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De Montpellier
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Le 5 Janvier 1837, à Lotbinière Québec, naît Léon-Pamphile Le May
romancier, poète, conteur, traducteur, bibliothécaire et avocat québécois, décédé le 11 juin 1918 à Deschaillons
Le jeune Léon-pamphile le May étudie à Trois-Rivières chez les frères des écoles chrétiennes et au petit séminaire de Québec, où il se lie d'amitié avec Louis-Honoré Fréchette. Il étudie le droit en 1858 puis décide de se trouver un emploi à Portland dans le Maine et à Sherbrooke. Revenu chez lui, il entreprend d'entrer chez les oblats et commence ses études de philosophie et la théologie. De santé fragile, il doit abandonner ses études, mais il se remet au droit et devient traducteur à l'Assemblée législative du Canada-Uni. Pour la plus grande partie de sa vie, il habite à la ville de Québec. Ayant parallèlement trouvé du temps pour l'écriture, il est admis au barreau du Québec en 1865. À l'âge adulte, il modifie la graphie de son nom, passant de Lemay à LeMay puis finalement Le May. Ses ouvrages les plus connus sont Les Contes vrais, Le pèlerin de Sainte-Anne, Picounoc le maudit. Il traduisit les œuvres de William Kirby et Henry Wadsworth Longfellow. En 1867, il devient le premier responsable de la bibliothèque de l'Assemblée législative du Québec, ayant été nommé par Pierre Chauveau. Il construit la bibliothèque législative à partir de presque rien, accumulant un total de 33 804 volumes lors de son départ. À cette époque, sa carrière littéraire est florissante, et il tient des correspondances avec Antoine Gérin-Lajoie, Joseph-Charles Taché et François-Xavier Garneau. Poétiquement, il est romantique comme Octave Crémazie, mais en même temps il est plus personnel, s'inspirant notamment de Lamartine. Pour accroître sa collection, il tisse des liens avec la Belgique, le Brésil, les États-Unis, la France, la Norvège et le Royaume-Uni. Le May est encouragé par Pierre-Étienne Fortin mais reçoit les reproches d'Edmund James Flynn pour avoir effectué des transactions douteuses avec Arthur Dansereau. Néanmoins, le député James McShane vient à sa défense. Membre fondateur de la société royale du Canada en 1882, il reçoit un doctorat honorifique de l'Université Laval en 1888. En 1892, il est remplacé par Narcisse-Eutrope Dionne, ayant été forcé à la retraite par le gouvernement en même temps qu'Arthur Buies. Le May est honoré de la rosette d'Officier de l'instruction publique en 1910, titre remis par le gouvernement français. D'inspiration libérale, il avait composé des poèmes en l'honneur de Wilfrid Laurier, Félix-Gabriel Marchand, Louis Riel et Honoré Mercier. Même s'il habite en ville, il préfère l'air frais de la campagne. Il reste l'ami de Louis Fréchette, Napoléon Legendre et Adolphe Poisson Il s'éteint à Deschaillons en 1918 en compagnie de ses proches. La bibliothèque de l'Assemblée nationale du Québec est nommée en son honneur depuis 1980. Ses livres continuent à être republiés pendant les années 1970, les années 1980 et les années 1990. L'école secondaire de Sainte-Croix de Lotbinière porte aussi son nom2 . Œuvres
Critique du recueil Les Épis dans La Patrie
Poésies
Essais poétiques (1865) Deux poèmes couronnés par l'Université Laval (1870) Les Vengeances (1875) La Perle cachée (1876) Une gerbe (1879) La Chaîne d'or (1879) Petits poèmes (1883) Tonkourou (1888), nouvelle édition refondue des Vengeances de 1875. Les Gouttelettes (1904) Les Épis (1914) Reflets d'antan (1916)
Romans
Le Pèlerin de Sainte-Anne (1877), réédition 1998 Picounoc le maudit (1878), réédition 1972 L'Affaire Sougraine (1884), réédition 1999 Fêtes et corvées (1898) Le Pèlerin de Sainte-Anne (1930), version expurgée, destinée à la jeunesse, du roman de 1877. Batailles d'âmes (1996), édition posthume d'un roman inédit publié dans La Patrie du 4 novembre 1899 au 26 janvier 1900.
Contes
Fables canadiennes (1882) Fables (1891) Contes vrais (1899) En 1907, Le May double ce recueil par la publication d'une seconde édition revue et augmentée de vingt et un contes - 551 pages - chez Beauchemin, Montréal, réédition moderne aux Presses de l'Université de Montréal, coll. Bibliothèque du Nouveau Monde, 1993.
Autres ouvrages
Catalogue de la Bibliothèque de la législature de Québec (1870) Rouge et bleu (1891), comédies Maison paternelle (1929), publication posthume
Traduction
Évangéline et autres poèmes de Longfellow, textes de Henry Longfellow, traduction de Le May, édition posthume en 1978, réédition 2009 Le Chien d'or de William Kirby
Léon-Pamphile LE MAY (1837-1918)
A un vieil arbre
Tu réveilles en moi des souvenirs confus. Je t'ai vu, n'est-ce pas ? moins triste et moins modeste. Ta tête sous l'orage avait un noble geste, Et l'amour se cachait dans tes rameaux touffus.
D'autres, autour de toi, comme de riches fûts, Poussaient leurs troncs noueux vers la voûte céleste. Ils sont tombés, et rien de leur beauté ne reste ; Et toi-même, aujourd'hui, sait-on ce que tu fus ?
O viel arbre tremblant dans ton écorce grise ! Sens-tu couler encore une sève qui grise ? Les oiseaux chantent-ils sur tes rameaux gercés ?
Moi, je suis un vieil arbre oublié dans la plaine, Et, pour tromper l'ennui dont ma pauvre âme est pleine, J'aime à me souvenir des nids que j'ai bercés.
Chant du Matin
Les vapeurs du matin, légères et limpides, Ondulent mollement le long des Laurentides, Comme des nuages d'encens. Au murmure des flots caressant le rivage, Les oiseaux matineux, cachés dans le feuillage, Mêlent de suaves accents.
La nature, au réveil, chante une hymne plaintive, Dont les accords touchants font retentir la rive Du Saint-Laurent aux vagues d'or ; Glissant, comme une feuille au souffle de l'automne, Sur le flot qui module un refrain monotone. Une barque prend son essor.
Vogue ! vogue ! faible nacelle ! Des premiers feux du jour nouveau ! Berce ! berce ta voile blanche Qui se relève et qui se penche, Comme pour se mirer dans l'eau :
Devant toi la mer étincelle Tandis que je reste au rivage, Au pied du vieux chêne sauvage Où je viens rêver si souvent ! Où, quand le monde me rejette, L'écho fidèle, au moins, répète
A la lune
Quand tu luis au-dessus de la forêt mouvante, On dirait que des feux s'allument tout au fond. Tu donnes un baiser à l'océan profond, Et l'océan frémit comme une âme vivante.
Es-tu notre compagne ? Es-tu notre servante ? Ton éclat nous ravit, ton pouvoir nous confond. Sous ton voile brillant comme l'or qui se fond, N'es-tu qu'un astre mort où règne l'épouvante ?
Donne au toit sans lumière un rayon de pitié, Au rêve du poète, une aile audacieuse, Et sur les nids d'amour plane silencieuse.
Tu n'offres à nos yeux souvent qu'une moitié... De même faisons-nous, blonde lune que j'aime ; Cachons-nous des défauts par ce vieux stratagème.
Mes notes qu'emporte le vent.
Et que m'importe la louange Des hommes dont l'amitié change Comme le feuillage des bois ! S'il faut chanter, ma lyre est prête : Vers mon Dieu, si je suis poète, J'élèverai ma faible voix.
C'est lui qui fait naître l'aurore ! C'est lui que la nature adore Dans son sublime chant d'amour ! Il nous sourit, et l'humble hommage Que lui présente le jeune âge, Est toujours payé de retour.
C'est lui qui recueille nos larmes ! C'est lui qui dispense les charmes Dont se revêtent les saisons ! C'est lui qui dit aux fleurs de naître, Au brillant soleil de paraître, Pour venir dorer nos moissons !
C'est lui qui donne aux nuits leurs voiles Ornés de brillantes étoiles Qui tremblent dans les flots luisants; Qui verse les molles ondées Dans nos campagnes fécondées Par les sueurs des paysans !
Il parle, et le monde s'agite, Le soleil se lève plus vite, Et tout adore sa splendeur ! Il parle, et tout l'univers tremble, Et les astres volent ensemble, En se racontant sa grandeur !
Dans ma misère il me visite, Quand tour à tour chacun m'évite, M'abandonnant seul à l'ennui. Quand m'échappe une plainte amère, Il me dit : " Pauvre enfant, espère, C'est moi qui serai ton appui. "
Quand l'amertume nous inonde, Qu'il n'est plus d'amis en ce monde, Seul il ne se retire pas. Quand nous chancelons dans la voie, Du haut du ciel il nous envoie Un ange qui soutient nos pas.
Pompéi
Par des chemins de fleurs, au temple qu'on voit là , Des prêtresses s'en vont. Leurs bandes triomphales Dansent cyniquement au rythme des crotales. Jamais tissu discret alors ne les voila.
Vénus veut des honneurs. C'est sa fête, et voilà Que la ville s'éveille. Et les chastes Vestales S'enfoncent tour à tour dans l'ombre de leurs stalles, Et le dieu de l'amour sourit dans sa cella.
Mais quel éclat nouveau, quel merveilleux effluve, Environnent ton front, malheureuse cité ? Le ciel met-il un nimbe à ta lubricité ?
Sur la ville en amour, l'implacable Vésuve Étendait, lourdement, ce grand linceul de feu Que vingt siècles d'efforts n'ont soulevé qu'un peu !
La Maison paternelle
Depuis que mes cheveux sont blancs, que je suis vieux, Une fois j'ai revu notre maison rustique, Et le peuplier long comme un clocher gothique, Et le petit jardin tout entouré de pieux.
Une part de mon âme est restée en ces lieux Où ma calme jeunesse a chanté son cantique. J'ai remué la cendre au fond de l'âtre antique, Et des souvenirs morts ont jailli radieux.
Mon sans gêne inconnu paraissait malhonnête, Et les enfants riaient. Nul ne leur avait dit Que leur humble demeure avait été mon nid.
Et quand je m'éloignai, tournant souvent la tête, Ils parlèrent très haut, et j'entendis ceci : - Ce vieux-là , pourquoi donc vient-il pleurer ici ?
La mer morte
Près des. monts de Judée, arides, sans fraîcheurs, Et des monts de Moab aux sèves fécondantes, L'Asphaltite maudit berce ses eaux mordantes, Où jamais ne tomba le filet des pécheurs.
Les rocs nus sont rayés de sinistres blancheurs. Serait-ce un reste froid de vos cendres ardentes, Impudiques cités ? Les vagues abondantes Ont-elles pu laver le front de vos pécheurs ?
De la vie en ce monde on se croit à la borne ; Nul chant n'y réjouit la solitude morne ; A ne fleurir jamais ces bords sont condamnés.
Dors en ton gouffre amer, sur ton lit de bitume ; Ta coupe est décevante et pleine d'amertume... N'es-tu pas faite, ô mer ! des pleurs de tes damnés ?
L'univers est un poème ...
Mystérieux moment où l'on commence à vivre... La matière s'anime à ton souffle, mon Dieu. L'âme qu'elle a reçue est un rayon de feu Qui remonte vers toi, prisonnier qu'on délivre.
Et la vie est partout. Comme on lit dans un livre, Dans le monde insondable on voudrait lire un peu, Pour voir si le travail alterne avec le jeu, Et si les coeurs parfois mêlent la flamme au givre.
La Terre pleure et rit. L'homme ainsi l'a voulu. Dès le premier dîner il se montre goulu Et verse le vin pur sur la pomme indigeste.
Le poète, à l'aspect de la voûte céleste, Se dit, rêvant de vers et tombant à genoux Le monde est un poème et Dieu l'a fait pour nous.
Posté le : 03/01/2014 17:37
Edité par Loriane sur 04-01-2014 22:58:05
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