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La Fayette 3
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Le voyage en Amérique 1824

Il profite de cette inaction forcée pour accomplir un vœu qui lui tient à cœur : celui de revoir l'Amérique, théâtre de sa première gloire, et de visiter ce peuple qu'il a soutenu dans la conquête de son indépendance. Cette entreprise, contrariée dix-huit ans auparavant, est un hommage implicite à la tolérance du régime dont La Fayette n'a cessé de conspirer le renversement. Informé de son désir, le congrès américain l'invite avec empressement à le réaliser, et met à sa disposition un vaisseau de l'État. Il retourne en Amérique pour une tournée triomphale dans 182 villes de juillet 1824 à septembre 1825.
Le général part du Havre en juin 1824, accompagné de son fils et d'un secrétaire, sur un simple bâtiment de commerce. Il débarque le 16 août dans la baie de New York, où il est accueilli avec un enthousiasme considérable par les deux tiers des habitants de la ville. Une escadre de neuf vaisseaux à vapeur, pavoisés et montés par plus de six mille citoyens de tous âges, de tout sexe et de toute condition, est en station dans le port. Le vice-président des États-Unis et l'ancien gouverneur du New Jersey viennent le recevoir à son bord. La Fayette se rend au milieu d'un cortège imposant, au bruit des salves d'artillerie et des acclamations, à l'hôtel de ville, où il est complimenté par tous les ordres de l'État.
Les portes de l'édifice sont ouvertes, et le général est livré pendant plus de deux heures à l'adoration d'une foule en délire. Un banquet nombreux, les toasts les plus flatteurs, de brillantes illuminations, terminent cette première journée triomphale. La Fayette visite successivement les États de New-York, du Massachusetts, de New Hampshire, de Pennsylvanie, de Baltimore, de Virginie, du Maryland, de Caroline du Nord et de Caroline du Sud, de la Géorgie, d'Alabama, s'arrête à Boston, à Portsmouth, à Newburgh, à Hudson, à Albany, à Philadelphie, à Baltimore ; et partout il est accueilli avec les mêmes transports d'enthousiasme. Les populations rurales, dit M. Levasseur, historien de ce voyage, accouraient de plus de vingt milles à la ronde au-devant de lui. À Washington, siège du Congrès, La Fayette est reçu par le président Monroe, qui donne en son honneur un dîner splendide, auquel assistent tous les ministres étrangers, excepté ceux de France, du Royaume-Uni et de Russie.
Il visite à Mount Vernon le tombeau de Washington, ainsi que sa maison et son jardin, descend le Potomac, et s'arrêt à Yorktown, théâtre d'une des actions les plus mémorables de la guerre d'Indépendance. Le colonel Lewis, qui l'accueille à son débarquement dans cette ville, l'engage à s'installer en Amérique Le général fait une courte excursion parmi les tribus indiennes d'Uchee-Cruk et de Line-Cruk, qui l'accueillent avec cordialité.
Il est présenté le 10 décembre aux deux chambres du Congrès par leurs présidents. Enfin, le 20 décembre, le Congrès adopte à l'unanimité un bill par lequel il reçoit du peuple américain 200 000 dollars et 12 000 hectares en Floride, en récompense de ses services et en indemnité des dépenses qu'il a faites dans la guerre de l'Indépendance. L'université de Princeton lui décerne à cette occasion un doctorat honoris causa, attribué en 1790.
La Fayette visite Fayetteville, Charlestown, Savannah, où il pose la première pierre d'un monument à la mémoire du général Greene ; puis, remontant le Mississippi, il parcourt La Nouvelle-Orléans, dont l'ancienne population française lui témoigne un vif empressement.
Son séjour en Amérique se prolonge pendant quatorze mois, qui ne sont qu'une marche à peine interrompue dans les vingt-quatre États de l'Union, et une succession continuelle d'honneurs.
Chargé par la famille de Washington d'envoyer le portrait de son illustre chef à Bolivar, il y joint une lettre flatteuse pour le libérateur de la Colombie, qui répond que le Washington donné par La Fayette est la plus sublime des récompenses que puisse ambitionner un homme. En remontant l'Ohio, à la suite d'une tournée dans les provinces du sud-ouest, le bateau à vapeur qui porte le général heurte un écueil et coule, à cent vingt-cinq milles environ de Louisville, où il se rendait ; mais cet accident n'a aucun effet sérieux, et le général avec sa suite est immédiatement reçu à bord d'un autre bâtiment, sur lequel il achève sa traversée par Cincinnati, Pittsburgh, Utica, Boston et New-York.
À Boston, le 17 juin 1825, a lieu un immense cérémonie d'anniversaire de la bataille de Bunker Hill. Lors de ce grand rassemblement, 200 000 personnes sont présentes. Selon le rituel maçonnique, La Fayette est chargé de poser la première pierre du bâtiment à la mémoire de cette bataille. La fête se termine par un grand banquet de 4 000 couverts.
Après avoir séjourné de nouveau pendant quelques semaines à Washington, chez le nouveau président, John Quincy Adams, La Fayette se met en devoir de retourner en France. Le 7 septembre 1825, il reçoit les adieux des ministres, de tous les chefs civils et militaires de l'État, et d'une foule de citoyens réunis dans l'hôtel du président de la république. Celui-ci, dans un discours étendu, récapitule la vie de La Fayette, rappelle son dévouement à la cause américaine, et la fermeté avec laquelle, pendant quarante ans, il a soutenu la cause de la liberté. Le général répond par une glorification de l'Amérique républicaine et exhorte les États à la concorde et à l'union. Il quitte ensuite le pays sur la frégate la Brandywine et parvient au Havre le 5 octobre 1825. L'aspect politique de la France s'est favorablement modifié pendant son absence.
La Fayette, avec d'autres philhellènes, profite aussi de son séjour pour plaider la cause de la Grèce insurgée contre l'Empire ottoman.

Le règne de Charles X 1825-1830

L'avènement de Charles X avait paru éteindre ou affaiblir les discordes des partis. L'apparition du fameux mémoire de M. de Montlosier met brusquement fin à la courte trêve qu'ils s'étaient tacitement accordée. La dissolution de la garde nationale de Paris augmente le mécontentement en désarmant l'autorité royale des forces nécessaires pour en réprimer les effets, et les troubles de la rue Saint-Denis révèlent tout le succès que le génie de la sédition peut se promettre encore d'un appel aux passions populaires.
C'est dans ces circonstances que les électeurs de Meaux députent La Fayette à la chambre, au mois de juin 1827, en remplacement de M. Pinteville-Cernon. De nouvelles élections ramènent sur les bancs de l'opposition la plupart des anciens membres que le ministère avait fait écarter de la chambre septennale, et La Fayette est encore appelé par l'arrondissement de Meaux à prendre part à cette dernière lutte contre la Restauration.
Dans un discours prononcé le 23 juin, sur le budget de 1828, La Fayette reproche au gouvernement ses tendances rétrogrades et bat impitoyablement en brèche les abus qu'il avait signalés à diverses reprises. L'année suivante, dans un discours sur les crédits supplémentaires, il dénonce la Sainte-Alliance comme une vaste et puissante ligue dont le but est d'asservir et d'abrutir le genre humain, et relève par une allusion les expressions inconsidérées par lesquelles Louis XVIII, en 1814, avait remercié le prince régent de son concours.
C’est, comme il arrive souvent, par une mesure extrême que Charles X espère franchir les difficultés de sa situation.
La Fayette, absent de Paris depuis la fin de la session, est allé passer quelques jours, après quatorze ans de séparation, à Chavaniac, lieu de sa naissance. C’est à son passage au Puy qu'il apprend l'avènement du ministère Polignac. Un banquet lui est aussitôt offert par les chefs de l'opposition libérale. Là retentissent, sous la forme d'énergiques toasts, les premières protestations populaires contre les nouveaux conseillers de Charles X.
Le voyage du général prend dès lors un caractère exclusivement politique ; le choix des villes qu'il affecte de traverser et les démonstrations extraordinaires dont il y est l'objet révèlent le but réel de cette tournée, évidemment destinée à en imposer au gouvernement, par une parade menaçante des forces populaires. La Fayette visite successivement Grenoble, VizilleN 46, Voiron, La Tour-du-Pin, Bourgoin, Vienne, et le 5 septembre il se met en route pour Lyon, où le délire révolutionnaire a préparé une réception presque royale au patriarche de la démocratie française.
La Fayette fait son entrée à Lyon en présence d'un concours innombrable de spectateurs et y reçoit des députations des villes de Chalon et de Saint-Étienne. De toutes parts, on se prépare à la résistance contre les tentatives liberticides du ministère ; des associations se forment pour le refus de l'impôt, et de nouvelles sociétés secrètes, organisées à la manière des carbonari de 1822, s'établissent au sein de la capitale.
La Fayette les encourage hautement, exprime même l'avis que les chambres doivent refuser le budget jusqu'à ce que la France ait reçu une organisation démocratique, et se met en rapport direct avec la plus séditieuse de ces associations, connue sous le nom de Conspiration La Fayette qui a pour organe La Tribune des départements. La fameuse adresse des 221, par laquelle la chambre dénie son concours à un ministère dont le système lui est encore inconnu, ne stimule que trop ces dispositions perturbatrices.
La Fayette ne prend aucune part ostensible aux débats qui la précèdent. Les meneurs de l'opposition sont trop habiles pour ne pas comprendre à quel point l'influence de son nom et de ses doctrines aurait compromis le succès d'une lutte aussi décisive. La situation, cependant, est loin d'être désespérée. Le parti le plus logique et le plus sage était de dissoudre à la fois la chambre et le ministère, et d'en appeler aux électeurs. Mais ce parti ne prévaut point. Un sentiment exagéré de la prérogative monarchique, une certaine impatience, et, disons-le, certaine dignité propre au caractère de Charles X, l'emportent, et l'imprévoyant monarque se plaît à resserrer, par un renvoi pur et simple de la chambre des 221, l'étroite impasse dans laquelle le pouvoir royal se trouve engagé. Les élections, faites sous l'influence de l'irritation populaire, ramènent une opposition plus nombreuse et plus animée. De cette situation violente sortent les ordonnances du 28 juillet, moyen fatal et désespéré de dégager la royauté imprudemment acculée dans ses derniers retranchements, mais qui prend facilement la couleur d'un odieux parjure aux yeux d'une population hostile et prévenue.

La Révolution de 1830 Les Trois Glorieuses

La Révolution de Juillet, révolution française à la faveur de laquelle un nouveau régime, la monarchie de Juillet, succède à la Seconde Restauration, se déroule sur trois journées, les 27, 28 et 29 juillet 1830, dites les Trois Glorieuses.
Après une longue période d’agitation ministérielle puis parlementaire, le roi Charles X tente un coup de force constitutionnel par ses ordonnances de Saint-Cloud du 25 juillet 1830. En réaction, un mouvement de foule se transforme rapidement en révolution républicaine. Le peuple parisien se soulève, dresse des barricades dans les rues, et affronte les forces armées, commandées par le maréchal Marmont, au cours de combats qui font quelque 200 tués chez les soldats et près de 800 chez les insurgés.
Charles X et la famille royale fuient Paris. Les députés libéraux, majoritairement monarchistes, prennent en main la révolution populaire et, au terme de l’hésitation de 1830 , conservent une monarchie constitutionnelle, au prix d’un changement de dynastie. La maison d’Orléans, branche cadette de la maison de Bourbon, succède à la branche aînée ; Louis-Philippe Ier est proclamé « roi des Français » et non plus roi de France.

La chute de Charles X

La première impression qu'excite la fuite de Charles X est la stupeur ; l'absence de forces militaires respectables encourage la résistance, et une suite de dispositions mal conçues, mollement exécutées, font bientôt prendre à l'émeute le caractère d'une vaste insurrection.
Lors de la révolution dite des Trois Glorieuses, en 1830, retrouvant sa popularité de l'année 1789, La Fayette a ses propres partisans qui le poussent à jouer un rôle de premier plan. Absent lors de la promulgation des ordonnances, il se met en route dans la soirée du 26 et accourt de Lagrange à Paris au milieu de la nuit, sans que le gouvernement, dans son incurie ou dans son respect mal entendu pour la liberté individuelle, ait songé à contrarier cette dangereuse assistance ; il est adopté comme un drapeau par les chefs de l'insurrection. Le général paraît le lendemain à la réunion des députés assemblés chez Audry de Puyraveau et à celles qui la suivent ; mais, son attitude répond mal à l'attente des meneurs qui commencent à le diriger. Il ne cesse d'exhorter au calme et à l'inaction la jeunesse turbulente qui vient à plusieurs reprises solliciter sa coopération.
Lorsque l'assemblée décide l'envoi d'une députation au duc de Raguse, dans le but de suspendre les hostilités, La Fayette insiste pour qu'elle tienne au maréchal un langage sévère, et qu'on mette sous sa responsabilité tout le sang qui serait répandu.
À la réunion du 28 au soir, lorsque la révolution a pris tout son développement, le général, frappé du nombre croissant des victimes, s'écrie avec la plupart de ses collègues, qu'il faut diriger les efforts du peuple, adopter son étendard, et se déclare prêt à occuper le poste qu'on voudrait lui assigner. La Fayette passe une partie de la nuit à stimuler et à diriger l'activité populaire : il visite plusieurs des barricades qui s’élèvent sur les différents points de la capitale, et sa présence est saluée de vives acclamations. L'abandon inopiné du Louvre procure, dans la matinée du 29 la victoire au peuple. Une foule immense et enthousiaste remplit les rues. La Commission municipale provisoire, dont le général a refusé de faire partie, lui défère le commandement de toutes les gardes nationales du royaume. Dès lors il se trouve investi de la plus haute influence peut-être que jamais citoyen ait exercée en aucun pays.
C’est dans ces circonstances que, le 29 au soir, Huguet de Sémonville, grand-référendaire de la Chambre des pairs, et le comte d'Argout, se présentent, au nom du roi Charles X, à la commission municipale, et font part à ses membres réunis de la révocation des ordonnances du 28 et l'appel d'un nouveau ministère sous la présidence du duc de Mortemart. La Fayette, mandé dans le sein de la commission, écoute sans rien objecter la communication du grand référendaire, et se borne à lui demander si la conquête du drapeau tricolore ne serait pas du moins le prix de la victoire du peuple parisien. M. de Sémonville répond évasivement, et l'on se sépare.
Dans la matinée du 30, La Fayette, quittant une attitude d'observation qui n'est guère dans son caractère, fait adresser aux corps de troupes réunis autour de Saint-Cloud l'audacieuse sommation de déposer les armes. Le duc de Mortemart, par des raisons particulières, n'ayant pu présenter lui-même à la réunion des députés les ordonnances de révocation, cette mission est remplie par Jean-Baptiste Henry Collin de Sussy, qui est écouté sans faveur. II comprend que le gouvernement de fait qui siège à l'hôtel de ville est le seul tribunal où la cause de Charles X et de sa dynastie puisse à cette heure s'agiter encore avec utilité. Collin de Sussy est admis avec peine auprès de La Fayette, qu'environne un cortège menaçant de délégués des sociétés populaires, de gardes nationaux et d'ouvriers. C'est aujourd'hui le plus beau jour de ma vie, lui dit le général avec enthousiasme ; vous me voyez entouré d'amis qui étaient las comme moi du despotisme des quinze dernières années. Permettez que nous prenions tous ensemble connaissance de votre message. M. de Sussy ayant témoigné le désir d'être présenté à la commission municipale, La Fayette lui-même le met en rapport avec MM. de Lobau, Mauguin et Audry de Puyraveau. Mais à peine a-t-il commencé la communication dont il s'est chargé qu'il est interrompu par les exclamations répétées : II est trop tard ! il est trop tard ! Charles X a cessé de régner ; le peuple a acquis par son sang le droit de se choisir un autre souverain ! Malgré cette réponse si péremptoire de la commission, le général, dont la mesure et la politesse ne se sont pas un instant démenties, croit devoir rendre hommage à son principe favori en faisant connaître la mission de M. de Sussy au peuple qui se presse dans l'intérieur de l'hôtel de ville. Il passe à cet effet dans la grande salle, et, après avoir réclamé le silence, il se met en devoir de donner lecture des dernières ordonnances de Charles X. Mais à ce nom seul, un cri de réprobation se fait entendre sur tous les points de la salle. La lecture des ordonnances excite de nouvelles vociférations. C’est au milieu de cet ouragan populaire que La Fayette fait entendre à travers un sourire ces simples paroles, qui devaient être un arrêt fatal : Vous le voyez, il faut vous résigner ; c'est fini des Bourbons ! . En prenant congé du général, Collin de Sussy tente vainement de l'écarter de l'hôtel de ville, sous prétexte d'une conférence au Luxembourg avec le duc de Mortemart ; il répond que le délégué du peuple ne peut avoir rien de commun avec l'envoyé de la monarchie déchue, et l'entretien est terminé.
La Fayette rejette hautement l'offre qui lui est faite d'être le régent du comte de Chambord, Henri d'Artois, et le général Talon, l'un des chefs de la garde royale, l'ayant engagé à s'expliquer sur l'effet des ordonnances du 29, il répond le 31 par un billet autographe qui se termine ainsi : Toute réconciliation est impossible, et la famille royale a cessé de régner.
Le parti bonapartiste, de tout temps antipathique à La Fayette, s'était agité sans aucune chance de succès. Restait à opter entre deux autres combinaisons gouvernementales, la république et la monarchie du duc d'Orléans. L'appel de ce prince à la lieutenance générale du royaume, dans la journée du 30 juillet, est un grand pas dans la voie de cette solution ; mais il importe de décider La Fayette, qui ne voit dans cette résolution précipitée qu'une mesure purement provisoire. Fils de l'ennemi personnel du général, ce prince ne se recommande à son suffrage par aucune prédilection particulière ; mais ses partisans se mettent activement à l'œuvre. Ils font valoir l'origine révolutionnaire du prince, ses antécédents patriotiques, alors assez mal connus, ses vertus de famille, son opposition permanente au système de la Restauration. Ces considérations, habilement présentées, surmontent les instigations des sociétés établies à l'hôtel de ville, et font pencher définitivement la balance en sa faveur. Une circonstance fortuite ou préparée achève de fixer l'indécision du général : William Cabell Rives, ministre américain à Paris, étant venu le visiter à l'hôtel de ville : Que vont dire nos amis des États-Unis, s'écria La Fayette en s'avançant vers lui avec empressement, s'ils apprennent que nous avons proclamé la république en France ? - Ils diront, répondit froidement M. Rives, que quarante ans d'expérience ont été perdus pour les Français. La Fayette, qui a refusé avec désintéressement la présidence de la république, renonce, momentanément du moins, à son utopie favorite.

L'avènement du duc d'Orléans

Le 31, il reçoit une lettre de Charles X qui lui fait les plus séduisantes propositions. Par défiance ou par conviction, et aussi peut-être du fait de ses 73 ans, il refuse, et répond : II n'est plus temps. Le même jour, il reçoit à l'hôtel de ville de Paris le duc d'Orléans, Louis-Philippe Ier, qui vient demander son investiture à l'arbitre naturel du dénouement de la révolution.
Il traverse les salles de l'hôtel de ville, et ces dispositions ne prennent un autre cours que lorsque le prince et le général s'unissent sur le balcon de l'hôtel par une accolade qui paraît proclamer ou consommer l'adoption populaire. Le lendemain, 1er août, La Fayette, déférant au vœu exprimé par plusieurs membres de la commission municipale, se rend au Palais-Royal dans l'intention plus ou moins avouée de pressentir le futur roi des Français sur son système de gouvernement. Il débute par un éloge de la constitution américaine, que le prince n'adopte pas sans réserve, et que le général modifie lui-même en se bornant à demander un trône populaire entouré d'institutions républicaines.
Le duc d'Orléans paraît accepter avec empressement ce programme, si célèbre depuis sous le nom de Programme de l'hôtel de ville, et qui défraie pendant plusieurs mois les illusions du patron de la nouvelle monarchie. Tandis que le prince, par une politique habile, s'approprie ainsi les fruits d'une lutte à laquelle il n'a point concouru, Charles X lui défère de son côté le titre de lieutenant général et abdique la couronne en faveur de son petit-fils.
Ces actes demeurant sans effet, la cour paraît se disposer à une lutte que le nombre et le dévouement des troupes qui l'entourent la mettent en état de soutenir avec avantage. Des commissaires sont dépêchés à Rambouillet pour exhorter le roi à s'éloigner. Leurs instances étant vaines, on obtient du duc d'Orléans la permission de provoquer cet éloignement par une manifestation décisive. La Fayette, qui paraît prendre sur lui toute cette démonstration, fait battre le rappel dans Paris, et réunit cinq cents hommes dans chaque légion de la garde nationale pour marcher sur Rambouillet. En un instant, toute la capitale est en rumeur. Il se forme aux Champs-Élysées un corps d'à peu près dix mille hommes, dont le général Pajol prend le commandement. Il choisit pour aide de camp Georges de Lafayette, fils du général, et cette troupe, qui se grossit en route de cinq à six mille volontaires, arrive dans la nuit aux environs de Rambouillet.
Le départ de la famille royale, déterminé par des rapports sur l'importance de cette expédition populaire, prévient un engagement qui, selon toute apparence, eût été fatal aux agresseurs. La Fayette annonce au peuple de la capitale, dans un ordre du jour, cette victoire sans combat. La chambre élue sous Charles X ouvre, dans les premiers jours d'août, la discussion qui abandonne le principe de la légitimité. Le parti républicain, profondément irrité de l'issue des événements, menace de la troubler par des désordres que les exhortations de La Fayette réussissent à prévenir. Lui-même n'y prend part que pour combattre l'hérédité de la pairie et pour lancer contre l'aristocratie nobiliaire quelques-uns de ces anathèmes qui lui sont familiers. Le 7 août, les deux chambres portent au duc d'Orléans la résolution qui lui défère la couronne. Ce prince, cédant aux acclamations populaires, se montre sur le balcon du Palais-Royal, accompagné de La Fayette, qu'il embrasse avec effusion. Le général paraît profondément ému : Voilà, dit-il au peuple en lui montrant son nouveau roi, voilà le prince qu'il nous fallait ; voilà ce que nous avons pu faire de plus républicain!
Il s'agit de savoir quel nom prendrait le nouveau roi. Quelques-uns de ses conseillers avaient imaginé de l'appeler Louis XIX ou Philippe VII, afin de le rattacher d'une manière continue à la chaîne des souverains de la troisième race. La Fayette combat cette idée si logique comme impliquant une pensée dangereuse de légitimité, et fait prévaloir son avis.

La Monarchie de Juillet Nouveaux honneurs

Au mois d'août 1830, La Fayette fait l'objet de nombreux honneurs, parmi lesquels on peut compter les innombrables publications, ainsi que les créations artistiques et poétiques. De plus, la population parisienne lui témoigne son attachement en lui offrant le 3 août deux petits canons, que La Fayette fait ramener dans son château de Lagrange. De plus, le 15 août le ville de Paris offre un grand banquet de 350 couverts en l'honneur du Général, où sont présents les ministres, des membres de la chambre des pairs, ainsi que des députés, des militaires, les maires de Paris et autres agents royaux. Le chanteur Nourrit y récite Lafayette en Amérique de Béranger, ainsi que La Parisienne : Marche nationale, de Delavigne. La Fayette y prononce un discours politique faisant le lien entre la révolution de 1830 et celle de 1789 :
Lorsque la population parisienne s’est levée spontanément pour repousser l’agression et reconquérir ses droits, nos droits à tous, les imprescriptibles droits du genre humain, elle a daigné se souvenir d’un vieux serviteur de la cause des peuples : en me proclamant son chef, en associant mon nom à ses triomphes, elle a récompensé les vicissitudes d’une vie entière. En 1789 naquit le funeste système de division et d’anarchie dont vous connaissez les déplorables suites. … Mais le sens exquis de la population actuelle nous préservera de ce malheur. … Vous êtes les élèves de la révolution et votre conduite dans les grandes journées de gloire et de liberté vient d’en montrer la différence.

Commandant de la Garde nationale Garde nationale 1831.

La Fayette retrouve le commandement de la Garde nationale pour quelques mois. Durant les premiers mois du règne de Louis-Philippe, le général paraît s'effacer en quelque sorte de la scène politique pour se concentrer uniquement dans la réorganisation de la garde nationale du royaume. Il retrouve pour cette opération favorite le zèle et l'activité de ses jeunes années. Dix-sept cent mille gardes nationaux, pourvus d'artillerie, reçoivent par ses soins une institution régulière, il se montre fidèle à ses principes en rendant à cette milice citoyenne l'élection de ses principaux officiers. Journellement occupé à recevoir et à haranguer des députations départementales, La Fayette n'aspire à aucune influence immédiate sur la direction des affaires d'État, ni sur les modifications ministérielles qui, dans cette première phase du nouveau gouvernement, se succèdent avec rapidité.

Le procès des ministres de Charles X

La garde joue un rôle décisif pour maintenir le calme dans Paris en décembre 1830, à l'occasion du procès des ministres de Charles X. Il appuie la proposition de son ami, Victor Destutt de Tracy, pour l'abolition de la peine de mort, proposition qui emprunte au prochain jugement des ministres de Charles X une généreuse opportunité. Il dénonce avec énergie le mouvement homicide qui, dans le courant d'octobre, a conduit une troupe de perturbateurs autour du donjon de Vincennes, où ils étaient détenus, mouvement auquel le gouverneur Daumesnil a opposé une énergique résistance.
La décision de ce procès est pour l'établissement du 7 août, un moment de crise redoutable. Sous le cri de : Mort aux ministres ! les agitateurs déguisent à peine le dessein de renverser le gouvernement qui s'est rendu le bénéficiaire de la révolution de juillet. Les exhortations répétées de La Fayette n'ont inspiré à la garde nationale qu'une vigueur incertaine. L'effusion d'une goutte de sang peut livrer Paris et la France entière à d'incalculables désordres.
La Fayette s'applique sans relâche à prévenir cette collision redoutée ; il multiplie les précautions et les ordres du jour, et fait circuler de nombreuses patrouilles. Cependant le palais du Luxembourg est plusieurs fois sur le point d'être forcé par la multitude ameutée. Le 21 décembre, jour de la clôture des débats, on donne l'ordre de reconduire les prisonniers à Vincennes, sage disposition destinée à les soustraire à l'exaspération populaire, dans le cas prévu d'absence d'une condamnation capitale. Cet ordre est exécuté par les soins du comte de Montalivet, ministre de l'intérieur, qui escorte les accusés au péril de sa vie. Leur enlèvement produit un mécontentement dont l'explosion menace pendant plusieurs heures le Palais-Royal.
Enfin La Fayette contribue, par la fermeté de ses dispositions et par son influence personnelle, à pacifier ce formidable conflit, et le roi lui écrit à cette occasion une lettre pleine des témoignages de l'admiration que sa conduite lui a inspirée. Affectées ou sincères, ces démonstrations touchent à leur terme.

La loi sur la Garde nationale

Une fois ce cap passé, Louis-Philippe réalise le risque qu'il y a à conserver un tel instrument dans les mains de La Fayette, qu'il juge peu fiable. Le 24 décembre, à son instigation, la Chambre des députés adopte une loi qui supprime le titre de commandant de toutes les gardes nationales de la France, jugé contraire à la Charte de 1830. La chambre, dans la discussion du projet de loi sur la garde nationale, adopte, avec le concours du ministère, un amendement qui interdit à toute personne de commander les gardes nationales d'un département entier. Cette résolution implique nécessairement la déchéance de La Fayette. Quelques députés s'efforcent vainement de la faire modifier : leurs propositions sont repoussées. Le roi, proteste de son ignorance personnelle, de la bonne volonté de ses ministres, et se flatte de faire revenir le général sur sa démission.

La démission

Le roi n'épargne aucune séduction propre à désarmer son interlocuteur : il lui propose le titre de commandant honoraire, que La Fayette a précédemment refusé comme une décoration insignifiante. Un peu piqué de cette insistance : Votre Majesté lui dit le général se contenterait-elle d'être un roi honoraire ? Le président du Conseil, Jacques Laffitte, et le ministre de l'Intérieur, Camille de Montalivet, lui-même colonel de la garde nationale, cherchent à trouver un compromis, mais La Fayette pose des conditions extravagantes : il veut la formation d'un nouveau ministère où n'entreraient que ses amis, la dissolution de la Chambre des députés et l'abolition de l'hérédité de la pairie.
Louis-Philippe demande vingt-quatre heures pour réfléchir ; mais ce délai n'ayant amené aucun changement dans les négociations, La Fayette croit devoir se dépouiller définitivement du pouvoir exorbitant dont il était revêtu. La Fayette donne sa démission dès le lendemain, non sans avoir rendu visite à Louis-Philippe, qu'il menace de se retirer dans son château de La Grange-Bléneau : une explication a lieu entre le monarque et La Fayette, dans laquelle celui-ci, donnant cours aux sentiments qu'il concentrait depuis longtemps, déclare au roi que la dissidence de leurs doctrines politiques et l'ombrage qu'inspirait son autorité ne lui permettent pas d'en prolonger l'exercice.
– Et que ferez-vous sans l'appui de ma popularité ? demande La Fayette.
– Si vous retourniez à La Grange ? Eh bien, je vous y laisserais!
Il rend sa démission publique par un ordre du jour du 27 décembre, et développe le même jour à la tribune de la chambre les motifs de sa détermination, en déclarant que si sa conscience d'ordre public est satisfaite, il n'en est pas de même de sa conscience de liberté. Le 26, il maintient sa démission. Louis-Philippe en prend aussitôt acte dans une brève et sèche lettre de regret. L'essentiel, constatera plus tard La Fayette, était de passer sans encombre la grande crise du procès des ministres. On m'aimait tant pendant ce temps-là ! Mais vous voyez qu'ensuite, on n'a pas perdu un jour.
Tout porte à croire que le sacrifice de La Fayette était depuis longtemps arrêté dans l'esprit du roi. Mais Louis-Philippe commençait à subir les conséquences du mode accidentel de son élévation ; il ne pouvait se séparer impunément des hommes qui y avaient concouru par leurs démarches. L'éloignement de La Fayette, suivi bientôt de celui de Dupont de l'Eure et de Laffitte, lui est reproché comme un acte éclatant d'ingratitude, et cette triple séparation consomme sa rupture avec le parti démocratique, dont les derniers événements ont naturellement accru les forces et les exigences.

L'opposition parlementaire

Rendu à une existence purement parlementaire, La Fayette reprend à l'extrême gauche de la Chambre la place qu'il avait occupée durant la Restauration, et il ne tarde pas à redevenir le principal chef de l'opposition. Peu à peu il subit, ainsi que ses amis politiques, la loi qui veut que tout ce qui procède de la violence n'ait pas de durée. Cet homme, qui a défait un roi et en a fait un autre, se retrouve membre toujours mécontent de l'extrême opposition à la Chambre des députés.
Le système agressif de La Fayette présente pour caractère essentiel son application à la politique extérieure du gouvernement. Le parti démocratique, qui aspirait généralement à l'annulation des onéreux traités de 1814 et de 1815, est divisé sur les moyens d'y parvenir. Une fraction notable, excluant toute agression décidée, se prononce pour un système qui garantisse aux peuples le libre développement de leurs forces, C'est le système de la non-intervention entendue dans son acception la plus absolue. Cette opinion est celle de La Fayette, et, bientôt avec lui celle du ministère installé le 3 novembre sous la présidence de Laffitte.

La politique européenne

Mais les événements postérieurs ont fait voir combien, d'accord sur le principe, ils différaient sur l'application. La révolution belge, qui éclate à la fin d'août, est le premier contrecoup de la révolution française. La Fayette refuse dignement la royauté de ce peuple et l'exhorte à porter son choix sur un de ses citoyens.
Son désir secret est que la Belgique se constitue en république fédérative, de manière à former une Suisse septentrionale dans l'alliance intime et sous la garantie immédiate de la France. L'insurrection polonaise, qui suit de près, excite ses vives sympathies. Par des documents dont le cabinet essaie vainement d'infirmer la valeur, il établit que l'effet de ce mouvement a été de retenir sur les bords de la Vistule les armées russes prêtes à envahir le territoire français. On sait que ses efforts n'aboutirent qu'au vœu stérile du maintien de la nationalité polonaise, formulé depuis 1831 dans toutes les communications des chambres avec le roi.
La Fayette obtient du ministère la reconnaissance des nouveaux États de l'Amérique ; mais sa politique est moins heureuse à l'égard des insurgés espagnols, avec lesquels il entretenait également des rapports depuis la junte insurrectionnelle de 1823. Ferdinand VII s'étant, dans le principe, obstinément refusé à reconnaître la royauté de Louis-Philippe, le cabinet français prête d'abord une oreille complaisante aux instigations propagandistes du patriarche de la démocratie européenne ; des fonds sont distribués aux insurgés ; mais le gouvernement espagnol ayant menacé d'encourager, de son côté, des rassemblements d'émigrés royalistes sur les frontières méridionales françaises, ces rebelles, livrés à eux-mêmes, échouent dans deux tentatives désespérées. Enfin, le peu de succès des insurrections de Modène et de Bologne, auxquelles La Fayette a procuré les encouragements et l'appui du ministère, lui apporte bientôt des déceptions encore plus cuisantes.

Politique intérieure

La défection dont le cabinet se rend coupable en cette occasion est un des textes sur lesquels l'hostilité parlementaire de La Fayette s'exerce avec le plus d'avantage et de fondement. Il ne néglige d'ailleurs aucune occasion de censurer en même temps le système de politique intérieure adopté par le gouvernement. L'imprudente démonstration du 14 février, dans l'église de Saint-Germain-l'Auxerrois, l'amène à exposer ouvertement à la tribune l'esprit démocratique dans lequel il suppose que la révolution de juillet s'est accomplie, et la marche qu'elle lui semble devoir suivre. Mais il blâme vivement les profanateurs de ce temple et les démolisseurs de l'archevêché, et fait offrir au prélat fugitif un asile dans son propre hôtel. Il s'indigne aussi de l'acte de condescendance du roi, qui a fait disparaître ses armes des édifices de la capitale. C’est dans ces circonstances que Casimir Perier saisit les rênes du pouvoir, et son premier soin est la dissolution de la chambre.
La Fayette croit devoir adresser à ses électeurs un compte détaillé de ses travaux parlementaires. Il y rend un hommage à la dernière révolution, mais il y décrie avec amertume la direction suivie par le régime qui en est issu, et invoque, pour en affirmer la violation, ce prétendu programme de l'hôtel de ville auquel ses illusions seules ont prêté quelque consistance. Ce manifeste agressif cause à la cour un profond mécontentement et consomme la scission personnelle du général avec le roi. Nous sommes, dit La Fayette, comme deux gentlemen qui se sont donné un démenti mutuel : les circonstances ne nous permettent pas d'aller au bois de Boulogne, mais elles nous empêchent de nous faire des visites. La compression momentanée du parti démagogique et l'attitude plus décidée de l'administration ne découragent point ses efforts. Lors de la seconde insurrection des Romagnols, en 1832, il flétrit avec énergie l'épithète de factieux qui leur a été donnée dans une note diplomatique.
La Fayette combat hautement l’hérédité de la pairie, et fait rayer du Code pénal l'article qui punit l'usurpation des titres nobiliaires. C’est lui qui, après la session de 1832, fait adopter aux députés de l'opposition l'idée d'exprimer, sous la forme d'un compte-rendu, leurs idées sur la politique intérieure et extérieure. Trois jours avant la publication de cette pièce, le chef du ministère, Casimir Perier, est mort sans avoir assisté au rétablissement de l'ordre, auquel il avait immolé son repos et prodigué l'énergie de son caractère.
Les funérailles du général Lamarque, qui ont lieu peu de jours après, deviennent le signal des troubles les plus sérieux qui, depuis les journées de juillet, ont ensanglanté la capitale. La Fayette assiste à ces obsèques, et il vient de prononcer une allocution sur la tombe du général, lorsque l'apparition subite d'un bonnet rouge au milieu de l'innombrable cortège met toute la population en rumeur. Des cris séditieux sont proférés. Quelques hommes suspects s'approchent du général et l'exhortent à se rendre à l'hôtel de ville en lui offrant ce symbole : mais il le repousse avec dédain, monte en voiture et se fait conduire à son hôtel sous l'escorte d'une populace menaçante. L'insurrection prend des proportions formidables. Un grand nombre de députés de l'opposition se réunit le soir chez Laffitte, et l'on délibère sur les moyens propres à arrêter l'effusion du sang. La Fayette combat sans succès l'idée d'une députation au roi et refuse d'en faire partie. Il accompagne ce refus de quelques mémorables paroles de douleur sur les infructueux efforts qu'il a faits, aux deux plus grandes époques de sa vie, pour résoudre le problème d'une monarchie assise sur les bases de la souveraineté nationale.
Informé qu'on l'inculpe d'avoir reçu le bonnet rouge et qu'on parle de l'arrêter, La Fayette demeure quelques jours à Paris, pour regarder en face, dit-il, le gouvernement de l'état de siège ; puis il regagne sa terre de La Grange, un peu étonné que ce retour au plus complet arbitraire n'ait pas excité plus d'émotion dans les esprits. Il se démet aussitôt de ses fonctions de maire et de conseiller municipal, ne voulant pas, dit-il, conserver aucun rapport avec la contre-révolution de 1830.
Lors du premier attentat sur la personne de Louis-Philippe, le 19 novembre 1832, il refuse de se joindre à ceux de ses collègues qui se rendent aux Tuileries, objectant que depuis le démenti donné par le roi au programme de l'hôtel de ville, sa place ne lui paraît plus là. Dans la session de 1833, il parle sur la loi d'organisation départementale, et appuie la demande d'une pension au profit des vainqueurs de la Bastille. La police ayant arrêté dans sa terre même de La Grange, et presque sous ses yeux, le réfugié polonais Joachim Lelewel, auquel il donnait asile, il se plaint vivement de ce procédé inouï, dit-il, sous la Restauration elle-même, et contraint le ministre de l'Intérieur à désavouer cet acte de brutalité.

La mort de La Fayette

La discussion de l'adresse au Trône, en janvier 1834, est le dernier débat parlementaire auquel La Fayette prend part. Une maladie de vessie, dont il avait recueilli le germe aux obsèques de Dulong, s'aggrave rapidement et finit par l'emporter. La Fayette meurt le 20 mai 1834, dans sa 77e année, au 6 rue d'Anjou-Saint-Honoré (ancien 1er arrondissement, actuellement 8 rue d'Anjou dans le 8e arrondissement de Paris.
Son cercueil est accompagné à l'église de l'Assomption par un nombreux cortège, qui se compose de l'élite des deux chambres, des académies, de l'administration civile et militaire, de la garde nationale et des étrangers alors à Paris. Étroitement surveillées par l'armée, malgré les protestations de la gauche, ses obsèques ne donnent lieu à aucune manifestation républicaine, le parti républicain venant d'être décapité à la suite de la seconde révolte des Canuts à Lyon en avril.
Des représentants choisis dans chacun de ces corps et dans la légation des États-Unis portent les coins du drap mortuaire. Après la célébration du service religieux, le convoi, suivi d'une foule immense, se dirige vers le cimetière de Picpus, à Paris le 22 mai, où, suivant son désir, le général est inhumé à côté de sa femme. La terre utilisée pour l'enterrer provient partiellement d'Amérique, ramenée par lui-même dix ans auparavant lors de son dernier voyage et destinée spécialement à cet usage.
Les deux chambres du congrès américain lui décernent les mêmes honneurs funèbres qu'au président George Washington. Jusqu'à la fin de la session, les salles des séances sont tendues de noir, et John Quincy Adams, Edward Everett, J. Upham et le général Tailmadge prononcent son éloge en présence de tous les corps de l'État.

Postérité Jugements de contemporains

Les talents de La Fayette ont été diversement appréciés. Exalté tour à tour comme l'émule de Washington et comme le glorieux promoteur de la régénération française, c'était selon Napoléon un niais ... sans talents civils ni militaires, un esprit borné, un caractère dissimulé.
Mirabeau, son principal adversaire au sein du parti patriote , l'avait surnommé Gilles César, en référence au dictateur romain. Antoine de Rivarol reprit le mot sous la forme César Gille.
Chateaubriand voyait en lui une espèce de monomane, à qui l'aveuglement tenait lieu de génie car il n'avait qu'une seule idée, et heureusement pour lui elle était celle du siècle ; la fixité de cette idée a fait son empire. Il en retient que ses actions furent souvent en contradiction avec ses pensées : Royaliste, il renversa en 1789 une royauté de huit siècles ; républicain, il créa en 1830 la royauté des barricades : il s'en est allé donnant à Philippe la couronne qu'il avait enlevée à Louis XVI … Dans le Nouveau Monde, M. de La Fayette a contribué à la formation d'une société nouvelle ; dans le monde ancien, à la destruction d'une vieille société : la liberté l'invoque à Washington, l'anarchie à Paris.
Madame de Staël disait : Qui l'avait observé pouvait savoir d'avance avec certitude ce qu'il ferait dans toute occasion.
Dans ses Souvenirs, la duchesse légitimiste de Maillé commente ainsi la mort de La Fayette : M. de La Fayette vient de mourir. Le héros des deux mondes est allé dans le troisième. Sa mort n'a fait aucun effet politique. Il était devenu incommode et inutile à son parti, il était odieux aux autres, son rôle était fini.
Odilon Barrot porte un jugement davantage élogieux dans ses Mémoires : C’est le 20 mai 1834 que s’éteignit ce grand citoyen. J’ai peut-être été trop son ami pour en parler avec une entière impartialité. … Je n’ai rencontré dans aucun homme plus de grandeur d’âme, unie à plus de bonté et de simplicité.… Si même on peut adresser un reproche à cette noble nature, c’est l’exagération de ses qualités. Soupçonnant difficilement dans autrui le mal, qui n’était pas en lui, le général Lafayette accordait trop facilement sa confiance et on en a souvent abusé. Emporté par le besoin de se dévouer, il était trop disposé à préférer les tentatives, où il exposait sa vie aux efforts patients et persévérants de la lutte légale

Hommages Aux États-Unis

Aux États-Unis, plus de 600 lieux s'appellent La Fayette. Une montagne, sept comtés et quarante localités portent notamment son nom.
Auguste Bartholdi sculpte une statue de La Fayette à la fin du XIXe siècle pour la ville de New York. Inaugurée en 1876, elle se trouve aujourd'hui dans Union Square Park.
Le rôle du marquis de La Fayette dans l'histoire de l'indépendance américaine est consacré de longue date dans la ville de Washington, par un square à son nom devant la Maison-Blanche avec sa statue à l'une des quatre extrémités. Lafayette Square est également le nom d'un parc de la ville de Los Angeles et de Saint-Louis.
Tous les ans, le 4 juillet, jour de la Saint-Florent et anniversaire de la Déclaration d'indépendance des États-Unis, en signe de reconnaissance, l'ambassade des États-Unis en France dépose une gerbe de fleurs sur sa tombe, au cimetière de Picpus, à Paris.
Le 8 août 2002, il est élevé à titre posthume au rang de citoyen d'honneur des États-Unis d'Amérique, privilège rare qui n'a été accordé auparavant qu'à cinq reprises.
Au mois de juin 2007, la frégate furtive La Fayette F710 de la Marine Nationale s'est rendue aux États-Unis dans le cadre de la commémoration du 250e anniversaire de la naissance du marquis. Le 5 juin le La Fayette faisait escale à La Nouvelle-Orléans. Accompagnée du consul général de France à La Nouvelle-Orléans, une délégation d'une quarantaine de membres de l'équipage, conduite par son commandant, s'est rendue dans la ville de Lafayette. Ils y ont été reçus par le maire de la ville entouré d'officiels au centre culturel Jean-Lafitte où sont exposés documents et objets sur le marquis et son époque, ainsi qu'une maquette de son navire L'Hermione à bord duquel il est arrivé aux États-Unis avec ses volontaires le 10 mars 1780.

En France

Lors de leur débarquement en France en 1917, le général Pershing, général en chef des armées américaines, se serait exclamé : La Fayette nous voilà !. Cette formule fut prononcée, en réalité, par l'aide de camp du général américain, le colonel Charles Stanton78, lors d'une cérémonie organisée le 4 juillet 1917, devant la tombe du Français, au cimetière de Picpus, avant d'y déposer une couronne. La première unité composée de volontaires américains avait été l'escadrille aérienne La Fayette, avant même l'entrée en guerre officielle des États-Unis.
À Paris, une rue porte le nom de La Fayette. La ville de Lyon lui a consacré un pont et une longue rue, le cours Lafayette.
Au Puy-en-Velay, dans son département natal, la Haute-Loire, la Statue Lafayette, dans le square éponyme, du sculpteur Ernest-Eugène Hiolle, est érigée en son honneur en 1883, sur le boulevard Saint-Louis. Elle est inscrite Monument Historique en 2005 : C'est le seul monument commémoratif notable de la reconnaissance de la Haute-Loire à son enfant le plus connu. En décembre 2013, elle est commémorée pour les 70 ans de son enlèvement de son socle par les résistants : en décembre 1943, par crainte que le régime allemand ne récupère son métal en la faisant fondre, elle sera cachée durant deux années dans une bergerie, et retrouvera son socle en décembre 1945. Pour cette commémoration de 2013 : Le square La Fayette arbore depuis cette année un éclairage tricolore qui illumine la statue à la nuit tombée, pour garder en mémoire cet acte héroïque qui nous a permis de préserver un monument local et national.
À Clermont-Ferrand, un lycée technologique porte de nom de lycée La Fayette.
À Dangé-Saint-Romain, une ancienne cité américaine porte depuis la fin des années 1950 le nom de Résidence La Fayette.
À Metz, d'où il décida de partir pour les Amériques, une statue équestre en bronze, réalisée en 2004 par Claude Goutin, est installée dans le jardin de Boufflers derrière le palais de justice de Metz.
À Pauillac-Médoc, une esplanade porte son nom, en bordure des quais d'où il est parti en 1777. Une stèle commémorant son départ y est installée.
Le 7 novembre 2007, le président français Nicolas Sarkozy évoque plusieurs fois La Fayette dans son discours au Congrès américain. Comme le ministre des affaires étrangères Bernard Kouchner, interpellé l'été précédent par Gonzague Saint Bris dans le cadre de la célébration du 250e anniversaire du marquis à Chavaniac, a lâché Le Panthéon, ce n’est pas une mauvaise idée et ajouté qu’il porterait cette idée au sommet de l’État, cette insistance déclenche une polémique sur l'éventuel transfert au Panthéon des cendres de La Fayette. Nicolas Sarkozy y est favorable. Jean-Noël Jeanneney s'y oppose, car il n'imagine pas voir reposer aux côtés de soldats tombés pour la Révolution un général en chef qui n'a jamais été républicain et qui a abandonné son armée en pleine guerre pour passer chez l'ennemi. Mais comme Jeanneney s'appuie sur le témoignage de Napoléon, P. Bercis répond que celui-ci a, par exemple, rétabli l'esclavage alors que La Fayette est resté un militant constant de son abolition et de la démocratie. G. Saint Bris réplique à son tour que les hommes d’exception ont toujours servi l’intérêt de la France plus que celui d’un régime, que ce soit au temps de la monarchie ou de la république. Un lecteur du Monde a entretemps fait remarquer que la question La Fayette au Panthéon ? est tranchée : il y est déjà, parmi les personnages représentés sur son fronton par David d'Angers.

Le nom de La Fayette est perpétué sur la mer par des bâtiments de la Marine nationale :

Le 21 juin 1951, le porte-avion léger américain USS Langley CVL-27 construit en 1942 en pleine guerre du Pacifique, passe sous pavillon français à titre de prêt sous le nom de PA La Fayette. Il y servira jusqu'en 1963. Ce bâtiment est le navire-jumeau de l'USS Belleau Wood CVL-24 ainsi nommé en mémoire de l'exploit des Marines américains de la 2e division d'infanterie US à la bataille du bois Belleau pendant la Première Guerre mondiale : La Fayette nous voilà…. Le Belleau Wood devient le PA Bois Belleau sous pavillon français de 1953 à 1960 dans les mêmes conditions que le PA La Fayette.
En mai 1957, le Bois Belleau se trouve à Hampton Roads avec le croiseur De Grasse portant la marque de l'amiral Jozan entouré de deux escorteurs d'escadre et de deux escorteurs rapides, au milieu des représentants des flottes de trente Nations, à la revue navale célébrant le bicentenaire de la Marine des États-Unis.
Le 13 juin 1992, la frégate furtive FLF La Fayette F710 est lancée à Lorient. Basée à Toulon, elle est la tête d'une série de cinq, conçues principalement pour faire respecter les intérêts maritimes de l'État dans les espaces d'outre-mer, mais pouvant aussi assurer d'autres missions telles que l'intégration à une force d'intervention, la protection du trafic maritime, l'accompagnement d'un groupe aéronaval, la réalisation de missions spéciales ou humanitaires.

La Fayette dans l'audiovisuel

1961 : La Fayette de Jean Dréville, avec Michel Le Royer dans le rôle-titre. Ce film raconte l'épisode américain de sa vie.
1989 : La Révolution française de Robert Enrico, avec Sam Neill voix française de Pierre Arditi
2012 : La Fayette est un des personnages centraux du jeu vidéo Assassin's Creed III Ubisoft se déroulant en Amérique pendant la Révolution américaine.
2012 : diffusion le 6 novembre sur France 2 de Secrets d’Histoire - La Fayette, il était une fois l’Amérique.
2013 : diffusion le 27 mars sur Arte de La Fayette, un héros méconnu, traduction d'un documentaire américain de 2009.
2015 : La Fayette est l'un des personnages principaux du jeu The Order: 1886 Ready at Dawn.

Armoiries

Figure Blasonnement

Armes des Motier de La Fayette :
De gueules à la bande d’or et à la bordure de vair.90

Voir aussi articles connexes

Le marquis de La Fayette
Révolution américaine
Hermione 1779
Visite du marquis de La Fayette aux États-Unis


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Posté le : 04/09/2015 17:15
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Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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