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#91 Clark Gabble
Loriane Posté le : 31/01/2015 18:01
Le 1er février 1901 à Cadiz dans l'Ohio naît William Clark Gable

mort le 16 novembre 1960 à 59 ans, acteur américain, surnommé " The King of Hollywood" et la plus grande star au box-office du début du cinéma parlant.
Au cours de sa longue carrière, il apparaît avec les plus grandes actrices de l’époque. Joan Crawford, qui était sa partenaire favorite2, joue avec lui dans huit films, Myrna Loy est à ses côtés dans sept films et il forme un duo avec Jean Harlow dans six productions. Il est aussi la star de quatre films avec Lana Turner, et trois avec Norma Shearer.Ses films les plus notables sont New York-Miami, Les Révoltés du Bounty, Autant en emporte le vent, Les Désaxés
Gable remporte l’oscar du meilleur acteur en 1934 pour son interprétation dans le film New York-Miami3. Suit une autre nomination pour son rôle de Fletcher Christian dans Les Révoltés du Bounty (1935). Mais il reste surtout célèbre pour avoir été Rhett Butler dans le classique Autant en emporte le vent, sorti en 1939. Il est un des rares acteurs à avoir joué dans trois films ayant obtenu un Oscar du meilleur film. L’American Film Institute l’a classé septième acteur de légende.

En bref

C'est la publicité de la Metro Goldwyn Mayer, vite relayée par la presse, qui, en 1938, attribua à Clark Gable le surnom de « King of Hollywood », à la suite d'un incident purement fortuit. Ce slogan peu original convenait pourtant parfaitement à la popularité du charmeur qui séduisait davantage dans sa vie publique qu'à travers ses rôles, souvent de qualité mais trop interchangeables. Bientôt, il régna sur tous les cœurs en incarnant Rhett Butler, le « héros » du film-culte Gone With the Wind, Autant en emporte le vent, 1939, aux amours passionnées et tumultueuses avec Scarlett O'Hara, Vivien Leigh. Sa carrière dépasse pourtant largement ce titre, aussi mythique soit-il. Clark Gable doit son succés à son charme facétieux et viril
William Clark Gable naît le 1er février 1901 à Cadiz Ohio. Il est âgé d'à peine sept mois lorsque sa mère meurt. Sa tante et son oncle maternels, en Pennsylvanie, l'élèvent, jusqu'à ce qu'il atteigne l'âge de deux ans. Il rejoint ensuite son père, fermier puis chercheur de pétrole, à Cadiz. À seize ans, il quitte le lycée, travaille en usine, et décide de devenir acteur après avoir vu L'Oiseau de Paradis, pièce écrite en 1911 par Richard Walton Tully, dont King Vidor donnera la première version cinématographique en 1932. Il participe d'abord à des tournées itinérantes. L'organisatrice d'une troupe de théâtre de Portland, Josephine Dillon, l'épouse et le conduit à Hollywood en 1924. Cependant, Clark Gable ne se voit pratiquement proposer que de la figuration. Revenu au théâtre, après avoir subi plusieurs refus à l'issue de screen tests – entre autres avec le producteur Darryl F. Zanuck –, il signe tout de même un contrat avec Irving Thalberg en 1930. Mais la M.G.M. le cantonne alors dans des rôles stéréotypés de méchant dur : on le trouve en fait peu séduisant et dépourvu d'humour ! Heureusement, de grandes actrices l'apprécient, entre autres Joan Crawford, qui le demande comme partenaire dans Dance, Fools, Dance La Pente, de Harry Beaumont, 1931, même si le rôle est encore celui d'un mauvais garçon.
La carrière de star de Clark Gable commence réellement avec It Happened One Night New York-Miami, 1934. Pour ce film auquel ne croient que son réalisateur, Frank Capra, et le scénariste Robert Riskin, Gable a été loué à la Columbia par Thalberg pour le punir d'avoir refusé plusieurs scénarios. New York-Miami remporte cinq oscars, et Clark Gable reçoit pour la première fois celui du meilleur acteur. Le film déjoue très habilement les interdits du Code Hays, qui est entré en fonction en 1930. Face à une Claudette Colbert futile et indécise, Gable incarne un homme facétieux, sympathique, malgré sa duperie, dont l'érotisme viril évite la vulgarité et le machisme. Le fait que l'acteur apparaisse torse nu sans maillot sous sa chemise aurait fait chuter de façon fulgurante la vente de ce type de sous-vêtement masculin.
Clark Gable n'est pas encore l'aventurier dynamique au sourire charmeur qu'il sera sous la direction de William A. Wellman Call of the Wild L'Appel de la forêt, 1935 ; Across the Wide Missouri Au-delà du Missouri, 1951, Tay Garnett China Seas La Malle de Singapour, 1935, Frank Lloyd Mutiny on the Bounty, Les Révoltés du Bounty, 1935, W. S. Van Dyke San Francisco, 1936, Frank Borzage, Strange Cargo, Le Cargo maudit, 1940... Ces quelques titres sont significatifs de son personnage. Le gentleman, d'abord : dans L'Appel de la forêt, après s'être ruiné au jeu, Jack Thornton cherche, en Alaska, une mine d'or et tombe amoureux d'une jeune femme, Loretta Young. Mais lorsque le mari, porté disparu et propriétaire de la mine, revient très affaibli, il abandonne, non sans regrets, l'épouse et l'or. L'acteur peut également se montrer émule de H. D. Thoreau ou de Fenimore Cooper lorsqu'il met le feu au Bounty pour vivre avec ses mutinés sur une île sauvage idylliquement rousseauiste. Héritier du mythe de Pocahontas, Flint Mitchell, lui, choisit de vivre, au-delà du Missouri parmi ses amis indiens Pieds Noirs, dans une vallée fertile où abondent les castors, afin d'y élever l'enfant qu'il a eu de la fille du chef, tragiquement disparue. Clark Gable est également l'homme des retournements brutaux : l'officier de La Malle de Singapour, qui passait pour lâche, se révèle un héros face aux pirates des mers de Chine. Le tenancier dépravé d'un beuglant trouve, à la faveur du tremblement de terre de San Francisco, le chemin de la foi et celui du cœur de l'hésitante Jeanette MacDonald !
Le personnage a su aussi évoluer en fonction des ambitions des réalisateurs. En 1932, dans Red Dust, La Belle de Saigon, Gable interprète, sous la direction de Victor Fleming, le rôle d'un planteur de caoutchouc en Indochine, pris entre une aventurière fuyant la police, Jean Harlow et une femme de passage, Mary Astor, digne et presque prude épouse d'un homme atteint par la malaria. Il endosse à nouveau le rôle sous la direction de John Ford, en 1953, dans une nouvelle version intitulée Mogambo. Le choix des interprètes féminins se porte cette fois sur Ava Gardner et Grace Kelly. Le film est tourné en partie au Congo et au Kenya, et le titre est la traduction d'un terme swahili signifiant Passion. Ford insiste ici sur le côté animal de Clark Gable, animateur de safaris et ami des gorilles, en conflit avec les conventions sociales nécessaires pour canaliser ces passions, naturelles pour Ava Gardner, troubles à force de dénégation chez Grace Kelly. C'est là le secret de l'attirance qu'exerce le mythe Gable : une virilité quasi animale assumée sous les dehors du charme souriant et de la plus grande civilité.

Sa vie

Clark Gable naît à Cadiz, Ohio de William Henry Bill Gable, foreur de puits de pétrole d’ascendance allemande, et Adeline Hershelman, d’origine allemande et irlandaise. Il fut par erreur enregistré comme une fille sur son certificat de naissance. Son nom de naissance est probablement William Clark Gable, mais les registres de naissances, d’écoles et d’autres documents se contredisent à ce sujet. William en l’honneur de son père et Clark étant le nom de jeune fille de sa grand-mère maternelle. Dans l’enfance, on l’appelle le plus souvent Clark ; mais pour certains amis il est Clarkie, Billy ou Gabe.
À l’âge de six mois, sa mère, déjà malade, le fait baptiser dans la religion catholique. Elle meurt quatre mois plus tard, sans doute d’une tumeur du cerveau. Après sa mort, la famille de l’enfant refuse de l’élever dans la religion catholique, provoquant l’animosité du côté maternel. La querelle prend fin avec l’autorisation de la famille de son père à aller voir son oncle, le frère de sa mère disparue, Charles Hershelman, et sa femme dans leur ferme de Vernon en Pennsylvanie.
En avril 1903, son père Will épouse Jennie Dunlap, dont la famille vient de la périphérie de Hopedale Ohio. Gable était un grand et timide garçon avec une grosse voix. La nouvelle famille s’installe dans une maison neuve sur un terrain acheté par son père. Jennie joue du piano auquel elle initie son beau-fils ; plus tard il se mettra aux cuivres. Elle l’élève en apportant grand soin à sa mise et ses vêtements mais l’enfant préfère la mécanique et enlève ses beaux habits pour réparer des voitures avec son père. À treize ans, il est le seul garçon de l’orchestre local. Malgré l’incitation de son père à faire des loisirs virils, comme la chasse et le travail physique, il aime les mots. En bonne compagnie, il récite du Shakespeare, surtout les sonnets. Will consent à lui acheter une collection de 72 volumes de The World’s Greatest Literature pour parfaire l’éducation de son fils mais déclara ne l’avoir jamais vu le lire. En 1917, Clark est au lycée quand son père connaît des déboires financiers. Pour régler ses dettes, Will s’essaie à la ferme et installe sa famille à Ravenna, près de la ville d’Akron. Mais Clark s’accommode mal de la campagne. Son père aura beau insister pour qu’il aide à la ferme, le jeune homme part travailler dans l’usine de pneus B.F. Goodrich d’Akron.

Clark a 17 ans lorsqu’il décide de devenir acteur après avoir vu la pièce The Bird of Paradise, mais il attendra quatre ans, à sa majorité, avant de se lancer avec l’argent de l’héritage. Sa belle-mère Jennie meurt cette année-là et son père part s’installer à Tulsa pour retrouver ses affaires pétrolières. Il fait des tournées avec des troupes de répertoire, travaille par moment dans le pétrole et gère aussi des chevaux. Embauché dans des compagnies théâtrales de seconde catégorie, il traverse le Midwest vers Portland dans l’Oregon où il vendra des cravates dans un grand magasin de la chaîne Meier & Frank. C’est là qu’il fait la connaissance de l’actrice Laura Hope Crews qui l’encourage à revenir sur scène pour une nouvelle troupe. Son professeur de comédie y sera Josephine Dillon, de dix-sept ans son aînée, alors gérante d’un théâtre de la ville. Elle lui paie des soins dentaires et une nouvelle coiffure, l’aide à prendre soin de son physique et lui enseigne des postures et des règles de maintien. Elle passe de longues heures à entraîner sa voix trop aigüe qu’il parvient lentement à placer dans un ton plus grave, pour une meilleure résonance et un ton plus juste. Tout en acquérant cette nouvelle technique discursive, il améliore ses expressions faciales, plus naturelles et convaincantes. Après cette longue période d’entraînement, elle le considère enfin prêt à tenter sa chance dans une carrière dans le cinéma.

La scène et le cinéma muet

En 1924, il se rend à Hollywood avec l’aide financière de Josephine Dillon, son manager et bientôt sa première épouse. Il change son nom de scène, de W. C. Gable en Clark Gable. Il fait de la figuration dans des films muets dont The Plastic Age, 1925 avec la star Clara Bow, et Forbidden Paradise, mais aussi dans une série de comédies en deux-bobines intitulée The Pacemakers et une série de courts-métrages. Mais comme on ne lui propose aucun rôle important, il retourne sur scène où il noue un lien d’amitié à vie avec Lionel Barrymore, qui lui reprocha d’abord son amateurisme avant de l’encourager fortement à rester au théâtre. Pendant la saison théâtrale 1927-1928, il joue avec la compagnie du répertoire Laskin Brothers à Houston, où il interprète de nombreux rôles et acquiert une grande expérience tout en devenant une idole locale. Partant alors pour New York, Dillon lui trouve du travail à Broadway. Il y reçoit un bon accueil dans Machinal ; Il est jeune, robuste et foncièrement viril, dit de lui le Morning Telegraph. Avec l’arrivée de la Grande Dépression et le début du cinéma parlant, le théâtre est en crise durant la saison 1929-1930 et le travail se fait rare.

Premiers succès

En 1930, après son interprétation impressionnante de Killer Mears dans la pièce The Last Mile, il se voit proposer un contrat avec la MGM. Pour son premier rôle, il joue un méchant dans The Painted Desert, un western sonore à petit budget de William Boyd. Son apparition et sa voix puissante font sensation et suscitent de nombreux courriers de fans, le studio en prend bonne note.
En 1930, Gable et Josephine Dillon divorcent. Quelques jours après, il épouse une mondaine du Texas, Ria Franklin Prentiss Lucas Langham. Leur mariage sera renouvelée en Californie, sans doute pour des raisons légales entre les deux états.
"Ses oreilles sont trop grandes et il ressemble à un primate ", dit de lui Darryl F. Zanuck, patron de la Warner Bros. après l’avoir auditionné pour le rôle principal du film de gangster Le Petit César 1931. Après plusieurs essais ratés pour Barrymore et Zanuck, il signe avec Irving Thalberg et devient un client de l’agent bien placée Minna Wallis, la sœur du producteur Hal Wallis et une amie très proche de Norma Shearer.
Son arrivée à Hollywood coïncide parfaitement avec la volonté de la MGM d’élargir son écurie de stars masculines. Il multiplie les seconds rôles, souvent dans la peau du méchant. Howard Strickland, manager publicitaire à la MGM, développe son image d’homme viril et sa personnalité de bûcheron en habits de soirées. Pour stimuler sa popularité grandissante, la MGM l’associe à des stars établies. Joan Crawford le réclame pour La Pente 1931. Il élargit son public avec Âmes libres 1931, dans lequel il joue un gangster qui gifle Norma Shearer, il ne fera plus aucun second rôle après cette gifle. The Hollywood Reporter écrit à son sujet : Un star en devenir vient d’apparaître, une de celles, à notre avis, qui surpassera toutes les autres…. Jamais n’avons-nous assisté à un tel enthousiasme du public que quand Clark Gable marche à l’image. Il enchaîne avec La Courtisane 1931 avec Greta Garbo, et Fascination, Possessed, 1931, dans lequel Joan Crawford, alors mariée à Douglas Fairbanks, Jr. et lui brûlent l’écran d’une passion qu’ils partageront dans la vie réelle durant des décennies. Adela Rogers St. John qualifiera leur relation de la liaison qui faillit détruire Hollywood. Louis B. Mayer menacera de mettre un terme à leurs contrats, ce qui les éloignera un temps, Gable se tournant alors vers Marion Davies. À l’opposé, Gable et Garbo ne se sont pas appréciés. Elle le considère un acteur inexpressif quand lui la voit comme une snob.

Vers le statut de Star

Gable est envisagé dans le rôle de Tarzan mais perd face au meilleur physique de Johnny Weissmuller, auréolé de ses prouesses de nageur. Le Gable mal rasé étreignant une Jean Harlow sans sous-vêtement dans La Belle de Saïgon 1932 fait de lui la plus grande star de la MGM. Après le succès de Dans tes bras 1933, la MGM veut profiter de la mine d’or de leur association et les fait jouer dans deux autres films, La Malle de Singapour 1935 et Sa femme et sa secrétaire 1936. Aussi populaires à l’écran qu’en dehors, Gable et Jean Harlow seront à l’affiche de six films ensemble, dont les plus remarquables restent La Belle de Saïgon 1932 et Saratoga 1937. Mais l’actrice meurt d’une insuffisance rénale pendant la production de Saratoga. Quasiment achevé, le tournage se termine avec des doublures et des plans larges ; l’acteur dira qu’il se sentait dans les bras d’un fantôme.
D’après la légende, l’acteur est prêté à la Columbia Pictures, en punition de ses refus de rôles ; mais cela a été réfuté par les récentes biographies. MGM n’avait alors pas de projet pour lui et le payait, par contrat, 2 000 $ la semaine, à ne rien faire. Le patron du studio Louis B. Mayer le loua donc à la Columbia pour 2 500 $ la semaine, faisant ainsi 500 $ de bénéfice chaque semaine.
Clark Gable n’était pas le premier choix pour jouer le rôle de Peter Warne dans New York-Miami qui avait d’abord été proposé à Robert Montgomery, déclinant ce scénario trop médiocre à ses yeux. Le tournage commença dans une certaine tension, mais Gable et Frank Capra ont aimé faire ce film.
Une autre légende, tenace, lui attribue une influence sur la mode masculine, grâce à une scène de ce film. Alors qu’il se prépare à aller au lit, il enlève sa chemise en dévoilant son torse nu. À travers le pays, les ventes de sous-vêtements masculins auraient alors fortement baissé à la suite de ce film.

Une figure héroïque

Parmi de nombreux films d'action dont il est parfois le seul atout, Clark Gable, comme son rival bondissant de toujours, Errol Flynn, a trouvé en Raoul Walsh un réalisateur capable de cerner sa véritable personnalité. Dans The Tall Men, Les Implacables, 1955, il interprète le rôle de l'ancien combattant sudiste Ben, qui aspire à la paix et au repos, qu'il trouvera dans les bras d'une plantureuse aventurière, Jane Russell déçue par ses rivaux, Clint, Cameron Mitchell, représentant du vieil esprit de la frontière, et Nathan Robert Ryan, sans foi ni loi, tenant de la dérive morale de l'Amérique moderne. Gable ne cherche guère à séduire : il lui suffit d'attendre que son désir paisible touche la conquérante, devenue enfin lucide. Ainsi, le héros de The King and Four Queens Le Roi et quatre reines, 1956, Dan Kehoe, est la proie du désir des quatre brus de Ma MacDade qui veille sur leur vertu comme sur le magot caché dans le ranch par ses fils, pilleurs de diligence. Sans effort, Clark Gable devient ainsi l'objet des manigances des jeunes femmes, qu'il accueille avec une satisfaction ironique qui pourrait être graveleuse mais que son attitude éloigne de toute vulgarité en battant en brèche la pudibonderie de rigueur à l'époque. Quand au planteur Hamish Bond de Band of Angels, L'Esclave libre, 1957, il vient en droite ligne du personnage de Rhett Butler. Mais Walsh met à nu les mécanismes et exhibe les conventions du film de Fleming. La noblesse de Bond, non exempte d'un dandysme spécifiquement sudiste, tient tout autant à son attitude philanthrope à l'égard de l'esclave dont il est tombé amoureux, Yvonne De Carlo qu'à l'aveu lucide de son passé de négrier.
Lorsque le producteur David O. Selznick entreprit la réalisation d'Autant en emporte le vent, 1939, la M.G.M. lança un sondage pour déterminer, qui pouvait être la meilleure interprète de Scarlett. En revanche, la question ne se posa à aucun moment pour le rôle de Rhett Butler, malgré l'importance du cachet de Clark Gable. Le public n'était pas le seul à être séduit par la personnalité de l'acteur, qui comptait alors une cinquantaine de films à son actif. Il était, dit-on, apprécié de tous dans le milieu professionnel pourtant impitoyable de Hollywood, tant il pouvait être aussi impulsif et généreux dans la vie qu'à l'écran. Dans ses mémoires, Billie Holiday rapporte que Gable assomma un blanc qui refusait à la chanteuse l'accès de son établissement. La forte personnalité de l'acteur se manifestait de façon identique dans la vie et à l'écran. D'où le sentiment de naturel que ressentait le public face à ce personnage hors du commun. Mais le destin le lui fit payer cher. Il formait avec la très sophistiquée Carole Lombard un couple admiré, lié par une passion qui ne relevait en rien des services de publicité de la M.G.M. La jeune femme disparut en 1942 dans un accident d'avion, lors d'une tournée de propagande destinée à soutenir la guerre contre l'Allemagne. Pendant quatre ans, Gable abandonna le cinéma pour se consacrer au service armé.
Le souvenir de ce drame et l'alcool marquèrent progressivement la carrière, le personnage et le visage de Clark Gable, que l'on pouvait croire fini après quelques films vite oubliés. Pourtant, c'est grâce à un autre aventurier du cinéma, John Huston, que l'acteur allait tourner dans un dernier chef-d'œuvre, le mythique Misfits, Les Désaxés, 1961, avec Marilyn Monroe et Montgomery Clift. Mythique, parce que ces trois stars allaient disparaître peu après le tournage, et parce que le film propose l'image d'une Amérique qui tourne une page héroïque de son histoire, celle qui ignorait encore la mauvaise conscience. Clark Gable y tire sa révérence avec le sourire, l'élégance, l'énergie qui demeurent son image de marque. Il mourut à Los Angeles d'une crise cardiaque le 16 novembre 1960, peu avant la sortie du film.

Les Révoltés du Bounty en 1935.

L’acteur remporte l’Oscar du meilleur acteur en 1934 pour ce rôle. Il retrouve la MGM avec un statut de plus grande star que jamais.
Dans ses mémoires inédites, l’animateur Friz Freleng le cite parmi ses films préférés. Cela lui aurait inspiré le personnage de cartoon Bugs Bunny. Quatre raisons entérinent cette supposition : la personnalité d’un personnage mineur, Oscar Shapely et sa façon d’interpeller le personnage de Gable par un Doc, le héros imaginaire nommé Bugs Dooley que le personnage de Gable utilise pour effrayer Shapely, et surtout la scène dans laquelle il mange des carottes tout en parlant la bouche pleine, comme le fait Bugs.
Il sera à nouveau nommé à l’Oscar l’année suivante pour son portrait de Fletcher Christian dans Les Révoltés du Bounty. Il déclarera qu’il s’agit de son film préféré, même s’il ne s’entendit pas vraiment avec ses partenaires Charles Laughton et Franchot Tone.
Dans les années suivantes, il enchaîne les films populaires à grand succès et acquiert le titre indisputé de King of Hollywood en 1938. Le titre de King vient à l’origine de Spencer Tracy, qui l’employa dans une visée ironique mais bientôt Ed Sullivan fit un sondage dans son journal où plus de 20 millions de fans désignèrent Gable comme le King et Myrna Loy Queen d’Hollywood. Même si les honneurs ont certainement favorisé sa carrière, l’acteur se montre lassé de tout ce bruit, Ce truc de King est complètement bidon… Je suis juste un gars chanceux de l’Ohio, arrivé au bon endroit au bon moment. Des années 1930 au début des années 1940, il est sans conteste la plus grande star du cinéma.

Autant en emporte le vent

Malgré sa réticence initiale à jouer dans le film, Clark Gable est surtout connu pour son rôle de Rhett Butler dans Autant en emporte le vent, qui lui valut une nouvelle nomination à l’Oscar du meilleur acteur. Carole Lombard fut sans doute la première à lui suggérer de jouer Rhett et elle Scarlett lorsqu’elle lui offrit le livre qu’il refusa de lire.
Aux yeux du public et du producteur David O. Selznick, il est rapidement le favori pour interpréter ce rôle. Mais comme Selznick n’a pas d’acteurs sous contrat à long terme, il doit négocier l’emprunt d’un acteur lié à un autre studio. Gary Cooper était son tout premier choix, mais celui-ci refusa et déclara même : Autant en emporte le vent sera le plus grand flop de l’histoire d’Hollywood. Je suis bien content que ce soit Clark Gable qui s’y cassera le nez, et pas moi. À ce moment, Selznick est déterminé à avoir Gable, et trouve finalement le moyen de l’emprunter à la Metro-Goldwyn-Mayer. L’acteur est conscient du risque de décevoir le public qui avait décidé que personne d’autre ne pouvait jouer le rôle. Il déclarera par la suite : Je crois que maintenant je sais comment doit réagir une mouche prise dans une toile d’araignée. C’est son premier film en Technicolor. Également présente dans Autant en emporte le vent, dans le rôle de la tante Pittypat, on retrouve Laura Hope Crews, son amie de Portland qui avait persuadé l’acteur de revenir au théâtre.
Sa plus célèbre réplique est la dernière du film : Frankly, my dear, I don’t give a damn, Franchement, ma chère, c'est le cadet de mes soucis.
Sur le tournage, Gable s’entend très bien avec l’actrice afro-américaine Hattie McDaniel, et lui glisse même un verre rempli d’alcool pendant la scène où ils célèbrent la naissance de la fille de Rhett et Scarlett. Lorsqu’elle n’est pas conviée à la première du film à Atlanta, l’acteur souhaite boycotter l’événement et n’acceptera d’y aller qu’après qu’elle l’a persuadé de s’y rendre malgré tout. Ils resteront très amis et il sera présent aux soirées qu’elle organisera, surtout pour les levées de fonds en soutien à la Seconde Guerre mondiale.
Gable ne voulait pas de larmes pour la séquence après la fausse couche de Scarlett. Olivia de Havilland qui le fit pleurer, commentera plus tard : Oh, il ne voulait pas le faire. Pas du tout ! Victor Fleming tenta tout avec lui. Il essaya même de l’attaquer sur le terrain professionnel. Nous l’avons tourné sans ses pleurs plusieurs fois et pour la dernière prise, je lui ai dit : Vous pouvez le faire, je sais que vous le pouvez et vous serez merveilleux… Eh bien, dieu soit loué, juste avant le démarrage des caméras, vous pouviez voir les larmes sortir de ses yeux et il joua la scène de façon incroyable. Il y mit tout son cœur.
Des années plus tard, Gable affirmera que lorsque sa carrière bat de l’aile, il suffit de re-sortir Autant en emporte le vent pour réanimer la flamme. De fait, il restera une star majeure jusqu’à la fin de sa vie. Il est aussi l’un des rares acteurs à jouer le rôle principal dans trois films qui ont remporté l’Oscar du meilleur film.
Autant en emporte le vent est re-sorti dans les salles en 1947, 1954, 1961, 1967, dans une version écran large, 1971, 1989, et 1998.

Vie privée

Clark Gable a été marié avec :
Josephine Dillon 1884-1971 marié de 1924 à 1930 divorcé.
Maria Franklin Gable 1884-1966 marié de 1931 à 1939 divorcé.
Carole Lombard 1939 à 1942 Mort de l'actrice.
Sylvia Ashley 1904-1977 marié de 1949 à 1952 divorcé.
Kay Williams 1916-1983 marié de 1955 à 1960 Mort de Gable.

Son mariage avec Carole Lombard

Son mariage en 1939 avec sa troisième femme, l’actrice à succès Carole Lombard, est l’épisode le plus heureux de sa vie personnelle. En actrice indépendante, son revenu annuel est supérieur au salaire studio de l’acteur jusqu’à ce que Autant en emporte le vent leur apporte la parité. Grâce à leur union, elle acquiert une nouvelle stabilité personnelle et lui se bonifie au contact de sa personnalité pleine de fraîcheur de charme et de franchise. Elle part chasser et pêcher avec lui et ses amis et lui devient plus sociable. La plupart du temps, elle tolère sa frivolité. Il déclara : Vous pouvez confier à cette petite insouciante votre vie, vos espoirs ou vos faiblesses et il ne lui viendra même pas l’idée de vous laisser tomber. Ils achètent un ranch à Encino et, une fois Gable habitué à sa façon franche de s’exprimer, ils se trouvent beaucoup de points communs, même si lui est un républicain conservateur et elle une démocrate libérale. Malgré leurs efforts, ils n’auront pas d’enfants.
Le 16 janvier 1942, Carole Lombard, qui vient d’achever son 57e film, To Be or Not to Be, est en tournée pour vendre des bons de guerres lorsque le DC-3 dans lequel elle voyage s’écrase dans une montagne près de Las Vegas, tuant tous les passagers dont la mère de l’actrice et Otto Winkler de la MGM; leur témoin de mariage. Gable s’envole aussitôt pour le site et constate le feu de forêt provoqué par l’avion. Carole Lombard est déclarée la première femme américaine victime de la Seconde Guerre mondiale. Gable reçut une lettre de condoléances de Franklin D. Roosevelt. L’enquête aéronautique conclura à une erreur de pilotage.
Il retourne dans leur maison vide et retravaille un mois plus tard avec Lana Turner pour Somewhere I’ll Find You. Dévasté par la tragédie, il boit beaucoup mais reste professionnel sur le plateau. On le voit s’effondrer pour la première fois en public lorsque la lettre de volontés funèbres de Lombard lui est confiée. Pendant quelque temps, Joan Crawford reste à ses côtés pour lui offrir son soutien et son amitié. Gable passera le reste de sa vie dans leur maison d’Encino, tournera 27 autres films, et se remariera à deux reprises. Mais il ne fut plus jamais le même, dit Esther Williams, son cœur était touché.

Seconde Guerre mondiale

En 1942, à la suite du drame, il rejoint l’armée de l’air, l’U.S. Army Air Forces. Avant sa mort, Carole Lombard lui avait suggéré de participer à l’effort de guerre mais la MGM était forcément réticente à le laisser partir. Mais à présent seul, il rend publique l’offre du Général Henry Harley Arnold d’une affectation spéciale dans les forces armées aériennes. Malgré son intention antérieure de joindre l’école d’élève-officier, il s’enrôle le 12 août 1942 afin de servir comme mitrailleur dans une équipe de l’armée de l’air. La MGM fit en sorte que son ami de studio, le directeur de la photographie Andrew McIntyre, s’enrôle avec lui pour l’accompagner lors de l’entraînement.
Peu après leur enrôlement, McIntyre et lui sont envoyés à Miami Beach, où ils seront en formation du 17 août 1942 au 28 octobre 1942, sortant avec le grade de sous-lieutenants. Sa promotion de 2 600 élèves-officiers, dont il est classé 700e le désigne comme remettant de diplôme, avant que le général Arnold leur présente leurs missions. Celui-ci informe alors l’acteur de son affectation spéciale, il va partir tourner un film en combat avec la Eighth Air Force destiné à promouvoir l’armée pour recruter des mitrailleurs. Gable et McIntyre sont immédiatement envoyés à l’école Flexible Gunnery dans la base de Tyndall Field, en Floride, puis ils suivent un cours de photographie au Fort George Wright, de Washington, dont ils ressortent promus au rang de lieutenants. Gable se rend sur la base texane de la Biggs Air Force le 27 janvier 1943, pour s’entraîner et accompagner le groupe d’escadrons 351e Bomb Group pour l’Angleterre à la tête d’un groupe de six hommes de l’unité cinématographique. En plus de McIntyre, il recruta le scénariste John Lee Mahin ; les caméramen Sergents Mario Toti et Robert Boles, ainsi que le preneur de son Lieutenant Howard Voss pour compléter son équipe. Gable est promu capitaine alors qu’il se trouve avec la 351e à la base de Pueblo, dans le Colorado, pour justifier son rang de chef d’équipe McIntyre et lui avait la même ancienneté.
Gable restera longtemps affecté au Royaume-Uni au camp de base de Polebrook dans le Northamptonshire avec la 351e. Gable y effectue cinq missions de combat, dont l’une en Allemagne, en mitrailleur-observateur dans des B-17 Flying Fortress entre le 4 mai 1943 et le 23 septembre 1943, qui lui valent la Médaille de l’Air et la Distinguished Flying Cross. Au cours d’une des missions, son avion est touché, perdant l’un de ses moteurs. Dans le raid en Allemagne, l’un des hommes est tué et deux autres sont blessés ; une balle traverse la botte de l’acteur en manquant de peu sa tête. Lorsque cette nouvelle parvint aux oreilles des patrons de la MGM, ils demandèrent aussitôt à l’Armée de l’Air de réaffecter leur protégé de grande valeur à des tâches sans risque. En novembre 1943, il rentre aux États-Unis pour faire le montage du film en constatant le remaniement de son équipe de mitrailleurs. Il est toutefois autorisé à terminer son film, en rejoignant la First Motion Picture Unit à Hollywood.
En mai 1944, Gable est promu major. Il espère encore repartir au front, mais après le Jour-J et un mois de juin sans affectation, il requiert une démobilisation qui lui est accordée. Il termine le montage de Combat America en septembre 1944, en écrivant lui-même la narration.
Adolf Hitler plaçait Clark Gable au-dessus des autres acteurs ; pendant la guerre, il offrit ainsi une récompense à quiconque capturerait et lui ramènerait l’acteur sain et sauf.

Retour de guerre

Dès la fin de son affectation, Gable retourne se reposer dans son ranch. Il reprend une relation d’avant-guerre avec Virginia Grey et s’affiche avec d’autres starlettes. Il fait rentrer son caddie de golf, Robert Wagner, à la MGM. Le premier film pour son retour à l’écran est L’Aventure, avec le recrutement malheureux de Greer Garson. C’est un échec tant critique que commercial, avec l’accroche devenue célèbre Gable’s back and Garson’s got him. Après ce film, sa carrière de plus grande star d’Hollywood prend brutalement fin.
Après le troisième divorce de Joan Crawford, ils reprennent leur relation et vivent ensemble une courte période.
Gable est acclamé pour son rôle dans Marchands d’illusions 1947, une satire de l’immoralité et de la corruption de Madison Avenue dans l’après-guerre. Il sort ensuite publiquement et brièvement avec Paulette Goddard. En 1949, Gable épouse Sylvia Ashley, une divorcée anglaise et veuve de Douglas Fairbanks. Leur relation est profondément marquée par l’échec ; ils divorcent en 1952. Il tourne Ne me quitte jamais 1953, face à Gene Tierney, une actrice qu’il apprécie et qu’il est déçu de ne pas retrouver dans Mogambo remplacée par Grace Kelly pour cause de troubles mentaux. Mogambo 1953, réalisé par John Ford, est le remake en Technicolor de La Belle de Saïgon, qui s’avère un plus grand succès. La liaison entre Gable et Grace Kelly sur place s’achève avec fracas à la fin du tournage.
Dépité par la médiocrité des scénarios que lui propose la MGM, la star en déclin reçoit un salaire excessif aux yeux des cadres du studio. Son patron, Louis B. Mayer, avait été renvoyé en 1951 dans un Hollywood en déclin face à la popularité croissante de la télévision. Les dirigeants des studios luttent pour limiter les coûts, de nombreuses vedettes de la MGM sont remerciées, dont Greer Garson et Judy Garland. En 1953, Gable refuse de renouveler son contrat et commence à travailler en indépendant. Il tourne ainsi Le Rendez-vous de Hong Kong et Les Implacables, qui seront rentables mais d’un succès modeste. En 1955, il se marie avec sa cinquième épouse, Kay Spreckels, née Kathleen Williams, une ancienne top-model déjà mariée trois fois. Cette dernière sera la mère de son fils posthume, et son unique enfant légitime, né en 1961.
En 1955, Gable fonde une compagnie de production avec Jane Russell et son mari Bob Waterfield, pour produire Le Roi et Quatre Reines. Mais les deux casquettes d’acteur-producteur lui semblent un trop lourd fardeau pour sa santé et il commence à trembler, particulièrement lors des longues prises. Son projet suivant, L’Esclave libre, avec les nouveaux venus Sidney Poitier et Yvonne De Carlo, est un naufrage. D’après Newsweek, Voici un film si mauvais, qu’il faut le voir pour ne pas le croire. Il fait ensuite équipe avec Doris Day dans Le Chouchou du professeur, tourné en noir et blanc pour masquer son surpoids et son visage vieillissant. Le résultat est assez bon pour qu’il se voie proposer d’autres offres, dont L’Odyssée du sous-marin Nerka, avec Burt Lancaster, où il joue sa mort pour la première fois depuis 1937, et qui reçoit de bonnes critiques. Il reçoit des propositions de la télévision qu’il refuse malgré la réussite de certains de ses pairs, comme Loretta Young, dans le nouveau médium. À 57 ans, Gable le reconnaît enfin, Il est temps pour moi de jouer mon âge. Ses deux prochains films sont des comédies légères pour la Paramount Pictures : La Vie à belles dents avec Carroll Baker et C’est arrivé à Naples avec Sophia Loren, son dernier film en couleur ; deux flops commerciaux mal reçus par la critique.
La dernière apparition cinématographique de Gable date de 1960 dans Les Désaxés, écrit par Arthur Miller, et avec Marilyn Monroe, pour qui ce film sera également le dernier. Les critiques louèrent la performance de l’acteur, son meilleur rôle pour beaucoup, ce qu’il reconnut après avoir visionné le film.

Politique

Gable fut un républicain conservateur toute sa vie, même si Carole Lombard, démocrate, le poussa à soutenir le New Deal. Après la Seconde Guerre mondiale, il devient membre fondateur de la très conservatrice Motion Picture Alliance for the Preservation of American Ideals, aux côtés de Ronald Reagan, John Wayne, Gary Cooper et d’autres cinéastes et acteurs. Il se rallia pour soutenir la campagne de Dwight D. Eisenhower en 1952 et vota par correspondance pour Richard Nixon quelques jours avant sa mort en 1960.

Amitié avec Spencer Tracy

Spencer Tracy faisait partie des meilleurs amis de Clark Gable. Ils étaient aussi connus pour leur aura auprès de la gent féminine. Ils jouèrent ensemble dans trois films. Sur les deux premiers, Clark Gable gagnait le cœur de ses partenaires féminines par rapport à Spencer Tracy. Lorsque les deux hommes se retrouveront, en 1938, avec Myrna Loy dans Pilote d'essai Test Pilot, une certaine rivalité s'installa. Gable gardera un sentiment d'échec en ce qui concerne l'actrice qui avait toujours repoussé ses avances depuis un soir de 1933, où il s'était montré trop insistant. Une frustration pour lui alors que Spencer Tracy avait réussi à coucher avec Myrna Loy, durant le tournage de ses deux derniers films avec elle.
Clark Gable en profita pour le maudire : Meurs Spence ! Je te souhaite de mourir et de connaître le Christ. Malgré son pouvoir de séduction, il ne put qu'enrager à l'idée d'apprendre que Myrna Loy figurait parmi les conquêtes amoureuses de Spencer Tracy.

Enfants

Gable eut une fille, Judy Lewis, de sa liaison avec l’actrice Loretta Young qui commença sur le plateau de L’Appel de la forêt en 1934. Loretta Young prit alors de longues vacances en Europe pour cacher sa grossesse. Au bout de quelques mois, elle revint en Californie pour accoucher de leur enfant à Venice. Dix-neuf mois après la naissance, Loretta déclara avoir adopté Judy. Ce stratagème devint de plus en plus difficile à croire à mesure de la ressemblance de l’enfant avec sa mère et aussi à Clark Gable. Elle a hérité de ses grandes oreilles, de ses yeux et de son sourire.
D’après Judy Lewis, Gable lui rendit visite une fois, mais sans lui dire qu’il était son père. Même si ses parents ne l’ont jamais informée de sa véritable origine, le fait était si largement établi qu’elle fut choquée de l’apprendre des autres enfants de son école. Loretta Young ne reconnut jamais publiquement cette filiation, ce qui reviendrait, pour elle, à admettre un « péché véniel. Elle accorda cependant la divulgation de cette information à son biographe, à condition que son ouvrage paraisse après sa mort.
Le 20 mars 1961, Kay Gable donna naissance au seul fils de l’acteur, John Clark Gable, quatre mois après sa mort.

Décès

Il meurt le 16 novembre 1960 d’une crise cardiaque à Los Angeles, à l’âge de 59 ans.
Il est enterré au Forest Lawn Memorial Park à Glendale en Californie, près de son ancienne épouse Carole Lombard.
Doris Day résuma ainsi la personnalité unique de l’acteur : Il était aussi masculin que tous les hommes que j’ai connus, autant qu’un petit garçon ou un homme puisse l’être — c’est là la combinaison de son effet dévastateur sur les femmes.

Filmographie

Cinéma
Années Titres français Titres originaux Réalisateurs Rôles
Années 1920
1924 La Folie d'une femme White Man Louis J. Gasnier le frère de Lady Andrea
Paradis défendu Forbidden Paradise Ernst Lubitsch un soldat de la garde de la Tsarine
1925 The Pacemakers Wesley Ruggles figurant
Déclassé Robert G. Vignola
The Merry Kiddo Wesley Ruggles
What Price Gloria?
La Veuve joyeuse The Merry Widow Erich von Stroheim figurant du bal
The Plastic Age Wesley Ruggles un athlète
North Star Paul Powell Archie West
Ben-Hur Ben-Hur: A Tale of The Christ Fred Niblo figurant
1926 The Johnstown Flood Irving Cummings
One Minute to Play Sam Wood
Années 1930
1930 Du Barry, Woman of Passion Sam Taylor figurant
1931 Le Désert rouge The Painted Desert Howard Higgin Rance Brett
The Front Page Lewis Milestone journaliste avec un chapeau dans la prison
Quand on est belle The Easiest Way Jack Conway Nick Feliki, blanchisseur
La Pente Dance, Fools, Dance Harry Beaumont Jake Luva
The Finger Points John Francis Dillon Louis J. Blanco
Tribunal secret The Secret Six George W. Hill Carl Luckner
La Pécheresse Laughing Sinners Harry Beaumont Carl Loomis
Âmes libres A Free Soul Clarence Brown Ace Wilfong, défenseur du gangster
L'Ange blanc Night Nurse William A. Wellman Nick, le chauffeur
Sporting Blood Charles Brabin Warren "Rid" Riddell
La Courtisane Susan Lenox (Her Fall and Rise) Robert Z. Leonard Rodney Spencer
Fascination Possessed Clarence Brown Mark Whitney
Les Titans du ciel Hell Divers George W. Hill CPO Steve Nelson
1932 Polly of the Circus Alfred Santell Révérend John Hartley
La Belle de Saïgon Red Dust Victor Fleming Dennis Carson
Strange Interlude Robert Z. Leonard Dr Ned Darrell
Un mauvais garçon No Man of Her Own Wesley Ruggles Jerry "Babe" Stewart
1933 La SÅ“ur blanche The White Sister Victor Fleming Giovanni Severi
Dans tes bras Hold Your Man Sam Wood Eddie Hall
Vol de nuit Night Flight Clarence Brown Jules Fabian
Le Tourbillon de la danse Dancing Lady Robert Z. Leonard Patch Gallagher
1934 New York-Miami It Happened One Night Frank Capra Peter Warne
Les Hommes en blanc Men in White Richard Boleslawski Dr George Ferguson
L'Ennemi public n° 1 Manhattan Melodrama W. S. Van Dyke Edward J. "Blackie" Gallagher
La Passagère Chained Clarence Brown Michael "Mike" Bradley
Souvent femme varie Forsaking All Others W. S. Van Dyke Jeffrey "Jeff"/"Jeffy" Williams
1935 Chronique mondaine After Office Hours Robert Z. Leonard James "Jim" Branch
L'Appel de la forêt The Call of the Wild William A. Wellman Jack Thornton
La Malle de Singapour China Seas Tay Garnett Capitaine Alan Gaskell
Les Révoltés du Bounty Mutiny on the Bounty Frank Lloyd Fletcher Christian
1936 Sa femme et sa secrétaire Wife vs. Secretary Clarence Brown Van "V.S."/"Jake" Stanhope
San Francisco W. S. Van Dyke Blackie Norton
Caïn et Mabel Cain and Mabel Lloyd Bacon Larry Cain
Loufoque et Cie Love on the Run W. S. Van Dyke Michael "Mike" Anthony
1937 La Vie privée du tribun Parnell John M. Stahl Charles Stewart Parnell
Saratoga Jack Conway Duke Bradley
1938 Pilote d'essai Test Pilot Victor Fleming Jim Lane
Un envoyé très spécial Too Hot to Handle Jack Conway Christopher "Chris" Hunter
1939 La Ronde des pantins Idiot's Delight Clarence Brown Harry Van
Autant en emporte le vent Gone with the Wind Victor Fleming (ainsi que George Cukor et Sam Wood non crédités) Rhett Butler
Années 1940
1940 Le Cargo maudit Strange Cargo Frank Borzage André Verne
La Fièvre du pétrole Boom Town Jack Conway Big John McMasters
Camarade X Comrade X King Vidor McKinley B. "Mac" Thompson
1941 L'aventure commence à Bombay They Met in Bombay Clarence Brown Gerald Meldrick
Franc jeu Honky Tonk Jack Conway "Candy" Johnson
1942 Je te retrouverai Somewhere I'll Find You Wesley Ruggles Jonathon "Jonny" Davis
1945 L'Aventure Adventure Victor Fleming Harry Patterson
1947 Marchands d'illusions The Hucksters Jack Conway Victor Albee Norman
1948 Le Retour Homecoming Mervyn LeRoy Colonel Ulysses Delby "Lee" Johnson
Tragique Décision Command Decision Sam Wood Brigadier Général K.C. "Casey" Dennis
1949 Faites-vos jeux Any Number Can Play Mervyn LeRoy Charley Enley Kyng
Années 1950
1950 La Clé sous la porte Key to the City George Sidney Steve Fisk
Pour plaire à sa belle To Please a Lady Clarence Brown Mike Brannan
1951 Au-delà du Missouri Across the Wide Missouri William A. Wellman Flint Mitchell
Callaway Went Thataway Melvin Frank et Norman Panama caméo
1952 L'Étoile du destin Lone Star Vincent Sherman Devereaux Burke
1953 Ne me quitte jamais Never Let Me Go Delmer Daves Philip Sutherland
Mogambo John Ford Victor Marswell
1954 Voyage au-delà des vivants Betrayed Gottfried Reinhardt Colonel Pieter Deventer
1955 Le Rendez-vous de Hong Kong Soldier of Fortune Edward Dmytryk Hank Lee
Les Implacables The Tall Men Raoul Walsh Colonel Ben Allison
1956 Le Roi et Quatre Reines The King and Four Queens Dan Kehoe
1957 L'Esclave libre Band of Angels Hamish Bond
1958 L'Odyssée du sous-marin Nerka Run Silent, Run Deep Robert Wise Commandant "Rich" Richardson
Le Chouchou du professeur Teacher's Pet George Seaton James Gannon / James Gallangher
1959 La Vie à belles dents But Not for Me Walter Lang Russell "Russ" Ward
Années 1960
1960 C'est arrivé à Naples It Started in Naples Melville Shavelson Michael Hamilton
1961 Les Désaxés The Misfits John Huston Gaylord "Gay" Langland

Distinctions Nominations

1936 : Oscar du meilleur acteur dans un drame d'aventure pour Les révoltés du Bounty (1935)
1940 : Oscar du meilleur acteur dans un drame romantique pour Autant en emporte le vent (1939)
1958 : Laurel Awards du meilleur acteur dans un drame romantique pour Le Chouchou du professeur (1958)
1959 : Golden Globes du meilleur acteur dans un drame romantique pour Le Chouchou du professeur (1958)
1960 : Golden Globes du meilleur acteur dans un drame romantique pour La Vie à belles dents (1959)

Récompenses

1935 : Oscar du meilleur acteur dans une comédie romantique pour New York-Miami 1934

Doublage français

Robert Dalban dans :
Autant en emporte le vent doublé en 1950
Au-delà du Missouri
L'Étoile du destin
Mogambo
Le Chouchou du professeur
La Vie à belles dents
C'est arrivé à Naples
Richard Francœur dans :
Les Révoltés du Bounty
Marchands d'illusions
La Fièvre du pétrole
et aussi :

Raymond Loyer dans L'Esclave libre
Serge Nadaud dans L'Odyssée du sous-marin Nerka
Roger Rudel dans La Classe américaine Téléfilm

Anecdotes

Dans le film La Fée Clochette, une des fées bricoleuses se prénomme Clark et une autre Gabble.


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#92 Naissance de Hollywood
Loriane Posté le : 31/01/2015 17:40
Le 1 Février 1887, naît Hollywood, un ranch donnera son nom

à ce lieu mythique et son nom apparaitra pour la premiètre fois sur des documents officiels.
Wilcox acheta 0,6 km2 de terre dans la campagne à l'ouest de la ville, sur les contreforts du col de Cahuenga. Dans les années 1880, ce couple originaire du Kansas, Harvey Henderson Wilcox, qui a fait fortune dans l'immobilier malgré la perte de l'usage de ses jambes à cause de la fièvre typhoïde et sa femme Daeida Wilcox Beveridge, décidèrent de déménager depuis Topeka jusqu'à Los Angeles. C'est Daeida Wilcox qui choisit le nom " Hollywood " qui signifit bois de houx pour la propriété, en faisant référence à une colonie d'immigrants allemands nommée ainsi et se trouvant dans l'Ohio. Elle en prit connaissance lors d'un voyage en train vers l'est, en discutant avec une femme de là-bas. La sonorité du mot lui plaisant, le ranch fut baptisé ainsi. Hollywwod était né.
Harvey Wilcox créa peu de temps après une carte de la ville, qu'il compléta avec les autorités du comté, le 1er février 1887 : c'est la première fois que le nom d'Hollywood apparaîtra officiellement. Avec sa femme comme conseillère, il traça la rue principale, à laquelle il donnera le nom de Prospect Avenue, aujourd'hui Hollywood Boulevard, la bordant comme les autres avenues de toyons des arbustes. Puis il commença à vendre par lots les terrains longeant l'avenue. Daeida leva des fonds pour la construction de deux églises, d'une école et d'une bibliothèque. Ils importèrent quelques houx anglais pour essayer de donner une raison au nom de la ville, mais les buissons ne s'acclimatèrent pas et ce projet fut abandonné.


Présentation

En 1900, Hollywood avait un bureau de poste, son propre journal, un hôtel, deux marchés et avait une population d'environ 500 âmes. Los Angeles qui comptait 100 000 habitants à cette époque, était distante de 11 km de Hollywood. Les deux villes étaient alors séparées par des cultures d'agrumes. Une ligne de tramway unique fut mise en place pour joindre Prospect Avenue à Los Angeles. Mais le service étant inconstant, le voyage durait deux heures. La situation fut par la suite améliorée avec la reconversion d'un hangar en écurie.
C'est en 1902 qu'ouvrit le célèbre Hollywood Hotel, sur le côté ouest de Highland Avenue et en face de Prospect Avenue. Cette route, jusqu'alors sale et non pavée, fut rendue carrossable par la suite. L'année suivante, la ville devenait une municipalité. En 1904 une nouvelle ligne de tramway fut construite, ce qui diminua radicalement le temps de voyage jusqu'à Los Angeles. Son nom, The Hollywood Boulevard, allait être l'une des raisons du renommage de Prospect Avenue. L'autre raison était l'annexion de la ville à Los Angeles. En effet, en 1910, les conseillers votèrent son annexion à Los Angeles, surtout dans le but de profiter du système efficace d'approvisionnement en eau de la ville. Celle-ci venait en effet d'achever son aqueduc. Une autre raison de ce vote était l'accès au système d'égouts de Los Angeles. Ainsi, à travers cette association, Prospect Avenue devenait Hollywood Boulevard. Pour anecdote, cela entraina la modification de tous les numéros des rues du nouveau quartier, ex : 100 Prospect Avenue, sur Vermont Avenue, devenait 6400 Hollywood Boulevard, et 100 Cahuenga Boulevard, sur Hollywood Boulevard, devenait 1700 Cahuenga Boulevard.
Depuis le milieu des années 1910, le nom de Hollywood est quasi synonyme de cinéma américain. Moins le cinéma des auteurs à l'européenne que celui de « l'usine à rêves, qui fournit à la planète entière ses divertissements les plus spectaculaires, les plus populaires et les plus rentables. Investie dès l'époque du muet par des artistes accourus du monde entier et des stars dont la vie fastueuse et parfois scandaleuse défraye la presse des potins, la « Mecque du cinéma » (Cendrars) est gérée en oligopole par ses « nababs », pour la plupart immigrants juifs d'Europe centrale. Le studio system qu'ils mettent progressivement en place après la Première Guerre mondiale fonctionne à plein régime dans les années 1930 et 1940, lorsque huit grandes compagnies les majors se partagent la production, la distribution et l'exploitation de quelque 500 films par an. Il périclite ensuite, victime des actions antitrusts de l'après-guerre et de la concurrence de la télévision. Mais depuis les années 1970, malgré l'inflation des coûts de production et la contestation idéologique de la génération du baby-boom, Hollywood est redevenu la capitale du cinéma mondial, où sont conçus, financés et le plus souvent réalisés les films à gros budget La Guerre des étoiles, 1977, Titanic, 1998) ainsi que la majorité des fictions télévisuelles à vocation internationale. Avec l'entrée dans le XXIe siècle, l'environnement industriel et technologique de la côte du Pacifique semble plus que jamais propice aux grandes synergies qui conditionnent la réalisation et l'exploitation des images de demain.

Les origines

Le nom de Hollywood bois de houx est donné en 1886 par Daeida Wilcox au ranch acheté par son mari dans la vallée de Cahuenga, en Californie. Agent immobilier, Harvey Henderson Wilcox découpe sa vaste propriété en vingt-cinq blocs comprenant chacun de dix à vingt-quatre parcelles, et les revend avec profit. Le lotissement, délimité au nord par Franklin Avenue, au sud par Sunset Boulevard, à l'est par Gower Street et à l'Ouest par Whitley Avenue le centre du Hollywood actuel, acquiert statut de ville en 1903, avec 700 habitants. Dix ans plus tard, il en compte plus de 7 000, et il est annexé par l'agglomération de Los Angeles. C'est alors qu'y arrivent les pionniers du cinéma américain.
Contrairement à une légende tenace, ce ne sont pas les compagnies indépendantes de l'époque qui sont à l'origine de cette migration. Les membres du trust Edison, la Motion Picture Patents Company, tous originaires de la côte est et de Chicago, s'installent également en Californie au tournant des années 1910. David Wark Griffith y tourne pour la Biograph dès 1909, et c'est la même année que la compagnie Selig de Chicago s'établit à Los Angeles. Les compagnies Vitagraph et Lubin, elles aussi membres de la M.P.P.C., ouvrent des studios californiens en 1911 et 1912. Mais le premier studio à Hollywood proprement dit est construit en 1911 par David Horsley pour réaliser les westerns de la compagnie Nestor. Et c'est pour tourner Le Mari de l'Indienne, une production de la Jesse L. Lasky Feature Play Company, que Cecil B. DeMille y aménage en 1913 une grange désaffectée de Vine Street. Quand, un an plus tard, Griffith reconstitue les champs de bataille de la guerre de Sécession dans la campagne avoisinante pour La Naissance d'une nation 1915 avant d'ériger, au pied des collines, les décors monumentaux de la Babylone d'Intolérance 1916, on peut dire que l'essentiel de la production cinématographique américaine, tous statuts et tous genres confondus, se trouve désormais regroupé à Hollywood et dans ses environs. Il l'est toujours, près d'un siècle plus tard.
Les raisons de ce succès sont nombreuses et diverses. Il y avait la qualité de l'ensoleillement, indispensable aux pellicules de l'époque, y compris pour les séquences d'intérieur. La diversité des paysages – mer, montagne, forêts et déserts à une heure de route – permettait le tournage de n'importe quels extérieurs, et les tribus indiennes vivant près de la côte fournissaient aux westerns d'utiles figurants. Le fait que, en l'absence de syndicats reconnus, les salaires journaliers de Los Angeles étaient deux fois inférieurs à ceux des grandes villes de l'Est, constituait lui aussi une forte incitation.
C'est en s'installant en Californie que le cinéma américain devient une véritable industrie, pourvoyeuse régulière de courts et longs-métrages aux quelque 10 000 nickelodeons (appellation populaire des salles de projection) du début des années 1910. C'est aussi à cette époque que Thomas H. Ince, dans son studio de Santa Inez Canyon, met au point des méthodes d'écriture, de tournage et de montage qui préfigurent la division du travail et la réalisation des films « à la chaîne » dans le cadre du studio system. Au même moment, Adolph Zukor, William Fox et Carl Laemmle, immigrants d'Europe centrale enrichis dans l'exploitation des salles, abordent la production en y développant le star system. À rebours de l'anonymat qui prévaut encore dans le cinéma de l'époque, ils font reposer l'économie du film sur des vedettes, tantôt plébiscitées par le public (Pearl White, héroïne des premiers serials, Charles Chaplin, qui réalise ses trente-cinq premiers Charlot aux studios Keystone de Mack Sennett dans la seule année 1914, ou Mary Pickford, la « petite fiancée de l'Amérique »), tantôt imaginées et fabriquées de toutes pièces par les nababs avec le soutien des premiers fan magazines : ainsi Theda Bara, première vamp américaine, sortie tout harnachée, en 1914, du crâne de William Fox. Enfin, la Première Guerre mondiale, tout en donnant la pleine mesure de l'influence du nouveau média (réquisitionné dès 1917 par la propagande gouvernementale), anéantit les cinématographies concurrentes : l'Amérique, qui, jusqu'au début des années 1910, importait encore en masse les productions européennes, réalise au début des années 1920 plus de la moitié des films projetés dans le monde.

Un pôle d'attraction national et international

Au début des années folles, Hollywood est déjà un mythe que toute une littérature journalistique, supervisée par quelques reines du potin, Louella Parsons, plus tard Hedda Hopper amplifie et colporte aux quatre coins du monde. Un rituel quasi religieux organise la sortie des films et le culte de leurs stars, Greta Garbo, Rudolph Valentino au rythme des premières organisées au Grauman Chinese Theater, le début de Chantons sous la pluie en propose une très amusante parodie. À partir de 1927, la cérémonie des oscars, où les 2 000 membres de l'Academy of Motion Picture Arts and Science décernent les vingt-trois statuettes dessinées par Cedric Gibbons directeur artistique de la M.G.M., devient l'événement-phare du calendrier hollywoodien. Ultime expression du rêve américain, la consommation ostentatoire des rich and famous, le luxe des demeures construites à Beverly Hills, comme le célèbre Pickfair de Douglas Fairbanks et Mary Pickford, la liberté, les plaisirs et les scandales de Tinseltown fascinent des générations d'adolescents qui rêvent de trouver gloire et fortune en Californie. Peu réalisent ce rêve, que les films sur Hollywood, qui relèvent presque d'un genre à part entière dès l'époque du muet, contribuent à promouvoir, même lorsqu'ils prétendent en dénoncer l'illusion, Show People de King Vidor, 1927, ou A Star is Born de George Cukor, 1954.

En revanche, les studios californiens attirent effectivement des artistes du monde entier, dont un certain nombre d'acteurs (Pola Negri, Greta Garbo, plus tard Marlene Dietrich ou Maurice Chevalier), mais surtout des réalisateurs de premier plan (le Français Maurice Tourneur, le Suédois Victor Sjöström, l'Allemand Ernst Lubitsch, le Hongrois Michael Curtiz) et beaucoup d'autres professionnels de l'image, du décor ou des costumes. Comment ces artistes n'auraient-ils pas été séduits par les moyens et le prestige offerts par les studios ? Dès les années 1910, Hollywood a ainsi bénéficié de l'apport permanent de talents étrangers. Il est même permis de penser que la créativité toujours renouvelée du cinéma américain au long de son histoire doit beaucoup à cette dialectique féconde entre la culture proprement américaine d'une moitié du personnel (pour s'en tenir aux réalisateurs : Griffith, DeMille, Walsh, Vidor ou Hawks) et celle, souvent moins consensuelle, plus volontiers critique ou ironique, des « étrangers au Paradis » (Chaplin, Stroheim, Lang, Wilder ou Hitchcock).
C'est aussi au cours des années 1920 que les structures de l'industrie trouvent leur maturité : face à un vivier persistant de petites compagnies indépendantes, une demi-douzaine de gros studios verticalement intégrés, c'est-à-dire réunissant des activités de production, de distribution et d'exploitation, également appelés majors », dominent le marché et se protègent de la concurrence en s'organisant en monopole. Ces majors se regroupent en 1922 dans la Motion Picture Producers and Distributors of America, M.P.P.D.A., devenue aujourd'hui M.P.A.A.. William Hays est placé à la tête de cet organisme, dont l'importance ne cessera de croître. Il lui est notamment confié la lourde tâche de stopper le développement des censures locales ou d'État, de plus en plus nombreuses et virulentes au début des années 1920 en mettant sur pied un code interne d'autocensure – qui trouvera sa forme définitive en 1930.
Dans l'usine à rêves des années 1920, les artistes du muet conservent une marge importante de liberté, soit qu'ils parviennent, grâce aux fortunes qu'ils amassent, à produire eux-mêmes leurs films, Douglas Fairbanks, Gloria Swanson, Charles Chaplin, soit que les compagnies qui les ont engagés acceptent d'investir les sommes parfois énormes nécessaires à leurs projets, Erich von Stroheim pour un temps, Cecil B. DeMille, F. W. Murnau. Et si l'on a pu reprocher aux majors des années 1920 d'avoir surtout géré le commerce des picture palaces, les gigantesques et somptueux cinémas construits aux États-Unis après la Première Guerre mondiale, on ne saurait dire que les 800 longs-métrages réalisés chaque année à Hollywood entre 1920 et 1927,le chiffre tombe à 500 à l'arrivée du parlant se contentent de répéter des formules éprouvées, même si l'adaptation des textes littéraires demeure la première source des scénarios. Avec le recul, on est au contraire impressionné par la quantité d'œuvres qui se distinguent du tout-venant. Avec Mack Sennett, Charles Chaplin, Buster Keaton, Harold Lloyd, Harry Langdon et Laurel et Hardy, les burlesques à eux seuls ont produit en dix ans un nombre stupéfiant de chefs-d'œuvre. Mais le mélodrame, avec David Wark Griffith et Frank Borzage, la comédie sophistiquée, avec Cecil B. DeMille et Ernst Lubitsch, le western, avec John Ford et James Cruze, ou le film fantastique, avec Wallace Worsley et Tod Browning, comptent eux aussi beaucoup de classiques du septième art, bien servis au demeurant par des acteurs inoubliables : Lillian Gish, Lon Chaney, Gloria Swanson, Clara Bow ou William S. Hart.

L'avènement du parlant et l'apogée du classicisme hollywoodien

Produit par les frères Warner, Le Chanteur de jazz déclenche en 1927 la révolution du parlant. En l'espace de deux ans, les studios sont reconstruits et les salles équipées pour les talkies. Mais les dépenses considérables que l'industrie doit engager, aggravées peu après par les effets de la Dépression, conduisent à de profondes restructurations, dont l'effet principal est le renforcement du studio system. Tout au long des années 1930 et 1940, huit studios dominent sans partage la dream factory : les « Big Five », propriétaires de salles (Paramount, M.G.M., Warner Bros., 20th Century Fox et R.K.O.), et les « Little Three », seulement producteurs et/ou distributeurs (Universal, Columbia et United Artists). Les petits studios de « Poverty Row » complètent la production des séries B pour les « doubles programmes », qui se généralisent dans les cinémas des années de la Dépression. La production des films « à la chaîne », selon des règles très strictes de division du travail, tend elle aussi à se consolider, amenant un pouvoir accru des executive producers : Irving Thalberg, Louis B. Mayer et Dore Schary à M.G.M., B. P. Schulberg et Barney Balaban à Paramount, Hal B. Wallis et Jack Warner à Warner Bros., Darryl F. Zanuck à 20th Century-Fox, David O. Selznick à R.K.O., Cliff Work à Universal, Harry Cohn à Columbia et Samuel Goldwyn à United Artists. Sans décider de la politique générale des compagnies (définie par les présidents new-yorkais avec l'aval de Wall Street), ces derniers font la pluie et le beau temps dans les studios californiens. Tout le personnel important, scénaristes, réalisateurs et acteurs compris, est salarié, et lié à son employeur par des contrats (de sept ans pour les acteurs) qui réduisent beaucoup sa liberté – y compris celle pour une star de choisir ses rôles (Bette Davis, parmi d'autres, contestera cet état de fait).
Innombrables et bien connus sont les griefs des artistes à l'égard de ce système. Mais ses avantages méritent aussi d'être signalés, en particulier la possibilité pour un réalisateur, un acteur, un directeur artistique ou un compositeur de travailler presque sans interruption et de perfectionner son art comme il ne pouvait le faire nulle part ailleurs. De plus, malgré le souci de chaque studio de marquer sa différence en développant un style identifiable et de ménager une place, aux marges du système, à un petit pourcentage de productions moins surveillées, sinon expérimentales, la nouvelle économie hollywoodienne favorise une écriture « classique » qui s'impose progressivement comme norme. Outre le respect des bienséances (condition du « sceau d'approbation » de la M.P.P.D.A. délivré par la Production Code Administration – P.C.A.), elle requiert la séparation des genres, la chronologie du récit, la discrétion du style – qui, même s'il est spectaculaire, ne doit jamais attirer l'attention sur lui-même – et la focalisation du scénario sur les aventures d'un héros, une star à laquelle le spectateur est incité à s'identifier. Les péripéties et les dilemmes auxquels le héros doit faire face sont normalement, quoique non systématiquement, résolus par un happy ending. Cette écriture et l'idéologie qui la sous-tend atteignent leur apogée à la fin des années 1930. Toutefois, un an après la sortie d'Autant en emporte le vent (Victor Fleming, 1939), Citizen Kane (Orson Welles, 1940) en remet déjà tous les principes en question – ne serait-ce que par sa déconcertante construction en flash-back. Ce chef-d'œuvre, un des très rares films hollywoodiens dont le réalisateur ait bénéficié du montage final (final cut), strictement réservé aux patrons des studios, n'en puise pas moins largement à la tradition hollywoodienne. Il en propose même une sorte d'inventaire jubilatoire. À cet égard, il s'agit bien d'un film pivot, qui résume le passé et annonce l'avenir.
Malgré la répétition des formules, favorisée par le système des genres et la soumission étroite aux modes qu'encourage le box-office, c'est l'extraordinaire diversité de la production classique qui s'impose à l'observateur. Toute généralisation sur le « cinéma classique hollywoodien » risque de ce fait d'être abusive. C'est donc avec prudence qu'on dira que les années 1930 ont vu le double essor d'un cinéma « social », mobilisé par les dures réalités de la Dépression et par la politique volontariste de l'administration Roosevelt, et d'un cinéma « d'évasion », qui délaisse le réel au profit du rêve, de la fantaisie et de l'exotisme, et auquel le développement de la couleur, dans la deuxième moitié de la décennie, vient conférer un supplément d'impact (Les Aventures de Robin des Bois, William Keighley et Michael Curtiz, 1938, Le Magicien d'Oz, Victor Fleming, 1939). L'opposition entre ces deux tendances traverse les genres favoris de l'époque, et souvent les œuvres elles-mêmes : les films de gangsters, satires cyniques du désordre ambiant, mais refuges inattendus des valeurs de l'American way of life (Scarface, Howard Hawks, 1932) ; les comédies musicales, qui rivalisent de luxe et d'érotisme, mais refusent d'oublier les misères quotidiennes de la Crise (Gold Diggers of 1933, Mervyn Le Roy, 1933) ; les comédies loufoques, qui idéalisent la réunion des classes dans le meilleur des mondes possibles, mais posent un regard lucide et généreux sur les souffrances et les injustices de leur temps (L'Extravagant Monsieur Deeds, Frank Capra, 1936). On en dirait autant, dans les années 1940, des comédies musicales (Le Chant du Missouri, Vicente Minnelli, 1944), des westerns (Le Massacre de Fort Apache, John Ford, 1948), des films fantastiques (La Féline, Jacques Tourneur, 1942) ou des films noirs (Assurance sur la mort, Billy Wilder, 1944), qui reflètent d'autant plus profondément leur époque qu'ils s'emploient en apparence à y échapper. Paradoxalement, c'est peut-être le cinéma de propagande et le documentaire de guerre qui, commandés à Hollywood par le gouvernement américain, ont alors proposé les images les moins « réalistes » du monde (Mission to Moscow, Michael Curtiz, 1943).

Le déclin du studio system

Le studio system dépendait du contrôle de l'exploitation qui, seul, pouvait assurer l'écoulement régulier d'une production de masse, planifiée à long terme selon les genres, les budgets et les stars. En contraignant les studios, au nom de la loi antitrusts, à vendre leur parc de salles, la Cour suprême signe en 1948 l'arrêt de mort de ce « système », au moment où l'avènement de la télévision et l'exode des classes moyennes vers les banlieues commence à affecter sérieusement la fréquentation. Les conséquences sont immédiates : les studios diminuent leur production (elle tombe à 250 films par an dès le milieu des années 1950) et réduisent des trois quarts leur personnel sous contrat : en quelques années, ils abandonnent non seulement l'exploitation, mais aussi l'essentiel de la production à des compagnies indépendantes, pour concentrer leur activité sur le secteur plus sûrement rentable de la distribution. Les films sont désormais produits au coup par coup, le plus souvent hors du studio, et couramment hors des États-Unis, à destination d'un public plus divers, plus jeune et surtout plus rare : il y avait 80 millions de spectateurs hebdomadaires en 1946 ; on n'en compte déjà plus que 50 millions dix ans plus tard. Pour résister à la concurrence du petit écran (dont elles deviennent toutefois le principal fournisseur en réalisant téléfilms, séries et feuilletons pour les networks), les majors développent, en même temps que les budgets de leurs plus gros films, de nouvelles technologies spectaculaires : le technicolor se généralise et l'écran large s'impose. Avec des succès artistiques et financiers contrastés, la décennie est ainsi jalonnée par la sortie de superproductions : des péplums (Les Dix Commandements, Cecil B. DeMille 1956, Ben-Hur, William Wyler, 1959), mais aussi des films de guerre (Le Pont de la rivière Kwaï, David Lean, 1957) et des films d'aventure (Le Tour du monde en 80 jours, Michael Anderson, 1956).

Soucieux de conquérir et de fidéliser un nouveau public, les responsables des studios laissent par ailleurs davantage d'initiative à des « auteurs » à forte personnalité (Elia Kazan, Joseph L. Mankiewicz, Nicholas Ray, Arthur Penn, Billy Wilder, Stanley Kubrick) qui imposent des scénarios exigeants et des styles originaux. Parallèlement, le Code d'autocensure s'assouplit. Il s'accommode de hardiesses thématiques, et notamment d'un érotisme inédit qu'incarne une nouvelle génération de stars (Marilyn Monroe, Kim Novak, James Dean, Marlon Brando). Mais la « chasse aux sorcières » que la Commission des activités antiaméricaines (H.U.A.C.) déclenche contre Hollywood en 1947 et que les patrons des studios acceptent lâchement est désastreuse pour beaucoup d'artistes qui se voient interdits de travail par les « listes noires », et installe à Hollywood un climat délétère. Elle n'est pas sans conséquences sur les films eux-mêmes : elle étouffe le courant « social » en plein essor après la guerre (Les Plus Belles Années de notre vie, William Wyler, 1946) et, dans le contexte de la Guerre froide, ranime dans divers genres (espionnage, science-fiction) l'esprit de propagande. Elle encourage aussi, pour le meilleur parfois, pour le moins bon souvent, des œuvres plus « littéraires » et plus « psychologiques », un peu lourdement symboliques ou métaphoriques. Fréquemment interprétées par les jeunes acteurs de l'Actors Studio (Paul Newman, Shelley Winters), elles réveillent et exacerbent les contradictions idéologiques de « l'ère Eisenhower » – non sans en dénoncer parfois avec courage l'intolérance et la médiocrité On murmure dans la ville, Joseph L. Mankiewicz, 1952.
Grand spectacle et cinéma d'auteur se conjuguent pourtant avec bonheur dans au moins trois genres qui brillent, en cette décennie, d'un éclat particulier : la comédie musicale qui, grâce à la survie de « l'unité Freed » à la M.G.M., produit ses plus beaux joyaux (Singin' in the Rain, Stanley Donen et Gene Kelly, 1952) ; le western, qui, avec John Ford, Howard Hawks, Anthony Mann ou Delmer Daves, redécouvre avec la couleur et l'écran large les paysages américains et « problématise », souvent avec finesse, la vision traditionnelle des épopées de l'Ouest (La Prisonnière du désert, John Ford, 1956) ; le mélodrame, enfin, qui, avec Douglas Sirk, livre alors ses plus flamboyants et ses moins complaisants chefs-d'œuvre (Tout ce que le ciel permet, 1956).
Le déclin de Hollywood se confirme au cours des années 1960. Les studios mettent en vente leurs trop grands terrains, et jusqu'aux costumes de leurs stars. Plusieurs sont absorbés par des conglomérats sans rapport avec le cinéma (Paramount est ainsi racheté par Gulf and Western Industries), avec des effets plutôt négatifs sur la politique de production : le rachat de United Artists par Transamerica entrave le fonctionnement du studio dans les années 1970, avant que la catastrophe financière de La Porte du paradis (Michael Cimino, 1980) ne mette fin à son existence. L'essentiel du pouvoir de décision passe alors aux mains des imprésarios qui gèrent la carrière des stars (ainsi Michael Ovitz à Creative Artists Agency), ces dernières s'impliquant par ailleurs plus souvent dans la production de leurs « véhicules ». Les films européens, portés par une liberté de ton encore contenue en Amérique par le Code d'autocensure (le « Code Hays », qui ne sera abrogé qu'en 1968), jouissent d'un succès sans précédent. La Nouvelle Vague française remet profondément en question l'idéologie et les méthodes hollywoodiennes. Mais même en termes d'efficacité commerciale, les James Bond anglais et les westerns italiens dament alors le pion aux blockbusters hollywoodiens (films à gros budget visant le plus large public national et international). Quelques films magnifiques de grands réalisateurs, souvent incarnés par des stars vieillissantes (John Wayne, Clark Gable, James Stewart), ne suffisent pas à redorer le prestige ni surtout à renflouer les caisses des studios : ni L'Homme qui tua Liberty Valance (John Ford, 1961), ni Les Oiseaux (Alfred Hitchcock, 1963), ni même Spartacus (Stanley Kubrick, 1960) ne compensent le désastre financier de Cléopâtre (Joseph L. Mankiewicz, 1963). Car les gros budgets ne garantissent plus le succès. Si La Mélodie du bonheur de Robert Wise, en 1965, arrive en tête du box-office, la fin de la décennie voit s'accumuler des échecs cuisants : Hello Dolly, Darling Lili et Tora ! Tora ! Tora ! amènent la 20th Century-Fox au bord de la faillite. Les signes d'un renouveau possible apparaissent cependant grâce à quelques réalisateurs de la génération dite « de la télévision » : Sidney Lumet, Sam Peckinpah, Sydney Pollack, Arthur Penn. Ce dernier en particulier signe, avec Bonnie and Clyde (1967), une œuvre qui marque un tournant dans l'histoire de Hollywood, par sa forme très libre inspirée de Godard et de Truffaut, par sa violence « graphique » (Penn lance la mode du filmage au ralenti), et par sa contestation affichée de l'idéologie dominante, qui annonce la contre-culture de la fin de la décennie. La fréquentation ne cesse pas pour autant de s'effondrer : elle connaîtra son plus bas niveau en 1971 avec 17 millions de spectateurs hebdomadaires. L'Amérique produit alors moins de cent cinquante films par an, et on parle en Europe de la mort de Hollywood.

La Renaissance hollywoodienne

Le remplacement, en 1968, du Code d'autocensure par le système de classification par âge, encore en place aujourd'hui, va contribuer au redémarrage de la production. Mais c'est surtout la récupération par Hollywood de la contre-culture des années 1960 et du « cinéma-bis » de « Poverty Row » (notamment les exploitation movies de Roger Corman, spécialisés dans la violence et l'érotisme) qui permet de redresser la barre. Conformément à la dialectique qui dynamise depuis ses origines le cinéma américain, les majors renaissent de leurs cendres en commercialisant les trouvailles des indépendants : après le succès imprévu d'Easy Rider (Dennis Hopper, 1969), un road movie réalisé avec très peu de moyens et violemment satirique à l'égard des comportements et des valeurs de l'Amérique profonde, les studios ouvrent la porte à des œuvres anticonformistes, voire franchement contestataires qui, dans le contexte traumatisant de la guerre du Vietnam et du Watergate, s'emploient à décrire, plutôt que le rêve, le cauchemar américain, et vont jusqu'à « réviser » les grands mythes fondateurs de la nation (Little Big Man, Arthur Penn, 1971). Grâce à cette veine, quelques cinéastes des années 1960 renouvellent puissamment leur inspiration (Sydney Pollack, Sidney Lumet, Alan J. Pakula, Sam Peckinpah, Arthur Penn, Hal Ashby). Ils sont rejoints, derrière Francis Ford Coppola, par un nouveau groupe de jeunes réalisateurs fraîchement sortis des écoles de cinéma (Martin Scorsese, George Lucas, William Friedkin, Steven Spielberg, Michael Cimino, Brian De Palma), et épaulés par une nouvelle génération de stars, essentiellement masculines (Jack Nicholson, Dustin Hoffman, Robert De Niro, Al Pacino). Ce courant artistiquement très riche, même si on peut trouver quelque complaisance et une certaine paranoïa dans l'image extrêmement négative qu'il projette de l'Amérique (Les Trois Jours du Condor, Sydney Pollack, 1975), est supplanté au milieu de la décennie par le redémarrage du grand spectacle : dans le sillage des films-catastrophes qui remportent alors un énorme succès (Airport, George Seaton, 1970, L'Aventure du Poséidon, Ronald Neame, 1972), William Friedkin (L'Exorciste, 1973) et surtout Steven Spielberg (Les Dents de la mer, 1975) ramènent massivement les spectateurs dans les multisalles récemment construites dans les centres commerciaux suburbains. La fréquentation remonte à 20 millions de spectateurs hebdomadaires – où elle se stabilise jusqu'aux années 1990.
La deuxième moitié de la décennie voit ainsi renaître et s'amplifier le phénomène des blockbusters, dans le domaine de la science-fiction d'abord (La Guerre des étoiles, George Lucas, 1977), mais aussi dans celui du film criminel (les deux Parrain, Francis Ford Coppola, 1972 et 1974), de la comédie musicale (Grease, Randal Kleiser, 1978) et du film de guerre (Voyage au bout de l'enfer, Michael Cimino, 1978). Parallèlement, le ciblage systématique des teenagers, la distribution saturante – qui rompt définitivement avec l'ancienne opposition entre exclusivité et exploitation générale, les films importants sortant maintenant simultanément dans des milliers de salles – et, à partir de Superman (Richard Donner, 1978), l'attention systématique portée à la réalisation et à la commercialisation des produits dérivés renouvellent en profondeur l'économie hollywoodienne. Au début de l'ère Reagan, on a affaire à un grand cinéma de divertissement, plus sûr de lui-même que jamais et qui, derrière Spielberg (DreamWorks) et Disney (Buena Vista), accompagne l'euphorie économique et idéologique des années 1980.
Les gros profits sont de retour, chaque année étant marquée par de nouveaux records. Au box-office de tous les temps (calculé en mars 1999), Titanic (James Cameron, 1998) est déjà en tête de liste, suivi par La Guerre des étoiles (1977), E.T. (Steven Spielberg, 1982) et Jurassic Park (Id., 1993). Certes, sur dix superproductions hollywoodiennes, trois seulement réalisent des bénéfices. Mais l'exploitation vidéo et les revenus du câble et des networks (aujourd'hui la moitié du revenu national) ainsi que les recettes des salles étrangères (qui égalent désormais celles des cinémas américains) donnent à ces gains des proportions sans précédent, qui compensent les pertes de tous les autres films. Cette évolution n'est pourtant pas sans poser de sérieuses questions pour l'avenir. La dépendance croissante à l'égard des marchés étrangers a des répercussions sensibles sur les scénarios et sur les styles. Les majors sont plus soucieuses de respecter le « plus grand commun dénominateur » intellectuel et culturel, tant du côté du « politiquement correct » que du recours aux valeurs sûres de la violence et des effets spéciaux. Ainsi est apparu, depuis vingt ans, comme produit hollywoodien type, un cinéma qu'il est de plus en plus difficile de nommer « américain ». Charles-Albert Michalet l'appelle « cinéma-monde ». La multiplication des remakes et des suites est aussi un symptôme du conservatisme qu'encourage le gigantisme, et il est significatif que la réalisation de ces films soit souvent confiée à des réalisateurs peu connus, auxquels on demande surtout de piloter sans heurts ni imprévus les énormes machines mises entre leurs mains. Au dire de ces cinéastes eux-mêmes, l'art y trouve difficilement son compte. Enfin, malgré l'augmentation des revenus, l'inflation des budgets prend un tour préoccupant. Le coût moyen a plus que doublé en dix ans (60 millions de dollars par film, auxquels il faut ajouter une trentaine de millions de publicité). L'augmentation des cachets des stars les plus populaires (en 1999 : Tom Cruise, Harrison Ford, Mel Gibson, Tom Hanks et Brad Pitt) n'est qu'une cause parmi d'autres de cette dérive, qui peut à terme déboucher sur une crise grave : face à une conjoncture qui paraît de plus en plus incertaine, Steven Spielberg lui-même a renoncé, en 1999, au projet de construction d'un nouveau studio à Playa Vista pour sa compagnie DreamWorks.

Le défi des nouvelles technologies

L'avenir artistique et peut-être, à terme, économique, de Hollywood dépendra de la façon dont les nouvelles technologies de la communication parviendront à compenser, plutôt qu'accélérer, les tendances actuelles. Le « décollage » de la télévision par câble et du magnétoscope dans les années 1980 a suscité, tout comme l'essor de la télévision après la guerre, des inquiétudes à Hollywood, mais la multiplication des médias, et notamment le boom de la vidéo, avec 40 000 magasins de vente et de location aux États-Unis, s'avère pour les studios une source extraordinaire de nouveaux profits. L'exploitation en salles, que certains jugeaient condamnée au début des années 1980, a été stimulée par des améliorations considérables de l'image et surtout du son, et n'a finalement pas souffert de la concurrence de ce nouveau mode de diffusion. Elle en assure d'ailleurs la promotion : si beaucoup de films bon marché – l'équivalent des séries B de jadis – ne sortent plus en salle et sont directement distribués en vidéo, la sortie cinéma reste la vitrine indispensable de toute œuvre qui ambitionne une diffusion nationale, a fortiori internationale.

L'essor des nouveaux médias (chaînes à péage du câble et du satellite, magnétoscope, vidéo-disque, CD-ROM et DVD, en attendant la haute définition et la généralisation du transport des films sur Internet) semblait ouvrir, dès le milieu des années 1980, des possibilités inédites à une production indépendante diversifiée, désormais capable d'avoir accès à des sources de financement nombreuses sans l'assistance des majors distributrices. Yoram Globus, des défuntes productions Cannon, assurait alors que n'importe quel film au budget modeste devait, sauf incompétence flagrante de ses producteurs, trouver sa rentabilité. Créé en 1978 par Robert Redford en marge de Hollywood, le festival de Sundance confirmait cet espoir, contribuant du même coup à la découverte de nouveaux talents (Steven Soderbergh, Quentin Tarantino ou les frères Hughes). Cette créativité est pourtant menacée depuis la fin des années 1980 par le mouvement de concentration économique qui accompagne la politique des blockbusters. L'explosion des nouveaux médias a en effet été suivie de leur prise de contrôle par les géants de l'industrie des loisirs qui espèrent en tirer de nouvelles synergies. Six compagnies contrôlent aujourd'hui, outre la totalité des grands studios hollywoodiens, l'essentiel de la production et de la diffusion éditoriale et audiovisuelle aux États-Unis : Time Inc. (Warner), Disney, Sony (Columbia Tristar), Seagram (Universal), Viacom (Paramount) et News Corp. (20th Century-Fox).
Cet oligopole a repoussé la production indépendante dans des « niches » où elle est étroitement surveillée et facilement récupérée mais où elle peine de plus en plus à survivre. Une situation qui affecte déjà l'évolution du jeune cinéma américain, sensiblement plus commercial et convenu qu'à la fin des années 1980. Le risque est grand pour les majors de tuer ainsi la poule aux œufs d'or, à savoir le laboratoire permanent de recherche et d'innovation que constitue depuis toujours la production indépendante. Il est toutefois permis d'espérer que le développement de technologies sans cesse plus performantes et plus accessibles pourra, sinon renverser, du moins limiter l'évolution en cours, et conserver au cinéma hollywoodien la diversité et la vitalité qui le font aimer aujourd'hui encore. Reste que l'avenir du cinéma américain, sinon du cinéma tout court, continue plus que jamais à se jouer à Hollywood. Centre incontesté de décision et de fabrication, son leadership se voit encore renforcé par la proximité des lieux de recherche de pointe dans le domaine de l'informatique et des technologies de l'image et du son : l'Industrial Light and Magic de George Lucas près de San Francisco, U.C.L.A. à Los Angeles, Microsoft à Seattle, ou les nombreuses sociétés spécialisées de jeux vidéo et d'images de synthèse de la Silicon Valley qui font parfois donner au nouvel Hollywood le nom de « Siliwood ».

Il existe de nombreuses controverses en ce qui concerne le cinéma hollywoodien. Plusieurs historiens et sociologues analysent le cinéma américain comme étant un cinéma national permis par la grosse industrie que sont Hollywood et Washington. Dans l’œuvre : Washington Hollywood : Comment l’Amérique fait son cinéma, les auteurs affirment que le cinéma hollywoodien a permis aux États-Unis de se forger une identité nationale représentée par le 7e art. Les origines de Hollywood auraient pris naissance grâce à une cristallisation très précise entre la politique de l’est et le développement de l’ouest. Il représenterait une arme très importante pour promouvoir le pouvoir politique des États-Unis comme première puissance mondiale à travers le monde et c’est pourquoi Washington n’a jamais hésité à renforcer son pouvoir sur cette industrie. Hollywood, La Mecque du Cinéma produit des rêves et des images et cela contribue à forger une identité nationale au sein du pays. Washington reconnaît également la capacité de Hollywood à promouvoir son marketing sur la population et n’hésite pas à utiliser ses films pour la création d’une hégémonie dans la culture américaine. Celui-ci met en avant la fierté nationale et cherche à représenter le plus possible l’autorité grâce à des symboles très précis. Le cinéma hollywoodien est là pour divertir, pour rassurer, mais aussi pour promouvoir l’american way of life.

De plus, en ce qui concerne cette même controverse, il existe une ambigüité dans les messages du cinéma hollywoodien qui cherche constamment à créer des ennemis contre lesquels la nation doit s’unir pour survivre et c’est grâce à ces méthodes que le cinéma rejoint le citoyen dans son appartenance à une nation. C’est pourquoi les thèmes principaux de l’industrie hollywoodienne rappellent souvent des genres issus de la culture populaire américaine8. C’est en ce sens que l’on peut affirmer que le cinéma hollywoodien classique promeut un cinéma de sécurité nationale. Les immenses productions que représente ce cinéma attirent un bon nombre de spectateurs et ceux-ci peuvent prendre position à la suite du visionnement de ces films. Plusieurs idées politiques sont très dominantes dans le cinéma américain et les positions officielles qui sont illustrées ont un poids énorme sur le public. On cherche à filmer la mise en danger de la nation et la capacité que le pouvoir militaire américain a pour réussir à rétablir la paix et à sauver la nation de l’ennemi. Donc, grâce à ces représentations, la nation développe une fierté nationale envers son pays et grâce à ce genre de message, le pouvoir politique peut se garantir une énorme confiance des citoyens américains en temps d’insécurité nationale.

L'un des spécialistes des superproductions, Florent Pallares, affirme que l'idéologie présente dans les films hollywoodiens semble s’être radicalisée depuis les attentats du 11 septembre 2001. Une radicalisation qui s’est traduite par un retour à l’esprit de la conquête de l’Ouest, basé sur une religion violente, qui n’arrive pas à imaginer un monde en paix autrement que par la prise des armes. Et qui véhicule parfois une idéologie douteuse auprès d’un public qui semble, dans sa majorité, totalement ignorant des processus de fabrication d’un film, n’y voyant qu’un simple divertissement, objectif. Les conditions de la mort d’Oussama Ben Laden peuvent refléter, une nouvelle fois, cette idéologie américaine présente dans certaines productions hollywoodiennes. La manière dont se serait déroulée son exécution, son corps jeté à la mer, l’utilisation de l’expression Justice est faite, cette impression de vengeance accueillie dans une ambiance proche du délire aux États-Unis, détonnent quelque peu avec l’attribution du prix Nobel de la paix 2009 à Barack Obama.

Aux États-Unis, le terme culture est assez restreint, peinture, littérature, philosophie et les créations culturelles sont considérées comme des marchandises. En comparaison, en Europe, compte tenu du fort lien historique à la culture, les services culturels y recouvrent un vaste champ et sont entendus largement. Alors qu’un film constitue une création artistique en Europe et bénéficie d’un régime particulier, outre-Atlantique il ne constitue qu’un simple divertissement, quelle que soit sa portée artistique. Le droit international et le droit européen distinguent les services audiovisuels des œuvres cinématographiques traditionnellement considérées comme des biens. Cela semble arbitraire, car la véritable valeur de ces œuvres réside dans leur contenu littéraire ou artistique, non dans le média choisi pour leur support. De plus, la convergence technologique des divers secteurs tirant parti des différents modes de fournitures et médias, a soulevé d’autres questions relatives à la portée et au caractère commercialisable des biens et services culturels, y compris des films. Les États-Unis, dont l’industrie audiovisuelle est le premier secteur d’exportation, réclament une ouverture plus grande des services audiovisuels à la concurrence. Le développement de la régulation des subventions a un impact croissant pour les services cinématographiques, telles que des subventions pour la distribution ou l’exploitation. Il exige une réflexion sur la nature des films et les mesures d’aide au cinéma. L’UE redoute notamment de devoir abandonner son système d’avances sur recette pour la production de films, considéré à Hollywood comme un mécanisme de subvention. Bien qu’hostile avant les années 1980 aux aides nationales au secteur audiovisuel, la Commission, sous l’impulsion de la France, a admis sous condition ce mécanisme. Cette exception garantit, selon elle, le respect de la diversité culturelle face à l’hégémonie américaine. Madrée, la maison de production californienne du groupe AOL Time Warner a toutefois réussi à créer une filiale 100 % française en vue d’avoir accès au compte de soutien français.

Il faut toutefois se rappeler que le compte de soutien français au cinéma et à l'audiovisuel est alimenté par un prélèvement forfaitaire sur les recettes de tous les films projetés en France, et notamment les films américains qui apportent, bon an mal an, quelque 50 % de ce prélèvement. Sur le site du Sénat français, plusieurs articles expliquent comment fonctionnent Les Aides publiques au cinéma en France », et l'on peut lire notamment dans le n°3, Le Système de soutien financier au cinéma français : La principale originalité du système français est que les interventions directes sur le budget de l'État sont pratiquement inexistantes et les interventions des régions, marginales. Le soutien financier est pour l'essentiel financé en interne, par les contributions obligatoires des entreprises concernées par les exploitations des films : salles de cinéma ; chaînes de télévision ; éditeurs vidéo. On apprend ainsi que 11 % du prix de la place de cinéma alimente le compte de soutien, tous films confondus, quelle que soit leur nationalité. D'autre part, 5,5 % du chiffre d'affaires des chaînes de télévision sont prélevés et redistribués principalement au cinéma (un peu plus de 1/3. Enfin, 2 % du plus gros marché des films, l'édition de DVD ou de Blu-Ray, sont ponctionnés pour nourrir ce compte de soutien, dont 85 % sont affectés exclusivement au cinéma. On peut dire ainsi que les films d'avances sur recette en France sont largement financés grâce au cinéma américain, qu'il soit de Hollywood ou indépendant.

Communautés
Little Armenia
Thai Town au bresil

Personnalités liées

River Phoenix, acteur américain † 31 octobre 1993 à 23 ans
Francis Scott Fitzgerald, écrivain et scénariste † 21 décembre 1940
Val Lewton, producteur et scénariste † 14 mars 1951
John Hodiak, acteur † 19 octobre 1955
Mack Sennett, cinéaste † 5 novembre 1960
Gary Cooper, acteur † 13 mai 1961
Marion Davies, actrice, † 22 septembre 1961
Michael Curtiz, cinéaste d'origine hongroise † 10 avril 1962
Frank Tuttle, cinéaste et scénariste † 6 janvier 1963
Norman Z. McLeod, cinéaste † 27 janvier 1964
Peter Lorre, acteur † 23 mars 1964
Dorothy Dandridge, actrice † 8 septembre 1965
Josef von Sternberg, cinéaste américain † 22 décembre 1969
Max Steiner, compositeur de musiques de films († 28 décembre 1971
Leo G. Carroll, acteur britannique † 16 octobre 1972
Leonardo DiCaprio, acteur né le 11 novembre 1974
Daron Malakian, guitariste du groupe System of a down (né le18 juillet 1975
James Yun, catcheur professionnel né le 13 mai 1981
Marilyn Monroe, actrice née le 1er juin 1926 † 5 août 1962
Robert William Service, auteur et poète vécut à Hollywood de 1940 à 1945. né le 16 Janvier 1874 † 11 Septembre 1958

Hollywood Boulevard

Hollywood Boulevard, pris depuis le Kodak Theatre
La plus célèbre avenue de Hollywood est Hollywood Boulevard ayant ouvert ses portes le 12 juillet 1981. Elle s'étend d'est en ouest depuis Vermont Avenue jusqu'à Sunset Boulevard.
Elle abrite non seulement le Walk of Fame (les fameuses étoiles avec le nom des stars), mais également le Grauman's Chinese Theatre et le Hollywood and Highland Center où sont remis tous les ans les Oscars. Devant ce bâtiment, un grand nombre de stars ont également laissé leurs traces par leurs empreintes de pieds et de mains et par un autographe à Sid Grauman, patron du théâtre.

Panneau Hollywood

L'image qui caractérise le plus le quartier est une colline située à l'ouest de Los Angeles, le Mont Lee, affublée de gigantesques lettres formant le nom de HOLLYWOOD. Il s'agissait à l'origine d'un panneau publicitaire, érigé en 1923 par des promoteurs immobiliers. Le panneau original, « HOLLYWOODLAND », qui était laissé à l'abandon, a été restauré en 1949 par la Chambre de Commerce d'Hollywood et a perdu à cette occasion ses quatre dernières lettres. Il y a eu un suicide d'une star: Peg Entwistle qui se jeta du haut de la lettre H en septembre 1932.


Le Capitol Records Building

Altitude : 477 mètres
Une tradition romantique et suicidaire poussa quelques artistes, qui se perçoivent comme maudits par le complexe médiatique broyeur de carrières, à se jeter du haut du Hollywood Sign, face à la cité des anges.
Le Capitol Records Building est une tour de 13 étages capable de résister aux tremblements de terre. Elle est connue pour avoir été le premier immeuble de bureaux de forme circulaire. Construite par Welton Becket pour la maison d'édition Capitol Records, elle accueille aujourd'hui plusieurs studios d'enregistrement. Son architecture rappelle l'aspect d'une pile de vinyles 45 tours sur un plateau tourne-disques.

Démographie

Le quartier comptait 123 436 habitants en 200014

Attraits de Hollywood

Hollywood est reconnu pour ses studios de cinéma, des touristes du monde entier viennent également y admirer le fameux panneau " HOLLYWOOD ".

Mots-valises formés sur Hollywood

Hollywood a donné un certain nombre de mots-valises pour désigner les productions cinématographiques abondantes de certains pays ou États pour l’Inde :
Bollywood : cinéma en hindi tourné à Bombay État indien du Maharashtra
Ghallywood : cinéma du Ghana
Jollywood : cinéma en assamais tourné à Jyoti Chitraban État indien de l’Assam
Vinewood : quartier de Los Santos, présentant toutes les caractéristiques de Hollywood et destiné à le parodier dans les jeux Grand Theft Auto 5 et Grand Theft Auto San Andreas
Kollywood : cinéma en tamoul tourné dans les studios de Kodambakkam à Chennai, ancienne Madras (État indien du Tamil Nadu)
Lollywood : cinéma pakistanais tourné à Lahore
Mollywood : cinéma en malayalam État indien du Kerala
Nollywood : cinéma du Nigéria
Ollywood : cinéma en oriya État indien de l’Orissa
Punjwood : cinéma en pendjabi État indien du Pendjab
Sandalwood : cinéma en kannada État indien du Karnataka
Tollywood, qui désigne deux genres :
le cinéma en bengali tourné à Tollygunge Calcutta, État indien du Bengale-Occidental
les films en télougou État indien de l’Andhra Pradesh



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#93 L'appel de L'abbé Pierre
Loriane Posté le : 31/01/2015 17:20
Le 1 Février 1954, l''abbé Pierre lance un appel

en plein Hiver, alors que la température tombe en dessous de - 15 °C de façon prolongée, cet ancien résistant et ancien député MRP, va lancer des appels médiatiques nationaux à la solidarité sociale pour venir en aide aux pauvres et aux sans domicile fixe en danger de mourir de froid dans l'ignorance sociale et médiatique complète.
Son message, appel au secours, diffusé sur les ondes de Radio-Luxembourg, est un appel à venir en aide aux sans-abri qui provoquera un électrochoc dans la France d'après-guerre.
En cet hiver 1954, Paris grelotte par moins 15 degrés. Des glaçons flottent sur la Seine. Des millions de logements font défaut alors que le pays doit faire face aux destructions de la guerre et à un fort exode rural. Des familles entières ont gagné les villes, créant des poches de pauvreté. Les bidonvilles se développent. Les mesures gouvernementales se font cruellement attendre.
Les couche-dehors, comme la presse appelle les SDF à l'époque, recouvrent les grilles d'aération malodorantes du métro ou se réfugient sous les ponts. Quatre semaines plus tôt, le petit Marc, âgé de trois mois, est mort de froid dans les bras de sa mère à Neuilly-Plaisance. La même nuit, l'Assemblée nationale votait contre le déblocage d'un milliard de francs pour la construction de logements d'urgence.


L’élan de solidarité

L'abbé Pierre, de son vrai nom Henri Grouès, 42 ans, ancien résistant et ancien député, vient de créer Les Compagnons d'Emmaus, mouvement laïc qui a pour objectif de lutter contre l'exclusion et la misère. Son appel à l'insurrection de la bonté, selon les titres des journaux, sera le premier d'une longue série de coups de gueule par voie de presse.
Il est entendu de toute la population français émue, de l'Assemblée nationale et du gouvernement français qui répondent avec générosité à son appel et contribuent à permettre à l'abbé de fonder officiellement le 12 mars 1954 l'Association Emmaüs.

Intégral de l'appel de l'Abbé Pierre :

Mes amis, au secours...

Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à 3 heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier, on l'avait expulsée. Chaque nuit, ils sont plus de 2000 recroquevillés sous le gel, sans toit, sans pain, plus d'un presque nu. Devant l'horreur, les cités d'urgence, ce n'est même plus assez urgent!

Écoutez-moi ! En trois heures, deux premiers centres de dépannage viennent de se créer : l'un sous la tente au pied du Panthéon, rue de la Montagne Sainte Geneviève; l'autre à Courbevoie. Ils regorgent déjà, il faut en ouvrir partout. Il faut que ce soir-même, dans toutes les villes de France, dans chaque quartier de Paris, des pancartes s'accrochent sous une lumière dans la nuit, à la porte de lieux où il y ait couvertures, paille, soupe, et où l'on lise sous ce titre « centre fraternel de dépannage », ces simples mots : « Toi qui souffres, qui que tu sois, entre, dors, mange, reprends espoir, ici on t'aime ».

La météo annonce un mois de gelées terribles. Tant que dure l'hiver, que ces centres subsistent, devant leurs frères mourant de misère, une seule opinion doit exister entre hommes : la volonté de rendre impossible que cela dure. Je vous prie, aimons-nous assez tout de suite pour faire cela. Que tant de douleur nous ait rendu cette chose merveilleuse : l'âme commune de la France. Merci! Chacun de nous peut venir en aide aux sans abri. Il nous faut pour ce soir, et au plus tard pour demain: 5.000 couvertures, 300 grandes tentes américaines, 200 poêles catalytiques.

Déposez-les vite à l'hôtel Rochester, 92, rue de la Boétie ! Rendez-vous des volontaires et des camions pour le ramassage, ce soir à 23 heures, devant la tente de la montagne Sainte Geneviève.

Grâce à vous, aucun homme, aucun gosse ne couchera ce soir sur l'asphalte ou sur les quais de Paris.

Sa vie

Le 22 janvier 2007 à Paris V, à 94 ans, meurt Henri Grouès, dit l’abbé Pierre, né le 5 août 1912 à Lyon, meurt le 22 Janvier 2007, à 94 ans, à Paris Ve, il est nommé Castor méditatif chez les Scouts dans sa jeunesse et " Le père" au sein du Mouvement Emmaüs, prêtre catholique français de l'Ordre des Frères mineurs capucins, résistant, puis député, fondateur du mouvement Emmaüs, organisation laïque de lutte contre l'exclusion comprenant la Fondation Abbé-Pierre pour le logement des défavorisés et de nombreuses autres associations, fondations et entreprises de l'économie sociale, en France.

L'abbé Pierre avant Emmaüs

Henri Grouès est né à Lyon IVe dans une famille bourgeoise aisée et pieuse de négociants en soie lyonnais, originaire, du côté paternel, du hameau de Fouillouse à Saint-Paul-sur-Ubaye, son père y est négociant, son grand-père marchand toilier et son arrière-grand-père propriétaire-cultivateur-colporteur, et de Tarare dans le Rhône du côté maternel. Il est le cinquième de huit enfants. Il a été baptisé à l'église Saint-Eucher, dans le 4e arrondissement de Lyon. Il passe son enfance à Irigny, une commune au Sud-Ouest de Lyon. À 12 ans, il accompagne son père à la confrérie séculaire des Hospitaliers veilleurs, où les bourgeois se font coiffeurs barbiers pour les pauvres.

Élève à l'internat Saint-Joseph actuel lycée Saint-Marc, il fait partie des scouts de France, dans lesquels il fut totémisé Castor Méditatif. Il connaît de son propre aveu une série d'illuminations : en 1928 à 16 ans, à l'occasion d'un pèlerinage à Rome, il est frappé d'un coup de foudre avec Dieu selon ses propres mots, à la suite duquel il veut entrer dans les ordres franciscains, cependant il devra attendre d'avoir 17 ans et demi.

Entrée dans les ordres

En 1931, il fait profession chez les capucins où il prononce ses vœux. Il renonce cette année-là à sa part du patrimoine familial, et donne tout ce qu’il possède à des œuvres caritatives. En religion, Henri Grouès devient frère Philippe. En 1932, il entre sous le nom de frère Philippe au couvent des Capucins de Crest Drôme, où il passe sept années d’austérité religieuse.
Le samedi 18 décembre 1937, il est ordonné diacre par monseigneur Camille Pic, évêque de Valence Drôme dans la chapelle du Grand Séminaire, 75 rue Montplaisir, qui abrite aujourd’hui le lycée privé catholique Montplaisir.
Il est ordonné prêtre le 24 août 1938 en la chapelle du lycée Saint-Marc, en même temps que le jésuite Jean Daniélou, futur cardinal. En accord avec ses supérieurs, il quitte le couvent le 18 avril 1939 à cause de sa santé fragile. Le cardinal Gerlier l'invite alors à intégrer le diocèse de Grenoble où il est incardiné le 2 mai 1939 et nommé le 14 mai suivant vicaire à la basilique Saint-Joseph de Grenoble par l'évêque Mgr Caillot.

Rien, pourtant, ne laissait entrevoir ce qui allait, pendant un demi-siècle, devenir le mythe abbé Pierre. Henri Grouès venait, il le dit lui-même, de vivre la jeunesse turbulente d'un bourgeois quand, à l'âge de quinze ans, malade, il rentre d'un pèlerinage de collégiens et s'arrête avec eux à Assise. C'est la semaine de Pâques. Le jeune Henri part seul sur un chemin à flanc de montagne « et là, dit-il, deux évidences se sont imposées à moi : l'universalité et l'intensité d'action qu'il y avait dans l'adoration. Quelque temps plus tard, le soir de leurs noces d'argent, il annonce à ses parents qu'il veut se faire moine cloîtré, dans l'ordre le plus pauvre, celui des Capucins. Il y restera sept ans, priant toutes les nuits de minuit à deux heures du matin.Cette notion d'adoration, confiera-t-il plus tard, a été là, à Assise, un choc qui a marqué ma vie entière. C'est dans la prière contemplative en effet qu'il puisera, tout au long de son existence au service des plus pauvres, la force d'agir. Ce qui fait dire à son biographe Pierre Lunel que l'abbé Pierre était un mystique agissant.
Sa santé fragile oblige Henri Grouès à quitter la vie religieuse cloîtrée. Il devient donc simple prêtre, le 24 août 1938. Quelques années plus tard, exerçant son ministère de vicaire à la cathédrale de Grenoble, il héberge les juifs qui frappent à sa porte. Nous sommes en juillet 1942. Un peu de temps encore, et voilà Grouès qui participe à l'organisation des maquis en Chartreuse et dans le Vercors. Il emprunte alors différents noms, dont celui d'abbé Pierre. Le résistant qu'il est devenu rejoint le général de Gaulle à Alger en 1944. Le goût de servir son pays l'a saisi et le poursuit. De 1945 à 1951, l'abbé Pierre est député M.R.P. de Meurthe-et-Moselle. La politique est, pour lui, synonyme de défense du bien commun. Il ne cessera jamais de s'en faire l'avocat et d'y trouver des alliés pour l'immense croisade contre la pauvreté qu'il va mener.

Seconde Guerre mondiale

Il est mobilisé comme sous-officier dans le régiment du train des équipages, en décembre 1939, au début de la Seconde Guerre mondiale.
Selon sa biographie officielle issue des archives officielles du ministère de la Défense nationale, vicaire à la cathédrale Notre-Dame de Grenoble, il recueille des enfants juifs dont les familles ont été arrêtées lors des rafles des Juifs étrangers en zone Sud, en août 1942.
En novembre 1943 il fait passer en Suisse le plus jeune frère du général de Gaulle, Jacques, ainsi que son épouse qu’il confie au réseau de l’abbé Marius Jolivet, curé de Collonges-sous-Salève. Il participe à la création de maquis dont il est un des leaders dans le massif du Vercors et le massif de la Chartreuse. C’est à cette époque qu’il rencontre Lucie Coutaz, qui le cache sous un faux nom, et restera sa secrétaire particulière jusqu’à sa mort en 1982. Elle est considérée comme la cofondatrice du Mouvement Emmaüs.
Il aide les réfractaires au service du travail obligatoire STO. Il prend le nom d’abbé Pierre dans la clandestinité. En 1944, il est arrêté par l’armée allemande à Cambo-les-Bains, dans les Pyrénées-Atlantiques, mais est relâché et passe en Espagne puis rejoint via Gibraltar le général de Gaulle à Alger en Algérie. Il devient aumônier de la Marine sur le cuirassé Jean Bart à Casablanca Maroc.
Ses actions dans la résistance lui valent la croix de guerre 1939-1945 avec palme à la Libération. De son expérience passée et des drames dont il a été témoin, il doit, comme bien d’autres résistants de tout bord qui l’ont côtoyé, son engagement politique pour restaurer une société digne fondée sur les droits humains fondamentaux, mais aussi sa profonde détermination à agir pour des causes qu’il croit justes, y compris parfois dans l’illégalité, et à mobiliser autour de lui pour faire changer les lois établies et les regards indifférents.

Carrière politique

Henri Grouès
Fonctions
Député de la Meurthe-et-Moselle
1945 – 1951
Législature assemblées nationales constituantes
Ire législature de la IVe République
Biographie
Parti politique Mouvement républicain populaire MRP
modifier
Après la guerre, sur les conseils de l’entourage du général de Gaulle, et l’approbation de l’archevêque de Paris, il est élu député de Meurthe-et-Moselle aux deux assemblées nationales constituantes 1945-1946, comme indépendant apparenté au Mouvement républicain populaire MRP de résistants démocrates-chrétiens, puis à l’Assemblée nationale de 1946 à 1951, où il siège d’abord au sein du groupe MRP. Sa profession de foi affiche un programme proche du populisme, ni capitaliste, ni collectiviste.
En 1947, il est vice-président de la Confédération mondiale, mouvement fédéraliste universel de promotion de la mondialisation démocratique. Avec Albert Camus et André Gide, il fonde le comité de soutien à Garry Davis, fondateur du mouvement des citoyens du monde, qui s’oppose à la remontée rapide des égoïsmes nationaux et déchire son passeport devant l’ambassade américaine.
Il se désolidarise du parti politique après l’incident sanglant de Brest d’avril 1950, ayant provoqué la mort de l’ouvrier Édouard Mazé. Dans sa lettre de démission du 28 avril 1950, Pourquoi je quitte le MRP, il dénonce les positions politiques et sociales du Mouvement. Il rejoint ensuite la Ligue de la jeune République, mouvement chrétien socialiste. Mais, il ne se représentera plus à l’Assemblée à la fin de son mandat : sa courte carrière politique se termine en 1951 et l’abbé Pierre retourne à sa vocation première de prêtre-aumônier et s’investit, avec sa petite rente d’ex-député, dans ses actions caritatives.

L'abbé Pierre et Emmaüs

Fondation d’Emmaüs Mouvement Emmaüs.

Il fonde en 1949 le Mouvement Emmaüs, en référence à Emmaüs, village de Palestine apparaissant dans un épisode du dernier chapitre de l'Évangile selon saint Luc. Ce mouvement est une organisation laïque de lutte contre l'exclusion, présente aujourd'hui dans 36 pays du Monde. Il commence ainsi dès l'été 1949 par fonder la communauté Emmaüs de Neuilly-Plaisance, au 38 avenue Paul Doumer, au départ auberge de jeunesse.
La rencontre avec George, désespéré qui a perdu toute raison de vivre, et à qui l'abbé Pierre demande "Viens m'aider à aider marque cependant le véritable acte fondateur du Mouvement Emmaüs.
Les communautés Emmaüs se financent par la vente de matériels et d’objets de récupération et construisent des logements :
Emmaüs, c'est un peu la brouette, les pelles et les pioches avant les bannières. Une espèce de carburant social à base de récupération d'hommes broyés.
Non réélu en 1951 en raison du système des apparentements, il perd ses 12 000 € d'indemnités de député et est réduit à mendier ou vendre des publications à la dérobée pour subvenir aux besoins d'Emmaüs. Dans le même temps, les compagnons d'Emmaüs systématisent la chine qui est complétée à partir de février 1952 par la biffe sur le tas.
Le 29 mars 1952, il participe au jeu Quitte ou double animé par Zappy Max sur Radio Luxembourg pour alimenter financièrement son combat, où il gagnera 512 000 francs de l'époque, ce qui correspond à près de 12 000 $ actuels.

Hiver 1954 : L'insurrection de la bonté Histoire des luttes pour le logement en France.

L’abbé Pierre acquiert sa notoriété à partir du très froid hiver de 1954, meurtrier pour les sans-abri.
Il lance le 1er février 1954 un appel mémorable sur les antennes de Radio-Luxembourg future RTL, qui deviendra célèbre sous le nom d'« Appel de l'abbé Pierre.
Le lendemain, la presse titra sur l’insurrection de la bonté. L’appel rapportera 500 millions de francs en dons, dont 2 millions par Charlie Chaplin qui dira à cette occasion : Je ne les donne pas, je les rends. Ils appartiennent au vagabond que j'ai été et que j'ai incarné, une somme énorme pour l’époque et complètement inattendue, des appels et courriers qui submergèrent complètement le standard téléphonique de la radio, et des dons en nature d’un volume si immense qu’il fallut des semaines pour simplement les trier, les répartir et trouver des dépôts pour les stocker convenablement un peu partout en France.
Avec l'argent rassemblé suite à son appel à la radio, il fait construire des cités d'urgence, dont celle de Noisy-le-Grand ressemble à un bidonville car elle s'inspire du projet de l'architecte américain Martin Wagner, les bâtiments sont en forme de demi bidon métallique. Ces cités appelées à être provisoires se transformèrent progressivement, dans le meilleur des cas, en cités HLM.

Le combat de l’abbé Pierre a aussi permis l’adoption d’une loi interdisant l’expulsion de locataires pendant la période hivernale.

Les événements de l'hiver 1954 ont donné lieu, en 1989, à un film de Denis Amar, Hiver 54, l'abbé Pierre, avec Claudia Cardinale et Lambert Wilson.

Développement d'Emmaüs

L’appel de 1954 attira des bénévoles de toute la France pour aider d’abord à la redistribution, mais aussi fonder les premiers groupes se réclamant de cet appel. Rapidement, il dut organiser cet élan inespéré de générosité, et le 23 mars 1954 il fonde, avec ces dons, l'Association Emmaüs, ayant pour objectif de regrouper l'ensemble des communautés Emmaüs. Cependant, l'association Emmaüs perdra rapidement ce rôle de fédération des groupes Emmaüs, pour se concentrer sur la gestion des centres d'hébergement et d'accueil Emmaüs de Paris et sa région.
À l'époque, ces communautés construisent des logements pour les sans-abri, et les accueillent en leur procurant non seulement toit et couvert en situation d’urgence mais aussi un travail digne. Nombre de compagnons d’Emmaüs seront ainsi d’anciens sans-abri, de tous âges, genres et origines sociales, sauvés de la déchéance sociale ou parfois d’une mort certaine et rétablis dans leurs droits fondamentaux, par les communautés issues de cet élan de générosité à qui ils retournent leurs remerciements par leur propre engagement caritatif.
Le Mouvement Emmaüs se développe ensuite rapidement dans le monde entier, au gré des voyages de l'abbé Pierre, principalement en France et en Amérique Latine.
En 1963, il est victime d'un naufrage dans le Río de la Plata, Argentine. Annoncé mort pendant quelques jours, l'abbé Pierre prend alors conscience que sa mort signifierait la disparition du seul lien entre les groupes Emmaüs du monde, ce qui aurait pu mener à la disparition du mouvement. C'est donc à la suite de cet événement que l'abbé Pierre décide de préparer la fondation d'Emmaüs International, qui verra le jour en 1971.
Ainsi, d'abord très désorganisé et très spontané, le mouvement Emmaüs se structure progressivement jusqu'à acquérir sa forme actuelle. En 1985 est créée l'association Emmaüs France, qui regroupe alors tous les groupes Emmaüs français, alors que l'association Emmaüs se focalise sur Paris et ne joue plus son rôle initial de fédération.
Plus tard, en 1988, l'abbé Pierre crée avec son ami Raymond Étienne la Fondation Abbé-Pierre pour le logement des défavorisés, reconnue d'utilité publique en 1992. Cette fondation a pour objet la lutte contre le mal-logement.

Rôle au sein d'Emmaüs

L'abbé Pierre est, avec sa secrétaire Lucie Coutaz, à l'origine d'Emmaüs. Cependant, il n'en a jamais été un dirigeant opérationnel. D'un caractère spontané, il est peu porté vers l'organisation. Ainsi, il préférera toujours créer de nouvelles structures, initier de nouveaux projets, que de gérer celles qui existent.
Par exemple, il marquera à plusieurs reprises son opposition à la création de l'Union centrale de communautés Emmaüs, qui en 1958 se donne pour objet de professionnaliser la gestion des communautés Emmaüs, et qui selon l'abbé Pierre voulait donner une trop rigide définition de tout.
Cependant, l'abbé Pierre a bien conscience de la nécessité d'une telle structuration, même si elle ne correspond pas à son penchant naturel. Il encouragera ainsi la fondation d'Emmaüs International en 1971.
Le curé-député a fondé, en 1949, les premières communautés des Chiffonniers d'Emmaüs après avoir accueilli dans sa maison un forçat assassin et commencé avec lui à bâtir pour les sans-abri. Mais la réalité sociale de l'après-guerre dépasse de loin ce qu'il avait imaginé. Ils sont des milliers, probablement plutôt des dizaines de milliers, à mourir de froid dans le trop rude hiver de l'année 1954. L'abbé Pierre, qui n'en peut plus de ce trop douloureux spectacle, décide de s'adresser à la France entière. Sur Radio Luxembourg la voix fragile s'écrie : Mes amis, au secours ! L'insurrection de la bonté et de la solidarité commence. Les couvertures et les dons affluent. Emmaüs accueille les blessés de la vie et leur propose de se remettre en route en vivant dans des communautés de travail. La dynamique ne s'arrêtera plus. De la région parisienne à l'Afrique, de l'Amérique latine à l'Asie, l'abbé Pierre sera désormais sur tous les fronts de la misère, compagnon de tous les damnés de la terre, mais prenant, chaque jour, le temps de célébrer la messe et de prier là où il se trouve. Mystique agissant, toujours et partout, récompensé en 1991 par le prix Balzan pour l'humanité, la paix et la fraternité entre les peuples.
C'est à cet apôtre sans cesse aux aguets, à ce curé de la misère à la barbe broussailleuse que les Français voueront une admiration sans réserve et une sympathie sans faille de 1954 à 2007. En témoigneront le succès du film Hiver 54, qui raconte le début de son épopée, ses nombreux livres et entretiens, ainsi que les innombrables récompenses dont il sera gratifié. La seule exception concerne le court moment, en 1996, où il apporta un appui malheureux au philosophe marxiste Roger Garaudy, converti à l'islam et auteur d'un livre à caractère antisémite. Les évêques français le désapprouvèrent publiquement et la presse nationale lui en fit reproche.
Comment expliquer cette ferveur si constante ? Peut-être l'abbé Pierre fut-il, dans notre société de l'instant, des modes et de l'individualisme, un pôle permanent de solidarité et de fraternité ? Sans doute fut-il aussi, face aux structures lourdes et lentes des administrations et de la politique, un vecteur de mauvaise conscience et une voix forte d'indignation contre l'extrême pauvreté, jusqu'aux derniers mois de sa vie. Mais cet homme de prière et d'action fut également, aux yeux des croyants et des non croyants, un homme profondément libre, secouant de temps à autre sa propre Église. À propos, par exemple, de l'usage nécessaire du préservatif face au sida ou bien encore du mariage des prêtres, sans oublier le soutien public qu'il apporta à Mgr Gaillot lors de son éviction de l'évêché d'Évreux.
À Rome, dans une allocution à sa mémoire, quelques jours après sa mort survenue le 22 janvier 2007, le cardinal Roger Etchegaray disait de l'abbé Pierre qu'il était une âme d'acier trempé dans l'amour. Il n'y a sans doute pas hommage plus mérité.

Sa mort

L’abbé Pierre meurt le lundi 22 janvier 2007, tôt le matin, 5 h 25 heure locale, à l’hôpital du Val-de-Grâce à Paris, des suites d’une infection du poumon droit consécutive à une bronchite. Il était âgé de 94 ans.
Il affirmait : J’ai passé ma vie à prier Dieu pour mourir jeune, et ajoutait : Vous voyez, c’est raté ! L'abbé Pierre faisait également régulièrement allusion à sa mort en évoquant son départ en grandes vacances.

Hommages

L’ensemble de la classe politique française ne tarit d’éloges et reconnaît le travail réalisé par l’abbé Pierre, notamment le président de la République Jacques Chirac, le Premier ministre Dominique de Villepin, la candidate socialiste Ségolène Royal et le candidat de l'UMP Nicolas Sarkozy.
De très nombreuses associations et fondations françaises ou internationales qui ont milité avec l’abbé Pierre dans des causes communes en faveur des plus démunis lui rendent le jour même un vibrant hommage par des communiqués officiels.
L’ancien président de la République Valéry Giscard d'Estaing demande que soient célébrées des obsèques nationales » en l’honneur de l’abbé Pierre. La présidence de la République se prononce le jour de sa mort pour savoir si un hommage national ou un deuil national, la plus haute distinction funéraire française serait rendu. Conformément aux souhaits de la Fondation Abbé Pierre et la famille qui semble s’opposer à la seconde option, c’est la première option qui est choisie, réservée tout de même à des personnalités telles que Jean-Paul II et le Commandant Cousteau, plus conforme au testament de l’abbé qui préférait que tout l’argent serve plutôt à la collecte au profit des œuvres de sa Fondation, à laquelle il a donné tout au long de sa vie l’ensemble de ses droits ainsi que les dons personnels faits à son nom.
Une chapelle ardente est ouverte à tous, les mercredi 24 et jeudi 25 janvier 2007, toute la journée, à l'église du Val-de-Grâce à Paris, où son cercueil simplement surmonté de sa canne et son béret est exposé aux remerciements du public ; un hommage populaire à l’abbé Pierre est organisé par le Mouvement Emmaüs le jeudi 25 janvier au Palais omnisport de Paris-Bercy, de 19 à 23 heures. Par ailleurs, des livres d’or collectent les hommages populaires à Paris, Metz et dans plusieurs communautés Emmaüs du Sud de la France ; face aux demandes, d’autres communautés Emmaüs en France ou dans le monde recueillent aussi les hommages du public.
À Lyon, sa ville de naissance, une messe commémorative est dite par l'archevêque de Lyon et Primat des Gaules, le Cardinal Philippe Barbarin en la Primatiale Saint-Jean l'église Saint-François de Sales, associée à l'Abbé Pierre, a d'abord été envisagée, mais sa taille n'aurait pas permis d'accueillir le public dans des conditions de sécurité suffisantes. Lors de cette messe, l'évangile est proclamé par un diacre, neveu de l'abbé Pierre.

Obsèques

À la suite de la demande de la famille, les drapeaux français n'ont pas été mis en berne lors de l’hommage national. Les obsèques se sont déroulées le vendredi 26 janvier à 11 heures, dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. Diverses personnalités de tous bords se sont jointes à la cérémonie, placées derrière Jacques Chirac, de nombreux membres du mouvement Emmaüs et la famille : Valéry Giscard d'Estaing, Dominique de Villepin, de nombreux ministres français, des artistes… ainsi qu’une immense foule anonyme. Fait rare en France, le cortège funéraire a été applaudi par le public, ainsi que dans la cathédrale.
Durant la cérémonie, les représentants officiels de différentes religions étaient présents et lui ont remis symboliquement des cadeaux placés sur son cercueil, posé à même le sol.
Son cercueil a ensuite été transféré vers le village d’Esteville dans la Seine-Maritime, où l’abbé Pierre a résidé pendant plusieurs années, et où se trouve un centre d'accueil toujours en activité aujourd'hui et géré par l'Association Emmaüs de Paris : la Halte d'Emmaüs. Son enterrement s'est déroulé dans la plus stricte intimité.
Plusieurs personnalités politiques se prononcent déjà pour le transfert de sa tombe au Panthéon, malgré le souhait de l’abbé dans son livre-testament et ses déclarations.

Rencontres et actions internationales

Rencontres avec les représentants de l'église catholique
L’abbé Pierre a rencontré au cours de sa vie les papes Pie XI, Pie XII, Jean XXIII et à plusieurs reprises Jean-Paul II ; trop fatigué pour voyager il n’a pas pu rencontrer directement le nouveau pape de l'époque Benoît XVI, mais il a noué des contacts épistolaires.

Bien qu’ayant souvent critiqué les positions de l’Église et tenu des propos parfois interprétés comme anticléricaux, l’abbé Pierre ne s’est jamais placé contre l’Église et tenait plus que tout à sa mission pastorale mais non prosélyte ; il respectait sa hiérarchie, à laquelle il reprochait seulement mais ouvertement d’user de trop de faste, et il a conservé sa liberté de ton et d’action ainsi que sa franchise même sur les sujets réputés dérangeants.

Autres rencontres et actions internationales

Refusant toute montée en responsabilité au sein de l’Église pour pouvoir se consacrer à ses missions au plus près du peuple, il a su cependant rencontrer les plus grands, et il a rencontré des membres éminents de la communauté scientifique, politique ou religieuse internationale notamment :
1944 : le général de Gaulle à Alger en Algérie française, après son arrestation par l’armée allemande et son évasion via l’Espagne.
1945 : le père Teilhard de Chardin et le philosophe Nicolas Berdiaëff, chez lui, deux hommes que l’abbé Pierre tentera vainement de concilier et de faire se comprendre l'un l'autre.
1948 : Albert Einstein à l’Université de Princeton aux États-Unis, pour discuter avec lui des trois explosions atomiques et appeler avec lui de ses vœux à la fondation d’un mouvement international pour le désarmement et la paix dans le monde.
1956 : le président tunisien Habib Bourguiba pour le convaincre de parvenir à l’indépendance de la Tunisie sans violence.
1955 : le président américain Dwight David Eisenhower dans le Bureau ovale, à qui il remet un exemplaire de son livre Les chiffonniers d’Emmaüs.
Le roi du Maroc, Mohammed V, à qui il dépêche deux missionnaires pour l'exhorter à trouver des solutions aux bidonvilles en favorisant le logement rural.
1956 : de nombreuses rencontres internationales, aux Pays-Bas, Portugal, Autriche, Inde, Suisse, Maroc. Il rencontre le Premier ministre indien Nehru, avec Indira Gandhi, et le sage indien Vinoba Vabe pour soutenir sa marche agraire non violente.
1958-1959 : conférences dans les pays scandinaves et d’Amérique du Sud. Le ministre de l’Éducation nationale du Pérou fait appel à lui pour développer l’éducation des populations pauvres. Le père Camillo Tores en Colombie lui demande conseil sur la position de l’Église colombienne qui renie l’action des prêtres ouvriers. Il rencontre l’évêque des indiens en Équateur pour lui demander de freiner la construction de lieux de cultes somptueux dans des quartiers déshérités.
1959 : au Liban, il crée à Beyrouth la première communauté d’Emmaüs multiconfessionnelle, l'Oasis de l'espérance, fondée par un musulman sunnite, un archevêque chrétien melkite et un écrivain maronite.
1962 : il est reçu dans l’ermitage du père Charles de Foucauld à Béni-Abbés en Algérie où il réside pendant plusieurs mois.
1963 : on le presse lors de sa convalescence en Argentine, de fédérer les communautés Emmaüs du monde dans Emmaüs International, qui se réunira en 1969 à Berne en Suisse, et en 1971 à Montréal au Québec au Canada, date de création officielle de l'association Emmaüs International.
1971 : il est appelé en Inde par Jayaprakam Narayan pour représenter avec la Ligue des droits de l'homme la France dans la question du règlement des réfugiés. Indira Gandhi l’invite à son tour pour traiter des réfugiés bengalis. L’abbé Pierre s’engage en fondant des communautés Emmaüs au Bangladesh.
1985 : il apporte son soutien au comique Coluche qui, comme lui avant, fait un appel le 26 septembre sur les ondes pour venir en aide aux affamés. Là encore la réponse publique à cette idée est inespérée, et Coluche avec le soutien des associations caritatives et de nombreuses personnalités, lance le mouvement des Restos du Cœur (Coluche offrira 1 million de francs à Emmaüs quelques mois avant sa mort en mars 1986. L’abbé qui apporte son soutien y voit la preuve que son combat lancé en 1954 peut être repris aussi efficacement par d’autres après lui, et il se convainc à nouveau de l’utilité des médias pour soutenir ses propres actions dans les communautés d’Emmaüs. Dès lors, il se fera plus visible et fera appel aux personnalités. La Fondation Abbé-Pierre bénéficiera de la loi Coluche votée après sa mort, peu après ce lancement. La mort de son ami Coluche le marquera durement lorsque l’Abbé Pierre célèbrera ses obsèques, pour reprendre ensuite son combat médiatique avec le soutien de nombreuses personnalités du spectacle et anonymes.
1988 : il rencontre les représentants du Fonds monétaire international pour trouver une solution à la dette extérieure des pays du Tiers Monde.
1990 : il voyage aux États-Unis et au Brésil pour accompagner la sortie du film biographique Hiver 54, l'abbé Pierre de Denis Amar avec Lambert Wilson dans son rôle et Claudia Cardinale. Film qui retrace une partie de son action et la médiatisation de son combat contre la pauvreté avec les communautés d’Emmaüs.
1991 : il s’adresse directement aux présidents George H. W. Bush et Saddam Hussein, lors de la première guerre du Golfe. Il exhorte le gouvernement français à prendre des initiatives pour répartir la charge des réfugiés dans le monde, par un organisme disposant de plus de moyens que le HCR actuel des Nations unies avec le bon vouloir des nations. Il rencontre le Dalaï-Lama lors des journées inter religieuses pour la paix.
1994 : L’abbé Pierre devient propriétaire de la vigne à Farinet, la plus petite vigne cadastrée du monde, créée par Jean-Louis Barrault, et dont le vin est vendu au profit d’une œuvre humanitaire. En août 1999, à l'occasion d'une visite conjointe dans la commune suisse de Saillon à proximité, l’abbé Pierre remit la vigne au Dalaï Lama, qui en est actuellement le propriétaire. L'abbé Pierre souhaita revoir cette vigne avant de mourir, et un survol en hélicoptère en était prévu avec Bruno Bagnoud, patron d'Air Glaciers, mais le fondateur d'Emmaüs quitta ce monde quelques jours avant.
1995 : à Sarajevo, Bosnie-Herzégovine, sous les bombardements de la ville assiégée depuis 3 ans par les forces serbes, il exhorte les nations du monde à intervenir d’urgence pour faire cesser les massacres.
1999 : il signe l'Appel à la Fraternité, en soutien au collectif du même nom, Collectif Appel à la fraternité, lancé par Jean-Louis Sanchez.
2000 : il a été parrain de l'EICD 3A à Lyon.
2001 : le président Jacques Chirac lui remet les insignes de grand officier de la Légion d’honneur, avant de l’élever à la dignité de grand-croix, la plus haute distinction française, pour ses services rendus à la Nation.
2004 : il se rend en Algérie pour l’inauguration de maisons reconstruites par la Fondation Abbé-Pierre, après le tremblement de terre ayant frappé le pays l’année précédente.

Image et polémiques Image publique

Mythe de l'abbé Pierre selon Roland Barthes
L’image du grand barbu en soutane, en grosse pèlerine élimée avec une canne, un béret et des godillots que lui a un jour offerts un sapeur-pompier, forge vite son statut de héros légendaire, de juste d'après son testament évoqué par les membres du Mouvement Emmaüs, cette pèlerine emblématique reviendra au Musée des pompiers de Paris.
Après l’appel de 1954 et la sortie du film Les Chiffonniers d'Emmaüs consacré à l’abbé Pierre, Roland Barthes a analysé, en 1957, son visage qui présente clairement tous les signes de l’apostolat : le regard bon, la coupe franciscaine, la barbe missionnaire, tout cela complété par la canadienne du prêtre-ouvrier et la canne du pèlerin. Ainsi sont réunis les chiffres de la légende et ceux de la modernité. Sa coupe, équilibre neutre entre le cheveu court … et le cheveu négligé, approche selon le sémiologue l’intemporalité de la sainteté, et l’identifie à saint François d’Assise. La barbe, celle du capucin et du missionnaire, symbolise quant à elle la pauvreté et la vocation apostolique comme pour le père de Foucauld. Son visage évoque donc à la fois la spiritualité de l’homme, le combat de son sacerdoce, et sa liberté vis-à-vis de sa hiérarchie. Pour Pierre Bourdieu, l’abbé est même un prophète, surgissant en temps de disette, de crise, prenant la parole avec véhémence et indignation.
Mais Barthes se demande aussi si la belle et touchante iconographie de l’abbé Pierre n’est pas l’alibi dont une bonne partie de la nation s’autorise, une fois de plus, pour substituer impunément les signes de la charité à la réalité de la justice. Cette grande popularité en France ne s’est jamais démentie, les enquêtes d’opinion de la presse le plaçant pendant une dizaine d’années un record inégalé, après avoir succédé au commandant Jacques-Yves Cousteau, à peine éclipsé durant un an par une seconde place temporaire imputée à l’affaire Garaudy en tête des personnalités préférées des Français, comme celles du Le Journal du dimanche publiées plusieurs fois par an, jusqu’à ce qu’il demande à en être retiré en début 2004. C’est à la fois une arme et une croix, dit-il, pour laisser la place des honneurs aux plus jeunes.

Une image de miraculé

L'abbé Pierre a été régulièrement malade, notamment des poumons quand il était jeune. Il s’est sorti indemne de situations dangereuses :
tombé dans une profonde crevasse quand il aidait des gens à s’enfuir pendant la guerre ;
rescapé quand l’avion dans lequel il se trouve réussit un atterrissage d’urgence, sans moteur, dans les années 1950 en Inde ;
et surtout, naufragé miraculé en 1963, au Rio de la Plata entre l’Argentine et l’Uruguay, voir la partie Développement d'Emmaüs.
Tous ces accidents vont contribuer à lui forger une image de miraculé.

Utilisation des médias

L’abbé Pierre s’est toujours appuyé sur son image grâce aux médias, depuis son appel sur Radio-Luxembourg en 1954 jusqu’à sa présence à l’Assemblée nationale en janvier 2006, en faveur de la loi SRU sur le logement social. Selon Bernard Kouchner, fondateur de Médecins sans frontières, il est ainsi l’inventeur de la loi du tapage médiatique.
Même pendant les dernières années de sa vie, malgré la maladie et l’âge, il est descendu dans la rue pour soutenir la cause des pauvres. Il a soutenu l’association Droit au logement DAL. Un dernier combat qui fait encore l’actualité politique en pleine campagne présidentielle 2007, où les candidats se pressent pour défendre une future loi sur le logement opposable poussée par l’action médiatique d’associations de sans-logis, un texte qu’ils veulent maintenant nommer loi abbé Pierre, comme avant lui son ami Coluche à qui on a attribué la loi sur les dons aux œuvres caritatives, une autre icône populaire et médiatique et pourtant si humaine de la fin du xxe siècle restée dans le cœur des Français et que l’abbé Pierre avait soutenu avant de devoir, lui le vieil homme, lui succéder dans son combat inachevé pour les exclus du partage.
Enfin, la marionnette de l'abbé Pierre dans l'émission télévisée satirique Les Guignols de l'Info contribue également au façonnement de son image publique et médiatique. À l'instar d'un Johnny Hallyday, il fait ou faisait aussi les choux gras de nombreux imitateurs de la scène francophone tels Laurent Gerra ou Bernard Castaing.

Affaire Roger Garaudy

En avril 1996, lorsque son ami Roger Garaudy est en procès pour négationnisme suite à la publication de son livre Les mythes fondateurs de la politique israélienne, il lui apporte son soutien, ce qui lui vaudra d’être exclu du comité d’honneur de la LICRA. Dans une lettre de soutien à l'auteur rendue publique le 18 avril 1996, il écrit tout le respect que lui inspire l'énorme travail réalisé par Roger Garaudy pour l'écriture du livre, et son éclatante érudition, rigoureuse. Il ajoute qu'accuser Roger Garaudy de révisionnisme est une imposture, une véritable calomnie.
Il expliquera néanmoins par la suite avoir agi à titre amical et se démarquera des tentatives pour nier, banaliser ou falsifier la Shoah dont il avait été lui-même témoin. Mais, selon les termes du quotidien L'Humanité, ce revirement tardif ne dissipe cependant pas le malaise. L’historien Pierre Vidal-Naquet déclara pour sa part : Je crains que la prise de position de l’abbé Pierre ouvre les vannes d’une poussée antisémite.
Certains ont critiqué les propos de l’abbé Pierre sur l’idée de la terre promise dans l’Ancien Testament. En effet, il dénonçait la prise très violente de cette terre par les israélites, telle qu’elle est décrite dans la Bible : Que reste-t-il d’une promesse lorsque ce qui a été promis, on vient de le prendre en tuant par de véritables génocides des peuples qui y habitaient, paisiblement, avant qu’ils y entrent, dira-t-il à Bernard Kouchner. Il n’hésitera pas à en déduire une véritable vocation à l’exil de ce peuple : Je crois que - c’est ça que j’ai au fond de mon cœur - que votre mission a été - ce qui, en fait, s’est accompli partiellement - la diaspora, la dispersion à travers le monde entier pour aller porter la connaissance que vous étiez jusqu’alors les seuls à porter, en dépit de toutes les idolâtries qui vous entouraient.
Certains ont vu dans ces déclarations une reprise tout juste voilée de l'ancienne thématique chrétienne de l'auto-malédiction d'un peuple juif avatar de Caïn thématique désavouée par l'église à l'occasion de la déclaration Nostre Aetate issue de Vatican II38 et, finalement, une lecture de la Bible très conforme à l'antijudaïsme de certains catholiques avant Vatican II.
L'abbé Pierre considère que le débat sur la Shoah reste ouvert : « ils [la LICRA] n’acceptent absolument pas le dialogue, contrairement à Garaudy. Ils considèrent que le débat sur le génocide des juifs est clos. Qu’oser le rouvrir n’est pas possible. Par exemple sur la question des chambres à gaz, il est vraisemblable que la totalité de celles projetées par les nazis n’ont pas été construites, propos auquel l’abbé Pierre ajoute toutefois : Mais mes amis de la LICRA me disent qu’avancer de telles affirmations, c’est contester la Shoah. Ce n’est pas sérieux, Roger Garaudy sera finalement condamné pour contestation de crimes contre l’humanité et incitation à la haine raciale.
Cette controverse ne doit toutefois pas masquer les faits qui plaident pour l'abbé Pierre, notamment son combat pendant la Seconde Guerre mondiale pour sauver des Juifs. Son engagement profond contre l'antisémitisme est en particulier attesté par le fait qu'il ait lui-même toujours souligné que ses actions contre les persécutions anti-juives avaient précédé et motivé son entrée dans la Résistance. Ses positions politiques sont sans ambiguïtés quand il dénonce le fait que ces rafles anti-juives ont été conduites par la police française en un temps été 1942 et un lieu Grenoble, en zone non occupée qui ne permettent pas d'invoquer le prétexte de la contrainte allemande.
La polémique, qui meurtrira durablement l’abbé Pierre, lui valut le désaveu de certains de ses amis. Bernard Kouchner lui reprocha d'absoudre l’intolérable. L'abbé est publiquement fustigé par le Cardinal Jean-Marie Lustiger. L'abbé Pierre est alors sommé par sa hiérarchie de prendre une retraite médiatique temporaire et part quelque temps en séminaire en Italie. Il y a déclaré au Corriere della Sera que la presse française était inspirée par un lobby sioniste international. L'affaire ne reçut cependant que peu d’écho auprès de l'opinion française qui lui renouvela sa confiance pendant de nombreuses années, le classant en tête des personnalités françaises les plus aimées jusqu’à ce que l’abbé retirât lui-même son nom du classement.

L'abbé Pierre et les Brigades rouges

L'abbé Pierre a spontanément témoigné dans les années 1980 en faveur d'un groupe d'Italiens résidant à Paris et animant l'école de langues Hypérion. Le directeur de cette école, Vanni Mulinaris, avait été arrêté et emprisonné le 2/2/82, lors d'une visite en Italie. Il était accusé d'être membre des Brigades rouges BR. Il sera par la suite relaxé, totalement blanchi de cette accusation et même dédommagé par l'État italien pour trois ans de détention injustifiée.
L'abbé Pierre se rend plusieurs fois en Italie pour protester contre les conditions de détention sans motivations et sans procès de Vanni Mulinaris, il rencontre le président Sandro Pertini, les juges, les avocats, plusieurs autorités morales, qui constitueront un comité italien demandant justice pour Vanni Mulinaris le cardinal Martini, le sénateur Norberto Bobbio, Giuseppe Branca ancien président de la Cour Constitutionnelle, bientôt rejoints par 75 autres personnalités dont le journaliste Giorgio Bocca et le cinéaste Luigi Comencini.
L'abbé Pierre effectue également pour réclamer justice une grève de la faim du 26 mai au 3 juin 1984, dans la cathédrale de Turin.
Il témoigne alors de son expérience personnelle des dérives de la justice italienne de l'époque. François Mitterrand décidera à partir de 1982 d'accorder l'asile aux réfugiés politiques italiens, pour ceux qui auraient clairement rompu avec la violence.

Prises de position par rapport aux réformes à faire au sein de l’Église catholique

Sur l'ordination des hommes mariés et des femmes

En 2005, dans son livre Mon Dieu… pourquoi ?, rédigé avec Frédéric Lenoir, il déclare qu’il a été attiré par des jeunes filles, étant lui-même jeune homme et avant d’entrer dans les ordres. À ce sujet, il invite les dirigeants d'Église à réfléchir sur une éventuelle réforme de la discipline de l’Église en faveur de l’ordination des hommes mariés. Et ne comprend pas l’opposition des papes Jean-Paul II et Benoît XVI, l’ordination des hommes mariés étant autorisée par l’Église dans certains rites orientaux. En outre, il voit dans cette autorisation un moyen de lutter contre la pénurie de nouveaux ministres du culte de l’Église. Il incite également à réfléchir à l’ordination des femmes.

Il a déclaré avoir connu le sexe et souhaiter l'ordination des femmes.

Distinctions et hommages

Distinctions françaises :
Grand-croix de la Légion d’honneur le 13 juillet 2004
Grand officier en 1992 remis neuf ans plus tard, le 19 avril 2001
Commandeur en 1987 pour son action pour le logement des défavorisés.
Officier en 1981 au titre des droits de l'homme
Chevalier à titre militaire le 19 décembre 1946
Croix de guerre 1939-1945 avec deux palmes citations des 12 février 1945 et 19 décembre 1946
Médaille de la Résistance 12 février 1946
Médaille des évadés
Croix du combattant volontaire 1939-45 1946
Croix du combattant
Médaille commémorative de la guerre 1939-45 avec agrafes France, «Libération
Distinctions étrangères :
Médaille de la Résistance belge 14 juillet 1947
Grand officier de l’Ordre national du Québec lors de la visite officielle à Paris du premier ministre de la province du Québec Jacques Parizeau en janvier 199554
Officier de l’ordre du Cèdre du Liban.
Récompenses diverses :
Médaille d’or Albert Schweitzer de la Fondation Goethe à Bâle, Suisse en 1975, remise par René Lenoir, secrétaire d’État français.
1991, prix Balzan pour l’Humanité, la paix et la fraternité des peuples, pour son combat pour les droits de l’homme, la démocratie, la paix, pour la lutte contre les souffrances spirituelles et physiques, et pour la solidarité universelle au travers des communautés Emmaüs.
Il est promu grand officier de la Légion d’honneur en 1992 mais il refuse de la porter jusqu’en 2001 pour protester contre le refus de l’État français d’attribuer des logements vides à des SDF.
En décembre 2003, sur la proposition de M. Jean-Paul Carteron, président du Forum de Crans Montana, il reçoit le prix de la Fondation des mains du prince Albert II de Monaco. Il s'agira du seul prix profane accepté par l'abbé Pierre dans toute vie. Ainsi qu'il le déclara en recevant la modeste œuvre d'art symbolisant ce prix, je la mettrai sur la table où tous les jours je dis ma messe.
En janvier 2004, il demande à ne plus figurer dans le palmarès de la presse des personnalités les plus aimées des Français, après de nombreuses années successives où il a été promu dix-sept fois en tête du Top 50 entre 1989 et 2003, afin de laisser cette place aux jeunes.
14 juillet 2004 : élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d’honneur par le président de la République, la plus haute distinction officielle française.
Une école à son nom a été baptisée à Nueil-les-Aubiers Deux-Sèvres en 1993 et à Hédé en Ille-et-Vilaine le 17 septembre 2005.
26 janvier 2007 : hommage national de la République française, avec la présence officielle du gouvernement aux obsèques.
22 janvier 2008 : à l'occasion du premier anniversaire de sa mort, une plaque à la mémoire de l'abbé Pierre est symboliquement dévoilée par un compagnon d'Emmaüs et un SDF sur l'immeuble de la rue des Bourdonnais Paris où s'installa l'Association Emmaüs après l'hiver 1954 à Paris.
Une plaque fut posée en son honneur sur le mur du Lycée Saint-Marc et inaugurée le samedi 13 décembre 2008 en présence de représentants de la famille Grouès, du Mouvement Emmaüs, de Mgr Barbarin, Jean-Jack Queyranne, Michel Mercier, et de Gérard Collomb. Une célébration eucharistique présidée par le Cardinal Barbarin dans la chapelle du Lycée Saint-Marc suivit l'inauguration.
À l'occasion du troisième anniversaire de sa mort, La Poste française émet un timbre-poste au tarif le plus courant à son effigie, le 22 janvier 2010.
À l'occasion du centième anniversaire de sa naissance, la Monnaie de Paris édite une pièce de 2 € commémorative à son effigie en juillet 2012.
À l'occasion du sixième anniversaire de la mort de son fondateur, la Fondation Emmaüs érige une statue à son effigie à l'entrée de sa Délégation générale à Paris.

Å’uvres

Ouvrages de l'abbé Pierre
1987 : Bernard Chevalier interroge l’abbé Pierre : Emmaüs ou venger l’homme, avec Bernard Chevalier, Éditions Le Centurion, éd. LGF/Livre de poche, Paris.
1988 : Cent poèmes contre la misère, éd. Le Cherche-midi, Paris
1993 : Dieu et les hommes, entretien avec Bernard Kouchner, éd. Robert Laffont
1994 : Testament…. Réédition 2005, éd. Bayard/Centurion, Paris
1994 : Une terre et des hommes, éd. Cerf, Paris.
1994 : Absolu, éd. Seuil, Paris.
1996 : Dieu merci, éd. Fayard/Centurion, Paris.
1996 : Le bal des exclus, éd. Fayard, Paris.
1997 : Mémoires d’un croyant, éd. Fayard, Paris.
1999 : Fraternité, éd. Fayard, Paris.
1999 : Paroles, éd. Actes Sud, Paris.
1999 : C’est quoi la mort ?, livre didactique destiné aux enfants, utilisé aussi dans l’apprentissage de la langue française, éd. Albin Michel, Paris. (et ouvrage bénéficie aussi de nombreuses traductions et rééditions dans divers pays.
1999 : J’attendrai le plaisir du Bon Dieu : l’intégrale des entretiens d’Edmond Blattchen, éd. Alice, Paris.
2000 : En route vers l’absolu, éd. Flammarion, Paris.
2001 : La Planète des pauvres. Le tour du monde à vélo des communautés Emmaüs, de Louis Harenger, Louis Harenger, Michel Friedman, Emmaüs international, Abbé Pierre, éd. J’ai lu, Paris.
2002 : Confessions, éd. Albin Michel, Paris.
2002 : Je voulais être marin, missionnaire ou brigand, rédigé avec Denis Lefèvre, éd. Le Cherche-midi, Paris. Réédition en livre de poche, éd. J’ai lu, Paris.
2004 : Abbé Pierre et Père Pedro, Pour un monde de justice et de paix : Entretiens, Paris, Presses de la Renaissance,‎ 6 mai 2004, Broché, 230
2004 : L’Abbé Pierre, par Bernard Violet, éd. Fayard. Biographie réactualisée en janvier 2007 avec la reproduction intégrale du testament de 114 pages que l’Abbé Pierre avait confié à l’auteur.
2004 : L’Abbé Pierre, la construction d’une légende, par Philippe Falcone, éd. Golias.
2004 : L’Abbé Pierre parle aux jeunes, avec Pierre-Roland Saint-Dizier, éd. Du Signe, Paris.
2005 : Le sourire d’un ange, éd. Elytis, Paris.
2005 : Mon Dieu… pourquoi ? Petites méditations sur la foi chrétienne et le sens de la vie, recueil où il aborde également des sujets d’actualités comme le célibat des prêtres, l’ordination des femmes, le fanatisme religieux, le désir et le sexe, le mariage homosexuel. Il a été rédigé avec Frédéric Lenoir, éd. Plon.
2006 : Servir : Paroles de vie, avec Albine Navarino, éd. Presses du Châtelet, Paris.
2006 : L'abbé Pierre : Entretien et portrait, par Ariane Laroux : Portraits Parlés, éditions de l'Âge d'Homme.
2007 : Clandestin, 1942 - 1944, éd. Vollodalen, Collection Citadelle, Paris. Cet ouvrage reprend le texte d'une conférence prononcée par l'abbé Pierre le 23 avril 1945.
2012 : Abbé Pierre, Inédits. Textes de combat, écrits intimes, correspondances, éd. Bayard

Ouvrages sur l'abbé Pierre

1989 : L'Abbé Pierre L'insurgé de Dieu. Pierre Lunel. Édition°1, Paris, 1989
1992 : Les Chercheurs de Dieu (t. 2 : L’Abbé Pierre, Pauline Jaricot, Xavier de Nicolo, BD de Lama Masudi Dessins, Hugues Labiano Dessins, Marc Malès Dessins, Jean-Louis Fonteneau Scénario, Thierry Lescuye, Marie-Noëlle Pichard, éd. Bayard Jeunesse, Paris.
2006 : Images d’une vie, recueil de près de 200 photos de l’abbé Pierre, réalisées avec Laurent Desmard, éd. Hoebeke
2007 : N'oublions pas les jeunes. Le dernier cri de l'abbé Pierre en faveur des jeunes, de l'éducation, du logement, en collaboration avec Christophe Robert, directeur des études à la Fondation Abbé Pierre, et Patrick Doutreligne, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, livre, éd. DDB
2008 : Emmaüs et l'abbé Pierre, Axelle Brodiez-Dolino, Presses de Sciences-Po, Paris, 2008
2009 : Henri, Quelques pas avec l'Abbé Pierre, album photographique de Claude Iverné, Albin Michel
2012 : L'abbé Pierre, le roman de sa vie, biographie pour enfants de Chloé Caffarel, Bayard Jeunesse

Discographie

1989 : Les Enfants sans Noël, avec une chorale d'enfants et une pléiade d'artistes, au profit d'Emmaüs.
2001 : Radioscopie : Abbé Pierre - Entretien avec Jacques Chancel, CD Audio,
1988-2003 : Éclats De Voix, suite de CD Audio, Poèmes et réflexions, en quatre volumes :
Vol. 1 : Le Temps des Catacombes, rééd. label Celia,
Vol. 2 : Hors de Soi, rééd. label Celia,
Vol. 3 : Corsaire de Dieu, rééd. label Celia
Vol. 4 : L'éternel combat, label Scalen,
2003 : Le CD merci l'abbé de Gérard verchère.
2004 : Paroles de Paix de l’Abbé Pierre, suivi l'appel de l'hiver 54 ré-enregistré par l'Abbé Pierre pour le 50e anniversaire, CD audio, label Frémeaux & Associés, Créations pour la Paix - direction artistique : Christiane Gugger,
2005 : Le CD Testament…, pour fêter le 56e anniversaire de la fondation d'Emmaüs (réflexions personnelles, textes et paroles inspirées de la Bible.
2005 : Avant de partir…, le testament audio de l’Abbé Pierre, CD audio et vidéos pour PC, prières et musiques de méditation
2006 : L’Insurgé de l’amour, label Revues Bayard, Paris

Vidéographie

2005 : Vous direz à vos enfants… Le plus beau témoignage sur la beauté du don, DVD PAL région 2, entretien avec l’abbé Pierre, studio LCJ Éditions, Paris.
Les chiffonniers d’Emmaüs dans : Alain comme les autres, DVD PAL région 2, documentaire-fiction de Denise Gilliand, avec Jean-Quentin châtelin, l’Abbé Pierre et les Compagnons d’Emmaüs, studio VPS .

Filmographie biographique

1955 : Les Chiffonniers d'Emmaüs de Robert Darène avec André Reybaz dans le rôle de l'abbé Pierre.
1989 : Hiver 54, l'abbé Pierre de Denis Amar avec Lambert Wilson dans le rôle de l'abbé Pierre et Claudia Cardinale. Film rediffusé le jour de sa mort, en son hommage, sur la chaîne de télévision publique France 2.
2007 : Paroles - Abbé Pierre. 2 x DVD PAL. Série d'entretiens avec l'abbé Pierre. Rencontres avec Johnny Hallyday, Zinédine Zidane et le Dalaï Lama. Édition Emmaüs Genève - Artémis Films Productions.


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#94 Charlène de Monaco
Loriane Posté le : 24/01/2015 18:52
Le 25 janvier 1978 naît Charlene Lynette Wittstock à Bulawayo

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en Rhodésie, actuel Zimbabwe, émigrée à Benoni Afrique du Sud, ancienne championne de natation. Par son mariage avec le prince souverain Albert II de Monaco le 1 Juillet 2011, elle est devenue la princesse consort Charlène de Monaco; et la mère des jumaeaux, Gabriella de Monaco et de Jacques de Monaco
Depuis son accession au titre de princesse, Charlène de Monaco s'est engagée activement pour des causes humanitaires dédiées en priorité à l'éducation de l'enfant par le sport.


Sa vie

Jeunesse et carrière sportive Charlene Wittstock

Informations
Nages Nage libre, dos
Période active 1994 – 2007
Nationalité sud-africaine
Palmarès
Jeux africains 3 1 0
modifier
Charlene Lynette Wittstock est née le 25 janvier 1978 à Bulawayo, dans l'actuel Zimbabwe, Afrique, pays indépendant à la Couronne britannique. Elle est la fille aînée de Michael Kenneth Wittstock, né en 1946, propriétaire d'une entreprise d'informatique, et de Lynette Humberstone, née en 1959, plongeuse de compétition puis professeur de natation. Elle a deux frères : Garrett Wittstock, né en 1982, informaticien, et Sean Wittstock né en 1983, commercial.
Charlene Wittstock possède les nationalités sud-africaine et britannique. Elle quitte le Zimbabwe avec sa famille pour aller vivre dans l'ancienne province du Transvaal en Afrique du Sud, alors qu'elle est âgée de 12 ans.
Très jeune, elle se passionne pour la natation, à tel point qu'à 16 ans, elle abandonne ses études pour se consacrer à ce sport. À 18 ans, elle remporte les championnats juniors d'Afrique du Sud. Puis quelques années plus tard, elle fait partie de l'équipe féminine du 4 x 100 m 4 nages représentant l'Afrique du Sud aux Jeux olympiques de Sydney de 2000 en dos crawlé, l'équipe sera classée cinquième. En individuel, elle arrive 17e au 100 m dos crawlé et 14e au 200 m dos crawlé. La même année, elle remporte la médaille d'or du 200 m dos au Meeting international de natation de Monaco Marenostrum. En 2002, elle remporte trois médailles d'or lors de la Coupe du Monde, 50 m et 100 m crawlé, relais 4 x 100 m et la médaille d'argent durant les Jeux de Commonwealth de Manchester 4 x 100 m relais.
Après s'être volontairement éloignée des bassins pendant plusieurs années, elle renoue avec la natation et les compétitions en septembre 2005. Deux ans plus tard, elle est qualifiée pour les Jeux olympiques de Pékin, mais elle choisit de ne pas y participer et de mettre un terme définitif à sa carrière sportive.

Vie privée

On lui connaît des liaisons avec le nageur suédois Lars Frölander, le nageur britannique Robin Francis, de 2002 à 2003, le rugbyman sud-africain Andre Snyman puis de 2003 à 2006, le nageur italien Massimiliano Rosolino.
En 2000, Charlene Wittstock rencontre le prince Albert, alors prince héréditaire, lors d'un tournoi de natation de Monaco. En 2005, elle recontacte le prince pour lui présenter ses condoléances suite au décès de son père, le prince Rainier III. En 2006, pour la première fois, elle s'affiche publiquement en compagnie d'Albert II lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques d'hiver de 2006 de Turin en Italie. En 2007, lors de la Coupe du monde de rugby en France, elle assiste à de nombreux matchs en compagnie du prince Albert II, notamment ceux des Springboks, dont son grand-père fut l'un des entraîneurs. Depuis 2006, elle participe également régulièrement, aux côtés du prince Albert II, à tous les évènements importants de la principauté de Monaco comme le Bal de la Croix-Rouge ou le Grand Prix automobile de Monaco. Cette relation fut très médiatisée par la presse internationale.

Mariage avec Albert II de Monaco

Le 23 juin 2010, le prince Albert II de Monaco annonce ses fiançailles avec Charlene Wittstock dans un communiqué adressé à l'AFP. Le mariage est fixé aux 1er et 2 juillet 2011.
D'origine protestante, elle s'est convertie au catholicisme pour pouvoir épouser Albert II.
Albert II de Monaco et Charlene Wittstock se marient civilement le 1er juillet 2011, dans la salle du trône du palais princier. La cérémonie religieuse a eu lieu le 2 juillet 2011 à Monaco, dans la cour d'honneur du palais princier. S'en suit un voyage de noces en Afrique du Sud, où le couple est notamment invité à déjeuner par le président Jacob Zuma.
Le 30 mai 2014, Albert II de Monaco et Charlène annoncent officiellement attendre un enfant pour la fin de l'année 2014. Elle confirme en octobre 2014 qu'elle attend des jumeaux. Le 10 décembre 2014, elle donne naissance à une fille, Gabriella, et à un garçon, Jacques, à la maternité Princesse-Grace. C'est Jacques qui devient héritier du trône.

Princesse de Monaco

Le 8 juillet 2011, Charlène de Monaco rencontre le prix Nobel de la paix, l'archevêque sud-africain Desmond Tutu dans les locaux de sa fondation de lutte contre le sida8. Elle devient co-marraine de The Giving Organisation Trust, une organisation regroupant dix œuvres caritatives allant de la lutte contre le VIH à l'environnement en passant par l'enfance en difficulté.
Charlene de Monaco en juillet 2012.
En 2012, Charlène de Monaco crée sa propre fondation, la Fondation Princesse-Charlène à Monaco, en faveur des femmes et des enfants en difficulté dans le monde. Cette œuvre caritative est essentiellement tournée vers le sport. Comme son époux, Charlène de Monaco accorde une forte valeur éducative aux sports en général, et à la natation et au rugby en particulier.
En 2013, elle lance le programme Learn to Swim en Afrique du Sud. Dès sa première année de mariage, Charlène de Monaco s'est consacrée aux causes humanitaires et caritatives, s'inscrivant ainsi dans la continuité de l'œuvre de la princesse Grace de Monaco. Son adolescence dans une Afrique du Sud post-apartheid l'a sensibilisée aux problèmes des enfants défavorisés, auxquels elle a donné des cours de natation tout au long de sa carrière sportive. En 2010, elle est devenue une des marraines de la Fondation Nelson-Mandela. Cette fondation promeut l'œuvre de Nelson Mandela et le dialogue pour la justice.
Elle est également la marraine des Jeux olympiques spéciaux et de la Born Free Foundation, qui s'attache à défendre les espèces animales menacées. En outre, Charlène de Monaco participe régulièrement à des manifestations de collectes de fonds pour des œuvres de bienfaisance comme celle de l'AmfAR. De par sa fonction, Charlène de Monaco participe évidemment à tous les événements majeurs de la vie de Monaco, comme le bal de la Croix Rouge ou le bal de la Rose10, organisé chaque année pour récolter des fonds au bénéfice de la fondation de la princesse Grace de Monaco.

Centres d'intérêt

Son enfance en Afrique l'a fortement sensibilisée aux problèmes rencontrés par les enfants pauvres auxquels elle a donné des cours de natation tout au long de sa carrière. Elle accompagne régulièrement son mari, le prince Albert II de Monaco, lors de déplacements pour soutenir des œuvres caritatives.
Depuis 2009, elle est présidente d'honneur du Ladies Lunch de Monte-Carlo.
Depuis 2010, elle est une des marraines de la Fondation Nelson-Mandela.
Elle est également la marraine des Jeux olympiques spéciaux, de la Born Free Foundation et de Monaa, une association monégasque de lutte contre l'autisme. De plus, Charlène de Monaco participe régulièrement à des manifestations de collectes de fonds pour des œuvres de bienfaisance comme celle de l'AmfAR.

Loisirs

Charlène de Monaco adore pratiquer le surf et la randonnée pédestre en montagne. Elle aime lire des biographies, des poésies ethniques d'Afrique du Sud. Elle apprécie également l'art contemporain.

Titulature

25 janvier 1978 - 1er juillet 2011 : Mlle Charlene Lynette Wittstock
depuis le 1er juillet 2011: Son Altesse sérénissime la princesse de Monaco

Autres titres officiels :

Duchesse de Valentinois
Duchesse de Mazarin
Duchesse de Mayenne
Princesse de Château-Porcien
Marquise de Chilly-Mazarin
Marquise de Guiscard
Marquise de Bailli
Comtesse de Carladès
Comtesse de Ferrette, de Belfort, de Thann et de Rosemont
Comtesse de Torigni
Comtesse de Clèdes
Comtesse de Longjumeau
Baronne de Calvinet
Baronne du Buis
Baronne de La Luthumière
Baronne de Hambye
Baronne d'Altkirch
Baronne de Saint-Lô
Dame d'Issenheim
Dame de Saint-Rémy
Dame de Matignon

Titre de noblesse. Décorations monégasques

Grand-croix de l'ordre de Saint-Charles 17 novembre 2012

Décorations étrangères

Italie

Grand-croix de l'ordre de l'Étoile de la République italienne 20 février 2014

Pologne

Grand-croix de l'ordre du Mérite de la République de Pologne 18 octobre 2012

Palmarès sportif

2000 : Sélectionnée première et seule sélection avec l'équipe féminine du 4 x 100 m 4 nages pour les Jeux olympiques de Sydney en dos crawlé, où l'équipe se classera cinquième ;
2000 : Médaille d'or du 200 m dos au Meeting international de natation de Monaco.


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#95 Ava Gardner
Loriane Posté le : 24/01/2015 17:41
Le 25 janvier 1990 à 67 ans meurt Ava Lavinia Gardner

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à Londres, née Lucy Johnson Ava Lavinia Gardner, surnommée snowdrop, actrice américaine, née le 24 décembre 1922 à Grabtown en Caroline du Nord. Engagée par contrat avec les studios MGM en 1941, elle apparait principalement dans de petits rôles jusqu'à ce qu'elle attire l'attention avec sa performance dans Les Tueurs 1946. Elle a été nominée pour l'Oscar de la meilleure actrice pour son travail dans Mogambo 1953.
Archétype de la femme fatale au cinéma, elle fut surnommée la plus belle femme au monde . Elle est listée 25e parmi les plus grandes stars féminines par l'American Film Institute.Ses films les plus notables sont : Les Tueurs, Pandora, La Comtesse aux pieds nus, La Croisée des destins, La Nuit de l'iguane

En bref

L'une des beautés du cinéma, liée à quelques rôles mythiques, Ava Gardner était bien plus que le plus bel animal du monde vanté par les slogans publicitaires : une actrice spontanée et une image de la féminité qui conjuguait en elle tous les contraires, romantique et libre, marmoréenne et touchante, sensuelle et timide.
Née le 24 décembre 1922, dans une plantation de tabac de Caroline du Nord, à Grabtown, Ava Gardner y grandit en garçon manqué, crapahutant partout pieds nus. Son beau-frère, photographe, affiche à la vitrine de son magasin un portrait qu'il a fait de la jeune fille de dix-huit ans. Un découvreur de talents de la M.G.M. le remarque et fait engager Ava, qui va alors suivre le parcours du combattant de la starlette hollywoodienne. De 1941 à 1946, elle apparaît dans vingt-quatre films sans obtenir de véritable rôle pour dix-neuf d'entre eux. Elle suivra des cours en tout genre et se prêtera à une abondance de photos publicitaires, d'élégantes apparitions à des premières, au bras de quelqu'un de plus connu qu'elle, et même à deux mariages : en 1942 avec Mickey Rooney, la star éternellement adolescente du studio, puis en 1945 avec le populaire musicien de jazz Artie Shaw elle épousera par la suite Frank Sinatra en 1951.
Ava Gardner obtient son premier rôle quand la M.G.M., avec qui elle a signé un contrat jusqu'en 1958, la prête à l'Universal comme partenaire de George Raft dans Whistle Stop Tragique rendez-vous, 1946, production modeste réalisée par le Franco-Russe Léonide Moguy. Satisfaite de sa prestation, l'Universal la redemande pour le principal rôle féminin du plus ambitieux The Killers Les Tueurs, 1946 de Robert Siodmak : dans ce chef-d'œuvre du film noir, la beauté sculpturale d'Ava Gardner complète magnifiquement la virilité sensuelle de Burt Lancaster. Étrangement touchante dans son rôle de femme fatale, elle fait poindre la femme blessée derrière l'archétype de la criminelle, comme l'évoque le blues qu'elle susurre au piano... Elle enchaîne, toujours dans le même studio, avec le mélodrame exotique Singapore Singapour, 1947 de John Brahm.
Cette escapade prolongée persuade la M.G.M. du potentiel de la jeune actrice. À son retour, le studio lui propose enfin de vrais rôles et désormais des stars de première grandeur comme partenaires : Clark Gable The Hucksters Marchands d'illusions, 1947, de Jack Conway ; Lone Star L'Étoile du destin, 1952, de Vincent Sherman, Robert Taylor The Bribe L'Île au complot, 1949, de Robert Z. Leonard ; Ride Vaquero ! Vaquero, 1953, de John Farrow ; The Knights of the Round Table Les Chevaliers de la table ronde, 1953, de Richard Thorpe ou Gregory Peck The Great Sinner Passion fatale, 1949, de Robert Siodmak. Royale, et comme indifférente, Ava Gardner traverse ces films de sa démarche de panthère, semant le doute tant dans les intrigues amoureuses qu'auprès des dirigeants du studio qui ne savent encore comment utiliser au mieux cette présence spectaculaire mais singulière. De plus, elle croit bien peu en ses capacités d'actrice et n'est pas très combative. C'est elle cependant qui a le plus beau rôle dans le grand mélodrame musical Show Boat 1951 de George Sidney − celui de la sang-mêlée Julie La Verne, au destin tragique, qui, victime des préjugés raciaux, sombrera dans l'alcool et se sacrifiera pour le couple d'amoureux. Ava Gardner travaille dur, mais la M.G.M., peu confiante en ses capacités, pratique des coupes dans son rôle et la double pour les deux magnifiques chansons de Jerome Kern qu'elle interprète d'une voix peut-être peu entraînée, mais remarquablement sincère c'est elle qu'on entend dans le disque, a contrario du film.

Sa vie

Ava Gardner est née le soir de Noël en 1922, elle est la plus jeune des sept enfants de Mary Elizabeth et Jonas Gardner, des fermiers exploitant de plantations de tabac. Son père meurt quand elle a douze ans. Elle fait ses études à l’Atlantic City Christian College de Wilson en Caroline du Nord et suit des cours de sténo-dactylo.Lucy Johnson
Ava Lavinia Gardner
Pendant une jeunesse pauvre et studieuse à Grabtown, Brogden, Newport News et Wilson, elle fait de fréquents passages à New York chez sa sœur aînée Béa, surnommée Bappie, mariée à un photographe professionnel, Larry Tarr. Impressionné par la beauté de la jeune fille, alors âgée de 17 ans, il prend des centaines de photos d'elle et les expose dans les vitrines de son studio de photos. C'est là que Barney Duhan, un employé de la MGM les remarque et suggère à Larry de les envoyer au studio de cinéma. Il déclare : J'allais à une soirée, j'étais en retard et je me suis dit que c'était vraiment moche, avec mon physique et mes revenus, de ne pas avoir de cavalière. C'est alors que j'ai vu cette photo, et je me suis exclamé à haute voix que je pourrais peut-être avoir son numéro de téléphone ? Marvin Schenck, qui s'occupe des jeunes talents de la MGM, découvre ces photos, la contacte et lui fait passer un bout d'essai. En 1941, elle signe un contrat de sept ans avec la MGM à cinquante dollars la semaine et part, accompagnée de sa sœur Bappie, à Hollywood...
Très handicapée par un terrible accent du terroir, Ava doit se contenter pour commencer, de séries de photos de pin-up et de petits rôles dans des films mineurs où elle apprend son métier. Ava ne fut même pas créditée dans les 14 films où elle figura de 1942 à 1943. Son nom apparaît pour la première fois au générique de Trois hommes en blanc en 1944. Elle suit des cours pour placer sa voix, des cours de diction pour la débarrasser de l’accent de Caroline du Nord et des cours d’art dramatique. Le réalisateur Joseph L. Mankiewicz y fera référence dans La Comtesse aux pieds nus où il fait dire à Humphrey Bogart qu'il ne veut aucun professeur de diction à ses côtés.

Premières amours

Pendant cette période, elle rencontre sur les plateaux de la MGM, Mickey Rooney, jeune acteur chevronné de la MGM et acteur populaire de la série des Andy Hardy. Le champion du box office lui fait découvrir le tout Hollywood et ne la quitte plus.
Elle sort temporairement de l'ombre quand elle épouse Mickey Rooney, avec le consentement de Louis B. Mayer le grand patron de la MGM. Le mariage eut lieu, organisé simplement par le studio, le 10 janvier 1942 à Ballard. Alors que les gens se sont beaucoup demandé si le fait d’être mariée à Mickey ne m’avait pas aidée à décrocher ma première série de figurations, je dois à la stricte vérité de dire qu’être Mme Rooney à la ville n’a en rien contribué à me propulser au firmament des étoiles. Jamais Mickey n’a tenté de faire de moi une actrice, jamais il ne m’a rien appris, jamais il ne m’a obtenu le moindre rôle. Le mariage durera 16 mois.
Elle rencontre par la suite le multimilliardaire Howard Hughes qui la courtise et la poursuivra de ses assiduités pendant de longues années, allant même jusqu'à l’espionner en la faisant suivre par ses sbires et mettre sur écoutes. Ava ne se préoccupe guère de ces « filatures » et refusera toujours ses avances et demandes en mariage tout en conservant son amitié.
Après quelque temps, elle fait un second mariage avec le musicien Artie Shaw en 1945, mais le mariage est un nouvel échec et ils divorcent un an plus tard. Bien qu'ils se soient quittés en bons termes, ce mariage fit beaucoup de mal à Ava, à cause des critiques et du cynisme de Shaw. Il lui avait même dit un jour : « Ava, tu es tellement belle mais tu es bête comme une oie.

Succès

Les films sans grand intérêt se sont succédé : Ava figure, non créditée, dans plus de quinze films entre 1941 et 1943, parfois dirigés par King Vidor, Fred Zinneman, Jules Dassin, George Sidney, Douglas Sirk, avec pour vedette féminine Myrna Loy, Hedy Lamarr, Lucille Ball, mais aussi les débutantes June Allyson et Gloria DeHaven.
La MGM lui donne enfin sa chance en 1946, pour commencer avec Tragique rendez-vous où elle donne la réplique, dans son premier grand rôle, à George Raft mais c’est surtout dans Les Tueurs que le papillon sort de sa chrysalide. Son personnage de femme fatale est créé avec ce film noir de Robert Siodmak, inspiré d'une nouvelle d'Ernest Hemingway, où elle interprète la vamp qui dupe Burt Lancaster pour la première fois à l’écran. C’est dans ce rôle qu’elle reçoit pour la première fois des commentaires élogieux de la part de la critique.
"Beaucoup de gens m’ont affirmé par la suite que mon image et ma carrière de star se sont dessinées dans Les Tueurs, où je me suis imposée en sirène fatale aux hanches ondulantes et au décolleté vertigineux, capable de flanquer le feu à la planète en restant adossée contre un piano."

Sa carrière a encore du mal à démarrer. Pourtant, très vite, son nom devient synonyme de sex-appeal : peu importe si elle joue mal ou ne joue pas, elle n'a qu'à paraître, cela suffit : Dans un film médiocre ou dans d'autres meilleurs mais qui ne prenaient nullement la peine de l'intégrer à l'intrigue et d'étoffer son personnage, elle affirmait royalement sa présence. La MGM profite du succès d’Ava, tout en la prêtant à d’autres compagnies de cinéma. Le studio utilise le côté torride de l’actrice, elle joue avec l’idole de sa jeunesse, Clark Gable qui a insisté pour l’avoir comme partenaire dans Marchands d’illusions. Pour Universal Pictures, elle incarnera Vénus, la déesse de l’amour, dans Un caprice de Vénus où la censure recouvre la statue nue représentant Ava Gardner d’un pudique drapé. S’ensuivent quelques films mineurs mis en scène par John Brahm, Jack Conway, Robert Siodmak, Mervyn LeRoy qui avait révélé Lana Turner, où elle côtoie Robert Taylor, Charles Laughton, Gregory Peck, James Mason, Barbara Stanwyck, Robert Mitchum...
À la fin des années quarante, Howard Hughes fait toujours partie des prétendants d’Ava, elle a également des liaisons avec Howard Duff ou encore Robert Taylor. C’est à cette période qu’elle tombe amoureuse de Frank Sinatra, alors marié à sa première épouse Nancy. L’acteur-chanteur au creux de la vague et la star montante vont connaître une passion tumultueuse et mouvementée qui va défrayer la presse à scandale pendant des années. Rongés mutuellement par la jalousie, leur relation sera ponctuée de violentes disputes. Quand leur liaison éclate au grand jour, la presse se déchaîne, Ava est qualifiée de briseuse de ménages, des prêtres catholiques leur envoient des lettres accusatrices, la Ligue de Défense de la Décence menace de boycotter les films d’Ava. Mais Nancy Sinatra finira par divorcer et les deux amants se marient le 7 novembre 1951.

Grands rôles

Après deux ans d’absence vient le temps des grands rôles. Un film va la propulser au sommet et le mythe de cette Vénus descendue sur terre va rencontrer une autre légende : celle du Hollandais volant sur son Vaisseau fantôme dans le film symbolique d’Albert Lewin Pandora 1951. Ava Gardner est définitivement consacrée par ce mélodrame onirique, où elle est filmée pour la première fois en couleurs ; elle démontre son extraordinaire présence sur l'écran et sa beauté impériale illumine ce mythe éternel. C’est pendant le tournage de ce film qu’elle découvre pour la première fois l’Europe et tout particulièrement deux pays qui vont marquer sa carrière et sa vie privée pour toujours, l’Angleterre et l’Espagne. Fascinée d’emblée par l’Espagne, elle s’y installera pendant plusieurs années à partir de décembre 1955.

Ava Gardner dans Show Boat 1951.

Ava Gardner a désormais le vent en poupe et la MGM diffuse des photos d’elle au rythme de trois mille par semaine3. George Sidney la réclame pour le très beau rôle de Julie Laverne, prévu en premier lieu pour Judy Garland, dans le film musical Show Boat. Dans ce film, Ava est doublée lorsque son personnage chante Can't Help Loving that Man. Elle insista ; pourtant, ce fut Annette Warren qui fut choisie pour le doublage. La MGM lui répondit : Écoutez, Ava, vous ne savez pas chanter et vous êtes avec des chanteurs professionnels. Ava Gardner, Mémoires, 1990, page 177 Son film suivant, Les Neiges du Kilimandjaro, lui apporte la renommée internationale. Héroïne idéale des romans d’Hemingway, qu’elle a connu à l’époque de Les Tueurs et qui est devenu son ami plus tard, Ava tourna trois adaptations tirées des œuvres de cet auteur : Les Tueurs, Les Neiges du Kilimandjaro et Le Soleil se lève aussi.
En 1951, elle enchaîne avec trois films qui seront tous d'immenses succès. Tout d’abord avec un film d’aventures chevaleresque, modèle du genre, Les Chevaliers de la Table ronde, tourné à Londres avec Robert Taylor. C’est le premier film de la MGM en CinemaScope. Elle retrouve Robert Taylor la même année dans un western, Vaquero. Et surtout Mogambo, remake de La Belle de Saïgon où elle reprend le rôle de Jean Harlow accompagnée de Clark Gable déjà présent dans la première version de 1932. Réalisé par John Ford, ce film à gros budget est tourné en Afrique en décors naturels, il donne à Ava une plus grande crédibilité d’actrice à Hollywood et elle reçoit une nomination aux Oscars, la première et la seule.

Mogambo 1953.

Cependant, le tournage a été difficile pour elle car elle subit deux avortements. Le premier, pendant le tournage : Je ne pouvais pas avoir un bébé dans ces conditions. Ma grossesse commençait à être visible bien avant la fin du tournage, et je devais donc informer John Ford avant toute chose. J'ai estimé que le moment était mal venu pour avoir un enfant. Une fois cette décision prise, la plus douloureuse que j'aie eu à prendre de ma vie je suis allée trouver mon réalisateur. John Ford a tout fait pour me dissuader.extrait Ava, Mémoires, Ava Gardner, 1990 page 225, Le second, à la toute fin du tournage, et cette fois-ci Frank Sinatra était au courant et en fut très attristé. Aussi longtemps que je vivrai, je n'oublierai pas mon réveil après l'intervention, quand j'ai vu Frank assis à mon chevet, les yeux pleins de larmes. Mais je pense que j'ai bien fait. extrait Ava, Mémoires, Ava Gardner, 1990 page 228
Ava expliquera dans ses mémoires, en 1990 pages 225 et 228 les raisons qui l'ont poussée à avorter : J'avais des principes très stricts sur le fait de mettre un enfant au monde. Je pensais que si l'on n'était pas décidée à lui consacrer l'essentiel de son temps pendant les années de la petite enfance, c'était injuste pour le bébé. Un enfant qui n'est pas désiré — et les enfants le sentent toujours — sera handicapé à vie. Sans parler de toutes les sanctions prévues par la MGM pour les stars qui faisaient des bébés. Si j'avais un enfant, mon salaire serait amputé. Alors comment est-ce que je gagnerais ma vie ? Frank était complètement fauché et cela risquerait bien de durer, c'est du moins ce que je pensais encore un certain temps. Elle ajoute : Frank et moi allions encore être séparés pendant des mois. Et cette situation a fait ressurgir mes vieux scrupules concernant le droit de faire un enfant quand on n'a pas un mode de vie sain et stable au sein duquel l'élever. Frank et moi n'avions pas cela. Nous n'avions même pas la possibilité de vivre ensemble, comme tous les couples mariés. Frankie rentrait à la maison sur le coup de quatre heures du matin, après un concert ou une soirée dans un night-club. Moi je devais quitter la maison à six heures trente du matin, quand ce n'était pas plus tôt, pour être à l'heure au studio. Pas vraiment ce qu'on appelle une vie de famille.
Joseph L. Mankiewicz, le réalisateur aux deux Oscars, la sollicite, malgré les réticences de la MGM, pour jouer Maria Vargas dans La Comtesse aux pieds nus. Dès les rumeurs de production, les plus grandes stars se mettent sur les rangs pour interpréter ce personnage dont la vie ressemble étrangement à celle de Rita Hayworth elle refusera d’ailleurs de l’interpréter, Elizabeth Taylor, Jennifer Jones, Linda Darnell, Yvonne De Carlo, Joan Collins, entre autres, sont sur la liste, mais Mankiewicz ne veut qu’Ava Gardner et la MGM finit par la prêter pour ce film, mais à prix d’or. La Comtesse aux pieds nus est également l’histoire d’Ava Gardner : les origines pauvres, la brillante ascension, le tempérament, le détachement vis-à-vis de son métier d’actrice et les illusions/désillusions face au bonheur. Maria Vargas dira Je crois que je suis belle, mais je ne veux pas n'être qu’une star. Si je pouvais apprendre à jouer, m’aideriez-vous à devenir une bonne actrice ?. Ce chef-d’œuvre reste l’apogée de sa carrière.

Exil en Europe

À 33 ans, en 1955, Ava quitte les États-Unis et s’installe en Espagne à La Moraleja près du centre de Madrid. Elle avait déjà rencontré Luis Miguel Dominguín, torero célèbre, quelque temps auparavant à une soirée madrilène et la star a enfin avec lui une relation amoureuse plus apaisée que celle qu’elle a partagée avec Sinatra. C’est d’ailleurs à cette époque que le couple Gardner-Sinatra se sépare pendant trois ans, ils finiront par divorcer en juillet 1957. Ils garderont tout au long de leur vie une relation d’amitié profonde. Privilégiant toujours sa vie amoureuse au détriment de sa carrière, Quand je suis amoureuse ou que je vis une aventure, je cesse de travailler, la MGM infligera une suspension de contrat à Ava pour avoir refusé le rôle de Ruth Etting dans Les Pièges de la passion, rôle qui sera tenu par Doris Day.

La Croisée des destins 1956.

Malgré son exil provoqué, Ava tourne encore quelques beaux films. Après deux années d’interruption, elle fait son retour avec le grand directeur d’actrices George Cukor dans La Croisée des destins, une super production avec deux ans de préparations et des milliers de figurants, un sujet sulfureux sur l’indépendance de l’Inde et le problème racial Anglo-Indien. Darryl F. Zanuck la sollicite pour Le soleil se lève aussi, film, 1957, sous les conseils d’Hemingway. Le film se passe en Espagne ainsi que le suivant La Maja nue biographie du peintre Francisco de Goya et de son égérie la Duchesse d’Albe, son dernier film sous contrat avec la MGM. Désormais actrice indépendante, Stanley Kramer lui confie le magnifique rôle crépusculaire de Moira Davidson dans Le Dernier Rivage.
Une des meilleures prestations d’Ava Gardner est celle de La Nuit de l'iguane de John Huston.Elle exprimera magnifiquement sa vitalité et son exceptionnelle sensualité dans cette adaptation d’une pièce de théâtre de Tennessee Williams. Elle fera encore quelques belles apparitions spécialement dans le rôle de Lily Langtry, icône sublimée du juge Roy Bean dans Juge et Hors-la-loi où elle retrouve pour la troisième fois le réalisateur John Huston qui lui décerne cet ultime hommage.
Elle aura une liaison, de nouveau mouvementée, avec l’acteur George C. Scott qui sous l’emprise de l‘alcool devient violent. Leur relation sera de courte durée. Elle explique dans ses Mémoires, en 1990 : Nous buvions tous les deux beaucoup, mais moi, l'alcool me rendait généralement heureuse et conciliante. George, quand il était ivre, pouvait devenir fou furieux sur un mode tout à fait terrifiant.page 307, Ava Gardner, Mémoires, 1990.
La Croisée des destins, qui lui offrait un rôle particulièrement riche, avait déjà connu un échec. Dans La Petite Hutte, où elle retrouvait Stewart Granger, sa plastique fut particulièrement mise en valeur. L'Ange pourpre, où elle séduisait le jeune Dirk Bogarde, fut massacré au montage ainsi que la prestation de Gardner - selon les propos de celui-ci. Le prestigieux Les 55 Jours de Pékin mis en scène par Nicholas Ray, au côté de Charlton Heston, reçoit un accueil tiède, et d'autres coûteuses superproductions - le péplum La Bible de John Huston, où elle interprète Sarah et George C. Scott Abraham, ou l'adaptation de Maeterlinck, L'Oiseau bleu, réalisée par George Cukor, où Gardner incarne la luxure et Elizabeth Taylor la maternité, échecs retentissants, contribuent au déclin de sa carrière.
Ava Gardner s'installe définitivement à Londres en 1968. Dans le même temps, la juvénile Catherine Deneuve, succédant à Danielle Darrieux, tient le rôle principal de Mayerling où Ava interprète une Impératrice Élisabeth — Sissi — vieillissante.
L'actrice retrouve Burt Lancaster dans la politique fiction Sept Jours en mai de John Frankenheimer et Charlton Heston dans le film catastrophe Tremblement de terre. Elle joue une méchante sorcière dans Tam Lin, dirigée par l'acteur Roddy McDowall et, dans le thriller Le Pont de Cassandra, elle interprète une femme qui paie un homme joué par Martin Sheen pour ses services sexuels. D'autres films, Priest of Love de Christopher Miles passent inaperçus.
En 1985 et 1986, poussée selon ses propres propos par des besoins financiers, Ava Gardner tourne quelques films : dans la série péplum A.D., elle joue la redoutable Agrippine, et elle retrouve son ancien amant Howard Duff dans quelques épisodes du soap Côte Ouest ; dans Les Feux de l'été d'après William Faulkner, Don Johnson succède à Paul Newman ; dans Harem, elle joue la première épouse du sultan de Turquie, Omar Sharif, son fils dans Mayerling.

Eva Prima Pandora sa Carrière

En réalité, c'est loin de la M.G.M. qu'Ava Gardner va interpréter ses rôles les plus fameux ; des personnages, imaginés tout spécialement pour elle, qu'elle fera vivre avec intensité. La beauté autant que l'esprit singulier de l'actrice inspirent les cinéastes originaux, alors qu'ils s'étiolent dans la routine. En Angleterre, Albert Lewin, intellectuel américain raffiné, épris de littérature et de peinture, fait d'elle Pandora Pandora and the Flying Dutchman, 1951, réécriture sur le mode surréaliste de la légende du Hollandais volant. Ava Gardner y incarne la femme éternelle, Eva Prima Pandora, comme il est dit dans le film n'oublions pas que son prénom se prononce en anglais Eva , prête à suivre son amour dans l'éternité. Pour ce film, Man Ray peint son portrait, que le chef opérateur Jack Cardiff irise de bleu profond et de vieux rose, la rendant à jamais magique.
C'est également Cardiff qui, dans la même admirable palette, la photographie pour son rôle le plus mythique, The Barefoot Contessa La Comtesse aux pieds nus, 1954 de Joseph L. Mankiewicz : elle y interprète Maria Vargas, danseuse de flamenco dans les bouges madrilènes, qui devient Maria d'Amata, star de cinéma hollywoodien. Ce rôle que le cinéaste-scénariste a imaginé d'abord pour Linda Darnell, puis pour Rita Hayworth, Ava Gardner se l'approprie totalement. Celle que la publicité surnommait, avec une certaine muflerie, le plus bel animal du monde, s'y montre une femme étonnamment libre, mais aussi perpétuellement frustrée : les hommes qui compteront pour elle, son ami le cinéaste Harry Dawes Humphrey Bogart et son mari impuissant, le comte Vincenzo Torlato Favrini Rossano Brazzi, ne pourront lui offrir qu'une relation platonique. Miroir de tous les désirs, Maria est peinte par ceux qui l'ont côtoyée, tandis que, sous une pluie battante, se déroule son enterrement, autour de son effigie marmoréenne mais pieds nus, comme la jeune Ava autrefois dans les plantations de tabac de ses parents.
Ce spleen si particulier, Ava Gardner le traîne jusqu'en Afrique où John Ford lui offre un rôle d'aventurière pleine de vitalité Mogambo, 1953. Cette mélancolie la prédestine également à l'univers d'Ernest Hemingway. Elle interprète à merveille ces belles héroïnes douloureuses, rongées par un secret mal de vivre, qui brûlent la chandelle par les deux bouts en Europe pour ne pas mourir en Amérique : Henry King lui propose par deux fois ce type de personnage The Snows of Kilimanjaro Les Neiges du Kilimandjaro, 1952 ; The Sun Also Rises Le Soleil se lève aussi, 1957.
George Cukor, qui savait comment tirer des trésors d'une actrice, la dirige à merveille dans le chatoyant La Croisée des destins Bhowani Junction, 1956, dans le rôle d'une métisse déchirée entre son appartenance à l'empire britannique et l'origine indienne qu'elle tient de son père, à l'heure où l'Inde est agitée par le message pacifiste de Gandhi. Ces rôles intenses, ces environnements tumultueux siéent à la sensualité d'Ava Gardner. En revanche, la biographie de Goya, où elle incarne la duchesse d'Albe, s'avère une occasion ratée, The Naked Maja La Maja nue, 1958, de Henry Koster.
Marquée par ces rôles, Ava Gardner, sous le charme du torero Luis Miguel Dominguìn, se fixe en Espagne et devient la cible des paparazzi. Elle choisit en quelque sorte la vie contre le cinéma, renonçant à la carrière fabuleuse qui aurait pu être la sienne, ne revenant au cinéma que lorsque le besoin matériel s'en fait sentir. En général, les films issus de cette période sont médiocres, même si Ava Gardner les interprète avec ferveur et dignité, les marquant immanquablement du magnétisme de sa présence The Angel Wore Red L'Ange pourpre, 1960, de Nunally Johnson ; Mayerling, 1968, de Terence Young, où elle endosse le rôle d'Élisabeth d'Autriche. Mais quelques rencontres heureuses sont toujours possibles et les miracles ont lieu, comme lorsqu'elle interprète une comtesse russe désenchantée, prise dans le tumulte de la révolte des boxers, dans 55 Days at Peking Les 55 Jours de Pékin, 1963, de Nicholas Ray, ou Lily Langtry, actrice mythique qui apparaît comme un rêve aux derniers plans de The Life and Times of Judge Roy Bean Juge et Hors-la-loi, 1972, de John Huston.
C'est d'ailleurs John Huston qui lui donne l'occasion d'une véritable composition et lui offre son dernier grand rôle, celui de Maxine Faulk créé à la scène par Bette Davis, tenancière débraillée, mais au grand cœur, d'une taverne à la frontière entre le Mexique et les États-Unis, dans La Nuit de l'iguane Night of the Iguana, 1964 d'après la pièce de Tennessee Williams. Ses colères y sont spectaculaires mais bon enfant ; elle les apaise par des rasades de tequila et des bains de minuit avec de jeunes mariachis ; mais elle y soigne aussi les états d'âme du pasteur défroqué Richard Burton.
Entre le cinéma et la télévision, Ava Gardner est restée active jusqu'à la fin de ses jours, et sa filmographie est en fin de compte beaucoup plus longue qu'on ne l'imagine. Mais l'essentiel, elle l'a donné en quelques années, dans quelques films, pour quelques cinéastes choisis, à qui elle a fait don d'une beauté exceptionnelle mais aussi de la grâce instinctive d'une actrice spontanée, que jamais le système n'a réussi à formater.
Elle tombe malade en 1986 et meurt d'une pneumonie chez elle à Londres le 25 janvier 1990 à l'âge de 67 ans.

Filmographie
Cinéma Années 1940

Ava Gardner et Clark Gable dans Marchands d'illusions 1947.
1941 : Fancy Answers court métrage :
1941 : Rendez-vous avec la mort Shadow of the Thin Man de W. S. Van Dyke : Une Passante
1941 : Souvenirs H.M. Pulham, Esq. de King Vidor : Une jeune mondaine
1941 : Débuts à Broadway Babes on broadway de Busby Berkeley : Un membre de l'audience
1942 : We Do It Because court métrage : Lucrèce Borgia
1942 : Danse autour de la vie We were dancing de Robert Z. Leonard : Une femme
1942 : Un Américain pur sang Joe Smith, American de Richard Thorpe : Mlle Maynard, une secrétaire
1942 : Le Sourire de vos lèvres This Time for Keeps de Charles Reisner : La fille dans la voiture
1942 : Kid Glove Killer de Fred Zinnemann : Une serveuse
1942 : Sunday Punch de David Miller : Une spectatrice
1942 : Calling Dr. Gillespie de Harold S. Bucquet : Une étudiante
1942 : Mighty Lak a Goat de Herbert Glazer : Une fille au guichet
1942 : Quelque part en France Reunion in France de Jules Dassin : Marie, une vendeuse
1943 : Pilot N° 5 de George Sidney : Une femme
1943 : La Du Barry était une dame Du Barry Was a Lady de Roy Del Ruth : La parfumeuse
1943 : Hitler's Madman de Douglas Sirk : Franciska Pritric, une étudiante
1943 : Ghosts on the Loose de William Beaudine : Betty
1943 : Young Ideas de Jules Dassin : Une étudiante
1943 : Swing Fever de Tim Whelan : Une réceptionniste
1943 : L'Ange perdu The Lost Angel de Roy Rowland : La fille du vestiaire
1944 : Deux jeunes filles et un marin Two Girls and a Sailor de Richard Thorpe : Une hôtesse.
1944 : Trois hommes en blanc Three Men in White de Willis Goldbeck : Jean Brown
1944 : Maisie Goes to Reno d'Harry Beaumont : Gloria Fullerton
1944 : Blonde Fever de Richard Whorf : Une figurante
1944 : Tendre symphonie Music for Millions de Henry Koster : Une figurante
1945 : She Went to the Races de Willis Goldbeck : Hilda Spots
1946 : Tragique rendez-vous Whistle Stop de Léonide Moguy : Mary
1946 : Les Tueurs The Killers de Robert Siodmak : Kitty Collins
1947 : Singapour Singapore de John Brahm : Linda Grahame / Ann Van Leyden
1947 : Marchands d'illusions The Hucksters de Jack Conway : Jean Ogilvie
1948 : Un caprice de Vénus One Touch of Venus de William A. Seiter : Vénus
1949 : L'ÃŽle au complot The Bribe) de Robert Z. Leonard : Elizabeth Hintten
1949 : Passion fatale The Great Sinner de Robert Siodmak : Pauline Ostrovsky
1949 : Ville haute, ville basse East Side, West Side de Mervyn LeRoy : Isabel Lorrisson

Années 1950

Ava Gardner dans Mon passé défendu 1951.
Ava Gardner dans La Comtesse aux pieds nus 1954.
1951 : Pandora Pandora and the Flying Dutchman d'Albert Lewin : Pandora Reynolds
1951 : Mon passé défendu My Forbidden Past de Robert Stevenson : Barbara Beaurevel
1951 : Show Boat de George Sidney : Julie LaVerne
1952 : L'Étoile du destin Lone Star de Vincent Sherman : Martha Ronda
1952 : Les Neiges du Kilimandjaro The Snows of Kilimanjaro d'Henry King : Cynthia Green
1953 : Vaquero Ride, Vaquero! de John Farrow : Cordelia Cameron
1953 : Mogambo de John Ford : Eloise Y. Honey Bear Kelly
1953 : Les Chevaliers de la Table ronde (Knights of the Round Table) de Richard Thorpe : La reine Guenièvre
1954 : La Comtesse aux pieds nus The Barefoot Contessa de Joseph L. Mankiewicz : Maria Vargas
1956 : La Croisée des destins (Bhowani Junction de George Cukor : Victoria Jones
1957 : La Petite Hutte The Little Hut de Mark Robson : Lady Susan Ashlow
1957 : Le Soleil se lève aussi The Sun Also Rises d'Henry King : Lady Brett Ashley œuvre tirée du roman d'Ernest Hemingway
1958 : La Maja nue The Naked Maja d'Henry Koster et Mario Russo : Maria Cayetana, duchesse d'Albe
1959 : Le Dernier Rivage On the Beach de Stanley Kramer : Moira Davidson

Années 1960

1960 : L'Ange pourpre The Angel Wore Red de Nunnally Johnson : Soledad
1963 : Les 55 Jours de Pékin 55 Days at Peking de Nicholas Ray : La baronne Nathalie Ivanoff
1964 : Sept Jours en mai Seven Days in May de John Frankenheimer : Eleanor Holbrook
1964 : La Nuit de l'iguane The Night of the Iguana de John Huston : Maxine Faulk
1966 : La Bible The Bible… In The Beginning de John Huston : Sarah
1968 : Mayerling de Terence Young : L'impératrice Elisabeth

Années 1970

1970 : Tam Lin The Ballad Of Tam Lin de Roddy McDowall : Michaela Cazaret
1972 : Juge et Hors-la-loi The Life and Times of Judge Roy Bean de John Huston : Lily Langtry
1974 : Tremblement de terre Earthquake de Mark Robson : Reny Graff
1975 : La Trahison Permission to Kill de Cyril Frankel : Katina Petersen
1976 : L'Oiseau bleu The Blue Bird de George Cukor : Luxure
1977 : Le Pont de CassandraThe Cassandra Crossing de George Cosmatos : Nicole Dressler
1977 : La Sentinelle des maudits The Sentinel de Michael Winner : Mlle Logan
1979 : Cité en feu City on Fire d'Alvin Rakoff : Maggie Grayson

Années 1980

1980 : L'Enlèvement du président The Kidnapping of the President de George Mendeluk : Beth Richards
1981 : Priest of Love de Christopher Miles : Mabel Dodge Luhan
1982 : Regina Roma de Jean-Yves Prate : Mama

Télévision

1985 : A.D., série de Stuart Cooper avec James Mason, Anthony Andrews, Jennifer O'Neill, Agrippine
1985 : Côte Ouest Knots Landing, série créée par David Jacobs avec William Devane, Howard Duff, Donna Mills, Ruth Roman, Ruth Galveston
1985 : Les Feux de l'été The Long Hot Summer, téléfilm de Stuart Cooper avec Jason Robards, Don Johnson, Cybill Sheperd, William Russ, Minnie Littlejohn
1986 : Harem, téléfilm de William Hale avec Omar Sharif, Sarah Miles, Nancy Travis, Art Malik, Kadin
1986 : Maggie, téléfilm de Waris Hussein, Diane Webb


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#96 Alice Paul
Loriane Posté le : 11/01/2015 15:03
Le 11 janvier 1885 naît Alice Paul

morte le 9 juillet 1977, suffragette américaine. Avec son amie Lucy Burns et d'autres féministes, elle contribua à l'obtention du droit de vote des femmes aux États-Unis en 1920 XIXe Amendement à la Constitution.

Sa vie

Alice Paul suit des études secondaires au Swarthmore College et obtient par la suite une maîtrise et un doctorat à l’université de Pennsylvanie. Elle décroche également une licence de droit au Washington College of Law en 1922. En 1927, elle est diplômée d'une maîtrise en droit, et en 1928, d’un doctorat en droit civil à l'American University.

Suffrage des femmes et XIXe amendement

Après avoir obtenu son diplôme de l'université de Pennsylvanie, Alice Paul rejoint la National American Woman Suffrage Association (NAWSA) et est nommée présidente de leur comité à Washington. Son premier travail consista à organiser en 1913 un défilé dans la capitale fédérale le jour précédent la prise de fonctions du président Woodrow Wilson, défilé qui fut un succès en dépit des attaques d’une foule masculine hostile. Après des mois de collecte de fonds et de sensibilisation pour leur cause, le nombre de membres augmenta de façon significative. L’objectif était de faire pression en vue d’un amendement constitutionnel accordant le droit de vote aux femmes. Une telle modification avait été initialement demandée par les suffragettes Susan B. Anthony et Elizabeth Cady Stanton, qui elles avaient visé l’obtention du vote des femmes, État par État.

Les méthodes de Alice Paul commencèrent à créer des tensions entre elle et les leaders de la NAWSA, qui estimaient qu'un amendement constitutionnel n'était pas un objectif réalisable. Lorsque leur travail de pression se révéla infructueux, Alice Paul et ses soutiens formèrent en 1916 le National Woman’s Party (NWP) ; elles se mirent alors à reprendre quelques-unes des méthodes utilisées par le mouvement des suffragettes en Grande-Bretagne. Le National Woman’s Party fut largement financé par Alva Belmont, une femme du monde multi-millionnaire ; il publiait une revue hebdomadaire, Suffragist.

Lors de l'élection présidentielle américaine de 1916, Alice Paul et le NWP firent campagne contre le refus persistant du président Woodrow Wilson et d'autres responsables démocrates de soutenir l'amendement constitutionnel. En janvier 1917, le NWP commença ses premières protestations politiques en formant un piquet de protestation devant la Maison-Blanche. Les femmes formant les piquets s’appelaient des « sentinelles silencieuses » ; elles tenaient des banderoles réclamant le droit de vote. C’était un exemple d'une campagne de désobéissance civile non violente. En juillet 1917, des protestataires furent arrêtés sur des accusations d’obstruction du trafic. Beaucoup, y compris Alice Paul, furent reconnues coupables et incarcérées à la Occoquan Workhouse, en Virginie, de nos jours le complexe correctionnel de Lorton et à la prison du district de Columbia.

En protestation contre les conditions d’incarcération à la Occoquan Workhouse, Alice Paul entreprit un grève de la faim ; elle fut placée à la section psychiatrique de l’hôpital de la prison et gavée de force d'œufs crus à travers un tube d'alimentation. Lorsque ce qu’elle subissait fut connu grace à la médiatisation, de nouvelles manifestations se déroulèrent, maintenant la pression sur l'administration Wilson. En janvier 1918, Wilson annonça que le suffrage des femmes était un besoin urgent en tant que « mesure de guerre », et demanda au Congrès d'adopter le projet de loi. En 1919, grâce à la majorité d’un seul vote de l'État du Tennessee, le XIXe Amendement à la Constitution des États-Unis garantissait le vote des femmes.
L’amendement sur l'égalité des droits ERA

En 1923, Alice Paul fut l'auteure d'une proposition d’amendement sur l’égalité des droits dans la Constitution. Cette proposition ne passera pas au Sénat avant 1972, quand elle fut approuvée puis soumise pour ratification. L’approbation par 38 États était nécessaire pour assurer l'adoption de l'amendement. Il n’y eut pas assez d’États — seulement 35 — pour voter en faveur de l’amendement à temps pour la date limite. Toutefois, les efforts pour faire adopter l’ERA par le Congrès dans les années 1970 sont toujours d’actualité, ainsi que les efforts visant à adopter un nouvel amendement sur l’égalité. Presque la moitié des États américains ont adopté l'ERA dans leurs constitutions respectives.

Mort

Alice Paul est décédée à l'âge de 92 ans le 9 juillet 1977 à l' Accueil Quaker Extension Greenleaf dans le canton de Moorestown, New Jersey, près de sa maison familiale de Paulsdale.

Hommages

Le Swarthmore College a nommé le « Centre des femmes » et un dortoir en son honneur. La Montclair State University dans le New Jersey a également nommé un bâtiment en son honneur.
Hilary Swank, dans le film Volonté de fer (Iron Jawed Angels) (2004), a joué son rôle.
Deux pays ont émis un timbre-poste en son honneur : la Grande-Bretagne en 1981 et les États-Unis en 1995 (un timbre à 78 ¢ dans la série « Great Americans »).
Il est prévu de diffuser en 2012, aux États-Unis, une pièce de 10 $ d’un demi-once d'or, dans le cadre d’une série « Première dame », pour honorer les épouses des présidents américains. Comme le président Chester A. Arthur était veuf, Alice Paul a été choisie pour figurer à la place de celle d'Arthur.
En 1989, lors du centenaire de la Fondation Alice Paul, des fonds furent réunis pour acheter la ferme de brique à Mount Laurel, où elle était née.
Elle est inscrite au National Women's Hall of Fame.


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#97 Violette Nozières 1
Loriane Posté le : 11/01/2015 14:21
Le 11 janvier 1915 naît Violette Germaine Nozière

à Neuvy-sur-Loire dans la Nièvre, femme française, morte le 26 novembre 1966 à Petit-Quevilly Seine-Maritime qui défraie la chronique judiciaire et criminelle dans les années 1930. Cette jeune parricide de 18 ans est condamnée à mort par la cour d'assises le 12 octobre 1934 à Paris, peine commuée par le président de la République Albert Lebrun en travaux forcés à perpétuité. Elle est finalement libérée le 29 août 1945, puis graciée par le général de Gaulle le 15 novembre suivant. La cour d'appel de Rouen rend un jugement exceptionnel dans les annales de la justice française concernant l'auteur d'un crime de droit commun qui a été condamné à la peine capitale, et prononce la réhabilitation de Violette Nozière le 13 mars 1963. Cette affaire connait un grand retentissement en France et de par son impact médiatique jusqu'à nos jours, est devenue un fait de société.

Sa vie

Germaine Hézard rencontre au mois de juin 1913, Baptiste Nozière. Le couple demeure à Paris, dans le 12e arrondissement, au no 10 bis rue Montgallet. Elle est déjà enceinte de quatre mois, lorsqu'elle épouse en secondes noces Baptiste, à Paris dans le même arrondissement, le 17 août 1914. Les époux n'ont pas fait de contrat de mariage. Germaine Hézard est mécanicienne, car un certain nombre de femmes remplacent les hommes mobilisés. C'est le début de la Première Guerre mondiale. Baptiste Nozière est chauffeur aux chemins de fer et le reste tout au long des hostilités : il effectue la campagne contre l'Allemagne au PLM, du 2 août 1914 au 10 novembre 1918, au transport des troupes et du matériel militaire. Pendant toute la période de la Guerre, Neuvy-sur-Loire est le lieu de résidence de Baptiste et Germaine Nozière.
À la fin de la Grande Guerre, Baptiste Nozière revient à Paris, du fait de sa profession. La famille se loge au no 9 rue de Madagascar, dans le 12e arrondissement, proche de la gare de Lyon. Violette va passer toute sa jeunesse dans un simple deux-pièces cuisine, au sixième étage sur cour. La promiscuité des lieux ne laisse que peu de place à l'intimité. Le climat familial devient pour Violette trop étouffant. Bonne élève, Violette obtient le certificat d'études. Elle poursuit ses études dans l'école primaire supérieure de jeunes filles, Sophie Germain du 4e arrondissement, puis au lycée Voltaire, dans le 11e arrondissement. Les parents de Violette inscrivent ensuite leur fille au lycée Fénelon, dans le Quartier latin.
Ces changements d'établissements, sont la conséquence de la dégradation des résultats scolaires, mais surtout du comportement de Violette. Un conseil des professeurs rend un avis sans appel : Paresseuse, sournoise, hypocrite et dévergondée. D'un exemple déplorable pour ses camarades. La jeune fille paraît plus que son âge ; elle découvre les premiers sentiments amoureux, et compte parmi ses premiers amants, Pierre Camus, un étudiant en médecine à Paris, et Jean Guillard, un ami d'enfance qu'elle retrouve pendant les vacances à Neuvy-sur-Loire. Elle recourt à ses premiers mensonges, du fait de retards et d'absences répétés. Violette va acquérir la réputation d'être une petite coureuse, tout comme sa meilleure amie, Madeleine Debize, dite Maddy, qui demeure également dans le 12e arrondissement. Maddy a une véritable influence sur Violette. Cette génération née dans la guerre, vivant dans une période de crise économique profonde, pense surtout à se divertir et veut se libérer de la tutelle moralisatrice et envahissante de la précédente génération. Elles n'ont pas le droit de vote et doivent attendre l'âge de la majorité, soit vingt et un ans, pour être autonomes. L'avenir que la société leur réserve est tout tracé : être une bonne mère et une bonne épouse. Un lendemain encore bien lointain pour Violette. Le besoin d'indépendance, de liberté, de plaisirs, de changer de vie, est de plus en plus réel. Pour ses sorties, et faire face à ses dépenses comme les toilettes, les restaurants, les bars, les hôtels, les taxis, Violette a besoin d'argent. Commencent alors les vols, au domicile de ses parents ou chez des commerçants. Elle va également recourir à la prostitution occasionnelle, pour subvenir rapidement à ses dépenses, ce que Violette nommera pudiquement Les passages utilitaires. Elle n'hésite pas non plus, à poser nue pour une revue. Une lente dérive s'amorce et une double vie s'installe.
Au mois d'avril 1932, Violette apprend, après plusieurs consultations auprès du docteur Henri Déron, à l'hôpital Xavier-Bichat, situé dans le 18e arrondissement de Paris, qu'elle est syphilitique8. Elle va imaginer une sœur du docteur Déron, une relation flatteuse et au-dessus de tout soupçon, pour justifier ses absences auprès de sa famille. Désœuvrée, Violette passe la majeure partie de son temps dans les cinémas et les brasseries des grands boulevards du 5e arrondissement. Ses préférences sont le bar de la Sorbonne ou le Palais du Café au 31 boulevard Saint-Michel et cet établissement devient son quartier général. La fréquentation du monde étudiant, cette classe sociale aisée, amène aussi Violette à mentir sur ses origines, son milieu : son père est devenu ingénieur en chef au PLM et sa mère est première chez Paquin. Violette a honte de ses parents, qui sont pourtant bien indulgents avec leur fille. Elle s'en éloigne de plus en plus. Elle confie à ses camarades, ses tourments : que son père oubliait qu'il était son père, ou sa conduite trop particulière envers elle et qu'il était jaloux de ses amis. Le 14 décembre 1932, Violette dérobe un dictionnaire dans une librairie. À la suite de ce méfait, une dispute éclate entre le père et la fille. Le lendemain de l'incident, les parents découvrent un mot de Violette, qui leur fait part de son intention de se jeter dans la Seine. Aussitôt, les commissariats proches sont alertés. Leur fille est retrouvée quai Saint-Michel dans le 5e arrondissement, saine et sauve.
La maladie de Violette s'aggrave au début du mois de mars 1933 et elle n'a plus d'autre choix que d'informer ses parents de son état de santé, suivant les recommandations de son médecin. Elle amène le docteur Henri Déron à rédiger un faux certificat de virginité. De cette façon, c'est rendre ses parents responsables de cette maladie contagieuse, l'hérédosyphilis. Le médecin convoque à l'hôpital, Baptiste Nozière le 19 mars 1933. À son retour, il prévient son épouse de cette maladie héréditaire, dont souffre Violette. En résulte une nouvelle dispute entre les parents et leur fille, mais pour Violette, ce sera une dispute de trop.

L'affaire Violette Nozière Les faits

L'atmosphère du foyer est délétère et le ressentiment de Violette envers ses proches s'accentue. Elle pense à sa tentative de suicide du mois de décembre et décide d'entraîner sa famille dans la mort. Le 23 mars 1933, Violette achète un tube de soménal, un somnifère15, en pharmacie. Elle persuade ses parents de prendre ce médicament, que le docteur Déron aurait prescrit, afin de les protéger d'une éventuelle contagion. Il s'agit de la première tentative d'empoisonnement. La dose administrée est faible et Violette Nozière ingère également les comprimés. Au cours de la nuit vers deux heures du matin, un début d'incendie se déclare dans l'appartement. Le feu consume le rideau qui sépare le couloir de la chambre. Violette alerte ses voisins de palier, monsieur et madame Mayeul. Baptiste Nozière parvient à revenir à lui, mais son épouse est hospitalisée à l'hôpital Saint-Antoine 12e arrondissement. L'enquête ne va pas plus loin et établit que les malaises des parents sont dus à l'intoxication de la fumée.
Malgré ces événements, le quotidien reprend son cours normal et Violette continue de mener sa double vie. Un séjour à Prades dans la Haute-Loire, berceau de la famille Nozière, est décidé pour les fêtes de la Pentecôte au mois de mai chez le père de Baptiste, Félix Nozière, ancien boulanger et aubergiste. Un différend familial oppose pourtant le fils à son père. La relation qu’entretient Félix Nozière avec sa belle-fille, Marie Michel, veuve de son frère Ernest Nozière, envenime la situation. Mais cela n'empêche pas les parents de Violette de rester quinze jours et leur fille, six semaines. Plus d'une fois, elle échappe à la vigilance de son grand-père, pour rejoindre les jeunes gens du pays. Les vacances s'achèvent, Violette revient à Paris le 26 juin 1933.
Violette Nozière rencontre le 30 juin 1933, un étudiant en droit, Jean Dabin. C'est un nouvel amant, mais un amant de cœur. Violette, comme à son habitude, enchaîne les mensonges concernant la situation professionnelle de ses parents. Quant à Jean Dabin, il est en dette permanente et vit sans l'ombre d'un moindre remords, aux crochets de Violette qui lui remet chaque jour 50 ou 100 francs. Mais les racolages de Violette ou les emprunts auprès de ses amis, ne suffisent plus pour entretenir son amant.
Au début de l'été 1933, la situation professionnelle de Baptiste Nozière s'améliore. Estimé par sa hiérarchie, son salaire est augmenté. Le 2 juillet 1933, Baptiste est désigné pour conduire le train du président de la République, Albert Lebrun. Le 8 juillet, notre cheminot reçoit la médaille des Chemins de Fer. Mais le 14 suivant, en gare de Lyon, Baptiste Nozière perd l'équilibre et tombe de sa locomotive. Hospitalisé à La Pitié-Salpêtrière, il est de retour parmi les siens, le 17 août 1933. Deux semaines de convalescence sont prescrites à Baptiste, très affaibli.
Ce même 17 août, Jean Dabin doit partir quelques jours voir son oncle à Hennebont dans le Morbihan. Violette souhaite le retrouver en Bretagne et prolonger les vacances avec lui jusqu'aux Sables-d'Olonne, mais en automobile. Un rêve un peu fou se dessine, pourquoi pas en Bugatti, même d'occasion ? Il lui faut trouver la somme. Au cours des différentes fouilles dans l'appartement, Violette sait à présent que ses parents disposent de 165 000 francs en titres et en billets, déposés dans un coffre du Crédit lyonnais. Comment en disposer et se libérer de la tutelle de sa famille ? Comment se délivrer d'un lourd secret ?
Le 21 août 1933, Violette renouvelle sa tentative du 23 mars, mais avec une dose beaucoup plus forte de soménal. Elle en achète trois tubes et écrit une fausse ordonnance émanant du docteur Déron. Les comprimés sont réduits en poudre et celle-ci est répartie dans deux sachets identiques. Un troisième sachet marqué d'une croix, contient un dépuratif inoffensif. Pendant ce temps, les parents ne sont pas au bout de leurs surprises. Ils découvrent que de l'argent a disparu et en cherchant dans les affaires de leur fille, trouvent une lettre de Jean Dabin. Au retour de Violette, c'est une violente dispute. Le climat finit par s'apaiser. Le soir après le dîner, Violette absorbe le contenu du sachet identifié par une croix. Son père sans méfiance, avale la totalité du poison, par contre sa mère en jette la moitié, ce qui lui sauve la vie. Baptiste s'effondre sur le lit de Violette. Germaine tombe à son tour et se blesse à la tête en heurtant un montant du lit. Violette vole l'argent qui se trouve sur sa mère et prend la paie de son père, en tout 3 000 francs. Elle quitte l'appartement pour y revenir le 23 août à une heure du matin. Violette ouvre le gaz, afin de faire croire que ses parents ont tenté de se suicider par ce moyen et alerte ses voisins, comme au mois de mars, monsieur et madame Mayeul. Baptiste Nozière est mort. Son épouse inconsciente respire encore, et elle est emmenée en urgence, à l'hôpital Saint-Antoine.
L'enquête de la police révèle deux faits importants : l'absence des dépenses inscrites au quotidien, dans un registre tenu par madame Nozière pour la journée du 22 août et le compteur à gaz entre deux relevés, démontre que la quantité échappée est insuffisante pour asphyxier le couple.
Le 23 août 1933 à 15 h 00, le commissaire Gueudet emmène Violette à l'hôpital Saint-Antoine, dans l'intention de la confronter avec sa mère qui commence à sortir du coma. Le policier va s'enquérir de son état de santé et vouloir poser quelques questions à Germaine Nozière. Il demande à la jeune fille de l'attendre dans le petit bureau de la surveillante, attenant à la salle où se trouve sa mère. Cette dernière n'est pas en état de répondre aux questions du policier, qui s'en retourne aussitôt. Mais le commissaire constate que Violette Nozière a disparu. Cette fuite est alors considérée comme un aveu de culpabilité. Le 24 août, la mère de Violette peut enfin s'exprimer et donne sa version des faits. Ce même jour, Violette est inculpée pour homicide volontaire et fait l'objet d'un mandat d'amener. Sa cavale dure une semaine dans Paris. Un témoin dira même que la jeune femme s'est jetée dans la Seine. La presse se déchaîne : Le monstre en jupons traqué par la police. Le 28 août 1933, Violette Nozière, est arrêtée dans le 7e arrondissement, par la brigade criminelle, que dirige le commissaire Marcel Guillaume, à la suite de la dénonciation d’un jeune homme de bonne famille, André de Pinguet.

La presse, la politique et l'affaire

Aussitôt, la presse s'empare de l'affaire, qui fait la une des quotidiens. Elle se demande qui est cette parricide de 18 ans. Dans une revue mensuelle de septembre 1933, l'article consacré à Violette, se termine ainsi : … Comme on le voit, Violette Nozière est passée au premier plan de l'intérêt public et le crime dont elle s'est rendue coupable subsistera longtemps dans la mémoire de ceux que passionnent et répugnent à la fois ces émouvantes tragédies humaines. Déjà, de l'autre côté de l'Atlantique, des écrivains, particulièrement doués d'un sentiment sinistre, préparent des scénarios inspirés de l'abominable crime de la rue de Madagascar.
Sur fond de passion, la presse donne le ton : le mythe Violette Nozière est né. Les rédactions envoient leurs équipes de journalistes, qui mènent leurs propres investigations, sur le lieu du drame, au 36 quai des Orfèvres, au Palais de Justice, au laboratoire de toxicologie de la préfecture de police, où est analysé le poison, à l'Institut médico-légal du quai de la Rapée dans le 12e arrondissement où le corps de Baptiste Nozière a été transporté pour l'autopsie, à l'hôpital Saint-Antoine dans le même arrondissement où se trouve la mère de Violette, dans le département de la Nièvre ou de la Haute-Loire.
Le lecteur doit tout savoir sur Violette. Une surenchère d'informations les plus diverses sont publiées, où se mêlent les comptes-rendus rigoureux et la recherche du sensationnel. Cette affaire impliquant une femme, grave son empreinte dans la mémoire collective. La presse a bien compris l'impact que ce drame pouvait avoir sur le public. Certains journaux vont même innover, afin d'obtenir un succès commercial rapide34. Les reportages appuyés par de multiples photographies, tel le déroulement d'un film, avec ses titres chocs, interpellent, immergent le lecteur dans l'action, qui participe ainsi indirectement à l'enquête. Le lecteur devient acteur. Les tirages des quotidiens augmentent : Violette Nozière fait vendre. L'actualité nationale et internationale est mise à un niveau de moindre importance. La foule se déplace en masse sur le passage de Violette lors des convocations du juge d'instruction Edmond Lanoire, des confrontations qui s'ensuivent, devant la prison de la Petite Roquette où Violette est détenue. Les chansonniers prennent le relais. L'opinion publique se divise en deux camps et s'enflamme pour l'affaire Violette Nozière.
La reconstitution du crime au 9 rue de Madagascar attire une foule nombreuse, Une foule carnassière écrit Marcel Aymé, dans le journal Marianne le 24 octobre 1934.

L'affaire précisément prend une nouvelle dimension, car l'enquête est confiée à un commissaire de renom : Marcel Guillaume36. Le commissaire divisionnaire du 36 quai des Orfèvres, est connu pour s'être occupé des crimes de la bande à Bonnot, Landru et l'assassinat du président de la république Paul Doumer. Si le juge d'instruction Edmond Lanoire charge ce haut personnage de mener les investigations sur Violette Nozière, c'est que l'affaire est jugée sérieuse, digne des plus grands criminels. Le magistrat lui-même est redoutable, aguerri par ses années d'expérience. Enfin, Violette aura pour avocats Maître Henri Géraud, un ténor du barreau, qui a défendu Raoul Villain, l'assassin de Jean Jaurès et Paul Gorgulov, le meurtrier du président de la République Paul Doumer. Le second avocat de Violette, est Maître René de Vésinne-Larue. Ce jeune licencié en droit, est aussi licencié ès sciences, diplômé d'astronomie et de l'Institut des sciences politiques. Ces personnalités autour de cette jeune parricide, inconnue des services de police, aura un impact considérable sur l'opinion publique et bien évidemment sur la presse. Voici Violette Nozière projetée sur le devant de la scène. Cette soudaine notoriété, va dépasser le cadre judiciaire.
Dans le contexte d'affrontement entre droite et gauche, l'affaire est très vite au centre des choix politiques. La droite fustige en Violette, une jeunesse d'après-guerre dévoyée, fait appel à l'ordre moral et au retour des valeurs. Le monde à ce moment semble perdre tous ses points de repères. L'année 1933 est marquée par l'arrivée d'Adolf Hitler en Allemagne, et les plus lucides s'interrogent sur l'avenir. Cette même année, le 2 février 1933, un autre fait divers avait secoué la France : le double meurtre des sœurs Papin. Christine et Léa Papin, domestiques, avaient massacré leur patronne et sa fille à la suite d'un différend. D'aucuns considèrent cet acte de démence, comme une atteinte à l'ordre social. À présent, le crime de Violette Nozière, commis dans le milieu des classes moyennes, jette le trouble, l'effroi et l'horreur. Tous les fondements de la société, familiaux et sociaux, vacillent. Qui plus est, ces fondements sont mis à mal par une jeune femme. Ainsi, par delà les volets clos d'un foyer respectable, l'inimaginable a été commis par une étudiante, votre propre enfant. Les Français sont sous le choc. Violette Nozière est mise au ban de la société. Comment le monstre en jupons s'est-il affranchi de toute morale, allant jusqu'à accuser son père de relations incestueuses ? Les bien-pensants refusent de croire la jeune fille, dont la double vie scandalise : mythomane, voleuse, libertine, provocante, le portrait que l'on trace d'elle n'engage pas à l'indulgence. La vengeresse n'a jamais eu l'attitude d'une victime.
Le commissaire Marcel Guillaume, à la suite de ses recherches, juge crédible la version de Violette Nozière. Il exprime ainsi son sentiment personnel après le premier interrogatoire de Violette : Il y a des cris de sincérité auxquels on ne peut pas se tromper : c'est un de ces cris que j'ai entendu au cours de la soirée du 28 août, et qui me fait écrire aujourd'hui que, si coupable que fût Violette Nozière, elle méritait du moins d'obtenir les circonstances atténuantes. Le commissaire Guillaume sera rejoint par d'autres défenseurs de Violette.
La gauche fait de Violette un symbole de la lutte contre la société et ses dérives. L'amant de Violette, Jean Dabin, celui qui a corrompu Violette en vivant de ses générosités, n'est-il pas un camelot du roi ? Les surréalistes prennent la défense de Violette qui devient leur muse. Louis Aragon signe en 1933 une chronique dans L'Humanité où il la présente comme une victime du patriarcat. Le 24 octobre 1934, Marcel Aymé interpelle par son plaidoyer, en faveur de Violette : Dans l'hypothèse d'un inceste, quelle pitié ne méritait pas la malheureuse, et quel pardon !. L'inceste, sujet tabou dans une société masculine, permet à Paul Éluard d'écrire un poème qui reste dans les mémoires : Violette a rêvé de défaire / A défait / L'affreux nœud de serpents des liens du sang. Écrivains, poètes, mais également peintres, prennent fait et cause pour Violette Nozière. Cette médiatisation de l'affaire influencera les chefs d'État successifs qui eurent, par la suite, à décider du sort de Violette.
Les enquêtes parallèles menées par les journalistes, ont également une influence sur celles des autorités. Des lettres de dénonciation parviennent dans les rédactions de la presse, à la police judiciaire ou chez le juge d'instruction40. Le monde étudiant et le Quartier Latin en particulier, font l'objet des attaques de la presse : « Nous partageons entièrement l'opinion de M. Clément Vautel, mais nous nous permettrons d'ajouter qu'à l'intervention scolaire dans l'épuration du quartier Latin, nous souhaiterions voir se joindre, l'activité de l'autorité compétente. Les accusations de Violette Nozière remettent en cause l'institution familiale, sur laquelle repose l'autorité du père. La presse évite les termes inceste ou viol, qui relèvent de l'Interdit culturel et pèsent sur le langage. Mais cette affaire permet aussi de libérer la parole des victimes d'inceste. Cette pression médiatique aura des conséquences sur le déroulement futur du procès.
Une presse réactionnaire n'hésite pas à désigner les amis de Violette, comme étant d'origine étrangère ou sur fond de racisme : Le noir, Louis, François Pierre dans Le Matin du 3 septembre 1933, Un témoin coloré, dans la revue mensuelle Drames de septembre 1933 ou le musicien nègre dans le journal Excelsior du 3 septembre 1933. Dans ce dernier quotidien sera cité Jacques Fellous, démarcheur de cercles de jeux, 4 rue de Sèze, est un tunisien, qui devient algérien dans Le Petit Journal du 4 septembre 1933. Pour Le Matin du 9 septembre 1933, voici un autre témoin : l'algérien Atlan. L'Excelsior du 12 septembre 1933 précise le second prénom, non sans une arrière pensée antisémite : Violette revint donc avec deux amis, Robert Isaac Atlan et l'italien Adari. Ces propos dans la presse à caractère xénophobe, se situent dans un contexte particulier, celle de la montée du fascisme. Les ligues d'extrême droite souhaitent prendre le pouvoir comme en Allemagne et en Italie. Quelques mois plus tard, les évènements vont se précipiter en France avec les émeutes de ces extrémistes, le 6 février 1934. Les écrits tenus dans une certaine presse préfigurent déjà ceux qui paraîtront en France occupée, sous Philippe Pétain.

L'enquête

Le jeudi 24 août 1933, le docteur Paul, médecin légiste expert auprès du tribunal de la Seine, procède à l'autopsie de Baptiste Nozière, à l'Institut médico-légal du quai de la Rapée dans le 12e arrondissement. Le lendemain, le professeur Kohn-Abrest, directeur du laboratoire de toxicologie à la préfecture de police, analyse les sachets ayant contenu le poison, retrouvés au domicile de la famille Nozière. L'empoisonnement par le soménal est confirmé. D'autre part, la victime présentait des lésions antérieures au crime et son état de santé fragilisé par l'accident du 14 juillet, ont facilité l'action toxique du poison.
Le lundi 28 août, le commissaire Marcel Guillaume et ses hommes, le brigadier-chef Gripois et l'inspecteur Lelièvre, emmènent Violette Nozière au 36 quai des Orfèvres. Le juge d'instruction chargé de l'affaire, Edmond Lanoire est prévenu de l'arrestation de la fugitive. Malgré l'interdiction qui lui est faite d'interroger directement Violette Nozière, Marcel Guillaume aura une brève conversation avec la jeune femme et décrit cet entretien dans le quotidien Paris-Soir en 1937 :
En courtes phrases haletantes, brèves, elle nous raconta comment un jour son père avait odieusement abusé d'elle, pendant un voyage de sa mère. Quand celle-ci fut de retour, elle n'avait rien osé lui avouer, par peur. Et, docilement, pendant des mois et des années, elle s'était prêtée à l'odieux caprice de l'homme pour qui elle ne pouvait plus éprouver que de la haine et du mépris, mais un jour, elle avait fait la connaissance d'un amant qu'elle avait tout de suite aimé avec cette inconscience des courtisanes, mais aussi avec cette passion qui est peut-être leur seule pureté. Alors, elle avait essayé de se refuser à son père, hélas !
- Sa mort seule pouvait me délivrer de lui, conclut-elle d'une voix lassée, et c'est ainsi qu'est née peu à peu en moi, l'idée de l'empoisonner …
Le commissaire divisionnaire Marcel Guillaume.
Violette Nozière avoue donc son crime à la police judiciaire le lundi 28 août 1933 et renouvelle ses déclarations devant le juge d'instruction, Edmond Lanoire. Elle confirme n'avoir eu aucun complice et assume la responsabilité de ses actes. Violette affirme que son géniteur était seul visé et l'accuse de pratiques incestueuses :
Si j’ai agi ainsi, vis-à-vis de mes parents, c'est que, depuis six ans, mon père abusait de moi. Mon père, quand j'avais douze ans, m'a d'abord embrassée sur la bouche, puis il m'a fait des attouchements avec le doigt, et enfin il m'a prise dans la chambre à coucher et en l'absence de ma mère. Ensuite, nous avons eu des relations dans une cabane du petit jardin que nous possédions près de la Porte de Charenton, à intervalles variables, mais environ une fois par semaine. Je n'ai rien dit à ma mère parce que mon père m'avait dit qu'il me tuerait, et qu'il se tuerait aussi. Mais ma mère ne s'est jamais douté de rien. Je n'ai jamais parlé des relations que j'avais avec mon père, à aucun de mes amants, ni à personne … Il y a déjà deux ans que j'ai commencé à détester mon père, et un an que j'ai pensé à le faire disparaître
Le mercredi 30 août 1933, les avocats Maître Henri Géraud et Maître René de Vésinne-Larue sont désignés pour assurer la défense de Violette Nozière.
Le jeudi 31 août 1933, Baptiste Nozière est inhumé à Neuvy-sur-Loire43. Une foule impressionnante assiste aux obsèques : la municipalité, les habitants de Neuvy-sur-Loire, les collègues cheminots de Baptiste Nozière, la famille dont la grand-mère de Violette, Madame Clémence Hézard, 83 ans née à Neuvy-sur-Loire, le 23 novembre 1849. Elle pose son front sur le cercueil et l'embrasse en demandant, pour Violette sa petite-fille, pardon au père qu'elle avait tué .
Le vendredi 1er septembre 1933, a lieu la confrontation entre Violette et sa mère, toujours hospitalisée à Saint-Antoine. Confrontation des plus douloureuses, où malgré sa demande de pardon, Violette Nozière, prise de crises nerveuses, est rejetée par sa mère qui prononce ces mots : « Violette ! Violette ! Tue-toi ! Tu as tué ton père. Un époux si bon. Tue-toi ! »46. Malgré une nouvelle demande de pardon, Germaine Nozière crie à sa fille : Jamais, jamais !, tendant le poing vers elle et faisant des efforts pour se soustraire à l'étreinte de ceux qui la maintenaient sur son fauteuil, « Jamais … Je ne te pardonnerai qu'après le jugement, quand tu seras morte ! .
Au cours des interrogatoires, Violette Nozière indique que des gravures pornographiques et des chansons libertines appartenant à son père se trouvent au domicile rue de Madagascar, ainsi que le chiffon dont il se servait pour ne pas rendre sa fille enceinte. Une perquisition à l'appartement des victimes permet de retrouver ces pièces à conviction. L'étude par le laboratoire d'un échantillon du tissu, accrédite la thèse de Violette. Germaine Nozière interrogée sur la présence de ce morceau d'étoffe dans la chambre à coucher, révèle qu'il permettait de protéger ses rapports avec son mari. Lors d'une confrontation afin d'éclaircir ce point, mère et fille restent sur leurs positions.
Le vendredi 8 septembre, le juge Lanoire se transporte sur le lieu de la première cabane de jardin que possédait Baptiste Nozière, à l'extrémité de la rue de Charenton. Le terrain est concédé par la Ville de Paris, mais il ne subsiste plus rien à la suite de démolitions. Cette cabane disparue, où Baptiste Nozière aurait violenté sa fille, était assez spacieuse pour contenir des outils et une chaise. Le second abri sur le bord de la Seine, porte de Charenton, est exposé aux regards, de dimension modeste et le voisinage n'a rien remarqué quoi que ce soit d'anormal. Les accusations d'inceste sont réitérées par Violette, le 9 septembre 1933 à la prison de la Petite Roquette où s'est déplacé le juge d'instruction.
Le mercredi 13 septembre, Violette maintient sa version devant le juge Lanoire et précise que sa motivation n'est pas la captation de l'héritage. En effet, un ami lui assurait une aide financière régulière. Son bienfaiteur est âgé d'une soixantaine d'années, industriel, marié et père de famille. De son identité, Violette ne connaît que le prénom sous la dénomination de Monsieur Émile. Le renseignement dont elle dispose pour permettre de retrouver ce témoin est la description de son automobile, de marque Talbot et de couleur bleue. Les recherches des enquêteurs sont restées vaines. Coup de théâtre, le 15 septembre : Germaine Nozière se constitue partie civile contre sa propre fille, une première dans les annales judiciaires. Une seconde confrontation aura lieu le 27 septembre entre la mère et la fille. L'instruction se poursuit avec les auditions des témoins, les interrogatoires de Violette, les rapports des médecins psychiatres et les perquisitions. La mise en présence le 18 octobre, entre Violette, sa mère et Jean Dabin, provoque une nouvelle surprise. Quel étonnement pour Germaine Nozière de voir que Jean Dabin porte au doigt une bague appartenant à son défunt époux ! Violette avait offert cette bague à son amant, qui ignorait son origine. Ce bijou est restitué à Germaine Nozière. Le 19 novembre a lieu la reconstitution du drame au 9 rue de Madagascar, dans le 12e arrondissement, en présence de Violette Nozière, sa mère et M. Mayeul, leur voisin. À la fin du mois de décembre 1933, le juge Edmond Lanoire a terminé son enquête et transmet le 5 janvier 1934 les pièces du dossier au procureur général. Le 27 février suivant, la Chambre d'accusation de la Cour d'Appel de Paris renvoie Violette Nozière devant la Cour d’Assises de la Seine.

Le procès

Le 10 octobre 1934, le procès de Violette Nozière s'ouvre à Paris devant la cour d'assises de la Seine. La veille de ce procès a lieu un attentat à Marseille : le roi de Yougoslavie, Alexandre Ier est assassiné par des croates et le ministre français des Affaires étrangères Louis Barthou perd la vie également. Malgré cette tragique actualité, la foule envahit le tribunal. Les charges qui pèsent sur Violette Nozière sont lourdes. Elle est accusée d'avoir le 23 mars 1933, tenté de donner volontairement la mort à ses père et mère légitimes par l'administration de substances susceptibles de la donner plus ou moins promptement et le 21 août 1933, volontairement donné la mort à son père légitime et tenté de la donner à sa mère légitime par les mêmes moyens. La première journée de l'audience est axée sur la personnalité de Violette, ses amis, le milieu familial et les circonstances du drame. Violette perd connaissance lors de l'interrogatoire du président Peyre. La question de l'inceste n'est pas clairement abordée, mais Violette maintient ses accusations contre son père. Les déclarations qui suivent sont celles du docteur Déron - qui va s'abriter derrière le secret professionnel, des époux Mayeul et des premiers intervenants après le drame : pompiers et policiers. Mais à aucun moment le commissaire Marcel Guillaume n'est appelé à la barre, ce qui est pour le moins inattendu.
Le lendemain a lieu la déposition de Germaine Nozière. La mère de Violette, bien que s'étant constituée partie civile, finit par pardonner à sa fille et implore, en larmes, le jury : Pitié, pitié pour mon enfant !. Les experts psychiatres concluent à la pleine responsabilité de l'accusée. Maître de Vésinne-Larue intervient et met en doute les méthodes employées concernant ces expertises et cite l'exemple des sœurs Papin, dont l'une, bien que condamnée à mort, a été reconnue irresponsable quelques mois après. L'avocat général Gaudel lui répond : Nous ne faisons pas le procès des sœurs Papin, non plus que celui de Gorguloff !. Maître de Vésinne-Larue rétorque aussitôt : Non ! Nous faisons celui de l'analyse psychiatrique ! Viennent ensuite les témoignages des amants et surtout de Jean Dabin. L'avocat général Gaudel devant l'attitude hautaine de ce témoin capital, n'a pas de mots assez durs à son encontre : Vous avez trouvé tout naturel que cette femme, que dis-je, cet enfant, vous donnât de l'argent. Vous ne sentez donc pas dans cette salle ce qu'on pense de vous, ce que j'en pense moi-même ? Vous avez déshonoré votre famille. Vous avez vécu aux crochets de cette malheureuse. Elle est coupable et je requerrai contre elle. Vous n'êtes pas accusé. Vous ne relevez pas de la Justice, vous relevez du mépris public et je vous le dis en face. Enfin, ce sont les auditions de l'amie de Violette, Madeleine Debize et les collègues de travail de Baptiste Nozière.
La dernière journée du procès est celle du terrible réquisitoire de l'avocat général qui demande la peine capitale contre l'accusée. L'avocat de la défense, Maître de Vésinne-Larue, fait venir à la barre un nouveau témoin, à la surprise générale. Les relations incestueuses de Baptiste Nozière sont de nouveau évoquées. Mais curieusement, le viol n'est pas la partie essentielle de la plaidoirie de l'avocat. Même si ce dernier évoque cet enchaînement dramatique, il démontre que Violette n'avait aucune raison de souhaiter la mort de sa mère. Mais pour les jurés, Violette Nozière n'aurait agi ainsi que pour avoir les 165 000 francs économisés par ses parents, parents qu'elle avait déjà commencé à voler auparavant, dans le but de continuer à entretenir son amant. Ce sera cette thèse d'accusation qui sera retenue.

La condamnation

Le 12 octobre 1934 à 19 h 00, après seulement une heure de délibération, Violette Nozière est condamnée à la peine de mort pour parricide et empoisonnement, sans aucune circonstance atténuante.
… la mort était prononcée contre l'accusée. Quand le greffier Willemetz lut la réponse du jury à Violette Nozière, celle-ci demeure impassible :
- Je remercie ma mère de m'avoir pardonné.
Impassible, elle l'est encore, à peine pâlie, les yeux baissés, quand le président Peyre, après avoir énuméré les articles des codes pénal et d'instruction criminelle, lit la sentence terrible qui frappe les parricides :
L'avocat général Louis Gaudel :
Je vous demanderai, messieurs les Jurés, de prononcer la peine capitale contre cette misérable fille.
- En conséquence, la Cour condamne Violette Nozière à la peine de mort. L'exécution aura lieu sur une place publique. La condamnée amenée nus pieds, en chemise, un voile noir lui recouvrant la tête. Elle sera exposée sur l'échafaud, durant qu'un huissier lui lira la sentence. Après quoi, elle sera exécutée à mort.
Un silence accablant régnait alors dans la salle surchauffée. Pas un muscle de la misérable enfant n'avait tressailli. Mais avant que les gardes n'emmènent la condamnée, Maître de Vésinne-Larue veut exiger de sa cliente qu'elle signe son pourvoi en cassation. Cette simple demande provoque la crise que Violette était parvenue à contenir :
- Non ! Non ! … Laissez-moi ! … Je ne veux pas … Je ne veux pas !
Et se tournant vers la Cour qui s'éloigne, le visage bouleversé, la condamnée crie désespérément :
- J’ai dit la vérité ! C'est honteux ! Vous n'avez pas été pitoyables !
Des gardes se saisissent d'elle et l'entraînent, pendant qu'elle se débat contre eux …
Et maintenant, la foule s'écoule, silencieuse … .
La peine capitale est qualifiée de symbolique par l'avocat général puisqu'à l'époque, on ne guillotinait plus les femmes. Le pourvoi est rejeté le 6 décembre 1934, par la Chambre criminelle de la Cour de cassation. Maître de Vésinne-Larue demande alors, un recours en grâce auprès du président de la République. Le 19 décembre 1934, Marcel Aymé en appelle au droit : Mais prions bien humblement M. le président qu'il fasse grâce à Violette Nozières. On ne dira pas que c'est faiblesse, mais simple justice.
Le président Albert Lebrun, accorde la grâce qui commue la peine de mort prononcée contre Violette, en celle des travaux forcés à perpétuité, le 24 décembre 1934.
Le commissaire Guillaume, qui dirige la brigade criminelle, exprime son malaise à l'énoncé du verdict :
Durant les longues journées du procès, je restais dans les couloirs du palais de justice, prêt à déposer, à faire partager par ces hommes qui avaient la mission sacrée de juger un être humain, ma conviction que Violette m'avait paru sincère, et j'aurais voulu pouvoir leur dire aussi que nous devions nous montrer d'autant plus indulgents que nous n'avions pas toujours fait notre devoir vis-à-vis de ces enfants perdus, que nous n'avions pas su proposer un idéal à leur jeunesse, que nous n'avions pas cessé devant eux, selon le mot d'un éducateur : De rabaisser nos devoirs au lieu de les leur offrir comme un privilège et, les laissant à leur solitude, à leurs tentations, à leur inconscience, nous n'avions pas su, parents égoïstes ou imprudents, leur tendre fraternellement la main, les serrer affectueusement contre notre cœur. Mais je n'eus pas à dire tout cela : la défense elle-même ne me fit pas appeler et il y eut un numéro de plus parmi les recluses de la Maison centrale de Haguenau

La détention et la libération

Violette Nozière est emprisonnée à la Centrale de Rennes de 1940 à 1945.
Le 14 janvier 1935, Violette part pour la Centrale d'Haguenau en Alsace dans un convoi de quatorze femmes, enchaînées les unes aux autres. L'univers carcéral à Haguenau est très dur. L'isolement est la règle, avec interdiction de se parler entre détenues, de s'entraider ou de partager des colis. Violette Nozière, face aux conditions de détention éprouvantes et son mauvais état de santé, puise sa force morale dans la religion. Les sœurs de Béthanie, présentes à la prison, soutiennent la captive. La transformation de Violette Nozière et son attitude irréprochable sont citées en exemple. Elle devient une prisonnière modèle et commence sa reconstruction. Violette Nozière n'a désormais plus rien de commun avec celle du quartier Latin.
Au mois d'octobre 1937, deux évènements se produisent. Violette Nozière rétracte les accusations portées contre son père. Cette rétractation tardive dans une lettre de Violette adressée à sa mère est reproduite dans toute la presse. Ce qui permet à la mère de Violette d'être soulagée financièrement des frais du procès, jusqu'à maintenant à sa charge. La réconciliation entre la mère et la fille est enfin scellée.
La nouvelle du décès de Jean Dabin parvient à Violette en ce même mois. Engagé dans l'armée coloniale en 1934, il va contracter en Tunisie une maladie tropicale. Le 27 octobre 1937, décède à vingt heures trente, Jean Dabin, à un mois de son vingt-cinquième anniversaire, à l'Hôpital militaire du Val-de-Grâce au 277 bis rue Saint-Jacques, dans le 5e arrondissement de Paris. Le 16 février 1940, le grand-père de Violette, Félix Nozière, meurt à Prades à l'âge de 82 ans, sans jamais avoir pardonné à sa petite-fille.
Le 14 mai 1940, face à l'avancée allemande, Violette est transférée à la maison d'arrêt de Rennes en Bretagne. Ses compagnes d'infortune sont emmenées en plusieurs groupes. Deux gendarmes accompagnent Violette Nozière, qui de par sa célébrité, a l'avantage d'un déplacement individuel par le train. L'administration a même réservé un compartiment pour ce voyage. À son arrivée, Violette Nozière est affectée à l'atelier de la lingerie. Comme à Haguenau, elle observe la même détermination spirituelle qui dicte son action. La direction pénitentiaire n'aura jamais le moindre reproche à lui faire. Germaine Nozière entreprend un long voyage depuis la Nièvre pour se rendre à Rennes. Elle informe sa fille que Maître Vésinne-Larue multiplie les démarches pour obtenir une réduction de sa sanction pénale.
La conduite exemplaire de Violette Nozière plaide en sa faveur. Grâce à une intervention de l'Église catholique, le maréchal Philippe Pétain réduit sa peine à 12 ans de travaux forcés à compter de la date de son incarcération en 1933, par un décret du 6 août 1942. Cette période sombre de l'Histoire française n'est pourtant guère favorable à la clémence, où des femmes de droit commun sont de nouveau exécutées. De nombreuses résistantes sont également incarcérées à la prison des femmes de Rennes et, jusqu'en 1943, vingt-six détenues politiques sont remises aux Allemands pour des attentats contre l'Occupant. Cent-trois femmes politiques arrivées par convoi au début de l'année 1944 se révoltent. Le 6 mars 1944, le directeur de la prison fait appel aux gardes mobiles de réserve (GMR) qui sont reçus à coup de projectiles. Menacées d'être fusillées, les résistantes se rendent et subissent la mise aux cachots avec privation de colis, parloirs et courriers. Mais les 5 avril, 2 mai et 16 mai 1944, les deux cent quarante-cinq résistantes condamnées par les tribunaux d'exception français et emprisonnées à la Maison Centrale de Rennes sont livrées par le régime de Vichy aux nazis. Elles sont toutes déportées vers le camp de concentration de Ravensbrück.
L'administration sépare les politiques des droits communs dès la fin de l'année 1941, à la suite de manifestations organisées par les femmes communistes. Violette Nozière reste donc à l'écart de ces luttes qui sont à l'opposé de ses convictions religieuses. Sa réduction de peine prononcée, elle entre au service du greffier-comptable de la prison le 22 août 1942 et reçoit une formation d'aide-comptable. Ce nouveau statut lui permet de se déplacer à l'intérieur de la prison, sans surveillance. Une demande de libération conditionnelle est refusée à Violette Nozière le 24 février 1944 et elle devra donc finir sa peine à la Centrale jusqu'à son terme. La nouvelle année 1945 revêt deux événements importants pour Violette : celui de sa libération tant attendue et l'arrivée à Rennes le 7 janvier 194565 du nouveau greffier-comptable : Eugène Garnier. C'est un homme généreux et profondément humain. Eugène est veuf depuis près d'un an et vivent avec lui cinq de ses enfants. Un des aînés se prénomme Pierre, séparé de son épouse Jeanne. Violette va très vite s'intégrer à cette famille et se sentir proche de Pierre, qui partage les mêmes sentiments à son égard.
Violette Nozière est libérée le 29 août 1945. Le 15 novembre de cette même année, le général Charles de Gaulle, président du Gouvernement provisoire, lève son interdiction de séjour de vingt ans sur le territoire français, par un nouveau décret présidentiel. Violette Nozière a bénéficié des grâces successives de trois chefs d'État, ce qui fait toute la singularité et l'originalité de son dossier judiciaire.

Réhabilitation et fin de vie Le destin

L'interdiction de séjour supprimée, Violette Nozière retrouve une liberté pleine et entière et vient habiter Paris. Elle emménage au 115 boulevard Jourdan dans le 14e arrondissement et choisit l'anonymat sous un nom d'emprunt, celui de sa mère, Germaine Hézard. Violette obtient un emploi en tant que secrétaire-comptable à la Fédération chrétienne des étudiants au 24 rue Notre-Dame-de-Lorette, dans le 9e arrondissement de Paris. Pierre Garnier, le fils du greffier de la maison d'arrêt, abandonne son métier de cuisinier à Rennes pour rejoindre Violette. Il se loge à Bagnolet et exploite une petite fonderie. Pierre est en instance de divorce avec sa première épouse, Jeanne. Divorce prononcé le 5 février 1946, en vertu d'un jugement de la 19e chambre du tribunal civil de Paris. Dans l'attente de son mariage, Violette se rapproche du domicile de Pierre et déménage pour un nouveau logement, rue Saint-Antoine dans le 4e arrondissement. Le mariage entre Pierre Garnier, né le 19 février 1919 et Violette Nozière a lieu à Neuvy-sur-Loire, le 16 décembre 1946 à dix-sept heures trente. Violette découvre un Neuvy-sur-Loire complètement différent de celui qu'elle a connu dans son enfance. Une commune martyrisée, ravagée par trois bombardements américains en ces journées funestes du lundi 17 juillet, mercredi 2 et lundi 7 août 1944. Les forteresses volantes déversent leurs bombes à plus de 5000 mètres d'altitude sur des objectifs ferroviaires, mais sans les atteindre. Les Alliés ont semé mort et destruction. Les pertes humaines s'élèvent à près de 130 morts et plus de 180 blessés. Soixante-dix immeubles de Neuvy-sur-Loire sont détruits et 97 % des maisons sont plus ou moins sinistrées. Les monuments historiques, exceptés les édifices religieux, sont anéantis. La mairie a disparu et c'est dans une ancienne école que la cérémonie du mariage est accomplie. Violette reprend goût à la vie et a cinq enfants, une fille et quatre garçons nés de 1947 à 1959, auxquels elle ne parla jamais de son passé. En avril 1950, le mari de Violette est heurté par un autobus, alors qu'il se déplaçait à moto. Il est immobilisé durant de longs mois dans un centre hospitalier à Garches. Une fois rétabli, Pierre, cuisinier de formation, renoue avec son activité première et gère un café-hôtel à Clamart. Violette et sa mère, Germaine, se chargent de l'approvisionnement aux Halles de Paris. Après un bref passage à Pavillons-sous-Bois, Pierre et Violette achètent en juin 1953 l'hôtel de L'Aigle d'Or, rue de Bécanne à L'Aigle dans l'Orne en Normandie. Germaine Nozière, quant à elle, s'occupe de ses petits-enfants. Quatre ans plus tard, le couple vend leur fonds de commerce. Au mois d'avril 1957, ils arrivent dans la Seine-Maritime et acquièrent l'Hôtel de la Forêt, au lieu-dit La Maison-brûlée, sur la commune de La Bouille, à vingt kilomètres de Rouen. Le sort s'acharne sur la famille et un nouveau drame survient au cours du mois de juillet 1960. Pierre, au volant de sa voiture, manque un virage, quitte la route et se retourne dans un fossé, dans la côte de Moulineaux, aux environs de Rouen. Après de nombreux séjours en clinique et une ultime opération réussie à Paris, Pierre, âgé de 42 ans, sombre brutalement dans le coma et décède d'une hémorragie interne, le 30 juin 1961 à trois heures du matin. Violette doit à présent élever seule ses enfants et continue toujours de veiller sur sa mère, Germaine Nozière, qui demeure avec eux.

La réhabilitation

Le 24 février 1953, la Chambre des mises en accusation doit examiner une requête en réhabilitation présentée par Maître de Vésinne-Larue. Au mois de mars suivant, André Breton, infatigable défenseur de Violette Nozière, écrit :
Réhabilitez-la. Cachez-vous ! De mémoire d'homme, jamais affaire criminelle n'aura fait surgir à la cantonade plus belle collection de crapules que le procès Violette Nozières, il y a vingt ans … À qui la palme, du père souilleur de sa fille c'était la conviction du commissaire Guillaume, mais la défense se garda bien d'invoquer son témoignage, de l'amant de cœur Jean Dabin, camelot du roi-maquereau, du vicomte de Pinguet qui courut donner la jeune fille au sortir de son lit, des infâmes chroniqueurs judiciaires qui signaient Pierre Wolff ou Géo London les papiers que j'ai sous les yeux ou du mystérieux protecteur M. Émile Émile Cottet, 60 rue des Tournelles, 3e arrondissement, qui a attendu le 26 février 1953 pour se faire connaître à France-Soir : il s'agit d'un honorable commerçant ? Le 1er décembre 1933, les surréalistes publiaient en volume un recueil d'hommages à Violette Nozières. À l'issue du verdict, ils lui adressaient, aux soins de son avocat, une gerbe de roses rouges. Quoi qu'on ait pu obtenir d'elle par l'abominable régime auquel on l'a soumise depuis lors, que sous ses nouveaux traits, Mme Françoise G… sache qu'elle n'a pas cessé de grandement nous émouvoir et qu'elle ne compte parmi nous que des amis
Dix années s'écoulent après la prise de position d'André Breton pour que les efforts de l'avocat de Violette Nozière soient couronnés de succès : Ce jourd'hui mercredi treize mars mil neuf cent soixante trois … attendu que Nozière Violette sollicite sa réhabilitation … et réunit les conditions prévues par les Articles 782 et suivants du Code de procédure pénale … Par ces motifs : La Cour, après en avoir délibéré conformément à la loi, prononce la Réhabilitation de Nozière Violette. Ordonne que le présent arrêt sera exécuté à la diligence de Monsieur le Procureur Général .
Le 13 mars 1963, Violette est réhabilitée par la cour d'appel de Rouen et retrouve donc le plein exercice de ses droits civiques et un casier judiciaire de nouveau vierge. Cette mesure est exceptionnelle dans l'histoire judiciaire française. Grâce à l'opiniâtreté de Maître de Vésinne-Larue, de la fidélité de l'avocat à sa cliente, c'est l'aboutissement de trente années de combat et qui récompense la réinsertion réussie de Violette Nozière. L'écrivain Jean-Marie Fitère souligne avec juste raison :
… c'est la première fois en effet, dans les annales de la justice française, que l'auteur d'un crime de droit commun est réhabilité après avoir été condamné à la peine capitale. Pour Maître de Vésinne-Larue, cet arrêt de la cour de Rouen, qui le comble, va très loin. Il démontre d'une façon éclatante l'inanité de la peine de mort. La réhabilitation de Violette Nozière est, pour lui, la preuve qu'il existe pour tout être humain, aussi bas qu'il soit tombé, des possibilités de rachat. Combien parmi ceux qui périssent sous le couperet de la guillotine ne seraient pas capables de suivre une voie comparable à l'admirable chemin de la parricide ? On frémit en songeant que si, en 1934, la peine de mort n'avait pas été abolie pour les femmes, Violette Nozière eût été exécutée, emportant avec elle ses prodigieuses capacités de repentir et de rachat
Violette déclare : Cette réhabilitation, j'y tenais pour mes enfants. Pour moi, ça m'était bien égal. Ma vie est finie. Je suis heureuse que ma mère, à qui j'ai tout dit, ait enfin compris la vérité. Elle sait que j'étais innocente - malgré ce que j'avais fait - et m'a pardonnée.

Son dernier combat

Violette Nozière ne pourra guère profiter de cette réhabilitation. En janvier 1963, Violette est opérée à la clinique Saint-Hilaire de Rouen, d'une tumeur cancéreuse au sein gauche. Elle décide de vendre l'Hôtel de la Forêt à La Maison-Brûlée en juillet 1963, pour acquérir un café-restaurant Le Relais au 62 quai Gaston-Boulet à Rouen. Ce commerce se révèle trop épuisant et la santé de Violette se dégrade. Elle est atteinte de décalcification des vertèbres lombaires. La voici infirme, ne pouvant plus travailler. En janvier 1965, le café-restaurant est vendu. Toute la famille s'installe dans un appartement, au 14 avenue des Canadiens à Petit-Quevilly, dans la banlieue de Rouen rive-gauche. Violette apprend une terrible nouvelle. Le mal dont elle souffre est un cancer des os. Elle se sait condamnée. Jusqu'à la fin, elle a fait preuve d'un courage bouleversant, nous dit la religieuse qui la soignait depuis longtemps, et qui l'a assistée jusqu'à sa mort. Depuis des mois, elle se savait perdue, mais le cachait aux siens, se montrant gaie, aimable, faisant des projets d'avenir. Bien qu'elle souffrît atrocement, elle refusait les calmants que nous lui proposions, afin de garder toute sa lucidité et de pouvoir diriger sa maison et s'occuper de ses enfants. Elle s'était rachetée. Elle nous a quittées sauvée.

Violette meurt le 26 novembre 196674 à deux heures trente du matin, en son domicile au 14 avenue des Canadiens à Petit-Quevilly, en paix avec elle-même et les siens.

L'année 1968 voit disparaître les deux dernières femmes de la famille portant le nom de Nozière. Sa tante, Marie Véronique Michel, veuve d'Ernest Nozière, domiciliée à Prades, décède le 7 mars 1968 au monastère des dominicaines sainte-Catherine de Sienne à Langeac dans la Haute-Loire. La mère de Violette, Germaine Nozière, entourée de ses petits-enfants, décède le 5 septembre 1968 à l'âge de 80 ans, chez sa petite-fille Michèle à Grand-Quevilly.
Violette Nozière repose désormais dans le caveau familial à Neuvy-sur-Loire, à côté de son mari, de sa mère et de son père. Son secret disparaît avec elle : Qui était donc Violette Nozière, inconnue endeuillée pour la vie, qui s'est réfugiée dans le silence, sans jamais délivrer son mystère ? .

Épilogue Fait divers ou fait de société ?

L'affaire Violette Nozière dépasse le simple qualificatif fait divers. Par sa médiatisation et son impact jusqu'à nos jours, les controverses suscitées, la naissance d'un mythe, ce fait divers devient fait de société. Anne-Emmanuelle Demartini de l'Université Paris VII - Diderot, précise que c'est aussi par la petite histoire que s'engouffre la grande. Nous pourrions intituler l'affaire Violette Nozière, sans Violette Nozière. Les surréalistes voient dans cette affaire, l'occasion de fustiger la société et soutiennent Violette Nozière. Le réalisateur Claude Chabrol avec son film Violette Nozière, perpétue cette image de muse se dressant contre une société bourgeoise.
Cette bonne société d'avant-guerre a canalisé toutes ses craintes dans cette affaire. Une France coloniale, plongée dans la récession, les crises politiques et les scandales. À croire que face à sa propre faillite et à la corruption de quelques personnalités, la bonne société a trouvé un dérivatif en rejetant ses propres fautes morales dans l'affaire Violette Nozière. Cette dernière est accusée de tous les maux et d'après les échos de la presse, menace les fondements mêmes de ladite société. La liste est longue dans cet amalgame : crime, sexe, mensonges, cupidité, immoralité, émancipation féminine, éducation. La dérive médiatique exploite à outrance cette affaire et mise sur l'émotion qu'elle provoque. Le secret de l'instruction est bafoué et la collusion entre la presse et la justice est évidente. En réalité, c'est que dans cette affaire judiciaire se trouvent noués le parricide et l'inceste, soit la transgression de deux tabous fondamentaux, étroitement liés l'un à l'autre, qui fondent la filiation et le lien social, conformément aux analyses célèbres de Freud. L'accusation d'inceste ignorée, Violette Nozière est condamnée à mort par un jury composé d'hommes, parce qu'une jeune parricide effraie la société et remet en cause toutes ses valeurs.
Mais Violette Nozière bénéficie des grâces successives de trois chefs d'État, grâces méritées par sa conduite irréprochable en prison. Elle passe du statut de condamnée à mort pour empoisonnement et parricide à celui, après sa libération, d'une réinsertion remarquable. Sa réhabilitation en 1963 permet à Violette Nozière de retrouver tous ses droits et prérogatives. Bernard Oudin note à ce propos : conclusion exemplaire s'il en fut, qui satisfait à la fois les moralistes et ceux qui s'opposent à la peine de mort, au nom du rachat toujours possible des condamnés .

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#98 Violette Nozières 2
Loriane Posté le : 11/01/2015 14:19
Soutien des surréalistes L'Ange noir

Les surréalistes prirent sa défense dans un ouvrage collectif, Violette Nozières, publié en décembre 1933 à Bruxelles aux Éditions Nicolas Flamel dirigées par E. L. T. Mesens. Avec notamment des poèmes d'André Breton, René Char, Paul Éluard, Maurice Henry, César Moro, Gui Rosey, E. L. T. Mesens et Benjamin Péret. Les dessins sont de Salvador Dalí, Yves Tanguy, Max Ernst, Victor Brauner, Marcel Jean, René Magritte, Hans Arp et Alberto Giacometti. La couverture du livre est signée Hans Bellmer et l'auteur de la photographie est Man Ray. Violette Nozière, Ange noir des surréalistes, est devenue leur égérie. L'œuvre du mouvement artistique exprime par la crudité des termes, la violence des mots et la dureté des illustrations, un véritable réquisitoire à l'encontre de la famille, de la bourgeoisie, de l'hypocrisie des défenseurs de l'ordre établi, et dans un sens plus large, de la société elle-même. Les poètes prennent ouvertement position en faveur de Violette Nozière par la provocation.
Cette réalisation collective intègre les poèmes de huit surréalistes, dont les extraits suivants :

«Violette a rêvé de défaire
A défait
L’affreux nœud de serpents des liens du sang
— Paul Éluard

La personnalité inconnue
De Violette Nozières meurtrière
Comme on est peintre
— Gui Rosey

Tu ne ressembles plus à personne de vivant, ni de mort
Mythologique jusqu'au bout des ongles
— André Breton

Les écrivains et artistes engagés dénoncent une injustice et en cela, rejoignent leur illustre prédécesseur, Émile Zola et son célèbre « J'accuse…! » lors de l'affaire Dreyfus. Le Collectif des surréalistes a été par ailleurs édité en Belgique, par crainte des poursuites judiciaires.

Œuvres inspirées par l'affaire Cinéma

Son histoire sert de trame au film Violette Nozière, réalisé par Claude Chabrol en 1977. Le rôle titre est incarné par Isabelle Huppert. Le scénario est d'Odile Barski, Hervé Bromberger et Frédéric Grendel, d'après le roman de Jean-Marie Fitère. Le film sort au cinéma en France le 24 mai 1978. À propos de ce long-métrage, voir le chapitre Documentaires.
Le film Violette Nozière, avec l'interprétation d'Isabelle Huppert, Stéphane Audran, Jean Carmet et une notable mise en scène du cinéaste, compte parmi les œuvres majeures du cinéma français. Le long métrage a été récompensé par le Prix d'interprétation féminine décerné à Isabelle Huppert et le César de la meilleure actrice dans un second rôle à Stéphane Audran. Claude Chabrol connaissait l'affaire Violette Nozière mais c'est Pierre Brasseur qui lui suggéra de tourner un film sur ce personnage fascinant. Claude Chabrol s'intéresse aux faits divers qui assurent une authenticité, une crédibilité aux comédiens et une bonne base pour un film. Le réalisateur souhaitait Isabelle Huppert pour jouer le rôle de Violette et Jean Carmet pour celui de son père. Ces deux acteurs avaient précédemment joué ensemble dans le film Dupont Lajoie, d'Yves Boisset, dans lequel Jean Carmet violait Isabelle Huppert. Claude Chabrol reconnaît avoir choisi ses acteurs en référence à ce film, ce qui lui permettait de suggérer dans l'inconscient du public, la relation incestueuse et d'entretenir l'ambiguïté des personnages, même s'il ne croit pas à la version de Violette. Claude Chabrol s'évertue à modifier les rôles, insinue confusion et incertitude. Les parents, victimes de leur enfant, passent au statut inverse de par leur mentalité étriquée et la médiocrité de leur existence. Le couple entretient une atmosphère pesante, accentuée dans un logement exigu où l'intimité est inexistante. Dans ce milieu en vase clos, la moindre attitude déplacée prend des proportions aggravantes. Claude Chabrol emploie le terme de viol intellectuel à propos du comportement de Baptiste Nozière envers sa fille. Violette quant à elle, est perçue comme froide et irréelle, inaccessible comme la vérité. Le réalisateur essaie de comprendre ses motivations, sa métamorphose et ce qui l'amène à commettre l'irréversible. L'impression première qui se dégage, est celle de la compassion pour Violette. Isabelle Huppert donne son sentiment au sujet de Violette Nozière : L'horreur de son acte n'a d'égal que sa souffrance. Ce film sur fond d'étude sociale, est aussi un réquisitoire contre la peine de mort. Les enfants de Violette Nozière ne souhaitaient pas un film sur l'histoire de leur mère. Leur autorisation est nécessaire pour que ce film voie le jour. Claude Chabrol dissipe toute inquiétude et réussit à convaincre les enfants du bien-fondé de son entreprise. Le succès du film a été immédiat, avec plus d'un million d'entrées dans les salles de cinéma. Claude Chabrol cultive la légende et en cela, succède aux surréalistes. L'écrivain Bernard Hautecloque explique que dans bien des esprits, Violette Nozière a désormais les traits de la comédienne Isabelle Huppert, avec laquelle pourtant, elle n'avait physiquement rien en commun. Avec ce film, la renommée de Violette Nozière connaît de nouveau, un formidable retentissement. Depuis près de huit décennies, Violette Nozière, l'Ange Noir, continue d'inspirer et de fasciner.

Télévision

Émission Des crimes presque parfaits de Planète+ Justice, diffusée le 26 novembre 2011 : Violette Nozière. La réalisation est de Patrick Schmitt et Pauline Verdu. Ce documentaire est présenté par Danielle Thiéry, ancienne commissaire divisionnaire, avec la participation de Anne-Emmanuelle Demartini, Jean-Marie Fitère, Bernard Hautecloque et Sylvain Larue.
Cette enquête, dont les sources principales sont issues du livre de Jean-Marie Fitère, n'est pas exempte d'erreurs chronologiques :
Danielle Thiéry évoque le jour de l'empoisonnement à la date du 22 août 1933. En réalité, le crime a lieu le lundi soir 21 août 1933.
Pierre et Violette ne sont pas restés dix ans dans le département de l'Orne. Le couple tient un hôtel-restaurant dans la ville de L'Aigle pendant quatre ans, de 1953 à 1957. Ils partent par la suite pour la Seine-Maritime.
La date de réhabilitation de Violette Nozière n'a jamais été le 18 mars 1963. La Cour d'appel de Rouen rend son arrêt, le mercredi 13 mars 1963.
Le décès de Violette Nozière n'est pas survenu le 28 novembre 1966. Violette meurt à Petit-Quevilly Seine-Maritime, le 26 novembre 1966.
Germaine Hézard, la mère de Violette, décède moins de deux ans après sa fille, mais en aucun cas le 4 août 1968. Le 4 août est le jour de sa naissance. Germaine Hézard meurt à Grand-Quevilly Seine-Maritime, le 5 septembre 1968.
Émission Mémoires de Frédérick Gersal dans Télématin sur France 2, présentée par William Leymergie et diffusée le lundi 14 janvier 2013. Le chroniqueur historien évoque le destin de Violette Nozière, née le 11 janvier 1915. L'intérêt de ce documentaire est la brève apparition de Violette Nozière dans l'extrait d'un film d'actualité cinématographique en novembre 1933, lors de la reconstitution du crime, ainsi que les photographies de l'époque. Deux films d'actualité de la société Pathé sur Violette Nozière sont tournés à ce moment.

Documentaires

Le film Violette Nozière est présenté au 31e festival du cinéma à Cannes96. Le chroniqueur et producteur Maurice Leroux reçoit le réalisateur Claude Chabrol et la comédienne Isabelle Huppert au cours de son émission sur le festival international du film, le 19 mai 1978 France 3 Régions Marseille. Claude Chabrol explique pourquoi il s'arrête à la moitié de la vie de Violette Nozière, son choix concernant Jean Carmet dans le rôle du père, la question de l'inceste, les trois grâces présidentielles et la réhabilitation. Isabelle Huppert évoque son personnage et le compare à celui de La Dentellière. Elle donne également son avis sur Violette Nozière.
Archives vidéo de l'Institut national de l'audiovisuel : Antenne 2 - Journal télévisé de 20 h, émission du 19 mai 1978.
Présentateur : Patrick Poivre d'Arvor. Entretien avec France Roche - Isabelle Huppert sur Violette Nozière et le festival de Cannes.

Radio

Émission L'Heure du crime sur RTL, du 15 novembre 2010 : L'Affaire Violette Nozière97. Présentateur : Jacques Pradel, avec pour invité l'historien Bernard Hautecloque.
Émission Histoires criminelles sur France Info, du 16 août 2011 : Violette Nozière, l'empoisonneuse, la chronique de Jacques Expert, journaliste et écrivain. La réhabilitation de Violette Nozière a eu lieu à Rouen Seine-Maritime le 13 mars 1963, et non à Rennes Ille-et-Vilaine comme annoncée par erreur, au cours de cette diffusion.
Lors du centenaire de la Brigade criminelle, l'affaire Violette Nozière est évoquée le 5 juillet 2012, en première partie dans l'émission L'Heure du crime sur RTL, présentée par Jacques Pradel avec Marie Vindy, écrivain et chroniqueuse judiciaire.
Émission Un jour dans l'Histoire sur La Première du 11 février 2014, consacrée à Violette Nozière101 et le film de Claude Chabrol. Présentateur : Laurent Dehossay avec le journaliste et scénariste Eddy Simon, auteur du livre Violette Nozière vilaine chérie, publié aux éditions Casterman.
Émission L'Heure du crime sur RTL, du 22 octobre 2014 par Jacques Pradel : Violette Nozière, l'ange noir de l'entre-deux guerres, avec pour invité, l'historien Bernard Hautecloque. Article de Laure Broulard et éditorial de Jacques Pradel.

Complaintes

Les chanteurs des rues en 1933 et 1934, accompagnés par les joueurs ambulants d'orgue de barbarie ou à l'accordéon, interprètent sur fond d'airs connus, l'histoire de Violette Nozière à travers des complaintes populaires. Ils entretiennent la légende dans un climat passionnel. Des livrets se vendent avec la photographie de Violette, dont l'extrait ci-dessous intitulé : Le Drame dans toute son horreur, chanté sur une musique à la mode de Vincent Scotto : Quand on s'aime bien tous les deux :

Elle empoisonna ses parents
La lâche Violette Nozières
Se riant de leur calvaire
Pour leur soutirer de l'argent
Sans pitié pour les blancs cheveux
De ceux qui la mirent au monde

Cette gueuse vagabonde
A commis ce crime monstrueux
Pour aller faire la noce
Danser, boire, changer d'amis
Roulait déjà, fille précoce
Dans les hôtels et boîtes de nuit

La mère râle, le père est mort
Mais elle n'a pas un seul remords
Tue-toi, c'est quand tu seras morte
Qu'alors tu seras pardonnée
Dit la pauvre mère qu'on emporte
Douloureuse et le cœur brisé.

Nous retrouvons dans le film de Claude Chabrol en 1978, la Complainte de Violette Nozière, d'après Cachan et Vincent Scotto aux éditions Méridian. D'autres versions existent, sur une musique de Théodore Botrel : La Paimpolaise, avec pour titre Violette, l'empoisonneuse en sept couplets, paroles de Mme Godard, à Paris en 1933.
Dominique Desmons chanteur lyrique et auteur-compositeur, cite Violette Nozière dans l'une de ses publications en expliquant que la complainte est liée à la tradition orale … la chanson réaliste remet le genre au goût du jour avec le colportage de complaintes criminelles dès la fin du XIXème siècle, mais surtout de l'entre-deux-guerres. Le chanteur de rue joue alors un rôle d'information, souvent dangereux parce ce que partial et agitateur. La musique est facile à retenir, répétitive par la succession des couplets.

Musique

Quatre universitaires de Mont-Saint-Aignan Seine-Maritime, prennent le nom de Violette Nozière pour créer un groupe de rock en décembre 1981. Leur carrière est éphémère et se termine en 1984.
Le groupe italien de rock progressif Area a dédié en 1978 l'une de ses chansons en Hommage à Violette Nozières sur leur album 1978 gli dei se ne vanno, gli arrabbiati restano!. Le compositeur est le chanteur du groupe, Demetrio Stratos111, et le texte est inspiré par les poèmes des surréalistes. Cette chanson est reprise par un autre groupe italien en 1999 : Elio e le Storie Tese, sur l'album Tutti gli uomini del deficiente.

Études

Sarah Maza, professeur d'Histoire à l'Université Northwestern, explique dans son ouvrage Violette Nozière, A story of murder in 1930s Paris, les motivations de ce crime et les raisons de sa notoriété. Elle approfondit plusieurs dossiers : une étude de la société française de l'entre-deux-guerres, de la classe ouvrière, des crises politiques et de la montée des extrémismes. Comment les différents courants, de la gauche à la droite, ont utilisé cette affaire. Mais aussi le pouvoir et la presse : une médiatisation qui détourne l'attention de l'opinion face aux événements importants comme la progression d'Adolf Hitler en Allemagne, la crise économique ou les scandales financiers. L'historienne s'attache aussi à comprendre le monde dans lequel Violette Nozière vivait : le Paris des années 1930. Sarah Maza nous propose un nouveau regard sur l'affaire Violette Nozière. L'auteur analyse avec habileté la transformation de Violette, de l'étudiante à l'icône culturelle : un destin hors du commun. Ce livre comporte des photographies inédites, un index complet, des sources, des références et des notes nombreuses.
Sarah Maza a précédemment écrit un article consacré aux classes sociales et l'affaire : Violette Nozière : The wounds of class in 1930s Paris, publié le 25 janvier 2012 dans le cadre d'une conférence qui s'est tenue à l'Université de Princeton dans l'État du New Jersey aux États-Unis, le 14 mars 2012 au Conseil des sciences humaines.
Anne-Emmanuelle Demartini, ancienne élève de l'École normale supérieure d'Ulm, agrégée d'histoire, maître de conférences en histoire contemporaine à l'Université Paris VII - Diderot, a effectué un travail de recherches sur Violette Nozière et publié quatre études dont deux en collaboration avec Agnès Fontvieille-Cordani, Maître de conférence en langue française et stylistique à l'Université Lumière Lyon II. Ces analyses éclairent l'aspect médiatique et judiciaire de l'affaire, ainsi que la question de l'inceste :
Le Crime du sexe. La justice, l'opinion publique et les surréalistes - regards croisés sur Violette Nozière : À cet égard, la censure qui a frappé l'inceste dans la presse et les discours de la justice aura bien pris les trois visages du tabou énoncés par Michel Foucault dans son Histoire de la sexualité : affirmer que ça n'est pas permis, empêcher que ça soit dit, nier que ça existe.
Violette Nozière ou le Fait divers médiatique au miroir surréaliste : Le fait divers, et singulièrement le fait divers criminel, entrés depuis longtemps dans l'univers médiatique, sont au cœur des stratégies éditoriales de la grande presse d'information qui triomphe dans l'entre-deux-guerres … C'est de la lecture de la presse que naquit l'indignation des surréalistes.
L’Affaire Nozière. La parole sur l'inceste et sa réception sociale dans la France des années 1930 : Les nombreux éléments de l'histoire de Violette qui sont conformes au tableau de l'abus sexuel intra-familial dressé aujourd'hui, autorisent à considérer l'inceste paternel comme très vraisemblable. On peut d'ailleurs émettre l'hypothèse que le parricide a été un passage à l'acte par lequel Violette s'est libérée du secret de l'inceste … Envisager la relation incestueuse entre Violette Nozière et son père comme une vérité, c'est se donner la possibilité d'orienter l'analyse non pas seulement vers les modalités de la réception de la parole accusatrice mais également vers un déni de l'inceste qui est en soi un fait historique.
L’Affaire Nozière entre instruction judiciaire et médiatisation : Il y a la vérité d'un constat généralisable relatif au fonctionnement de la justice en régime médiatique. La médiatisation de la justice, ce peut-être immoralité publique et voyeurisme, ce peut être également déformations et pressions, mais c'est aussi via l'introduction dans le processus judiciaire du citoyen-lecteur-spectateur, exercice démocratique de la justice.
Un colloque international est organisé le vendredi 7 et samedi 8 mars 2008 par l'Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne, en partenariat avec l'université Paris VII - Diderot et l'Institut national de l'audiovisuel sur le thème des Figures de femmes criminelles :
Le but est de répondre à cette interrogation paradoxale : alors que la part des femmes dans la criminalité est restée moindre que celle des hommes et que le droit traite en principe les deux sexes à égalité, pourquoi le récit de leurs crimes les transforme-t-il si facilement en monstres ? Dans cette construction de la figure des femmes criminelles, une large place doit donc être donnée aux fantasmes que secrète la société. Ils se nourrissent de l'image de gardienne du foyer traditionnellement assignée à l'épouse et à la mère, rôle qu'il est dangereux d'enfreindre.
Lors de ce colloque, Anne-Emmanuelle Demartini, membre du comité scientifique, aborde la figure de l'empoisonneuse à travers les personnalités comme la marquise de Brinvilliers, Marie Lafarge et Violette Nozière. À la suite de cette réunion, les travaux historiques sont édités en 2010, sous le titre Figures de femmes criminelles, de l'Antiquité à nos jours, aux Publications de la Sorbonne.
L'affaire Violette Nozière a fait l'objet d'une étude pédagogique dans un collège de l'Académie de Créteil : Violette Nozière, un procès remarquable par Catherine Favier, le 30 novembre 2011. Les thèmes abordés sont principalement : l'État de droit, la justice et l'abolition de la peine de mort. Les informations de cette étude proviennent notamment du site de l'exposition virtuelle Violette Nozière de Philippe Zoummeroff consulter le chapitre Sources.
Philippe Zoummeroff, industriel aujourd'hui à la retraite, était le directeur de la société Facom, fabricant de l'outillage à main. Son grand-père est le fondateur de cette entreprise : Louis Moses, ingénieur. Grand collectionneur et mécène, Philippe Zoummeroff est administrateur de la Bibliothèque nationale de France. Il a créé une bourse de réinsertion des détenus avec l'Association française de criminologie. Il met à la disposition d'un large public, une bibliothèque relative à la justice pénale sur un site internet. Ce site permet de consulter des manuscrits, livres, journaux, articles, comptes rendus de procès, photographies, dessins et gravures.
L'histoire de Violette Nozière est également le thème central pour les travaux du lycée Molière de la Mission laïque française de Villanueva de la Cañada en Espagne, le 22 mai 2013.
Myriam Chermette-Richard, ancienne élève de l'École nationale des chartes, doctorante en histoire à l'Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, conservateur à la Bibliothèque interuniversitaire de la Sorbonne, réalise en juin 2007 une recherche sur l'évolution et l'utilisation photographique dans le monde de la presse et ses effets. L'affaire Violette Nozière est le sujet central de son ouvrage : Le Succès par l'image ? Heurs et malheurs des politiques éditoriales de la presse quotidienne 1920-1940 dans la revue Études photographiques no 20, consacrée à La trame des images et histoires de l'illustration photographique consulter le chapitre Sources. Myriam Chermette cite à ce propos : Nous nous appuyons à plusieurs reprises sur cet exemple car il a été abondamment traité dans la presse quotidienne française, par le texte et par l’image, et il permet ainsi d’établir une étude comparée des différents journaux. Elle reçoit le 6 septembre 2007 le Prix Louis-Roederer pour ses travaux d'investigation scientifique dans le domaine de la photographie.

Littérature

Violette Nozière, muse des Surréalistes, devient pour André Breton une légende vivante :
Mythologique jusqu'au bout des ongles
L'écrivain Marcel Aymé prend la défense de Violette Nozière :
Dans l'hypothèse d'un inceste, quelle pitié ne méritait pas la malheureuse, et quel pardon !
Colette ne croyait pas au possible rachat de Violette Nozière :
Je pensais à la mauvaise enfant criminelle, à l'atmosphère de mensonge bas qu'elle avait organisée
Les plus grands noms du surréalisme participent en 1933 à une œuvre commune : Violette Nozières, se reporter au chapitre Soutien des surréalistes. Anne-Emmanuelle Demartini souligne que « plus spectaculaire et de plus vaste portée critique, quoique restée confidentielle, est la protestation du groupe surréaliste qui publie le 1er décembre 1933, un recueil de poèmes et de dessins. Plaidoyer en faveur de la jeune fille, Violette Nozières prend le contre-pied du discours médiatique en tenant l'inceste pour vrai et en érigeant la jeune parricide en figure lumineuse de la révolte contre une société patriarcale dont les institutions – presse, justice et police – sont jugées solidaires des pères violeurs .
Ces institutions qui éludent la relation incestueuse sont dénoncées avec force par l'écrivain Marcel Aymé, dans le journal Marianne du 24 octobre 1934 : En condamnant Violette Nozières sans vouloir entendre parler d'inceste … le tribunal s'est montré fidèle à l'une de ses plus chères traditions. Il a voulu affirmer le droit du père à disposer absolument de ses enfants, tout compris : droit de vie et de mort, et droit de cuissage aussi. Marcel Aymé publie dans le même journal le 19 décembre 1934, un second article contre la peine de mort : Nous apprenons par les journaux que le pourvoi de Violette Nozières a été rejeté. il manquait au palmarès une enfant de dix-neuf ans … mais prions bien humblement M. le président qu'il fasse grâce à Violette Nozières. On ne dira pas que c'est faiblesse, mais simple justice.
L'affaire amène une nouvelle prise de position dans le monde littéraire avec Louis-Ferdinand Céline sous le pseudonyme de Ferdinand Bardamu, dans La revue anarchiste : Au demeurant, de quoi se plaint-on ? Cette affaire et celle d'Oscar Dufrenne sont des aubaines pour tous. Pour la foule qui renifle le sang et le sperme, pour la presse qui la triture, pour le juge qu'elle met en vedette. Nozières est sous terre et Violette est en taule. L'un en proie aux helminthes, l'autre aux remords. Deux victimes dont l'une est enterrée vivante. Deux victimes du Milieu social. On s'agite et l'on danse autour : la Danse macabre.
Pierre Drieu la Rochelle observe attentivement le bouleversement causé par l'affaire Nozière et prend part au débat. Véronique Lesueur-Chalmet cite le romancier controversé dans sa biographie consacrée à Violette :
Le problème que la justice va devoir résoudre tient en quelques mots : empêcher la contagion du mal. Violette a porté le poison au cœur de son géniteur et de son pays. Les accusations contre son père et le geste criminel de la jeune femme pour s'en libérer, prennent soudain une ampleur politique. Dans l'hebdomadaire Marianne de cette même semaine, Pierre Drieu la Rochelle, pointe le caractère singulier de l'affaire Nozières : On commence par dire : Elle a tué, pas d'affaire. Pourquoi parlez-vous d'une affaire. C'est clair. On ajoute tranquillement : Elle a tué ses parents. Attention. Cette simple affirmation qui semble reposer sur l'évidence absolue est en réalité une formule jetée en l'air et qui peut, en retombant, se casser en trois morceaux. L'écrivain dépeint trois êtres humains tourmentés, s'anéantissant les uns les autres au terme d'un infernal huis clos. On ne tue pas ses parents pour de l'argent, sur une brève impulsion ou sous l'emprise d'un vague coup de folie ! À la source du meurtre, gronde la haine. Une haine occultée par des faux-semblants, bâillonnée par les convenances, étouffée par l'hypocrisie généralisée d'une société attachée aux apparences. Jusqu'à la terrible délivrance du passage à l'acte meurtrier.

À l'inverse se manifestent les défenseurs de l'ordre moral : Depuis Landru, personne n'avait séduit la foule que cette héroïne pâle et défaite avec les détails douteux et sales de sa vie navrante, la grise atmosphère de débauche où alternaient les cocktails, la drogue et le café crème, l'argent et la misère, un atroce monde sans Dieu, s'indigne Robert Brasillach, écrivain d'extrême droite et collaborationniste à venir, tout comme le sera Louis-Ferdinand Céline, ainsi que Pierre Drieu la Rochelle.
Hostile à Violette Nozière, la romancière Colette 1873-1953 lui prête des propos imaginaires dans l'éditorial de L'Intransigeant, grand quotidien du soir d'opinion de droite : « À l'époque où je régnais sur les cœurs, lorsque d'un geste suprêmement élégant, je vidais coupe sur coupe et j'allumais, à la flamme d'un briquet de grande valeur, les cigarettes d'Orient avant de m'élancer dans ma Bugatti, je m'avisais que, sans manquer d'argent, mes parents manquaient totalement de chic. Disons le mot : ils n'étaient pas montrables… .
Au sujet de cet article, une controverse s'engage entre l'écrivain Louis Laloy et Colette. Preuve, s'il en est, des débats passionnés que le procès de Violette Nozière provoque :
Au début des années trente, Colette poursuit ses chroniques judiciaires … C'est le dernier interrogatoire de Violette Nozière avant les assises, note Colette dans La République du 20 décembre 1933 … Colette en donne le compte rendu dans L'Intransigeant du 13 octobre, sous le titre Le drame et le procès. Mais la première phrase de son article va donner lieu à une polémique : C'est du petit monde, c'est du petit monde malheureusement, reprend-elle au début du quatrième paragraphe. Louis Laloy n'apprécie guère la formule qu'il associe à petites gens, titre de l'article qu'il fait paraître dans L’Ère nouvelle du 16 octobre : Mme Colette est au nombre des rares auteurs de notre pays qui ont gardé le contact avec le peuple et voilà qu'elle semble se détacher de lui. La réponse de Colette ne se fait pas attendre, Louis Laloy la glisse aussitôt dans le numéro du 25 octobre : Chez nous on appelle petit monde, ou chetit monde, les méchants. Petit monde : je pensais à la mauvaise enfant criminelle, à l'atmosphère de mensonge bas qu'elle avait organisée, à l'étroite suspicion, à cette camaraderie pourrie entre la fille et des garçons sans scrupule.

Plusieurs ouvrages sont consacrés à Violette Nozière, parmi lesquels on peut citer :

Jean-Marie Fitère, Violette Nozière, la biographie la plus complète sur la jeune parricide. Comme le remarque l'éditeur : Jean-Marie Fitère a su faire de ce fait divers qui défraya la chronique dans les années 1930, le roman d'une vie. Un roman à la fois cruel, poignant et tendre .
Véronique Lesueur-Chalmet, Violette Nozières, la fille aux poisons, un livre romancé qui dresse un portrait psychologique en recréant des situations, plus ou moins fictionnelles : Pas de demi-mesure. On maudit Violette Nozières ou on l'adore.
Bernard Hautecloque, Violette Nozière, la célèbre empoisonneuse des années trente. L'écrivain présente une Violette Nozière dissemblable et il précise dans son avant-propos : Je ne prétends pas pour autant avoir fait une recherche de type universitaire, mais une œuvre littéraire. J'ai eu le privilège de dialoguer avec deux autres de ses biographes, Jean-Marie Fitère et Véronique Chalmet. Nous avons comparé, voire confronté nos visions respectives du personnage. Or, bien qu'ayant travaillé tous trois sur les mêmes documents, nos Violette Nozière sont fort différentes les unes des autres. Faut-il s'en étonner ?.
Patrick Modiano évoque Violette Nozière et le quartier Latin dans son roman Fleurs de ruine :
La neige qui se transforme en boue sur les trottoirs, les grilles des thermes de Cluny devant lesquelles se dressaient des étalages de marchands à la sauvette, les arbres dénudés, toutes ces tonalités grises et noires dont je garde le souvenir me font penser à Violette Nozière. Elle donnait ses rendez-vous dans un hôtel de la rue Victor-Cousin, près de la Sorbonne, et au Palais du Café, boulevard Saint-Michel. Violette était une brune au teint pâle que les journaux de l'époque comparait à une fleur vénéneuse et qu'ils appelaient la fille aux poisons. Elle liait connaissance au Palais du Café avec de faux étudiants aux vestons trop cintrés et aux lunettes d’écaille. Elle leur faisait croire qu'elle attendait un héritage et leur promettait monts et merveilles : des voyages, des Bugatti… Sans doute avait-elle croisé, sur le boulevard, le couple T. qui venait de s'installer dans le petit appartement de la rue des Fossés-Saint-Jacques
La trame de l'histoire de Modiano se déroule à Paris en 1933. Un couple se suicide dans leur appartement pour de mystérieuses raisons. La cause de ce drame, ne sera jamais élucidée complètement. L'auteur mêle personnages de fiction et personnages réels, ce qui donne encore plus d'authenticité au récit.

Bandes dessinées

Violette Nozière inspire également les auteurs et dessinateurs du neuvième art. L'année 2012 voit deux projets de bande dessinée en cours de réalisation, dont l'un est publié le 28 septembre de la même année, avec sa sortie en album : L'Affaire Violette Nozière de Julien Moca et Frank Leclercq. Le début du récit se situe au mois de novembre 1966 et un avocat, Maître René de Vésinne-Larue, nous raconte l'histoire de la plus célèbre de ses clientes, Violette Nozière.
L'Affaire Violette Nozière, Éditions De Borée, collection Les grandes affaires criminelles et mystérieuses, 28 septembre 2012.
Scénario : Julien Moca, Caroline Allart - Dessin : Frank Leclercq, Benoît Lacou -
Le second album, Violette Nozière, d'Eddy Simon et Camille Benyamina, est sorti le 15 janvier 2014. Les auteurs nous donnent de Violette Nozière, l'Ange Noir, un portrait empreint de poésie et de mystère…
Les 18 et 19 mai 2012, la société généalogique de Haute-Loire : , organise sa 5e rencontre dans la salle d'exposition du journal L'Éveil, place Michelet au Puy-en-Velay. Le thème principal est la généalogie et les grandes affaires criminelles. Les membres de l'association mentionnent Violette dont la famille paternelle est originaire du département : Nous sommes partis d'un livre qui évoque certaines affaires intervenues en Haute-Loire. L'un des cas les plus intéressants est sans doute celui de Violette Nozière, connue pour avoir assassiné son père né à Prades et tenté d'assassiner sa mère, et dont l'histoire a été retranscrite dans des films, explique Brigitte Dumas, la présidente du GenDep. La maxime du poète Jean de La Bruyère qui illustre ce salon, se vérifie bien plus souvent qu'on ne le croit : Tout homme descend à la fois d'un roi et d'un pendu.

Historique

La famille Nozière est originaire du département de la Haute-Loire, en Auvergne. L'aïeul paternel de Violette Nozière est Félix Nozière, né à Saint-Julien-des-Chazes le 8 mars 1858, de père inconnu et de Marie Nozière, vingt-deux ans. La naissance de cet enfant naturel a lieu au domicile de son grand-père maternel, Antoine Nozière 1798-1880, cultivateur. Marie Nozière, ménagère, va contracter un mariage six ans plus tard, avec un dénommé Baptiste Vigouroux, cultivateur, son aîné de huit ans. La célébration se déroule dans la commune de l'époux à Prades, le 26 mai 1864. Marie Nozière décède à Prades, à l'âge de 41 ans, le 6 janvier 1878. Son fils, Félix Nozière, domestique, épouse Marie Constance Bernard, 17 ans, à Prades le 12 janvier 1884. De cette union sont nés trois enfants : Baptiste Nozière le 17 février 1885, Ernest Félix Nozière le 5 janvier 1887 et Marie Juliette Nozière, le 20 février 1900. Baptiste quitte très tôt le milieu familial en 1901, apprend la mécanique et entre aux Chemins de fer Paris-Lyon-Méditerranée PLM à Paris, comme ajusteur. Ernest est boulanger à Prades, comme son père. Ce dernier tient également une auberge dans le village. Ernest Nozière épouse Marie, Véronique Michel à Prades, le 11 janvier 1913. Son frère, Baptiste, mécanicien, est présent à la cérémonie. Un contrat de mariage est établi, les 24 et 25 décembre 1912 par Maître Plantin, notaire à Saint-Julien-des-Chazes. Le 17 février 1914, naît René Baptiste Nozière à Prades, le premier enfant d'Ernest et Marie Nozière.
La vie paisible de la famille Nozière est de courte durée et connaît une succession de drames. La Guerre éclate et désormais plus rien ne sera comme avant. L'horreur de la guerre frappe d'innombrables foyers, meurtris par ce conflit. Si Baptiste Nozière accomplit son engagement militaire au PLM, il en est autrement pour son frère envoyé sur le front, dans les tranchées. Ernest Nozière est incorporé le 2 août 1914, en tant que soldat de 2e classe au 299e régiment d'infanterie. Le 3 août 1914, il rejoint son régiment stationné à Sainte-Colombe-lès-Vienne dans le département du Rhône. Le 11 mars 1915, Ernest Nozière intègre la 74e Division et la 147e Brigade du Détachement de l'Armée de Lorraine DAL. Le 24 juillet 1915, les troupes reçoivent la visite du Président de la République, Raymond Poincaré. Au mois d'octobre 1915, les combats font rage sur le front de Reillon en Meurthe-et-Moselle :
Le 8 octobre 1915, le 299ème fut alerté brusquement et enlevé en auto-camions pour débarquer à Bénamenil. Il s'agissait de parer une attaque qui avait réussi à s'emparer du bois Zeppelin en avant de Reillon. Dès son arrivée, le régiment fut jeté en pleine bataille et se lança à la contre-attaque. Pendant dix jours les combats se poursuivirent avec acharnement sur un terrain très difficile, bouleversé par les bombardements et les intempéries. Les difficultés de ravitaillement, l'état du sol détrempé par l’eau, la précarité des communications, sans cesse coupées, imposèrent aux troupes de grandes fatigues. Pendant cette période d'attaques et de contre-attaques, le régiment perdit 305 hommes tués ou blessés, mais il eut la satisfaction d'infliger aux Allemands de sanglants échecs.
Au cours des assauts, Ernest Nozière est pris sous le feu Allemand. Le 14 octobre 1915 à 19 h 00, Ernest succombe des suites de ses blessures. Il avait 28 ans. Marie Nozière, veuve de guerre sans ressources avec un enfant, est prise en charge par son beau-père, Félix Nozière. L'enfant d'Ernest et Marie Michel, René Nozière, décède à 3 h, au matin du 5 mai 1917, âgé seulement de trois ans, d'une diphtérie. Marie, Juliette Nozière disparaît à Prades le 25 août 1918, dans sa dix-neuvième année. L'épouse de Félix Nozière, Marie Bernard meurt à Prades l'année suivante le 4 janvier 1919, moins de cinq mois après leur fille Juliette. Félix Nozière affronte deuils et solitude. Son seul enfant à présent, Baptiste, est éloigné et toujours en déplacement, de par son métier. Le dernier lien familial, est sa belle-fille Marie, qui décide de vivre avec le patriarche. Leur liaison et la grande différence d'âge de trente années du couple, vont alimenter les conversations des habitants de Prades. Cette situation est un sujet de discorde permanent entre Baptiste Nozière et son père, Félix Nozière. Quoi qu'il en soit, Baptiste se rend à Prades chaque année avec sa nouvelle épouse Germaine Hézard. Par ailleurs, Germaine témoigne de l'affection pour son beau-père et ce sentiment est réciproque.
La famille Hézard a ses racines dans le département de la Nièvre en Bourgogne. Germaine, Joséphine Hézard est née à Neuvy-sur-Loire, le 4 août 1888158. Elle est la fille de Alsime, François Hézard, 42 ans, vigneron, et de Clémence, Philomène Boutron, 38 ans, sans profession. Dix-huit années séparent Germaine de sa sœur aînée Philomène Hézard, mariée le 12 novembre 1889 à Neuvy-sur-Loire avec Auguste Desbouis, vigneron161. Auguste abandonne très vite le métier familial pour devenir gardien de la paix dans le département de la Seine.
Germaine Hézard, couturière, épouse en premières noces à l'âge de 18 ans, le 5 février 1907 à Neuvy-sur-Loire, Louis Pierre Arnal, doreur sur papier et domicilié au 83 rue d’Angoulême à Paris, dans le 11e arrondissement. Mais Louis Arnal brutalise sa femme Germaine, la trompe et joue aux courses. La séparation est inévitable. Un jugement par défaut intervient, le 8 octobre 1913. Le divorce est prononcé le 22 janvier 1914, au Palais de justice de Paris, par le tribunal civil de première instance du département de la Seine, au profit de Germaine Hézard.

Le film

Drame de Claude Chabrol, avec Isabelle Huppert (Violette), Stéphane Audran (Germaine, la mère), Jean Carmet (Baptiste, le père), Lisa Langlois (Maddy), Jean-François Garreaud (Jean Dabin).
Scénario : Odile Barski, Hervé Bromberger, Frédéric Grendel, Claude Chabrol, d'après le livre de Jean-Marie Fitère
Photographie : Jean Rabier
Décor : Jacques Brizzio
Musique : Pierre Jansen
Montage : Yves Langlois
Pays : France
Date de sortie : 1978
Son : couleurs
Durée : 2 h 04
Résumé

À dix-huit ans, Violette Nozière mène une double vie. Enfant sage en famille, elle joue, au dehors, les vamps, se prostitue et entretient un gigolo, avec lequel elle espère bien partir en vacances aux Sables-d'Olonne. Elle empoisonne ses parents : le père meurt, la mère survit. Violette est condamnée, mais elle sera ensuite graciée et mènera une vie parfaitement bourgeoise.
Dans la galerie des monstres chabroliens, Violette, parricide dont les surréalistes avaient, en leur temps, pris la défense, est aux antipodes de l'extraverti Landru. Personnage toujours en deçà, neutre, magnifiquement incarné par Isabelle Huppert, Violette n'est qu'une bonne femme . Ce qui intéresse Chabrol, c'est qu'en multipliant les explications de son geste, on ne fait que le rendre plus insaisissable : seuls les faits sont indiscutables.


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#99 Isaac Newton 1
Loriane Posté le : 04/01/2015 19:27
Le 4 janvier 1643, calendrier grégorien naît Isaac Newton

à Woolsthorpe, Lincolnshire, il meurt à 84 ans, le 31 mars 1727 à Kensington, Londres, philosophe, mathématicien, physicien, alchimiste, astronome et théologien anglais, puis britannique. Figure emblématique des sciences, il est surtout reconnu pour avoir fondé la mécanique classique, pour sa théorie de la gravitation universelle et la création, en concurrence avec Gottfried Wilhelm Leibniz, du calcul infinitésimal. En optique, il a développé une théorie de la couleur basée sur l'observation selon laquelle un prisme décompose la lumière blanche en un spectre visible. Il a aussi inventé le télescope à réflexion composé d'un miroir primaire concave appelé télescope de Newton.
En mécanique, il a établi les trois lois universelles du mouvement qui sont en fait des principes à la base de la grande théorie de Newton concernant le mouvement des corps, théorie que l'on nomme aujourd'hui « mécanique newtonienne » ou encore « mécanique classique ».

Il est aussi connu pour la généralisation du théorème du binôme et l'invention dite de la méthode de Newton permettant de trouver des approximations d'un zéro ou racine d'une fonction d'une variable réelle à valeurs réelles.
Newton a montré que le mouvement des objets sur Terre et des corps célestes sont gouvernés par les mêmes lois naturelles ; en se basant sur les lois de Kepler sur le mouvement des planètes, il développa la loi universelle de la gravitation.
Son ouvrage Philosophiæ Naturalis Principia Mathematica2,3, écrit en 1686, est considéré comme une œuvre majeure dans l'histoire de la science. C'est dans celui-ci qu'il décrit la loi universelle de la gravitation, formule les trois lois universelles du mouvement et jette les bases de la mécanique classique. Il a aussi effectué des recherches dans les domaines de la théologie et l'alchimie.
Newton fut mathématicien et astronome aussi bien que physicien et mécanicien, expérimentateur aussi bien que théoricien. Il renouvela l'analyse et la géométrie en inventant le calcul différentiel et intégral, dont il partage la paternité avec Leibniz. Son analyse expérimentale et théorique des propriétés physiques de la lumière et des couleurs ouvrit un nouveau domaine, l'optique physique, riche de perspectives sur la constitution de la matière. Il unifia les lois de Kepler en astronomie et celles de la mécanique terrestre de Galilée en fondant la mécanique rationnelle par une définition précise de ses concepts fondamentaux (espace, temps, masse, force, accélération), par l'énoncé des lois générales du mouvement et la formulation mathématique des lois particulières, locales et instantanées (c'est-à-dire causales), pour des forces données, et en établissant sa théorie de la gravitation universelle.
Newton concevait sa physique comme partie prenante d'une « philosophie naturelle », imprégnée de l'idée d'un Dieu créateur immanent, qui n'est peut-être pas exactement le « Grand Horloger » qu'y verra Voltaire, car il est avant tout « le Seigneur ». Et son « serviteur », marqué par les idées néoplatoniciennes, fut par ailleurs préoccupé d'exégèse biblique, de théologie et d'alchimie, qui participaient à ses yeux de la recherche de la vérité au même titre que ses travaux en mathématique et en physique.

En bref

Figure majeure de l'histoire des sciences, Isaac Newton a fondé la mécanique classique avec sa théorie de l'attraction universelle (→ gravitation). Il a contribué aussi aux progrès de l'optique et de l'analyse mathématique, tout en consacrant beaucoup de temps à la théologie et à l'alchimie.
Né prématurément le jour de Noël, l'année même de la mort de Galilée, Newton est un enfant si chétif et malingre qu'on pense qu'il ne pourra pas vivre. Son père, propriétaire terrien, meurt avant sa naissance, et sa mère se remarie avec Barnabas Smith, recteur de North Witham. L'enfant, alors âgé de trois ans, est confié à sa grand-mère, qui lui fait faire ses premières études aux écoles primaires de Skilington et de Stoke, deux hameaux voisins de Woolsthorpe. À l'âge de douze ans, il est envoyé à l'école publique de Grantham et logé chez l'apothicaire de l'endroit. Il racontera lui-même qu'il était un élève fort peu attentif ; il préférait s'amuser à construire de petites machines, tels une espèce de clepsydre fort précise, un cadran solaire et un moulin mû par une souris qu'il appelait le « meunier » et qui, pour se nourrir, prélevait une partie de la farine qu'elle produisait. Il aimait aussi dessiner d'après nature ou selon son imagination, et les murs de sa petite chambre étaient couverts de dessins et de peintures.
Redevenue veuve en 1656, sa mère le rappelle à Woolsthorpe, pour l'employer à l'administration et aux travaux de la ferme. Mais ce genre d'occupation ne lui convient guère. Tandis qu'un vieux serviteur s'occupe des achats et des ventes dont on l'a chargé au marché de Grantham, Newton retourne chez son ancien hôte pour s'adonner à la lecture de vieux livres ou s'arrête même en chemin. La passion qu'il montre alors pour les sciences lui vaut, sur l'intervention d'un oncle, de poursuivre ses études à Grantham. Puis, à l'âge de dix-huit ans, il est envoyé au Trinity College de Cambridge, où il est vite distingué par son maître, le mathématicien Isaac Barrow (1630-1677). En 1665, il y obtient le degré de bachelier ès arts.
Cette même année, la peste sévit à Londres. L'université de Cambridge ferme ses portes, et Newton retourne à Woolsthorpe, où il reste jusqu'en 1667. C'est sans doute pendant cette période qu'il effectue ses principales découvertes. La tradition veut, notamment, qu'il ait eu l'idée de l'attraction universelle en voyant tomber une pomme : pourquoi la Lune, elle, ne tombe-t-elle pas ? Quelle est la force qui la maintient sur son orbite ? se serait-il alors demandé. Cette anecdote, rapportée à Voltaire par une nièce de Newton, n'a jamais été mentionnée par celui-ci et n'est probablement qu'invention. Néanmoins, Newton ne fait pas connaître les résultats qu'il obtient à cette époque, car il n'éprouve aucun besoin de publier. Comme l'a remarqué Fontenelle, on peut lui appliquer ce que Lucain a dit du Nil, dont les Anciens ne connaissaient point la source : « Qu'il n'a pas été permis aux hommes de voir le Nil faible et naissant. »
Après son retour à Cambridge, Newton acquiert les autres grades universitaires et obtient en 1669 la chaire de mathématiques, dont Barrow s'est dessaisi pour se consacrer à la théologie ; pendant vingt-six ans, il remplira avec zèle ses fonctions de professeur. En 1669, également, il rédige un compte rendu de ses découvertes mathématiques, le théorème du binôme généralisé et les fondements du calcul infinitésimal, pour le confier à Barrow ; ce compte rendu ne sera publié qu'en 1711.
L'œuvre de Newton constitue sans conteste le plus grand moment de la science moderne telle qu'elle s'est constituée après la Renaissance ; elle couronne les travaux exceptionnellement riches d'une pléiade de mathématiciens et de physiciens de génie. On pourrait généraliser la remarque qu'il fit lui-même à propos des recherches en optique de Descartes, Hooke et Boyle, dont il s'inspira : « Si j'ai vu plus loin, c'est parce que j'étais assis sur les épaules de géants. » Cette œuvre inaugura, par ses synthèses magistrales, une nouvelle ère de la pensée scientifique qui dura plus de deux siècles, et dont la science contemporaine est encore largement l'héritière, même après les nombreux bouleversements survenus en mathématique et en physique. Les autres sciences s'en inspirèrent également pour formuler les normes de scientificité dont elles avaient besoin pour s'établir, et la philosophie s'appuya sur elle dans son projet de fonder une nouvelle intelligibilité rationnelle postcartésienne.
Le savant et mathématicien anglais Isaac Newton (1642-1727). Philosophe et physicien, il est célèbre pour sa théorie de la gravitation universelle et tout le XIXe siècle a été marqué par ses conceptions de la physique.
Newton fut mathématicien et astronome aussi bien que physicien et mécanicien, expérimentateur aussi bien que théoricien. Il renouvela l'analyse et la géométrie en inventant le calcul différentiel et intégral, dont il partage la paternité avec Leibniz. Son analyse expérimentale et théorique des propriétés physiques de la lumière et des couleurs ouvrit un nouveau domaine, l'optique physique, riche de perspectives sur la constitution de la matière. Il unifia les lois de Kepler en astronomie et celles de la mécanique terrestre de Galilée en fondant la mécanique rationnelle par une définition précise de ses concepts fondamentaux (espace, temps, masse, force, accélération), par l'énoncé des lois générales du mouvement et la formulation mathématique des lois particulières, locales et instantanées (c'est-à-dire causales), pour des forces données, et en établissant sa théorie de la gravitation universelle.
Newton concevait sa physique comme partie prenante d'une « philosophie naturelle », imprégnée de l'idée d'un Dieu créateur immanent, qui n'est peut-être pas exactement le « Grand Horloger » qu'y verra Voltaire, car il est avant tout « le Seigneur ». Et son « serviteur », marqué par les idées néoplatoniciennes, fut par ailleurs préoccupé d'exégèse biblique, de théologie et d'alchimie, qui participaient à ses yeux de la recherche de la vérité au même titre que ses travaux en mathématique et en physique.

Sa vie

L'Angleterre n'ayant alors pas encore adopté le calendrier Grégorien, la date de naissance d’Isaac Newton est enregistrée en date du 25 décembre 1642, au manoir de Woolsthorpe près de Grantham, dans le Lincolnshire en Angleterre, de parents paysans. Son père meurt trois mois avant sa naissance et sa mère, Hannah Ayscough se remarie quand le petit Isaac a trois ans. Il est alors placé chez sa grand-mère sous la tutelle de son oncle ; son enfance semble ne pas être très heureuse. À cinq ans, il fréquente l’école primaire de Skillington, puis à douze ans celle de Grantham.
Né le 25 décembre 1642, selon le calendrier Julien, mais le 4 Janvier 1643 selon le calendrier Grégorien, quelques mois après le décès de son père, dans une famille de petits propriétaires terriens, Isaac fut un enfant de santé fragile. Sa mère, Hannah, le confia, lors de son remariage avec un pasteur anglican – Isaac avait alors trois ans –, à sa grand-mère et à son oncle, auprès desquels il passa ses années de jeunesse dans la maison familiale, dans le hameau de Woolsthorpe, près de Grantham (Lincolnshire). Son caractère se ressentit de cette situation, et il éprouva du ressentiment à l'égard de sa mère et de son beau-père. Plus tard, il ne connut pas de femme et ne se maria jamais. De cette période, on ne retient pas de traits particuliers de la personnalité du jeune Isaac, sinon une prédilection pour les constructions mécaniques et une grande habileté manuelle.
Sa mère revint à la maison familiale en 1653, à la mort du révérend, et voulut faire de son fils un fermier. Mais il n'en avait aucune vocation, et plusieurs personnes de son entourage l'encouragèrent à se préparer pour entreprendre des études universitaires, ce qu'il fit à l'école du comté. Quelques années plus tard, en 1661, Newton entra au Trinity College de Cambridge, où il fit ses études supérieures, devenant bachelor of arts en juin 1665. Il apprit la rhétorique scolastique et la logique aristotélicienne, reçut les leçons d' Isaac Barrow, s'imprégna des idées de l'école des néoplatoniciens de Cambridge, à laquelle appartenait Barrow et dont Henry More était le chef de file.
L'épidémie de peste ayant occasionné la fermeture de l'université, il mit à profit son séjour de dix-huit mois dans le Lincolnshire pour se livrer à la réflexion et à la recherche, posant les jalons de son œuvre scientifique.
En octobre 1667, Newton fut élu fellow du Trinity College, obtint le master of arts en 1668 et fut nommé « professeur lucasien » en 1669, à l'âge de vingt-six ans, succédant à son maître Barrow. En 1672, il devint membre de la Royal Society. Il entretint au long de sa vie une correspondance avec des savants et philosophes importants de Grande-Bretagne et du continent.
Associé étranger de l'Académie des sciences de Paris en 1699, président de la Royal Society de 1703 à sa mort, il fut ennobli par la reine en 1705. La fin de sa vie fut marquée par de vives controverses, dont celles avec Leibniz : l'une sur des questions de philosophie et de théologie, par Samuel Clarke interposé, l'autre sur la priorité quant à l'invention du calcul infinitésimal ou différentiel. Il fut intransigeant et impitoyable dans cette dispute, n'hésitant pas à rédiger lui-même, tout en le prétendant œuvre impartiale de la Royal Society, le Commercium epistolicum, et à modifier quelques passages des Principia sur la deuxième édition pour renforcer sa revendication de priorité.

L'étudiant et le chercheur de Cambridge

À dix-huit ans, il entre alors au Trinity College de Cambridge, il y restera sept ans, où il se fait remarquer par son maître, Isaac Barrow. Il a également comme professeur Henry More qui l'influencera dans sa conception de l'espace absolu. À Cambridge, il étudie l’arithmétique, la géométrie dans les Éléments d'Euclide et la trigonométrie, mais s’intéresse particulièrement à l’astronomie, à l’alchimie et à la théologie. Il devient à vingt-cinq ans bachelier des arts, mais est contraint de suspendre ses études pendant deux années à la suite de l’apparition de la peste qui s’est abattue sur la ville en 1665 ; il retourne dans sa région natale. C’est à cette période que Newton progresse fortement en mathématiques, physique et surtout en optique, il montre que la lumière n’est pas blanche mais qu’elle est constituée d’un spectre coloré ; toutes les grandes découvertes qu’il explicitera dans les années suivantes découlent de ces deux années.

L'épisode de la pomme

C’est également à cette époque qu’aurait eu lieu l’épisode vraisemblablement légendaire de la pomme qui tomba de l’arbre sur sa tête, lui révélant les lois de la gravitation universelle. Voici un témoignage venu bien plus tard, en 1752, de son ami William Stukeley citant une rencontre d’avril 1726 avec Newton :
« Après souper, le temps clément nous incita à prendre le thé au jardin, à l'ombre de quelques pommiers. Entre autres sujets de conversation, il me dit qu'il se trouvait dans une situation analogue lorsque lui était venue l'idée de la gravitation. Celle-ci avait été suggérée par la chute d'une pomme un jour que, d'une humeur contemplative, il était assis dans son jardin. »
Newton accélère dans ses recherches, il entame en 1666 l’étude des fonctions dérivables et de leurs dérivées à partir du tracé des tangentes sur la base des travaux de Fermat. Il classifie les cubiques et en donne des tracés corrects avec asymptotes, inflexions et points de rebroussement. En 1669, il rédige un compte rendu sur les fondements du calcul infinitésimal qu’il appelle « méthode des fluxions ». Newton a fondé ainsi l’analyse mathématique moderne.
En 1669 toujours, Newton succède à son maître qui s'était démis pour se consacrer exclusivement à la théologie10 et reprend sa chaire de mathématiques. Trois ans plus tard, à l’âge de 29 ans, il entre à la Royal Society de Londres, où il fera la rencontre de Robert Boyle, homme très influent. Il réussit l’exploit de mettre au point un télescope à miroir sphérique dépourvu d’aberration chromatique. L’année d’après, il prit la décision de communiquer grandement sur ses travaux sur la lumière, ce qui le rendit célèbre d’un seul coup. Cette célébrité fit de ses découvertes l’objet de nombreuses controverses et querelles dont il avait horreur.

Les années merveilleuses

Newton s'est souvenu de l'année 1666 comme de la période la plus créative de sa vie, son annus mirabilis. C'est, en réalité, au cours des deux années 1665 et 1666, dans sa retraite forcée à la campagne entrecoupée de rares et brefs séjours au Trinity College, que lui vinrent les idées si fécondes, encore en partie intuitives, qu'il devait mûrir progressivement et développer par la suite dans son œuvre, en mathématique, en optique, en astronomie théorique : ses carnets de notes conservent des traces précises de tout ce travail lentement élaboré, objet de constants remaniements, dont il ne publia les résultats que tardivement et avec parcimonie.
Il découvrit le développement en série du binôme, puis développa la méthode des séries infinies pour la quadrature de fonctions. L'étude des séries infinies et la construction de figures par le mouvement de points ou de lignes le conduisirent à formuler la règle de différentiation d'une fonction d'une variable sujette à un accroissement infinitésimal, inventant ainsi le calcul des fluxions, qui est la version newtonienne du calcul différentiel. Il l'appliqua aussitôt à l'étude des tangentes et des courbures ainsi qu'aux problèmes inverses de quadratures et de rectification des courbes (c'est-à-dire à l'intégration).
Travaillant, dans la suite de Kepler et de Descartes, à la recherche des dioptres parfaits par la taille et le polissage de lentilles non sphériques, il se rendit compte de la persistance d'une aberration chromatique importante, même lorsque l'aberration sphérique était diminuée. Il effectua alors ses observations sur la lumière du Soleil à l'aide de prismes, par lesquelles il conclut au caractère composite de la lumière blanche, et à l'inégale réfrangibilité des rayons de couleurs différentes. Il conçut ensuite l'idée du télescope à réflexion pour éviter les limitations de la lunette dues à la dispersion chromatique.
Il eut, selon son propre récit, l'idée de la gravitation universelle en voyant tomber une pomme et en pensant que, de même, la Lune tombe sur la Terre mais en est empêchée en même temps par son mouvement propre (d'inertie). Rapprochant la troisième loi de Kepler et la loi de la force centrifuge, il formula la loi de l'inverse carré des distances pour la force centripète qui agit sur les planètes ; mais la valeur du rayon terrestre alors disponible ne lui permit pas de démontrer la validité de sa théorie par l'accord entre la chute libre d'un objet sur Terre et le mouvement de la Lune. On ignore si ce fut là l'unique raison du délai de vingt ans qui sépare la conception de son idée fondamentale et sa publication dans les Principia. Sans doute lui fallait-il aussi l'étayer sur de plus amples développements mathématiques et physiques requis par l'étude précise des lois du mouvement.
Toute l'œuvre scientifique de Newton se présente comme l'explicitation et la continuation directe de ces idées, qui allaient renouveler les mathématiques et créer la mécanique rationnelle, l'optique physique et l'astronomie mathématique.

L'œuvre mathématique

L'intérêt de Newton pour les mathématiques semble s'être éveillé en 1664, à la faveur de lectures telles que la Géométrie de Descartes et l'Arithmétique des infinis de Wallis. Si Barrow eut un rôle stimulant, il faut assurément attribuer l'inspiration décisive pour l'invention du calcul infinitésimal à la lignée de mathématiciens qui va de Descartes à Fermat – et sa méthode des maxima et des minima des courbes –, Pascal, Roberval, Torricelli, Cavalieri, Wallis et Gregory.
En définissant l'élément infiniment petit d'une variable x, s'annulant à la limite, et qu'il nota pour cela o, il développa des règles de différenciation pour une fonction f(x). Il abandonna ensuite le concept d'accroissement discret infiniment petit, o, pour celui de « fluxion » d'une variable, définie comme la vitesse de changement, finie, instantanée, de l'accroissement de la grandeur – ou « fluente » – en fonction d'une variable indépendante (elle correspond à la dérivée).
Le calcul des fluxions permit à Newton de donner des contributions importantes en géométrie analytique. Il l'appliqua à l'étude des courbes par la détermination des tangentes et des courbures, le calcul des minima et des maxima, et à l'intégration des courbes, utilisant des coordonnées cartésiennes aussi bien que polaires. Son Traité de la nature des courbes propose une classification des courbes suivant que leurs équations sont algébriques ou transcendantes, et dénombre, dans sa classification des cubiques selon le nombre de points en lesquels elles sont coupées par une ligne droite, soixante-douze formes possibles (6 autres seront trouvées ultérieurement, portant l'ensemble à 78). L'ouvrage comporte également la théorie des projections des courbes sur un plan à partir d'un point, montrant que la projection conserve le degré de la courbe. On y trouve encore l'étude des courbes planes d'ordre plus élevé que les coniques et les cubiques, leur application à la résolution d'équations de degrés élevés, ainsi que les propriétés des asymptotes, des points multiples et des boucles. La plus grande partie des écrits mathématiques de Newton est restée longtemps inédite. Tandis que quelques-uns furent publiés de son vivant, d'autres circulaient à l'état de manuscrit, en sorte qu'ils influencèrent ses contemporains mathématiciens.
L'équivalence entre le calcul des fluxions et le calcul différentiel leibnizien suscita une longue et douloureuse querelle de priorité entre les deux inventeurs, Newton estimant que Leibniz avait utilisé certains de ses manuscrits pour développer son calcul symbolique. On considère généralement qu'il s'agit d'une invention indépendante par les deux savants, qui ont suivi les leçons des mêmes prédécesseurs et notamment la méthode des maxima et des minima de Fermat.
La tradition historique veut qu'Isaac Newton doive l'essentiel de sa formation mathématique à Isaac Barrow. La publication de ses manuscrits mathématiques de jeunesse montre qu'il n'en est rien. Dans le domaine des mathématiques supérieures, Newton est un parfait autodidacte, qui s'est formé par la lecture solitaire des principaux ouvrages contemporains. Sa connaissance des grands mathématiciens de l'Antiquité est très superficielle. Il ne connaîtra guère Archimède et Apollonios de Perga qu'après avoir approfondi les travaux des mathématiciens modernes. Il lira alors simplement les éditions modernisées d'Archimède et d'Apollonios dues à Barrow (1675).
Ses véritables maîtres sont François Viète (1540-1603), lu dans l'édition procurée en 1646 par Frans Van Schooten (1615-1660), l'algébriste anglais William Oughtred (vers 1574-1660), John Wallis (1616-1703), professeur à Oxford, et surtout Descartes, dont il a étudié minutieusement la Géométrie dans l'édition latine en deux volumes donnée en 1659-1660 par Van Schooten et ses disciples. De tous ses contemporains, Newton est celui qui assimile le mieux les méthodes analytiques de Descartes. Il éclaire les points laissés obscurs par son devancier et dote la géométrie analytique de son efficacité maximale. Dès 1667-1668, il s'attaque à la classification des cubiques, dont il donne des tracés corrects, avec asymptotes, inflexions, points doubles, points de rebroussemen
À partir des techniques cartésiennes du tracé des tangentes, il développe un algorithme de calcul différentiel applicable aux courbes algébriques et étudie la notion de courbure indépendamment de Christiaan Huygens. D'autre part, dès 1666, il aborde ses études sur les fluentes (nos fonctions dérivables) et leurs fluxions (leurs dérivées). Son ouvrage De analysis per aequationes infinitas, écrit en 1669, commence la systématisation de ses méthodes infinitésimales, et l'on peut dire que, vers 1670, Newton a fondé l'analyse moderne. Le « binôme de Newton », ou développement de (1 + x)n pour toute valeur rationnelle de n, a été découvert dès 1665. À partir de 1680, Newton se cherchera un style plus géométrique, celui qu'il adoptera dans ses Principes de 1687.

Autres recherches

Mais les mathématiques et la physique ne sont pas ses uniques préoccupations, et il consacre probablement une part égale de son temps à d'autres recherches d'intérêt relativement médiocre. Ses convictions religieuses et son tempérament mystique le poussent à effectuer des travaux de théologie, avec une adhésion cachée à l'arianisme (doctrine hérétique qui nie la divinité du Christ). Des ouvrages comme Chronology of Ancient Kingdoms Amended, 1728 ; Observations upon the Prophecies of Daniel, and the Apocalypse of St. John, 1733) lui coûtent sans doute autant d'efforts que les Principes, sans ajouter à sa gloire. Il porte aussi un grand intérêt à l'alchimie, comme en témoignent des manuscrits retrouvés au début du xxe siècle, et il semble qu'il ait été à la recherche d'une sorte d'attraction universelle valable non plus à l'échelle cosmique mais à celle des constituants ultimes de la matière.

Newton dans sa vie publique

Après la parution des Principes, Newton semble de nouveau abandonner toute recherche scientifique. C'est l'époque de la fuite de Jacques II. En 1689, Newton va siéger à la Chambre des communes pour y représenter l'université de Cambridge. On rapporte qu'il y reste étranger aux débats et n'y prend qu'une fois la parole, pour inviter un huissier à fermer une fenêtre. Le Parlement est dissout, et nous savons par Huygens que Newton tombe alors, en 1692, dans une sorte de prostration – Biot parle même de folie –, causée peut-être par l'excès de son ancien travail, par la mort de sa mère ou par l'incendie accidentel du laboratoire où il poursuit ses recherches d'alchimie.
Cependant, un de ses anciens élèves, Charles Montagu, devenu lord Halifax, occupe en 1694 le poste de chancelier de l'échiquier, et son premier acte est de nommer son illustre maître inspecteur, puis, en 1699, directeur de la Monnaie. Newton abandonne alors sa chaire de Cambridge pour s'acquitter avec soin de cette nouvelle charge, au demeurant assez lucrative. Sa notoriété est devenue très grande : Newton est compris parmi les huit premiers associés étrangers de l'Académie des sciences de Paris (1699) ; en 1703, il est élu président de la Royal Society et le sera de nouveau chaque année jusqu'à la fin de sa vie ; enfin, en 1705, il reçoit de la reine Anne le titre de baronnet.
Newton, qui ne s'est jamais marié, meurt après de vives souffrances liées à une inflammation pulmonaire et à la goutte à quatre-vingt-cinq ans, et il est inhumé en grande pompe à l'abbaye de Westminster, aux côtés des rois d'Angleterre.

L'optique

Newton avait conclu de ses recherches sur la lumière de 1666 que les couleurs « ne sont pas des qualifications de la lumière provoquées par la réflexion ou la réfraction sur les corps naturels », comme on le croyait jusqu'alors, mais « des propriétés originelles et spécifiques », différentes pour les différents rayons. Il poursuivit ces recherches, qu'il communiqua, de 1672 à 1676, à la Royal Society, et enseigna à Cambridge (Lectiones opticae), de 1670 à 1672, et dont il publia plus tard une synthèse dans son Optique.
Il proposa une explication de la distribution des couleurs de l'arc-en-ciel et des positions respectives des différents arcs par rapport à l'arc primaire, complétant ainsi la théorie qu'en avait donné Descartes en suivant le trajet de la lumière dans une goutte de pluie en suspension.
Il étudia en détail les phénomènes d'interférence et en particulier les propriétés des anneaux irisés (baptisés après lui « de Newton ») produits par le passage de la lumière à travers une mince couche d'air située entre deux lamelles de verre, dont Hooke avait donné une première approche qualitative.
La nécessité d'une explication théorique le préoccupait pour les phénomènes optiques tout autant que pour les lois du mouvement des corps. Comme les Principia, l'Optique commence par des définitions et des axiomes. Mais les essais d'explication y sont plus qualitatifs, tout en révélant une intuition physique aiguë. Newton proposa une analogie entre les sept notes fondamentales de la gamme musicale et les couleurs primaires (pour cette raison, il en recense sept, ajoutant l'orange et l'indigo), et incorpora à sa théorie la périodicité de la lumière, remarquée à partir de ses observations sur les anneaux formés par des lames minces, associant chaque couleur à une longueur d'onde. S'il concevait des ondes associées à la lumière, tout en préférant voir en celle-ci des corpuscules de différentes vitesses, il ne se prononça pas sur la raison profonde de ce lien. Il hésita, quant à la nature de la lumière, entre une conception purement corpusculaire et une théorie vibratoire de l'éther, puis abandonna cette dernière pour une théorie des « accès de facile réflexion et transmission ». Il posa dans l'Optique un certain nombre de questions (« Queries »), qui apparaissent comme un programme pour des recherches futures, et qui sont souvent d'une profondeur troublante.
En 1666 qu’Isaac Newton fit ses premières expériences sur la lumière et sa décomposition. Il fit passer des rayons de Soleil à travers un prisme produisant un arc-en-ciel de couleurs du spectre visible. Auparavant, ce phénomène était considéré comme si le verre du prisme avait de la couleur cachée. Newton analysa alors cette expérience. Comme il avait déjà réussi à reproduire le blanc avec un mini arc-en-ciel qu’il passa à travers un deuxième prisme, sa conclusion était révolutionnaire : la couleur est dans la lumière et non dans le verre. Ainsi, la lumière blanche que l’on voit est en réalité un mélange de toutes les couleurs du spectre visible par l'œil.
Il a également montré que la lumière colorée ne modifie pas ses propriétés par la séparation en faisceaux de couleurs qui font briller des objets. Newton a noté que, indépendamment de savoir si les faisceaux de lumière sont reflétés, dispersés ou transmis, ils restent toujours de même couleur (longueur d'onde). Ainsi, il fit observer que celle-ci est le résultat de l'interaction avec les objets et que la lumière contient en elle-même la couleur. C'est ce qu'on appelle la théorie de la couleur de Newton.
En 1704, il fit publier son traité Opticks dans lequel est exposé sa théorie corpusculaire de la lumière, l’étude de la réfraction, la diffraction de la lumière et sa théorie des couleurs. Dans celui-ci, il démontre que la lumière blanche est formée de plusieurs couleurs et déclare qu'elle est composée de particules ou de corpuscules. De plus, il ajoute que lorsque celle-ci passe par un milieu plus dense, elle est réfractée par son accélération. À un autre endroit de son traité, il explique la diffraction de la lumière en l'associant à une
Dans le domaine des instruments d'optique de son époque, il améliore en 1671 le télescope à réflexion de Gregory. Par son travail sur la réfraction, montrant la dispersion des couleurs, il conclut que tout télescope à réfraction ou lunette astronomique présente une dispersion de la lumière, ou aberration chromatique, qu'il pense impossible de corriger ; Il contourna le problème en proposant un télescope à réflexion par miroir concave (car naturellement dépourvu d'aberration chromatique), connu sous le nom de télescope de Newton. On sait depuis Chester Moore Hall et surtout John Dollond que l'aberration chromatique peut être compensée en utilisant plusieurs lentilles d'indices et de dispersion différents.
Fabriquant ses propres miroirs à partir d'un bronze à haut pouvoir réfléchissant, il juge la qualité de l’image optique au moyen du phénomène appelé aujourd’hui anneaux de Newton. Ainsi, il a été en mesure de produire un instrument supérieur à la lunette astronomique de Galilée, en raison aussi d’un plus large diamètre permis sans altération de l’image. Il construisit alors la première version de son télescope à réflexion composé d'un miroir primaire concave.
Dans la même année, la Royal Society l’invite à faire une démonstration de son télescope à réflexion. Cet intérêt motive Newton à publier ses notes sur sa théorie des couleurs, qu'il a par la suite développée dans son traité d'optique. Il présenta son télescope en 1672.
Toujours dans son traité Opticks de 1704, Newton expose sa théorie de la lumière. Il la considère composée de corpuscules très subtils. La matière ordinaire est constituée de plus gros corpuscules. Il a également construit une forme primitive de générateur électrostatique par frottement, au moyen d'un globe en verre. Newton a déclaré que la lumière est composée de particules ou de corpuscules. Que lorsqu’elle passe par un milieu plus dense, elle est réfractée par l'accélération. Il expliqua la diffraction de la lumière en associant ces particules à des ondes.
Newton a eu ses contradicteurs. Lorsque Robert Hooke s'aperçut que les travaux de Newton en optique coïncidaient avec les siens, il commença à critiquer avec virulence certaines idées de Newton. Fatigué des objections dont il faisait l'objet, Newton s'est alors retiré de tout débat public. Les deux hommes sont demeurés ennemis le restant de leur vie.
En France, Jacques Gautier d'Agoty dans Chroa-génésie ou génération des couleurs paru en 1751 critique la théorie newtonienne de la génération des couleurs et de la raison de l’arc-en-ciel. Jean-Jacques Rousseau soutiendra la théorie de Newton.

Types de télescopes

À ce moment, Newton s'occupe de perfectionner le télescope, et il en construit les lentilles de ses propres mains. Puis, en 1671, il pense à utiliser comme objectif un miroir sphérique, dénué d'aberrations chromatiques. Ce télescope est connu de la Royal Society, qui ouvre ses portes à son auteur en 1672.
Décomposition par réfraction de la lumière blanche dans un prisme
Encouragé par l'intérêt que lui manifeste cette glorieuse institution, Newton lui présente la première communication qui sera rendue publique ; il y expose ses expériences faites au moyen du prisme et prouvant que la lumière blanche est composée de rayons colorés dont la réfrangibilité est différente. Cette affirmation suscite de vives controverses, notamment avec Robert Hooke et avec Christiaan Huygens, et Newton, qui déteste les discussions et ne supporte guère la contradiction, « blâme sa propre imprudence, qui l'a poussé à abandonner un bien aussi solide et substantiel que sa tranquillité, pour courir après une ombre ».

Formation d'un arc-en-ciel

Cependant, en 1675, il publie un nouveau travail sur la lumière, où figure sa théorie corpusculaire, ou théorie de l'émission. Toutefois, pour expliquer les irisations des lames minces et l'expérience d'interférences dite « des anneaux de Newton », il attribue aux particules lumineuses certaines propriétés ondulatoires, faisant déjà une synthèse de ces deux aspects « complémentaires » de la lumière. En même temps, il donne une théorie de la couleur des corps et complète l'explication de l'arc-en-ciel fournie par Descartes. Tous ces travaux d'optique ainsi que ses observations sur la diffraction de la lumière, qu'avait découverte Grimaldi, figureront dans son grand ouvrage Opticks, dont il ajourne la publication jusqu'en 1704, après la mort de Hooke.
En 1687, il publie donc son œuvre majeure : Philosophiæ Naturalis Principia Mathematica. Cette œuvre marque le début de la mathématisation de la physique. Newton y expose le principe d’inertie, la proportionnalité des forces et des accélérations, l’égalité de l’action et de la réaction, les lois du choc, il y étudie le mouvement des fluides, les marées, etc. Mais il expose aussi et surtout sa théorie de l’attraction universelle ! Les corps s’attirent avec une force proportionnelle au produit de leur masse et inversement proportionnelle au carré de la distance qui les sépare. La simplicité et l'efficacité de cette théorie aura une très forte influence sur les autres sciences au xviiie siècle, particulièrement les sciences sociales comme nous le verrons. Toutefois, sur le moment, si le livre est bien accueilli en Grande-Bretagne, sur le continent la réaction est hostile.
En 1687, il défend les droits de l'université de Cambridge contre le roi Jacques II. Cette action lui vaut d'être élu membre du parlement britannique en 1689 quand le roi, vaincu, doit s'exiler. Durant son mandat il est très actif dans les débats.

La gravitation universelle et les « Principia
»

Si Newton conçut l'idée d'une gravitation universelle et la loi de l'inverse carré des distances pour sa force dès ses « années merveilleuses », quand il s'intéressait déjà aux mouvements curvilignes et au problème de la Lune, il ne donna cependant tout leur développement à ses conceptions que dans la période décisive qui va de 1679 à 1684, sous la stimulation de Hooke, de Flamsteed, de Halley. Il entreprit en 1684 la rédaction de son De motu corporum in gyrum, première ébauche préparant les Principia, lesquels furent achevés dès 1686. Dans sa première approche, il avait déjà corrigé la conservation cartésienne du mouvement en prenant en compte la direction, repris la formulation du principe d' inertie, conçu en termes de forces la composition des mouvements – celui d'inertie et ceux qui l'altèrent –, formulé la loi de la force centrifuge indépendamment de Huygens et en termes de force centripète (c'est-à-dire de cause du mouvement, et non pas seulement d'effet).
Hooke avait proposé une explication du système du monde par l' attraction universelle : le problème était de l'assurer dans les phénomènes (à cet égard, une mesure exacte du méridien terrestre avait été faite par Jean Picard en 1671, qui justifiait Newton dans sa première approche), et d'en déterminer exactement la loi. Pour y parvenir, Newton dut repenser la dynamique, s'intéressant aux corps solides et fluides, aux collisions élastiques et inélastiques, clarifiant la différence entre la masse et le poids et considérant la manière par laquelle l'action, supposée continue, d'une force sur un point matériel cause un changement de sa quantité de mouvement. Il prit pour cette action la limite d'une série de forces ou impulsions considérées pour des intervalles de plus en plus courts, jusqu'à l'infini. Il put ainsi démontrer l'équivalence des lois de Kepler avec une force centripète d'attraction des planètes par le Soleil, dont il formula la loi (la gravitation universelle) : tous les corps matériels s'attirent mutuellement avec une force inversement proportionnelle au carré de la distance qui les sépare et proportionnelle à leurs masses respectives.
Les Principia, Principes mathématiques de la philosophie naturelle, donnent la présentation achevée de sa théorie du mouvement des corps et de son système du monde. Le livre Ier contient la théorie d'une dynamique générale mathématisée, avec la définition des notions fondamentales de force, mais aussi d'espace et de temps, absolus et relatifs, et l'énoncé des trois lois fondamentales (ou « axiomes ») du mouvement, à savoir la loi d'inertie, la proportionnalité du changement de la quantité de mouvement à la force, et l'égalité de l'action et de la réaction. Les mathématiques mises en œuvres consistent en une géométrie des limites de grandeurs infinitésimales, établie à partir de théorèmes sur les « premières et dernières raisons » des grandeurs relatives à la trajectoire des corps en mouvement, qui sont équivalentes au calcul des fluxions. Newton était par là en mesure de formuler les lois du mouvement d'un corps sollicité par des forces en un point et à un instant donnés, applicables aux corps terrestres aussi bien que célestes. La suite du livre Ier porte sur ces lois, d'abord pour des situations simplifiées (points matériels soumis à des forces définies de manière géométrique, par exemple centripètes), puis pour des situations progressivement plus complexes et conformes à des cas réels, où les forces sont exercées par des corps, de dimensions finies, en mouvement relatif autour de leur centre de gravité commun. Newton y démontre, en particulier, le théorème sur l'attraction mutuelle de sphères matérielles constituées de couches homogènes concentriques, égale à celle qu'auraient leurs masses concentrées en leurs centres respectifs.
Le livre II étudie le mouvement des corps solides et liquides dans les milieux résistants, pose les jalons de l'hydrodynamique, donne une théorie de la propagation des ondes et propose une manière de déterminer la vitesse du son dans un milieu élastique en fonction de la densité et de la pression. L'étude des milieux résistants l'amène, en conclusion, à réfuter la théorie cartésienne des tourbillons.
Le livre III, « Sur le système du monde », est une application directe du livre Ier : le mouvement des planètes et de leurs satellites, celui des comètes, le phénomène des marées ont une seule et même explication, qui est aussi celle de la pesanteur : la force centripète de gravitation universelle. Newton unifiait ainsi la mécanique céleste de Kepler et la mécanique terrestre de Galilée en une mécanique rationnelle dont les lois sont locales et non plus globales, instantanées et non plus moyennes. Par ailleurs, les attractions réelles n'étaient plus centrales. Il fallait en effet tenir compte de la variation de l'accélération avec la distance au centre de la Terre et avec la latitude ainsi que du mouvement relatif de la planète et du Soleil. Il effectua une première approche du problème de l'attraction de trois corps dans le cas Soleil-Terre-Lune, pour ce qui concerne la précession de la Terre (précession des équinoxes, due à l'inclinaison de l'axe de la Terre), la forme de la Terre (sphéroïde renflé à l'équateur, aplati aux pôles), la théorie des marées, les inégalités du mouvement de la Lune (et la raison pour laquelle elle présente toujours la même face à la Terre.
Ayant achevé l'essentiel de son œuvre en optique, Newton semble se désintéresser de la science. Mais l'astronome Edmund Halley (1656-1742), à la suite de discussions avec Hooke et Christopher Wren (1632-1723), va le consulter à Cambridge au sujet des fameuses lois de Kepler et des orbites elliptiques des planètes. Les réponses de Newton sont à ce point convaincantes que Halley le presse, en 1685, de publier ses découvertes sur la gravitation et se charge de payer les frais d'impression. Et c'est en 1687 que paraît l'œuvre immortelle de Newton : Philosophiae naturalis principia mathematica (→ Principes mathématiques de la philosophie naturelle).

Force de gravitation des planètes

Dans la préface de ces trois volumes, Newton expose qu'il veut appliquer les mathématiques à l'étude des phénomènes naturels, parmi lesquels le mouvement occupe le premier rang. La force, dont l'origine et la nature nous restent inconnues, y est définie uniquement par ses manifestations. On trouve dans cet ouvrage le principe d'inertie, la proportionnalité des forces et des accélérations, l'égalité de l'action et de la réaction. Newton y développe sa théorie de l'attraction universelle (→ gravitation) et la loi de l'inverse carré, d'où se déduisent les trois lois de Kepler sur le mouvement des planètes.
Cet ouvrage expose aussi les lois du choc, étudie le mouvement des fluides (→ mécanique des fluides), calcule la précession des équinoxes et l'aplatissement terrestre (→ Terre), donne la théorie des marées, établit l'orbite des comètes, explique les perturbations planétaires, etc. On est en droit d'affirmer que ces Principes ont posé les fondements et fixé les méthodes de la science moderne. Comme l'a écrit Laplace : « L'importance et la généralité des découvertes, un grand nombre de vues originales et profondes qui ont été le germe des plus brillantes théories de ce siècle, tout cela, présenté avec beaucoup d'élégance, assure à l'ouvrage la prééminence sur les autres productions de l'esprit humain. »

Une personnalité complexe

Newton était doté d’une personnalité tourmentée et complexe. Il répugne à communiquer ses travaux et les publie souvent plusieurs années après les avoir finalisés. Il s’oppose souvent avec Robert Hooke à propos de la lumière et de sa théorie sur la gravitation. Newton attendra que Hooke meure pour publier ses travaux sur l’optique. Hooke accusa Newton de l’avoir plagié sur la théorie des inverses carrés, car ce dernier avait commencé ses travaux en parallèle de Hooke et sans rien dire à personne, ce qui rendit Hooke furieux12. Newton prétendit alors n’avoir pas eu connaissance des recherches de Hooke et n’avoir pas lu ses travaux sur la gravitation. On sait aujourd’hui que Newton a menti, non pas par culpabilité, mais par son horreur du personnage.
En 1692-1693, il subit une grave période de dépression nerveuse, probablement due à la mort de sa mère, la destruction de son laboratoire d’alchimie, et/ou à l’excès de travail… Il subit de grands troubles émotifs et vit alors dans un état de prostration, vivant dans un état de paranoïa, et étant sujet à des hallucinations. Il mit trois ans à s’en remettre.

Newton à Londres

En avril 1696, il démissionne du Collège de Cambridge et en quitte la ville pour devenir d'abord gardien de la Royal Mint puis maître de la monnaie dès l’année suivante. Ce poste honorifique est obtenu grâce à l'appui de Charles Montagu un ancien de Cambridge alors Chancelier de l’Échiquier. Il s'impliqua beaucoup dans cette fonction.
Newton estimait que 20 % des pièces de monnaie mises en circulation pendant la Grande Réforme monétaire de 1696 étaient contrefaites. La contrefaçon était considérée comme un acte de trahison, passible de mort par écartèlement, à condition que les preuves soient irréfutables. Newton rassembla donc des faits et démontra ses théories de manière rigoureuse. Entre juin 1698 et Noël 1699, il conduisit environ 200 contre-interrogatoires de témoins, d'informateurs et de suspects et il obtint les aveux dont il avait besoin. Il n'avait pas le droit de recourir à la torture, mais on s'interroge sur les moyens employés puisque Newton lui-même ordonna par la suite la destruction de tous les rapports d'interrogation. Quoi qu'il en soit il réussit et emporta la conviction du jury : en février 1699, dix prisonniers attendaient leur exécution.
Newton obtint son plus grand succès comme attorney royal contre William Chaloner. Celui-ci était un escroc particulièrement retors qui s'était suffisamment enrichi pour se poser en riche bourgeois. Dans une pétition au Parlement, Chaloner accusa l'Hôtel des Monnaies de fournir des outils aux contrefacteurs, accusation qui n'était pas nouvelle, et il proposa qu'on lui permît d'inspecter les procédés de l'Hôtel des Monnaies pour les améliorer. Dans une pétition, il présenta au Parlement ses plans pour une invention qui empêcherait toute contrefaçon. Pendant tout ce temps, Chaloner profitait de l'occasion pour frapper lui-même de la fausse monnaie, ce que Newton arriva au bout du compte à démontrer devant le tribunal compétent. Le 23 mars 1699, Chaloner fut pendu et écartelé.
En 1699, il est nommé Directeur de la Monnaie par Montagu. Cette même année, il est nommé membre du conseil de la Royal Society et y est élu président en novembre 1703. Il garde cette place jusqu’à sa mort. Auparavant, en 1701, il lit lors d’une réunion le seul mémoire de chimie qu’il a fait connaître et présente sa loi sur le refroidissement par conduction, ainsi que des observations sur les températures d’ébullition et de fusion. Il décide alors de quitter sa chaire lucasienne à l’université de Cambridge.
En 1704 il fait publier, en anglais, ses travaux concernant la lumière qu'il tenait cachés depuis vingt ans, il fera publier une version en latin d'Optiks deux ans plus tard).
En 1705, il est anobli par la reine Anne peut-être moins en raison de ses travaux scientifiques ou de son rôle à la Monnaie que de la proximité d'élections. En 1717, il analyse les pièces de monnaie et en tire une relation or-argent ; cette relation est officialisée par une loi de la reine Anne.
Isaac Newton tombe malade en 1724. En 1725 le jésuite Étienne Souciet publie de sa propre initiative une version abrégée, en français, de The chronology of ancient kingdoms amended un texte que le roi Georges Ier avait demandé à Newton pour répondre à un écrit de Leibnitz de 1715. En 1727 Newton se remet à peine d’une crise de goutte qu’il se rend à Londres pour présider une réunion de la Royal Society. Ce voyage le fatigue terriblement… De retour dans sa propriété campagnarde de Kensington, il doit rester alité et meurt le 31 mars 1727, à l'âge de 84 ans. Son corps est alors porté en grande pompe et inhumé dans la nef de l'abbaye de Westminster, aux côtés des rois d’Angleterre.

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#100 Isaac Newton 2
Loriane Posté le : 04/01/2015 19:24
La philosophie naturelle

Newton concevait son travail scientifique comme faisant partie de ce qu'il appelait la « philosophie naturelle », qui n'est pas une simple reprise du thème galiléen du livre de la nature, mais s'insère dans le courant néoplatonicien de Cambridge. S'il s'inspire de Descartes, par une certaine conception de la raison et du rôle des mathématiques, c'est aussitôt pour s'en démarquer, et les Principia sont en grande partie une réfutation des Principes de philosophie.
Son platonisme transparaît dans sa conception des mathématiques exprimant la vérité et la réalité du monde qui transcende les apparences, telle qu'il l'exprime notamment dans les définitions des grandeurs « vraies et mathématiques », comme l'espace et le temps absolus, qui sont la condition de leur mathématisation.
Cependant, la doctrine explicite de Newton, telle qu'il l'a exposée dans ses « Règles du raisonnement en philosophie » du livre III des Principia, se présente comme une méthodologie positive dont les attendus ont été longtemps considérés comme universels pour la science. « Nous ne devons admettre plus de causes aux choses naturelles qu'autant qu'elles soient vraies et suffisantes pour expliquer leurs apparences. » « Aux mêmes effets on doit, autant que possible, assigner les mêmes causes. » L'induction est une généralisation à partir des phénomènes, et l'on ne doit pas multiplier les hypothèses. Son « hypotheses non fingo » ne signifie pas le rejet de toute hypothèse théorique, ce qui contredirait sa propre attitude scientifique, mais le refus de spéculations simplement logiques, étrangères à la considération des phénomènes.
Newton prône la méthode de l'analyse et de la synthèse, étant entendu que la première doit précéder, en science, la seconde – c'est-à-dire l'essai d'explication des phénomènes, ou encore le rassemblement des propriétés analysées dans une perspective qui réincorpore l'unité.
Sur la force d'attraction universelle qui agit instantanément à distance, il soutint, contre ceux – les cartésiens – qui l'accusaient de revenir aux qualités occultes, que l'important était qu'elle fournît le moyen de faire des prédictions mathématiques, mais il ne se prononçait pas sur la nature du mécanisme par lequel cette force agissait. Ce débat devait contribuer à susciter, au XVIIIe siècle, l'apparition de nouveaux principes d'intelligibilité et une refondation de la question de la rationalité scientifique.
La philosophie naturelle comporte la question du Dieu créateur, dont Newton voyait la preuve dans l'organisation du système du monde, et qu'il évoque dans la scholie générale qui figure à la fin du livre III des Principia. Son « Être intelligent et puissant, [qui] gouverne toutes choses non comme l'âme du monde, mais comme Seigneur de tout ce qui est », est absolument parfait, éternel et infini. Sa conception de l'espace comme sensorium Dei, à travers lequel se communique instantanément l'attraction universelle, est liée à l'idée de ce Dieu qui préside à la durée et à l'espace et qui les constitue, conforme à la doctrine de More. Nous ne pouvons nous faire aucune idée de la substance de cet Être, et nous ne le connaissons que par sa « Seigneurie » sur les choses et sur nous-mêmes, par sa Providence et ses causes finales.

Théologie et alchimie

Croyant, Newton s'intéressa à la théologie (il s'opposait à la doctrine trinitaire) et à l'histoire biblique. Il rédigea un ouvrage sur Les Prophéties de Daniel et l'Apocalypse de saint Jean, publié en 1733, après sa mort. Ce travail d'exégèse historique illustre sa conviction que le sens des prophéties n'est pas de donner des prédictions, mais de témoigner de la providence de Dieu, permettant ainsi d'interpréter en fonction d'elle les événements qui se sont accomplis.
À ses yeux, les prophètes écrivaient dans un langage mystique précis qu'il faudrait déchiffrer pour comprendre leurs textes conformément à leur pensée, au lieu d'y projeter ses fantaisies comme le font communément les interprètes.
« La pensée aime les transmutations », écrit Newton dans l'Optique. Ses manuscrits alchimiques, dont certains ont trait à des expériences faites par lui-même, sont restés secrets jusqu'au XXe siècle. Ses spéculations dans cet ordre ont probablement un lien avec ses pensées sur la fermentation, en chimie, et sur l'éther, en optique.

Conceptions religieuses d'Isaac Newton.

Newton fut profondément religieux toute sa vie. Fils de puritains, il a passé plus de temps à l'étude de la Bible que de la science. Une étude de tout ce qu'il a écrit révèle que, sur les 3 600 000 mots qu'il a écrits, seuls 1 000 000 concernent la science et 1 400 000 la théologie. Il a notamment produit des écrits sur la Bible et les Pères de l'Église, dont An Historical Account of Two Notable Corruptions of Scripture, une critique textuelle des Saintes Écritures qui a été remarquée. À Cambridge, John Locke, à qui il avait parlé de ses écrits théologiques, l'engagea à persévérer.
Il croyait en un monde immanent, mais rejeta l'hylozoïsme implicite de Leibniz et Spinoza. Il voit une évidence du dessein divin dans le système solaire : « L'admirable uniformité du système planétaire force à y reconnaître les effets d'un choix. » Il insistait cependant sur le fait qu'une intervention divine serait requise pour « réparer » le système en raison de la lente croissance de son instabilité.
Isaac Newton appartenait à la franc-maçonnerie. Il était un ami de Jean Théophile Désaguliers et de James Anderson, qui ont fondé la Grande Loge de Londres en 1717, marquant le passage de la maçonnerie opérative à la maçonnerie spéculative moderne.
Selon un avis contesté par Snobelen, T. C. Pfizenmaier soutient que la vision de Newton sur la Trinité était plus proche de celle de l'Église orthodoxe que de celle des catholiques romains, des anglicans et de la plupart des protestants.
L'historien Stephen D. Snobelen dit « qu'Isaac Newton était un hérétique. Cependant … il ne fit jamais de déclaration publique sur sa propre foi que les orthodoxes auraient considérée comme extrêmement radicale. Il cacha si bien sa foi que les chercheurs n'ont toujours pas réussi à élucider ses propres croyances. ». Snobelen conclut que Newton était au moins sympathisant du socinianisme – il possédait et avait lu consciencieusement au moins huit ouvrages sociniens –, probablement un arien et surtout un antitrinitarien40; trois formes ancestrales de ce que l'on nomme aujourd'hui l'unitarisme. À une époque notoire pour son intolérance religieuse, il existe peu de traces de l'expression publique des vues radicales de Newton, les plus notables sont ses refus de l'ordination et, sur son lit de mort, celui du dernier sacrement.
Cette attitude prend un éclairage nouveau avec l'avis autorisé exprimé par John Maynard Keynes. En effet, celui-ci a acheté et analysé les manuscrits de Newton, longtemps tenus confidentiels par la famille de Newton du fait de leur contenu. Il en a dressé une synthèse dans une lettre, « Newton, the Man », qui a été lue en juillet 1946 par son frère Georges, lors des célébrations du bicentenaire de la mort de Newton.
Keynes conclut son analyse en affirmant que Newton :
« ... était plutôt monothéïste judaïsant de l'école de Maïmonide. Il arriva à cette conclusion, non pas sur des bases pour ainsi dire rationnelles ou de doutes, mais entièrement en interprétant les anciennes autorités. Il était persuadé que les documents révélés ne donnaient aucun support aux doctrines de la Trinité qui étaient dues à des falsifications tardives. Le Dieu révélé était un seul Dieu. »
Newton va ainsi adopter ce qu'on pourrait nommer « un positivisme méthodologique, en vertu duquel est reconnue l'autonomie du discours scientifique, sans que cette attitude en matière d'épistémologie implique le renoncement à tout arrière-plan métaphysique et théologique ». C'est ainsi que, bien que la loi universelle de la gravitation soit sa découverte la plus connue, Newton met en garde ceux qui verraient l'Univers comme une simple machine. Il affirme : « La gravité explique le mouvement des planètes, mais elle ne peut expliquer ce qui les mit en mouvement. Dieu gouverne toutes choses et sait tout ce qui est ou tout ce qui peut être. ».

Newton et Leibniz

La controverse qui a opposé ces deux grands esprits au tout début du xviiie siècle, a porté principalement sur deux points. L’un assez secondaire concernait leur commune revendication de la découverte du calcul infinitésimal, l’autre point beaucoup plus important avait trait aux raisons profondes de leur opposition sur la théorie de la gravitation. Si, pour Gottfried Wilhelm von Leibniz, le mouvement des planètes autour du Soleil est dû à la circulation harmonique d’un éther fluide autour du Soleil qui emporterait les étoiles, c’est à cause de sa conception du monde. En effet, sa métaphysique lui interdit de concevoir un espace vide, car ce serait « attribuer à Dieu une production très imparfaite ». Les cartésiens sur ce point étaient proches de Leibniz de sorte que Roger Cotes durant la controverse désignera cartésiens et leibniziens sous le terme de « plénistes ». Bien qu'étant un des premiers partisans de René Descartes en Angleterre, Henry More un philosophe de l'école dite des Platoniciens de Cambridge sera un des premiers à s'opposer à cette conception en affirmant « l'existence effective de l'espace vide infini ». D'une certaine manière il ouvre une voie que suivra en partie Newton ultérieurement.
La controverse sera menée avec l'aval de Newton par certains de ses proches tels que Samuel Clarke et Roger Cotes. Elle visait Leibniz et les cartésiens mais ces derniers n'y répondirent pas. Elle a porté sur la conception de Dieu et de façon adjacente sur la notion de liberté et de rationalité. Le sens de cette controverse est important à saisir car pour Alexandre Koyré la victoire de Newton fut une victoire à la Pyrrhus remportée à un prix désastreux « C’est ainsi que la force d’attraction - qui, pour Newton, était la preuve de l’insuffisance du mécanisme pur et simple, une démonstration de l’existence des forces supérieures, non mécaniques, la manifestation de la présence et de l’action de Dieu dans le monde – cessa de jouer ce rôle pour devenir une force purement naturelle, propriété de la matière qui ne faisait qu’enrichir le mécanisme au lieu de le supplanter ».
Concernant la conception de Dieu pour Alexandre Koyré « l'opposition fondamentale est cependant parfaitement claire : le Dieu de Leibniz n'est pas le Seigneur newtonien, qui fait le monde comme il l'entend et continue à agir sur lui comme le Dieu de la Bible l'avait fait pendant les six premiers jours de la Création. Il est, si j'ose poursuivre la comparaison, le Dieu biblique au jour du Sabbat le Dieu qui a achevé son œuvre et trouve qu'elle représente ...le meilleur des mondes possibles... ». À l'inverse de Leibniz, comme l'écrira Samuel Clarke, pour Newton le Monde est réformable et s'il a découvert les lois de l'attraction universelle il n'a trouvé aucune nécessité à ce que ces lois fussent telles qu'elles sont. Il a simplement constaté leur existence.
Cette recherche de lois nécessaires par les leibniziens nie pour Samuel Clarke la liberté des agents. Aussi dans sa quatrième réponse à Leibniz, il écrira : « La Doctrine que l’on trouve ici, conduit à la Nécessité & à la Fatalité, en supposant que les Motifs ont le même rapport à la volonté d’un Agent intelligent que les Poids à une Balance…. Mais les Êtres intelligents sont des Agents ; ils ne sont point simplement passifs & les Motifs n’agissent pas sur eux, comme les Poids agissent sur une Balance. Ils ont des forces actives... ».
Chez Leibniz et chez certains cartésiens français comme Nicolas Malebranche, il y a l'idée que par sa raison l'homme « peut trouver avec évidence ce que Dieu pouvait faire de mieux ». Au contraire chez Newton et les newtoniens, la raison tend à chercher à observer les faits, à les expliquer mais il y a une certaine volonté à ne pas se laisser entraîner vers des explications totales. Newton écrit dans les Philosophiæ Naturalis Principia Mathematica « J'ai expliqué jusqu'ici les phénomènes célestes & ceux de la mer par la force de la gravitation, mais je n'ai assigné nulle part la cause de cette gravitation ».

Influence de Newton sur les autres sciences au XVIII° siècle

Pour Georges Gusdorf, « l'imitation de Newton devient l'ambition secrète de tous les savants, quelle que soit leur science. Le système de Newton de l'intelligibilité est admis comme le prototype de toute connaissance parvenue à un état d'achèvement définitif ».
Pour Dellemotte, chez Adam Smith, dans la Théorie des sentiments moraux, la sympathie occupe dans le domaine moral la même fonction que le principe de gravitation. Rappelons qu'Adam Smith, est un admirateur de Newton et qu'il a rédigé une Histoire de l'astronomie d'une grande importance pour comprendre le cadre de sa pensée. Pour Élie Halévy, l'utilitarisme de Jeremy Bentham peut se définir comme « un newtonianisme, où si l'on veut, un essai de newtonianisme appliqué aux choses de la politique et de la morale » 58 où le principe de l'association et celui de l'utilité tiennent le rôle du principe de l'attraction universelle chez Newton .
D'Alembert dans le Discours préliminaire à l'Encyclopédie loue Newton, d'avoir appris à la philosophie ( à l'époque ce mot désigne aussi la science) « à être sage, et à contenir dans de justes bornes cette espèce d'audace que les circonstances avaient forcé Descartes à lui donner ». Cette approche marque l'Encyclopédie qui doit accepter que la connaissance soit lacunaire et que l'esprit ne puisse pas tout ordonner mesure et ranger. Si D'Alembert a entendu parler des travaux métaphysiques de Newton, il les tient pour peu importants ; pour lui, le Newton de la métaphysique est John Locke dont il dit « on peut dire qu'il créa la métaphysique à peu près comme Newton avait créé la physique ». En France la réception de la théorie de la gravitation de Newton sera lente, car elle mettra du temps à supplanter la théorie de René Descartes basée sur les tourbillons; elle finit de s'imposer avec la parution de l'Encyclopédie.

Newton et l'alchimie Synthèse entre le mécanisme et l'alchimie

Newton, par William Blake. Sur cette toile, Newton est montré comme un géomètre divin.
Newton s'initie à la chimie en 1666 par la lecture du livre de Robert Boyle Of Formes, dont il tire un glossaire chimique. Il commence à étudier de façon très intensive l'alchimie en 1668 ou 1669 et poursuit ses recherches pendant au moins trente ans, jusqu'en 1696. Ses premières tentatives de publication de travaux (concernant l'optique) se soldant par des controverses épuisantes (avec Hooke notamment), Newton se réfugie dans le mutisme au moment où il plonge dans les recherches alchimiques. En outre, Newton fera certainement partie d'un réseau secret d'alchimistes probablement constitué à partir du cercle Hartlib de Londres. Il se choisit également le pseudonyme alchimique Ieoua Sanctus Unus qui signifie en français : « Jéhovah Unique Saint », mais qui est aussi une anagramme d’Isaac Neuutonus. Durant plus de 25 ans, Newton conservera le secret sur ses activités et surtout sur ses contacts, desquels il reçoit de très nombreux ouvrages et traités alchimiques, qu'il annote et recopie jusqu'à se constituer une des plus vastes bibliothèques alchimiques de son époque.
Une grande partie de ses écrits de tradition alchimiste, non publiés, seront oubliés ou mal interprétés : lorsqu'en 1872 un descendant de sa sœur fait don à l'université de Cambridge des écrits et livres conservés par sa famille, le bibliothécaire renvoie à celle-ci une malle contenant les écrits « n'étant pas de nature scientifique » dont une grande partie de ses travaux alchimiques.
L'absence, jusqu'en 1936, d'étude d'une grande partie de ses manuscrits alchimiques, l'énorme influence de Newton sur le monde scientifique ainsi qu'un mouvement de rejet de l'alchimie né au cours du xviiie siècle amènent une grande partie de ses premiers biographes à différents types d'approches. Par exemple, David Brewster, auteur de la première biographie scientifique de référence, tente de séparer l'alchimie pratiquée par Newton de celle qu'il considère comme une supercherie tout en ne comprenant pas qu'un tel génie ait pu s'abaisser à cette pratique; Louis Trenchard More considère lui que les travaux alchimiques de Newton n'étaient qu'une façon de « se délasser l'esprit », qu'ils auraient pu être gouvernés par l'appât du gain ou encore qu'ils étaient le symptôme d'une tension mystique sans rapport avec le reste de son œuvre scientifique. L'alchimie à laquelle Newton se forme et qu'il pratique durant de nombreuses années est ainsi une facette souvent méconnue de son œuvre.
Pour Keynes, qui réunira la plupart de ces écrits dispersés lors d'une vente aux enchères en 1936, « Newton n'est pas le premier de l'âge de la Raison. Il est le dernier des Babyloniens et des Sumériens, le dernier grand esprit qui a contemplé le monde visible et intellectuel avec les mêmes yeux que ceux qui ont commencé à construire notre héritage intellectuel il y a quelque 10 000 ans. ». Ce n'est qu'après la redécouverte de ces manuscrits que ses biographes replaceront ses travaux alchimiques dans l'ensemble de son œuvre scientifique.
Au xviie siècle, l'alchimie a une réputation ambiguë. Souvent considérée populairement comme faisant partie du domaine des charlatans à cause de la quête de la transformation des métaux en or, l'alchimie est cependant continûment pratiquée et étudiée durant tout le xviie siècle par de nombreux philosophes de la nature parce qu'elle propose une vision d'ensemble cohérente pour la totalité des phénomènes naturels. En ce sens elle rejoint la philosophie mécaniste dans sa volonté d'une description universelle de la Nature.
« La transformation des corps en lumière et de la lumière en corps est très conforme au cours de la nature, qui semble se complaire aux transmutations ».
En revanche les deux philosophies sont séparées de façon fondamentale sur un point : pour les mécanistes la matière est inerte, composée de particules caractérisées par leur forme et dont le mouvement est régi uniquement par les lois simples du choc ou de la pression ; pour les alchimistes la matière n'est que le véhicule de principes actifs qui régissent le monde selon des lois d'attraction et de répulsion, de copulation de principes mâle et femelle, et dont l'esprit est partie prenante.
« Concevons les particules des métaux … comme douées d'une double force. La première est une force d'attraction et est plus forte, mais elle décroît rapidement avec la distance. La seconde est une force de répulsion qui décroît plus lentement, et, pour cette raison, s'étend plus loin dans l'espace. ».
Néanmoins, pour les philosophes de l'époque de Newton, la séparation des deux philosophies n'est pas forcément évidente, et elles peuvent même être conçues comme complémentaires. Richard Westfall avance que ce sont peut-être les possibilités de description universelle offertes par le mécanisme et l'alchimie qui ont poussé Newton à ne se fermer aucune des deux voies de travail. L'intérêt de Newton pour l'alchimie résiderait dans une « rébellion » contre les limites restrictives imposées par la philosophie mécaniste ainsi que par la volonté de dépasser le mécanisme de René Descartes.
Dans un ouvrage intitulé De la gravitation et de l'équilibre des fluides, daté au plus tôt de 1668 il reproche notamment à Descartes un « athéisme » découlant de la stricte séparation du corps et de l'âme et de la supposition selon laquelle le monde matériel mécaniste n'a pas de dépendance envers Dieu. Pour B.J.T. Dobbs, une première période d'études alchimiques, qui s'achève en 1675, et toute la suite de ses recherches scientifiques visent à intégrer la mécanique et l'alchimie en une synthèse réconciliant la vision corpusculaire et neutre de la matière d'une part et les interactions à distance (ou « affinités ») d'autre part, ce qu'il réalisera in fine grâce à l'introduction du concept de force81. Le concept de force, et notamment de la force d'attraction gravitationnelle, bien qu'actuellement considéré comme le fondement même de la mécanique était en effet considéré à l'époque par les mécanistes comme une résurgence de l'occultisme et provoqua de vives réactions comme celle de Christiaan Huygens qui écrit en 1687 quelques jours après la sortie des Principia : « Je souhaite de voir le livre de Newton. Je veux bien qu'il ne soit pas Cartésien pourvu qu'il ne nous fasse pas des suppositions comme celle de l'attraction. ».

Recherches et études alchimiques

Par l'ampleur de son travail dans ce domaine, Newton peut être considéré comme un alchimiste hors pair en Europe. De 1668 à 1675, Isaac Newton pratique l’alchimie. Certains considèrent que l'alchimie est présente à des degrés divers dans toute son œuvre scientifique et qu'elle permet d'en comprendre la genèse voire l'unité Pour ses travaux, il se basera sur une abondante bibliographie, dont les ouvrages suivants :
le grand recueil alchimique du Theatrum Chemicum
Zosime de Panopolis
le pseudo-Geber (nom latin de l'alchimiste arabe Jabir Ibn Hayyan)
Eyrénée Philalèthe (pseudonyme de George Starkey), L’Entrée ouverte au palais fermé du roi
Michael Maier, Artifex Chymicus
Basile Valentin, Le Char triomphal de l’antimoine
le Cosmopolite (pseudonyme de Michael Sendivogius), La Nouvelle Lumière chymique
Jean d'Espagnet, Arcanum hermeticum
Il établit une synthèse qui, appliquée à l’astronomie, lui fait tirer les conclusions suivantes : « La meilleure eau est attirée par le pouvoir de notre Soufre qui gît caché dans l’antimoine. Car l’antimoine était dénommé Aries [Bélier] par les Anciens. Parce qu'Aries est le premier signe du zodiaque dans lequel le Soleil commence à être exalté et que l’or est surtout exalté dans l’antimoine […]. L’air engendre le Chalybs ou aimant, et cela fait apparaître l’air. Ainsi le père de celui-ci est le Soleil (l’or) et sa mère la Lune (l’argent). C’est ce que porte le vent dans son ventre »87. Plus tard, il pense avoir découvert le mercure philosophique et donne la modalité précise de l’opération.
Il fonde « l’hypothèse 3 » : « Tout corps peut être transformé en n’importe quel autre corps, et prendre successivement tous les degrés de qualités ».

La postérité de Newton

Les mathématiques de Newton et ses lois du mouvement furent très vite adoptées et développées, transcrites dans les notations du calcul différentiel et intégral de Leibniz, ce qui conféra à la « nouvelle analyse » une plus grande force dans ses applications en géométrie comme en mécanique. Ce fut l'œuvre, notamment, des frères Jacques et Jean Bernoulli, du marquis de l'Hôpital, de Pierre Varignon. Mais l'inspiration des successeurs de Newton se tarit dans son propre pays dans la suite du XVIIIe siècle, jusqu'au renouveau en mathématique et en physique mathématique qui eut lieu vers 1820.
Quant à sa théorie de la gravitation universelle et à celle de son « Système du monde », elles ne furent pleinement acceptées et mises en œuvre qu'à partir de 1730, par Clairaut, Euler et d'Alembert, qui furent ses meilleurs continuateurs (problème des trois corps, unification de la mécanique des solides et des fluides, extension du calcul différentiel et intégral aux équations aux dérivées partielles). Les résultats de très grande précision auxquels ils parvinrent, notamment en astronomie, apparurent comme une confirmation éclatante du système newtonien, très vite soutenue et élargie par les travaux de Lagrange et de Laplace, qui développèrent la physique mathématique et la mécanique céleste dans la voie que Newton avait ouverte. Tout le XIXe siècle fut, à leur suite, marqué par les conceptions de la physique newtonienne que, seules, les théories de la relativité, restreinte et générale, puis la physique quantique devaient remettre en cause au début du XXe siècle.
Sur le plan philosophique, la postérité ne retiendra longtemps de Newton que la lecture qu'en donna le XVIIIe siècle, faisant de lui le porte-drapeau de la rationalité physico-mathématique, du contrôle de la théorie par l'expérience, de l'induction à partir des phénomènes, du rejet des hypothèses métaphysiques et des questions d'essence, ainsi que de la cosmologie créationniste du Dieu horloger, tandis que le XIXe siècle y verra l'un des précurseurs du positivisme. Tout en étant l'objet de discussions critiques (notamment de la part de Leibniz, de Berkeley, de Hume), ses conceptions sur l'espace, le temps et la causalité seront placées par Kant au centre de sa philosophie et sous-tendront tous les débats sur la philosophie de la connaissance de la fin du XIXe et de la première moitié du XXe siècle.

Diffusion des idées de Newton

La diffusion des idées de Newton ne s'est faite qu'assez lentement, mais fut tout à fait profonde sur le long terme. La première édition de l'ouvrage le plus célèbre de Newton, les Principia, rédigés de plus en latin, n'avait été imprimée qu'à 250 exemplaires. Une seconde édition de 750 exemplaires en 1713 a accéléré cette diffusion.
Le premier scientifique français qui a pris connaissance de l'œuvre de Newton fut Maupertuis, qui lors de son séjour en Angleterre en 1728, a appartenu à la Royal Society de Londres. Maupertuis était membre de l'Académie des sciences en France. De retour à Paris, Maupertuis décida de faire reconnaître à ses pairs les théories de Newton : il publia un texte Sur les lois de l'attraction dans les Mémoires de l'Académie en 1732, puis un Discours sur la figure des astres. À cette occasion, Maupertuis noua une amitié avec Voltaire. Les travaux de Maupertuis sur Newton relancèrent les débats entre partisans et adversaires de ce dernier.
C'est paradoxalement un homme de lettres, français de surcroît, qui va propager les idées de Newton : Voltaire fit un séjour en Angleterre entre 1726 et 1728 et fut très impressionné par les funérailles nationales de Newton auxquelles il assista en avril 172791. Lors de son séjour, parmi les nombreux contacts à haut niveau qu'il put avoir, Voltaire entretint des relations avec Samuel Clarke, ami de Newton. Il n'eut de cesse, par la suite, de répandre les idées nouvelles dans une France qui était encore acquise à la théorie des tourbillons de Descartes. Voltaire écrivit deux essais sur Newton : l'épître sur Newton en 1736, et les Éléments de la philosophie de Newton en 1738.
L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert va également contribuer à répandre les théories de Newton, par l'intermédiaire des articles d'astronomie dont la rédaction a été prise en charge principalement par d'Alembert, qui salue le génie de Newton dans le Discours préliminaire de l'Encyclopédie, et lui consacre bien sûr un article93.
Au xixe siècle, l'influence de Newton fut si profonde que Claude Henri de Rouvroy de Saint-Simon prit la gravitation universelle comme principe fondamental de son système philosophique.
Au xxe siècle, l'historien et philosophe des sciences Thomas Kuhn estime que Newton est à l'origine d'une des plus grandes révolutions scientifiques de l'Histoire.

La mécanique newtonienne aujourd'hui

Validité de la loi de Newton dans le cadre de la théorie de la relativité.
Certains phénomènes qui restaient sans solution dans le cadre de la mécanique newtonienne, comme la précession du périhélie de Mercure, trouvent aujourd'hui une explication avec la théorie de la relativité générale d'Einstein. Notons en outre que la loi de Newton n'est pas capable de s'appliquer aux trous noirs, ni à la déviation de la lumière par la gravitation. Le philosophe des sciences Thomas Kuhn affirme que la théorie d'Einstein ne peut être acceptée que si l'on tient celle de Newton pour fausse. Il s'agit d'une nouvelle révolution scientifique, qui s'accompagne d'un changement majeur de paradigme97.

Citations

J'ai vu plus loin que les autres parce que je me suis juché sur les épaules de géants.
Isaac Newton, lettre à Robert Hooke, 5 février 1675, faisant allusion à ses illustres prédécesseurs, les « géants ».
Je peux prévoir le mouvement des corps pesants, mais pas la folie des gens.
Isaac Newton en 1720, après avoir perdu beaucoup d'argent lors de la débâcle boursière de la South Sea Company.
La Nature et ses lois se cachaient dans la nuit.
Dieu dit : que Newton soit !
Et tout devint lumière.
« Je ne feins pas d'hypothèses (Hypotheses non fingo). »
Il précise :
« Tout ce qui n'est pas déduit des phénomènes, il faut l'appeler hypothèse ; et les hypothèses, qu'elles soient métaphysiques ou physiques, qu'elles concernent les qualités occultes ou qu'elles soient mécaniques, n'ont pas leur place dans la philosophie expérimentale. »
Optique

Newton dans la littérature et les arts

Sur Newton, Alexander Pope a écrit une épitaphe restée célèbre :
« La Nature et ses lois gisaient dans la nuit.
Alors Dieu dit « que Newton soit ! » et la lumière fut. »
William Blake a fait de Newton le sujet de l'une de ses gravures, en 1795.
Isaac Newton est l'un des personnages réguliers de la Rubrique-à-brac de Gotlib. Il y apparaît dans un gag récurrent mettant en scène la pomme qui, en lui tombant sur la tête, l'amène à concevoir la théorie de la gravitation. La pomme est remplacée, dans de nombreux gags, par des objets de toute sorte, généralement incongrus.
Isaac Newton apparaît dans l'animé Vision d'Escaflowne, bien qu'il ne soit jamais désigné que sous le nom d'"Isaac". Transporté dans un autre monde, Gaïa, il apportera sa science à une nation pauvre et aride pour en faire le plus puissant empire industriel de la planète. Re-baptisé Dornkirk, il y poursuit alors des recherches sur le destin, la fatalité et la chance, persuadé que les événements et les individus sont soumis à des forces d'attraction semblables à la gravité.
Dans la série Star Trek : La Nouvelle Génération, Data joue régulièrement au poker dans son holodeck en compagnie d'Isaac Newton ainsi que d'Albert Einstein et Stephen Hawking.

Å’uvres

Å’uvres scientifiques
Method of Fluxions and Infinite series (La Méthode des fluxions et des suites infinies) : ouvrage de calcul différentiel, terminé en 1671, publication posthume en 1736.
De motu corporum in gyrum (Du mouvement des corps sur orbite), ouvrage envoyé à Edmund Halley en 1684. En français : Du mouvement des corps, Gallimard, coll. « Tel », Paris, 1995 (ISBN 2-07-072560-X)
De gravitatione et equipondio fluidorum. En français : De la gravitation, Gallimard, coll. « Tel », Paris, 1995 (ISBN 2-07-072560-X)
Philosophiæ Naturalis Principia Mathematica, Londres, 1687, 2e éd. 1713, 3e éd. 1726.
Opticks, Londres, 1704. Il s'agit d'un ouvrage majeur dans l'histoire des sciences, traitant de la lumière et de sa composition. En français : Optique, Christian Bourgois éditeur, Paris, 1989.
Arithmetica Universalis, publié en 1707 rassemble des notations sur divers concepts mathématiques.
Lectiones opticae, publié à titre posthume en 1728.
Autres œuvres, publiées à titre posthume
A treatise of the system of the world London, publié à titre posthume en 1728.
The chronology of ancient kingdoms amended (La chronologie des anciens royaumes corrigée), publié à titre posthume en 1728.
Observations upon the prophecies of Daniel and the apocalypse of St John, publié à titre posthume en 1733.
Two letters of Sir Isaac Newton to M. Leclerc…containing a Dissertation upon the Reading of the Greek Text, publié à titre posthume en 1754.
Œuvres non publiées
Of Natures Obvious Laws & Processes in Vegetation (Des lois évidentes de la nature et du processus de la végétation) (1671–75), ouvrage sur l'alchimie non publié.
Ouvrages rassemblant des écrits de Newton
Écrits sur la religion, Gallimard, Paris, 1996, 263 p


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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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