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Jules Ferry
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Le 5 avril 1832 à Saint-Dié Vosges naît Jules Ferry

mort le 17 mars 1893 à 6O an, à Paris, est un homme politique français. Marié à Eugénie, Risler, il est diplomé de la aculté de droit de Paris, il exerçait la proession d'avocat. Il est maire de Paris Maire de Parisdu 15 novembre 1870 au 5 juin 1871 son prédécesseur est Étienne Arago
son successeur est un siècle plus tard Jacques Chirac.
Opposant à l'Empire, membre du gouvernement provisoire en 1870 et maire de Paris en 1871, il est l'auteur des lois de la IIIe République, restaurant l'instruction obligatoire et gratuite qui avait été instituée en 1793, sous l'impulsion de Louis Joseph Charlier. Considéré comme le promoteur de l'école gratuite et obligatoire, il est devenu plusieurs décennies après sa mort l'un des pères fondateurs de l'identité républicaine. Parallèlement, Jules Ferry montre au cours de sa carrière politique un fort engagement pour l'expansion coloniale française, en particulier en Indochine, ce qui provoque sa chute et une crise lors de l'affaire du Tonkin. Il est inhumé à Saint-Dié.


En bref

Jules Ferry est, à juste titre, considéré comme l'une des grandes figures de l'histoire républicaine française. Mais, si le grand public connaît le père de l'école primaire laïque, gratuite et obligatoire, on ignore son parcours politique, riche et tourmenté. S'il est reconnu aujourd'hui comme l'un des pères fondateurs de la IIIe République, peu de gens savent qu'il fut très critiqué à son époque. Médiocre orateur, bourgeois guindé, jugé froid et distant, surnommé « Ferry la famine » puis « Ferry le Tonkinois », le père de notre école publique ne connut jamais de son vivant la popularité que la postérité lui a reconnue.
Né le 5 avril 1832 à Saint-Dié, dans les Vosges, dans une famille bourgeoise et fortunée, il est le fils de l'avocat Charles-Édouard Ferry et d'Adèle Jamelot. Son père, libre-penseur, lui donne une éducation classique, libérale et agnostique. Il est notamment influencé par la pensée d'Auguste Comte, qui propose de renoncer à la recherche des causes transcendantes pour s'en tenir aux phénomènes. Cet héritage positiviste ne conduit pas Jules Ferry à l'anticléricalisme, mais son positivisme lui permet d'avoir une lecture rationaliste et pragmatique du monde, qui sera le fil conducteur de sa carrière.
Sa sœur aînée, Adèle, née en 1826, est une catholique fervente. Avec son frère Charles, né en 1834, dont il sera toujours très proche, il fait ses études au collège de Saint-Dié jusqu'en 1846, puis au lycée de Strasbourg (actuellement lycée Fustel-de-Coulanges). Installé à Paris avec sa famille en 1850, il obtient son baccalauréat l'année suivante, puis s'inscrit à la faculté de droit. Secrétaire de la Conférence des avocats, il se fait remarquer en 1855 par un discours, intitulé De l'influence des idées philosophiques sur le barreau au XVIIIe siècle, où s'expriment ses idées républicaines.
Avec Léon Gambetta, notamment, il fréquente avec assiduité les tribunes du Corps législatif, où il admire les interventions des cinq députés républicains opposants à l'Empire, notamment Émile Ollivier, dont il devient l'ami. Par ailleurs, il collabore régulièrement aux journaux d'opposition libérale, comme La Presse ou Le Courrier de Paris. Son pamphlet sur la Lutte électorale de 1863 lui vaut d'être condamné par le régime bonapartiste. Mais il récidive avec une série d'articles intitulés « Les Comptes fantastiques d'Haussmann », publiés en 1868 dans Le Temps, qui critiquent les dépenses excessives des grands travaux du préfet de la Seine. Candidat républicain modéré aux élections de 1869, Ferry est élu député de la 6e circonscription de la Seine. Devenu l'un des chefs de l'opposition parlementaire, il critique le régime impérial, ses excès financiers aussi bien que le manque de libertés. Opposé à la guerre contre la Prusse, il vote néanmoins, en juillet 1870, comme une grande partie des républicains, en faveur des crédits de guerre.
Le 4 septembre 1870, sous la pression de la foule parisienne, la République est proclamée au balcon de l'hôtel de ville par Ferry, Gambetta et d'autres députés républicains. Ministre du gouvernement de la Défense nationale, il est nommé maire de Paris le 15 novembre 1870, avec la lourde charge d'assurer le ravitaillement de la capitale assiégée par l'armée prussienne. Les restrictions alimentaires qu'il impose au peuple parisien lui valent le surnom de « Ferry la famine ». Hostile à la Commune de Paris, il fuit, dès le premier jour, cette ville qui ne l'aime pas. Nommé préfet de la Seine le 24 mai 1871, il démissionne de sa charge le 5 juin, à la suite de la répression de la Commune. Ce n'est d'ailleurs pas à Paris mais dans les Vosges qu'il est élu représentant à l'Assemblée nationale, le 8 février 1871. Il sera réélu député sans interruption de 1876 à 1885, conservant son siège jusqu'en 1889.
Nommé, en 1872, ministre plénipotentiaire en Grèce par le gouvernement Thiers, il revient à la Chambre à la chute de celui-ci. Il devient, avec Léon Gambetta et Jules Grévy, l'un des chefs de l'opposition républicaine au régime « d'ordre moral » du maréchal Mac-Mahon. À la tête du groupe parlementaire de la Gauche républicaine, le plus important de la Chambre élue en 1876, il est l'un des principaux acteurs de la crise du 16 mai 1877, qui voit les 363 députés républicains protester contre la dissolution de la Chambre par Mac-Mahon.
La démission de ce dernier, remplacé en janvier 1879 par le républicain Jules Grévy, permet à Jules Ferry de revenir au pouvoir le 4 février 1879, en tant que ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts dans les cabinets Waddington et Freycinet, jusqu'au 23 septembre 1880, puis en exerçant lui-même la fonction de président du Conseil, jusqu'au 14 novembre 1881. C'est alors que son nom est associé aux lois qui fondent le socle de l'école républicaine.

Sa vie

Jules François Camille Ferry est le fils de Charles-Édouard Ferry, avocat, et d’Adèle Jamelet. C'est une famille catholique vosgienne de fondeurs de cloches. Les Ferry s’établissent à Saint-Dié en 1718, et, en 1794, ils sont à la tête d’une tuilerie. François-Joseph Ferry, grand-père de Jules, fut maire de la ville. Son fils Charles-Édouard, libre penseur, se marie avec Adèle Jamelet, avec laquelle il a trois enfants : Jules 1832-1893 Charles 1834-1909 et Adèle 1826-1871.
Élève au collège de Saint-Dié jusqu'en 1846, puis au lycée impérial de Strasbourg, actuellement lycée Fustel-de-Coulanges, il est ensuite étudiant à la faculté de droit de Paris. Il devient avocat réputé et se passionne pour la chose publique. Il se spécialise rapidement dans la défense juridique des républicains. Il collabore régulièrement aux journaux suivants : La Presse, Le Courrier de Paris, Le Temps.
Opposant actif au Second Empire, janséniste, il connaît la notoriété en publiant en 1868 une série d'articles pamphlétaires humoristiques contre le préfet de la Seine de l'époque, fustigeant la gestion opaque du financement des travaux effectués par lui à Paris : Les Comptes fantastiques d’Haussmann. Il est élu député républicain de la 6e circonscription de Paris en mai 1869.

Le 4 septembre 1870, il devient membre du gouvernement de la Défense nationale. Nommé maire de Paris du 16 novembre 1870 au 18 mars 1871, il a la charge, au demeurant quasi impossible, d'assurer le ravitaillement de la capitale assiégée par l'armée prussienne. Les restrictions alimentaires qu'il impose lui valent les surnoms de Ferry-Famine et Ferry l'affameur. Une commission mixte de l'enseignement est instaurée. Cette commission est composée de femmes et d'hommes compétents en matière d'instruction. Dans les rapports de cette commission, figure déjà l'affirmation de gratuité et d'obligation que l'on retrouve dans les lois scolaires promulguées sous son ministère.
Dès le premier jour de l'insurrection de la Commune de Paris, adversaire résolu des Fédérés, il fuit la ville.
Aux élections du 8 février 1871, il se fait élire représentant des Vosges à l'Assemblée nationale, siège qu'il conserve jusqu'en 1889. Il est chargé de négocier la frontière sur la ligne de crête vosgienne; intransigeant sur les principes, il ne lâche rien. C’est une expérience douloureuse, car les négociateurs dissèquent son arrondissement natal et l’Alsace, où avait vécu une partie de sa famille, rejoint désormais le Reich allemand.
Jules Ferry, chef de file de la majorité départementale, candidat républicain en face de Louis Joseph Buffet, est élu le 8 octobre 1871 conseiller général du Thillot. Le jeune vice-président du conseil général suscite l'ire des autorités administratives. Adolphe Thiers décide, afin de le protéger, de l'éloigner des Vosges encore occupées par les troupes prussiennes, en l'envoyant à Athènes résoudre, avec rang d'ambassadeur, le différend entre les gouvernements grec, français et italien au sujet des mines du Laurion8 1872-1873. À son retour en France, il devient l'un des chefs de l'opposition républicaine jusqu'à l'élection de Jules Grévy à la présidence.

Franc-maçon et marié à 43 ans

Le 8 juillet 1875, les francs-maçons donnent une grande solennité à sa réception par le Grand Orient de France, loge La Clémente Amitié. Il y est reçu en même temps que Littré et que Grégoire Wyrouboff. Une grande publicité est faite au discours que Littré prononce à cette occasion, et la presse en donne un large écho. Par la suite, Ferry appartiendra à la loge Alsace-Lorraine.
Jules Ferry se marie la même année avec Eugénie Risler, douce jeune femme protestante, fille d'un industriel aisé de Thann Alsace. Le couple uni à la mairie du huitième arrondissement de Paris n'aura pas d'enfant. Ils font construire un chalet suisse, résidence secondaire, sur les contreforts du massif forestier du Kemberg à Saint-Dié-des-Vosges, là où autrefois se trouvait la fonderie de cloches familiale. Mais le couple Ferry réside plus souvent à Paris, dans l'hôtel particulier construit par le frère adoré de Jules, Charles Ferry au 1, rue Bayard. Sans descendance directe, Jules Ferry reportera toute son affection sur son neveu Abel Ferry, qu'il fera son unique héritier et fils d'adoption.

Le père de l'école laïque

Libre-penseur et franc-maçon, il a été initié en grande pompe, le 8 juillet 1875, dans la loge La Clémente Amitié, la plus mondaine du Grand Orient de France, et a épousé, la même année, la protestante Eugénie Risler. Néanmoins, il ne conçoit pas sa politique scolaire comme un combat anticlérical, à la différence de Paul Bert, qui lui succédera au ministère. L'article 7 de son projet de loi déposé le 15 mars 1879, interdisant aux membres des congrégations religieuses non autorisées d'enseigner, provoque un tollé parmi les congrégations (notamment les Jésuites), ainsi que dans l'Église et dans l'opposition conservatrice. Voté par une majorité de députés, cet article est rejeté par le Sénat, l'ancien président du Conseil Jules Simon ayant refusé, au nom de la liberté religieuse, de le valider. Le président du Conseil, Charles de Freycinet, est alors contraint de contourner cette fronde parlementaire en promulguant deux décrets, le 29 mars 1880, le premier procédant à la dispersion de l'ordre des Jésuites et le second invitant les autres congrégations non autorisées à se mettre en règle dans un délai de trois mois. Devenu président du Conseil le 23 septembre 1880 et conservant pour lui le portefeuille de l'Instruction publique, Jules Ferry fait promulguer d'autres lois majeures, notamment celle du 21 décembre 1880 sur l'enseignement secondaire des jeunes filles, celle du 29 juillet 1881 sur la laïcisation des cimetières, ainsi que les grandes lois libérales sur les réunions (30 juin 1881) et sur la presse (29 juillet 1881).
Mais son grand projet d'un service public d'enseignement primaire gratuit, obligatoire et laïque, qui avait été déposé en janvier 1880, rencontre l'opposition farouche du Sénat. La loi instaurant la gratuité est promulguée le 16 juin 1881, mais l'obligation et la laïcité posent problème. Il faudra attendre le renouvellement triennal de la Chambre haute en janvier 1882, et le retour de Ferry au ministère de l'Instruction publique dans le second cabinet Freycinet (31 janv.-29 juill. 1882), pour qu'une majorité de sénateurs adoptent, le 23 mars 1882, en seconde lecture, par 170 voix contre 105, le projet définitif.
Dans une circulaire envoyée aux instituteurs, le 17 novembre 1883, il explique que sa volonté a été de « séparer l'école de l'Église, d'assurer la liberté de conscience et des maîtres et des élèves », de distinguer le « domaine des croyances, qui sont personnelles, libres et variables, et celui des connaissances, qui sont communes et indispensables à tous », mais aussi et surtout de fonder une éducation nationale « sur les notions du devoir et du droit que le législateur n'hésite pas à inscrire au nombre des premières vérités que nul ne peut ignorer ». Plus qu'une école sans Dieu, c'est l'école de la République qu'a voulu fonder Jules Ferry.

Le laïciste de l'école

Caricature de la Petite Lune de 1878 : Jules Ferry croquant un prêtre.
Nommé ministre de l'Instruction publique du 4 février 1879 au 23 septembre 1880 dans le cabinet Waddington, il attache son nom aux lois scolaires. Ses premières mesures sont :
création d'une École Normale féminine à Sèvres et d'une agrégation féminine, le 9 août 1879.
Nomination de Ferdinand Buisson comme directeur de l'enseignement primaire en 1879.
collation des grades universitaires retirée à l'enseignement privé 12 mars 1880
dispersion des congrégations religieuses non autorisées 29 mars 1880
Président du Conseil du 23 septembre 1880 au 10 novembre 1881, il poursuit la mise en place des lois sur l'enseignement :
extension aux jeunes filles du bénéfice de l'enseignement secondaire d'État 21 décembre 1880
gratuité de l'enseignement primaire 16 juin 1881
De nouveau ministre de l'Instruction du 31 janvier au 29 juillet 1882 Ministère Freycinet, il continue son œuvre scolaire :
loi relative à l'obligation et à la laïcité de l'enseignement 28 mars 1882. Cette loi est une suite logique de celle portant sur l'obligation scolaire. C'est une obligation d'instruction et non de scolarisation.
De nouveau président du Conseil du 21 février 1883 au 30 mars 1885, et Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts jusqu'au 20 novembre 1883, date à laquelle il est remplacé par Armand Fallières :
envoi d'une lettre circulaire aux instituteurs, 17 novembre 1883, trois jours avant de confier le ministère de l'Instruction à Fallières ; la lettre, dont le texte intégral se trouve sur wikisource, commence comme ceci :

"Monsieur l'Instituteur,
L'année scolaire qui vient de s'ouvrir sera la seconde année d'application de la loi du 28 mars 1882. Je ne veux pas la laisser commencer sans vous adresser personnellement quelques recommandations qui sans doute ne vous paraîtront pas superflues, après la première expérience que vous venez de faire du régime nouveau. Des diverses obligations qu'il vous impose, celle assurément qui vous tient le plus au cœur, celle qui vous apporte le plus lourd surcroît de travail et de souci, c'est la mission qui vous est confiée de donner à vos élèves l'éducation morale et l'instruction civique : vous me saurez gré de répondre à vos préoccupations en essayant de bien fixer le caractère et l'objet de ce nouvel enseignement ; et, pour y mieux réussir, vous me permettrez de me mettre un instant à votre place, afin de vous montrer, par des exemples empruntés au détail même de vos fonctions, comment vous pourrez remplir, à cet égard, tout votre devoir, et rien que votre devoir.
La loi du 28 mars se caractérise par deux dispositions qui se complètent sans se contredire : d'une part, elle met en dehors du programme obligatoire l'enseignement de tout dogme particulier ; d'autre part, elle y place au premier rang l'enseignement moral et civique. L'instruction religieuse appartient aux familles et à l'Église, l'instruction morale à l'école. Le législateur n'a donc pas entendu faire une œuvre purement négative. Sans doute il a eu pour premier objet de séparer l'école de l'Église, d'assurer la liberté de conscience et des maîtres et des élèves, de distinguer enfin deux domaines trop longtemps confondus : celui des croyances, qui sont personnelles, libres et variables, et celui des connaissances, qui sont communes et indispensables à tous, de l'aveu de tous. Mais il y a autre chose dans la loi du 28 mars : elle affirme la volonté de fonder chez nous une éducation nationale, et de la fonder sur des notions du devoir et du droit que le législateur n'hésite pas à inscrire au nombre des premières vérités que nul ne peut ignorer. Pour cette partie capitale de l'éducation, c'est sur vous, Monsieur, que les pouvoirs publics ont compté. En vous dispensant de l'enseignement religieux, on n'a pas songé à vous décharger de l'enseignement moral : c'eût été vous enlever ce qui fait la dignité de votre profession. Au contraire, il a paru tout naturel que l'instituteur, en même temps qu'il apprend aux enfants à lire et à écrire, leur enseigne aussi ces règles élémentaires de la vie morale qui ne sont pas moins universellement acceptées que celles du langage ou du calcul. ... "

Cette lettre contient par ailleurs des recommandations très importantes en matière d'éducation morale : elle incite les enseignants à respecter scrupuleusement l'autorité des parents, condition nécessaire pour communiquer la sagesse du genre humain, ... une de ces idées d'ordre universel que plusieurs siècles de civilisation ont fait entrer dans le patrimoine de l'humanité.
Jules Ferry, anticlérical mais pas antireligieux s'opposant ainsi aux excès d'Émile Combes, ne souhaite pas dans un premier temps imposer un monopole en matière d'éducation. Il laisse susbsister l'enseignement confessionnel mais sa volonté de laïcisation fait qu'il est exécré par la presse cléricale qui l'appelle « Ferry sans Dieu.

Le partisan de l'expansion coloniale

Expédition du Tonkin, Guerre franco-chinoise et Affaire du Tonkin.
Parallèlement, Jules Ferry se montre un partisan actif de l'expansion coloniale française11, à tel point qu'il sera surnommé Tonkinois par ses adversaires politiques et une partie de l'opinion publique hostile à l'expansion coloniale.
On retrouve notamment l'empreinte de Jules Ferry en Tunisie, dont il obtient le protectorat le 12 mai 1881 par le traité du Bardo, et à Madagascar. Il lance l’explorateur Pierre Savorgnan de Brazza à la conquête du Congo 1879. Ce dernier dossier lui sera fatal lors de sa seconde présidence du Conseil commencée le 21 février 1883. Il s'était d'ailleurs réservé le portefeuille des Affaires étrangères. Les conservateurs, comme Adolphe Thiers, sont opposés à la colonisation, qu'ils accusent de détourner hors du territoire les investissements, tandis que les progressistes y sont favorables pour des questions idéologiques. Mais la gauche républicaine de Georges Clemenceau y est opposée également, parce que les aventures colonialistes détournent l'attention des provinces perdues d'Alsace-Lorraine. Les positions s'inverseront diamétralement en trois ou quatre générations.
Ayant obtenu d'un vote de la Chambre les crédits nécessaires à la conquête du Tonkin, il provoque une extension du conflit à la Chine. L'annonce de l'évacuation de Lạng Sơn, qui lui vaudra le surnom de Ferry-Tonkin, déclenche une violente opposition parlementaire et provoque sa chute le 30 mars 1885 sur fond de spéculations boursières du printemps 1885, lors de l'Affaire du Tonkin. Il connaît alors une vague d'impopularité en France.

Extrait des débats du 28 et du 30 juillet 1885

Jules Ferry prononce un discours dont Charles-André Julien a pu dire qu'il était le premier manifeste impérialiste qui ait été porté à la Tribune. On peut difficilement, aujourd'hui, savoir quelle était la part de sincérité et celle de démagogie dans ce discours, le mot de devoir étant très porteur à cette époque, et Ferry désirant sans doute voir aboutir son projet.
Ferry illustre les présupposés du racisme sous la IIIe République
" Messieurs, il y a un second point, un second ordre d’idées que je dois également aborder ... : c’est le côté humanitaire et civilisateur de la question. ... Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. ... Je répète qu’il y a pour les races supérieures un droit, parce qu’il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. ... Ces devoirs ont souvent été méconnus dans l'histoire des siècles précédents, et certainement quand les soldats et les explorateurs espagnols introduisaient l'esclavage dans l'Amérique centrale, ils n'accomplissaient pas leur devoir d'hommes de race supérieure. Mais de nos jours, je soutiens que les nations européennes s'acquittent avec largeur, grandeur et honnêteté de ce devoir supérieur de la civilisation. »

La réponse de Georges Clemenceau, le 30 juillet 1885

"Voilà, en propres termes, la thèse de M. Ferry et l'on voit le gouvernement français exerçant son droit sur les races inférieures en allant guerroyer contre elles et les convertissant de force aux bienfaits de la civilisation. Races supérieures ! Races inférieures ! C'est bientôt dit. Pour ma part, j'en rabats singulièrement depuis que j'ai vu des savants allemands démontrer scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre franco-allemande, parce que le Français est d'une race inférieure à l'Allemand. Depuis ce temps, je l'avoue, j'y regarde à deux fois avant de me retourner vers un homme et vers une civilisation et de prononcer : homme ou civilisation inférieure ! ...
C'est le génie de la race française que d'avoir généralisé la théorie du droit et de la justice, d'avoir compris que le problème de la civilisation était d'éliminer la violence des rapports des hommes entre eux dans une même société et de tendre à éliminer la violence, pour un avenir que nous ne connaissons pas, des rapports des nations entre elles. ... Regardez l'histoire de la conquête de ces peuples que vous dites barbares et vous y verrez la violence, tous les crimes déchaînés, l'oppression, le sang coulant à flots, le faible opprimé, tyrannisé par le vainqueur ! Voilà l'histoire de votre civilisation ! ... Combien de crimes atroces, effroyables ont été commis au nom de la justice et de la civilisation. Je ne dis rien des vices que l'Européen apporte avec lui : de l'alcool, de l'opium qu'il répand, qu'il impose s'il lui plaît. Et c'est un pareil système que vous essayez de justifier en France dans la patrie des droits de l'Homme !
Je ne comprends pas que nous n'ayons pas été unanimes ici à nous lever d'un seul bond pour protester violemment contre vos paroles. Non, il n'y a pas de droit des nations dites supérieures contre les nations inférieures. Il y a la lutte pour la vie qui est une nécessité fatale, qu'à mesure que nous nous élevons dans la civilisation nous devons contenir dans les limites de la justice et du droit. Mais n'essayons pas de revêtir la violence du nom hypocrite de civilisation. Ne parlons pas de droit, de devoir. La conquête que vous préconisez, c'est l'abus pur et simple de la force que donne la civilisation scientifique sur les civilisations rudimentaires pour s'approprier l'homme, le torturer, en extraire toute la force qui est en lui au profit du prétendu civilisateur. Ce n'est pas le droit, c'en est la négation. "

Le point de vue de Clemenceau à cette époque lui est propre, bien que Victor Hugo ait exprimé un souci voisin, mentionnant que comme le tutorat d'un mineur, la colonisation ne saurait se considérer que temporaire13; si les avis diffèrent quant à la colonisation pour des raisons économiques, la colonisation rapporte-elle ou non de l'argent ? Faut-il financer des guerres pour des territoires africains — ou asiatiques ? Ne vaut-il pas mieux investir en France au lieu de gaspiller notre argent chez des peuples n'ayant rien fait pour nous quand ils étaient riches et nous pauvres ?, le débat sur la supériorité de la civilisation des Lumières ou sur les droits de l'homme, n'auront lieu que plus tard, après la Grande Guerre principalement. En 1885, la génétique n'existe pas encore, la statistique est embryonnaire, et la notion de race est l'objet de conjectures Gobineau. Les lettrés constatent que les populations européennes ont atteint un degré de développement encore inconnu des autres. Clemenceau, perspicace, comprend que ces théories servent de prétexte à justifier une politique propice au pillage qui va donc rapidement se montrer contraire aux droits de l'homme. Isolé à cet égard au sein de la gauche républicaine, il rejette le processus de colonisation, mais pour une raison bien différente du Nous d'abord caractérisant les positions de Thiers et d'une partie de la droite, Louis Calla, Edgar Raoul-Duval, et des motifs de morale chrétienne des monarchistes, Louis Adhémar de Guilloutet, encore nombreux à cette époque, qui reprochent à la République de ne pas protéger les missionnaires, reproche aussi évoqué par le député d'extrême-gauche Émile Vernhes, alors qu'elle envisage une politique coloniale, mais aussi de prendre le risque d'une guerre, Paul de Cassagnac, Baudry d'Asson
Peu d'hommes politiques de l'époque, quel que soit leur bord, remettent en question l'idée de supériorité européenne, l'Amérique n'en étant vue que comme une excroissance. La droite, illustrée par Thiers, réclame que l'on réserve l'argent épargné par les Français à des travaux de développement de la France. La gauche se préoccupe davantage de questions humaines comme la médecine, la vaccination, l'hygiène, l'éducation, la lutte contre les féodalités en place et les superstitions, mais critique elle aussi Jules Ferry sur les points économiques.

Ferry le Tonkinois

La France lui doit, par ailleurs, les débuts de l'expansion coloniale, à une époque où celle-ci est loin d'être populaire dans la classe politique comme dans l'opinion. Il envoie, en Tunisie, une première expédition qui lui permet d'imposer le protectorat de la France par le traité du Bardo 12 mai 1881, puis une seconde qui pacifie l'Ouest tunisien août-nov. 1881. Mais c'est surtout lors de son second ministère, l'un des plus longs de la IIIe République 21 févr. 1883-30 mars 1885, que sa politique coloniale prend toute son ampleur, et suscite bien des polémiques. Abandonnant le portefeuille de l'Instruction publique pour celui des Affaires étrangères à partir du 20 novembre 1883, il encourage les conquêtes de Pierre Savorgnan de Brazza au Congo, il fait bombarder et occuper Tamatave à Madagascar et, surtout, il finance une grande expédition au Tonkin, sous les ordres de l'amiral Courbet. Par le traité de Huê (25 août 1883), il obtient le protectorat de la France sur l'Annam et le Tonkin ; puis, un nouveau traité, signé le 6 juin 1884, donne aux Français le droit d'occuper militairement ces territoires. Mais la conquête provoque une guerre contre la Chine alors suzeraine, qui rend Jules Ferry de plus en plus impopulaire.
Sa politique coloniale suscite, en effet, les oppositions croisées des libéraux conservateurs, qui déplorent le coût exorbitant des expéditions, de la droite nationaliste, qui y voit l'abandon de la préparation de la revanche sur l'Allemagne, et aussi de la gauche radicale, incarnée par Georges Clemenceau, qui s'y oppose violemment au nom de la morale et au nom du réarmement national. L'évacuation de la ville de Lang Son par les troupes françaises, connue à Paris le 29 mars 1885, provoque une grande manifestation populaire devant la Chambre des députés, où Clemenceau accuse Ferry de haute trahison, et l'apostrophe : Nous ne vous connaissons plus, nous ne voulons plus vous connaître. » Au terme d'un débat houleux, le gouvernement Ferry est renversé, le 30 mars 1885, par 306 voix contre 149.
Devenu Ferry le Tonkinois, le père de l'école publique sera victime, jusqu'à sa mort, d'une constante animosité de l'opinion. Il persiste, néanmoins, à défendre l'idée coloniale, notamment lors d'un grand discours à la Chambre, prononcé à propos de Madagascar le 28 juillet 1885, dans lequel il invoque le devoir de civiliser les races inférieures. Il fera paraître, en 1890, un opuscule intitulé Le Tonkin et la mère-patrie, justifiant la colonisation.
Lâché par les radicaux et pris à partie par les pamphlets de la droite nationaliste, qui dénoncent les liens de son frère Charles avec les milieux d'affaires coloniaux, Jules Ferry est désormais écarté des sommets du pouvoir. Le 3 décembre 1887, il n'obtient que 212 voix à l'élection présidentielle, contre 303 pour Sadi Carnot, qui est pourtant un personnage de moindre envergure. Une manifestation des boulangistes contre la corruption du régime, organisée la veille, avait pris pour cible Ferry le Tonkinois » et, une semaine plus tard, il est blessé par balle par un boulangiste. Chef de file de l'opposition au général Boulanger, qu'il traite de César de café-concert », il perd son siège des Vosges lors des élections législatives du 22 septembre 1889. Néanmoins, à partir du 4 février 1891, il va représenter ce département au Sénat, où il présidera la commission de l'Algérie, avant d'être élu à la présidence de cette assemblée, le 24 février 1893. C'est la reconnaissance de sa modération de la part d'une chambre qui l'avait pourtant combattu lorsqu'il était président du Conseil, mais qu'il avait défendue contre les attaques des radicaux, obtenant une révision limitée du mode d'élection du Sénat loi du 9 déc. 1884. Victime d'une crise cardiaque le 17 mars 1893, il n'aura occupé que trois semaines son fauteuil. Il sera inhumé dans le caveau de sa famille à Saint-Dié.
Controversé et parfois mal compris de son vivant, moins charismatique que ses contemporains Léon Gambetta, Georges Clemenceau et Jean Jaurès, Jules Ferry est aujourd'hui devenu une icône et un référent majeur de l'histoire républicaine française. Jean Garrigues

La colonisation

Les grands intellectuels de l'époque étaient favorables à la colonisation, qui permettait selon eux de faire avancer les peuples en retard. Victor Hugo défend la politique de Jules Ferry au nom des droits de l'homme ; cela n'a rien d'un paradoxe si l'on suppose que le blanc est plus en avance : il a alors un devoir de civiliser, d'apporter l'évolution aux peuples moins développés, comme jadis les Romains aux Gaulois, exemple cher à Ferry. Hugo insiste sur le fait que la colonisation ne doit être que temporaire, et que la France doit savoir s'effacer ensuite comme un tuteur qui a rempli son rôle.
Les lettres des colons d'Indochine font par exemple régulièrement état d'une très grande brutalité des familles autochtones envers leurs domestiques. Il est difficile de savoir quelle était la part de vérité et la part d'idéalisation de l'intervention française dans ces récits.
Voici enfin la partie économique de la harangue citée plus haut. Le caractère économique, véritable source du débat, occupe l'extrême majorité des propos de Jules Ferry, le 28 juillet 1885 :
Le rôle économique de la colonisation selon Ferry

" La concurrence, la loi de l'offre et de la demande, la liberté des échanges, l'influence des spéculations, tout cela rayonne dans un cercle qui s'étend jusqu'aux extrémités du monde. C'est là un problème extrêmement grave. Il est si grave ...que les gens les moins avisés sont condamnés à déjà prévoir l'époque où ce grand marché de l'Amérique du Sud nous sera disputé et peut-être enlevé par les produits de l'Amérique du Nord. Il faut chercher des débouchés... "

Le passage humanitaire cité ci-dessus est extrait de cette partie du discours

" Je dis que la politique coloniale de la France, que la politique d'expansion coloniale, celle qui nous a fait aller, sous l'Empire, à Saigon, en Cochinchine, celle qui nous a conduit en Tunisie, celle qui nous a amenés à Madagascar, je dis que cette politique d'expansion coloniale s'est inspirée d'une vérité sur laquelle il faut pourtant appeler un instant votre attention : à savoir qu'une marine comme la nôtre ne peut pas se passer, sur la surface des mers, d'abris solides, de défenses, de centres de ravitaillement. ... Rayonner sans agir, sans se mêler aux affaires du monde, ... c'est abdiquer, et, dans un temps plus court que vous ne pouvez le croire, c'est descendre du premier rang au troisième et au quatrième...

Revers politiques

L'Indochine va causer la perte de Jules Ferry. En 1885, c'est l'affaire du Tonkin, épisode noir de l'histoire boursière : une dépêche Havas confond la modeste retraite de Lang Son de l'armée française avec un abandon général du delta du fleuve Rouge. La fausse nouvelle, donnée « de bonne foi par le général Louis Brière de l'Isle, fait chuter la Bourse de Paris et le gouvernement, au moment même où arrive une deuxième dépêche minimisant l'importance des combats. Dès le 26 août 1883, les milieux financiers s'étaient inquiétés, redoutant de lourdes dépenses de guerre, puis découvrant le 9 septembre 1883 que le traité de paix franco-vietnamien n’était pas reconnu par la Chine.
Lâché par les radicaux, Jules Ferry échoue aussi lors de la désignation du Président de la République le 3 décembre 1887. Ce jour-là, le Conseil municipal de Paris installa en plein Hôtel de Ville un bureau révolutionnaire décidé à proclamer la Commune si M. Jules Ferry avait été élu président de la République. Une semaine plus tard, il est blessé à l'assemblée d'un coup de revolver par un boulangiste du nom d'Aubertin. Aux élections législatives du 22 septembre 1889, il est battu par M. Picot, conservateur. Le scrutin est annulé par le Conseil d'État, sur recommandation de Georges Clemenceau. Jules Ferry ne se représente pas. Par ailleurs président du conseil général des Vosges et de l'Association nationale républicaine, il est élu au Sénat en 1891 et en devient président le 24 février 1893.
Il échappe par deux fois, en 1883 et 1885, à des attentats perpétrés contre lui. Le second, perpétré par un déséquilibré partisan de Clemenceau, lui laisse une balle enfoncée dans la poitrine qui l'handicape jusqu'à sa mort d'une crise cardiaque au 1 rue Bayard, le 17 mars 1893. Le gouvernement décide de lui faire des funérailles nationales, loi du 20 mars 1893 débloquant un crédit de 20 000 francs, mais la famille Ferry refuse car elle est brouillée avec le gouvernement. Elle estime que Clemenceau, en particulier, a cherché par tous les moyens à le discréditer. Des funéraille nationales auront lieu le mercredi 22 mars à Paris dans la grande cour du palais du Luxembourg, un immense cortège le conduira jusqu'à la gare de l'Est d'où un train spécial l’emmènera vers les Vosges. Il sera inhumé dans le caveau de sa famille à Saint-Dié le 23 mars, selon son testament en face de cette ligne bleue des Vosges d'où monte jusqu'à mon cœur fidèle la plainte touchante des vaincus.

Jules Ferry jugé par ses contemporains

Auréolé des lauriers d’une laïcité scolaire républicaine, le personnage public s’est statufié. Il faut retrouver l'homme et dépasser son austérité glaciale et sa modération légendaire.
Élevé dans une famille aisée et catholique, le jeune homme représente la troisième génération d’une famille d’artisans du métier du feu enrichie après la Révolution et engagée dès 1789 pour la République.
Le jeune journaliste, polémiste et provocateur, a séduit les opposants au régime napoléonien par son sens de la dérision et de l’humour. Il faut surtout un grand courage physique ou une terrible insouciance bonhomme pour fronder un régime politique, d’essence dictatoriale, même sur la défensive après 1860. Et la facilité d’expression de Jules Ferry déconcerte même les anciens conservateurs royalistes. Ses idées politiques, modérées, sont celles d’un républicain de centre gauche. Le vieux Thiers entrevoit chez ce jeune journaliste, formé au droit, une grande carrière un peu à son image.
Les témoignages des populations rurales de la montagne vosgienne attestent les pratiques des familles aisées, parmi lesquelles les Ferry en leurs époques prospères. Un des leurs engrossant une jeune femme de condition modeste, elles achetaient un silence respectueux et garantissaient l’existence de la jeune fille-mère en lui offrant une ferme.
L’homme public, dénigré et humilié[réf. souhaitée] sort incontestablement aigri du siège de Paris et de la révolte de la Commune. L’élu victorieux du Thillot affiche un mépris violent face aux provinciaux siégeant au conseil général des Vosges. Plus tard, assagi après sa crise mystique et amoureuse de l’année 1875, il garde constamment à l’esprit la nécessité d’éduquer les classes laborieuses afin d’empêcher les révolutions fracassantes et fixer surtout les populations rurales à la glèbe, prenant autant modèle sur la précédente politique rurale de Napoléon III que sur les paysans pacifiques et croyants de sa montagne natale. L’homme politique craint les effets dévastateurs de l’exode rural.
À Paris, le responsable politique désormais assagi, plus sûr de sa froide détermination, sait modérer ses colères, impressionne par son écoute calme et s’impose petit à petit parmi les chefs républicains. Les débuts difficiles aux postes de responsabilités politiques et les blessures si vivement ressenties pendant les premiers pas ont laissé des traces indéniables dans les lois ferrystes, comme dans ses conceptions de politiques extérieures pragmatiques où il donne un grand crédit à l’avis des militaires, basés à La Réunion ou à Saigon. Il tente un rapprochement avec le grand artisan de la paix en Europe, Bismarck. Les contacts amorcés ne peuvent aboutir, les élites politiques françaises refusent de traiter avec l’Empire allemand. Il est probable que Jules Ferry admire la façon magistrale dont les Prussiens avaient réussi à sortir du joug autrichien, en premier lieu par l’ouverture, l’entreprise économique et le savoir technique et scientifique.
La contestation la plus violente que Jules Ferry dût subir, et l’historienne de la famille le rappelle dans un livreLequel ?, provient des partisans du général Boulanger qui menacent le simple acquis démocratique et la paix chèrement acquise. Jules Ferry, alors au pouvoir, résiste à cette tempête. Cette double montée du nationalisme et du mépris xénophobe dénaturent sur le terrain l’application des lois scolaires. Plus tard, les discriminations, œuvres funestes de la colonisation en Algérie, présentées dans les rapports sénatoriaux, l’inquiètent. L’homme est resté un républicain libéral, modéré et conservant une gamme de pensées idéalistes, à l’aune des hommes politiques français.
De nombreuses écoles primaires portent encore de nos jours le nom de Jules Ferry, comme ici à Tucquegnieux 54
Émile Erckmann, écrivain, le décrit au début de la décennie 1870 avec ces deux mots : le petit gros. Il souligne ainsi avec cette description physique banale l’aptitude de l’homme politique à passer des salons des Goguel, possesseurs du château de l’Ermitage, aux moindres petits estaminets pour les besoins de sa campagne à Saint-Dié. L’ensemble des républicains a une réputation de corruption qui n’est nullement infondée. Erckmann semble peu apprécier l’homme public, au style sec du début des années 1870. L’écrivain George Sand a également laissé un portrait au vitriol du politicien.
Cet homme qui a mené dans l’ensemble une vie privilégiée et parisienne sait parfois être généreux, et le ministre parisien n’a pas oublié ses modestes compatriotes de Saint-Dié. Il a ainsi donné un grand nombre d’ouvrages reliés à la Société philomatique vosgienne. Après sa mort, conformément à son testament, son corps a rejoint le cimetière de la Côte Calot, à Saint-Dié.
Sa loi de 1882 école laïque et instruction obligatoire, à cause de l'obligation d'utiliser la seule langue française, a sérieusement réduit l'usage des langues locales, en particulier le breton ou l'occitan. L'enseignement français étant obligatoire, quiconque parlait en patois ou une langue régionale à l'école se voyait puni22. Les pratiquants ont ainsi développé une certaine honte à parler leur langue maternelle et les militants des langues locales en rendent souvent coupable l'école de Ferry. L'objectif était cependant que tous les Français puissent comprendre les lois et règlements affichés, et aussi manœuvrer ensemble en cas de guerre.


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Posté le : 03/04/2015 19:58
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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