est souvent en état de contrastes et facilite le travail. Avec les Contrastes de formes, Léger confirme les tendances dynamiques de son cubisme, qui suggère de nombreux rapprochements avec le futurisme, fortement implanté à Paris. Même si sa thématique, traditionnelle, n'enrichit pas encore l'iconographie moderniste, ses formes renvoient franchement à un univers de métal, et la plus innocente nature morte ou le nu le plus banal se transforment en machines, filles du monde industriel moderne.
Mais surtout, Léger partage avec les futuristes le sentiment que l'exercice de la peinture ne peut plus se conduire sans avoir à l'esprit la violence terrible, et d'un genre encore jamais vu, que le monde moderne contient à l'état potentiel – ce à quoi la guerre qui éclate va bientôt se charger d'apporter la plus sanglante confirmation.
Mobilisé jusqu'à la fin de l'année 1917, dans les sapeurs puis comme brancardier, Léger connaît les tranchées de l'Argonne, puis celles de Verdun. Ne pouvant plus peindre, il dessine sur des feuilles volantes et des cartes-lettres. Ses motifs tournent autour de la vie des soldats, des cuisines roulantes, des parties de cartes, de l'environnement bouleversé par les destructions.
En 1916, lors d'une permission, il peint Le Soldat à la pipe, automate grisâtre éclairé par l'inquiétante lueur que fait une tâche rouge à son visage. Attendant sa réforme à la suite d'une crise de rhumatismes, il peint l'année suivante sa magistrale Partie de cartes, où il tire tout le profit de la leçon des Contrastes de formes d'avant guerre pour désarticuler les trois figures de soldats qu'il dispose autour d'une table ravinée comme un champ de bataille et par-dessus laquelle se tendent des membres mécaniques, nus et froids comme des obusiers. L'évidente continuité de ces joueurs de cartes avec les Contrastes de formes ne peut pas étonner : ils parlent de la même chose, c'est-à-dire de la brutalité du monde moderne que la guerre n'a fait que pousser à son paroxysme et que la cessation des hostilités ne fera pas disparaître.
Après quatre années de ce paroxysme, constate Léger, l'homme moderne se retrouve sur un plan social qui n'est pas la paix, il se retrouve sur un autre plateau où la guerre économique ne lui laisse pas de répit, c'est un autre état de guerre aussi impitoyable que le premier. C'est la guerre des machines, l'universelle guerre moderne qui se poursuit sous d'autres formes.

La peinture concurrencée

Ainsi, celui que l'on présente parfois comme l'apologiste naïvement enthousiaste de la modernité se montre en fait terriblement lucide sur sa violence intrinsèque. Pour l'artiste, cette violence prend la forme de la concurrence que lui livrent les machines, belles en elles-mêmes et pourvoyeuses d'une beauté d'un nouveau genre, qui met désormais l'artiste au défi de faire aussi bien ou mieux, sous peine de disparition : Deux producteurs sont donc en présence, vont-ils se détruire ?
Il y va donc ni plus ni moins de la survie de la peinture qu'elle tienne compte à travers ses propres opérations des valeurs nouvelles que la machine et ses produits imposent : l'exactitude et la précision, le fini et le poli, la raison géométrique sous-jacente. La peinture surmontera le risque d'obsolescence qui la guette à la seule condition que l'on puisse l'évaluer selon les mêmes critères que les produits de l'industrie. Dans ce contexte, les tableaux que Léger peint sur le monde du travail et ses acteurs Le Mécanicien, 1918-1920 ; Le Typographe, 1919 ; Dans l'usine, 1918 représentent sans doute plus qu'une simple adhésion au sujet moderne : l'usine, la fabrique, l'ouvrier sont aussi des allégories modernes et antisentimentales de l'atelier, du peintre et de son activité.

Si la guerre dont sort l'Europe avait été une guerre de positions, grise et incolore, qui privait l'artiste de motifs à peindre, les nouvelles luttes économiques et le cadre où elles se déroulent réclament, au contraire, la vitesse, le grand jour, la lumière électrique et les couleurs. Industriels et commerçants s'affrontent en brandissant la couleur comme arme publicitaire. Une débauche sans précédent, un désordre coloré fait éclater les murs. Aucun frein, aucune loi ne viennent tempérer cette atmosphère surchauffée qui brise la rétine, aveugle et rend fou », écrit Léger. Les Disques 1918, La Ville 1919 transposent cet éblouissement en demi-cercles colorés, reliés à des membres de métal, en aplats découpés en contours dynamiques et brutalement juxtaposés.
Mais le créateur de certains des plus forts emblèmes de la modernité est aussi habité par l'ambition de créer, à l'instar d'un Cézanne, un art solide et durable comme celui des musées. L'esprit moderne et ses valeurs, en effet, n'entraient pas forcément en contradiction avec l'aspiration à un nouveau classicisme. Dans Le Grand Déjeuner 1921 par exemple, Léger reconstruit la figure humaine d'une manière qui doit encore tout à un modèle machiniste : ses figures, stéréotypées comme des pièces d'assemblage, revêtues d'un modelé gris métallique, encastrées dans une grille orthogonale, disent bien l'anonymat de la civilisation moderne et sa dureté sans concession ; mais leurs qualités architectoniques, leur frontalité et leur monumentalité, l'impassibilité de leurs traits désignent aussi les qualités éternelles d'un art classique dans son essence. De cette toile, Léger dira qu'elle est une des victoires de sa bataille pour le classique, et le peintre revendiquera toujours ce fonds de classicisme dans sa démarche, en insistant notamment sur le caractère réfléchi et contrôlé de son art, placé sous le primat du dessin. Si la machine est bien ce condensé d'ordre, d'intelligence et de calcul qu'exaltent au même moment Ozenfant et Le Corbusier dans L'Esprit nouveau, ce modèle de précision et de beauté où rien n'est laissé à la fantaisie, alors l'âge de la machine contient indéniablement les vertus et les ferments d'un nouvel âge classique.
Alors même qu'il est en train de refonder les bases d'une tradition picturale ambitieuse, qui lui fait renouer les fils de la tradition en les mêlant aux signes de la modernité, Léger doute un moment de la peinture et se dit même tenté de l'abandonner. D'autres images lui font une concurrence impitoyable, notamment celles du cinéma. L'artiste expérimente leur pouvoir en réalisant, au cours de l'année 1924, un film sans scénario, Ballet mécanique, fondé sur le seul montage rythmé d'images contrastées, où se succèdent gros plans, détails et fragments presque abstraits, réunis pour servir un objectif exclusivement plastique et visuel, en dehors de toute logique narrative. Pratiquement absent ou réduit au rôle d'une mécanique répétitive, l'acteur est remplacé par un ballet d'objets mobiles et de membres de machines qui exécutent une chorégraphie saccadée et répétitive.

Le monde des objets

Si Léger ne pousse pas l'expérience plus loin que cette œuvre, qui reste comme un des jalons essentiels du cinéma d'avant-garde, elle accompagne sa redécouverte durable de la force des objets et de leur autonomie par rapport à la figure. En les peignant, Léger déborde cependant le modèle ancestral de la nature morte et s'inspire des nouveaux modes de visibilité de l'objet, tels que les proposent à l'époque moderne la réclame, les vitrines et les étalages de la société de consommation naissante. Le Siphon 1924 reprend un motif publicitaire pour l'apéritif Campari ; Composition aux quatre chapeaux 1927, avec sa panoplie d'objets étalés en rang, réagit sans doute au nouveau visage de la rue, transformée par le spectacle permanent de ce que Léger n'hésite pas à appeler l'art des devantures, qui inspire au peintre un nouvel ordre de représentation. L'art de l'étalage actuel, dit Léger, est un art très important. ... Tout cet art décoratif actuel c'est le nouvel art populaire moderne.
En se fondant sur son analyse de l'image cinématographique, l'artiste pratique le montage de fragments et de détails exagérément amplifiés, entraînant ruptures d'échelle et pertes du lien logique entre les objets. Ce processus est à son comble en 1930, quand Léger peint La Joconde aux clés, où l'image de la Joconde, copiée à partir d'une vulgaire carte postale, est éclipsée par un immense trousseau de clés. Le contraste d'échelle entre ces deux icônes, celle d'un passé suranné et celle de l'omnipotent présent, anticipe le nivellement de la hiérarchie des images que l'art d'après la Seconde Guerre mondiale, dans ses tendances pop, exploitera largement.
S’il partage le souci cubiste de créer un réalisme non figuratif, il se distingue des Montmartrois en imposant un cubisme non pas intellectuel mais visuel. Son souci n’est pas, en effet, de figurer la totalité de l’objet, mais de distinguer chaque objet en volume et en plan au sein d’un espace idéal.
Spectateur assidu du cirque Medrano, Fernand Léger peint les acrobates, les clowns, les jongleurs dont les corps « mécanisés » ont la même valeur que les objets et les décors.
En 1918, il illustre le livre de Blaise Cendrars La Fin du monde filmée par l'Ange N.D., conçu comme une suite de plans cinématographiques. Il renoue avec le groupe de la revue Montjoie fondée par Ricciotto Canudo. Il rencontre le cinéaste Jean Epstein, collabore au film d’Abel Gance La Roue et réalise les décors pour le film de Marcel L’Herbier L’Inhumaine.
Engagé par les Ballets suédois, il crée successivement les costumes et les décors de Skating Rink 1922 et de La Création du monde 1923.

En 1924, avec l'aide de Dudley Murphy, il tourne le film Ballet mécanique où l'utilisation du gros plan et le recours aux multiples effets de fragmentation produisent une dynamique répétitive. La même année, Fernand Léger se rapproche des puristes et participe à la revue L'Esprit nouveau.
Il pratique, selon Louis Vauxcelles, le tubisme. Déboîtés, les volumes géométriques ne sont plus statiques et indissociables, mais autonomes, créant entre eux un antagonisme dynamique. L’intérêt qu’il voue au dynamisme, reflet du monde moderne , le conduit en 1911 à fréquenter l’atelier de Puteaux et à participer à la Section d’or. Il s’éloigne des thèmes intimistes et traditionnels de Braque et Picasso, et peint des sujets contemporains, Le Passage à niveau, 1912. Il entame une série de contrastes de formes, La Femme en bleu, 1912, dans laquelle il réintroduit vivement la couleur et expérimente brièvement l’abstraction. Apollinaire baptise alors l’art de Robert Delaunay et de Léger de « cubisme orphique, voir orphisme.
Pourtant, si Delaunay prône la suprématie de la couleur, Léger aspire à un équilibre entre les lignes, les formes et les couleurs, Léger.
Il adhère au Parti communiste français en 1945, dont il restera membre jusqu'à la fin de sa vie.

Mais au seuil des années 1930, l'observation de Léger s'applique soudain à d'autres objets que ceux, tant admirés, de la civilisation industrielle. Il examine maintenant, à travers le dessin, des objets usagés et déchus : une vieille paire de gants, un pantalon ou une veste défraîchis, une boucle de ceinturon, etc. ; il passe en revue, surtout, une théorie d'objets naturels : racines, vieilles souches, pierres et silex, feuilles de houx... Les formes organiques qu'il en tire affectent aussitôt sa représentation du corps humain, comme le montrent les formes souples et les beaux rythmes courbes des deux figures en lévitation de La Danse (1929) ou le nu de La Baigneuse de 1931. Un modèle naturel est en train de se substituer au modèle mécanique jusque-là dominant, révélant un glissement progressif de l'ancien système de référence du peintre. La concurrence avec la machine, de plus en plus oppressive, est un combat perdu d'avance ; l'artiste semble renoncer à s'insérer dans les batailles du monde moderne pour décliner les images idylliques de l'utopie sociale.

Une moderne Arcadie

Au cours des années 1930, le thème du sport, et de l'exercice physique en général, est le sujet de plusieurs œuvres de Léger, qui projette à travers elles la vision optimiste d'un âge de santé et de libération du corps. Dans Composition aux deux perroquets 1935-1939 comme dans Adam et Ève 1935-1939, les athlètes de Léger habitent un paradis terrestre. L'épanouissement de l'aspect le plus détaché et le plus aérien de son art se poursuit dans la série des Plongeurs 1941-1944, voluptueuse apothéose de corps en grappes, tournoyant dans des compositions centrifuges où les repères spatiaux traditionnels haut et bas, droite et gauche sont devenus réversibles. Peints au cours de son exil américain 1940-1946, ces corps en lévitation, défiant toute gravité, ne pourraient être plus éloignés du tragique contemporain. Particulièrement prolifique, la période américaine de Léger apparaît rétrospectivement comme une des époques les plus heureuses de sa création : il se lance dans une série de paysages qui mêlent avec un évident bonheur d'invention grosses racines et fleurs stylisées, fragments d'outils agricoles et nuages arrondis La Forêt, 1942 ; il met aussi au point le système de la couleur en dehors, inspiré de la publicité lumineuse des villes américaines, où des bandes colorées indépendantes du motif renforcent les pouvoirs expressifs et dynamiques des teintes vives Adieu New York, 1946.
En 1945, alors qu'il n'a pas encore accompli toutes les démarches nécessaires à son rapatriement, Léger transmet son adhésion au Parti communiste français. Il donne des gages de la sincérité de son engagement en participant à plusieurs initiatives des mouvements de gauche, comme au Congrès des intellectuels pour la paix qui se tient en Pologne, à Wrocław, en 1948. En 1950, il présente l'un de ses plus grands chefs-d'œuvre de l'après-guerre, Les Constructeurs, sur les cimaises de la Maison de la pensée française, soutenue par le parti communiste. En accompagnant son tableau d'un très grand nombre d'études et de travaux préparatoires, le peintre cherchait sans doute à suggérer que la création est elle aussi un labeur : Je monte mon boulot étude par étude, pièce par pièce, comme on monte un moteur ou une maison. C'est d'ailleurs à cette époque que l'on voit se renforcer dans la presse l'image de Léger en peintre-ouvrier. Suspendus à leur échafaudage contre un fond de ciel bleu parsemé de petits nuages, ses travailleurs ne constituent pourtant qu'une métaphore très idéalisée de la construction d'une société meilleure, sorte de Jérusalem céleste laïcisée, qui n'est visiblement pas encore de ce monde. Tout comme est parfaitement utopique l'Arcadie de travailleurs au repos que Léger met en scène dans sa suite magistrale sur les loisirs populaires, depuis l'Hommage à Louis David 1948-1949 jusqu'à La Partie de campagne 1954, en passant par Les Deux Cyclistes 1951 et Les Campeurs 1954, dont beaucoup de détails semblent appartenir aux souvenirs des congés payés de l'avant-guerre – si ce n'est aux parties de campagne des impressionnistes.
Ces derniers tableaux illustrent bien la nature de l'engagement du peintre, loin de toute héroïsation de la classe ouvrière comme de tout misérabilisme. Plus volontiers, il donne à l'utopie sociale le visage placide et joyeux d'une peinture qui ne craint pas de renouer avec la grande tradition bucolique.
A la fin de sa vie il meurt le 17 août 1955 à Gif-sur-Yvette, Léger avait rejoint cette pléiade de vieillards heureux, Matisse, Picasso, Bonnard, qui ont enchanté de leurs visions d'un impossible âge d'or la peinture d'après le désastre.

Voulu par Nadia Khodossiévitch, son ancienne assistante et son épouse depuis 1952, le musée Fernand-Léger est inauguré en 1960 à Biot Alpes-Maritimes. Il abrite une donation de près de trois cent cinquante œuvres de l'artiste, illustrant presque sans lacune l'ensemble de son art.

Musée national Fernand Léger

Quelques mois avant sa mort, en 1955, Fernand Léger acquiert le mas St André, situé au pied du village de Biot. Sur ce terrain horticole, Nadia Léger, sa veuve, et Georges Bauquier, son proche collaborateur, décident de créer un musée pour lui rendre hommage et favoriser la connaissance de son œuvre. Le projet de bâtiment est conçu par l’architecte Andreï Svetchine, le parc confié au paysagiste Henri Fisch. L’édifice intègre en façade une immense mosaïque, initialement prévue par Léger pour la décoration du stade de Hanovre, mais jamais réalisée. En 1969, les fondateurs font don à l’État français du bâtiment, du terrain et d’une collection riche de plus de trois cents œuvres. André Malraux, ministre d’État chargé des affaires culturelles, reçoit la donation au cours d’une manifestation officielle qui se termine par un gala organisé au palais des festivals de Cannes. Le musée Léger devient musée national et, selon les clauses de la donation, les fondateurs restent directeurs à vie.

Å’uvres

Le Village 1900
Compotier sur la table 1909
Le Passage à niveau 1912, Fondation Beyeler, Riehen, Suisse
Contrastes de formes 1913, collection privée
Le Réveil-matin, 1914 Musée national d'art moderne, Centre Pompidou, Paris
Paysage 1914, Musée d'Art moderne Lille Métropole, Villeneuve-d'Ascq, France
Soldats jouant aux cartes (1916), centre Georges Pompidou
Le Soldat 1917, Musée Kröller-Müller
La Partie de cartes 1917, Musée Kröller-Müller, Otterlo, Pays-Bas
Basilique universelle de la Paix et du Pardon 1948, illustrations de Fernand Léger
La Ville 1919, huile sur toile
Le Mécanicien 1920, Musée d'Art moderne Lille Métropole, Villeneuve-d'Ascq
Le Remorqueur 1920, huile sur toile
Trois femmes a la table rouge 1921, Collection privée de Madonna, vendue chez Sotheby au profit de Ray of Light Foundation www.rayoflightfound.org
Le Pont 1923
Femme au bouquet 1924, Musée d'Art moderne Lille Métropole, Villeneuve-d'Ascq
Charlot cubiste 1924, Musée Pierre-Noël de Saint-Dié-des-Vosges
Ballet mécanique 1924, œuvre cinématographique réalisée avec Dudley Murphy et la participation de Man Ray
La Lecture 1924
La Joconde aux clefs 930, Musée national Fernand Léger, Biot Alpes-Maritimes, France
Composition aux trois figures, 1932
Composition aux deux perroquets 1933
Les grands plongeurs noirs 1944
Adieu New-York 1946, huile sur toile, Centre Pompidou à Paris
Les Constructeurs, état définitif 1950 Musée national Fernand Léger, Biot Alpes-Maritimes, France

Grand tournesol La Fleur polychrome 1952, Musée des beaux-arts de Montréal
Liberté j'écris ton nom 1953, huile sur toile
Deux papillons jaunes sur une échelle inconnu, Musée national Fernand Léger

Expositions

Exposition Fernand Léger, Paris du 21 février au 30 avril 2009, à la galerie Malingue, 26 avenue Matignon, 75008 Paris

Liens

http://youtu.be/2QV9-l-rXOE Le ballet mécanique
http://youtu.be/_GBZ_QNwfdQ diaporama
http://youtu.be/czLezd7gfKs Musée de Biot

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#336 Francesco Albani dit L'Albane
Loriane Posté le : 16/08/2014 18:56
Le 17 août 1578 à Bologne, en Émilie-Romagne naît Francesco Albani,

peintre italien baroque du XVIIe siècle, qui fut surnommé le peintre des Grâces ou encore l'Anacréon de la peinture, il meurt, à 82 ans dans la même ville le 4 octobre 1660

Sa vie

Né à Bologne en 1578, d'un marchand de soieries et mort en 1660,Francesco Albani débuta dans sa ville natale avec le maniériste Denis Calvaert, puis alla à Rome où il fit la rencontre de Guido Reni et du Dominiquin avec qui il travaille à l’oratoire de San Colombano, Apparition du Christ ressuscité à la Vierge, Repentir de saint Pierre, au palais Fava ignudi et frise mythologique et à San Domenico Mystères du Rosaire puis pour se former à l'école des Carrache.
Son talent déclina dans la seconde moitié de sa vie.
Il a traité un aussi grand nombre de sujets mythologiques, allégoriques que de piété et a écrit sur son art.

Giovanni Maria Galli da Bibiena et Girolamo Bonini ont été ses élèves.

Comme le Dominiquin et Guido Reni, le peintre bolonais Francesco Albani travaille chez Denis Calvaert, un maniériste anversois fixé très tôt en Italie, avant d'entrer, vers 1595, dans l'atelier des Carrache.
Le plus célèbre de ceux-ci, Annibal, est déjà parti pour Rome à cette époque. C'est pourtant son influence, sans doute par l'intermédiaire des œuvres qu'il a laissées à Bologne, qui marque le plus, à leurs débuts, le jeune Albani et ses condisciples.
Assimilant son classicisme tempéré, sensible au chromatisme vénitien comme à la pureté formelle de Raphaël, l'Albane trouvera dans les larges compositions décoratives ouvertes, aérées, d'Annibal le point de départ de sa propre conception du paysage, où il révélera l'aspect le plus personnel, le plus poétique, de son talent. Il ne tardera pas, du reste, à rejoindre Annibal à Rome 1601, après avoir travaillé avec Guido Reni et le Dominiquin à l'oratoire de San Colombano Apparition du Christ ressuscité à la Vierge, Repentir de saint Pierre, au palais Fava ignudi et frise mythologique et à San Domenico Mystères du Rosaire.
Sa première œuvre romaine, l'Assomption peinte dans une lunette de la chapelle Aldobrandini au Corso, est exécutée sous la direction d'Annibal Carrache.
Elle offre pourtant un caractère déjà personnel par son classicisme adouci, et surtout par le beau paysage aux rythmes sereins où persiste l'intensité tonale des Vénitiens. Il peint ensuite, sur les dessins d'Annibal, les fresques de la chapelle Herrera, à Saint-Jacques des Espagnols, aujourd'hui transférées au musée du Prado à Madrid et au musée de Barcelone.
Après la mort de son maître en 1609, Francesco Albani regagne Bologne, décore la galerie du palais Giustiniani à Bassano di Sutri 1609-1610 avec des scènes de l'Histoire de Phaéton où affleure le souvenir de la galerie Farnèse, mais dans une ambiance de grâce idéalisée, élaborée à partir des compositions de Raphaël à la Farnésine.
À la loggia du palais Verospi, à Rome, l'influence de Raphaël est très marquée ; il reprend l'un de ses sujets dans l'Apollon et Daphné du Louvre.
De 1612 à 1614, il décore l'abside de Sainte-Marie-de-la-Paix figures de prophètes dans les écoinçons, Assomption sur la voûte, Dieu le Père dans la lunette au-dessus de l'autel.
Au cours des années suivantes, à Bologne, à Mantoue puis de nouveau à Rome, l'Albane peint pour le duc de Mantoue, Histoire de Vénus, musée du Louvre, pour Scipion Borghèse, Vénus et Adonis, Triomphe de Diane, pour Maurice de Savoie, les Quatre Éléments, pinacothèque de Turin, des scènes idylliques dans de vastes horizons clairs ou crépusculaires, qui lui valent une grande réputation et dont l'atmosphère annonce parfois Claude Lorrain.
Il quitte Rome en 1625 et, de retour à Bologne, il réalise des compositions religieuses pour les églises de la ville, Baptême du Christ à San Giorgio ; tableau d'autel et fresques à la Madona di Galliera, 1630 ; Noli me tangere, dans l'église des Servi, où affleure parfois un souffle baroque.
Il continue aussi à produire des scènes mythologiques, mais sans renouveler son inspiration ni sa veine poétique : on ne trouve plus, dans la production de cette période, cette oscillation entre l'idéalisation classique et la sensualité subtile qui donne leur accent original, leur délicatesse limpide, à ses œuvres antérieures.

Style

Il a peint dans un style gracieux des compositions mythologiques ou allégoriques privilégiant les formats ronds ou ovales.
Son style classique léger, caractérisé par la présence de nymphes et de putti, jeunes angelots nus, souriants dans des paysages idéaux, inspira jusqu'aux peintres du XVIIIe siècle.
Dès ses débuts, il montre une prédilection pour une peinture raffinée, idéalisante et chargée d'inflexions sentimentales, qui lui permit de créer un style classique plus accessible et plus simple que celui de ses modèles idéaux, Raphaël et Titien jeune, parce que plus proche de la réalité. Peintre inégal, il poursuivit cependant un but idéal et constant : l'expression de l'harmonie de la nature. Ses paysages, Rome, Gal. Colonna ; Offices, empreints d'une sensibilité toute vénitienne, comptent parmi les plus marquants du classicisme italien.

Å’uvres

Ses chefs-d'Å“uvre sont :

les Amours de Vénus et d'Adonis, gravés par Audran ;
la Toilette et le triomphe de Vénus ;
les Quatre Éléments ;
Europe sur le taureau.

Autres Å“uvres

Le Christ et la Samaritaine à la fontaine
Salmacis embrasse Hermaphrodite
La Nymphe Salmacijfit voit Hermaphrodite
Danse des cupidons
L'enlèvement d'Europe
La toilette de Vénus
Marie-Madeleine pénitente
Vénus à la forge de Vulcain
Actéon métamorphosé en cerf 1625-1630 Gemäldegalerie, Dresde
Vénus entouré de nymphes et de cupidons, Musée du Prado, Madrid
Annonciation, musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg
La Sainte Famille 1630-1635, Galerie Palatine, Palais Pitti, Florence
Baptême du Christ
Danse des amours, pinacothèque de Brera, Milan
Printemps, Été, Automne, Hiver, La Toilette de Vénus~1618, galerie Borghèse, Rome
Le Repos de Vénus et de Vulcain 1621-1633 musée du Louvre, Paris
Madeleine en prière v1620-1630, Musée Condé, Chantilly

Liens

http://youtu.be/VZ2AsvcX2D8 Diaporama+musique
http://youtu.be/y-eXuQrAB84 Diaporama + Malher
http://youtu.be/i5GKLLsUZqM Peintures
http://youtu.be/bBlJ42be2MI Mercure et Apollon
http://youtu.be/k18ng0r0Pag


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#337 Jean-Jacques Sempé
Loriane Posté le : 16/08/2014 19:18
Le 17 août 1932 à Bordeaux naît Jean-Jacques Sempé, dit Sempé,

dessinateur humoriste français. Il est commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres et il est notamment l'illustrateur des aventures du Petit Nicolas dont l'auteur est René Goscinny.

En bref

Observateur taquin des petits travers qui sont nos luxes quotidiens, Jean-Jacques Sempé, né en 1932 à Bordeaux a su imposer un style graphique à la fois dépouillé et très expressif. Le dessin d'humour au trait lui a certes apporté la célébrité, mais l'aquarelle semble caractériser désormais l'ensemble de son œuvre.
En 1951 paraissent ses premiers dessins, signés Drô, dans Sud-Ouest Dimanche ; ils lui vaudront le prix Carrizey en 1952. De Chaval et de Bosc, dont il appréciait la ligne dépouillée, il sut retenir l'innocence du geste, le commentaire inattendu. Pourtant, c'est peut-être sa rencontre avec René Goscinny qui fut à bien des égards la plus décisive pour donner un ton nouveau au dessin d'humour français ; Le Petit Nicolas, ce contemporain d'Astérix, associa les deux hommes au fil de cinq albums parus de 1960 à 1964. Parallèlement, les premiers recueils de Sempé affichent leur filiation avec l'inspiration désarmante d'un regard enfantin sur le monde : Rien n'est simple 1962, Tout se complique 1963, Sauve qui peut 1964 et Monsieur Lambert 1965. Avec ce dernier titre, un nouveau type social est né, cousin du petit bourgeois à chapeau, pardessus et parapluie : J'ai faim, j'ai froid et je veux de l'amour, annonce celui-ci à celle qui partage son douillet domicile.

Autour des années 1970, l'apogée de la société de consommation fut l'occasion pour Sempé de montrer les incohérences et les excès de celle-ci. Si le trait a très vite défini le style graphique de l'humoriste, la couleur a su pénétrer cet univers en l'enrichissant d'une subtilité esthétique délicate. Au fil des albums, les jeux de l'image et de la légende – long commentaire ou formule lapidaire – ont été soigneusement explorés. Plus de cinquante titres de presse ont accueilli les dessins de Sempé, dont Noir et Blanc 1951-1954, Paris-Match 1957-1967 et 1989, L'Express 1965-1973, et une trentaine d’albums ont été publiés en France comme à l'étranger. En accédant, dès 1978, à l'illustration des couvertures du New Yorker, Sempé franchit une étape, non seulement par la notoriété du support mais par la reconnaissance d'un style qui libère des contraintes du gag. Par avion 1989, petit ouvrage en partie constitué de dessins initialement publiés dans le New Yorker, est une réussite, qui combine des dessins autonomes à une histoire dont la portée satirique à l'encontre des États-Unis est une prime offerte aux lecteurs français. Dans un registre plus mélancolique paraissent Catherine Certitude 1988, réalisé en collaboration avec Patrick Modiano, Die Geschichte von Herrn Sommer 1991, avec Patrick Süskind, Il a fait l'idiot à la chapelle ! 2002, avec Daniel Auteuil, et Contes de chats 2008, avec Brigitte Fontaine. Sempé se révèle être un créateur secret, même, et surtout lorsqu'il parle de son travail :
"Ce qui me séduit tellement dans le dessin humoristique, c'est qu'on exprime certaines choses avec pudeur. C'est certainement une façon de parler de soi sans en avoir trop l'air. "
Sempé, livre de l'exposition, Ville de Caen, 1984.
Sempé a été le premier lauréat du grand prix national des arts graphiques, créé en 1979 par le ministère de la Culture. Paris lui a consacré une rétrospective au pavillon des Arts en 1991 et à l’Hôtel de Ville en 2012.

Sa vie

"Mon enfance n'a pas été follement gaie. Elle était même lugubre et un peu tragique" , confie Sempé dans un entretien avec Marc Lecarpentier.
Enfant naturel, son père adoptif, monsieur Sempé, est représentant de commerce. Quand, à bicyclette, il réussit à vendre dans les épiceries de banlieue de quelle ville ? Bordeaux ? ses boîtes de pâté, thon, sardines, anchois ou bocaux de cornichons, il va fêter ça au bistrot du coin.
Lorsqu'il rentre, de terribles scènes s'enclenchent entre son père et sa mère, "ils cassent tout, encore une fois, les assiettes, les verres..." et sa demi-sœur et son demi-frère ont des crises de nerfs.
"Toute ma vie – d'enfant – j'ai entendu ma mère faire des reproches à mon père sur le fait qu'il ne trouvait pas de travail autre que le misérable boulot qu'il avait. ...C'était toujours des bagarres, toujours des disputes, toujours des dettes, toujours des déménagements en vitesse ".
L'enfant solitaire présente un relatif bégaiement qui l'empêche de prononcer certains mots, et des tics nerveux.
L'école où il se montre chahuteur mais bon en français est un refuge. Ses parents n'ayant pas d'argent pour acheter les livres, il n'en a pas, fréquente les colonies de vacances mais n'a pas d'argent non plus pour les sorties organisées. La radio lui assure également une survie. Il y apprend que l'on peut s'exprimer d'une autre façon que dans son milieu. Il y écoute, vers six ans, l'orchestre de Ray Ventura qui l'enchante, est fasciné plus tard par Aimé Barelli ou Fred Adison.
Vers onze ans il lit des romans policiers, Maurice Leblanc, une collection de L'Illustration, les journaux comme Confidences, Nous Deuxqui a été créé en 1947 auxquels les voisines de sa mère sont abonnées, tout ce qu'il trouve - ce qui lui permet de ne plus faire de fautes d'orthographe, parce qu'il veut s'en sortir, gagner sa vie, donner de l'argent à ses parents.
C'est vers douze ans qu'il commence à réaliser des dessins sans légende, d'emblée humoristiques.
Face à son enfance Jean-Jacques Sempé garde ainsi une attitude ambigüe, des souvenirs de la dureté de sa mère et de ses torgnoles, de la honte qu'il éprouvait quand elle se mettait à hurler, jusqu'à ceux de certains fous rires quand il se disait :
"Je suis chez les fous ! Ils sont complètement fous".
Des décennies plus tard il résume : " Mes parents ont fait ce qu'ils ont pu les pauvres, vraiment. Je ne leur en veux pas une seconde, ils se sont débrouillés comme ils ont pu".

Jean-Jacques Sempé quitte l'école à plus de quatorze ans, étant resté deux ans sans y aller, pendant la Seconde Guerre mondiale, alors qu'il était dans les Pyrénées.
Il trouve un emploi de livreur à bicyclette, pendant un an et demi, est en 1950 représentant en dentifrice en poudre puis courtier en vin. Il commence à cette époque sa carrière de dessinateur humoristique dans la presse en plaçant quelques dessins en 1950 dans Sud Ouest qu'il signe d'abord DRO, de l'anglais to draw. Dans le numéro du 29 avril 1951 il publie son premier dessin sous son nom.
Peu après il s'engage dans l'armée en falsifiant ses papiers pour masquer son jeune âge. Affecté dans la région parisienne en juillet 1951, il se retrouve souvent en prison, plus par distraction, dit-il, que par indiscipline.
"Quand je suis arrivé à Paris, j'ai trouvé les Parisiens très gais. Je venais de Bordeaux où les gens n'étaient pas naturellement souriants. J'ai été tout de suite enchanté par le métro, les autobus, la fièvre de la ville. Et surtout j'ai fait beaucoup de vélo. Pendant trente ans, je suis allé partout en bicyclette ".
Sempé a un peu moins de dix-huit ans quand, la même année, il montre ses dessins à un monsieur Le Louarn dont on lui a parlé.
Celui-ci l'encourage, lui montre quelques-uns de ses propres dessins - c'est Chaval.
Il habite alors brièvement la cité des Fusains à Montmartre puis, libéré de ses obligations militaires, rue du Dragon.
Le journal belge de programmes de radio Le Moustique avait agrandi plusieurs dessins publiés par Sempé pour en faire ses couvertures. Il lui demande ensuite de créer un personnage. Sempé propose en 1952 de nouveaux dessins avec un petit garçon qu'il appelle Nicolas, se souvenant d'une publicité de vins vue dans l'autobus.
Le directeur du journal l'incitant ensuite à faire une bande dessinée, René Goscinny, qu'il a rencontré au Moustique, l'encourage à reprendre son personnage et lui offre de travailler ensemble. Goscinny signe ainsi en 1954 vingt-huit gags, un par semaine sous le pseudonyme d'Agostini alors que Sempé garde son nom.
Celui-ci ne se sentant pas à l'aise dans le rôle de dessinateur de bande dessinée et Goscinny étant remercié par la direction des éditions Dupuis, le projet est abandonné. Quelques années plus tard, Sud Ouest souhaitant des textes avec des dessins l'illustrant, les deux auteurs reprennent différemment le projet. La femme du directeur, Alex Grall, des éditions Denoël, ayant vu plusieurs de ces épisodes dans le journal lors d'un séjour à La Rochelle, conseille à son mari de prendre contact avec Sempé et Goscinny qui composeront leur premier album sous le titre Le Petit Nicolas.
" Le Petit Nicolas, c'est d'abord une histoire d'amitié. Nous avons mis nos souvenirs d'enfance en partage. Je racontais à René mes histoires de football, de colonies de vacances, mes chahuts à l'école. Et René Goscinny adorait interpréter ces souvenirs. Partant de ce que je disais, il a brodé tout autour, inventé tous les personnages, imaginé des situations ".
En 1953, Sempé publie des dessins dans Le Rire, Noir et Blanc, Ici Paris, en 1954 pour Samedi soir mais aussi France Dimanche. Dans les années suivantes vient le succès avec des collaborations régulières à Paris Match, sur la proposition de Roger Thérond, avec ses amis Chaval et Bosc, 1956, Punch et Esquire, 1957, Pilote, 1960. Françoise Giroud l'invite à L'Express auquel il donne chaque semaine ses dessins de 1965 à 1975 et dont il est durant une quinzaine de jours l'envoyé spécial aux États-Unis en 1969. Il collaborera également au Figaro, au Nouvel observateur et à Télérama, plus régulièrement dans les années 1980, qui chaque été publie en avant-première l'un de ses albums.
Durant cette période il fréquente Lipp, Le Flore, La Closerie des Lilas, Castel, les clubs de jazz et le jardin du Luxembourg, se lie d'amitié avec Françoise Sagan, Jacques Tati, Jacques Prévert, Savignac, mais aussi Simone Signoret, Brigitte Bardot, Brigitte Fontaine ou Anémone, appartient au Tout-Paris. En 1978 Sempé réalise sa première couverture pour le New Yorker.
Il en créera plus d'une centaine par la suite.

Il s'installe successivement place Saint-Sulpice dans les années 1980, puis à Montparnasse.

Après le succès du Petit Nicolas, à partir de 1962 Rien n'est simple, Sempé publie presque chaque année un album de dessins chez Denoël, quarante jusqu'en 2010.
Le Petit Nicolas est présent dans plus d'une quarantaine de pays et ses albums de dessins d'humour dans une vingtaine, parmi lesquels l'Allemagne, le Brésil, la Chine, la Corée, les États-Unis, la Grèce, l'Italie, le Japon, la Lettonie et la Russie.
Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter cette section en donnant les références utiles à sa vérifiabilité comment?.
En juin 2014, la Monnaie de Paris lance une émission d’euros en argent et en or dessinée par Sempé sur le thème des valeurs républicaines que sont la liberté, l'égalité et la fraternité, complétées par la valeur universelle qu’est la paix.
Le dessinateur a choisi de placer cette série sous le signe de la balade à vélo, qui symbolise pour lui la liberté : "Le vélo, c'est un moyen simple d'être libre. Vous lâchez les mains du guidon, et vous voilà libre d'aller où bon vous semble".

Prix et décorations

1987 : Grand prix de littérature de la ville de Bordeaux
2003 : Prix Alphonse-Allais
2006 : Commandeur dans l'ordre des Arts et des Lettres

Parenté

Il est le père de la designer Inga Sempé.

Bibliographie

: source utilisée pour la rédaction de cet article

Le Petit Nicolas

Scénario : René Goscinny
Le Petit Nicolas - 1960
Les Bêtises du petit Nicolas
Les Récrés du petit Nicolas - 1961
Les Vacances du petit Nicolas - 1962
Le Petit Nicolas et les Copains - 1963
Joachim a des ennuis - 1964
Histoires inédites du petit Nicolas - Editions IMAV,2004
Histoires inédites du petit Nicolas, volume 2 - Editions IMAV, 2006
Le Petit Nicolas, Le ballon et autres histoires inédites - Editions IMAV 2009
Les Premières Histoires du petit Nicolas, Editions IMAV, 2012

Grands albums Denoël
Rien n'est simple 1962
Tout se complique 1963
Sauve qui peut 1964
Monsieur Lambert 1965
La Grande Panique 1966
Saint Tropez 1968
L'Information consommation 1968
Marcelin Caillou 1969
Des hauts et des bas 1970
Face à face 1972
Bonjour bonsoir 1974
L'Ascension sociale de Monsieur Lambert 1975
Simple question d'équilibre 1977
Un léger décalage 1977
Les Musiciens 1979
Comme par hasard 1981
De bon matin 1983
Vaguement compétitif 1985
Luxe, calme et volupté 1987
Par avion 1989
Vacances 1990
Âmes sœurs 1991
Insondables mystères 1993
Raoul Taburin une bicyclette à propos de son père 1995
Grands rêves 1997
Beau temps 1999
Multiples intentions 2003
Sentiments distingués 2007

Hors-série - compilations

En avant, 1967, Pauvert
Quelques manifestants, 1983
Quelques enfants, 1983
Quelques jours de congé, 1984
Quelques artistes et gens de lettres, 1984
Sempé, livre de l'exposition rétrospective à Caen comprenant un récit autobiographique de l'auteur, tiré à 8000 exempaires, 160 pages, Diffusion Denoël, juin 1984
Quelques vices impunis, 1986
Quelques romantiques, 1986
Quelques représentations, 1987
Quelques concerts, 1987
Catherine Certitude avec Patrick Modiano, éditions Gallimard, 1988 -
Quelques citadins, 1989
Quelques campagnards, 1989
Quelques sentiments de culpabilité
Quelques meneurs
L'histoire de Monsieur Sommer, avec Patrick Süskind, éditions Gallimard, 1991
Quelques forces obscures, 1999
Quelques mystiques, éditions Denoël, 1998
Sempé, tirage limité à 500 exemplaires reproduisant 51 dessins inédits ou couvertures du New Yorker, Paris, édition galerie Martine Gossieaux, 1998
Sempé, tirage limité à 500 exemplaires reproduisant 61 dessins inédits, Paris, édition galerie Martine Gossieaux, 2000
Le monde de Sempé, volume 1 et volume 2, 2001 et 2004, éditions Denoël
Un peu de Paris, éditions Gallimard, 2001
Quelques philosophes, 2002
Sempé : Enfances, sans texte, édité en tirage limité à 900 exemplaires reproduisant 40 dessins en partie inédits, Paris, édition galerie Martine Gossieaux, 2004
Un peu de la France, aquarelles sans texte, éditions Gallimard, 2005
Sempé à New York, éditions Denoël et Martine Gossieaux, 2009
Saint-Tropez forever, éditions Martine Gossieaux, 2010
Enfances, entretien avec Marc Lecarpentier, éditions Denoël et Martine Gossieaux, 2011
Sempé, un peu de Paris et d'ailleurs13
Bourrasques et accalmies, Editions Denoël et Martine Gossieaux, 2013

Expositions

1968, première exposition de dessins et planches originales de Sempé organisée en France album Saint-Tropez.
Juin à septembre 1984, première rétrospective de l'œuvre de Sempé, organisée par Philippe Briet et la Ville de Caen, avec le concours de l'association Couleurs Nouvelles. Plus de 600 dessins originaux sont présentés dans les galeries du théâtre municipal de la ville. Le 9 juin, à l'occasion de l'inauguration de l'exposition, un concert de Michel Legrand et ses musiciens est donné au théâtre, dans des décors conçus par Sempé.
Octobre 2011 à février 2012, nouvelle rétrospective Sempé, présentée à l'Hôtel de ville de Paris.

Films consacrés à Sempé

Sempé, rêver pour dessiner, 52' écrit et réalisé par Françoise Gallo, France 5, TV5 Monde, 2002. Sélection FIPA et FIFA Montréal (2003). Prix FIFAP UNESCO, Meilleure Démarche d'Artiste, 2003.
Sempé-Paris, un trait d'humour, 26', écrit et réalisé par Françoise Gallo, France 3, 2002.
Sempé, documentaire de Patrick Volson 2011, collection Empreintes, France 5, 25 novembre 2011.
Sempé, dessinateur d'humour, film écrit par Marc Lecarpentier, réalisé par Patrick Volson, Kuiv Productions, 2011.

Son œuvre associe un dessin détendu à une observation aiguë des détails significatifs. Elle offre une vision satirique, mais non sans tendresse, d'un monde compliqué et absurde Rien n'est simple, 1962 ; Tout se complique, 1965 ; la série consacrée au Petit Nicolas ; Saint-Tropez, 1968 ; l'Ascension sociale de M. Lambert, 1975 ; Un léger décalage, 1977 ; la série des Quelques… dont Quelques artistes et gens de lettres, 1984 ; Quelques campagnards et Quelques citadins, 1989, etc.

Liens

http://youtu.be/QtQ7XZQVE5c Document Part 1
http://youtu.be/0F-nJszHfDI Document part 2
http://youtu.be/BNpkbK97KdA Interview avec Sempé
http://youtu.be/jrGShKSCqcI Un livre un jour, un peu de Paris
http://youtu.be/_Ah_eFIFbgo Un livre un jour un peu de New York
http://youtu.be/TrfGPJYv2gM Interview Goscinny/Sempé sur le petit Nicolas


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#338 Le Parminianino
Loriane Posté le : 23/08/2014 19:03
Le 24 août 1540 à Casalmaggiore meurt, à 37 ans,

Girolamo Francesco Maria Mazzola ou Mazzuoli, dit Parmigianino


en français Le Parmesan, peintre italien de la Renaissance et du début du maniérisme, né, d'après les archives du baptistère, à Parme le 11 janvier 1503, il est formée à l'école de Parme, Influencé par Le Corrège, Michelangelo Anselmi, Le Pordenone
Élève de Corrège : c'est ainsi que Vasari et la quasi-unanimité des biographes et des critiques, tant anciens que modernes, définissent Parmesan. Mais Parmesan n'est d'aucune école et il n'en a fondé aucune. Capable d'observer et d'analyser la réalité de l'Italie de son temps, c'est néanmoins dans ses propres sensations qu'il a trouvé ses sources d'inspiration. Au cours des vingt années qu'a duré son activité, il a su exprimer, sans jamais dévier ni fléchir, un univers marqué du sceau de sa personnalité, bien que celle-ci ait été, à n'en pas douter, un miroir déformant ; ses tableaux, certes, mais surtout ses fresques et ses dessins sont, à cet égard, éloquents. À l'instar du creuset de l'alchimiste dont parle Vasari, son esprit a su accueillir et fondre, avec autant de science que d'art, les intuitions et les rêveries les plus prophétiques et les plus audacieuses.


En bref

" Pour explorer les subtilités de l’art, il entreprit un jour de faire son autoportrait, en se regardant dans un de ces miroirs de coiffeur, de ceux en boule convexe. Ce faisant, voyant les effets bizarres que provoque la convexité du miroir… il lui prit l’envie de contrefaire toute chose selon son caprice. Donc, après avoir fait faire au tour une boule de bois, et l’avoir divisée en demi-boule de taille semblable à celle du miroir, il entreprit avec grand art d’y reproduire tout ce qu’il voyait dans le miroir et en particulier lui-même… Et puisque tous les objets qui s’approchent du miroir grossissent et que ceux qui s’en éloignent rapetissent, il y fit une main qui dessinait un peu grande, comme la montrait le miroir, et si belle qu’elle paraissait très vraie ; et comme Francesco avait belle apparence et le visage gracieux, plus celui d’un ange que d’un homme, son effigie sur cette boule avait quelque chose de divin. "
Michel-Ange disait que la sculpture se fait per forza di levare – à la force du poignet, en quelque sorte ; pour Mazzola, peindre signifie donner vie, sur de vastes surfaces murales, à des géants et à des héros, et, avec eux, à des animaux, des vases, des fleurs, des livres et toutes sortes d'objets étudiés à travers des centaines de dessins et exécutés avec une patience infinie et la minutie d'un miniaturiste. Après avoir été doublement déçu à Rome et à Bologne, du fait des hommes et des événements, dans son ambition de réaliser une vaste décoration, Parmesan, de retour dans sa ville natale, voit ses espérances aboutir, grâce à la nouvelle église, la Steccata, édifice à plan central et aux larges arcs dont la modernité, digne de Rome et de Bramante, convenait à son orgueil et à ses goûts.
Plus qu'un plafond ou un mur, la décoration d'une abside ou d'un intrados, avec ses difficultés particulières, exige une attention sans défaut, et mobilise toutes les ressources alliées de l'art et de la science. Les contemporains de Parmesan chuchotaient qu'il avait partie liée avec l'alchimie – mais ses défenseurs savent que l'alchimie n'est pas la sorcellerie ; plus que le traitement du mercure et la poursuite de l'or, elle est savoir et recherche. Les figures et objets que Parmesan projette dans l'espace témoignent du sens plastique et volumétrique de l'artiste, qui sait par ailleurs les entraîner dans un mouvement continu et enveloppant ; Parmesan analyse la réalité avec un scrupule extrême, mais c'est avec une liberté toute moderne qu'il traite ces figures énormes que leurs proportions font cependant paraître, vues d'en bas, normales ; il interprète avec la même vigilance l'ensemble et les détails, les accords de couleurs, le monde végétal et le monde animal, et, par-dessus tout, la lumière : lumière naturelle variant du midi à la nuit, et toutes les nuances des lumières artificielles, le rouge des braises incandescentes, la lueur dorée des lampes, les éclats blancs et aveuglants sortis des vases de l'alchimiste.
Les dix années que Parmesan consacra à une tâche qui, selon les termes du contrat, aurait dû être terminée au bout de neuf mois, ne furent pas des années perdues ; l'artiste s'employa en effet à représenter son propre tourment et celui de sa génération devant la transformation du monde satisfait et serein de la Renaissance en un monde tout différent, hérissé de doutes, de contradictions, de rébellions, un monde en état de fermentation et de transmutation comme la matière elle-même ; tout cela s'exprime dans les tableaux de cette période, où l'artiste s'efforce, dans une suprême recherche de libération et d'harmonie, d'effectuer la symbiose des objets et des figures humaines : ainsi, dans la Vierge au long cou, des Offices, la Vierge est associée plastiquement aux colonnes du fond et l'amphore à l'ange qui la soutient ; dans le Retable de saint Étienne, de la Gemäldegalerie de Dresde, le rocher de forme ovale est traité selon le même module que les têtes des saints ; cette recherche n'est pas, pour Parmesan, un jeu abstrait ou superficiel ; le tragique Autoportrait est là pour en témoigner. Pour rythmique et mesurée qu'elle soit, sa vision de la vie n'en reste pas moins douloureuse et dramatique ; elle se conclut par l'exil dans la localité voisine de Casalmaggiore et la mort précoce et solitaire

Sa vie

Son père est le peintre Filippo Mazzola et sa mère - comme le confirment d'autres documents - Maria di ser Guglielmo. Il est le huitième d'une famille de neuf enfants et fut baptisé au baptistère deux jours après sa naissance.
Les Mazzola, originaires de Pontremoli, s'étaient établis à Parme dès 1305. Ses oncles paternels, Pier Ilario et Michele, étaient également peintres. À la mort de Filippo, qui survint selon Vasari en 1505, ils prennent soin de Francesco et le dirigent vers l'étude du dessin et de la peinture. "Vieux et peintres de peu de renom " d'après Vasari, ses oncles sont en effet de modestes artistes, répétant une peinture provinciale d'origine ferraroise. Ils savent lui enseigner le bagage technique indispensable à un apprenti. Il doit son éducation artistique à ses oncles, de plus il est guidé par de nombreux exemples dans sa formation avec des peintres de l'école de Parme, tels que les fresques du Corrège et de Michelangelo Anselmi. Grâce à un sens inné de l'observation, Le Parmesan est capable d’analyser les œuvres des Lombards opérants à Crémone, tels que Altobello Melone, Giovanni Francesco Bembo et surtout Le Pordenone. En observant les artistes de la région, il trouve essentiellement des sources d’inspiration.
Vasari le considère déjà comme un peintre autonome quand il est encore adolescent, en soutenant que à l'âge de seize ans, après avoir fait des miracles en dessin, il fit un tableau de son invention, un Saint Jean baptisant le Christ, qu'il mena d'une façon telle, qu'encore qui le voit reste étonné qu'un garçon eût conduit si bien une telle chose. Ce tableau fut placé à Parme, à la Nunziata, où sont les moines des Zoccoli. La tradition l'attribue à Parmigianino âgé de quatorze ans.
Les vicissitudes de ce Baptême de Christ, daté à peu près de 1519, sont chaotiques. Lors de la destruction de l'église de la Nunziata, le tableau est sauvé et déplacé vers une autre église appartenant à la même confrérie des Zoccolanti qui le vendent en 1706 au comte Carlo de la famille Sanvitale. Par la suite, il est volé et passe en Angleterre, où il est acquis par le Bode Museum de Berlin en 1821.
Il lui est encore attribué par l'Allemand Voss en 1923, mais aujourd'hui sa paternité est contestée par la plupart des spécialistes, dont certains n'y voient même pas la main d'un peintre italien. Pourtant dans les formes archaïsantes du tableau, on a voulu voir un écho corrégien avec une référence aux figures de son retable de la Madone se trouvant dans l'église de San Francesco à Correggio et maintenant à Dresde.
On peut également y voir l'influence de la peinture de Francesco Francia, exprimée avec les moyens pas encore mûrs du très jeune artiste. Beaucoup de biographes, de Vasari aux plus modernes, voient Le Parmesan comme un élève du Corrège, et, en tout cas, il fut fortement influencé par ce maître.
La guerre entre les armées de l'empereur Charles Quint et celle de François Ier dévaste le nord de l'Italie et s'approche de Parme en 1521 ; les oncles envoient Francesco, avec leur apprenti Girolamo Bedoli, qui en 1529 épouse Caterina Elena Mazzola fille de Pier Ilario à Viadana, où Parmigianino, écrit Vasari, peignit deux bois à détrempe, un Saint François qui reçoit les stigmates et Sainte Claire », à l'église des moines des Zoccoli, et l'autre, un Mariage de sainte Catherine , comportant beaucoup de figures, à San Pietro. Et personne ne doit croire que celles-ci sont des œuvres d'un jeune débutant mais bien celles d'un « vieux maître.

Le château des Landi à Bardi.

Le panneau du Saint François est perdu, tandis que le Mariage mystique de sainte Catherine et les saints Jean-Baptiste et Jean l'Évangéliste, volé dans l'église de San Pietro di Viadana en 1630, a été reconnu et se trouve conservé encore à Bardi, près de Parme, dans l'église de Santa Maria. Le tableau, qui montre les origines corrégiennes de la formation du peintre, avec les références particulières au retable du Corrège à Dresde, introduit dans la figure de la Madone intronisée d'un mouvement circulaire, une torsion suggérée par le piédestal cylindrique, sur lequel elle est assise, et confirmée par les drapés de la Vierge et du Baptiste, gonflés et enveloppés autour des corps, par le demi-cercle de l'abside et par les colonnes à l'arrière-plan.
La très corrégienne Santa Barbara de profil à Madrid Prado doit être de cette année, car elle est proche, d'un point de vue stylistique du Mariage mystique de Bardi dont le dessin est conservé au musée Bonnat-Helleu de Bayonne.
La guerre prend fin en 1521 et Vasari écrit que la guerre finie, il retourna avec son cousin à Parme, et le 21 novembre Parmigianino collabore avec Le Corrège, Rondani et Michelangelo Anselmi aux décorations de l'église de Saint-Jean-l'Évangéliste.

Les fresques de l'église San Giovanni Evangelista à Parme

Il est établi maintenant que les interventions du Parmesan se trouvent dans la première, la deuxième et la quatrième chapelle du coté gauche de la nef de l'église.
Dans la première chapelle, il a peint la Sainte Agathe et le bourreau qui semblent jaillir vers l’observateur, à la différence des Saintes Lucie et Apollonia qui restent serties dans une niche ; elles appellent l'attention à la manière de Michelangelo Anselmi, un corrégien formé à Sienne dans l’atelier du Sodoma et de Domenico Beccafumi. Lui sont également attribués la frise et en dessous, le Père Eternel avec anges, aujourd'hui très abîmé.
Dans la deuxième chapelle, il a peint Deux diacres en lecture, le présumé San Vitale ou peut-être San Seconde, les Angelots et animaux et une fresque monochrome dans l’intrados de la chapelle. Le cheval cabré à côté du San Secondo est en relation directe avec un détail de la fresque exécutée deux années auparavant par Le Pordenone dans la cathédrale de Crémone, dont Le Parmesan atténue toutefois la gestuelle violente en l’estompant par un mouvement plus fluide des figures.
La décoration de la quatrième chapelle est confiée le 27 février 1515 à ses oncles paternels Michele et Pier Ilario, mais l'insolvabilité du propriétaire de la chapelle, Nicolò Zangrandi, retarde les travaux qui ne commencent qu'en 1522 et qui sont confiés, cette fois-ci, au Parmesan, comme le montre un examen stylistique. La fresque de la coupole de l'église San Giovanni Evangelista terminée, on peut y voir une imitation du modèle corrégien. Les deux figures représentées, Saint Nicolas de Bari et Saint Hilaire de Poitiers, ont un modelé ample et monumental, mais plus sobre en comparaison des figures de l'église de Bardi qui montrent un léger mouvement de rotation.
Dans la même coupole peinte par Le Corrège on a reconnu dans un Putto porte-feston la main du Parmesan.

Les fresques de Fontanellato

En 1523 ou, au plus tard dans la première moitié de 1524, avant son départ pour Rome, Parmigianino peint sur le plafond d'une chambre de la forteresse de la famille Sanvitale à Fontanellato, près de Parme, quatorze médaillons des épisodes de la fable ovidienne, Diane et Actéon, entremêlés de pendants où sont peints douze angelots. Le fond est celui d'une tonnelle suivie, plus en haut, d'une haie de roses et du ciel. Au centre du ciel, un miroir rond apporte l'inscription "Respice finem" Observe la fin.
Les fresques se composent de quatre scènes, la Nymphe poursuivie des chasseurs, l’Actéon déchiré par ses chiens, l’Actéon transformé en cerf et la Nymphe à l'épi - où l'on représente Paola Gonzaga, la femme de son client Galeazzo Sanvitale - surmontées de la voûte avec les Putti. Le Parmesan reprend le schéma adopté par Corrège dans la chambre de l'abbesse du monastère Saint-Paul. Toutefois la plasticité naturaliste du Corrège s’adoucit en une solution d’une stylisation enlevée et fluide.
Rodolfo Pallucchini, Lineamenti di Manierismo europeo écrit qu'en ces fresques
"il y a une prise de position linguistique plus précieuse et maniérée comparée à l'art corrégien, bien plus naturel et expansif ... une méditation plus subtile et élégante de l'image, qui se constitue avec une préciosité d'accents absente dans la sensuelle plénitude du goût corrégien. Ceci débute pourtant un processus d'idéalisation de la forme subtilement intellectualiste".
Au naturel expressif de la lumière et de la couleur, à la profondeur atmosphérique du Corrège qui, dans la Chambre de Saint Paul, à Parme, se libère des limites du plafond, Parmigianino choisit de bloquer l'espace en décorant la voûte de la chambre avec une sorte de ciselures précieuses et détaillées qui exaspèrent la représentation du réel jusqu'à en anéantir la vérité au moyen d'un artifice archaïsant.
Le mythe d'Actéon qui, ayant surpris la déesse Diane prenant son bain, fut transformé en cerf et ensuite déchiré par ses propres chiens, a été interprété comme une métaphore du procédé alchimique : l'union des principes masculin et féminin, où le chasseur Actéon, pourvu qu'il puisse s'approprier le principe divin - la déesse Diane - est disposé à se transformer de prédateur à proie, jusqu'à en mourir.
Appartenant à la collection parmesane de Ranuccio Farnese et transféré ensuite à Naples en 1734 par le futur Charles Ier, le tableau du Portrait de collectionneur, daté de 1523, se trouve en Angleterre au XIXe siècle et est acquis par la National Gallery de Londres en 1977. C’est son premier exemple de portrait mais on ne connaît pas le nom de l’homme, reconnu comme collectionneur par les objets d'art représentés sur la table. Il s'impose par la force expressive de sa pose et par son regard tranchant et arrogant. La pièce, close et étroite, s'ouvre artificiellement vers l'extérieur par le paysage représenté dans le tableau adossé au mur. On en conserve des copies dans la Galerie des Offices à Florence et dans le Walker Art Center de Minneapolis.
Si la petite Sainte Catherine et deux anges de Francfort est parfois considérée comme une copie, le Portrait de Galeazzo Sanvitale à Capodimonte est l'original peint en 1524.
Galeazzo Sanvitale affiche dans sa main une médaille avec les chiffres 7 et 2, interprétés respectivement comme les symboles alchimiques de la Lune et de Jupiter. La médaille sur le chapeau, sur laquelle sont figurées les colonnes d’Hercule, serait aussi une référence alchimique au mythique héros grec. D’autres exemples de la force représentative du jeune artiste, la rigueur descriptive du détail précieux, le relief donné à la singularité du personnage et, à droite, la seule ouverture apparente à la végétation – si touffue qu’elle bloque l’espace et assume la fonction de variation de couleur d'un environnement clos - confirment l'intellectualisme fondamental de l'œuvre.

À Rome

Le Vite de Vasari.
À la fin de l'année 1524, au terme d'une épidémie de peste, Parmigianino est à Rome. Vasari écrit que "désirant voir Rome … il fit part de son souhait à ses vieux oncles qui, même s'il leur semblait peu digne de louanges, exprimèrent cependant leur contentement mais qu'il ferait bien d'apporter avec lui quelque chose qu'il aurait réalisé de ses propres mains pour faciliter ses entrées auprès des nobles et des artisans de sa profession. Cela ne déplut pas à Francesco qui peignit trois tableaux, deux petits et un autre très grand, représentant la Madone avec son fils à son cou qui prend quelques fruits à un ange, et un vieillard aux bras poilus, réalisés avec art et intelligence et aux couleurs gracieuses … Une fois ces œuvres terminées …, il partit pour Rome accompagné d’un de ses oncles ".
Des trois tableaux cités par Vasari, on a reconnu la Sainte Famille, aujourd'hui au Prado de Madrid, qui montre, également en référence au Corrège, ce choix aristocratique déjà manifesté dans les portraits, et son célèbre Autoportrait au miroir convexe de Vienne qui, selon Vasari, lequel semble avoir été très impressionné par l'« invention » du jeune artiste, fut donné à Pietro Aretino :
"je me souviens de l'avoir vu quand j’étais très jeune, écrit-il, à Arezzo, chez Pietro Aretino où il était considéré comme un objet rare par les étrangers de passage. Il tomba, je ne sais comment, entre les mains de Valerio Vicentino, tailleur de cristal et aujourd’hui, il est chez Alessandro Vittoria, sculpteur à Venise".
On a également vu dans ce tableau, outre l' angélique beauté du peintre, citée par Vasari, et la nouveauté suggestive de l’invention, une manifestation de la nouvelle sensibilité maniériste ainsi qu'une référence alchimique, en ce sens que la rotondité du tableau correspondrait à la première matière, le miroir à la méthode expérimentale alchimique et la mélancolie, qui transparaît sur le visage de Parmigianino, à un trait caractéristique de ceux qui s'adonnent à l'alchimie.
Même le Portrait de Lorenzo Cybo, daté au 1525 et cité par Vasari - Francesco fit le portrait de Lorenzo Cybo, capitaine de la garde du pape et très bel homme, et on peut dire que, plutôt qu'un portrait, il fit un être de chair et de sang – confirme le choix intellectuel et sa grande acuité d'identification psychologique. Giulio Carlo Argan Storia dell'arte italiana écrit que Parmigianino est conscient de la vacuité absolue de ses œuvres, de leur absurde réalité prenant la place de la réalité de la conscience. Il sent que dans la haute société de son temps, dans cette aristocratie à laquelle il s’adresse, l'artifice du cérémonial est en train de supplanter le comportement éthique, la vie morale.

Clément VII, détail

À Rome, il ne travaille pas sur les fresques des palais du Vatican, comme le lui avait promis initialement le pape Clément VII, mais il étudie surtout Raphaël, mort trois ans plus tôt : on disait que l’esprit de Raphaël était passé dans le corps de Francesco, à voir ce jeune doué d'un sens artistique exceptionnel et aux manières policées et gracieuses, exactement comme Raphaël et, surtout, comment il s’évertuait à l'imiter en toutes choses mais, avant tout, dans la peinture. Cette étude ne fut pas vaine puisque les nombreux petits tableaux qu'il fit à Rome, pour la plupart recueillis par le cardinal Ippolito de' Medici, étaient vraiment merveilleux.
L’artiste entre en contact avec les disciples de Raphaël,- Perin del Vaga, Baldassarre Peruzzi, Polidoro da Caravaggio – et avec Sebastiano del Piombo et Rosso Fiorentino. Les aspirations de ce groupe satisfont ses exigences d'élégance raffinée et de décoration sophistiquée : son rapport avec Rosso – tous deux travaillent pour Baverio dei Caroccile, le même graveur à qui l'on doit les estampes tirées de leurs dessins – est le plus fécond pour la peinture du Parmesan : l'allongement exaspéré des visages du Florentin sera toujours présent dans les œuvres ultérieures de Parmigianino.

Les tableaux de son bref passage à Rome, encore existants, sont les suivants :

Le Mariage mystique de sainte Catherine
Les tableaux qui lui sont attribués, Homme avec livre à la City Art Gallery de York
Vierge à l’Enfant et saint Jean-Baptiste à Naples – son tableau le plus classique et le plus raphaélesque, faisant référence à la Vierge au diadème de l’atelier de Raphaël au Louvre, pose, comme élément constitutif prédominant, le rapport entre les personnages et le paysage -
Visions de saint Jérôme à Londres.
Le tableau Mariage mystique de sainte Catherine, vendu en 1800 par les Borghese au collectionneur anglais William Ottley et acquis par la National Gallery de Londres en 1974, traduit déjà l’apport raphaélesque dans son langage personnel maniériste, entre l'élégance aristocratique des attitudes et des gestes et une relation subtilement psychologique entre les personnages. Le cadrage inhabituel et la perspective anti-classique donnent une sensation d’enfermement, accentuée par l’enfilade des pièces éclairées par des sources de lumières successives jusqu’à la fenêtre de l’arrière-plan.
De la Vision de saint Jérôme, Vasari écrit qu’« une commande d’une Sainte vierge lui ayant été passée par Maria Bufolina de Città di Castello, un tableau destiné à une chapelle proche de la porte de l’église San Salvatore del Lauro, Francesco réalisa une Madone aérienne lisant avec un Enfant entre les jambes et au sol il plaça, agenouillé dans une extraordinaire et belle attitude, un saint Jean qui par le mouvement de rotation du buste montre le Christ enfant, et il a représenté, couché par terre, à demi visible, un saint Jérôme en pénitence en train de dormir.
Mais le tableau ne sera jamais placé dans l’église romaine de San Salvatore in Lauro : de l’église Santa Maria della Pace à Rome, il ira au palais Buffalini à Città di Castello, et ensuite en Angleterre, après son acquisition par la National Gallery de Londres en 1826.
Le tableau, peint en 1527, fut précédé d'un intense travail préparatoire : une vingtaine de dessins font état de la recherche d’une composition satisfaisante. Un de ces dessins, conservé dans la Galleria Nazionale de Parme, même s’il s’agit d’une simple esquisse, s’approche de la version définitive inversant complètement la composition initialement prévue à l’horizontale. Le personnage dominant du Baptiste qui tourne son puissant thorax michelangelesque, en indiquant de manière appuyée le groupe de la Vierge et de l’Enfant qui, debout, - plus adulte que dans les représentations traditionnelles - semble vouloir se détacher de sa mère – enfermée dans une pensée mélancolique – pour suivre le destin auquel il est appelé, tout en n’oubliant pas de prendre une attitude affectée empreinte d’élégance aristocratique.

La période bolonaise

La conversion de saint Paul, vers 1528, Kunsthistorisches Museum, Vienne.
Les lansquenets de Charles Quint assiègent Rome et y pénètrent, en la livrant au pillage. Vasari écrit que Parmigianino au début du sac de la ville était si absorbé par son travail que, lorsque les soldats entrèrent dans les maisons et que déjà quelques Allemands se trouvaient dans la sienne, il ne se détourna pas de son travail malgré le bruit. Si bien, qu'en le voyant ainsi travailler, ils furent si étonnés de son travail qu’ils le laissèrent continuer, agissant en gentilshommes, ce qu’ils devaient être. Mais, par la suite, emprisonné par d’autres soldats, il dut payer une rançon des quelques écus qu’il possédait. C’est ainsi que son oncle ... décida, en voyant Rome presque en ruine et le pape prisonnier des Espagnols, de le reconduire à Parme.
Il arrive en juin 1527 à Bologne et y reste quatre ans. Sa première œuvre est, selon Vasari, le Saint Roch et son chien de la basilique San Petronio, auquel il donna une très belle allure … en le représentant quelque peu soulagé de sa douleur à la cuisse occasionnée par la peste. Il le montre regardant vers le ciel, remerciant Dieu comme le font encore les gens pieux face à l’adversité. Il fit cette œuvre pour un certain Fabrizio da Milano dont il a fait le portrait les mains jointes et qui semble vivant. Le chien lui aussi semble tout naturel comme les paysages qui sont très beaux. Francesco excellait en toutes ces choses.
Comme pour La Vision de saint Jérôme, il y ajoute un élément sentimental – les yeux au ciel du saint, le regard lourdement interrogatif du donateur, jusqu’à la participation sensible du chien – qui reste comme en suspens et irrésolu de l’emphase recherché de la posture de saint Rocco. C’était encore rare de trouver dans la tradition italienne qui a précédé la Contre-Réforme, la représentation d’un saint qui exprimât, seul, la médiation de l’exigence d’un dévot avec le Ciel.
À partir du commentaire de Vasari, il fit pour Albio, un médecin parmesan, une Conversion de saint Paul avec beaucoup de personnages et un paysage, ce que fut une chose très rare, on a pensé attribuer à Parmigianino la toile de la Conversion de saint Paul à Vienne, toile anciennement attribuée par certains spécialistes à Nicolò dell'Abbate. Il existe toutefois un dessin qui reproduit avec peu de variantes cette toile et, si la référence à Héliodore chassé du Temple de Raphaël de Raphaël dans les Chambres vaticanes est bien évidente, la représentation non naturaliste du cheval, au cou gonflé et à la tête petite et effilée, aux brides réduites à des filaments bizarres, le caparaçon en soie, les vêtements légers du saint, les rehauts dorés de la surface, donnent au tableau la marque d’une invention décorative, d’une abstraction déformée.

Vierge à l'Enfant et saints, 1528, Bologne, Pinacoteca Nazionale

Vers 1528 il réalise la composition de l’Adoration des Mages de Taggia. On attribua la paternité de ce tableau d’abord Perin del Vaga, puis à Luca Cambiaso et à Girolamo da Treviso, jusqu’à ce que Roberto Longhi la rende enfin à Parmigianino, en reconnaissant les analogies avec la Vierge à l’Enfant du Courtauld Institute de Londres collection Seilern et du grand retable de à la Vierge à l’Enfant et les saints à Bologne.
Ce dernier tableau est exécuté pour les religieuses de Santa Margherita à Bologne, une Vierge, une sainte Marguerite, un saint Petronio, un saint Jérôme et un saint Michel en grande vénération. Terminé vers le 8 avril 1530, il est transféré dans la chapelle Giusti de l’église et est déposé ensuite au palais Guidi. Saisi par les Français en 1796, il retourne, de Paris à Bologne, en 1815.
Le tableau est l’expression – écrit Paola Rossi L'opera completa di Parmigianino - d’une rare élégance formelle, où même les sentiments semblent distillés et comme suspendus dans une atmosphère froide et irréelle d’un début de nuit éclairé par la lumière de la lune : de l’intensité dans le détachement de la Vierge et des deux saints en passant par la douceur alanguie des regards réciproques entre l’Enfant et Marguerite, jusqu’au sourire léger et ambigu de l’ange .
C’est encore Vasari qui donne l’information suivante :
"quand l’empereur Charles Quint vint à Bologne pour être couronné par Clément VII, François, en le voyant à l’occasion de ses repas, réalisa, sans l’interrompre, un très grand tableau où la Renommée le couronne de lauriers et où Hercule, sous la forme d’un petit enfant, lui tend le monde comme s’il voulait lui en donner la domination. L’œuvre, une fois terminée, fut présentée au pape Clément auquel elle plut tant qu’il envoya François, accompagné par l’évêque de Vasona, alors dataire, auprès de l’empereur pour la lui montrer. Sa Majesté l’apprécia beaucoup et exprima le désir qu’on la lui laissât, mais François, mal conseillé par un ami, ou peu fidèle ou peu avisé, dit qu’elle n’était pas encore terminée et qu’il ne voulait la laisser. L’empereur, qui l’aurait sans doute récompensé, ne l’a pas fait. Ce tableau, venu aux mains du cardinal Hippolyte de Médicis, fut donné au cardinal de Mantoue et aujourd’hui au Duc, ainsi que d’autres belles et très nobles œuvres ".
Longtemps considéré comme disparu, le Portrait allégorique de Charles Quint, était connu par sa copie de Rubens. Un tableau réapparut en Angleterre en 1883, pour appartenir ensuite à un collectionneur romain, puis passé dans une collection privée des États-Unis 3 a parfois été reconnu et exposé comme l'original (mais cela est contesté par de nombreux spécialistes qui y voient une copie d'atelier). La Renommée, que l’on peut mieux interpréter comme la Gloire tient une palme - symbole des conquêtes spirituelles – au-dessus de la tête de l’empereur et, dans l'autre main, un rameau de laurier - symbole des conquêtes matérielles – au-dessus du globe soutenu par un angelot.

Madone à la rose, 1530, Dresde, Gemäldegalerie

Vasari écrit encore que Parmigianino fit à Bologne, un tableau de la Vierge à l’Enfant qui tient un globe terrestre. La Vierge est très belle et l'angelot est également très naturel : il faisait toujours en sorte que du visage des angelots se dégage une vivacité enfantine, propre à l’état d’esprit vif et malicieux qu’ont souvent les petits enfants. La Vierge est encore parée d’atours extraordinaires, d’une robe aux manches de voile jaune et presque entièrement ornées d'or. Elle est profondément gracieuse, si bien que, non seulement la chair semble réelle et d’une délicatesse extrême mais aussi qu’on ne peut pas voir des cheveux aussi bien rendus. Ce tableau fut peint pour Pietro l’Aretino mais, le pape Clément étant venu à Bologne, Francesco le lui donna et puis, je ne sais comment, il vint ensuite aux mains de Dionigi Gianni pour être aujourd’hui en la possession de Bartolomeo, son fils, qui l’a tant arrangé, qu’en ont été faites cinquante copies réelles ou supposées.
La famille Gianni, ou Zani, le vendit en 1752 à Auguste III de Pologne pour sa collection de Dresde (aujourd'hui à la Gemaldegalerie). Si la rose et le globe tenus par l’Enfant devaient représenter le salut du monde opéré par le Christ, selon l'interprétation alchimiste de Fagiolo dell'Arco, la rose, symbole de la rotondité, serait la métaphore de la réussite de l'opus » et l’œuvre entière représenterait l'Immaculée Conception.
La robe transparente de la Vierge, la pose de l’Enfant aux cheveux bouclés et le bracelet de corail au poignet, les ondulations du rideau, donnent à la peinture une empreinte essentiellement profane, sensuelle même. Affò en vint à des conclusions identiques, que l’œuvre – commissionnée par Pierre L’Arétin – aurait du représenter une Vénus et Cupidon. Cependant, l’hypothèse a été démentie par toutes les esquisses de Parmigianino. Les thèmes, qu’ils soient religieux ou profanes, sont soumis à l’irréversible adresse du style choisi par Parmigianino : élégance décorative, préciosité formelle et virtuosité recherchée dans la composition.

Le retour à Parme

Portrait de femme, 1530, Parme, Pinacoteca Nazionale
Après avoir été tant d’années hors de sa patrie et avoir fait de multiples expériences artistiques, seulement auprès d’amis et non en fréquentant l’université, il s’en retourna finalement à Parme pour répondre à l’appel d’amis et de parents. Dès son arrivée, il se mit tout de suite au travail sur pour une voûte de l’église Santa Maria della Steccata, une fresque assez grande. Parce qu'il y avait devant la voûte une petite arche qui s’incurvait comme elle et à hauteur de visage, il se mit à travailler dessus car c’était plus facile et il réalisa six personnages très beaux, deux en couleurs et quatre en clair-obscur et, entre les uns et les autres, quelques très beaux ornements qui mettaient en relief les rosaces au centre. Perfectionniste, travaillant lentement, introduisant des détails très sophistiqués étudiés par plusieurs dessins, d'ailleurs invisibles depuis le sol, l'artiste prit du retard sur sa commande.
Le contrat entre les marguilliers de l’église de la Steccata et Parmigianino fut signé le 10 mai 1531 : il prévoyait la décoration de l’abside et de l’intrados de la grande chapelle. Pendant ce temps le peintre avait réalisé son autoportrait et il termina cette année-là le Portait de jeune fille, maintenant à la pinacothèque de Parme, appelé L’esclave turque uniquement à cause du balzo, la résille qui retenait les cheveux donnant l’impression d’un turban oriental.
C’est l’un des portraits les plus expressifs, et parmi les plus connus, de l’artiste : la sensualité malicieuse du sujet est exaltée par le regard fixé vers l’observateur et par la science de la composition dans l’harmonie volontaire, tout en courbes, qui délimite le visage.
Certainement de la même période, l’Autoportait présumé des Offices, le Portait du gentilhomme de Naples et le Portrait de la comtesse Gozzadini, aujourd’hui à Vienne, que, selon Vasari, Parmigianino aurait fait en même temps que celui de son mari Bonifacio, le laissant néanmoins inachevé vers le bas, comme en effet, on peut le voir à Vienne.
Le portrait de Bonifacio Gozzadini, s’il fut jamais commencé, est introuvable. Mais Gozzadini est aussi celui qui a commandé La Vierge à l’Enfant avec les saints Zaccharie, Madeleine et Jean, des Offices, acquis en 15334 et ensuite propriété du comte de Bologne, Giorgio Manzuoli. De là, il se retrouva aux Offices en 1605.

Vierge à l'Enfant et saints, vers 1530, Florence, Offices

Décrit dans le document notarial comme pieta imago Beatae Mariae Virginis cum Bambino imaginis domini nostri Jesu Christi in brachio et imago S. Zacariae et imago domine Sancte Mariae Magdalenae, le traitement lumineux auquel Parmigianino soumet la surface, la rendant filamenteuse et iridescente, comme si la dépouille de l’enveloppe physique était jetée dans un creuset pour en éliminer les impuretés. La tentative d’atteindre une suprême élégance formelle passe donc par la transformation de la matière et, tout en maintenant la similitude avec la réalité terrestre, elle la traduit en une matière qui semble lunaire.
Le paysage qui a ici une importance inhabituelle, ne se soustrait pas, lui non plus, à ce processus de transformation et l’irréalité des architectures de rêve – l’arc avec la statue qui, le regard emphatique vers le haut, semble vivante et l’énorme colonne isolée de façon insensée – confirme et accentue la sensation d’étrangeté et d’appartenance à une autre réalité et à un autre temps. C’est peut-être proprement dans ce processus de style l’authentique référence aux intérêts alchimiques de Parmigianino : le processus qui transforme la forme de la matière réelle pour en extraire la quintessence de sa pureté, la forme comme beauté pure.
"À cette même époque, écrit Vasari, il fit à Baiardo, gentilhomme parmesan et un de ses amis très intimes, dans un tableau un Cupidon qui fabrique un arc de ses mains : à ses pieds, il ajouta deux Amours, l’un, assis, tient le bras de l’autre et, en souriant, veut qu’il touche Cupidon d'un doigt, l’autre, qui ne veut pas le toucher, pleure en montrant sa peur de ne pas brûler des feux de l’amour. Cette peinture, qui est banale par ses couleurs, précieuse par son invention et gracieuse par sa manière particulière qui a été et est par ses artifices et par ce qui se fait de l’art de l’imitation et de l’observation, appartient aujourd’hui à Marcantonio Cavalca, héritier du chevalier Baiardo, ainsi que de nombreux dessins qu’il a rassemblés de sa propre main, dessins de toutes sortes, très beaux et biens finis..."
Il s’agit de Cupidon qui fabrique son arc, passé à Madrid et de là, acquis par l’empereur Rodolphe II en 1603, il fut gardé tout d’abord à Prague et ensuite à Vienne. Cupidon, de trois-quart dos, est en train de fabriquer son arc en posant un pied sur des livres – allusion à la prééminence de l’Amour sur la Science -, pendant que les deux enfants, l’un un garçon, l’autre une fille, seraient Antéros, l’impulsion virile qui donne la force à l’amour et Liseros, le principe féminin qui l’éteint. En fait, le premier petit Amour saisit le bras du second qui résiste et pleure, cherchant à lui faire toucher Cupidon.

La Vierge au long cou, vers 1535, Florence, Offices

Avec une malice perverse, le peintre a exprimé dans les visages des deux enfants – qui semblent être une réflexion sur les Amours du Corrège (mais aussi de raphaël dans la Vierge Sixtine), dans un esprit, certes désormais éloigné de celui-ci, mais en gardant la même aimable spontanéité - une grande fraîcheur qui réussit à mettre en second plan la tension érotique latente et le corps marmoréen du Cupidon, dont les ses ailes qui semblent faites de métal.
"Pour l’église de Santa Maria dei Servi il fit un tableau de Notre Dame avec son Fils dormant dans ses bras et sur un côté, plusieurs anges dont l’un porte au bras une urne de cristal avec, à l’intérieur, une croix que regarde Notre Dame. Cette œuvre qui ne le satisfaisait pas beaucoup, resta inachevée. Cependant on l’admire pour sa grâce et sa beauté. ". C’est ainsi que Vasari fait référence à l’œuvre peut-être la plus fameuse de Parmigianino, La Vierge au long cou.
Elle fut commandée par Elena Baiardi pour sa chapelle personnelle dans l’église de Santa Maria dei Servi : comme l’atteste le contrat, en date du 23 décembre 1534, le Parmigianino, après avoir reçu un acompte, s’engageait à livrer le tableau à la pentecôte de 1535 et, en dédommagement, à mettre en gage sa propre maison. Et, en effet, la toile ne fut ni achevée ni livrée : inachevée dans sa partie droite et laissée dans l’atelier du peintre. À sa mort, une inscription fut placée sur le stylobate de la colonnade : FATO PREVENTUS F. MAZZOLI PARMENSIS ABSOLVERE NEQUIVIT. Laissée dans l’église en 1542, elle fut acquise par les Médicis en 1698 (Florence, Offices).
L’analyse de Hauser de cette peinture est significative : « on retrouve l’héritage des bizarreries de Rosso, les formes les plus allongées, les corps les plus élancés, les jambes et les mains les plus minces, le plus délicat visage de la femme et le cou le plus délicieusement modelé et le rapprochement des motifs les plus irrationnels que l’on puisse imaginer, les proportions les plus inconciliables et les formes les plus incohérentes de l’espace. Il semble qu’aucun élément du tableau ne s’accorde avec un autre, ni qu’aucune forme n’obéit aux lois naturelles, ni qu’aucun objet ne respecte la fonction qui lui serait affectée normalement. On ne sait pas si la Vierge est debout ou assise ou si elle prend appui sur quelque chose qui peut-être est un trône. Selon la loi de la gravité, l’Enfant devrait, d’un moment à l’autre, glisser des genoux. On ne sait pas si elle regarde l’Enfant ou si elle n’est préoccupée que d’elle-même, de ses propres pensées. On ne sait même pas où a lieu vraiment la scène : si c’est dans vestibule ou en plein air. Qu’est-ce qu’il y a là-bas, dans le fond ? Une rangée de colonnes ou un lourd rideau ? Et puis, que sont ces colonnes qui se trouvent là, sans chapiteau, complètement inutiles, pareilles à des cheminées d’usine ? Et que peuvent bien vouloir représenter les adolescents et les jeunes garçons rassemblés dans l’angle gauche au premier plan ? Des anges ? Ou plutôt un éphèbe avec ses compagnons en train de présenter une offrande à la Vierge, à cette idole idéalement gracieuse ? On serait ainsi arrivé là, où devait mener inévitablement ce genre de peinture sacrée : à un culte païen de la beauté .
Il y a encore Fagiolo dell'Arco pour donner une interprétation fondée sur les principes alchimiques et religieux : le thème du tableau serait l’Immaculée conception. Le vase, au premier plan à gauche, sur lequel a été visible, un moment, la croix citée par Vasari, ferait référence au sein de Marie. Il s’agirait du Vas Mariae, une allusion à la mort du Christ au moment de sa conception, selon l’idée des alchimistes que la naissance correspond à la mort. La colonne symbolise l’Immaculée conception et le long cou de la Vierge était déjà, depuis le Moyen Âge, un attribut de la Vierge - collum tuum ut columna.

Portrait de femme Antea, Naples, G. N. de Capodimonte

Identifiée sans preuve avec une courtisane romaine très connue à l’époque, le « Portrait de femme » de Naples Capodimonte est une apparition improvisée et inquiétante, un fantasme qui surgit de l’ombre. Le naturalisme est en fait, seulement apparent, nié par l’allongement « hallucinant de tout le bras et de l’épaule droite sur laquelle la fourrure en zibeline a un poids démesuré, par la déformation anormale que celle-ci, effrayée, d’un air résigné, affiche comme un pénible fardeau de la nature. Bologne
Pendant ce temps, il continue les fresques de l’église de Santa Maria della Steccata. Il reçoit deux paiements, l’un en 1531 et l’autre en 1532. En 1534, il reçoit 1 200 feuilles d’or nécessaires pour la décoration, d’autres encore en 1535 et en 1538 et les dernières le 12 avril 1539. En réalité, le travail devait être terminé en 1532. Dès le 27 septembre 1535, les marguilliers avaient exigé la restitution de 200 écus. Un compromis ayant été trouvé, un délai lui est accordé pour continuer à travailler. Mais, le 3 juin 1538, les marguilliers lui intiment l’ordre de restituer 225 écus pour défaillance. Il obtient un nouveau délai jusqu’au 26 août 1539 sans qu’il ait terminé son travail. La Confraternité fait appel aux voies légales et fait incarcérer Parmigianino quelques jours. À sa libération, le peintre quitte Parme et la Confraternité le congédie : par acte notarié du 19 décembre 1539, on note que le maître Francesco Mazzolo ne pouvait plus, par aucun moyen, s’interposer ou empêcher de réaliser les peintures de la chapelle de la nouvelle église de la Madonna de la Steccata et le travail est confié à Giulio Romano, qui exécute avec son atelier les autres murs non réalisés par Parmesan le projet prévoyait, dans l’abside, un Couronnement de la Vierge et la décoration du grand arc du presbytère.
De 1531 à 1535, Parmigianino aurait produit les esquisses, passant à la fresque elle-même de 1535 à 1539 sur la paroi à droite du grand arc du presbytère, les Trois vierges folles, les monochromes d’Ève et d’Aaron, et sur la gauche, trois autres vierges folles et les monochromes de Moïse et d’Adam ainsi que des angelots sur les festons et une frise avec des personnages, des anges, des vases, des livres et des objets de culte.

De facture monumentale, les personnages assument des expressions d’une gravité profonde et inquiétante avec un sens du classicisme, repris mais inédit, qui est le résultat le plus extraordinaire d’un contexte sans ambiguïté, fruit d’une sensibilité et d’un langage délicieusement maniéré Rossi. Sur la frise, on note l’habileté de l’orfèvre, la passion pour la fusion des métaux, commune également aux alchimistes, ce feu rouge qui brûle étrangement les coudes des deux hommes qui, indifférents, l’effleurent. Ghidiglia Quintavalle
Banni de Parme, l'artiste s'exile hors des portes de la ville à Casalmaggiore, où il s'adonne à l'alchimie. Il peint pour l'église de ce bourg un retable, La Vierge avec saint Étienne, saint Jean-Baptiste et un donateur Dresde, Gemäldegalerie, représentés sous une froide lumière lunaire. Personnage complexe, torturé, il meurt à trente-sept ans. Il est un créateur majeur du courant maniérisme comme en témoignent l'extrême raffinement de sa touche, sa préciosité, l'allongement des figures allant jusqu'à la déformation, les compositions étranges aux contraposto ambigus. Grâce à la gravure, à plusieurs élèves et suiveurs (Mazzola-Bedoli, Niccolo dell'Abate…, son influence se diffuse dans toute l'Europe (École de Fontainebleau, puis Cour de Prague - Spranger-, aux Pays-Bas -Wtewael- et de Nancy -Bellange-.

Å’uvres Peintures

La Vierge au long cou, détail
Baptême du Christ 1519, attribué, 195 × 137 cm, Staatliche Museen, Berlin,
Mariage mystique de sainte Catherine et des saints Jean Baptiste et Jean l'Évangéliste (1521), 203 × 130 cm, église de Santa Maria, Bardi,
Sainte Barbara (v. 1521), 48 × 39 cm, musée du Prado, Madrid,
Fresques (1522 - 1523), église de San Giovanni Evangelista, Parme,
Fresques (1523 - 1524), forteresse, Fontanellato,
Portrait d'un collectionneur (v.1523), 89 × 64 cm, National Gallery, Londres,
Portrait de Galeazzo Sanvitale (1524), 109 × 81 cm, Gallerie Nazionali di Capodimonte, Naples,
Sainte Famille (1524), 110 × 89 cm, Prado, Madrid,
Autoportrait (1524), tondo 24,4 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne,
Adoration des bergers (1525), 59 × 34 cm, Galleria Doria-Pamphilj, Rome,
Vierge à l'Enfant (1525), 60 × 34 cm, Galleria Doria-Pamphilj, Rome,
Portrait de Lorenzo Cybo (1525), 126 × 104 cm, Statens Museum for Kunst, Copenhague,
Mariage mystique de sainte Catherine (v. 1525), 74 × 57 cm, National Gallery, Londres,
Homme qui suspend la lecture (v. 1525), attribué, 67 × 53 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne,
Homme avec un livre (v. 1525), 70 × 52 cm, City Art Gallery, York,
Vierge à l'Enfant et le jeune saint Jean-Baptiste (v. 1526), 159 × 131 cm, Gallerie Nazionali di Capodimonte, Naples,
Vierge à l'Enfant (v. 1526), 63 × 51 cm, Courtauld Institute (collection Seilern), Londres,
Vision de saint Jérôme (1527), 343 × 149 cm, National Gallery, Londres,
Saint Roch et donateur (1527), 270 × 197 cm, Basilique San Petronio, Bologne,
La Conversion de saint Paul (v. 1528), 177 × 128 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne,
Adoration des Mages (v. 1528), 120 × 94 cm, église de San Domenico, Taggia,
Vierge à l'Enfant et saints (v. 1529), 222 × 147 cm, Pinacoteca Nazionale, Bologne,
Portrait de jeune homme (v. 1529), 97 × 82 cm, collections royales, Hampton Court,
Portrait d'homme (v. 1529), 52 × 42 cm, Galleria Borghese, Rome,
Portrait allégorique de Charles V (v. 1530), 182 × 125 cm, attribué ou copie d'atelier, collection privée, États-Unis,
La Vierge à la rose (v. 1530), 109 × 88 cm, Gemäldegalerie, Dresde,
Portrait de jeune femme (v. 1530), 67 × 53 cm, Pinacoteca Nazionale, Parme,
Vierge à l'Enfant, saint Zacharie, sainte Madeleine et le jeune saint Jean-Baptiste v. 1530, 73 × 60 cm, Offices, Florence,
Portrait de jeune femme (v. 1531), 50 × 46 cm, attribué, Kunsthistorisches Museum, Vienne,
Autoportrait (v. 1531), 100 × 70 cm, Offices, Florence,
Portrait d'homme (v.1531), 98 × 84 cm, Gallerie Nazionali di Capodimonte, Naples,
Sainte Marguerite et sainte Cécilie (v.1531), fresque, église de San Giovanni Evangelista, Parme,
Trois têtes (1530 - 1534), fragment de fresque, attribué, Galerie Spada, Rome,
Minerve (1530 - 1535), 63 × 46 cm, collections royales, château de Windsor,
Cupidon fabriquant son arc (v. 1533), 135 × 65 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne,
La Vierge au long cou (1535), 216 × 132 cm, Offices, Florence,
Portrait de jeune femme dite Antea(v. 1536), 135 × 88 cm, musée Capodimonte de Naples, Naples,
Fresques (1535 - 1539), église de Santa Maria della Steccata, Parme,
Portrait de gentilhomme (v. 1537), attribué, 117 × 98 cm, Kunsthistorisches Museum, Vienne,
Portrait de Pier Maria Rossi di San Secondo (v. 1538, 133 × 98 cm, Prado, Madrid,
Portrait de Camilla Gonzaga (v. 1538), 128 × 97 cm, Prado, Madrid,
Vierge à l'Enfant et les saints Stéphane et Jean-Baptiste (1540), 253 × 161 cm, Gemäldegalerie, Dresde,
Autoportrait (1540), 21 × 15 cm, Pinacoteca Nazionale, Parme,
La Mort de Lucrèce (1540), attribué, 68 × 52 cm, Gallerie Nazionali di Capodimonte, Naples,
Le Mariage mystique de sainte Catherine (petite ébauche inachevée), musée du Louvre, Paris,
Vierge à l'enfant, Fort Worth, Kimbell Art Museum

Dessins

Mariage d'Alexandre et Roxane, Kunsthalle, Hambourg,
La Guérison des malades, musée des beaux-arts, Angers,
Étude des saintes Lucie et Apollonie ; Étude de Diane et Attéon, Kupferstichkabinett Gemäldegalerie, Berlin,
Le Mariage de la Vierge ; Jeune homme avec chiens ; Autoportrait, Chatsworth Settlement, Chatsworth,
Autoportrait avec un chien ; Jeune homme en pieds ; Étude de prophète ; Étude de nus ; Étude pour la décoration de la Steccata ; Étude de philosophe assis ; Étude de canéphore, British Museum, Londres,
La Conversion de saint Paul, collection Seilern, Londres,
Intérieur d'église avec la "Présentation au temple", Victoria and Albert Museum, Londres,
Homme en pied ; Étude pour la décoration à rosaces de la Steccata, Galleria Estense, Modène,
Femme assise; Descente du Saint-Esprit, Museo Nazionale di Capodimonte, Naples,
Études pour le Moïse de la Steccata, Metropolitan Museum, New York,
Saint Jérôme assis chez un arbre ; Madone avec l'Enfant et le jeune saint Jean-Baptiste ; Marsia ; Jupiter et Antiope ; Étude de putti ; Étude de garçon ; Sainte Famille avec un ange; Étude de canéphores pour la Steccata ; Homme assis sur une bateau; Tête de chien ; Étude d'homme nu assis ; Madone et cinq saints ; Scène mythologique ; Deux putti en vol ; Sainte Cécilie qui joue le violon ; Homme assis sur une savonarola, Louvre, Paris,
Marie-Madeleine lavant les pieds à Jésus ; La Vierge et l'Enfant, collection privée, Parme,
Nu en pied de profil, Istituto Nazionale per la Grafica, Rome,
Crabec, Nationalmuseum, Stockholm,
Madone ; Sainte Famille et saints, collection privée, Suisse,
Vierge et l'Enfant, saint Joseph et le jeune saint Jean-Baptiste, Biblioteca Reale, Turin,
Vierge et l'Enfant, saint Jérôme, saint François et d'autres figures, Gallerie dell'Accademia, Venise.

Liens
http://youtu.be/bZeIHXZR8lU Le maniérisme
http://youtu.be/suIUUGdNyWk La vierge au long cou
http://youtu.be/pfnX-zgXHBM Auto portrait
http://youtu.be/IpmnZaMOaaw Tutti
http://youtu.be/cQiCpqXgtsw Lonversion de St Paul


#339 Georges Braque suite 2
Loriane Posté le : 31/08/2014 00:06
Flamant rose en vol.Vol d'oiseau À tire d'aile.

À partir de 1953, Braque multiplie les références à l'envol, aux oiseaux. On en trouve dans L'Atelier IX 1952-1956, avec de grandes ailes qui viennent çà et là perturber l'espace. Pendant ces années-là, les oiseaux envahissent son œuvre. Mais il faut attendre Atelier VIII 1952-1955 pour que l'oiseau en vol ait gagné sa blancheur. L'Oiseau et son nid 1955-1956, 130,5 × 173,5 cm, Centre Pompidou, Paris, est découpé abstraitement sur fond brun. Il marque une étape importante dans l'œuvre de Braque en cela qu'il annonce l'oiseau profilé de À tire d'aile, 1956-1961, 114 × 170,5 cm, Centre Pompidou, Paris, l'apothéose du travail du peintre sur les oiseaux. L'artiste est allé observer une réserve d'oiseaux en Camargue, il a admiré le vol des flamants roses : ... j'ai vu passer de grands oiseaux. De cette vision, j'ai tiré des formes aériennes. Les oiseaux m'ont inspiré .... Le concept même, après le choc de l'inspiration, les a fait se lever dans mon esprit, ce concept doit s'effacer pour me rapprocher de ce qui me préoccupe : la construction du fait pictural. Le peintre stylise, puis travaille les formes en aplats en les simplifiant à l'extrême. Les Oiseaux noirs, 1956-1957 ou 1960 selon les sources 129 × 181 cm, collection Adrien Maeght, sont représentatifs du concept oiseau abouti, ainsi que À tire d'aile 1956-1961, 129 × 181 cm, Centre Pompidou Paris. Dans le tableau Les Oiseaux, 1960, 134 × 167,5 cm le concept est réduit à des signes, presque abstraits, jouant avec la lumière. Braque tient beaucoup à ses oiseaux, il a conservé jusqu'à sa mort L'Oiseau et son nid, huile et sable sur toile, 130,5 × 173,5 cm, Centre Georges Pompidou. L'Oiseau et son nid, qu'il a gardé jusqu'à sa mort, on ne saurait trouver de meilleur autoportrait de Braque.
L'œuvre de Braque, dans les années cinquante et soixante, fait l'objet de nombreuses expositions tant en France qu'à l'étranger à Tokyo au Musée national en 1952, à la Kunsthalle de Berne et à la Kunsthaus de Zurich en 1953. Mais tandis qu'on organise au Festival international d'Édimbourg en 1956 une gigantesque exposition de ses œuvres, puis à la Tate Gallery de Londres, il reste dans son atelier à Paris et il ne le quitte que pour aller à Varengeville. Il se contente d'envoyer ses toiles de plus en plus ailées. L'exposition d'Édimbourg est pourtant répartie dans vingt trois salles, elle comporte quatre vingt neuf toiles qui ont attiré un très vaste public. Braque est fait Docteur honoris causa de l'Université d'Oxford. L'année suivante ce sont ses sculptures qui s'envolent pour le musée de Cincinnati, puis plus tard à Rome, où on l'expose fin 1958 - début 1959, il reçoit le Prix Antonio Feltrinelli décerné par l'l'Académie des beaux-arts. De 1959 à 1963, Braque travaille aussi à des livres d'artiste : avec Pierre Reverdy La Liberté des mers, avec Frank Elgar La Résurrection de l'oiseau 1959, avec Apollinaire Si je mourais là-bas, avec Saint-John Perse L'Ordre des oiseaux 1962, avec René Char Lettera Amorosa 1963.
Braque est un des peintres marquants dans l'histoire de la peinture. Il a influencé de nouvelles générations d'artistes. Après l'exposition de 1946 à la Tate Gallery de Londres, jugée mal montée par Patrick Heron, Des artistes en manque ont commencé, dans toute l'Angleterre, et à l'insu de critiques arrogants, à peindre des natures mortes au hareng. Parmi les peintres sous l'influence de Braque, Alex Danchev cite Ben Nicholson, John Piper ou Bryan Winter, et les américains William Congdon et Ellsworth Kelly. Françoise Gilot était entourée des œuvres de Braque, et à la Juilliard School de New York on donnait un cours d'histoire de l'art intitulé Bach to Braque and beyond de Bach à Braque et au-delà.
Georges Braque a également créé des vitraux : sept pour la chapelle Saint-Dominique et le vitrail représentant un arbre de Jessé à l'église paroissiale Saint-Valéry de Varengeville-sur-Mer en 1954, ainsi que la sculpture de la porte du tabernacle de l'église d'Assy en 1948. La dernière exposition de son vivant en France a lieu au Musée des arts décoratifs de Paris et présente ses bijoux du 22 mars au 14 mai 1963. Ils sont reproduits sur de nombreux sites. Cette même année à Munich, une grande rétrospective présente l'ensemble de son œuvre du 12 juin au 6 octobre.
Il meurt le 31 août 1963 à Paris. Alberto Giacometti, qui est venu dessiner son portrait funéraire , écrit :
Ce soir tout l'œuvre de Braque redevient pour moi actuel ... De tout cet œuvre, je regarde avec le plus d'intérêt, de curiosité et d'émotion les petits paysages, les natures mortes, les modestes bouquets des dernières années, des toutes dernières années.

Des funérailles nationales ont lieu pour l'artiste le 3 septembre. André Malraux prononce son éloge funèbre devant la Colonnade du Louvre.
Georges Braque est enterré le lendemain au cimetière marin de Varengeville-sur-Mer.


Les bijoux de Braque

En 1961, de plus en plus souffrant, et incapable de travailler longtemps à ses peintures, Braque accepte de reprendre des dessins afin qu'ils servent de modèles pour la réalisation de bijoux, en particulier de camées en onyx montés en bagues. Il en a offert une à sa femme représentant le profil d'Hécate reproduction de Hécate en broche, gouache et reproduction de Hécate en broche, et il en a porté une lui-même en chevalière pendant la dernière année de sa vie : La Métamorphose d'Eos, oiseau blanc représentant l'aurore.
À partir de 1961, le peintre, fatigué et malade, avec le teint cireux du cancer a ralenti son rythme. Ce qui ne l'empêche de travailler encore à de grands tableaux comme La Sarcleuse. Emporté par un infarctus cérébral il peindra jusqu'à son dernier souffle, retouchant sans cesse La Sarcleuse et réalisant des petits formats moins contraignants, des gouaches qui vont devenir des bijoux. En septembre 1961, Braque a commencé à travailler sur une représentation en volume de sa Tête grecque qu'il a présentée au lapidaire Heger de Lowenfeld pour une mise en volume.
Ce sont les 110 gouaches de Braque, réalisées de 1961 à 1963, qui ont servi de base aux bijoux exécutés de 1962 à 1963. Ils ont été exposés au Musée des arts décoratifs de Paris du 22 mars au 14 mai 1963. Certaines pièces sont visibles sur le site du Musée des arts décoratifs de Paris ou sur celui site du Musée Georges Braque de Saint-Dié-des-Vosges, ainsi que sur le site de Montpellier art181 consacré aux bijoux d'artistes Bijoux d'artistes, les expositions, peintres et bijoux. Les thèmes récurrents des gouaches de l'artiste sont les oiseaux en vol, et les figures humaines ou animalières de la mythologie grecque.
L'intégralité des bijoux acheté par l'État se trouve au Musée des arts décoratifs , création : Georges Braque dessinateur ; France Heger de Löwenfeld réalisation ; France, 1962 vers.Alcyone, collier, 1962, or serti de diamants, 29 × 14,5 × 26 cmvoir Alcyons sur le site des arts décoratifs. Il est bien précisé que c'est en 1961 que le peintre a commencé les dessins dont la réalisation a eu lieu à partir de 1962 ou bien au Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou : 1963, Hera, orfèvrerie, or et saphirs sur clip de platine, 3 x 4,3 x 8 cm. Acquisition de l'État, 1969. Attribution au Musée national d'art moderne, 1969. Numéro d'inventaire : AM 1249 OA Centre Pompidou consultable sur le site du centre Pompidou virtuel et 1962, Métamorphose d'Eos, camée d'onyx sur bague d'or 2,2 x 1,8 cm Diamètre : 1,9 cm inscriptions : S.R. : G.Braque. Donation Mme Georges Braque, 1965, Numéro d'inventaire : AM 1208 OA Centre Pompidou.
Après la mort de Braque, Heger de Lowenfeld a reproduit diverses œuvres du peintre sous forme de gouaches servant de maquette à de nouveaux bijoux jusqu'en 1996, année où le lapidaire a été victime d'une deuxième hémiplégie. Pour lever toute confusion, les gouaches de Lowenfeld sont signées de sa main, et non de Georges Braque ainsi qu'on peut le voir sur les sites de ventes aux enchères où les œuvres sont présentées à titre d'Hommage aux bijoux de Braque comme Asteria, ou Eudora dont la lithographie a été exécutée d'après Georges Braque, et signée par le lapidaire. De même pour Circé sur le site Invaluable. Lorsque les travaux sont de la main du peintre, ils sont présentés comme tels : Pelias et Nélée, tapisserie signée de Georges Braque.
On en retrouve des exemplaires dans les ventes au enchères des maisons spécialisées : Millon et associés, la maison Tajan de Monte-Carlo, l'hôtel des ventes de Cannes, l'hôtel Drouot . Et sur le site du bijoutier lyonnais Cas Bernard.Le 25 novembre 2009 à l'Hôtel Drouot une vente aux enchères de sculptures et bijoux de Braque voir la vente 2009 a eu lieu au profit de la Croix-Rouge française.
Lors de la vente Tajan de Monte-Carlo du 5 août 2003, aux numéros 127 à 131 de la page 42 du catalogue, la vente comprenait les bijoux Hécate, broche bleue sur fond or, Hébé broche figurant des poissons, Mérope collier et Zétès et Calaïs, pendentif figurant des colombes Mélissa, bague figurant une colombe pavée de diamants, Thalia, broche figurant deux oiseaux en or lisse et en or ciselé. Une photo de la princesse Grace Kelly portant un modèle similaire à la broche Thalia est présentée sur le catalogue. Cette broche est mentionnée sur le catalogue de l'hôtel Drouot lors de la vente du 19 novembre 2006. Elle a été réalisée pour la princesse Grace d'après une gouache de Georges Braque intitulée Les Trois Grâces, signée de l'artiste en 1962.
Fernand Mourlot précise que les dernières lithographies de Braque date de 1963. Il a réalisée la toute dernière pour l'affiche de l'exposition Les Bijoux de Braque au musée des arts décoratifs de Paris. Avant cela, il mettait une dernière main en 1962 à Lettera amorosa de René Char, parution 1963

Postérité

Automobiles

Georges Braque aimait les belles automobiles. Alex Danchev mentionne la Rolls-Royce que lui avait offert le fils de Aimé Maeght, Adrien Maeght. Adrien possédait un musée de l'automobile aujourd'hui fermé. La veuve du peintre lui avait légué la Simca-Facel sport de Georges, qui se trouve maintenant, objet de collection, en Corse voir le peintre au volant de sa voiture. À Varengeville, Braque a laissé le souvenir de la Bentley grise qu'il possédait, avec chauffeur, la Bentley grise et la Simca sport rouge repeinte en gris. La Bentley grise devient vert bouteille dans l'article du New York Times du 17 juin 1982, qui déplore déjà le peu de place laissé un artiste qui a changé le cours de l'histoire de l'art The New York Times 1982

Philatélie

Un timbre postal de 50 centimes polychrome représentant le tableau Le Messager, a été émis le 10 novembre 1961 avec une oblitération Premier jour à Paris. Il porte le n° YT 1319201.
Un timbre postal polychrome d'une valeur faciale de 0,56 € représente le tableau Pélias et Nélée de Georges Braque. Le timbre a été émis à 1,7 million d'exemplaires le 21 septembre 2009 avec une oblitération Premier jour à Paris le 19 septembre 2009 ; il a été retiré de la vente le 26 novembre 2010. Le timbre est inséré dans un carnet de cinq appartenant à la série de la Croix-Rouge française sur le thème des 150 ans de la bataille de Solférino. Il porte le no 4388 et a été réalisé en offset.
Cote
Atelier VIII, vendu chez Christie's à New York le 11 mai 2005 pour 7 000 000 $
La Terrasse, vendu le 16 juin 2006 à la galerie Kornfeld à Berne pour 3 904 000 euros
Hermès Sculpture no 5/8, vendu chez Millon & Associés à Paris Drouot Richelieu le 19 novembre 2006 pour 553 481 eurosprix indiqué sur le catalogue Drouot.
Cristallerie
La série des Métamorphoses de Georges Braque a servi de base à des réalisations de la Cristallerie Daum dans les années 2000. Une exposition a eu lieu à l'Hôtel de ville de Nancy du 13 juin au 19 octobre 2007. Une autre exposition a réuni à Carmaux les pièces exécutées à partir des œuvres de Georges Braque et de Salvador Dalí de mai à octobre 2010. En 2007, le magazine Connaissance des arts édite un hors-série consacré à la collection Georges Braque de la cristallerie Daum Daum la collection Georges Braque

Odonymie

la rue Georges-Braque à Paris porte son nom

Mode

Les Métamorphoses ont inspiré la Haute couture, en particulier Les Oiseaux. En 1988, Yves Saint Laurent a présenté sa collection Braque avec des robes ailées dont on peut voir un exemplaire sur une photographie de Jean-Marie Périer où le couturier apparaît avec Carla Bruni portant une robe blanche à ailes d'oiseaux. Carla Bruni était l'un des deux mannequins qui ont présenté la collection Braque. L'autre était le premier mannequin noire : Katoucha Niane

Å’uvres

Liste des œuvres de Georges Braque. Période Post-impressionniste

Beaucoup de tableaux de la période Post-impressionniste ont été détruits par l'artiste lui-même après l'été 1904 passé près de Pont-Aven à l'exception du portrait Fillette bretonne. Le plus ancien exposé à ce jour est Le Parc Monceau, 1900, le Parc Monceau sur le site du Musée Georges Braque de Saint-Dié-des-Vosges.

Période post-impressionniste. Période Fauve 1905-1907

L'artiste a été entraîné dans le système fauve par son admiration pour le chef des fauves de l'époque, Henri Matisse, qui ne la lui rendait guère, mais surtout par son amitié pour Othon Friesz, André Derain, Raoul Dufy qui le poussent à l'action. Finalement, il expose pour la première fois sept tableaux fauves au Salon des indépendants de 1906, qui n'ont aucun succès et qu'il détruit. Très productif, Braque entame une période florissante : ses œuvres ont été achetées par beaucoup de musées par la suite. Ce sont en majorité des paysages comme Mât dans le port d'Anvers, 1906, huile sur toile, 46,5 × 38,4 cm, centre Georges-Pompidou, Bateau à quai, Le Havre, 1905, 54 × 65 cm Museum of Modern Art New York, voir le tableau exposé en 2009 au Musée des beaux-arts de Bordeaux, Paysage à l’Estaque, 1906 60,3 × 72,7 cm Art Institute of Chicago voir le paysage à l'Estaque. Et aussi des nus : Femme nue assise, 1907, huile sur toile, 55 5 × 46 5 cm Musée national d'art moderne, Paris. descriptif Femme nue assise, et Nu assis, 1907, huile sur toile 61 × 50 cm, collection Samir Traboulsi

Période fauve. Cubisme analytique 1907 à 1912

La période cubiste de Braque commence principalement avec des paysages, comme Le Viaduc à l'Estaque 1907 ou Route près de l'Estaque, et surtout Maisons à l'Estaque déclaré tableau cubiste par Matisse, puis Louis Vauxcelles, alors que le peintre considère Les Instruments de musique comme son premier tableau vraiment cubiste. Les débats sur le cubisme restent encore embrouillés, notamment parce que l'extrême discrétion de Braque a permis à son compagnon de cordée de monopoliser tous les rôles. Chacun est cependant resté le public en avant-première de l'autre pendant toute la cordée Braque-Picasso de 1911 à 1912 pendant période du cubisme analytique et celle du cubisme synthétique.
Les rapports entre les deux peintres se sont un peu gâtés au moment où Braque a réalisé ses premiers papiers collés à Sorgues : Compotier et verre, 1912, ' huile et sable sur toile, 50 × 65 cm collection privée premier papier collé sous cet intitulé, suivi d'un grand nombre d'autres papiers collés qui aboutissent graduellement au cubisme synthétique.

Cubisme analytique 1907 à 1912. Cubisme synthétique 1912 à 1917-1918

Le découpage exact entre la période analytique et la période synthétique varie selon les biographes. Certain incluent dans cette période les papiers collés à partir de Compotier et verre, 1912, qui conduisent à la période de Braque le vérificateur où se trouvent également Compotier et cartes 1913, suivi de la prolifique série des Machines à voir : Le Petit éclaireur , 1913. Dans cette période, où Braque met méticuleusement sa peinture au point, se trouvent des huiles sur toile : Violon et clarinette 1913 , Nature morte à la pipe 1914, L'Homme à la guitare 1914, 1914 .
Le catalogue de l'exposition Georges Braque 2013 au Grand Palais réserve un chapitre à part pour les papiers collés de 1912 à 1914, du Compotier et verre 1912 à La Bouteille de rhum, 1914. Puis revient sur les techniques mixtes sur toile avec Compotier et cartes 1913, ou Cartes et dé 1914. Les papiers collés pourraient être considérés comme un intermède cubiste entre analytique et synthétique.
Dans les principales œuvres de cette période il y a Violon et pipe LE QUOTIDIEN, 1913-1914, ou La Guitare : Statue d’épouvante, 1913, mais surtout des natures mortes lorsque Braque retrouvera la vue après une longue période de cécité due à sa blessure de guerre : La Joueuse de mandoline, 1917, 92 65cm, Musée de Lille métropole, La Musicienne, 221,3 × 113 cm,1917-1918, Kunstmuseum Bâle

Cubisme synthétique 1912 à 1917-1918. 1919 à 1932

Tout en gardant la rigueur du cubisme, Braque s'écarte de l'abstraction avec des natures mortes dont les motifs sont posés en aplats, et dont les couleurs deviennent de plus en plus vives au fil du temps. La juxtaposition des différents plans comme dans Compotier avec grappe de raisin et verre, 1919, Musée national d'art moderne, Centre Georges Pompidou, Paris220 est faite avec des pâtes épaisses et des lignes rigidifiées, qui donnent cette impression de mesure qui est la caractéristique de Braque220. Plus les années passent, plus son retour à la couleur s'affirme de Guitare et nature morte sur la cheminée, huile sur toile, 1921, 130,5 × 74,3 cm Metropolitan Museum of Art Guitare et nature morte sur la cheminée ou Guitare et verre 1921, huile sur toile, 43, × 73 cm, Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, Paris221, pour éclater dans des formats de plus en plus grands tels : Guitare et bouteille de marc sur une table, 1930, huile sur toile, 130,5 × 75 cm, Cleveland Museum of Art Guitare et bouteille de marc. Ses thèmes favoris sont alors les fruits, les fleurs, les objets. Il semble tourner le dos au cubisme. Avec des natures mortes comme : Le Grand guéridon également intitulé : La Table ronde, 1928-1929, huile et sable sur toile, 147 × 114 cm, The Phillips Collection222 le grand Guéridon The Round table qui paraissent, pour les uns, une régression, ou bien une somptueux avancée pour les autres, le peintre pratique son art de manière voluptueuse, livrant pendant cette période ses œuvres les plus sensuelles.

1919 à 1932. 1932 à 1944

The Phillips Collection où se trouvent de nombreuses œuvres de Braque, notamment la Nature morte à la clarinette
La dialectique des formes à la fois naturalistes et abstraites telles que les définissait Christian Zervos, prend une ampleur nouvelle avec des variations sur le thème du Guéridon commencé en 1928 : Le Guéridon 1928, huile sur toile, 197 × 73 cm, Museum of Modern Art, New York dont Braque produit une série de 1936 à 1939 comprenant Le Grand guéridon, intitulé également La Table ronde, huile sur toile, The Phillips Collection, qui est la toile la plus imposante de la série selon Bernard Zurcher, Le Guéridon SFMOMA, San Francisco Museum of Modern Art, Le Guéridon rouge Paris, commencé en 1939, révisé jusqu'en 1952, Centre Pompidou. Pendant cette période, l'artiste accumule notes, esquisses, dessins, qui donnent l'apparence trompeuse d'ébauches pour de futurs tableaux, alors qu'ils sont davantage une recherche de la part d'un peintre dans l'incertitude. L'artiste tâtonne, il cherche le fond des choses et bien que chaque page sur papier quadrillé soit d'un grand intérêt pour la compréhension de son cheminement, ils n'ont jamais été publiés. Aux angoisses de la guerre s'ajoutent l'inquiétude d'être sans nouvelles de sa maison de Varengeville et des toiles qui y sont déposées. Mais après des œuvres austères comme les Poissons ou Le Poêle she Stove 1942-1943, Yale University Art Gallery, Grand intérieur à la palette, 1942, 143 × 195,6 cm, Menil Collection, Houston. C'est aussi pendant cette période qu'il aborde la sculpture : Hymen, Hespéris, Le Petit cheval, et les plâtres gravés ainsi que la céramique, avant d'arriver à la série des Billards considérée comme un des thèmes majeurs de l'artiste
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1932 à 1944. 1944 à 1963
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Braque était à Varengeville lorsque les troupes allemandes ont passé la Ligne Maginot. D'abord réfugié dans le Limousin chez les Lachaud, puis dans les Pyrénées, le couple est revenu à Paris où il a passé la totalité de la guerre dans l'atelier construit par Auguste Perret, rue du Douanier. En 1940, le peintre a peu produit. C'est seulement à partir de 1941 qu'il a créé deux séries imposantes, des toiles austères sur les thèmes de la cuisine et de la salle de bain :La Table de cuisine avec grill, Le Poêle, La Toilette aux carreaux verts, l'immense Grand intérieur à la palette. Mais cette austérité ne durera pas. Dès 1946, avec Tournesols, Braque laisse éclater la couleur. Les dernières années du peintre, qui vont de la la presque-fin de guerre jusqu'au soir de sa mort sont les plus brillantes de sa carrière, selon John Golding . De nombreux critiques d'art anglais ont fait une ovation à sa série des Billards, puis la série des Ateliers, et aussi des paysages réalisés aux formats étirés et étroits exposés à la Royal Academy de Londres en 1997 Braque, The late works. L'exposition a été ensuite présentée à la Menil Collection qui a édité le catalogue. En France, on a peu parlé de l'évènement comme en témoigne le bref article de l'Express. Les dernières années du peintre sont aussi celles de la poésie, des lithographies illustrant des livres précieux comme L'Ordre des Oiseaux de Saint-John Perse. Le thème majeur de ces dernières années est certainement celui des oiseaux dont les très grands Oiseaux noirs marquent l'apothéose. Malgré sa simplicité, apparente, et son audace, la série des oiseaux, défie toute description, tout essai d'analyse. Braque disait :
Définir quelque chose, c'est substituer la définition à la chose. Il n'y a qu'un chose qui vaille vraiment la peine en art, c'est ce que l'on ne peut pas expliquer - Braque, le Cahier de Braque - cité par John Golding.

Les Bijoux de Braque 1961-1963

Hécate, camées en onyx montés en bagues. Georges Braque en a offert une à sa femme reproduction de Hécate en broche
La Métamorphose d'Eos oiseau blanc représentant l'aurore. Le peintre a porté une chevalière avec ce motif pendant la dernière année de sa vie.
Alcyone, collier, 1962, or serti de diamants, 29 × 14,5 × 26 cm Alcyone au Musée des arts décoratifs
Icarios, clip, oiseau de diamant sur fond de jaspe serti d'or 4,5 × 4 cm Icarios au Musée des arts décoratifs
La liste des bijoux étant très longue, une partie se trouve sur l'article détaillé Liste des œuvres de Georges Braque, une autre partie sur la page de discussion de l'article Georges Braque : Liste des bijoux de Braque, sous réserve de vérification.

Sculptures, tapisseries, plâtre gravés

La dernière œuvre des Métamorphoses, est une gouache exécutée par le peintre en 1963, 38 × 33 cm, en hommage et en signe d'amitié envers Pablo Picasso intitulée Les Oiseaux bleu hommage à Picasso. Cette œuvre a été exploitée après la mort du peintre. Exécutée en tapisserie 195 × 255 cm, réalisée à la main en 6 exemplaires par la manufacture Robert Four, elle a été vendue aux enchères par la maison Millon qui mentionne bien d'après Georges Braque. Cette même gouache a été exécutée en sculpture en bronze à patine médaillée bleue nuancée de noir tirée à 8 exemplaires, 58 × 255 cm, et vendue aux enchères à l'hôtel des ventes de Cannes ainsi que chez Millon, Paris.

Principales expositions

Depuis quarante ans, Georges Braque n'avait pas eu de rétrospective en France jusqu'à celle 2013-2014 au Grand Palais. C'est une très grande exposition qui compte environ références comprenant dessins sculptures et photographies. La totalité de l'œuvre est difficile à réunir en un seul lieu, d'autant plus que le Grand Palais consacre encore du 4 décembre 2013 au 6 février 2014 une rétrospective des bijoux Cartier.
Des expositions complémentaires rendent hommage à d'autres travaux de Braque, pendant cette même période 2013-2014. Les bijoux issus des gouaches créées par l'artiste de 1961 à 1963 ont été exposées au musée Georges-Braque de Saint-Dié-des-Vosges du 29 juin au 15 septembre 2013, les estampes et gravures de l'artiste sont actuellement exposées au Centre d'art La Malmaison de Cannes du 4 décembre 2013 au 26 janvier 2014, le château-Musée de Dieppe consacre une exposition aux estampes de Braque du 25 novembre 2013 au 5 janvier 2014.
C'est à partir de la double exposition Braque, the late years, 1997, Londres et Houston, que l'historien d'art anglais John Golding a établi un catalogue raisonné des œuvres de Braque. Ses travaux n'ont pas été repris dans les catalogues raisonnés édités par Maeght qui s'arrêtent en 1957, à la grande indignation d'Alex Danchev.
En 2008, une rétrospective de 80 œuvres de Braque a eu lieu à Vienne, à la Bank Austria Kunstforum, centre d'art situé dans un ancien bâtiment de la Bank Austria qui en est le mécène principal

2014
Georges Braque (1882-1963), Menil Collection et Musée des beaux-arts de Houston Houston, Texas du 16 février au 11 mai 2014.
2013
Georges Braque (1882-1963), Grand Palais, Galeries nationales, Paris, 18 septembre 2013 - 6 janvier 2014.
Georges Braque et les natures mortes cubistes, 1928-1945 du 8 juin au I° septembre 2013, The Phillips Collection, Washington
Georges Braque, l'artisan, Musée George Braque de Saint-Dié, Saint-Dié-des-Vosges, 29 juin au 15 septembre 2013
2012
Exposition dans le musée d'art de la cité interdite Pékin Chine, du 9 septembre au 12 octobre 2012
galerie de l'Université des Arts de Nankin galerie de l'Université des Arts de Nankin Nankin Nankindu 20 novembre au 20 décembre 2012 242
2008-2009
Georges Braque, Vienne, du 14 novembre 2008 au 1er mars 2009, Centre d'art de la Banque Austria, musée d'art moderne installé dans un ancien bâtiment de la banque
2007
Les Métamorphoses de Braque, Mairie de Saint-Nom-La-Bretèche, du 13 janvier au 4 février 2007.
Daum, la collection Georges Braque, œuvres de cristalleries exécutées d'après les Métamorphoses de l'artiste. Le magazine Connaissance des arts publie un hors-série consacré à cette exposition le 3 septembre 2007 : Daum, la collection Georges Braque
2006.
Georges Braque et le paysage de L'Estaque à Varengeville 1906-1963, musée Cantini de Marseille,
Braque-Laurens, un dialogue, Musée des beaux-arts de Lyon, 2006
Braque, la poétique de l'objet, Centre des rencontres économiques et culturelles de Dinan, 2006.
Les Métamorphoses de Braque au Château de Vascœuil (août-septembre 2006), l'exposition présente bijoux, tapisseries, sculptures, et pièces de haute couture de Yves Saint-Laurent exposition de Vascœuil, les trois expositions 2006 sont présentées dans le quotidien L'Humanité : L'Humanité.
1999
Georges Braque, l'espace, Musée d'Art moderne André Malraux, Le Havre, 1999,
1997
Georges Braque, late works, Menil Collection, Houston, Texas
Georges Braque, late works, Royal Academy Londres, À cette occasion, la presse anglo saxonne, ne tarit pas d'éloge sur l'élégance de Braque sur sa méticulosité et son art de la lenteur243.
1994
Georges Braque : rétrospective, Fondation Maeght, Saint-Paul-de-Vence, 5 juillet - 15 octobre 1994.
1992
Georges Braque, Fondation Gianadda, Martigny, Suisse, 13 juin au 8 novembre 1992,
1988
Georges Braque Solomon R. Guggenheim museum, New York, 1988
1983
Georges Braque, the late paintings, Fine Arts Museums of San Francisco,
Georges Braque, the late paintings, Walker Art Center, Minneapolis, 14 avril au 14 juin 1983
Georges Braque, the late paintings, California Palace of the Legion of Honor, 1er janvier-15 mars,
Georges Braque, the late paintings, Museum of fine arts Houston
1982
Georges Braque, the late paintings, The Phillips Collection, Washington 9 octobre-12 décembre 1982,
Georges Braque, les papiers collés, Grande galerie - Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, Paris, 17 juin 1982 - 27 septembre 1982 Braque
1974
Georges Braque, Orangerie des Tuileries, 16 octobre 1973 - 14 janvier 1974.
1972
Georges Braque, the great years, Art Institute of Chicago, Chicago, 1972
1963
Les Bijoux de Braque, Musée des Arts décoratifs, Palais du Louvre, mars - mai 1963.
1962
Hommage to Georges Braque The Contemporary art center, Cincinnati,
Hommage to Georges Braque The Walker Art Center, Minneapolis
1958
Georges Braque, œuvres récentes Galerie Aimé Maeght, 1958
1956
Georges Braque, sculptures et lithographies, Musée Boijmans Van Beuningen, Rotterdam, décembre 1956
1949
Georges Braque, les ateliers, Cleveland Museum of Art, 1949
1946
Georges Braque Tate Gallery, Londres (1946-1947)


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LIens

http://youtu.be/yGnFDnnvT98 Diaporama musical
http://youtu.be/AvhKj5jnCaw Diaporama musical
http://youtu.be/zozOnxVRLes Le musée Braque
http://youtu.be/HaLi6HRCKoI l'exposition G. Braque
http://youtu.be/FcwBVNdw6VQ?list=PL9L ... I74vSEsyXACRqKxrjT8FG-r3W 17 Vidéos


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[img width=600]http://upload.wikimedia.org/wikipedia/en/e/e6/Georges_Braque,_1909-10,_La_guitare_(Mandora,_La_Mandore),_oil_on_canvas,_71.1_x_55.9_cm,_Tate_Modern,_London.jpg[/img]

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#340 Georges Braque
Loriane Posté le : 31/08/2014 00:08
Le 31 août 1963, à 81 ans, à paris meurt Georges Braque,

né à Argenteuil Seine-et-Oise, actuellement Val-d'Oise il naît le 13 mai 1882, peintre, sculpteur et graveur français.il pratique le dessin, la céramique, l'eau-forte, et l'écriture, il reçoit une Formation au Cours du soir de l'École supérieure d'art du Havre, il appartient au mouvement artistique Fauvisme, cubisme, ses Œuvres les plus réputées sont , Maisons à l'Estaque, Le Grand Nu, Route près de l'Estaque, il combattant de la Grande Guerre ou il reçoit la Croix de Guerre, il aura des Obsèques nationales. Il obtient le prix de la Fondation Carnegie en 1937, le Grand prix de la Biennale de Venise en 1948. Il est fait Commandeur de la Légion d'honneur en 1951, le Prix Antonio Feltrinelli de l'Accademia di San Luca, Rome en 1959.

En bref

D'abord engagé dans le sillage des fauves, influencé par Henri Matisse, André Derain et Othon Friesz, il aboutit, à l'été 1906 aux paysages de l'Estaque avec des maisons en forme de cubes que Matisse qualifie de cubistes, particulièrement typées dans le tableau Maisons à l'Estaque. Cette simplification est censée être à l'origine du cubisme qui reste controversée selon Olivier Cena.
"Quand je commence, il me semble que mon tableau est de l'autre côté, seulement couvert de poussière blanche, la toile. Il me suffit d'épousseter. J'ai une petite brosse à dégager le bleu, une autre, le vert ou le jaune : mes pinceaux. Lorsque tout est nettoyé, le tableau est fini.
Ce propos du peintre recueilli par Jean Paulhan suffirait à définir la peinture de Braque comme une matériologie, faite d'une stratification de couches qui préexistent à l'œuvre et que l'artiste révèle."
La peinture de Braque est en effet une peinture lentement élaborée, dans laquelle la matière travaillée, mêlée, acquiert cet aspect profond et dense qui fait qu'il y a Peinture. Braque opposait la peinture tactile, celle qui est proche du spectateur, qui agit vers lui, à la peinture visuelle qui s'éloigne vers un infini illusionniste. Sans doute à cause de cette relation à la matière, à cause aussi de la nature placide, paysanne et consciencieuse de l'homme, de ses propos moralistes, du caractère méditatif de sa peinture et de son souci des thèmes simples, la critique n'a-t-elle pas toujours su discerner le rôle primordial de Braque dans la révolution cubiste ni l'originalité et la force de son œuvre de maturité !
La femme qui m'a le plus aimé, aurait dit Picasso en parlant de Braque. Cette formule galvaudée depuis ne doit pas être comprise comme une boutade un peu dérisoire. Elle est au contraire l'image qui restitue le plus exactement ce qui fut une aventure exemplaire, une expérience commune, celle du cubisme, initiée par deux artistes, coauteurs de la plus importante révolution plastique du XXe siècle, de laquelle aussi sont issues toutes les autres. De formation et de tempérament opposés, Braque et Picasso ont mené un dialogue sans égal dans l'histoire de l'art. C'est par ces deux expériences dialectiquement conjuguées de 1908 à 1914 que passe la connaissance de leur œuvre respectif.
C'est en étudiant méthodiquement dès 1906 les lignes de contour de Paul Cézanne, que Braque a abouti progressivement à des compositions qui utilisent de légères interruptions dans les lignes, comme dans Nature morte aux pichets. Puis avec une série de nus comme le Nu debout, et Le Grand Nu, il s'oriente, après 1908 vers une rupture avec la vision classique, à l'éclatement des volumes, une période communément appelée cubiste qui dure de 1911 jusqu'en 1914. Il utilise alors des formes géométriques principalement pour des natures mortes, introduit les lettres au pochoir dans ses tableaux, invente des papiers collés. En véritable penseur du cubisme, il élabore des lois de la perspective et de la couleur. Il invente aussi les sculptures en papier en 1912, toutes disparues, dont il ne subsiste qu'une photographie d'un contre-relief de 1914.
Mobilisé pour la Grande Guerre où il est grièvement blessé, le peintre abandonne les formes géométriques pour des natures mortes où les objets sont dans des plans recomposés. Pendant la période suivante qui va jusqu'aux années 1930, il produit des paysages, des figures humaines, et malgré la diversité des sujets, son œuvre est d'une remarquable cohérence. Braque à la fois précurseur et dépositaire de la tradition classique est le peintre français par excellence. Le Cahier de Georges Braque, 1917-1947 publié en 1948 résume sa position.
La Seconde Guerre mondiale lui a inspiré ses œuvres les plus graves : Le Chaudron et La Table de cuisine. La paix revenue et la fin de sa maladie lui ont inspiré les œuvres plus approfondies tels les Ateliers qu'il élabore souvent pendant plusieurs années, poursuivant six ébauches à la fois ainsi qu'en témoigne Jean Paulhan. Ses tableaux les plus connus sont aussi les plus poétiques : la série des oiseaux dont deux exemplaires ornent le plafond de la salle Henri II du musée du Louvre depuis 1953. Il a aussi créé des sculptures, des vitraux, des dessins de bijoux, mais à partir de 1959, atteint d'un cancer, il ralentit son rythme de travail. Son dernier grand tableau est La Sarcleuse.
Deux ans avant sa mort, en 1961, une rétrospective de ses œuvres intitulée L'Atelier de Braque a lieu au musée du Louvre, Braque devient ainsi le premier peintre à être exposé dans ce lieu de son vivant.
Homme discret, peu porté sur les relations publiques, Braque était un intellectuel féru de musique et de poésie, ami notamment d'Erik Satie, de René Char, de Alberto Giacometti. Il s' est éteint le 31 août 1963 à Paris. Des obsèques nationales ont été organisées en son honneur, au cours desquelles André Malraux a prononcé un discours.

Sa vie

Georges Braque grandit au sein d’une famille d’artisans. Il est le fils d'Augustine Johannet et de Charles Braque, entrepreneur de peintures en bâtiment à Argenteuil, également peintre du dimanche qui peint très souvent des paysages inspirés des impressionnistes. En 1890, la famille s'installe au Havre et en 1893, le garçon entre au lycée. Mais il n'a aucun goût pour l'étude, il est fasciné par la vie du port. Il s'inscrit tout de même dans la classe de Courchet à l’École supérieure d'art du Havre, dirigée par Charles Lhullier de 1897 à 1899 et il prend en même temps des leçons de flûte avec Gaston Dufy, le frère de Raoul Dufy.
En 1899, il quitte le lycée sans se présenter au baccalauréat et il entre comme apprenti chez son père, puis chez Roney, un de leurs amis qui est peintre décorateur. L'année suivante, il vient à Paris, pour continuer son apprentissage chez un peintre-décorateur, Laberthe. En même temps, il suit le cours municipal des Batignolles dans la classe de Eugène Quignolot. Il habite Montmartre, rue des Trois-Frères. En 1901, il fait son service militaire au 129e régiment d'infanterie du Havre. À son retour, avec le consentement de ses parents, il décide de se consacrer entièrement à la peinture. Il revient à Paris en 1902, s'installe à Montmartre rue Lepic en octobre, et entre à l'Académie Humbert, boulevard de Rochechouart. C'est là qu'il rencontre Marie Laurencin et Francis Picabia.
Marie devient sa confidente, son accompagnatrice à Montmartre, ils se dessinent mutuellement, sortent en ville, partagent leurs plaisanteries, leurs secrets et leurs jours de flemme. Mais Marie est une aguicheuse, pas facile à séduire. Le timide Braque n'a avec elle qu'une liaison chaste3. Il faudra toute la technique amoureuse de Paulette Philippenote 1 pour dégourdir le grand timide autour duquel tournent pourtant un grand nombre de femmes. Henri-Pierre Roché les rencontre ensemble au Bal des Quat'z'Arts alors que Braque est déguisé en romain. Cette vie de luxe et de volupté renforce le jeune homme dans sa décision de rompre les amarres. Il détruit toute sa production de l'été 1904 qu'il a passé à Honfleur, abandonne Humbert et prend contact avec Léon Bonnat en mai 1905 à l'école des Beaux-Arts de Paris où il rencontre Othon Friesz et Raoul Dufy. Cette même année, il étudie les impressionnistes au musée du Luxembourg dont la collection est essentiellement composée du legs de Gustave Caillebotte, il va aussi dans les galeries de Durand-Ruel et de Vollard. Il s'est installé dans un atelier qu'il loue rue d'Orsel, face au théâtre Montmartre où il assiste aux nombreux mélodrames d'époque6 et il se rallie au fauvisme. Sa décision est sans doute due à son amitié pour Othon Friesz, havrais comme lui, les deux jeunes artistes vont partir ensemble à Anvers en 1906 et l'année suivante dans le midi de la France.
Par la suite, Georges Braque introduit Marie Laurencin au Bateau-Lavoir et il l'encourage avec Matisse à poursuivre une carrière de peintre. Il croit en son talent.

Du fauvisme au cubisme

À l'été 1905, de nouveau à Honfleur, puis au Havre en compagnie du sculpteur Manolo, du critique d'art Maurice Raynal, poussé par Raoul Dufy et Othon Friesz à utiliser des couleurs pures, Braque expose au Salon d'automne de 1905 aux côtés de Matisse, Derain, et de ses amis havrais qualifiés de fauves. Pendant près de deux ans Braque s'engage dans le système fauve en fonction de sa propre lecture des œuvres de Cézanne. L'exemple le plus caractéristique du fauvisme de Braque se trouve dans La Petite Baie de La Ciotat, 1907, huile sur toile 60,3 × 72,7 cm, Musée national d'art moderne que le peintre juge suffisamment importante pour la racheter en 1959.
À partir de 1907, Georges Braque séjourne dans le midi de la France en compagnie de Othon Friesz, et après avoir longuement médité sur l'usage de la ligne et des couleurs de Paul Cézanne, il produit un grand nombre de toiles relatives aux paysages de l'Estaque, presque toutes en plusieurs versions : Le Viaduc de l'Estaque 1907, Le Viaduc de l'Estaque 1908, Route de l'Estaque 1908 Terrasse à l'Estaque 1908, La Baie de l'Estaque 1908, Les Toits d'usine à l'Estaque 1908, Chemin à L'Estaque 1908, Paysage à l'Estaque 1908. Maisons à l'Estaque a été reproduit dans 34 publications et présenté dans 22 expositions1908 à 1981.
Le tableau ayant été refusé au Salon d'automne de 1908, le marchand d'art Daniel-Henry Kahnweiler, très choqué par cette réaction, propose à Georges Braque de lui ouvrir sa galerie pour présenter cette œuvre ainsi que l'ensemble des œuvres récentes du peintre. Kahnweiler vient d'ouvrir une petite galerie au no 28 de la rue Vignon à Paris, il confie la préface du catalogue à Guillaume Apollinaire qui se lance dans un dithyrambe : « Voici Georges Braque. Il mène une vie admirable. Il s'efforce avec passion vers la beauté et il l'atteint, on dirait, sans effort ….
Cette même année, Braque visite l'atelier de Pablo Picasso, il y découvre deux toiles : Les Demoiselles d'Avignon, ainsi que Trois femmes qui n'est pas encore achevé. Les rythmes constructifs de ces toiles sont repris de Cézanne, mais plus découpés et déformés. Ils provoquent d'abord l'étonnement de Braque qui a pourtant entamé la même démarche avec ses Nus. Mais ce ne sont pas de ces toiles qu'il va tirer son inspiration pour Le Grand nu commencé en 1907 et achevé en 1908.
Ce n'est rien enlever de leur force subversive aux Demoiselles d'Avignon ou au Grand nu à la draperie, ce n'est en rien sous-estimer la rupture qu'ils marquent dans l'histoire de la peinture que d'écrire qu'ils n'ont pas radicalement reconverti la recherche de Georges Braque.
L'audace de Picasso l'a tout de même étonné, et dans un premier temps, Braque se serait montré réticent, mais ici, le conditionnel s'impose18. Il existe au moins trois versions de la réaction de Braque rapportées soit par Kahnweiler, qui n'était pas là, soit par André Salmon, qui n'était pas là non plus, soit par Fernande Olivier, dont les déclarations sont sujettes à caution puisqu'elle a menacé Picasso de faire des révélations gênantes pour lui, dans ses Souvenirs intimes sur cette période-là. Grâce à l'intercession de Madame Braque, et le versement par Picasso d'un million de francs, Fernande a renoncé à son chantage19. En fait, Braque était déjà sur une autre voie, il avait commencé des variations sur les paysages de l'Estaque. Mais l'importance de ses œuvres mettra longtemps à se révéler : les plus importantes ont été gardées dans des collections privées pendant la plus grande partie du XXe siècle, ce qui n'a pas contribué à défendre la cause de Braque dans les débats sur l'antériorité.
Lorsqu'il réfléchit, après les avoir vus, ces tableaux confirment les orientations de la recherche qu'il a déjà menée avec Viaduc à l'Estaque ou Le Grand nu. C'est à partir de là que va commencer la cordée Braque-Picasso, avec deux artistes sans cesse en recherche et en confrontation. Savoir lire dans le motif, voilà ce que Braque apprend à Picasso dès leur première rencontre. Selon Pierre Daix : Ce que la rencontre entre Picasso et Braque fait surgir, c'est que le motif n'est plus la peinture. C'est la composition, par ses rythmes contrastés, qui révèle ce qu'il y avait de structural - à condition qu'on sache le lire - dans le motif.
En 1907, Braque avait déjà commencé sa propre révolution avec Nu debout que l'on confond parfois avec le Grand nu.Nu debout est peu connu, peu souvent exposé, il appartient à une collection privée. C'est une encre sur papier de petit format : 31 × 20 cm dans lequel le peintre a déjà expérimenté une construction du corps en formes géométriques qu'il a ensuite développée en plusieurs eaux-Fortes où le corps de femme nue, debout, a plusieurs positions bras le long du corps, dans le dos, tête droite, penchée. Dans Le Grand nu et Nu debout, ainsi que dans d'autres représentations du corps de femme : La Femme, 1907, dessin donné par Braque au critique d'art américain Gelett Burgess pour illustrer son article The Wild men in Paris le corps semble avoir été décomposé puis recomposé en trois points de vue. Une photographie de Braque et le dessin La Femme paraissent en page deux de l'article de Burgess dans The Architectural record de mai 1910.
Les formes sont modelées selon une structure et un rythme qui sont les deux notions fondamentales du cubisme. Son inspiration est instinctive et sa voie picturale suit les traces de Paul Cézanne. Braque s'imprègne aussi des figures des masques nègres dont il possède plusieurs exemplaires. « Les masques nègres m'ont ouvert de nouveaux horizons. Ils m'ont permis d'entrer en contact avec l'instinctif. À cette époque, la découverte de l'art nègre est revendiquée par une foule d'artistes parmi lesquels Maurice de Vlaminck, André Derain. Braque ne revendique aucune antériorité. Il a simplement acheté en 1904, à un marin, des masques Tsogo et il a continué à compléter sa collection avec des masques Fang
Le Grand nu a été la propriété de Louis Aragon puis de la collectionneuse Marie Cuttoli avant de rejoindre la collection d'Alex Maguy. En 2002, l'œuvre est entrée dans les collections publiques par Dation en paiement des droits de succession, elle est aujourd'hui conservée au Musée national d'art moderne.

La période cubiste

Il existe plusieurs versions sur l'origine du mot cubiste et sur les « pères » du mouvement. Beaucoup de critiques d'art désignent en particulier Braque et Picasso comme les fondateurs du cubisme. D'autres y associent Fernand Léger et Juan Gris, tout en créditant Louis Vauxcelles critique d'art au journal Gil Blas de l'invention du mot, lorsqu'il qualifie les Maisons à l'Estaque de Braque de petits cubes. Ce tableau est alors considéré comme l'acte de naissance du cubisme. D'autres encore apportent une version différente. Selon Bernard Zurcher, c'est Henri Matisse qui a qualifié de cubistes les Maisons de l'Estaque tout en refusant ces sites et schémas géométriques au Salon d'automne de 1908.
Cette simplification terrible qui a porté le cubisme sur les fonts baptismaux est responsable en grande partie d'un véritable mouvement dont ni Braque ni Picasso ne voulaient assumer la responsabilité. Un mouvement dont les théoriciens Albert Gleizes et Jean Metzinger ne dépasseront guère les bizarreries cubiques stigmatisées par Vauxcelles.
En réalité, ces cubes ne représentent pour Braque et Picasso qu'une réponse provisoire au problème posé par la construction d'un espace pictural qui doit s'écarter de notion de perspective établie depuis la Renaissance. La cordée Braque Picasso est un atelier de recherches des deux artistes, avec des œuvres menées simultanément par des hommes passionnés auxquels se joignent Derain, Dufy. C'est une aventure exaltante qui a jeté les bases de l'art moderne.
Pourtant, par la suite, le peintre espagnol a revendiqué pour lui-même, devant Kahnweiler, les inventions de papier collés qu'il dit avoir faites à Céret et finalement il s'est attribué l'invention du cubisme, accusant Braque de l'avoir imité pendant leur période cubiste ce qui a créé un énorme malentendu sur l'importance de l'œuvre de Braque. Selon Olivier Cena : Quarante ans plus tard, Picasso ne veut rien laisser à Braque, ni le cubisme analytique, ni le cubisme synthétique… .
Les erreurs d'interprétation ont été ensuite alimentées par diverses personnalités, notamment Gertrude Stein, dont Eugène Jolas réfute les affirmations en citant Matisse : Dans mon souvenir, c'est Braque qui a fait la première peinture cubiste. Il avait rapporté du Sud, un paysage méditerranéen … C'est vraiment la première peinture qui constitue l'origine du Cubisme et nous la considérions comme quelque chose de radicalement nouveau ....
William Rubin considère, lui, que le cubisme de Braque est antérieur aux Maisons à l'Estaque. Il désigne la Nature morte aux pichets avec pipe33, dont on ignore la localisation et les dimensions34, comme la première œuvre cubiste du peintre. qui a choisi des objets dont l'enveloppe est courbe, la composition étant réglée en diagonale et centrée par la rencontre de deux axes obliques.

Le cubisme analytique

À partir de 1909, de ses séjours à La Roche-Guyon et à Carrières-sur-Seine, Braque ramène plusieurs paysages qui sont des déclinaisons cubistes d'inspiration cézannienne : Le Château de La Roche-Guyon 73 × 60 cm Lille Métropole, Le Vieux château de la Roche-Guyon 65 × 54 cm, musée des beaux-arts Pouchkine, Moscou, Paysage des carrières Saint-Denis 41 33cm musée national d'art moderne, Paris.
Braque entre ensuite dans la période du cubisme analytique . Les paysages qui prédominaient dans l'œuvre du peintre vont peu à peu céder la place aux natures mortes. Ces paysages n'étaient que la phase préparatoire à une période plus féconde qui voit naître en particulier Broc et violon, 1909-1910, huile sur toile, 117 × 75 cm Kunstmuseum Bâle, Violon et palette 92 × 43 cm et Piano et Mandore 92 × 43 cm, Musée Solomon R. Guggenheim38. Le peintre ne cherche plus à copier la nature. Par une succession d'articulations dynamiques, en multipliant les points de vue, sa peinture s'enrichit de combinaisons imprévues, avec une multiplication des facettes. Les formes sont alors géométrisées et simplifiées.
Si l'on considère que la bataille du cubisme s'est jouée en définitive sur le thème de la nature morte, Braque y était le mieux préparé ou plutôt il a été à même, en consolidant chacune des étapes de son évolution, d'aller plus sûrement à ce signe qui suffit tel que l'a nommé Matisse.
En 1911, le peintre rencontre Marcelle Lapré qui deviendra sa femme en 1926. Et il part à Céret où il reste avec Picasso toute l'année.

Les inventions de Braque

À partir de là, Braque invente un nouveau vocabulaire, introduisant des lettres au pochoir dans ses tableaux, des caractères d'imprimerie : Le Portugais 117 × 81 cm, Kunstmuseum Bâle, Nature morte aux banderilles 65,4 × 54,9 cm Metropolitan Museum of Art. Dans un entretien avec la critique d'art Dora Vallier, il explique ... c'était des formes où il n'y avait rien à déformer parce que, étant des aplats, les lettres étaient hors l'espace et leur présence dans le tableau, par conséquent, permettait de distinguer les objets qui étaient dans l'espace, de ceux qui étaient hors de l'espace, Braque se lance aussi dans des inscriptions tracées à main levée, disposées en parallèle pour rappeler les caractères d'affiche. Dans Le Portugais, on déchiffre le mot BAL en haut à droite, un mot qui revient l'année suivante dans Nature morte au violon BAL, Kunsmuseum de Bâle.
À Céret, il n'abandonne pas les paysages. Il réalise Les Toits de Céret 82 × 59 cmcollection privée et la Fenêtre de Céret, toiles stylisées selon la méthode du cubisme analytique, et sans aucun rapport avec les paysages des années précédentes
L'année suivante à Sorgues, il rejoint Picasso et il loue la villa de Bel-Air. Les papiers collés de Braque font alors leur apparition : Compotier et verre, 50 × 65 ccollection privée. C'est une très grande découverte qui sera reproduite par de nombreux peintres : Juan Gris, Henri Laurens, Fernand Léger, Albert Gleizes. Les papiers sont des compositions, à ne pas confondre avec les collages que Braque réalise plus tard.
C'est également à Sorgues que Braque peaufine sa technique des sculptures en papier, inventée à Céret en 1911, selon l'article de Christian Zervos paru dans les Cahiers d'art. On trouve trace de ces sculptures dans un courrier envoyé à Kahnweiler au mois d'août 1912 où l'artiste dit profiter de son séjour à la campagne pour y faire ce que l'on ne peut faire à Paris, entre autres choses des sculptures en papier qui lui donnent beaucoup de satisfaction. Malheureusement il ne subsiste rien de ces constructions éphémères excepté une photographie d'un contre-reliefnote 6 de 1914 découverte dans les archives Laurens auquel les sculptures papier de 1912 ne ressemblaient sans doute pas. Selon Bernard Zurcher, elle se rapprocheraient plutôt des natures mortes de la même année 1912 qui suivaient le principe d'inversion du relief propre au masque Wobé.

Ceux qui vont de l'avant tournent le dos aux suiveurs. C'est tout ce que les suiveurs méritent

Les papiers collés de Braque, pour Jean Paulhan, qui a passé la moitié de sa vie à essayer d'expliquer la nature de l'œuvre de Braque sont des Machines à voir . D'après lui, le cubisme consiste à substituer l'espace brut à l'espace concerté des classiques. Cette substitution se fait par le biais d'un engin analogue à la machine à perspective de Filippo Brunelleschi, et à la vitre quadrillée de Albrecht Dürer. La vitre quadrillée de Dürer, encore appelée mise au carreau, est un moyen pour le dessinateur d'agrandir ou diminuer un dessin sans que la perspective intervienne. Braque utilise souvent cette mise au carreau. On en trouve un exemple dans la photo d'atelier où il travaille à L'Oiseau et son nid en 1955, prise par Mariette Lachaud. Dans la partie supérieure du tableau, les traces de la mise au carreau sont encore visibles, détachées du sujet principal.
Braque reste à Sorgue jusqu'en novembre 1912, tandis que Picasso, retourne à Paris où il commence à exécuter ses propres papiers collés. Il écrit à Braque : Mon cher ami Braque je emploie tes derniers procédés paperistiques et pusiereux. Je suis en train de imaginer une guitare et je emploie un peu le pusière contre notre orrible toile. Je suis bien content que tu sois heureux dans ta villa de Bel Air, et que tu sois content de ton travail. Moi, comme tu vois, je commence à travailler un peu. Cependant Braque avance dans sa recherche de papier collé, dérivant sur des papiers ayant l'aspect du faux-bois, il imite aussi le marbre. Les inversions de relief se multiplient et des signes optiques apparaissent vers la fin de l'année 1913, jouant sur la répétition d'une figure géométrique ou d'un motif décoratif. Braque ajoute des signes objectifs nouveaux l'année suivante : cordes de guitare, de violon, cartes à jouer, morceau de journal transformé en carte à jouer. Vers la fin de la période papier, apparaît le carton ondulé. Le peintre introduit dans sa composition la notion de relief qui connaîtra un vif succès à partir de 1917, tant dans ses collages que dans ceux de son meilleur ami, le sculpteur Henri Laurens. Parmi les œuvres importantes de la période des papiers collés 1913-1914, se trouvent Le Petit éclaireur, 92 × 63 cm fusain, papier journal, papier faux-bois et papier noir collé sur toile, Musée de Lille métropole, Nature morte sur table Gillette, 48 × 62 cm où est reproduite l'enveloppe d'une lame de rasoir Gillette, Centre Pompidou Paris, Violon et pipe LE QUOTIDIEN 74 × 100 cm, fusain, papier faux bois, galon de papier peint, papier noir, papier journal collés sur papier, contrecollé sur carton, Centre Pompidou, Paris.
Cette période est aussi celle des instruments de musique. Violon 72 × 31 cm, fusain, papier collé uni, faux bois, mural et journal sur papier, Cleveland Museum of Art, Violon, 35 × 37 cm, huile, fusain, crayon et papier collé sur toile, Philadelphia Museum of Art, Violon et journal FÊTE, 90 60cm, Philadelphia museum.
Braque n'en finit pas d'inventer. Dès 1912, installé avec Marcelle Lapré au 5 impasse Guelma, il mêle à sa peinture de la sciure de bois et du sable pour donner du relief aux toiles. En 1913, il déménage son atelier rue Caulaincourt tandis que ses œuvres sont présentées à New York à l'Armory Show. Cependant, cette année-là, les relations entre les deux peintres se dégradent, ils n'éprouvent plus le besoin de se retrouver60. L'écart s'est creusé, la cordée se délite. Deux expositions particulières présentent Braque en Allemagne au printemps 1914, à Berlin, galerie Feldmann, puis à Dresde, galerie Emile Richter61. Au moment de l'assassinat du duc d'Autriche, Braque passe l'été à Sorgues62 avec sa femme. Il est mobilisé et prend le train avec Derain le 2 août 1914 à Avignon où les accompagne le compagnon de cordée qui va multiplier les mots d'auteur rapportés de diverses manières selon les biographes.

La guerre de 1914 et ses conséquence

La mobilisation de Braque sur le front en 1914 interrompt brutalement la carrière du peintre. Il est affecté au 224e régiment d'Infanterie comme sergent et envoyé dans la Somme à Maricourt41 secteur où le régiment de Braque devenu lieutenant Braque restera trois mois avant d'être déplacé en Artois, au nord d'Arras, pour préparer une offensive à grande échelle contre les villages qui protègent la crête de Vimy.
Grièvement blessé le 11 mai 1915 à Neuville-Saint-Vaast, Braque est laissé pour mort sur le champ de bataille. Il est relevé par les brancardiers, qui ont trébuché sur son corps le lendemain, dans ce charnier où 17 000 hommes ont été broyés. Trépané, le peintre ne reprend connaissance qu'après deux jours de coma. Il ne se remet pas avant 1917. Deux fois cité, il reçoit la Croix de guerre. Après un banquet organisé pour fêter sa guérison à Paris, il part en convalescence à Sorgues.
Avec le poète Pierre Reverdy, Georges Braque écrit ses Pensées et Réflexions sur la peinture qui sont publiées dans la revue Nord-Sud. Il est alors proche de Juan Gris qui lui communique son goût pour les textures recherchées et les plans réduits à des formes géométriques. C'est avec Gris qu'il recommence à peindre en peintre aveugle-né - cet aveugle renaissant selon le mot de Jean Paulhan, avec notamment Guitare et verre 60,1 × 91,5 cm, Musée Kröller-Müller Otterlo. En cette période, Braque n'était pas loin de penser que Picasso était en train de trahir le cubisme et leur jeunesse. Mais le peintre discret reprend ses recherches. Il se fait vérificateur. Il peaufine ses trouvailles, et met au point un nouveau vocabulaire de sa peinture. Ce sera le cubisme synthétique » dont les premières créations commencées en 1913 avec Compotier et cartes 81 × 60 cm, huile rehaussée au crayon et au fusain sur toile, Centre Pompidou, Paris, reprennent en 1917 avec La Joueuse de mandoline , 92 × 65 cm, huile sur toile, Musée de Lille Métropole, La Musicienne, huile sur toile, 221,4 112.8cm, Kunstmuseum Bâle.
Vers 1919, alors que le cubisme triomphe, alors que Gleizes, Metzinger, Maurice Raynal lui découvrent des raisons, des lois, des limites, Georges Braque déclare : Il y a longtemps que j'avais foutu le camp. Ce n'est pas moi qui ferais du Braque sur mesure.
Quelques années plus tard, dans son livre Braque le patron, Jean Paulhan fait le parallèle entre l'art des cubistes et l'art du camouflage de guerre. Le camouflage de guerre a été l'œuvre des cubistes : si l'on veut, c'était aussi leur revanche. Les tableaux à qui l'opinion publique eût obstinément reproché de ne ressembler à rien se trouvaient être au moment du danger, les seuls qui pussent ressembler à tout … Ils se reconnaissaient dans les natures mortes de Braque, et l'aviateur qui doutait de la forêt des Ardennes ou de la Beauce n'hésitait plus devant un canon retouché par Braque. Paulhan rappelle aussi que le peintre officiel chargé du camouflage des canons en 1915, Lucien-Victor Guirand de Scevola, disait, au chapitre Souvenirs de camouflage, qu'il avait employé pour déformer totalement d'aspect de l'objet, les moyens que les cubistes utilisaient, ce qui lui avait permis par la suite, d'engager dans sa section quelques peintres aptes, par leur vision très spéciale, à dénaturer n'importe quelle forme.
Mais désormais, les nouvelles toiles de Braque offrent une palette plus vive et sensuelle, comme dans la Femme à la mandoline, 1922-1923, huile sur carton 41 × 33 cm Centre Pompidou, Paris. Au début des années 1920, le peintre varie encore sa production à la demande de Serge de Diaghilev, en composant les décors et costumes pour les Ballets russes. Entre 1922 et 1926, il fait les décors et costumes de Les Fâcheux adaptation de la comédie-ballet de Molière, de Salade, de Zéphire et Flore et aussi les décors des Sylphides ballet de Michel Fokine. Diaghilev trouve que le peintre a un caractère peu commode et que par ailleurs, il n'a pas le sens des affaires, ce qui est exact selon Jean Paulhan.
Le rideau du ballet Salade a été légué au Musée d'art moderne de la ville de Paris en 1955 par le comte Étienne de Beaumont. Enfermé depuis cette date dans les réserves du Palais de Tokyo, il vient d'en être sorti et sera restauré

L'entre deux-guerres, le cubisme synthétique et les natures mortes

Gris est alors le seul peintre cubiste dont Braque reconnaissait la valeur en dehors de Picasso. il disait des autres : Ils ont cubisté les tableaux, ils ont publié des livres sur le cubisme, et tout cela naturellement m'éloignait de plus en plus d'eux. Le seul qui ait poussé les recherches cubistes avec conscience à mon sens, c'est Gris.
À cette époque, ce sont les sculpteurs Jacques Lipchitz et Henri Laurens qui ont joué un rôle plus considérable que les peintres dans l'évolution de Braque. Le peintre développe des aplats de couleurs. Braque ne déforme plus, il forme, c'est ce qu'il confirme dans son cahier. Ainsi se produit la métamorphose qui se caractérise par l'utilisation du fond noir dont il dit à Daniel-Henry Kahnweiler, réfugié en Suisse, que le noir... c'est une couleur dont l'impressionnisme nous a privés si longtemps et qui est si belle... .
"Tout compte fait, je préfère ceux qui m'exploitent à ceux qui me suivent. Ceux-là ont quelque chose à m'apprendre"

L'exposition de ses œuvres récentes, en mars 1919, chez Léonce Rosenberg à la Galerie de L'Effort Moderne reçoit un accueil enthousiaste. À cette occasion une première monographie de Braque est publiée par Roger Bissière qui y souligne l'aspect méticuleux du travail du peintre : Braque a entrevu peut-être le premier entre les modernes la poésie qui se dégage du beau métier, d'une œuvre faite avec amour et patience. C'est la deuxième exposition personnelle du peintre qui renouvelle son contrat avec Léonce Rosenberg en mai 1920, année où il réalise sa première sculpture :La Femme debout en six exemplaires. Cette période qui va jusqu'au début des années 1930 est aussi celle des Canéphores : Canéphores, 1922, 180,5 × 73,5 cm, huile sur toile, Centre Pompidou Paris, mais aussi des nus, des figures féminines, Trois Baigneuses, huile sur bois, 18 × 75 cm collection privée.
Mais en 1921, les choses se gâtent entre Rosenberg et Braque. La liquidation du stock de Kahnweiler, confisqué pendant la guerre, a lieu à l'hôtel Drouot. L'expert est précisément Léonce Rosenberg qui a réussi à se faire nommer là, et qui profite de sa position dominante pour sous-évaluer des œuvres qu'il rachètera à bas prix. Le premier jour de la vente à Drouot, Braque s'emploie à le boxer en même temps que le pauvre Amédée Ozenfant qui tentait de s'interposer. L'affaire se termine au commissariat de police, et les belligérants sont finalement relâchés. Léonce Rosenberg revend les tableaux qu'il a achetés avec un énorme bénéfice. Son frère Paul en fait autant. Un des grands perdants dans tout cela est l'État français qui a laissé filer des œuvres comme L'Homme à la guitare 1913-1914en 1921 pour 2 820 francs, tableau qu'il rachètera pour le musée national d'art moderne soixante ans plus tard neuf millions de francs.
Kunsthalle de Bâle où a lieu en 1933 la première rétrospective des œuvres de Braque
Le style et les recherches du peintre évoluent 1919 et 1939. De son passé cubiste, il conserve la simultanéité des points de vue, le développement des objets sur le même plan, et l'inversion de l'espace. Il utilise toujours le noir en fond pour suggérer la profondeur, et il opère une partition des objets et des plans qui les éloignent de tout réalisme. En cela Guitare et nature morte sur la cheminée , 1925, huile et sable sur toile, 130,5 × 74,6 cm, Metropolitan Museum of Art88 et Fruits sur une nappe et compotier, huile sur toile, 130,5 × 75 cm, Centre Pompidou89, sont caractéristiques de cette évolution. Les objets semblent des accessoires à la composition, tout son effort porte sur la couleur, ainsi que le remarque Georges Charensol lors de l'exposition Braque chez Paul Rosenberg, en 1926, où se trouvait Fruits sur une nappe et compotier. Braque pousse l'usage du contraste encore beaucoup plus loin dans Nature morte à la clarinette, huile sur toile, 1927, 55,9 × 75 cm, The Phillips Collection avec des formes qualifiées de naturalistes par Christian Zervos.
Rue Georges-Braque anciennement rue du Douanier où le peintre avait son atelier à partir de 1925
Depuis 1925, Braque est installé à Montparnasse, rue du Douanier, dans une maison-atelier construite sur les plans d'Auguste Perret68. Il a épousé en 1926, Marcelle Lapré, avec laquelle il vit depuis 1912. Il a pour voisins Louis Latapie et Roger Bissière dans cette rue qui porte aujourd'hui son nom : rue Georges-Braque
Les formes naturalistes et abstraites prennent une nouvelle ampleur avec les variations sur Le Guéridon à partir de 1928, année où le couple Braque achète une maison à Varengeville en Haute-Normandie. Sur les falaises du Pays de Caux l'architecte américain Paul Nelson construit une maison et un atelier pour le peintre. Avec Le Guéridon, 1928, huile sur toile, 197 × 73 cm, Museum of Modern Art, New York et Le Grand guéridon, huile sur toile 147 × 114 cm, que le peintre continue à travailler jusqu'en 1936-1939, Braque opère un long mûrissement des formes. Il retravaille même en 1945 le Guéridon rouge 180 × 73 cm, commencé en 1939 en réduisant le motif ornemental. Le thème du guéridon revient souvent dans l'œuvre de 1911 à 1952. Il assure la continuité d'un développement dont les Ateliers réalisent le plein épanouissement.
Les années 1930 voient apparaître les nappes : Nappe rose 1933 et la Nappe Jaune 1935 114,3 × 144,8 cm, collection privée, qui reçoit en 1937 le premier prix de la Fondation Carnegie de Pittsburgh. Le peintre expérimente aussi les plâtres gravés Heraklès , 1931, 187 × 105,8 cm, Fondation Maeght, les eaux fortes Théogonie d'Hésiode, 1932, ensemble de huit eaux fortes 53 × 38 cm Musées de Belfort98 commandées par Ambroise Vollard pour illustrer le livre homonyme et qui ne sera jamais publié car Vollard meurt en 1939.
La première rétrospective de Braque à la Kunsthalle de Bâle en 1933 en Suisse, marque le début de la reconnaissance internationale du peintre elle sera suivie en 1934 par Braque récent paintings à la Valentine gallery de New York, ouverte en 1937 par le galeriste allemand Curt Valentinn. Selon Frank Elgar : C'est pendant les années 1930 que Braque peint ses natures mortes les plus concentrées et les plus savoureuses. Ses falaises, ses barques échouées, ses figures double face ... témoignent de sa période la plus heureuse. Mais le péril le guettait à partir de 1940.

Pendant la deuxième guerre mondiale

De 1939 à 1940, le couple Braque est à Varengeville pendant la drôle de guerre avec Joan Miró qui a loué une maison près de celle des Braque en août 1939 et qui restera en France jusqu'en 1940. Les deux peintres entretiennent une relation d'amitié et de confiance, ... sans que le voisinage d'alors et l'amitié de toujours n'ait pas fait dévier d'un millimètre le chemin de l'un et de l'autre. Braque a simplement invité son ami catalan à utiliser le procédé du papier à report, une technique d'impression pour la lithographie. À Varengeville, à la même date, se trouvent aussi Georges Duthuit, Alexander Calder103, ainsi que le poète Raymond Queneau et l'architecte Paul Nelson.
Pendant cette période, Braque se consacre quasi exclusivement à la sculpture, il réalise notamment Hymen, Hesperis et Le Petit Cheval. Les sculptures humaines sont des têtes toujours de profil comme dans les reliefs de l'ancienne Égypte. Ce style est issu des tableaux comme Le Duo, huile sur toile, 129.8 x 160 cm qui offre deux profils de femmes assises sur leur chaise. En 1939-1940, Braque est l'objet d'une grande rétrospective à Chicago à The Arts Club of Chicago, également à Washington, The Phillips Collection à San Francisco San Francisco Museum of Modern Art. Il a aussi une exposition personnelle à New York en 1941, puis à Baltimore, puis de nouveau à New York chez Paul Rosenberg en avril 1942. En 1943, la galerie de France lui consacre une exposition Douze peintures de Georges Braque tandis que le Salon d'automne à Paris présente 26 peintures et 9 sculptures. Jean Bazaine lui consacre un article dans Comœdia. Jean Paulhan publie Braque le patron la même année.
Entre 1940 et 1945, les Braque ont résidé d'abord dans le Limousin, puis se sont réfugiés dans les Pyrénées, puis ils sont revenus à Paris. Ils ne retournent à Varengeville qu'en 1945, En 1941, un grand nombre des peintures de Braque, déposées à Libourne sont confisquées par les autorités allemandes.
Braque ne participe pas au voyage à Berlin organisé en 1941 par Arno Breker et Otto Abetz dont André Derain, Othon Friesz, Maurice de Vlaminck, Kees van Dongen, André Dunoyer de Segonzac font partie. Mais il ne souhaite pas désavouer son ami Derain et le commentaire de lui rapporté par Fernand Mourlot : Heureusement, ma peinture ne plaît pas, je n'ai pas été invité ; sans quoi, à cause des libérations de prisonniers promises, j'y serais peut-être allé. reste selon Alex Dantchev et Fernand Mourlot, une forme d'exonération de toute accusation de collaboration envers l'ami Derain. Certes, le lien avec Derain est rompu, tout comme celui avec les autres artistes qui ont fait le même voyage. Mais Braque prendra par la suite ses distances vis-à-vis de l'épuration.

Braque et Picasso

Braque progresse désormais dans ce que l'on nomme le précubisme ou cubisme cézannien durant toute l'année 1909. À propos de Port en Normandie The Art Institute, Chicago, Vauxcelles parle cette fois de bizarreries cubiques . Dans cette toile comme dans les différentes versions du Château de la Roche-Guyon Moderna Museet, Stockholm, Braque prend conscience de ce que l'espace entre les objets, les intervalles ont autant de valeur picturale, de force plastique, que les formes elles-mêmes. Aussi densifie-t-il les vides, pour unifier formes et fonds, en liant, comme il le dit, l'espace à son contenu .
Avec Picasso, qu'il fréquente de plus en plus, il constate qu'à travers leurs deux recherches parallèles se définit un même projet ; ils décident alors de mettre en commun leurs expériences.
En 1910, Braque s'installe rue Caulain-court et passe l'été à l'Estaque. Ses liens avec Picasso se resserrent. En 1911, ils séjournent tous les deux à Céret Le Portugais, Kunstmuseum, Bâle, l'Homme au violon coll. E. G. Bührle, Zurich. En 1912, ils passent l'été à Sorgues ; Braque y prolonge, par l'invention du papier collé (Composition et verre, coll. part. et tout aussi radicalement, le collage découvert en avril par Picasso Nature morte à la chaise cannée. Il apporte ainsi au cubisme la dimension qui lui manquait, celle de la couleur. Si le papier collé entérine l'abandon du ton local et marque la première dissociation de la forme et de la couleur, il a surtout pour effet de renouer avec la couleur. Ainsi, tandis que Picasso s'intéresse à l'espace et à la forme, Braque réaffirme ses préoccupations de coloriste.
De cette communauté, il faut retenir ce que la contribution de Braque a d'essentiel. Le premier, il introduit la lettre d'imprimerie dans la peinture, d'abord en trompe l'œil Le Pyrogène, 1910, coll. part., puis, par l'intervention concrète du pochoir, Le Portugais. Le premier, encore, il a recours au peigne à peindre le faux bois et à la technique du faux marbre dans la peinture, comme il ajoutera du sable, de la sciure ou de la limaille de fer à la matière picturale Compotier, bouteille et verre, 1912, coll. part.. Ces inventions sont considérables en ce qu'elles désacralisent le faire de l'artiste et renversent fondamentalement le rapport à la réalité comme modèle, en mettant un terme au primat du rendu illusionniste.
Braque, comme Picasso, s'isole alors d'une école cubiste naissante. Il participe en Allemagne aux expositions de la Sonderbund et du Blaue Reiter en 1912, à l'Armory Show en 1913.
Le papier collé marque aussi la première réaction aux dangers d'une analyse excessive, conduisant à un hermétisme proche de l'abstraction. En 1913 et en 1914, Braque rétablit synthétiquement le volume par une restructuration des éléments de l'analyse en une composition cette fois concentrée et quasi volumétrique Homme à la guitare, 1914, coll. part., Paris.
C'est à Sorgues, où il travaille non loin de Picasso, que la guerre le surprend et le contraint à interrompre cette reconstruction de l'objet. Deux expositions cette même année lui avaient cependant permis de se faire connaître en Allemagne, à Dresde et à Berlin.

Natures mortes et séries


Blessé en 1915 sur le front d'Artois, Braque est trépané ; il reste à hôpital jusqu'en 1916. Le dialogue avec Picasso, alors en Italie, est interrompu ; son marchand Kahnweiler a quitté la France. Braque, après une longue convalescence à Sorgues, reprend difficilement la peinture ; il est alors influencé par Gris et Laurens avec qui débute une profonde amitié. La Grande Musicienne Kunstmuseum, Bâle marque la fin du cubisme synthétique. Braque commence en 1918 la rédaction de ses propos que publie Reverdy dans les Cahiers du Sud. Mais 1918 marque surtout le retour au thème des natures mortes au guéridon. Désormais, Braque aère ses compositions et les situe davantage dans un espace ouvert et en profondeur. Le cubisme perd de sa structure au profit d'une écriture plus picturale. Dans Café-Bar, 1919 Kunstmuseum, Bâle, l'espace acquiert aussi une complexité nouvelle, les tons se superposent et jouent entre eux, formes et couleurs se correspondent de nouveau.
La série les Guéridons de 1918-1919 marque une amplification du thème et son développement dans un espace en profondeur où s'inscrit une composition à dominante verticale. Ici, le dessin n'intervient plus comme support de l'analyse intellectuelle, mais comme structure d'un ensemble. Un nouveau processus pictural s'élabore peu à peu dans lequel la peinture, qui ne sert plus à souligner la puissance expressive des objets, acquiert une autonomie plastique propre ; elle tend à ce que Braque appelle le fait pictural.
Outre les compositions au guéridon apparaissent deux nouveaux thèmes caractéristiques de cette période : les cheminées et les canéphores. La tactilité de ces toiles ne tient plus à l'impression d'une proximité quasi manuelle des objets mais à la matérialité d'une peinture faite de pâte épaisse aux tons sévères, gris, verts, bruns, soutenus par une préparation mate, noire ou grise.
Les cinq Cheminées, peintes entre 1920 et 1927, sont de vastes projets monumentaux dans lesquels les formes ont gardé la puissance dynamique du cubisme. Construites verticalement, parfois en perspective désaxée, elles révèlent un espace tridimensionnel comportant deux zones : partie haute et partie basse, plus ou moins dense La Cheminée, coll. Florence Marx, Schoenborn. Le faux marbre est rendu ici par grandes touches directes, vigoureuses, qui concernent aussi bien les objets eux-mêmes que l'espace qui les baigne.
L'autre série de toiles de cette époque – les figures allégoriques dites Canéphores (1922-1926), influencées par les Baigneuses de Renoir – sont significatives de la brève approche naturaliste de Braque. Le dessin y a perdu la sécheresse linéaire du cubisme au profit d'une arabesque ample, inscrite sur la couleur plutôt qu'à son contour. Cette ligne plus spontanée donne davantage de contrastes aux formes du corps dont elles soulignent la volupté. Elle marque surtout l'élimination définitive de la rigidité mentale du cubisme et le parti pris d'un espace d'une complexité accrue, et de sa représentation strictement picturale, Art Museum, Dial. Coll., Worcester ; coll. Claude Laurens, Paris.
En 1928, Braque entreprend une nouvelle série de Guéridons dans laquelle il renoue avec l'espace environnant, faisant jouer les structures du meuble avec celles des lambris d'angle de la pièce (Grand Guéridon, 1929, The Philipps coll., Washington). Cette identification de l'espace est assortie d'un allégement de la matière picturale. Les couleurs sont diluées ; elles jouent avec la texture du sable ou de la sciure avec lesquels elles se mélangent, rappelant ainsi la fresque.
Ces quatre Grands Guéridons concluent cette période où triomphe la couleur claire, mais qui consacrent la maturité de Braque. C'est le moment où, pendant l'été, il abandonne le Midi pour Varengeville en 1929. Mais c'est surtout le début d'une série d'expositions : Berlin en 1930, chez Flechtheim, New York en 1931, Bâle en 1933, première grande rétrospective, Londres en 1934, Bruxelles en 1936. En 1937, il reçoit le prix Carnegie après Matisse et Picasso.

Les Ateliers

La peinture de Braque va connaître désormais et jusqu'à la fin de sa vie une évolution stylistique homogène. Seuls les thèmes changent pour atteindre une dimension d'une rare ambition. Dès 1938 s'amorce la série des Ateliers, interrompue par la guerre.
Braque demeure à Paris jusqu'à la Libération. L'austérité ramène provisoirement ses préoccupations au quotidien. Il entreprend des natures mortes avec verre, couteau, quignon de pain, poissons, peint plusieurs Broc sur une table de toilette, des vanités où tête de mort et palette cohabitent. C'est le retour aux thèmes ancestraux, aux racines profondes de l'homme envisagées dans une méditation quasi religieuse, qui suscite alors une peinture dépouillée de ses carnations mais lentement et économiquement construite. Cette période de l'art de Braque est marquée par les événements et ce sont de telles œuvres qui ont sans doute contribué à donner du peintre l'image superficielle d'un homme tourné vers le passé. C'est en 1943, enfin, qu'il débute une série de sculptures. Après la Libération, Braque regagne son atelier de Varengeville et entreprend immédiatement de grandes toiles. Le Salon et les trois versions du Billard, 1944-1952 Musée national d'art moderne, Paris, coll. Jacques Gelman, Mexico. En 1948, Braque reçoit le grand prix international de la Biennale de Venise.
La maladie n'interrompt cependant pas la série des huit Ateliers, ensemble de grandes toiles exécutées entre 1949 et 1956, qui marquent l'aboutissement extrême des possibilités de cette « poétique picturale » que Braque s'était employé à mettre en œuvre. De ces ateliers, balayés d'ombres et de lumière alternées, il nous montre les objets familiers, les divers espaces captés par les miroirs successifs de la toile, ainsi que la présence du modèle, lui aussi répété, confronté avec le peintre lui-même. Braque rejoint ici le grand propos de Courbet, de Corot, de Matisse et de Picasso.
Dans l'Atelier III, 1949, coll. Dr P. Hanssi, Vaduz, la présence de l'oiseau, qui survole la composition, annonce la place unique que celui-ci prendra comme signe et symbole au plafond de la salle Étrusque du Louvre, exécuté en 1952-1953.
Durant les dix dernières années de sa vie, la santé de Braque alla déclinant, son travail de peintre se limita à de petites toiles. Mais l'artiste entreprit alors une grande œuvre de lithographie. Après sa mort, le 31 août 1963, sa veuve fit don aux musées nationaux français d'un important ensemble de tableaux et de sculptures.
Braque exécuta aussi des vitraux, chapelle Saint-Dominique, Varengeville ; chapelle Saint-Bernard, fondation Maeght ; il réalisa plusieurs décors de ballet pour Diaghilev, Les Fâcheux, 1923, Salade, 1924 ; Zéphir et Flore, 1925. Enfin, son œuvre de peintre illustrateur est importante : Les Ardoises du toit de P. Reverdy, 1918 ; Le Piège de Méduse de Satie, 1921 ; La Théogonie d'Hésiode, 1932 ; Lettera amorosa de René Char, 1963.

"La liberté n'est pas accessible à tout le monde. Pour beaucoup, elle se place entre la défense et la permission "

De même, il se tient très à l'écart du régime de Vichy pendant toute la guerre. Pourtant, les avances de l'occupant ne manquent pas, ses tableaux déchaînent l'enthousiasme de Pierre Drieu la Rochelle lors de l'exposition de vingt de ses toiles au Salon d'automne 1943. Les officiers allemands qui visitent son atelier, le jugeant trop froid, proposent de lui livrer du charbon, ce que Braque refuse avec finesse. Il refuse également de créer un emblème pour le gouvernement de Vichy, alors que Gertrude Stein s'est proposée pour traduire les discours de Pétain. Braque a le défaut inverse : il ne se laisse pas acheter. Sa position est claire : pas de compromis, pas de compromission. Ce qui ne l'empêche pas de recevoir Ernst Jünger dans son atelier le 4 octobre 1943. Écrivain et poète en uniforme d'occupant cette année-là, Jünger, qui recevra le prix Goethe en 1982 et qui entre dans la Pleiade en 2008, apprécie les peintures dégénérées de Edvard Munch, de James Ensor, du Douanier Rousseau, de Picasso auquel il a rendu visite cette même année et aussi de Braque dont il a vu les peintures au Salon d'automne 1943, et qu'il trouve réconfortantes, parce qu'elles représentent l'instant où nous sortons du nihilisme. Leur force, tant dans les formes que dans les tons représentent pour lui le moment où se rassemblent en nous la matière de la création nouvelle.
Cloîtré dans son atelier pendant toute la durée de la guerre, Braque se consacre au thème des Intérieurs avec un retour en force du noir qui donne une impression de dépouillement et de sévérité. La guerre est pour Georges Braque synonyme d'austérité et d'accablement. À ce moment-là, Il n'y a guère de place pour l'émulation dans la vie de Braque : ni concours, ni discussion, ni travail en commun. C'est dans le secret qu'il entreprend.Une femme assise devant un jeu de carte, vue de profil, titrée La Patience, huile sur toile, 146 × 114 cm illustre son état d'esprit.
Pendant cette période, Braque poursuit son sujet fétiche : les instruments de musique qui n'ont cessé d'apparaître dans ses tableaux depuis 1908, parce que : l'instrument de musique, en tant qu'objet, a cette particularité qu'on peut l'animer en le touchant, voilà pourquoi j'ai toujours été attiré par les instruments de musique. 1942 est une année particulièrement féconde pour le peintre qui commence plusieurs toiles sur le thème de la musique, qu'il terminera plus tard comme L'Homme à la guitare 1942, 1942-1961, 130 × 97 cm, huile sur toile, collection particulière
Il réalise encore quelques dessins de femme dont les attitudes rappellent sa période fauve Femme à la toilette 1942, mais très vite la nature morte reprend le pas : Deux poissons dans un plat avec une cruche, 1949-1941 huile sur papier marouflé sur toile, collection particulière, inaugure une série de poissons sur fond noir Les Poissons noirs, 1942, huile sur toile 33 × 55 cm, Centre Pompidou Paris plusieurs Vanités, Le Poêle 1942, Le Cabinet de toilette, 1942, The Phillips Collection. Tous ces intérieurs rappellent que l'artiste s'est cloîtré chez lui notamment Grand intérieur à la palette, 1942, × 195,6 cm, Menil Collection, Houston. Ses toiles les plus significatives ont pour sujets des objets de la vie quotidienne, objets dérisoire, utiles à la survie, ou à la nourriture rationnée : Table de cuisine, huile sur toile, 163 × 78 cm, collection privée.
Il produit quelques silhouettes masculines sur fond sombre avant de commencer la série des Billards qu'il poursuit jusqu'en 1949. Un des plus beaux, Le Billard 1947 1947-1949, 145 × 195 cm se trouve au Musée d'art contemporain de Caracas, Venezuela. Il a été exposé au Grand Palais Paris lors de la rétrospective Georges Braque 2013, avec la mention des années où il a été achevé : 1947-1948

L'Après-guerre

Braque se tient à l'écart de l'épurationnote 15 et rejoint Varengeville. Il n'adhère pas non plus au Parti communiste français malgré les démarches répétées de Picasso et de Simone Signoret. Il se tient aussi à l'écart de Picasso dont il apprécie de moins en moins l'attitude et que Maïa Plissetskaïa qualifiera plus tard de hooligan. Il décline l'invitation à séjourner à La Californie de Cannes, choisissant plutôt d'habiter chez son nouveau marchand parisien Aimé Maeght à Saint-Paul-de-Vence. Il n'empêche que chacun des deux peintres essaie d'avoir des nouvelles de l'autre. Notamment lorsque Braque subit une opération pour un double ulcère à l'estomac, en 1945, Picasso vient le voir chaque jour, et il continue à chercher son approbation malgré son attitude distante. À partir de 1951, une sorte de réconciliation va s'amorcer. Françoise Gilot rend visite très souvent à Braque, même après sa séparation, elle lui présente son fils Claude Picasso, alors adolescent, qui ressemble tant à son père que Braque fond en larmes : le garçon est le portrait vivant de son compagnon de cordée de l'époque. La véritable nature du lien entre les deux peintres reste difficile à cerner. Selon Braque, ce n'était pas une coopération artistique mais une union dans l'indépendance.
Après une convalescence de deux ans, Braque reprend sa vigueur, et il expose au Stedelijk Museum d'Amsterdam, puis à Bruxelles au Palais des beaux-arts. En 1947, il est à la Tate Gallery de Londres. La même année, Aimé Maeght devient son nouveau marchand parisien, et publie la première édition des Cahiers G. Braque. En 1948, à la Biennale de Venise, où il a présenté la série des Billards, il reçoit le Grand Prix pour l'ensemble de son œuvre. Suit une série d'expositions en particulier au MoMA de New York, qui parachève la reconnaissance internationale de son œuvre. Paul Rosenberg lui consacre encore une nouvelle exposition dans sa galerie de New York en 1948.
" Quand quelqu'un se fait des idées, c'est qu'il s'éloigne de la vérité. S'il n'en a qu'une, c'est l'idée fixe. On l'enferme"
À partir de 1949, le peintre commence sa série des Ateliers, une suite de huit toiles sur le même thème, en état d'inachèvement perpétue. Ces toiles éternellement retouchées sont un véritable casse-tête pour la rédaction des catalogues, notamment pour le critique d'art anglais John Richardson qui a bien du mal à les dater dans son article The ateliers of Braque. Car Braque modifie sans cesse le contenu et la numérotation des toiles de cette série. Si on compare la photographie que Robert Doisneau a faite à Varengeville de l'Atelier VII 1952-1956, on s'aperçoit qu'il a été modifié, que le peintre de déplacé les objets et qu'il est devenu Atelier IX132. Le dernier état de ce tableau est présenté au Grand palais en 2013, huile sur toile 146 × 146 cm Centre Georges Pompidou.
L'oiseau dont la présence apporte une dimension nouvelle à six des huit Ateliers a fait son apparition dans Atelier IV huile sur toile, 1949 130 × 195 cm collection particulière, toutes ailes déployées il occupe un tiers de l'espace. Un des plus souvent reproduits est Atelier I, huile sur toile, 1949, 92 × 73 cm, collection particulière. Il présente un tableau dans le tableau et une grand cruche blanche en trou de serrure. Atelier VIII, est le plus frontal et plus haut en couleurs de la série, 132,1 × 196,9 cm, Fundación Masaveu, Oviedo.
L'ordre de datation des Ateliers finalement conservé pour la dernière rétrospective 2013 est celui établi par Nicole Worms de Romilly dans son Catalogue raisonné de l'œuvre de Braque, éditions Maeght, en sept volumes parus de 1959 à 1982. Les Ateliers sont présents dès janvier 1949 à la rétrospective organisée au Museum of Modern Art de New York et au Cleveland Museum of Art exposition dont Jean Cassou a rédigé le catalogue.
En 1955, le peintre et critique anglais Patrick Heron envoie à Braque, son livre The Changing Forms of Art qui décrit en particulier les Ateliers et les Billards, comme des jeux de surfaces planes desquelles naissent l'espace, combinées de lignes droites, diagonales, partiellement enfouies, jouant de la géométrie cubiste. Braque lui répond :Je me suis fait traduire quelques passages de votre livre sur la peinture que j'ai lu avec intérêt. Vous ouvrez les yeux à ceux que la critique ordinaire égare.
Paulhan note que Braque est un des très rares peintres à n'avoir pas fait son autoportrait, et il s'étonne que l'on en sache si peu sur l'homme qui a reçu à l'unanimité la légion d'honneur en tant qu'officier puis commandeur en 1951. Il accepte la gloire avec calme ... C'est maigre, je le vois bien, toutes ces anecdotes. Oui, mais c'est aussi qu'en Braque, l'homme anecdotique est assez mince. L'homme est ailleurs.
Braque était bel homme, il a été photographié par Robert Doisneau à Varengeville, dans diverses situations : à la campagne, dans son atelier aussi. Le peintre a également été portraituré par Man Ray qui l'a photographié souvent de 1922 à 1925, et dessiné par son ami Giacomett ainsi que par Henri Laurens alors qu'il avait encore la tête bandée en 1915. Il a également inspiré les photographes Mariette Lachaud, dont une exposition de quarante photographies s'est tenue à Varengeville en août 2013, et Denise Colomb, Brassaï. Braque était aussi un athlète, féru de sport et de boxe anglaise. En 1912, il appréciait sa réputation de boxeur et en 1997, le critique d'art anglais John Russell dans The New York Times rappelle sa maîtrise de la boxe anglaise
Mais le peintre était plus préoccupé par sa peinture que par son image. Je serais embarrassé de décider si Braque est l'artiste le plus inventif ou le plus divers de notre temps. Mais si le grand peintre est celui qui donne de la peinture l'idée la plus aiguë à la fois et la plus nourricière, alors, c'est Braque sans hésiter que je prends pour patron.

Les dernières années

Georges Salles, directeur des musées de France, passe commande en 1952 à Georges Braque d'une décoration pour le plafond de la salle Henry II du musée du Louvre qui date de 1938 et qui va être rénové. Le sujet choisi par le peintre : Les Oiseaux convient bien à la salle et même ceux qui étaient réticents pour mélanger art moderne et art ancien sont finalement séduits. En 1953, la décoration du plafond est inaugurée. L'artiste a réussi à transposer sur le plan monumental un thème intimiste qui lui était cher. Il a résolu le problème posé par le vaste support en utilisant de larges aplats de couleur qui donnent à l'ensemble force et simplicité. Dépité de n'avoir pas été choisi pour ce projet, Picasso prétend que Braque a copié ses colombes.
Braque produit beaucoup, mais de sa retraite de Varengeville-sur-mer, il sort très peu. Il a renoncé à la Provence. Ce sont les jeunes peintres qui viennent lui rendre visite, notamment Jean Bazaine. Mais surtout Nicolas de Staël qu'il encourage avec vigueur et dont le suicide en 1955 va beaucoup l'affecter. Nicolas de Staël avait pour Braque une admiration telle qu'il avait écrit au critique d'art et collectionneur américain David Cooper : Je vous serai toujours infiniment reconnaissant d'avoir su créer ce climat où la rhétorique de Braque reçoit la lumière d'autant mieux qu'il en refusa le grand lat, où ses tableaux en un instant d'éclair font tout naturellement le chemin de Sophocle au ton confidentiel de Baudelaire, sans insiter, et en gardant la grande voix. C'est unique. Outre cette amitié qui les lient, Staël et Braque ont quelque chose en commun dans leur démarche de peintre à cette époque là. Duncan Phillips, qui s'est entiché de Braque possède aussi dans The Phillips Collection, beaucoup d'œuvres de Staël. Le retour inattendu au paysage à tendance figurative, que Braque a opéré entre les Ateliers et les Oiseaux, est d'une certaine manière redevable à l'échange avec Staël. Ces paysages des dernières années 1957-1963 qui fascinent son ami le plus proche Alberto Giacometti, sont en majorité de petits formats de forme allongée : Marine, 1956, 26 × 65 cm, collection privée, Le Champ de colza 1956, 30 × 65 cm avec une référence évidente à Vincent van Gogh qu'il admirait. Staël a également créé des tableaux en référence à van Gogh : l'envol des Mouettes est aussi un hommage au Champ de blé aux corbeaux de Vincent van Gogh, auquel à son tour Braque rend hommage vers 1957 avec Oiseaux dans les blés, huile sur toile, 24 × 41 cm160, dans un style qui se rapproche de celui de Saël. Paysage, 1959, 21 × 73 cm, mais avec aussi de plus grands formats comme La Charrue, 1960, 84 × 195 cm et La Sarcleuse 1961 à laquelle le peintre travaillait chaque été depuis 1930 est la dernière toile de Braque. Elle est aujourd'hui au Musée d'Art Moderne de Paris au Centre Pompidou. Elle était encore posée sur le chevalet de son atelier à Varengeville le 31 août 1963 à sa mort. La campagne qu'elle présente est celle du pays de Caux entre le Havre et Dieppe, qui est austère et se termine en falaises abruptes sur la mer. La toile paraît comme un écho à la dernière toile de Vincent van Gogh, Champ de blé aux corbeaux 1890. La sérénité échappait à van Gogh, désespérément. Braque s'est efforcé de l'atteindre et il y est parvenu en effet.

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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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