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John Dewey 1
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Le 20 0ctobre 1859 naît à Burlington dans le Vermont John Dewey


américain, Philosophe, politique, éducation, morale, Instrumentalisme, expérience, théorie de l'enquête
École/tradition Social-libéralisme, pragmatisme, Instrumentalisme, expérience, théorie de l'enquête, Influencé par William James, Charles S. Peirce, Hegel, Charles Darwin, George Herbert Mead. Il a influencé Richard, Rorty, le mouvement Social-libéralisme, le pragmatisme, et l'éducation nouvelle,

La vie et l'œuvre de John Dewey sont étroitement liées à l'histoire intellectuelle, sociale et politique américaine de la première moitié du XXe siècle. Auteur d'une œuvre immense, par ses idées, ses initiatives et ses engagements, Dewey, né le 20 octobre 1859 à Burlington, a joué un rôle prépondérant dans des domaines aussi divers que la philosophie, la pédagogie, les sciences sociales et le débat politique. C'est à son œuvre de pédagogue et de philosophe de l'éducation que Dewey doit toutefois l'essentiel de sa notoriété. Son influence dans ce domaine repose sur une conception naturalisée de l'intelligence et sur l'élaboration de méthodes correspondant au modèle de l'enquête expérimentale. Aussi n'a-t-il jamais dissocié les questions touchant à l'éducation de ce qu'il considérait comme sa tâche de philosophe. Héritier de C. S. Peirce et de William James, quoique d'abord influencé par Hegel et Darwin, il a développé une pensée originale en orientant le pragmatisme dans des voies dont on redécouvre aujourd'hui l'intérêt, après une éclipse due aux développements que la philosophie américaine a connus avec la naissance de la philosophie analytique dans les années qui suivirent la Seconde Guerre mondiale.
La philosophie de John Dewey appartient au courant auquel C. S. Peirce a primitivement donné le nom de pragmatisme pour désigner une méthode, plus qu'une doctrine, attentive aux effets pratiques de nos idées et à leurs résultats observables. La première philosophie à laquelle Dewey doit une grande part de son inspiration n'est toutefois ni celle de Charles S. Peirce, ni celle de William James, mais celle de Hegel. Ce n'est qu'après avoir trouvé chez ce dernier la forme de pensée, fondée sur la dialectique, qui lui convenait, qu'il découvrit l'importance de Peirce. Mais l'idéalisme qui marque ses premiers travaux est aussi largement contrebalancé par l'influence de Darwin. C'est à lui que Dewey doit son concept d'expérience, concept essentiel qui est à la source de son naturalisme et de son interactionnisme, tous deux opposés aux dualismes qui caractérisent la tradition philosophique. Le modèle en est celui des échanges qui régissent les rapports des organismes avec leur milieu :
"L'expérience est le résultat, le signe et la récompense de cette interaction de l'organisme et de son environnement qui, lorsqu'elle est portée à son plein accomplissement, transforme l'interaction en participation et en communication ... Les oppositions du corps et de l'esprit, de l'âme et de la matière, de l'esprit et de la chair, ont toutes leur origine, fondamentalement, dans une crainte de la vie. Ce sont des symptômes de contraction et de retrait."
Pour Dewey, comme cela apparaît nettement dans son grand livre de 1920, Reconstruction en philosophie, la philosophie ne saurait être dissociée de tout souci pratique. La principale question qu'il se pose est celle de savoir à quelles conditions la philosophie peut remplir un rôle dans la résolution des problèmes auxquels les hommes doivent faire face dans leur vie. Toute sa critique de l'intellectualisme s'inscrit dans le droit fil de cette question initiale.
Richard Rorty, qui considère Dewey comme l'un des trois penseurs les plus importants du XXe siècle, à côté de Wittgenstein et de Heidegger, observe que, chez lui, la philosophie ne bénéficie d'aucun accès privilégié à la réalité. Son pragmatisme – auquel il a donné le nom d'instrumentalisme, après sa rupture avec l'hégélianisme – est une philosophie de l'expérimentation et de l'enquête. Dans la logique qui la régit, la vérité ne constitue pas une condition préalable de la connaissance ; elle est un résultat, et le faillibilisme est une dimension majeure des moyens que nous mettons en œuvre pour y parvenir. C'est à Peirce que Dewey doit initalement sa conception de l' enquête (inquiry), concept central qui fixe les contours majeurs de sa pensée. Pour le pragmatisme, compris comme philosophie de l'enquête, il n'y a donc pas de norme intemporelle du vrai. Toute enquête est de nature publique, et les résultats sur lesquels elle débouche sont par nature révisables ; enfin, l'enquête n'est pas une méthode ou un processus de recherche qui se limiterait aux sciences ou à une catégorie particulière de problèmes. Elle s'étend également aux valeurs et à la résolution des problèmes sociaux et politiques. Comme le suggère Hilary Putnam, il n'existe pas de dichotomie des faits et des valeurs. C'est l'une des originalités de Dewey que d'avoir explicitement étendu sa conception de l'enquête aux problèmes éthiques et politiques et de l'avoir associée à une réflexion sur la démocratie.

Sa vie

John Dewey (prononcé [ˈduːi]), né le 20 octobre 1859 à Burlington dans le Vermont et décédé le 1er juin 1952 à New York, est un philosophe américain majeur du courant pragmatiste développé initialement par Charles S. Peirce et William James. Il a également beaucoup écrit dans le domaine de la pédagogie où il est aussi une référence en matière d'éducation nouvelle. Enfin, il a eu des engagements politiques et sociaux forts, notamment à travers ses articles publiés dans le journal The New Republic.
Sa philosophie est d'abord marquée par l'instrumentalisme, c'est-à-dire par sa volonté de rompre avec une philosophie classique qu'il voyait comme plus ou moins liée à la classe dominante, pour en faire un instrument permettant aux hommes de mieux s'adapter au monde moderne. Le principal moyen envisagé par Dewey à cette fin est ce qu'il nomme la "théorie de l'enquête" qui repose sur l'idée qu'un changement dans l'environnement entraîne des problèmes d'adaptation qui doivent être résolus au moyen d'une enquête où diverses hypothèses sont examinées. Les théories philosophiques traditionnelles sont alors vues comme des moyens de fournir des hypothèses à tester.
Dewey a participé également, en parallèle avec le Nouveau Libéralisme anglais, à la constitution de ce qui est actuellement nommé le social-libéralisme dont il se situe à l'aile gauche. Pour lui l'individu n'est pas un être isolé, mais participe à une société.
Cette thèse marque sa philosophie politique comme en témoigne l'importance donnée au public, et à l'harmonisation des intérêts particuliers qu'il ne tient pas comme allant de soi, mais comme résultant de l'enquête.
Sa philosophie politique vise aussi, et peut-être surtout, le développement de l'individualité, c'est-à-dire de la réalisation de soi à travers la démocratie, conçue non pas comme une forme de gouvernement, mais comme une participation des individus à l'action collective.
Enfin, sa pédagogie, étroitement liée à son idéal démocratique, vise à donner aux étudiants les moyens et le caractère nécessaires à une participation active à la vie publique et sociale.

Son parcours
Les années de jeunesse

John Dewey est né à Burlington dans le Vermont, au sein d'une famille modeste d'origine flamande. Comme son ainé, Davis Rich Dewey, il étudie à l'université du Vermont, d'où il sort diplômé Phi Beta Kappa en 1879. Après trois ans passés comme enseignant à Oil City en Pennsylvanie, il constate qu'il n'est pas fait pour enseigner au niveau primaire ou secondaire. En 1882, il reprend ses études à l'université Johns-Hopkins, où il est influencé par le philosophe et éducateur George Sylvester Morris qui lui fait découvir Hegel, et par G. Stanley Hall, un philosophe et psychologue qui dirige sa thèse.
Paradoxalement, alors qu'à cette époque Charles S. Peirce enseigne à cette université, il ne se lie pas à lui et ne découvre le pragmatisme de Peirce que vingt ans plus tard. Dewey obtient son Ph.D : doctorat de l'université Johns-Hopkins en 1884 avec une thèse non publiée et perdue, intitulée The Psychology of Kant.
Il est nommé instructeur à l'université du Michigan (1884-1888 et 1889-1894), grâce à George Sylvester Morris.

Les années à l'université de Chicago

En 1886, il se marie à Alice Chipman, une femme d'une grande force de caractère dont il a six enfants. Cette union lui donne punch et substance.
Influencé par les idées libérales de sa femme, il abandonne le conservatisme de sa jeunesse ainsi que le calvinisme de sa mère, une évangéliste fervente
. En 1894, Dewey rejoint la nouvelle université de Chicago et, influencé par le livre de William James, Principles of Psychology, abandonne l'idéalisme pour se rapprocher du pragmatisme. Durant ses années à l'université, il publie quatre essais sous le titre collectif de Thought and its Subject-Matter, dans un ouvrage rassemblant également des essais de ses collègues de Chicago, dont le titre collectif est Studies in Logical Theory en1903.
Il dirige le département de philosophie, de psychologie et d'éducation et fonde l'University of Chicago Laboratory Schools où il peut tester ses idées en pédagogie, idées qu'il expose dans une série d'articles rassemblés dans son œuvre principale en matière d'éducation : The School and Society 1899.
En 1899, il est élu président de la Société américaine de psychologie. Des désaccords avec l'administration de l'université le conduisent à démissionner de son poste. En 1904, alors qu'il visite l'Europe avec sa famille, un de ses fils, Gordon, meurt en Irlande de la fièvre typhoïde.
C'est le second fils qu'ils perdent ainsi, et même si, durant le séjour en Italie, ils adoptent un enfant du même âge, Dewey et sa femme ne s'en remettent jamais vraiment.
À partir de 1905, et jusqu'à son décès, il est professeur de philosophie à la fois à l'université Columbia à New York et au Teachers College de cette université.

Maturité et postérité

Dewey considère que sa période de maturité commence avec son ouvrage The Need for a Recovery of Philosophy en 1917, dans lequel il insiste pour que la philosophie s'occupe d'abord des problèmes de l'homme et moins de ce qu'il appelle des pseudo-problèmes comme l'épistémologie et la métaphysique.
La période de l'entre-deux-guerres est particulièrement féconde ; en dépit de la mort de son épouse en 1927.
Il écrit de nombreux ouvrages importants : Reconstruction in Philosophy en 1919 ; traduit en français sous le titre : Reconstruction en philosophie, 2012, Human nature and conduct 1922 ; en français : Expérience et Nature, 2012, The Quest for Certainty 1929, Art as Experience 1934 ; en français : L'Art comme expérience, 2005, A Common Faith 1934, Logic: The Theory of Inquiry 1938 ; en français : Logique : la théorie de l'enquête, 1967 ou encore Theory of Valuation 1939.
Durant cette période, il écrit aussi des ouvrages plus tournés vers la philosophie politique : Le Public et ses problèmes 1927 écrit pour partie en réponse à Walter Lippmann, Individualism Old and New 1930, Liberalism and Social Action 1935 et Freedom and Culture 1939 ; en français : Liberté et culture, 1939.
En plus de ses livres, il écrit dans des journaux, tel que The New Republic, et participe à la vie publique. Politiquement, il soutient lors des élections présidentielles Theodore Roosevelt en 1912 et le sénateur Robert M. La Follette en 1924.
Plus tard, il s'oppose au communisme russe et à ses affiliés. Sur l'échiquier politique, on le classe à l'aile gauche du New Deal de Franklin Delano Roosevelt6. Durant cette époque, il voyage notamment au Japon et en Chine 1919-1921, en Turquie 1924, au Mexique 1926 et en URSS 1928.
Il écrit suite à ce voyage Impressions of Soviet Russia and the Revolutionnary World.
En 1946, John Dewey se remarie avec Roberta Lowitz Grant, et ils adoptent deux enfants, orphelins de guerre.

Il meurt en 1952, 0 New-York, à l'âge de 92 ans.

Si durant sa maturité il jouit d'une grande influence, celle-ci disparaît très rapidement après sa mort en 1952 alors que, dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, sa philosophie est supplantée par la philosophie analytique.
Toutefois, cette éclipse est brève et sa pensée connaît assez rapidement un regain d'intérêt notamment à travers les œuvres de Richard Rorty, Richard J. Bernstein, de Charles Taylor et de Jürgen Habermas, qui développent une approche de la démocratie dont il peut être vu comme un des précurseurs

Ses engagements, Engagements humanistes

Dewey participe à de nombreuses activités humanistes des années 1930 aux années 1950. Il siège au conseil de la First Humanist Society of New York 1929 et fait partie des 34 signataires du premier Manifeste humaniste 1933, puis il est élu en 1936 membre honorifique de l'Association de la presse humaniste. Dans un article intitulé "What Humanism Means to Me" publié dans l'édition de juin 1930 de Thinker 2, il définit ainsi son humanisme :
"Ce que l'humanisme signifie pour moi est une expansion, et non une contraction, de la vie humaine, une expansion dans laquelle la Nature et la science de la nature sont faites servantes consentantes du bien humain."

Engagements politiques et sociaux

Benedetto Croce, philosophe, historien et homme politique libéral italien, membre comme John Dewey du Congrès pour la liberté de la culture.
Dewey adhère en 1935, en même temps qu'Albert Einstein et Alvin Johnson, à la section américaine de la Ligue internationale pour la liberté académique.
En 1936, Il est à la tête de la Commission Dewey chargée d'enquêter sur les accusations portées par Joseph Staline à l'encontre de Léon Trotski. Lors d'une réunion en 1938 à Mexico, cette commission conclut à la non-pertinence des arguments de Staline.
En 1950, Bertrand Russell, Benedetto Croce, Karl Jaspers et Jacques Maritain se mettent d'accord pour porter Dewey à la présidence honorifique du Congrès pour la liberté de la culture.

Engagement en matière pédagogique

John Dewey est un des fondateurs du Michigan Schoolmaster's Club ainsi que de l'University of Chicago Laboratory Schools3. Parmi ses écrits sur la pédagogie, certains sont plus particulièrement notables : The School and Society 1899 ; traduction française : L'École et la société, How We think 1916 ; traduction française : Comment nous pensons), Democracy and Education 1916 ; traduction française : Démocratie et éducation ou encore Expérience and education 1938.
Au départ, il conçoit l'école comme un élément-clé de la démocratie avant de revoir un peu son rôle à la baisse et de la considérer comme un élément parmi d'autres18. Selon Gérard Deledalle, Dewey est à l'origine du fonctionnalisme en psychologie.
Sa méthode repose sur le "hands-on learning" : "apprendre par l'action" où le maître est un guide et où l'élève apprend en agissant.
Cette méthode est attaquée d'une part par les tenants d'une méthode centrée sur les programmes et d'autre part par ceux d'une méthode idéaliste centrée sur l'enfant . Pour Dewey, ces deux méthodes antagonistes reposent sur un dualisme entre l'expérience et les matières enseignées, dualisme qu'il récuse.
À la création de la Progressive Education Association en 1919, John Dewey refuse tout d'abord d'en faire partie, puis accepte d'en être le président en 1926, et le reste jusqu'à la fin de sa vie.

Les étapes de la pensée de Dewey

Auguste Renoir, Enfants sur la plage de Guernesey 1883. La Fondation Barnes est une institution où Dewey a donné des conférences sur l'art, regroupées plus tard sous le titre Art as Experience 1934.
Pour Gérard Deledalle, dans sa jeunesse, Dewey a été influencé par Hegel et par Charles Darwin et il serait possible de dire que l'histoire de la pensée de Dewey est la chronique d'un long effort pour réconcilier Darwin et Hegel .
Si Darwin l'a conduit à se soucier de l'expérience, Hegel l'a préservé de l'empirisme.
Jusque vers les années 1891, ses écrits sont très marqués par l'idéalisme de George Sylvester Morris.
À partir de 1894 et de son Study of Ethics, l'instrumentalisme de Dewey commence à s'exprimer en partie en lien avec l'éducation de ses enfants et en partie avec ses conversations avec George Herbert Mead.
En 1905, à son arrivée à l'université Columbia, Dewey s'engage dans le courant pragmatique au sein duquel il défend une position instrumentaliste.
En 1917, il fait paraître un recueil d'essais d'auteurs tels que H. C. Brown, Addison Webster Moore, George Herbert Mead, B. H. Bode22, H. W. Stuart, J. H. Tufts, Horace Kallen et lui-même, intitulé Creative Intelligence, un ouvrage que Gérard Deledalle considère comme le manifeste du groupe de philosophes qui, à la suite de Dewey, donnèrent au pragmatisme une interprétation instrumentaliste. Les réflexions de Dewey sur l'expérience et l'expérimentation le conduisent alors à écrire deux livres que Gérard Deledalle estime importants : Experience and Nature 1925 et The Quest for Certainty 1929.
Durant sa période à Columbia, il rencontre aussi Albert Barnes, un grand collectionneur d'impressionnistes notamment de tableaux d'Auguste Renoir et de post-impressionnistes, ce qui l'amène à réfléchir sur l'art.
Les conférences données à la Fondation Barnes sont publiées sous le titre Art as Experience 1934

Les grands traits du projet philosophique de Dewey
Dewey et l'instrumentalisme

L'influence de Charles Darwin amène Dewey à comprendre la pensée génétiquement, comme le produit d'une interaction entre un organisme et son environnement, et la connaissance comme ayant une instrumentalité pratique dans l'orientation et le contrôle de cette interaction »trad . Son instrumentalisme prend naissance avec son article de 1896 The Reflex Arc Concept in Psychology, dans le quel il conteste l'idée qu'une prise de conscience découle de manière univoque d'une stimulation de l'environnement. Il voit dans cette façon de penser des réminiscences du dualisme corps/esprit.
À cette façon passive de concevoir l'être humain, il oppose une vision plus active, reposant sur un processus d'interaction entre l'homme et son environnement.
Il développe ce naturalisme interactif dans l'introduction des quatre essais Studies in Logical Theory dans lequel il lie instrumentalisme et pragmatisme en se référant à William James. C'est également dans cet ouvrage qu'il énonce les phases du processus de son concept d'enquête : situation problématique, recherche des données et des paramètres, phase réflexive d'élaboration des solutions et de tests de façon à trouver la solution qui convient. Pour lui, cette solution débouche non sur la vérité mais sur ce qu'il appelle l'assertabilité garantie .
De 1906 à 1909, en parallèle avec William James, il s'interroge sur ce qu'est la vérité pour un pragmatiste.
John Dewey commence à appliquer les principes de l'instrumentalisme à la logique dans son livre Essays on Experimental Logic 1916.
Toutefois, pour Clarence Edwin Ayres, ce n'est que dans les Gifford Lectures, publiées sous le titre The Quest for Certainty, que Dewey expose clairement le but et la signification de la logique instrumentale. Celle-ci est d'abord évolutionniste et constitue la première tentative sérieuse de commencer l'analyse de la pensée avec l'hypothèse que l'homme est une espèce animale qui lutte pour sa survie sur une planète mineure.
Dans cette optique, pour Dewey, les idées sont des instruments dont le domaine de validité n'est pas absolu mais dépend des besoins et des défis que rencontrent les hommes. Dans les Gifford Lectures, il oppose la philosophie traditionnelle issue de Platon, qu'il considère comme relevant du mythe et de la magie, à l'instrumentalisme qui, selon lui, ne cherche pas refuge dans l'imagination mais cherche à transformer les conditions de vie en faisant face à la réalité, au moyen d'une enquête intelligible, ancrée dans la réalité présente, et instrumentale, c'est-à-dire qui permet d'agir.

Reconstruction en philosophie

Bertrand Russell 1872-1970, un des fondateurs de la philosophie analytique auquel Dewey reproche de s'être contenté de mathématiser la logique issue de la tradition aristotélicienne.
Reconstruction in Philosophy paraît en 1919. Pour Richard Rorty, c'est le livre de Dewey qui regroupe la plupart de ses idées les plus importantes.
C'est un ouvrage qui a été au centre de la vie politique et intellectuelle aux États-Unis pendant la première moitié du xxe siècle . C'est aussi le plus polémique de Dewey, celui où il s'en prend le plus aux philosophes qui se préoccupent plus de la philosophie pour elle-même que de son utilité pour la communauté.
Dewey concentre ses attaques sur deux grands modèles philosophiques : l'empirisme logique qui devient par la suite la philosophie analytique et le modèle qui se focalise sur l'histoire de la philosophie.
Aux partisans du premier modèle, Bertrand Russell, Rudolf Carnap, Willard Van Orman Quine, Max Black et leurs disciples, il reproche leur technicité. Aux historiens de la philosophie, il reproche une trop forte exégèse sans lien avec le présent. Pour Dewey, la question centrale à se poser est la suivante : Que peuvent les professeurs de philosophie pour contribuer à la création d'un monde meilleur ? .
Dans ce livre, John Dewey critique la tradition philosophique issue de Platon et d'Aristote en se plaçant d'un point de vue génétique, c'est-à-dire en montrant son lien avec le contexte grec de l'époque30. Dewey insiste sur le fait que ce type de philosophie est liée aux intérêts d'une classe sociale31 et n'est pas adapté aux exigences du monde moderne. Il s'élève aussi comme la prétention de ce type de philosophie à se considérer comme investie d'une mission plus haute que les autres arts ou sciences. Par ailleurs, s'il admire la fonction critique de la philosophie classique, il regrette qu'elle soit si peu utilisée à l'égard de la philosophie elle-même30. Enfin, il est en désaccord avec la philosophie classique sur l'objet même de la philosophie. Pour lui, elle ne doit pas se focaliser sur des objets comme, Être, Nature, Univers, Cosmos, Réalité, Vérité en les considérant comme quelque chose de fixe, immobile, hors du temps, quelque chose d'éternel ou d'universel englobant tout, mais s'occuper des problèmes de l'Homme.
La philosophie, selon Dewey, doit accompagner l'évolution du monde et lui donner un sens, de façon à apporter au monde une certaine harmonie. Il appartient à un courant du libéralisme qui ne croit pas en une harmonie pré-établie. Pour lui, supposer qu'harmonie et ordre puissent régner si de nouvelles fins, de nouvelles normes et de nouveaux principes ne sont pas au préalable élaborés avec suffisamment de clarté et de cohérence est intellectuellement futile et conduirait à une impossibilité pratique.Selon lui, la reconstruction en philosophie ou, pour le dire autrement, l'orientation que devrait prendre la philosophie, repose sur trois piliers : la philosophie est un processus — pour Dewey il n'y a rien d'éternellement fixe, les théories deviennent des hypothèses à tester et, en conséquence ,pour philosopher, il est urgent de mettr au point des instruments d'enquête sur les faits humains ou moraux.

Expérience et nature, Bronisław Malinowski vers 1930.

Pour Dewey, l'expérience n'est pas purement individuelle mais dépend des autres, de la culture au sens de Malinowski, de Franz Boas ou d'Edward Sapir.
Experience and Nature, paru en 1925 et traduit en français en 2012 sous le titre Expérience et Nature, se place dans la continuité de Reconstruction en philosophie. L'ouvrage veut expliciter la façon de dépasser les dualismes de la tradition philosophique.
Pour ce faire, Dewey considère l'expérience comme le socle commun et indifférencié à partir duquel l'existence se différencie, en acquérant les formes qu'elle revêt sous l'effet de la vie sociale et du langage.
En somme, l'expérience permet de surmonter les dualismes théorie, pratique, etc. tout en rendant compte de la multiplicité des situations. À la question : pourquoi le titre Expérience et Nature, Dewey répond : Le titre ... est destiné à indiquer que la philosophie qui s'y trouve peut être désignée aussi bien sous le nom de naturalisme empirique que sous celui d'empirisme naturaliste, ou bien encore, si l'on prend le terme expérience dans sa signification habituelle, sous celui d'humanisme naturaliste.
Qu'est-ce que Dewey entend par naturalisme empirique ou empirisme naturaliste ? Pour Jean-Pierre Cometti, Dewey ne considère pas le terme d'empirisme dans son sens logique qui renvoie à l'opposition analytique/synthétique mais à quelque chose qui mêle expérience scientifique et biologique entendue comme échanges entre des organismes vivants et leurs milieux. Pour Dewey, ce qui distingue l'homme de la bête c'est, d'une part, le langage et, d'autre part, l'utilisation d'instruments.
Si ceux qu'il appelle les transcendantalistes ont mieux pris conscience de ce fait que les empiristes, il les accuse de s'être trop éloignés du corps et de la nature physique. De sorte que, pour lui, l'expérience n'est pas mentale mais s'enracine dans la nature sociale de l'homme entendue comme une sorte de naturalisme.
Faire une expérience a usuellement une double signification : c'est participer à la constitution de l'objet aussi bien qu'à celle des méthodes pour connaître, c'est examiner la situation sous divers angles pour la déprendre de ses caractères problématiques et agir sur elle.
Mais la vision de l'expérience chez Dewey est plus large.
En effet, pour lui, l'objet de l'expérience l'objet expériencé, experienced est essentiel et lui confère des caractéristiques spécifiques de sorte que s'établissent entre l'individu et son environnement la réalité : ne vaste zone de dialogue .
Chez Dewey, l'expérience n'est pas purement individuelle, elle s'inscrit au contraire dans un contexte qu'il a été tenté, à la réédition de ce livre en 1948, de nommer culturel, entendu au sens de l'anthropologie de Franz Boas, d'Edward Sapir et de Bronisław Malinowski dont il connait les œuvres. Aussi, Dewey insiste-t-il sur le rôle des rites et des institutions dans l'accomplissement des actes les plus banals. Il en résulte chez lui deux conséquences importantes : d'une part l'expérience ne concerne pas un individu seul mais un ensemble d'individus et d'autre part l'individu n'est pas prisonnier de ses codes car, par son expérience et ses enquêtes, il peut également les faire évoluer. La lecture de Franz Boas peut ici éclairer la pensée de Dewey : Les activités de l'individu sont largement déterminées par son environnement social, mais réciproquement ses propres activités influencent la société dans laquelle il vit, et peuvent apporter des modifications dans sa forme.
Il est évident que ce problème est l'un des plus importants qu'il faille envisager dans une étude des changements culturels.


Théorie de l'enquête et Assertabilité garantie.
Une volonté de bâtir une logique adaptée au raisonnement scientifique

La théorie de l'enquête vise à élaborer une logique destinée à être pour le monde moderne ce qu'avait été l'Organon d'Aristote pour les anciens.
Pour Gérard Deledalle, John Dewey vise à élaborer une logique qui réponde aux exigences scientifiques de l'esprit moderne, comme la logique d'Aristote répondait aux exigences grammairiennes de l'esprit grec. Dewey estime qu'il n'est pas suffisant d'extrapoler l'Organon, comme le firent Bacon et Mill, ni de le parer des atours mathématiques, comme le fit Russell mais qu'il faut la fonder sur de nouvelles bases. Aussi, le livre Logique, sous-titré La théorie de l'enquête, n'est ni un traité de logique au sens aristotélicien ni au sens actuel puisqu'il ne comporte aucun symbole mathématique. En effet, ce qui intéresse Dewey dans la logique ce n'est pas de s'assurer du caractère véritable de la chose par un raisonnement déductif et formel, mais, comme l'indique le sous-titre et en lien avec son instrumentalisme, d'établir un lien entre idée et action fondé à la fois sur l'intuition et sur l'étude et la vérification de cette idée. La logique chez Dewey consiste d'abord en une réflexion sur l'enquête où le logicien ne s'occupe pas du processus de l'enquête temporelle, mais seulement de sa structure formelle, c'est-à-dire des différentes sortes de termes et de canons méthodologiques et de leur interrelations. Le critère qui permet de distinguer les méthodes d'enquête qui réussissent de celles qui échouent, doit être établi à l'intérieur des règles de l'enquête. Autrement, nous n'aurions pas un processus scientifique autonome.

L'enquête comme recherche suite à l'apparition d'un problème
Le début de l'enquête : la situation indéterminée

Pour qu'il y ait enquête, il faut une situation indéterminée c'est-à-dire incertaine, instable et douteuse. Cette indétermination n'est pas subjective, c'est-à-dire d'essence psychologique, mais objective, c'est-à-dire réelle. Rappelons que Dewey, marqué par Charles Darwin, a une vision organique du monde. Il voit les hommes comme organiquement liés à leur environnement de sorte qu'un changement dans l'environnement est pour lui objectif — au sens où ce n'est pas une illusion psychologique — et provoque une situation indéterminée avant qu'un changement dans le comportement des hommes n'intervienne. Toutefois, ces changements objectifs impliquent aussi chez lui des changements dans la façon dont les hommes perçoivent les choses. En effet, l'Homme n'est pas seulement un organisme, c'est aussi un Être culturel, la transition entre les deux se faisant par le langage de sorte que les problèmes qui provoquent l'enquête ont pour origine les relations dans lesquelles les êtres humains se trouvent engagées, et les organes de ces relations ne sont pas seulement l'œil et l'oreille mais les significations qui se sont développées au cours de la vie, en même temps que les façons de former et de transmettre la culture avec tous ses éléments constitutifs, les outils, les arts, les institutions, les traditions et les croyances séculaires.

Le processus de l'enquête

Une enquête commence par la recherche des éléments qui rendent la situation indéterminée. Ces observations provoquent des hypothèses qui deviennent des idées quand elles peuvent servir fonctionnellement à la solution du problème. Dewey écrit à ce propos : une hypothèse, une fois suggérée et soutenue, se développe en relation avec d'autres structures conceptuelles jusqu'à ce qu'elle reçoive une forme dans laquelle elle peut produire et diriger une expérimentation qui dévoilera précisément les conditions qui ont le maximum de force possible pour déterminer si l'hypothèse doit être acceptée ou rejetée. Ou bien, il se peut que l'expérimentation indique les modifications que requiert l'hypothèse pour être applicable, c'est-à-dire convenir à l'interprétation et à l'organisation des éléments du problème.

La fin de l'enquête : l'assertabilité garantie et le retour temporaire à l'harmonie

Pour Dewey, si l'enquête commence dans le doute, elle s'achève par l'institution de conditions qui suppriment le besoin du doute. Il y a alors assertabilité garantie, c'est-à-dire qu'on a trouvé la solution au problème. Toutefois, conformément à la vision darwinienne de Dewey, l'environnement continue à changer de sorte que d'autres problèmes surgissent, et avec eux de nouvelles enquêtes sont nécessaires. Chez Dewey, on ne parvient jamais à la Vérité, une notion qu'il utilise peu dans son traité de logique. Il l'utilise d'autant moins que pour lui l'assertabilité garantie est synonyme de satisfaction, d'utilité, de ce qui paie, de ce qui marche

La philosophie morale de Dewey
Les fondements, La psychologie sociale

La psychologie sociale de Dewey s'organise autour de trois pôles : l'impulsion ou force motrice, les habitudes et la conduite intelligente.
L'impulsion n'est pas liée chez lui à une idée de fin, elle inclut ce que nous appelons aujourd'hui les pulsions, les appétits, les instincts et les réflexes non conditionnés. La psychologie de Dewey se distingue des psychologies basées sur le désir par deux aspects : tout d'abord, pour lui, l'activité est la norme et le repos l'exception, par ailleurs, alors que les désirs impliquent une fin, l'impulsion peut conduire à de multiples fins.
Les habitudes sont des dispositions socialement façonnées par certaines formes d'activité ou par certains modes de réponse à l'environnement. Elles canalisent les impulsions dans une direction donnée. Elles font agir de façon non conscientes et peuvent se perpétuer alors qu'elles ne sont plus adaptées aux temps présents et que les causes qui leur ont données naissance ont disparu. Changer les habitudes est difficile pour au moins deux raisons : on s'y attache, et surtout des idéologies vont les adopter et les voir comme des valeurs intangibles et indiscutables. Dewey aspire à ce que le monde s'adapte plus facilement aux changements de l'environnement que ce n'a été le cas jusqu'à lui.
À cette fin, il plaide en faveur d'une éducation favorisant l'indépendance d'esprit, l'expérimentation et l'enquête56, éléments qui chez lui facilitent les adaptations.
La conduite intelligente survient quand les impulsions et les habitudes ne peuvent plus répondre aux problèmes et se bloquent. Alors les hommes doivent délibérer pour trouver des moyens de surmonter les problèmes.

L'éthique sociale

Dewey ambitionne de changer la moralité de son temps qu'il estime comme n'étant plus adaptée au monde moderne. Aussi, ce qui l'intéresse c'est l'étude du processus d'évolution et le lien entre les théories morales et leur contexte. À cette fin, son livre Ethics commence par une brève histoire des problèmes moraux et des pratiques des anciens Hébreux, Grecs et Romains .
Dans ce livre, Dewey voit la morale et les philosophies traditionnelles comme étant au service d'une élite. La volonté de changer cet état de fait est à la base de son éthique sociale. Il veut notamment mettre fin à la dichotomie qui sous-tend la philosophie morale traditionnelle entre Les Biens purement instrumentaux et les Biens intrinsèques, car il y perçoit un écho de la dichotomie antique entre les gens instruits qui ont des loisirs et le peuple qui travaille.
Pour lui, le Bien conçu comme contemplation ou appréciation de la beauté ne peut être l'apanage que de la classe des loisirs qui, pour son contemporain Thorstein Veblen, désigne les très riches d'alors qui se consacraient notamment aux collections d'art.
Si l'on examine ses propositions concernant l'éthique sociale, on constate que Dewey ne se focalise pas tant sur les comportements des individus que sur la façon dont la société doit être organisée et sur les réformes institutionnelles qui doivent être entreprises.

Les valeurs esthétiques

Dewey traite de l'esthétique dans son livre Art as Experience. Pour lui, l'art crée des objets qui nous permettent de mieux comprendre notre environnement et, à ce titre, il est à la fois un complément et un élément de l'enquête. Chez lui, l'art ne se clôt pas sur la réalisation de l'œuvre par l'artiste, mais implique une participation de ceux qui la reçoive62. Dans cette optique, la critique a pour objet d'enrichir notre expérience de l'art. Elle ne doit pas juger les œuvres en fonction d'une esthétique du passé, mais être tournée vers le futur et renforcer nos capacités à les apprécier par nous-même.
La critique peut, selon lui, rendre les valeurs esthétiques d'une œuvre d'art objectives dans la mesure où, en attirant l'attention sur quelques traits saillants, elle réussit à saisir ce que ressentent plusieurs observateurs61. Ce qui compte dans la critique, c'est qu'elle accroisse notre capacité à apprécier l'art de façon à enrichir la vie des hommes. Il écrit à ce propos : l'auditeur informé par la théorie musicale apprend à écouter, et par conséquent prend plaisir à différentes modulations ... créant des tensions alternées, des accomplissements, et des surprises comme nous les procurent les œuvres musicales lorsqu'elles sont jouées. Des constatations similaires peuvent être faites pour tous les arts, qu'ils soient artistiques : fine en anglais ou pratiques.
Chez Dewey, l'esthétique n'est pas limitée à l'œuvre d'art. Elle peut être également présente dans le travail. Ici, il reprend une critique adressée de façon récurrente dans son œuvre au travail très parcellisé des sociétés modernes. Pour lui, le taylorisme, en séparant fortement ceux qui conçoivent de ceux qui produisent de façon quasi mécanique, réserve aux premiers la participation à l'art qu'elle interdit aux autres. Le défi de la société moderne est d'arriver à faire en sorte que l'ensemble de la population fasse œuvre d'art à travers le travail.

La théorie instrumentale de la valeur

Jürgen Habermas et Dewey ne considèrent pas les valeurs de la même façon. Pour Dewey, à travers les enquêtes, on arrive à une objectivité des valeurs alors que pour Habermas, les valeurs sont liées à des groupes.
Pour Dewey, les valeurs sont des faits. Il écrit : Les valeurs sont des valeurs, les choses ayant immédiatement certaines qualités intrinsèques. De celles-ci en tant que valeurs, il n'y a par conséquent rien à dire : elles sont ce qu'elles sont. Les valeurs sont des qualités attribuées aux choses, des propositions qui doivent être soumises à enquête. Il s'inscrit ainsi dans une perspective assez différente de celle connue habituellement en France. En effet, usuellement on oppose normes entendues, notamment par Jürgen Habermas, comme pouvant être universelles et valeurs entendues comme beaucoup plus liées à des groupes ou des personnes.
Dans cette optique, les conflits de valeur sont vus comme sans issue. Pour Dewey, au contraire, il y a une objectivité des valeurs et cette objectivité apparaît à travers les enquêtes et les expérimentations auxquelles sont soumises les valeurs.

La valuation

La valuation comprend à la fois une appréciation valuing affective qui nous pousse vers une chose ou nous la fait vouloir l'éviter et l'évaluation qui est objective et basé sur l'analyse des conséquences. L'appréciation primitive primitive valuings est une expérience passive du plaisir qui diffère du désir en ce qu'elle n'a pas, à la différence du désir, une fin en vue. Pour Dewey, la valuation réside dans la formation raisonnée des désirs, des intérêts et des fins dans une situation concrète, étant entendu que la valuation implique le désir. De là il en découle que la valuation n'est pas purement mentale puisqu'elle se réfère à des situations concrètes.
Pour Hans Joas, les valeurs semblent plus durables, peut-être aussi plus stables, et supérieures aux simples désirs momentanées mais n'en diffèrent pas fondamentalement. Dewey distingue le désiré du désirable. Le processus de valuation permet de passer de l'impulsion aux désirs et aux intérêts : Le désirable, ou l'objet qui devrait être désiré (valué), ne descend ni d'un ciel a priori ni d'un Sinaï de la morale. Il vient de ce que l'expérience passée a montré qu'agir en toute hâte, en suivant sans examen son désir, conduisait à l'échec et potentiellement à la catastrophe. Le désirable, en tant qu'il se distingue du désiré, ne désigne donc pas une chose en général ni a priori.
Il met en exergue la différence entre l'action et les conséquences d'impulsions irréfléchies et celles de désirs et d'intérêts qui procèdent d'une recherche sur les conditions et les conséquences.
Pour Dewey, un intérêt est un ensemble de désirs étroitement reliés et dans un contexte donné, les intérêts sont si liés qu'en fait pour en valuer un, il faut valuer l'ensemble.

Le jugement de valeur comme instrument

Selon Elizabeth Anderson, le jugement de valeur est triplement instrumental. Il est d'abord un instrument pour guider l'action future. Le jugement de valeur intervient après une période de crise et de remise en cause des valeurs précédentes. Il s'agit d'un jugement pratique qui ne décrit pas les choses mais qui vise à résoudre le problème et à guider l'action future. Le jugement de valeur évalue les actions et les objets en fonction de leurs conséquences au sens large. Enfin, il est un moyen pour reprendre l'activité sur de nouvelles bases jusqu’à la prochaine crise.
Les jugements de valeur sont testés comme des hypothèses scientifiques en vérifiant que les conséquences qui en découlent sont bien celles prévues. Mais ils ne s'inscrivent pas dans un processus d'essais et d'erreur Trial-and-error. En effet, avant de prendre la décision, on essaye de la tester à partir de situations analogues. Il faut ici avoir en tête que Dewey est un pragmatiste et que la philosophie morale pragmatiste rejette les philosophies qui déterminent le bien ou le mal a priori.
Pour eux, ce à quoi arrivent ces philosophies sont des hypothèses qui doivent être testées. Il y a, chez eux, l'idée que si l'on s'en tient à de purs raisonnements théoriques, on a peu de chances d'atteindre une vie meilleure par l'expérimentation
Le jugement de valeur dans la problématique moyen-fins
Il est souvent objecté à Dewey que sa théorie instrumentale de la valeur ne traite que des moyens et pas des fins. Il se distingue, sur ce point, assez fortement d'autres grands penseurs. Pour Max Weber, par exemple, il existe une distinction entre rationalité en valeur et en finalité. La même idée se retrouve chez Amartya Sen qui distingue une tradition éthique associée à Aristote, dotée d'une finalité claire, et une tradition mécaniste associée à la pensée de l'ingénieur.
Pour Dewey, à l'inverse, il y a une interaction entre fin et moyen. La fin-en-vue est l'activité particulière qui œuvre comme facteur de coordination de toutes les activités engagées. Reconnaître la fin comme une coordination ou comme une organisation unifiée des activités, et la fin-en-vue comme l'activité spéciale permettant d'opérer cette coordination, c'est lever l'apparent paradoxe attaché à l'idée d'un continuum temporel d'activités, où les stades successifs sont à part égale fins et moyens.
Une fin ou une conséquence atteinte a toujours la même forme : celle d'une coordination appropriée. Le jugement de valeur, dans cette optique, est un jugement pratique, créatif puisqu'il crée de nouvelles fin-en-vue et transformatif, c'est-à-dire qu'il transforme notre façon de voir les choses et de les valoriser.

La théorie morale normative chez Dewey
Dewey face aux théories morales normatives

Les théories morales normatives qui cherchent à harmoniser les conflits de désirs sont de trois types :
Les théories téléologiques qui cherchent à identifier un bien suprême et qui voient le droit et la vertu comme un moyen de l'atteindre ;
Les théories déontologiques qui cherchent un principe ou des lois de moralité suprêmes auxquels ils subordonnent la poursuite du bien ;
Les théories de la vertu dans lesquelles le principe fondamental d'où dérivent le bien et le droit est celui de l'approbation ou de la désapprobation58.
Emmanuel Kant 1724-1804. Dewey est assez critique envers l'impératif catégorique de Kant
Le pragmatisme en éthique étant souvent vu comme une forme de téléologie ou de conséquentialisme, il est important d'analyser comment Dewey se positionne par rapport aux trois formes courantes que peut prendre le courant téléologique : l'hédonisme, l'idéalisme et les théories morales basées sur le désir informé.
Concernant les théories hédonistes la position de Dewey est nuancée. D'un côté, il estime que raisonner en termes de plaisir et peine est trop individualiste et ne permet pas d'atteindre une fin approuvée par tous. D'un autre côté, pour Dewey, le désir est important car sans désir il ne peut y avoir de bien.
Aussi il va adopter une certaine forme d'hédonisme où le désir est plus réflexif, c'est-à-dire basé sur l'étude des conséquences. Concernant les théories idéalistes, son jugement est également nuancé — dans sa jeunesse, il a été idéaliste. D'un côté, il croit en la valeur motrice de l'idéal.
Mais pour lui les idéaux n'ont pas une portée atemporelle, ils sont liés à une époque, à un contexte58 et ne constituent fondamentalement que des hypothèses à tester.
Si Dewey est proche des théories du désir informé du bien58, sa conception de l'Homme l'éloigne des courants contemporains qui ont une vision de la nature humaine plus fixiste, moins malléable que lui.
Les théories déontologiques tendent à identifier le juste soit à des lois ou règles de conduites fixées, tels les Dix commandements soit à un seul principe suprême de moralité comme l'impératif catégorique, compris comme fournissant une procédure de décision en éthique. Pour Dewey, le problème est que, d'une part, les choses changent et que donc les lois doivent évoluer et que, d'autre part, les principes généraux ne permettent pas de traiter tous les cas particuliers. Il conçoit l'impératif catégorique à la façon des critiques de Kant ; c'est-à-dire comme un formalisme vide. Pour lui, en effet, il faut d'abord avoir une idée du Bien si l'on veut traiter de morale. Néanmoins, l'impératif catégorique peut être un instrument intéressant dans le cadre de l'enquête car il permet de s'assurer que les intérêts de tous ont été équitablement examinés.
Parmi les théories morales basées sur la vertu, Dewey est assez approbateur des utilitaristes anglais et de leur ambition d'atteindre le standard de bien-être Welfare qu'approuverait un spectateur impartial et bienveillant, mais il y fait plusieurs objections : en premier lieu, en lien avec son darwinisme, la notion de bien-être n'est pas fixe et doit donc varier en fonction de l'environnement, en second lieu la notion de standard de bien-être ne doit pas être utilisée pour prendre des décisions de façon algorithmique ou mécanique. Ces objections faites, il est favorable aux principes d'approbation et de désapprobation déduits de la norme de bien-être des utilitaristes comme ils rendent les individus plus conscients des conséquences de leurs actes et par là plus aptes à se gouverner.

La moralité réflexive de Dewey

Si Dewey est surtout influencé par la théorie téléologique et par celle reposant sur la vertu, néanmoins il tient les trois types de théorie comme pouvant servir d'hypothèses dans sa conception de l'enquête. En effet, elles nous permettent dans ce cadre de mieux comprendre l'ensemble des conséquences de nos actes. Les idéaux du bien nous permettent de nous projeter vers un bien futur et de le tester, les principes de droit nous obligent à prendre en compte les intérêts des autres, l'approbation ou la désapprobation de spectateurs impartiaux nous oblige à non seulement examiner les conséquences de nos actes, mais également leurs motifs. Ce que Dewey refuse c'est de voir ces théories comme des impératifs transcendants.

La philosophie politique de Dewey
Les sources de sa philosophie politique

Thomas Hill Green (1836-1882), philosophe idéaliste et libéral anglais précurseur du Nouveau libéralisme. Dewey a travaillé sur son œuvre.
La philosophie politique de Dewey s'enracine d'une part dans l'idéalisme, notamment celui de Thomas Hill Green, dans le Nouveau libéralisme de Leonard Trelawny Hobhouse et dans sa théorie de l'enquête.
Avec Thomas Hill Green, Leonard Trelawny Hobhouse et le Nouveau libéralisme, Dewey pense que le libéralisme classique traditionnel part d'une conception fausse de l'individu qui mine la pensée libérale. Pour eux, à l'inverse du libéralisme traditionnel, l'individu ne se résume pas à une entité en compétition avec les autres.
Au contraire, ils mettent l'accent sur les relations entre individus et perçoivent la vie sociale sur un mode plutôt organique. Chez lui, comme dans le Nouveau Libéralisme, la liberté n'est pas simplement une absence de contrainte, mais réside également dans la participation à la vie sociale et politique. En conséquence, Dewey ne croit pas que les hommes, en poursuivant leurs intérêts particuliers, puissent arriver à un riche vivre ensemble. Il faut aussi, comme il l'écrit dans The Ethics of Democracy, qu'ils soient dotés d'une unité de but et d'intérêt.
La théorie de l'enquête de Dewey constitue un point important de sa philosophie politique. En effet, il récuse la théorie du spectateur qui conçoit la connaissance comme la recherche par un sujet d'une vérité fixe et a priori. Il conçoit l'enquête comme un combat mené par les êtres humains pour résoudre les problèmes.
Le but n'est pas de chercher une vérité qui, dans la perspective darwinienne de Dewey, est forcément mouvante, mais de résoudre des problèmes ici et maintenant. Pour cela, il faut tester et vérifier des hypothèses, des valeurs, des théories destinées un jour à évoluer. Le modèle est la recherche scientifique. Dewey ne fait pas de distinction a priori entre les enquêtes dans les domaines de la science, de l'éthique et de la politique.
D'une certaine façon, il est possible de voir la philosophie politique de Dewey comme le mariage des vues de l'idéalisme et du Nouveau Libéralisme avec sa conception pragmatique ou expérimentale de l'enquête.

Le libéralisme de Dewey

Pour Dewey, les valeurs sont vues comme construites pour résoudre un problème social et doivent évoluer en fonction des situations auxquelles il convient de faire face. Il reproche au libéralisme classique, notamment dans Logical Method and Law, de n'avoir pas su évoluer et d'être devenu ainsi le rempart de la réaction, et de trop penser en termes d'individu et pas assez d'individualité.

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Posté le : 20/10/2013 12:45
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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