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« RADEGONDE »
Radegonde (1) la petite princesse, la reine insoumise de Neustrie, la Sainte de Poitiers.
Il était une fois, en l’an de grâce 519, naissait, en Germanie centrale, dans le royaume de « Thuringe », une jolie princesse, du nom de Radegonde (1). Cette princesse était la fille du roi « Berthaire » (2) qui régnait alors sur ce royaume. Ce royaume, s’étendait entre l’Elbe et le Weser. Il était couvert de grandes forêts difficilement pénétrables qui le rendaient quelque peu mystérieux. Ce royaume avait été fondé, vers le 2ème siècle, par le peuple germain des « Thuringes » venu de la mer du nord, d’où il fut chassé lui-même par les Suèves. Naturellement, les « Thuringes » donnèrent leur nom à ce royaume. Au 6ème siècle, ce royaume de Thuringe était passé aux mains des Francs. Le roi Franc Berthaire, père de la princesse Radegonde, avait du mal à asseoir sa légitimité et son autorité. Elles étaient, en effet fortement contestée par ces deux frères « Hermanfried » (3) et « Badéric » (4)
La jolie princesse Radegonde était alors âgée de 3 ans, lorsque ses deux oncles Hermanfried et Badéric assassinent son père le roi Berthaire, pour lui usurper son royaume, afin qu’il revienne à son oncle Badéric. Mais, son autre oncle Hermanfried, malgré l’accord passé, ne l’entendait pas ainsi et, s’alliant avec « Thierry 1er roi de Mets et de Reims » (5), fils de Clovis, en lui promettant une partie du royaume de Thuringe, Il fait alors assassiner son frère Badéric et s’assoit sur le trône de Thuringe, en oubliant de respecter les termes de l’accord passé avec le roi Thierry. Ce fut lors de cet événement que la princesse Radegonde devenue, à l’assassinat de son père, la seule héritière légale du royaume, fut enlevée et prise comme otage par Hermanfried pour faire taire toute opposition familiale. Mal lui en prit, car le roi Thierry 1er, qui avait lui aussi des vues sur ce royaume, fit alliance avec son frère « Clotaire 1er roi de Neustrie » (6) pour conquérir le royaume de Thuringe. Une guerre s’en suivit et Hermanfried fut vaincu.
Radegonde âgée alors de 11 ans fit partie du butin et elle fut attribuée par tirage au sort à Clotaire 1er roi de Neustrie. Clotaire confia la fillette à son épouse la reine "Ingonde" qui veilla à son instruction latine et à son éducation religieuse. Lorsque la reine Ingonde mourut en 538, Clotaire ainsi veuf à 41 ans, voulut épouser Radegonde alors âgée entre 19 et 21 ans. La princesse, considérant la reine Ingonde, comme sa mère, vit cette future alliance comme étant contre nature. Pour échapper à ce projet royal qu’elle considérait, même s'il ne l'était pas, comme un inceste, elle s’enfuit dans la région de Péronne, puis rattrapée, elle fut contrainte à accepter le mariage avec Clotaire qui eut lieu entre 538 et 540 à Soissons et célébré par Saint Médard évêques de Noyon.
La coutume alors chez les Francs voulait que les reines par les habits et bijoux qu’elles portaient fussent les reflets de la puissance et de la richesse de leurs maris. Aussi Radegonde, en signe de rébellion à ce qu’on l’obligeait à faire, qui pour elle, était contraire aux principes chrétiens, parut au banquet de mariage vêtue d’une simple robe de drap. Loin d’être impressionnée par le courroux de son époux qui voulait qu’elle se soumette aux traditions, elle en remit une couche en refusant de s’alimenter des mets rares qui étaient servis et demanda que l’on porte une partie du pain de ce banquet aux pauvres des environs.
La vie conjugale de Radegonde et de Clotaire ne fut pas un long fleuve tranquille ; l’humilité de la première se heurtant constamment au faste et à l’autorité du second. Radegonde tenta bien de refreiner la pratique tendancieuse et cruelles des mœurs de la cour royale. Mais elle dut se faire une raison, la moralité et la compassion des élites mérovingiens n’étaient pas plus de cette époque, qu'elles ne seront de celles des autres qui suivront. Elle parvint à sauver des vies de gens condamnés un peu vite par son mari et à adoucir la condition de détention de certains prisonniers. Les « braillards de l’entourage royal allèrent jusqu’à l’appeler, dans son dos bien sur, « La reine religieuse ». Au regard des dépravations qui s’y passaient, Radegonde s’éloigna peu à peu de la cour et l’assassinat de son frère par son mari Clotaire, la firent fuir définitivement ce milieu vénal où même la vie n’était pas respectée.
Elle alla voir Saint Médard qui l’avait mariée et lui demanda de l’aider à entrer dans une vie monacale. Saint Médard refusa net car Clotaire coupait une tête pour moins que cela. Alors, devant le saint homme qui la regardait faire, Radegonde tondit ses beaux cheveux blonds. Devant cette détermination sans failles, Saint Médard trouva une solution intermédiaire, Il la fit Diaconesse, c’est-à - dire, pas tout à fait religieuse, mais pas totalement laïque. Clotaire dut se faire une raison, plutôt la laisser partir au couvent, que de l’avoir face à lui, dans une constante position de refus et de rejet.
Ainsi consacrée, Radegonde alla à Tours pour prier sur la tombe de Saint Martin. Ceci fait, elle partit pour Poitiers où elle s’établit. En cette cité, avec tous ses biens propres, elle fit construire un monastère dans lequel elle accueillit toutes les jeunes filles vierges qui voulaient servir Dieu. Elle nomma Agnès comme abbesse et entra dans le rang comme simple religieuse, mais son influence d’ancienne reine demeura considérable. Sa vie fut une succession de privations de jeunes et de charité envers autrui. Déjà très instruite, elle continua à lire et à apprendre ce qui fit d’elle la femme la plus érudite de son époque. Elle enseigna son savoir aux nonnes de son couvent et prit comme aumônier « Fortunat » homme de Dieu de grande culture et poète qui devint évêque de Poitiers. La réputation de Radegonde fut telle en ce haut Moyen Âge que l’Empereur Justin lui envoya un morceau de la vraie croix sur laquelle Jésus fut crucifié. C’est ainsi que sa congrégation prit le nom de Sainte-Croix. Radegonde mourut le mercredi 13 août 587, elle était âgée de 68 ans. La cérémonie de ses funérailles fut conduite par Saint Grégoire de Tours son grand ami. Radegonde repose dans une église qu’elle avait commencé à faire construire qui aujourd’hui est une collégiale qui porte son nom Sainte Radegonde.
Johan (JR.).
Notes de Références :
(1) Ce prénom nous vient du vieux francique. Rad veut dire conseil / gunth veut dire bataille. MONTEBELLO. (Denis.). : « Les deux vies de sainte Radegonde », L'actualité Poitou-Charentes no 61. DUMEZIL. (Bruno.). : « La reine Brunehaut ». Paris, Éditions Fayard, 2008, page 9.
(2) « Le roi Berthaire » : Il était le fils héritier du roi Basin de Thuringe son père. Son royaume de Thuringe s’étendait au centre de l’actuelle Allemagne.
(3) « Hermanfried » : Il fut un des trois file du roi Basin de Thuringe son nom vient du germanique harimanfrid, hari signifiant « armée » ; man signifiant « homme » et frid signifiant « paix » ). Il est le frère du roi Berthaire de Thuringe dont il participa à l’assassinat.
(4) « Badéric » : Il fut un des trois fils du roi Basin de Thuringe. Il est le frère du roi Berthaire de thuringe dont il participa à l’assassinat.
(5) « Thierry Ier » : il nait entre 485 et 490 et il meurt en 534. Il est le fils aîné du roi des Francs Clovis et d’une concubine. Il est roi de Mets et de Reims.
(6) « Clotaire Ier » : Il nait vers 498. Il meurt le 29 novembre ou le 31 décembre 561. Il est un roi franc de la dynastie des Mérovingiens. Il est le frère du roi Thierry. Entre 558 et 561, Clotaire devient roi d’un royaume réunifié comme sous le règne de Clovis.
Bibliographie :
BERNET. (Anne.). : « Radegonde » collection « Histoire des reines de France », Pygmalion, 2007.
BOUYER. (Christian.). : « Les Reines de France, dictionnaire chronologique » Perrin, 2007.
DUCHET-SUCHAUX. (Gaston.). PERIN. (patrick.). : « Clovis et les Mérovingiens »Tallandier, coll. « La France au fil de ses rois », 2002.
DUMEZIL. (Bruno.). : « La reine Brunehaut ». Paris, Éditions Fayard, 2008.
FORTUNAT. (Venance.). : « La Vie de sainte Radegonde » traduction d’Yves Chauvin, Robert Favreau, Yvonne Labande-Mailfert et Georges Pon, Éditions du Seuil, Paris, 1995.
KLEINMANN. (Dorothée.). : « Radegonde, une sainte européenne » PSR éditions, Loudun, 2000.
LEJEUNE. (Paule.). : « Les Reines de France » Vernal et P. Lebaud, Paris, 1989.
MONTEBELLO. (Denis.). : « Les deux vies de sainte Radegonde », L'actualité Poitou-Charentes no 61.
THIERRY. (Augustin.). : « Récits des temps mérovingiens » Complexe, Bruxelles, 1995
VIAL- ANDRU. (Mauricette.). : « Pour Dieu... : avec sainte Radegonde » Éditions. des Petits Chouans, n° 3, 12/2015, 64 p.
Posté le : 10/04/2018 17:15
Edité par Loriane sur 11-04-2018 10:34:15
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