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John Dos Pessos
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Le 28 septembre 1970 à Baltimore meurt à 74 ans John Rodrigo Dos Passos

né le 14 janvier 1896 à Chicago, écrivain moderniste de l'angue anglaise et un peintre américain.Il reçoit le prix Prix Antonio Feltrinelli, son Œuvre principale est "U.S.A."
L'abandon des valeurs traditionnelles américaines par une société avide de réussite et d'argent préside, dans les années vingt, à l'avènement des écrivains de la génération perdue. Comme eux, John Dos Passos s'interroge sur le destin de l'Amérique et du monde. Comme eux, il est l'homme d'une époque, celle de la Première Guerre mondiale, celle de l'illusoire prospérité dont les plus solides bastions s'écroulent dans le krach de Wall Street, avant que le New Deal n'apparaisse avec Franklin Roosevelt et que la guerre d'Espagne ne vienne – après la révolution d'Octobre – secouer à nouveau la lointaine Amérique. Mais si, tel un autre voyageur, Hemingway, Dos Passos s'intéresse au Vieux Monde en curieux professionnel, le thème essentiel de son œuvre – et notamment la trilogie U.S.A. – reste ancré dans trente ans de vie américaine – de la naissance du XXe siècle à la veille du Mardi noir du 29 octobre 1929. C'est l'histoire collective et individuelle de ce qu'il nomme les deux Amériques – celle de l'oppression du grand capital qui conduit Sacco et Vanzetti à la chaise électrique en 1927, et celle des immigrants et de la classe ouvrière opprimée à laquelle il s'identifie pour un temps.

Pour dénoncer l'aliénation de l'homme américain, Dos Passos fait preuve d'une originalité et d'une invention littéraire dont U.S.A. marque l'accomplissement. Dès la Seconde Guerre mondiale, cependant, un changement s'amorce dans les thèmes comme dans l'écriture, et le romancier abandonne la défense de l'under-dog, exploité et annihilé, pour se consacrer à un portrait de l'Amérique conforme à l'idéologie dominante. Il ne retrouve plus l'élan souvent lyrique ni le plaidoyer passionné de naguère. Pourtant, ni le désaveu de l'auteur, ni les réticences possibles du lecteur n'empêcheront U.S.A. comme La Condition humaine de Malraux, de rester à la fois un témoignage écrasant et un monument de la littérature.

En bref

Contemporain de Fitzgerald et d'Hemingway, ami de Cummings, fils bâtard d'un self-made man, formé dans l'esthétisme fin de siècle de Harvard, ambulancier pendant la Première Guerre mondiale, voyageur en Europe, au Proche-Orient, en Afrique du Nord entre 1920 et 1939, il entreprend de totaliser la réalité nationale dans ses trilogies, USA 1930-1936 et District de Columbia 1939-1949. Malgré les contradictions, son œuvre présente en continu une protestation contre la société américaine en même temps que l'attachement à ses valeurs.
Familier des techniques du réalisme et du courant de conscience, John Dos Passos les utilise pour asseoir une analyse sociale pessimiste. Il y décrit la vie de quelques personnages représentant différentes classes sociales, leurs espoirs et leurs désillusions. En cela il se rapproche d'un certain réalisme socialiste qu'il ne renie pas, puisqu'il avoue une admiration sans faille pour Eisenstein. De là vint d'ailleurs ce terme de « littérature cinématographique » utilisé par de nombreux critiques à propos de ses livres.
Au cours d'une longue carrière faite de succès, Dos Passos écrit quarante-deux romans, des poèmes, des essais, des pièces de théâtre et crée plus de quatre cents œuvres d'art. On retiendra surtout de lui Manhattan Transfer et sa trilogie U.S.A., écrits dans les années 1920 et 1930, période où il est à l'acmé de sa gloire littéraire.
Son œuvre principale reste la trilogie U.S.A., elle comprend Le 42ème Parallèle 1930, 1919 1932 et La Grosse Galette 1936. Son style mélange trois techniques littéraires : pour l'aspect social, des bouts d'articles de journaux succèdent à des chants populaires. L'émotion, elle, est transcrite au moyen de collages de mots et de phrases qui ne font que traduire les pensées du narrateur. C'est la fameuse chambre noire, qui peut se rapprocher du style de Céline dans la ponctuation, et qui annonce les cut-up de William Burroughs. Enfin, Dos Passos introduit dans l'œuvre quelques biographies de personnages importants durant l'époque explorée par la trilogie U.S.A. Autant de procédés qui lui permettent de dépeindre le vaste paysage de la culture américaine des premières décennies du XXe siècle. Bien que chacun des romans fonctionne de manière autonome, la trilogie est faite pour être lue comme un tout. La pensée politique et sociale que John Dos Passos développe dans ses nouvelles est très pessimiste au regard de la gestion politique et économique des États-Unis.

Sa vie

John Dos Passos est né à Chicago. Son père, d'origine portugaise il venait de Madère, était un avocat relativement aisé et qui avait donc les moyens de lui offrir la meilleure éducation. En 1907, il est envoyé faire ses études à l'université Choate Rosemary Hall de Willingford Connecticut. À la suite de quoi, accompagné d'un tuteur privé, il partit six mois faire un tour d'Europe France, Angleterre, Italie, Grèce et Europe centrale afin d'y étudier les grands maîtres de la peinture, de l'architecture et de la littérature.
À partir de 1913, il suit des cours à l'Université Harvard. Après l'obtention de son diplôme en 1916, il part en Espagne pour étudier la peinture et l'architecture. La Première Guerre mondiale faisant rage en Europe et les États-Unis ne s'étant pas encore engagés dans la guerre, Dos Passos s'engage en juillet 1917 dans le corps des ambulanciers aux côtés de ses amis E. E. Cummings et Robert Hillyer. Il travaille ensuite comme chauffeur à Paris puis dans le centre de l'Italie.
À la fin de l'été 1918, il achève les ébauches de son premier roman. Dans le même temps, il est réquisitionné dans le Corps Médical de l'Armée Américaine, à Camp Crane en Pennsylvanie. À la fin de la guerre, il est en poste à Paris où le Département de l'éducation outremer américain lui permet de rester pour étudier l'anthropologie à la Sorbonne. Un des personnages de la trilogie U.S.A. connaît globalement la même carrière militaire et reste à Paris après l'armistice.
À mesure que Dos Passos grandit, sa vision politique se tourne plutôt vers la droite. Au milieu des années 1930, il écrit une série d'articles incendiaires concernant la théorie politique communiste. Au temps où le socialisme commence à gagner en popularité l'Europe en réponse au fascisme, les romans de Dos Passos ont donc commencé à connaître un succès international déclinant. Toutefois, la reconnaissance de sa contribution au champ littéraire international vint en 1967 lorsqu'il fut invité à Rome pour recevoir le prestigieux Feltrinelli Prize. Bien que les partisans de Dos Passos aient toujours argué que ces œuvres tardives ont été ignorées à cause de son changement d'opinion politique, il y a un relatif consensus entre les critiques pour dire que la qualité de ses romans a commencé à décliner après le triomphe de U.S.A..
Entre 1942 et 1945, Dos Passos travaille comme journaliste, il se spécialise dans la couverture des évènements de la Seconde Guerre mondiale. En 1947, il est élu à l'Académie américaine des Arts et des Lettres, mais un tragique accident de voiture tue la femme qui partageait sa vie depuis 18 ans, Katharine Smith, et lui coûte la perte d'un œil. Il se remariera avec Elizabeth Holdridge 1909-1998 et continuera l'écriture jusqu'à sa mort à Baltimore en 1970. Sa tombe se trouve au Yeomico Churchyard Cemetery de Cople Parish, dans le comté de Westmoreland, en Virginie, pas très loin de sa dernière demeure.

Carrière littéraire Poésie de John Dos Passos.

Le premier roman de John Dos Passos, One Man's Initiation : 1917 est publié en 1920. Après cela, ce grand écrivain de la Génération perdue publie un roman antibelliciste intitulé Three Soldiers qui lui apporte une considérable reconnaissance. En 1925, Manhattan Transfer qui décrit la vie à New York dans les premières décennies du xxe siècle est un véritable succès commercial et marque l'entrée de la technique expérimentale du courant de conscience (stream-of-consciousness) dans le style de John Dos Passos.
Dos Passos, en cela révolutionnaire, a été amené à considérer la société américaine comme double : d'un côté les riches, de l'autre les pauvres, entre eux une véritable muraille infranchissable. On lui connaît de très belles pages sur la vie des syndicats américains tels que Industrial Workers of the World, sur l'injustice de la condamnation de Sacco et Vanzetti, dont il récuse la légitimité. Très vite, il rejoint le camp des intellectuels américains et européens qui militent pour l'abolition de la peine de mort. En 1928, Dos Passos passe plusieurs mois en URSS pour étudier le système socialiste. En 1932, il signe un manifeste destiné à soutenir le candidat communiste à l'élection présidentielle américaine William Z. Foster. Il retourne en Espagne avec Hemingway au moment de la Guerre civile espagnole, mais son opinion à propos du communisme avait déjà changé : il se brouille avec Ernest Hemingway et Herbert Matthews à propos de leur attitude au regard de la guerre et de leur compromission avec la propagande stalinienne.

Points et contrepoints

Lié à l'esprit d'aventure et aux tendances anarchisantes de certains immigrants par son grand-père portugais, John Roderigo Dos Passos appartient aussi à la grande tradition américaine par son père. Tambour à quatorze ans dans les armées de la guerre civile, celui-ci suit en grandissant la route désormais classique du self-made man. Réussite et promotion sociale sont consommées lorsqu'il s'établit à New York comme avocat. John Dos Passos naît en 1896 à Chicago, connaît l'enfance heureuse d'un fils de famille aisée, et, après l'école préparatoire de Choate School, termine ses études à Harvard où il entre à seize ans. Sa vocation d'écrivain s'affirme déjà : soucieux d'esthétique et de littérature, il fait paraître nouvelles, poèmes et critiques dans le mensuel de l'université où il côtoie le poète E. E. Cummings. Dûment diplômé cum laude, il quitte Harvard en 1916 et part pour l'Espagne. Là, il se passionne pour Pío Baroja dont le non-conformisme et l'exaltation des valeurs individuelles l'influencent profondément. De retour aux États-Unis, il publie la première version de Rossinante reprend la route Rosinante to the road again et s'engage dans la fameuse division d'ambulances Norton-Harjes – lieu de rencontre de la génération perdue pendant la Première Guerre mondiale. Il conte son expérience dans L'Initiation One Man's initiation, 1920, essai bientôt transposé et appuyé par Trois Soldats Three Soldiers qu'il écrit en Espagne après avoir été démobilisé en France. Ce premier roman important paraît en 1921 : Dos Passos y attaque l'appareil militaire et démystifie les symboles et la gloire de la guerre.

La prise de conscience

C'est au Moyen-Orient où il voyage, entre autres pays, comme journaliste, qu'il écrit un deuxième roman marquant : Manhattan Transfer – la gare de triage de New York – 1925. Il y aborde le mode de vie américain selon une optique déjà axée sur le rôle déterminant de la société par rapport à l'individu, et utilise une écriture polyphonique pour atteindre à une image plus percutante. Il est, dès lors, un auteur engagé. Avec d'autres écrivains portés comme lui vers la contestation politique de l'Amérique du boom, du Jazz Age et de la prohibition, il participe à la fondation du magazine New Masses qui remet en cause le système capitaliste. C'est là qu'il publiera en 1927 son fameux poème-réquisitoire : Face à la chaise électrique Facing the chair tandis qu'on l'arrête pour avoir manifesté dans la rue contre l'exécution – après sept ans de procès et d'atermoiements – de Sacco et de Vanzetti. Comme tant d'autres intellectuels de son temps, il se rend en Union soviétique où il s'entretient avec Poudovkine et Eisenstein, puis revient à New York 1929 pour épouser Katherine Smith qu'il a connue dans l'entourage d'Hemingway.
Cette période de mobilisation sociale et politique, et de militantisme, est aussi celle de sa production la plus importante. Trois pièces de théâtre sont montées à New York : L'Éboueur The Garbage Man en 1926, Airways incorporated à son retour d'U.R.S.S., et Fortune Heights en 1934. Journaliste, il couvre les grandes grèves et notamment celle des mineurs de Pennsylvanie en 1932 où, avec Theodore Dreiser, il accumule une série d'interviews accablantes – ce qui ne l'empêche pas de poursuivre sa polémique de longue date avec le Parti communiste américain dans les colonnes de New Masses.
Enfin, il écrit sa fameuse trilogie U.S.A. entre 1930 et 1936 : 42e Parallèle, 1919, La Grosse Galette The Big Money. Ce dernier volume est désigné comme meilleur livre de l'année 1936 par le Congrès des écrivains américains.

Le reflux

Dès 1940, avec La Pensée vivante de Tom Paine, Dos Passos revient aux sources de la révolution américaine guerre d'Indépendance et regrette tout haut d'avoir voté une seconde fois pour Roosevelt. Le tournant s'affirme après la Seconde Guerre mondiale qu'il effectue comme correspondant de guerre et, en 1954, il écrit La liberté est mon propos The Theme is freedom, donnant ainsi des gages à l'inquisition maccarthyste qui lui cherche des querelles rétrospectives. En 1964, il se tient au côté de Barry Goldwater pendant la campagne présidentielle, et se range parmi les faucons pour soutenir la guerre du Vietnam. Remarié et fixé dans le comté de Westmoreland Virginie, il travaille alors à une Histoire des États-Unis. Citons parmi ses ouvrages d'après-guerre dont aucun n'a connu un succès notoire : The Grand Design 1949 incorporé dans la trilogie District of Columbia – ouvrage commandé par la compagnie industrielle General Mills Inc. afin de dépeindre de façon objective et humaine la vie d'une grande entreprise. Citons encore une étude sur Jefferson, un roman autobiographique, Chosen country 1951, et bon nombre de reportages et d'articles. En 1961, il tente vainement de retrouver le ton et l'écriture des années trente avec Midcentury.

L'architecte de l'histoire

L'écrivain en prise directe sur son époque, écrit en substance Dos Passos, est l'architecte de l'histoire. Cette architecture du roman, il la cherche dès Manhattan Transfer pour aboutir finalement à la composition et à l'écriture soigneusement élaborées de U.S.A. Ma préoccupation dominante, dit-il encore, était d'essayer de découvrir ce que disaient et pensaient les gens. Pour intégrer le roman individuel dans le contexte historique et social de son temps, il est conduit à chercher de nouveaux moyens techniques en rapport avec son thème, son époque et l'effet qu'il veut produire.

Structures et techniques

Dans le bouillonnement de l'après-guerre, le monde littéraire et artistique tend à rompre avec le passé. Après le cubisme, le dadaïsme et le surréalisme ouvrent de nouvelles voies. L'Ulysse de Joyce, les idées de Meyerhold au théâtre, l'apport esthétique d'Eisenstein dans le domaine du film, impliquent une recherche de nouveaux modes d'expression correspondant à une ère où les progrès de l'industrie et des techniques changent la face du monde. L'Amérique, vue par Dos Passos, procède de ce courant. Il adopte pour écrire U.S.A. un système directement inspiré par le cinéma. Chacun des trois romans se compose de quatre sections récurrentes qui se succèdent selon une architecture élaborée. Chaque livre comporte ces quatre plans-relais de quatre points de vues : actualités newsreels, biographies, fiction romanesque – portant en exergue le nom d'un personnage, particulièrement éclairé par le projecteur – enfin l'œil de la caméra camera eye où l'auteur s'exprime selon la technique du monologue intérieur – voire du flot de conscience. Quatre images d'une société qui contribuent parallèlement à la construction de l'image clef. La place attribuée à chacune, l'ordre de présentation sont autant d'éléments du montage. La diversité s'organise autour du thème central. Les bandes d'actualités, informations fragmentaires de tous ordres, publicité, chansons, mode, expositions, événements politiques, grèves, mariages, etc. insistent – par rapprochement, opposition et allusions – sur l'absurdité de la société contemporaine, qui ne sait où elle va, mais y court à toute vitesse. Les biographies, parfois traitées sur le mode ironique, parfois lourdes d'émotion, tracent le portrait exemplaire des grands de ce monde en pleine mutation : de Ford qui fait tirer la troupe sur les grévistes à Taylor et son plan, dont le travail à la chaîne et les cadences infernales n'ont pas fini de secouer le monde ouvrier, en passant par Debs, Isadora Duncan, Edison, Rudolf Valentino, James William Bryan, Big Bill Haywood et le syndicat des Industrial Workers of the World, Frank Lloyd Wright, etc. En contrepoint, mais se rattachant toujours au contexte évoqué, se déroulent les destins individuels de la section romanesque : un univers où les existences des personnages se croisent et s'entrecroisent dans une nouvelle comédie.
Plus personnel est l'œil de la caméra, parfois traduit par le terme l'objectif, qui a le mérite d'en souligner l'ambiguïté première. Rien n'est plus subjectif en effet que ces interventions du narrateur où il exprime son monde intérieur et ses doutes en une sorte de prose poétique qui n'est pas sans évoquer l'Apollinaire de Calligrammes, le Prévert de Paroles ou la poésie de E. E. Cummings 1894-1962, et laisse parfois déborder l'émotion lyrique. Le ton, pourtant, se veut impersonnel. L'ironie sous-jacente se cache derrière une apparente objectivité. Trente ans de vie américaine se succèdent ainsi dans la rigueur de la chronologie. C'est l'histoire en train de se faire sur le fond sonore des machines devenues aliénantes par la volonté du grand capital.

La machination

Le frame up, thème central de l'œuvre, Dos Passos le rend explicite dans l'œil de la caméra. Oui, nous sommes deux nations, s'écrie-t-il dans une page qui reste une des plus bouleversantes de U.S.A. La mort de Sacco et de Vanzetti est l'aboutissement d'une vaste conspiration des classes possédantes : les anciennes valeurs sont utilisées aux fins du profit. Il n'en reste que la coquille vidée de toute substance. L'Amérique, terre d'accueil, terre libre, symbole de la démocratie, est devenue machine à opprimer. Tout idéal est une menace, toute défense devient attaque, toute rébellion est étouffée dans l'œuf au nom des grands principes : toute une Amérique se fait complice du coup monté. Reste-t-il une forme d'espoir ? Tenter sa chance aboutit à une forme d'aliénation : l'obsession du succès dénature l'homme. Chez tous les personnages de Dos Passos, la réussite masque l'échec fondamental. Un seul échappe en partie à la règle, parce qu'il se range aux côtés de la classe ouvrière : Mary French, dont les options sont celles de l'auteur. Mais, là encore, il s'agit de l'Amérique vaincue, et le combat qui continue n'est plus qu'un baroud d'honneur » auquel Dos Passos ne croit plus. À la lutte des classes, il substitue une spécificité américaine et se qualifie d'exceptionnaliste. Comme Veblen, auquel il consacre une biographie, il souffre d'une incapacité congénitale à dire : oui.
Parce qu'il a lu Marx et Lénine et qu'il s'engage personnellement dans la lutte aux côtés des plus défavorisés, Dos Passos a été parfois considéré comme un écrivain marxiste. Il apparaît en fait beaucoup plus comme un nostalgique du vieil idéal jeffersonien, revu et corrigé par Veblen. Peintre et témoin de l'échec individuel et collectif – dont il rend responsable la dégénérescence du mythe américain – Dos Passos semble fondamentalement porté vers une finalité d'ordre métaphysique et moral de la destinée humaine. La méfiance toute anglo-saxone qu'il exprime en filigrane à l'égard des transformations sociales fondées sur la lutte des classes explique sans doute sa volte-face politique et son retour au consensus de l'ordre établi.
La lecture de U.S.A. laisse l'image d'une Amérique face à un problème sans solution. Pour Dos Passos, la crainte qu'exprimaient naguère Emerson et Thoreau, Whitman et Twain est en train de se vérifier : l'Amérique pourrait bien payer de son âme le prix du succès matériel.

Carrière littéraire

Poésie de John Dos Passos.

Le premier roman de John Dos Passos, One Man's Initiation : 1917 est publié en 1920. Après cela, ce grand écrivain de la Génération perdue publie un roman antibelliciste intitulé Three Soldiers qui lui apporte une considérable reconnaissance. En 1925, Manhattan Transfer qui décrit la vie à New York dans les premières décennies du xxe siècle est un véritable succès commercial et marque l'entrée de la technique expérimentale du courant de conscience (stream-of-consciousness) dans le style de John Dos Passos.
Dos Passos, en cela révolutionnaire, a été amené à considérer la société américaine comme double : d'un côté les riches, de l'autre les pauvres, entre eux une véritable muraille infranchissable. On lui connaît de très belles pages sur la vie des syndicats américains tels que Industrial Workers of the World, sur l'injustice de la condamnation de Sacco et Vanzetti, dont il récuse la légitimité. Très vite, il rejoint le camp des intellectuels américains et européens qui militent pour l'abolition de la peine de mort. En 1928, Dos Passos passe plusieurs mois en URSS pour étudier le système socialiste. En 1932, il signe un manifeste destiné à soutenir le candidat communiste à l'élection présidentielle américaine William Z. Foster. Il retourne en Espagne avec Hemingway au moment de la Guerre civile espagnole, mais son opinion à propos du communisme avait déjà changé : il se brouille avec Ernest Hemingway et Herbert Matthews à propos de leur attitude au regard de la guerre et de leur compromission avec la propagande stalinienne.

Le prix Dos Passos

Le prix John Dos Passos est une récompense littéraire délivrée chaque année par le Département de Langue anglaise et de Langues modernes à l'université de Longwood. Le prix cherche à mettre en lumière "des écrivains américains créatifs qui ont produit un corps substantiel de publications dans lesquelles on retrouve certaines des caractéristiques de l'écriture de John Dos Passos : une exploration intense et originale de thématiques spécifiquement américaines, une approche expérimentale de la forme, et un intérêt pour une large échelle d'expériences humaines."

Œuvres littéraires

The Scene of Battle 1919
One Man's Initiation: 1917 1920
Three Soldiers 1921
A Pushcart at the Curb 1922
Rosinante to the Road Again 1922
Streets of Night 1923
Manhattan Transfer 1925
Facing the Chair 1927
Orient Express 1927
U.S.A. 1938), trilogie qui comprend :
The 42nd Parallel 1930
Nineteen Nineteen 1932
The Big Money 1936
The Ground we Stand On 1949
District of Columbia 1952, trilogie qui comprend :
Adventures of a Young Man 1939
Number One 1943
The Grand Design 1949
State of the Nation 1944
Chosen Country 1951
Most Likely to Succeed 1954
The Head and Heart of Thomas Jefferson 1954
The Men Who Made the Nation 1957
The Great Days 1958
Prospects of a Golden Age 1959
Midcentury 1961
Mr. Wilson's War 1962
Brazil on the Move 1963
The Best Times: An Informal Memoir 1966
The Shackles of Power 1966
The Portugal Story 1969
Century's Ebb: The Thirteenth Chronicle 1970
Easter Island: Island of Enigmas 1970
Lettres à Germaine Lucas Championnière 2007

Lien

http://youtu.be/K5Q5UU87MrI A propos d'Hemingway


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Posté le : 27/09/2014 16:09
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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