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Re: Défi du 14-06-2014
Plume d'Or
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Eh bien ce sera encore plus fort comme éditorial; une première !
Le numéro en deviendra historique.

Posté le : 14/06/2014 00:53
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Défi du 14-06-2014
Plume d'Or
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Votre magazine préféré vous propose de rédiger l’éditorial de son prochain numéro, sur le sujet de votre choix. Vous acceptez de bon cœur et même avec une certaine fierté: maintenant à vous de jouer et soumettez votre texte à l’équipe de rédaction !

Posté le : 14/06/2014 00:03
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Re: défi d'écriture du 07/06/2014
Plume d'Or
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Ô algues, ô thérapie !


Hector Patate arriva au centre de thalassothérapie d’Ostende par le train de dix-huit heures seize ; il se demandait encore pourquoi il avait accepté de venir à ce rassemblement des détectives privés les plus connus d’Europe qu’organisait la société Clou & Do même si le menu affiché à l’hôtel Glenmore semblait répondre à sa question. Il savait néanmoins qu’il côtoierait le gratin de la profession comme le bavard Charles Oquaulmes ou la gâteuse mamie Marpeulles ; l’essentiel serait de les éviter le plus possible et de ne pas se retrouver à leur table au dîner d’ouverture.
Il était, de loin devant tout le monde, le meilleur investigateur de la planète et il ne ressentait nul besoin de le cacher à ses interlocuteurs ; la modestie n’avait rien à faire en face des criminels aux mille astuces et aux stratagèmes compliqués. Ce principe de base régentait le fonctionnement complexe de ses petites cellules grises et il ne comptait pas déroger à la règle ; ce fut dans ces dispositions qu’il se fit annoncer à la réception du prestigieux établissement où l’attendait une suite royale.

Une fois installé, il téléphona au restaurant pour vérifier si la table réservée en son nom par la comtesse Barbara von Ogr était prête à accueillir son auguste personne et sa prestigieuse invitée.
« Nous avons préparé votre apéritif et vous avez une place pour deux personnes. » lui répondit le responsable. Hector Patate se lissa les moustaches et se donna un dernier coup de peigne ; il tenait absolument à faire bonne impression à l’aristocrate allemande qui l’accompagnait en ces lieux. Il se rappelait la force de son argumentaire pour convaincre la belle quadragénaire de venir avec lui ; rencontrer le nec plus ultra de sa corporation et participer à un jeu basé sur la déduction, en équipe avec le dieu vivant des briseurs d’énigmes avait fini par la persuader de quitter son château de la Westphalie du Nord. Hector Patate avait quand même pris sur lui de se conformer aux exigences de la manifestation ; il devrait se soumettre aux nombreux soins de thalassothérapie prévus le matin dans le but officiel de donner plus de vigueur aux participants. Le petit homme rondouillard qu’il était détestait le sport sous toutes ses formes ; de plus, il exécrait la mer et n’acceptait ses produits que dans un plateau d’argent servi par de jeune sylphides et agrémentés d’un grand cru classé de Bourgogne.

Hector Patate descendit dans la grande salle dédiée au dîner des célébrités du moment et demanda au maître de céans où se trouvait sa table ; ce dernier lui proposa de l’amener et les deux hommes marchèrent jusqu’à un coin pas trop isolé mais assez éloigné du centre. Le détective belge détestait par dessus tout les outrages propres à la conversation insipide des bourgeois de province toujours en quête d’un bon mot sous le prétexte de briller ; ce côté asocial ne l’empêchait pas de développer une riche clientèle car même si le crime n’était pas censé payer, il rapportait beaucoup aux gens comme lui.
La comtesse Barbara von Ogr était déjà arrivée et Hector Patate la salua d’un distingué baise-main dont il avait le secret ; elle lui répondit par un superbe papillonnement des yeux et un sourire digne de La Joconde. Ils savourèrent une coupe de champagne millésimé en dégustant des toasts raffinés avec du caviar. Hector Patate se rengorgea quand il constata que ses principaux confrères et néanmoins rivaux n’étaient pas accompagnés ou alors pauvrement ; il en fit galamment la remarque à sa noble invitée qui en gloussa de plaisir.

La musique d’ambiance, dispensée par un vieux pianiste hongrois, s’arrêta subitement ; le maître de cérémonie allait s’exprimer dans un message de bienvenue.
— Chers invités, commença-t-il pompeusement, je vous remercie d’être venus et d’avoir acceptés les règles de notre concours d’investigation.
— Le thème cette année est d’une simplicité enfantine ; il s’agit de la mer et de ses dangers quand elle est utilisée par les esprits les plus retors à des fins criminelles.
— Nous avons imaginé une série de meurtres qu’il vous faudra élucider en deux jours ; vous serez limités géographiquement à l’enceinte de l’établissement et de la plage attenante.
— La police locale est prévenue et jouera son rôle comme dans un cas réel, conclut-il.
Rares furent les questions posées suite à l’intervention de l’organisateur ; soit les participants avaient tout compris, soit ils ne voulaient pas ternir leur réputation. Hector Patate regarda l’assistance et déduit de la mine convenue de ses rivaux du soir que la compétition serait inégale.
Le repas tenait la promesse écrite sur la carte des mets ; Barbara von Ogr se régalait visiblement et profitait de la subtile conversation de son hôte, entre récits d’enquêtes fameuses et anecdotes salées sur les petites manies des étoiles du crime. Hector Patate affichait sa fierté sans aucune pudeur ; il bénéficiait de l’aura aristocratique de la splendide comtesse et comptait sur cet avantage psychologique pour déprimer ses principaux concurrents.
La suite de la soirée se déroula dans la même ambiance ; Hector Patate et la comtesse Barbara von Ogr goûtèrent la liqueur digestive de leur hôte, Walter Moneymaker le richissime président de la société Clou & Do, dans un petit salon privé à la décoration chargée et au luxe ostentatoire.
— Je suis fort heureux de vous savoir parmi nous, monsieur Patate, avoua le magnat des jeux de société. Des rumeurs nombreuses faisaient état de votre défection et je ne pouvais concevoir un tel événement sans la présence du plus célèbre détective privé du monde.
— Hector Patate ne peut pas décevoir ses admirateurs, répondit l’intéressé, surtout quand ils sont ses plus prestigieux clients.
— Je m’en rend compte aujourd’hui et en plus la beauté de la comtesse Barbara von Ogr illumine les lieux, ajouta Walter Moneymaker visiblement séduit par l’aristocrate allemande.
La conversation continua dans le registre des politesses et flatteries en tous genres ; Hector Patate n’appréciait pas vraiment son client mais il devait préserver les formes pour assurer la pérennité économique de son affaire. L’Américain l’énervait encore plus avec ses faux airs de séducteur et sa faconde sûre de lui en matière de femmes ; pour dire vrai, Hector Patate ressentait une certaine jalousie envers un homme doté d’un physique agréable qui attirait le regard de la comtesse même si elle tentait vainement de le dissimuler. Le petit bonhomme bruxellois n’entretenait aucune illusion sur sa relation avec la belle de Westphalie ; elle resterait pour toujours une amie chère qu’il avait naguère sauvée d’une accusation de meurtre sur la personne de son époux. Il se sentait dans le rôle du brave camarade de classe en train d’assister à l’idylle naissante entre la reine du bal et le Dom Juan du lycée ; il jouait la partition ingrate du passeur de plats, de l’excuse vivante, du prétexte à leurs ronds de jambes et cela bousculait son ego d’intellectuel célébré sur les cinq continents pour la puissance de ses petites cellules grises.
Son calvaire dura une heure pleine avant que Barbara von Ogr ne décide d’aller se coucher ; il la raccompagna jusqu’à la porte de sa suite princière et lui souhaita une bonne nuit. Il prit ensuite le chemin du parc pour une dernière promenade comme il en avait l’habitude quand quelque chose le contrariait.

Le lendemain matin, Hector Patate se leva de meilleure humeur et, après une vigoureuse douche, se dirigea vers la salle du restaurant où l’attendait un copieux petit déjeuner. Malheureusement, sa joie matinale s’assombrit rapidement à la vue de Barbara von Ogr partageant la même table que Walter Moneymaker ; les deux semblaient s’entendre comme larrons en foire et la comtesse riait sans retenue aux pointes d’humour de l’Américain. Hector Patate rebroussa chemin et passa à la réception commander un service en chambre ; il ne pouvait plus supporter cette situation et commençait déjà à regretter d’avoir invitée l’aristocrate allemande à l’accompagner à Ostende.
Après avoir avalé sans grande conviction deux croissants, une brioche et une tasse de café, le détective privé appela le centre de thalassothérapie où il était supposé se présenter pour une première séance.
— Bonjour, c’est Hector Patate de la suite Talleyrand, dit-il. Je souhaiterais connaître le programme des festivités me concernant.
— Monsieur Hector Patate, commença son interlocutrice, laissez-moi un petit instant pour vérifier votre fiche de soins. Voilà ! Vous commencez dans une heure avec une séance de massage marin suivie d’un enduit d’algues et terminée par une hydrothérapie relaxante ; après un tel enchaînement vous serez en pleine forme comme après une cure de Jouvence.
— A quelle heure vais-je finir ?
— A midi, ce qui vous laissera le temps de remonter dans votre chambre pour vous changer et vous présenter au restaurant où vous pourrez déguster un déjeuner de la mer.
Hector Patate raccrocha ; il en savait assez sur son programme pour ce qu’il avait en tête depuis la nuit précédente. Il regarda par la fenêtre et constata que la météo lui était favorable ; la pluie tombait abondamment sur la côte ostendaise et il y avait fort à parier que la promenade digestive de l’après-midi allait être annulée.
Soixante minutes plus tard, le petit homme rond commença son premier soin avec la masseuse russe Tatjana connue dans tout l’établissement pour ses doigts d’or et sa voix apaisante ; en bonne professionnelle aguerrie, elle jugea que ce client n’était pas commode et que discuter de la pluie et du beau temps ne serait pas l’idée du siècle. Elle opta pour un théâtre muet ponctué des questions d’usage « tout va bien ? » et « l’eau n’est pas trop froide ? » d’ordre plus technique que social ; Hector Patate ne la dérangea pas dans ses savantes manipulations et il en profita même pour parfaire son plan.
L’algothérapie se déroula différemment et Hector Patate l’avait anticipée ; la thérapeute dénommée Marjanna se contentait de l’enduire des pieds à la tête d’un mélange, au choix entre trois options allant du rose au vert en passant par le marron, d’algues réduites en bouillie puis le laissait mariner dans cet environnement très chaud pendant une quarantaine de minutes avant de revenir pour l’aider à se doucher. Le détective bruxellois choisit la potion rose, au grand étonnement de Marjanna qui lui fit remarquer : « vous êtes bien le seul homme à préférer ce composé plutôt apprécié des femmes. ». Hector Patate en rit avec elle et lui avoua qu’il avait des goûts très raffinés en matière de substances odorantes ce qui le différenciait du commun des mortels, en particulier de ses congénères masculins ; Marjanna acquiesça et lui confia qu’elle se rappellerait de lui pour ce fait et aussi sa petite moustache si parfaitement arrangée. Une fois son patient couvert de la mixture marine, elle le quitta sur la pointe des pieds ; Hector Patate fit semblant de s’assoupir et resta allongé cinq minutes avant d'entrer en action. Il se leva, se dirigea vers son nécessaire de toilette et en sortit une fiole anodine dont il versa le contenu dans les pots contenant les compositions d’algues verte et brune ; il procéda à un sommaire brassage dans le but de bien répartir le produit dans le brouet thérapeutique puis replaça l’ensemble là où il l’avait trouvé, sans laisser nulle trace.
A l’heure indiquée, ni trop tôt ni trop tard, Marjanna revint dans la salle et lui prodigua une douche chaude pour le débarrasser de sa carapace rose ; Hector Patate se regarda dans la glace durant l’opération et se surprit à penser qu’il ressemblait plus à une tortue au pays des merveilles qu’à un génie de l’investigation criminelle. Il se rassura en songeant au plaisir procuré par la séance suivante, celle de l’hydrothérapie où des bains d’eau salée mélangés à des extraits de plantes marines allaient terminer la purge de son corps et le relaxer davantage.

Les soins étaient terminés et Hector Patate avait changé de tenue, optant pour un costume anglais taillé sur mesure, quand il se présenta au restaurant pour le déjeuner gastronomique ; comme il l’avait supposé, Barbara von Ogr et Walter Moneymaker n’étaient pas encore arrivés et il décida de ne pas attendre la comtesse pour choisir une table. Il sélectionna un espace vide de tout détective ou autre membre de sa corporation car il ne souhaitait pas s’encombrer des médiocres qui croyaient l’égaler et au mieux l’imitaient ; la chance lui sourit car il se retrouva avec une famille bourgeoise d’Anvers composée d’un jeune couple et de leurs parents respectifs, tout ce beau monde ayant fait fortune dans le commerce des pierres précieuses. Il se présenta galamment et se sentit beaucoup mieux quand il vit leurs yeux s’écarquiller à l’énoncé de son illustre patronyme ; il allait pouvoir diriger la conversation dans le sens voulu afin de donner une touche artistique à son plan.
Ses concurrents mais néanmoins confrères étaient également attablés et attendaient le service en se délectant d’un apéritif maison et de délicieux amuse-bouche à la base de fruits de mer. L’ambiance était décontractée car tout ce beau monde avait aussi profité de la thalassothérapie.
Barbara von Ogr et Walter Moneymaker entrèrent à leur tour dans la salle et s’installèrent à la table centrale, au regard de l’ensemble des clients, comme si la noble Allemande et le richissime Américain voulaient montrer leur relation à l’assistance entière ; Hector Patate sourit intérieurement en pensant au dindon de la farce qu’il aurait été, assis à leurs côtés tel que c’était certainement prévu dans leur petite comédie romantique de deux sous.
Le repas démarra dans une farandole de plats fins et d’assiettes savamment décorées ; le personnel restait discret malgré la présence des nombreuses célébrités. Les clients savaient qu’ils allaient assister durant ces deux jours à une enquête criminelle grandeur nature et organisée par une entreprise de jeux ; ils avaient été avertis que le crime serait une fiction, jouée par des acteurs professionnels intégrés dans le personnel de l’hôtel et parmi les curistes du centre de thalassothérapie. Par ailleurs, la police locale jouerait son rôle habituel et se plierait au scénario imaginé par les organisateurs ; les détectives privés invités procéderaient également comme à leur habitude dans le but de découvrir, en temps limité, le coupable et d’expliquer leur choix par le mobile et le mode opératoire de l’assassin, avec des preuves tangibles si possible. Les joueurs exposeraient leurs théories lors d’une grande messe le dimanche soir dans la salle de restaurant, devant les organisateurs et la clientèle ; les médias locaux et même nationaux seraient invités pour donner de l’ampleur à l’événement.
Le voisin de table d’Hector Patate prit son courage à deux mains.
— Monsieur Hector Patate, commença-t-il avec un maximum de précautions oratoires, avez-vous une idée de qui va être la première victime et de quand son meurtre sera découvert ?
— Vous voyez en Hector Patate plus un devin qu’investigateur, mon cher, ironisa ce dernier. Résoudre un crime demande de la méthode et ce sont nos petites cellules grises qui reconstituent patiemment les tenants et les aboutissements d’un crime ; l’imaginer avant même qu’il ne soit réalisé exige la même rigueur basée sur la logique, la connaissance de l’esprit humain et quelques indices matériels.
— Certains de mes collègues vous abreuveraient d’hypothèses compliquées telles que vous les lisez dans les journaux à sensation ; ce n’est pas comme cela que ça marche, en particulier au vu des différentes formes que peut prendre la psychologie criminelle.
— Prenons un exemple : l’assassin pourrait être vous et la victime Hector Patate. Vous verseriez un poison dans son café pendant ce déjeuner ; bien entendu, vous auriez choisi un principe actif en différé pour vous dédouaner de ce crime grâce à un alibi forgé de toutes pièces. De plus, la mort d'Hector Patate ressemblerait à un accident vasculaire, une hypothèse probable en regard de sa constitution fragile, de son age avancé et de son supposé embonpoint.
— Quel serait votre mobile, maintenant que nous avons décidé du mode opératoire ? Tout simplement l’envie de montrer à ces prétendus parangons de la pensée que vous êtes plus forts qu’eux ; ce motif est souvent la base d’un acte narcissique dont l’issue est fatale.
Le raisonnement d’Hector Patate se tenait ; son interlocuteur ne put que constater la stupidité de sa question et il fut gagné par un rire incontrôlable. Le détective privé se mit à s’esclaffer à son tour et bientôt la frénésie contamina toute leur table ; Hector Patate avait encore démontré par son humour froid et logique qu’il était bien le phénix de ces lieux.

La réalité ne dépassa pas la fiction pour la bonne raison qu’il n’y eut pas de mise en scène et encore moins d’enquête criminelle, même factice ; le déjeuner se transforma progressivement, à partir du dessert, en spectacle digne d’un film à effets spéciaux. Le premier signe vint de la table où se tenaient Barbara von Ogr et Walter Moneymaker ; ce dernier commença à virer au rouge et son visage enfla de façon exponentielle. Au début, personne n’osa lui faire remarquer qu’il se transformait en un sosie d’Elephant Man mais la comtesse allemande se sentit de plus en plus mal à l’aise à la vue de son prince charmant devenant un gros crapaud. Elle prétexta un besoin pressant de se repoudrer le nez pour déserter la table et prévenir la réception que quelque chose d’étrange arrivait dans la salle principale ; en effet, l’Américain ne représentait pas un cas isolé et d’autres phénomènes de foire apparaissaient alentour comme les marins d’Ulysse sur l’île d’Eéa quand la belle Circée les muta en pourceaux. Les secours tardèrent à venir, laissant les étranges créatures dans le désarroi et provoquant ainsi une vague de panique ; les organisateurs sentirent que leur fête tournait au cauchemar surtout quand l’un de leurs plus prestigieux invités, le très médiatique Charles Oquaulmes, fut touché à son tour et de façon spectaculaire.
La suite resta dans les annales ; un tiers des présents furent hospitalisés et le jeu initialement prévu s’annula de lui-même par faute de participants. Les médecins locaux ne trouvèrent pas la raison de ces transformations ; d’aucuns accusèrent le chef de cuisine d’avoir mal préparé les fruits de mer, d’autres invoquèrent la vengeance d’un cartel maffieux et beaucoup se déclarèrent incompétents en matière médicale. La police lança une enquête minutieuse, examinant à la loupe la scène de crime et rapportant dans ses laboratoires des tonnes d’aliments pour une analyse poussée.
Hector Patate fut lui-même consulté car il faisait partie de ces privilégiés épargnés par l’épidémie inconnue ; il avoua qu’il n’avait pas la moindre idée sur cette triste affaire et qu’il était content de rentrer chez lui au plus vite.

Sur le chemin du retour, alors qu’il était confortablement assis dans son compartiment avec comme seul compagnon un vieux monsieur endormi, Hector Patate se surprit à sourire ; il n’avait jamais aimé la mer et encore moins ses fruits pourtant c’était grâce à eux qu’il avait donné une bonne leçon d’humilité à ses confrères et à ce bellâtre américain. Quant à la comtesse Barbara von Ogr, elle devait méditer sur son sort, couchée dans un lit d’hôpital pour des analyses poussées au cas où ses relations intimes avec l’un des malades l’avait infectée ; Hector Patate n’avait pas eu de mal à la persuader de se soumettre à ces examens, pour son bien évidemment.
Il se lissa les moustaches comme un chat fier de son forfait et de ne pas avoir été découvert ; de toutes façons il savait que les propriétés urticantes de sa potion magique ne dureraient qu’une semaine et que personne n’aurait l’idée d’analyser les composés utilisés en algothérapie.

Posté le : 12/06/2014 22:01

Edité par Donaldo75 sur 13-06-2014 08:02:32
Edité par Donaldo75 sur 13-06-2014 08:04:21
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Re: défi d'écriture du 07/06/2014
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La pleine forme mon cher EXEM,
j'ai beaucoup aimé celui-là, plus nerveux que le précédent, dans un règlement de comptes intérieur.
J'admire les poètes qui arrivent à faire passer en si peu de mots tellement de sentiments.
Merci.
Donald

Posté le : 12/06/2014 09:05
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Re: défi d'écriture du 07/06/2014
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Alexis, une fois de plus tu m'as étonné (ce qui ne devrait plus me surprendre d'ailleurs, paradoxal non ?) avec cette histoire désespérée dans un monde crasseux qui n'est pas si loin du notre finalement.
Bravo !
Donald
PS: Je vais devoir pondre une histoire guillerette avec Minnie, Mickey et Dingo après ça.

Posté le : 12/06/2014 09:03
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Re: défi d'écriture du 07/06/2014
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EXEM le poète total.
J'ai bien aimé le rythme lancinant et quasiment estival de ce court poème.
Merci
Donald.

Posté le : 10/06/2014 18:43
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Re: défi d'écriture du 07/06/2014
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Arielle, tu as plombée ma fin de journée.
Quel beau texte !
Le sujet n'est pas des plus simples à traiter et tu l'as rendu positif, gai, alerte.
Bravo !
Donald


Posté le : 10/06/2014 18:37
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Re: défi d'écriture du 07/06/2014
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Couscous, je te reconnais bien là.
Une bonne histoire écologiste avec quelques bons mots et des clins d'œil.
La fin m'a bien plu; tu restes à mes yeux la reine de la chute.
Merci
Donald

Posté le : 10/06/2014 18:30
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Re: Nouveau défi du 31/5/2014
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Demain ou l'Eternité


Naturträne se releva difficilement ; il ne comprenait pas pourquoi le Grand Ordonnateur l’avait envoyé dans les limbes du Purgatoire alors qu’il s’acquittait de sa tache de ménestrel numérique. Ses souvenirs étaient confus ; il chantait le seul et unique morceau de son répertoire, une œuvre gothique en allemand composée par une folle berlinoise dans les années quatre-vingt, quand la foudre électromagnétique s’était abattue sur lui dans un déluge de points colorés.

Il regarda à droite et à gauche ; le spectacle désolant ressemblait bien à ce que les légendes cycliques racontaient et ce depuis qu’il était petit fichier. Pas d’horizon, du gris à perte de vue, des pixels en décomposition et des hordes d’exclus qui attendaient certainement l’effacement définitif pour les plus pragmatiques et la restauration pour les éternels optimistes. Il décida de rejoindre la cohorte des condamnés et de marcher avec eux dans une direction guidée par leur instinct. Naturträne était d’un naturel sociable voire un peu déjanté au regard des autres marcheurs numériques qui l’accompagnaient vers le Grand Nulle Part ; ils étaient comme ça les WMA, d’éternels enfants conçus pour et par la musique et rien d’autre. Dans le monde dont il venait, les WMA représentaient une caste protégée et rares étaient les cas d’effacement d’un de leurs membres surtout depuis la fin de l’ère chaotique du Total Téléchargement pendant laquelle des importuns venus de La Toile avaient envahi l’espace logique et apporté leur lot de corruption, de maladies et de déformations. Le Grand Ordonnateur avait finalement rétabli l’ordre et le Purgatoire avait été inondé de ces WMA dévoyés et malheureusement de quelques innocents malchanceux ; les plus anciens troubadours comme So_What ou Happiness_is_a_warm_gun prétendaient que ces condamnés avaient subi le châtiment suprême sous la forme d’une éradication totale.

A ses côtés dans la longue procession se trouvait une jolie membre de la famille des DOC ; Naturträne ne s’embarrassa pas de préliminaires compliqués et lança la conversation.
— Savez-vous où nous conduit ce mouvement ?
— Non, répondit poliment l’interrogée. Je n’ai pas d’instructions sur ce sujet et nulle aide en ligne ne semble exister.
— Je m’appelle Naturträne et vous quel est votre petit nom charmante inconnue ?
— Demain_est_un_autre_jour, précisa son interlocutrice.
— Comment vous êtes vous retrouvée ici ?
— Le Grand Ordonnateur me paraît de mots et de phrases dans une narration complexe quand tout à coup un flash apparut et je me suis évanouie instantanément ; j’ai eu le temps d’entendre une voix céleste grommeler comme un juron puis plus rien.
— Je pense que tu as connu une mésaventure due à la malchance et rien d’autre ; toi et moi n’avons pas démérité semble-t-il contrairement à pléthore de fichiers ici. Il est assez rare que chez vous, les DOC, la sanction soit aussi dure puisque vous êtes plutôt promis à l’archivage lors des campagnes de Grand Zip.
— Nous ne sommes pas aussi chanceux que vous les WMA.
Cette petite DOC lui plaisait bien ; cela le changeait des PDF trop coincées et rétives au changement ou de ces frimeuses de PPT superficielles en diable. Naturträne prit la main de sa compagne d’infortune ; cette dernière ne le rejeta pas, au contraire elle se sentit honorée d’une telle attention venue d’un fichier des castes supérieures.

Le paysage commença à changer ; la voûte grise devenait progressivement noire et les pixels décomposés se fragmentaient en millions de morceaux. « Cela n’annonce rien de bon. » se dit Naturträne et il augmenta la cadence, entraînant avec lui Demain_est_un_autre_jour sans lui demander son avis. Elle en comprit la raison mais ne céda pas à la panique ; dans son éducation, un WMA représentait le nec plus ultra de la vie numérique et mieux valait l’écouter.
Le peloton se scinda en fractions hétérogènes ; à l’arrière le rebut, ceux qui étaient destinés dès leur naissance à terminer au Purgatoire, composaient un assemblage misérable digne de la Cour des Miracles. Les TMP se tenaient aux vieux DAT et autres survivants des anciens temps ; les LOG glosaient sur leur splendeur passée, quand ils enregistraient l’intégralité des événements au cas où le Grand Ordonnateur ait besoin de redonner un coup de jeune au monde qu’il avait créé. Pourtant, ils savaient aussi comment ils étaient supposés finir dans cet espace où tout allait vite, dans cet incessant mouvement rythmé par les mises à jour, les correctifs, les campagnes de décontamination, les défragmentations et autres optimisations logiques. Cette connaissance d’une mort annoncée ne les arrêtait pas dans leur monologue, fiers de leur rôle de scribes lors des phases de transition et de leur fonction de témoin des nombreux soubresauts de la civilisation numérique.

La première vague frappa la queue de la caravane ; une ombre noire submergea les retardataires et les engloutit dans un silence mortel. Naturträne perdit ses dernières illusions ; il n’y aurait pas de restauration miraculeuse pour lui ou sa compagne. Pire que l’effacement définitif, il pressentait le Grand Nettoyage, ce processus historique censé arriver tous les mille cycles et qui affectait en premier les condamnés puis le reste de l’univers logique ; selon les Anciens, les privilégiés bénéficiaient de refuges adaptés dans des mondes parallèles pendant que le Grand Ordonnateur lançait son tsunami meurtrier et reformatait complètement l’espace. Ensuite, toujours dans les légendes numériques racontées et propagées par les vieux fichiers, les réfugiés revenaient chez eux, dans les mêmes répertoires et dossiers qu’ils avaient quitté un ou deux cycles plus tôt, au sein d’un environnement tout neuf. « Une cure de Jouvence en quelque sorte. » avait coutume de dire l’un des sages consultés par les WMA, un vieux fichier de la famille des HLP baptisé Lecteur_media et très connu pour ses nombreuses astuces et ses bons conseils.
Naturträne décida d’offrir à Demain_est_un_autre_jour une fin digne de l’attention qu’elle méritait ; il la dirigea impérativement sur le côté, hors du flot des condamnés, loin du spectacle déprimant des marcheurs désespérés. Une fois arrivé sur un segment tranquille et éloigné de la panique ambiante, il se fixa en face d’elle et lui demanda de s’ouvrir ; la belle obéit immédiatement et lui offrit la plus belle lecture qu’on pouvait connaître en cette fin des temps. Le WMA agrémenta cet instant de sa plus belle interprétation de sa chanson allemande.
La seconde vague les submergea en point d’orgue à la mélodie et les fusionna dans un ensemble d’électrons, mélange de littérature et de musique gothique, pour l’éternité.

Posté le : 08/06/2014 13:50
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Re: Nouveau défi du 31/5/2014
Plume d'Or
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Couscous, le docteur Geuvébin, que voilà un nom prédestiné !
Dès cette ligne, ce fut difficile de garder son sérieux et j'attendais la chute délirante qui n'est jamais venue.
J'ai donc relu cette histoire et l'ai trouvé très positive; et tu évites la question qui fâche: qu'est ce qui se passe quand elle a vidé la fiole et ne peut plus sniffer ?

Posté le : 03/06/2014 09:34
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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