| A + A -
Connexion     
 + Créer un compte ?
Rejoignez notre cercle de poetes et d'auteurs anonymes. Lisez ou publiez en ligne
Afficher/Cacher la colonne
Accueil >> newbb >> Napoléon III 1ere partie [Les Forums - Histoire]

Parcourir ce sujet :   1 Utilisateur(s) anonymes





Napoléon III 1ere partie
Administrateur
Inscrit:
14/12/2011 15:49
De Montpellier
Messages: 9499
Niveau : 63; EXP : 93
HP : 629 / 1573
MP : 3166 / 56980
Hors Ligne
Le 20 avril 1808, à Paris, naît Charles Louis Napoléon Bonaparte,

dit Louis-Napoléon Bonaparte puis Napoléon III,


il meurt à Chislehurst au Royaume-Uni, le 9 janvier 1873. Monarque de France il est le premier président de la République française, élu le 10 décembre 1848 au suffrage universel masculin, avant d'être proclamé empereur des Français le 2 décembre 1852 sous le nom de Napoléon III. Empereur des Français du 2 décembre 1852 au 1er mars 1871, la république sera proclamée le 4 septembre 1870, il reste au pouvoir 18 ans, 2 mois et 29 jours, son Président du Conseil et ses Chefs de cabinet sont Émile Ollivier, Charles Cousin-Montauban
Il se précède à lui-même, en temps que président de la République, son Successeur est Louis Jules Trochu, président du Gouvernement de la Défense nationale, il est ple premier président de la République française sous le nom de Louis-Napoléon Bonaparte, du 20 décembre 1848 au 2 décembre 1852 soit durant 3 ans, 11 mois et 12 jours.
Son élection à lieu le 11 décembre 1848, ses Présidents du Conseil sont Odilon Barrot, Alphonse Henri d'Hautpoul, Léon Faucher, son prédécesseur est Eugène Cavaignac président du Conseil, chef de l’État de facto, il se succède à lui-même. Il est 32e chef du gouvernement français de facto du 26 octobre 1851 au 2 janvier 1870 soit 18 ans, 2 mois et 6 jours. Il appartient à la dynastie de la Maison Bonaparte, son nom de naissance est Charles Louis Napoléon Bonaparte, fils de Louis Bonaparte et de Hortense de Beauharnais, il épouse Eugénie de Montijo avec qui il aura Louis Napoléon Bonaparte. La famille Réside au Château d'Arenenberg en 1817, au Palais de l'Élysée en 1848, puis au Palais des Tuileries en 1852, il finira sa vie à Chislehurst en Angleterre en 1871
Révolutionnaire sur le plan économique mais despote sur le plan politique, Napoléon III a tenté le pari difficile d'assumer un nom qui est à la fois une gloire nationale, une garantie révolutionnaire et un principe d'autorité.
Élevé dans le culte de son oncle, il mène une jeunesse aventureuse en Suisse et en Italie, puis tente à Strasbourg en 1836 et à Boulogne en 1840 de se faire proclamer empereur et de renverser Louis-Philippe Ier Condamné à la détrention perpétuelle, il est enfermé au fort de Ham, d'où il s'enfuit pour Londres en 1846.
On éprouve quelque difficulté à définir la personnalité du nouvel empereur, à certains égards énigmatique. L'homme privé est bienveillant et indulgent, en partie par scepticisme, fidèle à ses amis, bon pour ses serviteurs de qui il est aimé. Son intelligence est ouverte, portée vers l'avenir. Sous l'influence des saint-simoniens et des séjours qu'il a faits en Angleterre, il porte aux problèmes économiques et sociaux un vif intérêt : L'idée napoléonienne n'est point une idée de guerre, mais une idée sociale, industrielle, commerciale, humanitaire 1839. Il a visité à l'âge de vingt-cinq ans les régions industrielles anglaises – initiative certainement unique de la part d'un prétendant de cette époque ; au fort de Ham, il a écrit une brochure, au demeurant utopique : L'Extinction du paupérisme.
De retour en France après la révolution de 1848, il est élu à la présidence de la République le 10 décembre 1848. Menant une politique ultraconservattrice, il se heurtet à l'Assemblée, à majorité monarchiste, qui s'oppose à une réforme de la Constitution ayant pour but sa réélection.
Napoléon III n'est-il pas un souverain méconnu ? L'importance du second Empire n'a-t-elle pas échappé aux historiens ?
À première vue, la personnalité de Napoléon III souffre de la comparaison avec celle de son oncle. Mais plus que le fondateur de la dynastie, le premier Napoléon, il a compris les problèmes sociaux de son temps et favorisé le développement industriel de la France. Largement étendu, le réseau des voies ferrées va désormais influencer toute la vie économique. Du second Empire date également le nouveau visage de Paris : Haussmann y perce les grands axes de circulation que nous empruntons encore de nos jours.
Même la gloire militaire n'a pas fait défaut aux contemporains de Napoléon III : Alma, Magenta, Solferino ne sont pas indignes des victoires du premier Empire. Le bilan du régime, en définitive, n'est nullement défavorable.
Il n'en reste pas moins que, sévèrement condamné par Marx et Engels – curieusement indulgents, en revanche, pour Napoléon Ier, considéré comme l'héritier de la Révolution –, le second Empire s'est trouvé victime d'une historiographie qui lui a été longtemps résolument hostile.
Certes, Napoléon III a commis de nombreuses erreurs : puisée dans le Mémorial de Sainte-Hélène, la défense du principe des nationalités qui a inspiré toute sa politique étrangère a conduit finalement au désastre de Sedan. Sa politique d'apaisement religieux fut remise en cause par la question romaine. Malgré quelques vues hardies sur l' extinction du paupérisme , l'empereur n'a pas pu résoudre le problème social.
L'explosion de la Commune montre à quel point en étaient arrivés les sentiments des ouvriers. La prise du pouvoir, le 2 décembre, assimilée par l'historien pamphlétaire Henri Guillemin à l'opération d'un gang, fut plus violente que celle du 18 brumaire. De surcroît, on est rarement indulgent pour un régime qui s'achève sur une défaite. Un mauvais début et une fin lamentable ont fait oublier les réalisations du pouvoir impérial. Le second Empire a finalement péri de ses contradictions.
Sa biographie se confond désormais avec l'histoire de la IIe République, puis du second Empire. Après l'élection de l'Assemblée législative en mai 1849, on peut dire que l'Empire est installé à l'Élysée et les monarchies bourboniennes au Palais-Bourbon, où leur parti, le parti de l'Ordre, a une forte majorité. Les républicains radicaux tentent vainement de prendre leur revanche dans la rue, le 13 mai 1849, pour protester contre l'orientation conservatrice donnée à l'expédition de Rome. Ledru-Rollin s'enfuit en Angleterre. Ne se contentant pas de présider, le prince-président décide en octobre suivant de gouverner lui-même en prenant pour ministres des hommes de second plan.
Mais le péril va renaître à gauche avec les républicains radicaux et les socialistes plus ou moins unis sous le nom de démocrates socialistes. Leurs militants forment des sociétés secrètes dont l'action est facilitée par le marasme économique. En mars et avril 1850, ils remportent des succès électoraux qui sèment la panique dans le parti de l'Ordre. Le suffrage universel, cette grande force inconnue brutalement introduite par la révolution de Février, ne menace-t-il pas d'instaurer légalement le socialisme ? Le parti de l'Ordre fait voter par l'Assemblée une loi qui enlève leur droit de vote à trois millions d'électeurs grâce à une réglementation hypocrite du suffrage, 31 mai 1850.
Le conflit entre l'Assemblée et les démocrates socialistes se double d'un conflit entre l'Assemblée et le prince-président, ce qui rend la situation très confuse, d'autant plus que la Constitution a organisé l'incertitude de l'avenir. Elle interdit en effet au président de se représenter à l'expiration de son mandat, et le jeu des pouvoirs est si mal agencé qu'en raison du renouvellement concomitant de l'Assemblée il y aura pratiquement vacance simultanée du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif pendant au moins onze jours au printemps 1852. Le prince-président, qui manœuvre habilement et accroît sa popularité par des tournées de propagande, marque un point important, en janvier 1851, en relevant le général Changarnier, l'homme de l'Assemblée, de ses deux commandements de la garde nationale et de l'armée de Paris.
Cependant, il se crée un mythe de 1852. Les vaincus de 1848 et de 1849 voient dans ce millésime l'aube d'une revanche éclatante, tandis que la société bourgeoise redoute en lui le crépuscule du monde civilisé. La réconciliation des deux branches de la famille de Bourbon et la « fusion » de leurs partis qui se serait ensuivie n'ayant pu aboutir, de nombreux monarchistes, mus par la crainte d'une candidature du prince malgré l'interdiction constitutionnelle, et surtout de troubles, proposent de réviser les dispositions relatives à la réélection du président. La majorité nécessaire des trois quarts n'est pas réunie (19 juill. 1851). Louis-Napoléon est décidé à rester au pouvoir. Après avoir beaucoup hésité, plutôt que d'affronter l'imbroglio du printemps de 1852, il se résout à recourir à la force.

Sa vie

Troisième fils de Louis Bonaparte, roi de Hollande, et d'Hortense de Beauharnais, le futur empereur voit le jour rue Cerruti, à Paris, le 20 avril 1808, à une heure du matin. Il naît onze mois après le décès, en mai 1807, de son frère aîné âgé de 4 ans, Napoléon Louis Charles Bonaparte, victime d'une angine diphtérique. Comme son autre frère, Napoléon Louis Bonaparte, puis comme c'est plus tard le cas pour le roi de Rome, Louis-Napoléon reçoit à sa naissance les honneurs militaires par des salves d'artillerie tirées dans toute l'étendue de l'Empire. Son oncle l'empereur Napoléon étant absent, on ne prénomme l'enfant que le 2 juin suivant. Il n'est baptisé que deux ans plus tard, le 4 novembre 1810, à la chapelle du château de Fontainebleau. Son parrain est l'empereur Napoléon Ier et sa marraine la nouvelle impératrice, Marie-Louise.
Des recherches portant sur l'ADN de Napoléon III prouveraient que celui-ci n'est pas, génétiquement, le neveu en lignée paternelle de Napoléon Ier.
il naît prince français et prince de Hollande : neveu de l'empereur Napoléon Ier il est à la fois neveu et petit-fils de l'impératrice Joséphine, sa grand-mère maternelle. Exilé après la chute de l'Empire, conspirateur avec son frère aîné pour l'unité italienne, il devient héritier présomptif du trône impérial après les morts successives de son frère aîné Napoléon Louis en 1831, et du duc de Reichstadt, Napoléon II, roi de Rome en 1832.
Ses premières tentatives de coup d'État, mal préparées, Boulogne, Strasbourg, échouent. Il est condamné à l'emprisonnement au Fort de Ham. Mais il profite des suites de la Révolution française de 1848 pour se faire élire représentant du peuple puis président de la République. Son coup d'État du 2 décembre 1851 met fin à la Deuxième République, et lui permet l'année suivante de restaurer l'empire à son profit. Face à l'opposition des républicains, des libéraux de Thiers, de certains monarchistes et des catholiques après l'unité Italienne, il donne à son pouvoir un caractère autoritaire qui s'atténue après 1859 pour faire laisser place progressivement à la mise en place d'un empire libéral.

La philosophie politique qu'il met en place, et qu'il a présentée dans ses Idées napoléoniennes et dans L'Extinction du Paupérisme en 1844, est une synthèse d'un bonapartisme mêlé à du romantisme, du libéralisme autoritaire, et du socialisme utopique. Le règne de cet admirateur de la modernité britannique est marqué par un développement industriel, économique et financier sensible, portée par une forte croissance mondiale qu'illustre la transformation de Paris sous l'autorité du préfet Haussmann.
Sa politique extérieure vise à restaurer la puissance française en Europe et dans le monde. Il rompt l'isolement diplomatique voulu au Congrès de Vienne par trois puissances de la Sainte Alliance : son entente avec la Grande-Bretagne lors de la Guerre de Crimée contre la Russie, son soutien aux mouvements nationaux en particulier lors de l'unité italienne contre l'Empire d'Autriche, et ses diverses opérations outre-mer parfois en coalition avec la Grande-Bretagne permettent l'agrandissement du territoire Nice, Savoie ainsi qu'une expansion coloniale et commerciale. Elle provoque cependant l'hostilité de la Prusse et subit un échec au Mexique.
La fin de son régime est scellée à l'issue du piège de la Dépêche d'Ems et de la bataille de Sedan, le 2 septembre 1870, lors de la guerre franco-prussienne. Le 4 septembre 1870, la République est proclamée. Napoléon III part en exil en Angleterre, où il meurt en janvier 1873.
La vive hostilité de l'écrivain Victor Hugo à Napoléon III, exprimée dans sa littérature et ses correspondances, les multiples pamphlets et ouvrages critiques de divers auteurs, Henri Rochefort, Maurice Joly, etc. et les articles d'une partie de la presse politique contemporaine Le Siècle, L'Opinion nationale participent à ce que de nombreux historiens qualifient de légende noire autour de Napoléon III et du Second Empire.

L'œuvre économique et sociale du Second Empire est mise en valeur par l'historiographie officielle dès le début du XXe siècle, mais la révision du jugement historique porté sur Napoléon III lui-même est plus lente. Après la Seconde Guerre mondiale, des travaux des historiens, notamment ceux effectués par Adrien Dansette et Louis Girard, vont dans le sens d'une réhabilitation de Napoléon III, marquent une nette rupture historiographique dans la perception de celui qui est le dernier monarque français.

En juin 1814, à la mort de leur grand-mère maternelle, l'ex-impératrice Joséphine, Louis-Napoléon et son frère sont chargés de conduire le deuil lors du transfert de la dépouille à l'église de Rueil-Malmaison.
La loi du 12 janvier 1816, bannissant tous les Bonaparte du territoire français et les obligeant à céder leurs biens, contraint l'ex-reine Hortense de Hollande, séparée de corps et de biens avec son mari, à s'exiler en Suisse alémanique où elle achète, en 1817, le château d'Arenenberg, dominant le lac de Constance. Elle s'y installe avec Louis-Napoléon tandis que son frère aîné part vivre avec son père à Rome, où celui-ci tente d'obtenir l'annulation de son mariage avec Hortense.
Sans soucis d'ordre matériel, Louis-Napoléon est élevé par sa mère à Arenenberg en été et à Augsbourg en hiver. Son éducation est d'abord prise en charge par quelques professeurs occasionnels mais, en général, il est souvent livré à lui-même et fait de longues escapades dans la campagne suisse. Quand son père s'aperçoit du faible niveau d'éducation de son fils cadet, alors âgé de 12 ans, il menace Hortense de lui retirer la garde de l'enfant si elle ne reprend pas en main son éducation. Elle fait alors appel à un nouveau précepteur, nommé Philippe Le Bas, fils d'un conventionnel jacobin, tandis qu'un ancien officier de son oncle Napoléon Ier lui enseigne l'Art de la guerre dans le culte de l'empereur et dans la certitude de son destin dans la dynastie. Soumis à une discipline stricte, ses résultats s'améliorent dans quasiment toutes les matières. À partir de 1823, c'est à Rome qu'Hortense et ses fils s'installent, rejoignant Arenenberg en été. Dans cette ville, Louis-Napoléon découvre la politique aux côtés des libéraux italiens autour des thèmes de liberté et de nation mais c'est en Suisse qu'il s'engage dans la carrière militaire en 1830, à l’École militaire centrale fédérale de Thoune alors dirigée par le futur général Dufour.

À la suite des Trois Glorieuses qui renversent Charles X en France, Louis-Napoléon et son frère aîné, Napoléon-Louis, espèrent que s’ouvre pour eux une ère nouvelle mais la loi du 11 septembre 1830, votée par la nouvelle assemblée orléaniste qui craint une offensive bonapartiste, stipule à nouveau l'interdiction de séjour des Bonaparte dans le Royaume.
Les fils Bonaparte sont indignés, ce qui amène la reine Hortense à partir avec eux pour Rome afin de les éloigner de la France. Ils sont néanmoins rapidement impliqués dans les conspirations des carbonari visant à favoriser la cause de l'unité italienne et à déposséder le pape de son pouvoir séculier. Les deux frères participent ainsi aux insurrections dans les territoires pontificaux de l'Italie centrale, avant de devoir finalement se replier sur Bologne, où ils se retrouvent encerclés par l'armée autrichienne et les armées pontificales, décidées chacune à leur régler leur sort. Repliés sur Forlì, les deux frères doivent aussi faire face à une épidémie de rougeole qui emporte de nombreux soldats, déjà affaiblis par leurs blessures. Le 17 mars 1831, Napoléon-Louis succombe à l'épidémie tandis que Louis-Napoléon subit à son tour les effets de la maladie. La reine Hortense parvient à rejoindre son fils, à l'exfiltrer vers la France et à rejoindre Paris, où elle obtient du roi Louis-Philippe une audience le 26 avril 1831 et l'autorisation de rester à Paris plusieurs jours, le temps que Louis-Napoléon se rétablisse, avant de rejoindre l'Angleterre19. Ils gagnent ensuite la Suisse en août 1831, après avoir reçu de l'ambassade de France à Londres un sauf-conduit pour traverser le territoire français20.
En 1832, Louis-Napoléon obtient la nationalité suisse dans le canton de Thurgovie, ce qui fait dire à certains historiens que Louis-Napoléon Bonaparte a été le seul Suisse à régner sur la France.

Tentative de soulèvement à Strasbourg de Louis-Napoléon Bonaparte.
"L'homme qui a fait les équipées de Strasbourg … aura une fin misérable".

Après la mort du duc de Reichstadt le 22 juillet 1832, Louis-Napoléon apparaît comme l'héritier de la couronne impériale d'autant plus que ni Joseph Bonaparte ni son père Louis ne manifestent l'envie de reprendre ce titre. Lors d'une conférence familiale en 1832, Louis-Napoléon s'exaspère notamment de l'attitude attentiste de son oncle Joseph, le chef de la famille depuis la mort de l'aiglon. Exalté par les climats d'intrigues, le prince organise ses réseaux, rencontre en Belgique des émissaires du marquis de La Fayette et rédige un manuel d'artillerie pour les officiers suisses qui le fait connaître de la presse militaire française et qui lui vaut d'être récompensé par la promotion au grade de capitaine dans le régiment d'artillerie de Berne.
Pendant ces années qu'il passe principalement en Suisse, il correspond avec les chefs français de l'opposition, écrit et publie des ouvrages ou des manifestes et reçoit à Arenenberg de nombreuses personnalités telles le comte François-René de Chateaubriand, Madame Récamier ou encore Alexandre Dumas. Il continue aussi à conspirer. Le 30 octobre 1836, Louis-Napoléon effectue ainsi une tentative de soulèvement à Strasbourg avec une poignée de partisans. Il espère soulever la garnison et, ensuite, marcher sur Paris et renverser la monarchie de Juillet. Son plan est de rassembler sur son passage les troupes et les populations, sur le modèle du retour de l'île d'Elbe, en 1815. Le choix de Strasbourg s'impose car c'est une importante place militaire, qui plus est, aisément accessible depuis le pays de Bade Confédération germanique. Par ailleurs, c'est une ville d'opposition au régime mais patriote où les sympathies bonapartistes s'expriment non seulement dans les garnisons mais aussi au sein de la population30.

Sur place, l'âme du complot est le colonel Vaudrey, qui commande le 4e régiment d'artillerie, dans lequel Napoléon Bonaparte a servi à Toulon, en 1793, et qui s'estime mal traité par la monarchie de Juillet.
L'opération est engagée le 30 octobre 1836 au matin mais elle tourne court assez rapidement. Les insurgés sont arrêtés et incarcérés dans le corps de garde de la caserne puis transférés à la prison de la ville. Louis Bonaparte et les oncles du jeune prince condamnent aussitôt l'opération. La reine Hortense écrit à Louis-Philippe Ier pour lui suggérer de laisser son fils quitter la France. Le 9 novembre, Louis-Napoléon est amené sous escorte à Paris et enfermé à la préfecture de police. Souhaitant éviter un procès public qui risquerait de lui donner une tribune pour plaider sa cause, le roi convainc son gouvernement d'exiler le prince. Conduit à Lorient, Louis-Napoléon, muni d'une somme d'argent, est embarqué sur L'Andromède le 21 novembre 1836 à destination des États-Unis. Il débarque à Norfolk Virginie le 30 mars 1837, d'où il rejoint New York.
Pendant ce temps, treize de ses partisans sont jugés à Strasbourg devant la cour d'assises. Seuls sept d'entre eux comparaissent. Tous sont acquittés par le jury, sous les acclamations du public, le 18 janvier 1837. Si la tentative a été un échec complet et a été désavouée par la famille Bonaparte, elle a fait connaître le prince Louis-Napoléon qui écrit de sa prison à Odilon Barrot, le chef de l'opposition parlementaire, pour lui exposer ses motivations et ses revendications politiques reposant sur la restauration de l'Empire et le recours au plébiscite.

Retour en Europe

Le prince ne reste pas longtemps aux États-Unis. Alors qu'il s'apprête à entreprendre un périple à travers tout le pays, il apprend la détérioration importante de l'état de santé de sa mère. Il rentre aussitôt en Europe pour être à son chevet à Arenenberg mais, interdit de séjour sur le continent par le gouvernement de Louis-Philippe, il est bloqué en Angleterre où il essaie d'obtenir, auprès des ambassades européennes, un passeport et un visa. En août 1837, c'est finalement muni d'un faux passeport américain qu'il parvient à se rendre en Suisse auprès de sa mère mourante. Maintenue en vie sous opium, elle décède le 5 octobre 1837.

La tentative de Boulogne.

En juin 1838, l'un des conjurés de Strasbourg, l'ex-lieutenant Armand Laity, apparenté par alliance à la famille de Beauharnais, publie à 10 000 exemplaires une brochure, financée par Louis-Napoléon, intitulée Relation historique des événements du 30 octobre 1836. Cette publication est un brûlot destiné à provoquer le régime en faisant l'apologie du bonapartisme, centré autour du triptyque nation, peuple et autorité. Dans la propagande bonapartiste ainsi présentée, la démocratie, définie comme le gouvernement d'un seul par la volonté de tous, s'oppose à la république supposée être, pour Louis-Napoléon, le gouvernement de plusieurs obéissant à un système. En réaction, la brochure est saisie par les autorités alors que Laity est arrêté, traduit devant la Cour des pairs pour attentat contre la sûreté de l'État et condamné à 5 ans de détention et 10 000 francs d'amende le 11 juillet 183838.
À la suite de cet incident, le gouvernement français demande à la Suisse, au début du mois d'août 1838, l'expulsion du prince Louis-Napoléon et, sûr de l'appui de l'Autriche, menace la confédération d'une rupture des relations diplomatiques et même d'une guerre, allant jusqu’à concentrer dans le Jura une armée de 25 000 hommes. Le gouvernement suisse, indigné, invoque la qualité de bourgeois de Thurgovie du prince. En définitive, celui-ci annonce, le 22 août, son intention de s'installer en Angleterre ce qui permet au gouvernement de Berne de déclarer l'incident clos sans avoir eu à céder aux exigences françaises.
Ayant hérité de sa mère, Louis-Napoléon a les moyens d'imprimer à 50 000 exemplaires une brochure détaillant son programme politique, Les Idées napoléoniennes, dans laquelle il fait de Napoléon Ier le précurseur de la liberté. Au début de 1840, l'un de ses partisans les plus fidèles, Fialin, lance à son tour ses Lettres de Londres, qui exaltent ce prince qui ose seul et sans appui, entreprendre la grande mission de continuer l'œuvre de son oncle.
Depuis Londres, le prince prépare une nouvelle tentative de coup d'État. Voulant profiter du mouvement de ferveur bonapartiste suscité par la décision du cabinet Thiers de ramener de Sainte-Hélène les cendres de l'empereur, il débarque dans la nuit du 5 au 6 août 1840 entre Boulogne-sur-Mer et Wimereux, en compagnie de quelques comparses, parmi lesquels un compagnon de Napoléon Ier à Sainte-Hélène, le général de Montholon, avec l'espoir de rallier le 42e régiment de ligne.

Louis-Napoléon à la forteresse de Ham.

Cernés par la gendarmerie, les hommes du 42e régiment et la garde nationale, plusieurs conjurés sont tués ou blessés tandis que Louis-Napoléon est lui-même touché par une balle. Arrêtés et écroués sur ordre du procureur Hubert Legagneur, les conjurés sont traduits en justice. Leur procès se tient devant la Chambre des pairs du 28 septembre au 6 octobre, dans une indifférence générale. Le prince, défendu par le célèbre avocat légitimiste Pierre-Antoine Berryer, prononce un discours dans lequel il déclare : Je représente devant vous un principe, une cause, une défaite. Le principe, c'est la souveraineté du peuple, la cause celle de l'Empire, la défaite Waterloo. Le principe, vous l'avez reconnu ; la cause, vous l'avez servie ; la défaite, vous voulez la venger.… Représentant d'une cause politique, je ne puis accepter, comme juge de mes volontés et de mes actes, une juridiction politique.… Je n'ai pas de justice à attendre de vous, et je ne veux pas de votre générosité. Il n'en est pas moins condamné à l'emprisonnement à perpétuité.
Ses conditions de détention sont assez confortables. Il bénéficie pendant son internement à la forteresse de Ham — qu'il appelle plus tard l'Université de Ham — d’un appartement de plusieurs pièces. Il peut correspondre avec l’extérieur, reçoit des visites et des livres. Don Francisco Castellon, missionné par trois pays d'Amérique centrale, obtient la permission de le visiter pour lui proposer d'étudier une jonction entre les deux océans, pour laquelle le futur empereur s'est déjà passionné, le Projet de canal du Nicaragua.
Il met à profit cette captivité pour se consacrer à l’étude et faire avancer sa cause dans l’opinion par l’écriture de brochures et d’articles dans les revues locales. Il écrit notamment Extinction du paupérisme 1844, ouvrage influencé par les idées saint-simoniennes et développant un moyen populiste pour accéder au pouvoir : Aujourd'hui, le règne des castes est fini, on ne peut gouverner qu'avec les masses. Le 25 mai 1846, après six années de captivité, il s'évade de sa prison avec le concours d'Henri Conneau, en empruntant les vêtements et les papiers d'un peintre nommé Pinguet. Les caricaturistes du Second Empire transforment plus tard le nom de celui-ci en Badinguet, qui évoque un plaisantin, pour en affubler l’empereur en rappelant son passé de conspirateur. Avant que sa fuite soit découverte, il est déjà en Belgique et, le lendemain, en Angleterre.
Il s'établit à Londres où il apprend la mort de son père à Livourne, le 25 juillet 1846. C'est durant cette période, moins active politiquement, que Louis-Napoléon rencontre Miss Harriet Howard, qui partage sa vie jusqu'en 1853. La révolution française de 1848, qui met fin à la monarchie de Juillet, fournit au prince l'occasion de revenir une première fois en France à la fin du mois de février puis de voir sa candidature présentée par ses partisans aux élections de députés à l'assemblée nationale.
En 1846, Don Francisco Castellon lui transmet les pouvoirs du gouvernement nicaraguayen pour organiser une société européenne pour le Projet de canal du Nicaragua, qui doit recevoir le nom de Canal Napoléon du Nicaragua. Le futur empereur français y travaille sérieusement, sous la forme d'un mémoire rédigé avec des ingénieurs. Il prévoit de se rendre au Nicaragua mais la Révolution de 1848 modifie ses projets. Il en reparlera en 1852 à l'industriel français du chocolat Antoine Brutus Menier, dont le fils Émile-Justin Menier fera avancer le Canal du Nicaragua mais sans parvenir à le concrétiser, car une concession a été accordée à des américains.

Président puis Prince-président Les campagnes électorales de 1848

Le 4 juin 1848, candidat à l'Assemblée nationale constituante, Louis-Napoléon Bonaparte est élu dans quatre départements : la Seine, l'Yonne, la Charente-Inférieure et la Corse. Ses cousins les princes Napoléon-Jérôme, Pierre Bonaparte et Lucien Murat sont aussi parmi les nouveaux élus. L'élection de Louis-Napoléon est suivie de manifestations populaires qui inquiètent la nouvelle assemblée composée de 900 élus dont 500 républicains modérés, 300 monarchistes, orléanistes et légitimistes, une centaine de républicains démocrates et socialistes ainsi qu'une poignée de bonapartistes. Le 12 juin, Alphonse de Lamartine propose à ses collègues parlementaires de rendre exécutoire la loi d'exil du 10 avril 1832 qui interdisait le territoire français aux membres des familles ayant régné sur la France dans le cas où Louis-Napoléon s'aviserait de rentrer. Sa proposition est finalement rejetée. Le lendemain, la validation de l'élection, soumise à accord de l'assemblée, est acquise à une large majorité comprenant notamment les républicains Jules Favre et Louis Blanc. Néanmoins, le 16 juin, accusé d'appeler à la révolte, Louis-Napoléon annonce renoncer à remplir son mandat. Il a ainsi la chance de ne pas être compromis dans la répression sanglante des ouvriers parisiens révoltés lors des journées insurrectionnelles des 22-26 juin Journées de Juin dont le bilan s'élève à environ 5 000 insurgés tués ou fusillés, environ 1 500 soldats tués, 25 000 arrestations et 11 000 condamnations à la prison ou à la déportation en Algérie. Ces Journées de juin creusent alors un fossé temporairement infranchissable entre les autorités de la République et les ouvriers.
Louis-Napoléon décide alors de se présenter aux élections législatives intermédiaires des 17 et 18 septembre 1848. Candidat dans les quatre départements qui l'avaient déjà élu en juin, il est aussi candidat en Moselle. Élu dans ces cinq départements, il obtient en tout 300 000 voix provenant également des départements de l'Orne, du Nord et de la Gironde où il n'était pourtant pas candidat. Il rentre alors en France et s'installe à Paris le 24 septembre. Le lendemain, son élection est validée à l'unanimité par l'Assemblée où il peut enfin siéger.

Campagne électorale 1848 : Bonaparte contre

Cavaignac, Illustrierte Zeitung Allemagne.

À la suite de la promulgation, le 4 novembre 1848, de la constitution de la IIe République, Louis-Napoléon Bonaparte est candidat à l'élection présidentielle, la première au suffrage universel masculin en France. Ses adversaires sont Louis Eugène Cavaignac, républicain modéré, Alphonse de Lamartine républicain, Alexandre Ledru-Rollin républicain avancé, François-Vincent Raspail socialiste et Nicolas Changarnier, Proudhon, Odilon Barrot, Charles de Montalembert, etc. et parvient à recevoir le soutien du parti de l'Ordre, à commencer par Adolphe Thiers, mais aussi le soutien de Victor Hugo pour qui, alors, le nom de Napoléon ne peut se rapetisser. Les votes ont lieu les 10 et 11 décembre 1848 et les résultats proclamés le 20 décembre. Louis-Napoléon est élu pour quatre ans avec 5 572 834 voix, 74,2 % des voix contre 1 469 156 voix à Cavaignac, 376 834 voix à Ledru-Rollin, 37 106 voix à Raspail et quelque 20 000 voix à Lamartine. Premier président de la République, âgé de 40 ans et 8 mois, il reste à ce jour encore le plus jeune à avoir occupé cette fonction. Son élection profite à la fois de l'adhésion massive des paysans, de la division d'une opposition hétérogène, gauche, modérée ou royaliste, et de la légende impériale, surtout depuis le retour des cendres de Napoléon Ier en 1840. Si quatre départements ne donnent pas la majorité relative à Louis-Napoléon Finistère, Morbihan, Var et Bouches-du-Rhône, une vingtaine, essentiellement situés dans le sud-est et l'ouest, ne lui accordent pas de majorité absolue alors que dans 34 départements, il dépasse les 80 % des suffrages. Son électorat, bien que majoritairement paysan, se révèle hétéroclite mêlant bourgeois hostiles aux partageux, citadins des petites villes et ouvriers parisiens. D'ailleurs à Paris, il réalise un score homogène, recueillant autant de voix dans les beaux quartiers de l'ouest que dans ceux ouvriers de l'est.
Louis-Napoléon, qui s'est toujours donné, en parole et en acte comme héritier de l'Empire prête serment à l'Assemblée constituante le 20 décembre 1848 et jure fidélité à une Constitution formellement contraire à “son destin” . Devant les représentants qui ne savent pas s'ils assistent à une conversion ou à un parjure et l'applaudissent donc peu, il devient le premier président de la République française et, par conséquent, le premier à s'installer le soir même au palais de l'Élysée, choisi de préférence aux symboles monarchiques qu'étaient le palais des Tuileries et le Palais-Royal.

L'homme qui accède alors à la présidence se pense doublement légitime : d'une part parce qu'il est un héritier, celui de l'empereur Napoléon Ier, et d'autre part parce qu'il est le premier élu du peuple tout entier, adoubé par le suffrage universel masculin. Comme son oncle, le président Louis-Napoléon Bonaparte adhère aux principes juridiques et sociaux de 1789 ; comme lui, il pense qu'ils doivent être complétés par un pouvoir politique fort et, comme lui, il est patriote et pense que la France est porteuse de valeurs. Par contre, en raison de son héritage et de son éducation maternelle, il croit au progrès, pense que l'État a un devoir d'intervenir pour faire face au paupérisme engendré par la modernité industrielle et admire l'Angleterre. Ces éléments, son activisme et son réformisme social le rapprochent des républicains mais le fait qu'il soit un prétendant à la restauration de la monarchie impériale héréditaire empêche toute alliance avec eux et l'amène à pactiser avec le parti de l'Ordre tout en étant aussi son opposant. Son élection est suivie de près à la Bourse de Paris Élection de Napoléon III, ou le cours du principal titre coté, la rente 5%, bondit de 65 à 80 en quelques jours.

La confrontation entre le Président et l’Assemblée

La constitution de 1848 limite largement les pouvoirs du président qui est soumis soit à l'Assemblée soit au Conseil d'État. Dès son installation, Louis-Napoléon reprend l'apparat impérial, circulant à bord de coupés aux armoiries napoléoniennes et choisissant comme tenue officielle l'uniforme de général en chef de la garde nationale comprenant bicorne à plume, grand cordon et plaque de la légion d'honneur. Célibataire, sa compagne britannique Miss Howard ne peut prétendre au rôle de première dame et d'hôtesse de l'Élysée qui est finalement exercé par sa cousine, la princesse Mathilde. Si un homme vient à prendre de l'importance dans l'entourage de Louis-Napoléon, c'est son demi-frère adultérin, l'homme d'affaires et ancien député Charles de Morny, dont Louis-Napoléon a découvert l'existence après le décès de sa mère et qui le rencontre pour la première fois en janvier 1849, à l'Élysée, avant de devenir un peu plus tard l'un des conseillers.

Dans le cadre de ses pouvoirs exécutifs, Louis-Napoléon demande à Thiers de former le premier gouvernement de la présidence mais celui-ci refuse. Aucun dirigeant orléaniste ne souhaite diriger le cabinet, ni aucun des républicains approchés par le président. C'est finalement Odilon Barrot, ancien chef de l'opposition constitutionnelle, qui accepte de diriger un gouvernement de mouvance orléaniste, Léon Faucher, Léon de Maleville, etc. comprenant un républicain, Jacques Alexandre Bixio et un membre du parti catholique le comte de Falloux. Aucun membre de ce gouvernement n'appartient à la mouvance du président, ce qui lui donne le nom de ministère de la captivité, selon l'appellation donnée par Émile Ollivier au motif que Louis-Napoléon en est le captif, encerclé par les hommes du parti de l'Ordre. L'un des leurs, le général Nicolas Changarnier, prend d'ailleurs la tête de la Garde nationale et de la division de Paris.
L'assemblée élue en 1848 tarde à se dissoudre et, à partir du 24 janvier, les tensions montent entre le gouvernement et les élus. L'épreuve de force est évitée de justesse à la fin du mois de janvier quand le général Changarnier, commandant de la garde nationale, prend l'initiative de rassembler les troupes autour de l'assemblée sous prétexte de la défendre contre un éventuel mouvement populaire. La pression de Changarnier, soupçonné de part et d'autre de préparer un coup d'État militaire, incite le chef de l'État, le gouvernement et les députés à négocier. Ces derniers acceptent finalement, à une courte majorité, de se séparer.

L'expédition militaire de Rome et les élections législatives

La campagne des élections est perturbée par le déclenchement de l'expédition militaire à Rome que le gouvernement Barrot a initialement engagée comme une opération de couverture de la république romaine avec pour mission de s'interposer entre les volontaires républicains de Giuseppe Garibaldi et l'armée autrichienne venue secourir le pape Pie IX, chassé de Rome par les républicains. Le corps expéditionnaire français de 14 000 hommes, débarqué le 24 avril à Civitavecchia et dont la mission est en fait mal définie, fait alors face à la résistance des troupes républicaines sous le commandement de Garibaldi qui l'accueillent à coups de canon. Le 30 avril, le général Nicolas Oudinot est obligé de battre en retraite devant Rome laissant derrière lui plus de 500 morts et 365 prisonniers. Informé des événements, Louis-Napoléon accepte toutes les requêtes de renfort demandées par Oudinot et, sans consulter ses ministres, lui demande de rétablir la puissance temporelle du pape. Outrés, 59 députés républicains exigent la mise en accusation du président français. Conjointement avec l'Assemblée, le président envoie également en Italie un nouvel ambassadeur plénipotentiaire, le baron Ferdinand de Lesseps, chargé de trouver une trêve avec les républicains romains. Ces décisions sont prises rapidement en raison de la proximité des élections législatives françaises organisées le 13 mai, la restauration du pape étant devenue l'un des principaux thèmes du débat électoral. Ces élections doivent permettre aussi de trancher entre le président et l'assemblée sortante à majorité républicaine. Le scrutin, marqué par un fort taux d'abstention 31 %, se traduit par l'éviction de la majorité des sortants, dont Lamartine, et la victoire de l'Union libérale 59 % dominée par le parti de l'Ordre 53 % des voix et environ 450 élus dont 200 légitimistes sur un total de 750 députés, par l'effondrement des républicains modérés environ 80 élus et la progression des démocrates-socialistes 34 % des suffrages soit environ 250 élus.

La journée du 13 juin 1849 et ses suites

Ce crétin que l’on mènera, selon l’expression d’Adolphe Thiers qui l'avait soutenu durant la campagne présidentielle parce qu'il croyait pouvoir l'utiliser en lui procurant de l'argent et des femmes avant de le remplacer au terme de son mandat, s’avère finalement beaucoup plus intelligent et retors. Après les élections de mai, Louis-Napoléon reconduit Odilon Barrot à la direction de son deuxième gouvernement comprenant notamment Alexis de Tocqueville nommé aux Affaires étrangères et Hippolyte Passy confirmé aux finances. La nouvelle assemblée refuse de ratifier la trêve et l'accord négocié par de Lesseps tandis qu'Oudinot reprend l'offensive contre les troupes de Garibaldi avec, pour mission claire, cette fois, de rétablir le pouvoir temporel du pape. Les répercussions, en France, de cette expédition militaire atteignent leur paroxysme le 13 juin 1849 quand, à l'issue du vote de l'assemblée approuvant le renforcement de crédits financiers à l'expédition militaire contre la République romaine, un groupe de députés démocrates-socialistes, sous l’égide d'Alexandre Ledru-Rollin, réclame la mise en accusation du président de la République et du ministère d'Odilon Barrot, à qui ils reprochent de violer l'article 5 du préambule de la constitution selon laquelle la République respecte les nationalités étrangères, comme elle entend faire respecter la sienne ; n'entreprend aucune guerre dans des vues de conquête, et n'emploie jamais ses forces contre la liberté d'aucun peuple. La manifestation républicaine organisée sur les grands boulevards de Paris ayant été dispersée par les troupes du général Changarnier, plusieurs députés républicains se retranchent alors au Conservatoire national des arts et métiers où ils décident de siéger en convention et de constituer un gouvernement provisoire. Au bout de trois quarts d'heure, ils sont néanmoins obligés de prendre la fuite. L'échec de cette journée de manifestation entraîne de nouvelles mesures de répression, qui achèvent de désorganiser l’extrême gauche. Six journaux sont supprimés et, le 19 juin, l'assemblée adopte une loi sur les clubs permettant au gouvernement de suspendre la liberté d'association pour un an. Le 27 juillet, une loi complémentaire sur la presse est votée, instituant de nouveaux délits et réglementant sévèrement le colportage. Enfin, le 9 août, une autre loi autorise le gouvernement à proclamer l’état de siège avec un minimum de formalités. Les responsables républicains impliqués dans la journée du 13 juin sont déférés devant la Haute Cour de justice de Versailles qui siège du 12 octobre au 15 novembre. Sur 67 accusés dont 16 députés, poursuivis pour avoir participé à un complot ayant pour but 1° de détruire ou de changer la forme du gouvernement ; 2° d'exciter à la guerre civile, en armant ou portant les citoyens à s'armer les uns contre les autres, 31 seulement sont présents. Les 16 députés sont déchus de leurs mandats électoraux tandis que Ledru-Rollin et 35 autres accusés absents sont condamnés par contumace à la déportation.

Les premiers voyages présidentiels en province

Louis-Napoléon Bonaparte se tient en retrait durant tout l'été 1849, laissant les hommes du parti de l'Ordre et l'assemblée voter toutes les lois permettant de renforcer l'ordre social. Pour se faire réellement connaître des Français et diffuser ses idées politiques, il inaugure en province des voyages de type présidentiel, profitant notamment du développement du chemin de fer. Soucieux de conforter sa popularité, il parcourt ainsi l'Hexagone, se faisant acclamer par la foule et les soldats. Partout où il se rend, Chartres, Amiens, Angers, Tours, Nantes, Rennes, Saumur, Rouen, Le Havre, il prêche avec des formules simples et directes la concorde et l'union de tous les citoyens, inaugurant ainsi une technique langagière éloignée des harangues rhétoriques utilisées par les représentants de la classe politique traditionnelle. Il écarte, à cette époque, une proposition de Changarnier qui l'assure de son soutien dans un éventuel coup de force contre l'assemblée. La popularité du président est à son zénith, ce qui permet à la presse bonapartiste de commencer à militer pour la prolongation du mandat présidentiel. Durant ses déplacements, il est parfois accompagné discrètement de sa compagne, Miss Howard. Celle-ci fréquente peu le palais de l'Élysée et réside dans un hôtel particulier de la rue du Cirque où elle vit avec Louis-Napoléon et reçoit les familiers du président.
Politiquement, il se démarque un peu plus du parti de l'Ordre et de l'Assemblée, encore une fois à cause de la question romaine. En août, sa lettre de soutien à la liberté italienne contre le rétablissement de l'absolutisme du pouvoir temporel du pape lui accorde le soutien de la gauche et la désapprobation du gouvernement et de la majorité parlementaire. Le 31 octobre 1849, il obtient la démission d'Odilon Barrot puis la formation d'un nouveau gouvernement formé par le général Alphonse Henri, comte d'Hautpoul, un légitimiste vétéran des guerres napoléoniennes. C'est le ministère des Commis, lié au duc de Morny, dans lequel on trouve Ferdinand Barrot, frère d'Odilon Barrot, mais aussi Eugène Rouher. La désignation de Victor Hugo à un poste ministériel est néanmoins écartée, au grand dam de ce dernier, à la suite de son discours incendiaire tenu contre le parti de l'Ordre à l'Assemblée dix jours plus tôt. Sa désignation aurait en effet été perçue comme une provocation par la majorité conservatrice, mais l'ancien pair du royaume tire de sa récusation ministérielle des implications politiques et personnelles lourdes de conséquences pour le président78.

La loi Falloux et la loi électorale du 31 mai 1850

Même si le gouvernement est dévoué à Louis-Napoléon, il n'en reste pas moins que c'est l'assemblée qui vote les lois que le gouvernement doit ensuite appliquer. Profitant de sa position dominante, l'assemblée conservatrice approuve, le 15 mars 1850, par 399 voix contre 237, la loi Falloux sur la liberté de l'enseignement, favorisant de fait l'influence du clergé. N'ayant aucun intérêt à heurter ce dernier ou l'électorat catholique, le président ne songe pas à émettre de réserves. C'est également le cas pour la loi du 31 mai 1850, limitant le suffrage universel masculin. En imposant une résidence de trois ans pour les électeurs et en multipliant les cas de radiation des listes, vagabondage, condamnation pour rébellion ou atteinte à l'ordre public, etc., la nouvelle loi élimine 30 % du corps électoral dont beaucoup sont des artisans et des ouvriers saisonniers. Cependant, même si les éliminés sont en grande partie des électeurs de la tendance démocrate-socialiste, on y trouve aussi des partisans légitimistes ou des napoléoniens, partisans de la démocratie plébiscitaire. Dans un premier temps, Louis-Napoléon laissa faire et même favorisa la manœuvre qui privait l'ennemi commun de moyen d'action légale mais, dans un second temps, il ne tarda pas à s'en désolidariser. Cette compromission avec les membres du parti de l'Ordre ne peut pas beaucoup lui plaire d'autant plus que le suffrage populaire est l'un de ses principes et que la nouvelle loi lui retire ses électeurs. Convaincu de pouvoir remporter une prochaine élection présidentielle avec une majorité considérable, la loi électorale qui vient d'être adoptée par l'Assemblée demeurait à ses yeux temporaires et de toute circonstance dans un contexte où les républicains ne peuvent accéder au pouvoir ni par l'insurrection ni par l'élection »81. Durant sa tournée hexagonale de l'été, Louis-Napoléon constate l'effervescence qui monte dans les provinces. Au cours du voyage présidentiel qu'il effectue dans l'est, il critique l'Assemblée nationale en déclarant Mes amis les plus sincères, les plus dévoués ne sont pas dans les palais, ils sont sous le chaume ; ils ne sont pas sous les lambris dorés, ils sont dans les ateliers et dans les campagnes. À Lyon, dans une ville qui ne lui est pas acquise, il déclare que l'élu de 6 millions de suffrages exécute les volontés du peuple et ne les trahit pas, manière pour lui de désavouer publiquement la nouvelle loi électorale. En septembre 1850, en Normandie, terre acquise et conservatrice, il se pose en mainteneur de l'état des choses existant pourvu que le peuple veuille le laisser au pouvoir, multipliant les allusions à une évolution politique à venir en référence aux vœux exprimés par des conseils généraux sollicités en faveur d'une révision constitutionnelle pour permettre la réélection du président.
Au début de l'automne 1850, le conflit larvé entre le président et l'Assemblée est devenu une guerre ouverte. Durant l'été, l'Assemblée a adopté plusieurs autres lois liberticides, loi du 16 juillet 1850 sur la liberté de la presse, loi du 30 juillet 1850 sur la censure des théâtres. À son retour à Paris, Louis-Napoléon s'attache à organiser ses partisans déclarés, rassemblés notamment au sein de la Société du 10 décembre et de celle du 15 août, et à mettre l'armée de son côté, multipliant les promesses d'avancement et les augmentations de solde.

La Revue de Satory et ses conséquences

Le 10 octobre 1850, lors de la revue de Satory, la cavalerie salue le chef de l'État en clamant Vive Napoléon ! Vive l'Empereur ! à la fureur de Changarnier, qui, depuis 1849, s'est éloigné du président et est passé dans le camp de la majorité parlementaire pour laquelle il est censé représenter le bras armé de la restauration monarchique. Changarnier commet un impair en tentant d'organiser un coup de force, proposant avec plusieurs membres de la commission de permanence de l'Assemblée de faire arrêter le président alors que Thiers propose de mettre en place une dictature pour une période de six mois. De provocations en provocations, Changarnier tente de pousser Louis-Napoléon à la faute. Habilement, ce dernier isole le commandant de la garde nationale de ses plus fidèles lieutenants et annonce son intention de le destituer le 3 janvier 1851, provoquant au passage la démission de plusieurs ministres. Le 10 janvier, le décret de destitution est validé tandis que le gouvernement est remanié. L'affrontement avec les députés menés par Thiers se conclut par le vote d'une motion de défiance envers le cabinet par 415 voix contre 286. Louis-Napoléon ne passe pas outre, résiste aux sollicitations de Persigny d'employer la force et accepte la démission du gouvernement, remplacé par un petit ministère, composé de techniciens et de fonctionnaires, entré dans l'Histoire sous le nom de ministère sans nom. En échange de cette preuve d'apaisement de la part du président, l'Assemblée entérine la destitution de Changarnier. Néanmoins, Louis-Napoléon ressort victorieux de cette confrontation avec l'Assemblée, cette dernière ayant perdu celui qui faisait office de bras armé. Il pense alors pouvoir pousser son avantage et obtenir une modification des règles constitutionnelles qui lui permettrait de briguer un second mandat.

L'affrontement de 1851 La confrontation entre le président et l'Assemblée

Depuis qu’il a été élu au suffrage universel masculin avec 74 % des voix, avec le soutien du Parti de l'Ordre, président des Français en 1848 contre Louis Eugène Cavaignac, Louis-Napoléon Bonaparte s'est retrouvé en confrontation politique perpétuelle avec les députés de l’Assemblée nationale. Ainsi, déjà endetté lors de sa prise de fonction, Louis-Napoléon n'avait cessé de demander l'augmentation de son traitement. D'abord de 600 000 francs, son traitement annuel avait rapidement été doublé à 1,2 million de francs. En 1850, il demande un nouveau doublement à 2,4 millions de francs, et l'Assemblée lui donne finalement 2,16 millions. En 1851, il demande encore une augmentation, cette fois de 1,8 million de francs supplémentaires pour un total de 3,96 millions, que l'Assemblée refuse finalement par 396 voix contre 294.

La tentative de réforme constitutionnelle

La constitution établissant la non-rééligibilité du président, Louis-Napoléon doit légalement quitter le pouvoir en décembre 1852. Comme les élections législatives doivent avoir lieu la même année, l'assemblée vote le principe de tenir les deux élections à la même date, au printemps 1852, soit sept mois avant la fin théorique du mandat présidentiel. Durant l'année 1850, afin de permettre la réélection du président de la République, le gouvernement Hautpoul demande aux préfets de mettre à l'ordre du jour des réunions des conseils généraux des départements l'adoption d'un vœu de révision de la constitution de 1848. Ce faisant, il entre en conflit avec une partie des parlementaires peu favorables à une telle réforme des institutions. Au début de l'année 1851, la classe politique dans son ensemble, à l'exception des républicains, est cependant convertie à l'idée d'une révision constitutionnelle pour supprimer la clause de non-rééligibilité du président de la République, le risque de voir Louis-Napoléon se représenter illégalement et remporter la majorité des suffrages populaires étant réel. Dans sa volonté de réformer la constitution, le président a le soutien d'Odilon Barrot, du comte de Montalembert et d'Alexis de Tocqueville. La première moitié de l’année 1851 est ainsi passée à proposer des réformes de la constitution afin qu’il soit rééligible et que son mandat passe de 4 à 10 ans. Or, à cette demande de révision constitutionnelle, le président ajoute l'abrogation de la loi électorale du 31 mai 1850 qui a supprimé le suffrage universel. Sur ce point, les résistances sont plus nombreuses et exprimées au sein même du parti de l'Élysée91.

Le 11 avril 1851, Louis-Napoléon Bonaparte remplace le ministère sans nom par une nouvelle équipe ouverte aux membres du parti de l'Ordre, à commencer par Léon Faucher, dans le but de rallier le vote conservateur mais c'est un échec, Faucher lui-même restant hostile à l'abrogation d'un texte qu'il avait défendu un an auparavant. À la suite d'une vaste campagne de pétition recueillant 1 456 577 signatures sur l'ensemble du territoire national, avec une prépondérance de signatures en provenance du bassin parisien, de l'Aquitaine et du Nord, le duc de Broglie dépose, le 31 mai 1851, à l'assemblée, une proposition de loi soutenue par 233 députés pour réviser la constitution et ainsi rendre rééligible le président de la République. Louis-Napoléon lui-même ne reste pas inactif et se rend en province où ses discours, en forme de manifeste et d'appel au peuple, provoquent la fureur des conservateurs. Ainsi s'en prend-il, à Dijon, à l'inertie de l'Assemblée législative et se met-il à la disposition de la France. Si les deux tiers des conseils généraux se rallient à sa cause, les orléanistes de Thiers et légitimistes de Changarnier s’allient à la fraction ouverte de gauche Montagne parlementaire pour le contrer.
Le 21 juillet 1851, au bout d'un mois de débat, l’Assemblée se prononce sur la réforme constitutionnelle. Bien qu'obtenant une majorité de 446 voix en sa faveur, dont celle d'Alexis de Tocqueville contre 278 voix opposées, la révision constitutionnelle n'est pas adoptée, faute d'avoir obtenu plus de 3/4 des suffrages des députés, seuil exigé par la constitution. Il manque aux partisans de la révision une centaine de voix, dont celles des orléanistes intransigeants comme Charles de Rémusat et Adolphe Thiers.

La marche vers le coup d'État

Si les rumeurs de coup d'État ont commencé à circuler au début de l'année 1851, c'est à partir de l'échec de la révision constitutionnelle que la certitude d'une épreuve de force, dont l'initiative partirait de l'Élysée, s'impose dans le grand public. Celle-ci est minutieusement préparée à partir du 20 août 1851 à Saint-Cloud. Les initiés sont peu nombreux et regroupés autour du duc de Morny. On y trouve Victor de Persigny, un fidèle de Louis-Napoléon, Eugène Rouher, Émile Fleury, Pierre Carlier, le préfet de police de Paris et le général de Saint-Arnaud.
Conseillé par Morny, Louis-Napoléon entend redemander à l’Assemblée nationale de rétablir le suffrage universel masculin et d'abroger ainsi la loi électorale de 1850. Léon Faucher, qui refuse de soutenir l'initiative présidentielle, démissionne le 12 octobre, suivi des autres ministres du gouvernement. Un nouveau cabinet est formé le 27 octobre comprenant trois représentants de l'Assemblée et le général de Saint-Arnaud, nommé au ministère de la Guerre. Ce dernier rappelle aux militaires leur devoir d’obéissance passive, le 1er novembre 1851, par une circulaire qui demande de veiller au salut de la société. D’autres proches sont placés aux postes clés : le général Magnan est nommé commandant des troupes de Paris ; le préfet de la Haute-Garonne, Maupas, est promu préfet de police de Paris en remplacement de Carlier.
Pendant ce temps, la proposition d'abrogation de la loi électorale est déposée à l'Assemblée le 4 novembre 1851. Elle est rejetée le 12 novembre par 355 voix contre 348, soit seulement par 7 voix de majorité.
Alors que des députés demandent la mise en accusation du président de la République, Thiers et ses amis tentent de réactiver un décret de la Constituante, tombé en désuétude, qui donnait au président de l'Assemblée le droit de requérir directement l'armée sans avoir à en référer au ministre de la guerre. Pour Louis-Napoléon, c'est une déclaration de guerre et un plan d'action est immédiatement mis au point pour mettre l'assemblée en état de siège au cas où une telle loi serait adoptée. La proposition est finalement repoussée par 408 voix, la majorité des républicains, les bonapartistes et de nombreux royalistes contre 338, la majorité des orléanistes et des légitimistes.
Convaincu de la nécessité d’un coup d’État du fait des derniers refus de l’Assemblée, Louis-Napoléon le fixe lui-même pour le 2 décembre, jour anniversaire du sacre de Napoléon Ier en 1804 et de la victoire d’Austerlitz en 1805. L’opération est baptisée Rubicon.

Coup d’État à Paris du 2 décembre 1851

Dans la nuit du 1er au 2 décembre, les troupes de Saint-Arnaud prennent possession de la capitale, occupent les imprimeries, notamment pour empêcher les journaux républicains de paraître, procèdent aux premières arrestations de 78 personnes, parmi lesquelles figurent 16 représentants du peuple dont Thiers mais aussi les chefs de la Montagne et des militaires comme Changarnier qui auraient pu mener une résistance. Vers 6 h 30, des proclamations sont placardées sur les murs de Paris. Se fondant sur la crise politique qu'à son sens subit le pays, Louis-Napoléon dénonce l'Assemblée parlementaire et lui oppose la légitimité qu'il a lui seul reçue du pays tout entier lors de l'élection présidentielle de 1848. Dans son appel au peuple à destination des Français, il annonce une réforme de la constitution sur le modèle du consulat de son oncle de même que son intention de préserver les droits acquis en 1789 tout en faisant respecter l'ordre dans le pays. Une autre des proclamations placardées est destinée à l’armée qu'il salue comme une élite de la nation que les régimes ayant succédé à l'Empire ont traitée en vaincue. Ses décrets imposent également la dissolution de l’Assemblée nationale et le rétablissement du suffrage universel masculin.
Le siège de l'Assemblée étant occupé par la troupe, 220 parlementaires, essentiellement du parti de l'Ordre, se réfugient à la mairie du 10e arrondissement. Se fondant sur l'article 68 de la constitutions qui manifestent sont matraqués par la police.
Le 3 décembre, une vingtaine de parlementaires républicains, comme Victor Schœlcher ou Victor Hugo, tentent de soulever les quartiers populaires de Paris sans grand succès. Quelque 70 barricades sont finalement érigées dans le faubourg Saint-Antoine et les quartiers du centre. Sur l'une d'elles, le député Alphonse Baudin est tué par des tirs de soldats. Au soir du 3 décembre, le nombre d'insurgés ne dépasse guère 1 000 ou 1 500 hommes, pour la plupart aguerris depuis 1848 aux barricades.
Dans la nuit du 4 décembre, environ 30 000 soldats sont déployés dans les zones tenues par les insurgés parisiens, principalement l'espace compris entre les grands boulevards et la Seine ainsi qu’au jardin du Luxembourg et à la montagne Sainte-Geneviève.
La journée du 4 décembre est marquée par la fusillade des grands boulevards où les soldats de la division Canrobert se sont rassemblés et côtoient une foule où se mêlent curieux et manifestants qui pour certains prennent à partie la troupe en exclamant Vive la Constitution ! Vive l'Assemblée nationale !. Profondément énervés par cette attitude hostile ou goguenarde, les soldats de la division Canrobert, sans en avoir reçu l'ordre et au prétexte de tirs isolés s'affolent, ouvrent le feu avant de faire usage d'un canon, perpétrant une effroyable fusillade du boulevard de Bonne-Nouvelle au boulevard des Italiens avant que des maisons ne soient fouillées à la baïonnette. Le carnage fait entre 100 et 300 morts et des centaines de blessés.
Au soir du 4 décembre, la plupart des insurgés ont été écrasés105. Le bilan de ces journées parisiennes est de 300 à 400 personnes tuées, aux 2/3 des ouvriers, auxquels s'ajoutent 26 tués et 184 blessés parmi les soldats. Le nombre de victimes reste néanmoins très éloigné des 5 000 morts des journées de juin 1848. Le Moniteur ancêtre du Journal officiel reconnaît plus tard le chiffre de 380 tués, la plupart sur les boulevards.
Dans son ensemble, le monde du travail est resté passif et ne s'est pas mêlé au combat, laissant se dérouler le règlement de comptes entre le président et l'Assemblée. Pour Marx lui-même, la dictature de l'Assemblée nationale était imminente, sa majorité comme sa minorité n'ayant d'ailleurs montré que peu de respect de la constitution et ne songeant qu'au coup de force et à l'insurrection. Paris est désormais sous contrôle militaire, en dépit de quelques mouvements sporadiques. Le 11 décembre, Victor Hugo s'exile à Bruxelles.

Les réactions en province

En province, la nouvelle du coup d’État se diffuse progressivement. À l'instar de Paris, les grandes villes réagissent faiblement121. Des manifestations sont dispersées par l'armée à Marseille, Lille, Bordeaux, Toulouse, Strasbourg ou Dijon. Quelques conseils municipaux, en application de l'article 68 de la constitution, proclament la déchéance de Louis-Napoléon Bonaparte.
Un mouvement de résistance se développe dans les petites villes et les campagnes du sud-est et de la vallée du Rhône, ainsi que dans quelques départements du Centre. C'est dans le département des Basses-Alpes qu'a lieu la seule véritable action d'envergure où un Comité départemental de résistance administre la préfecture du 7 au 10 décembre 1851, avant que l'armée et les forces de l'ordre ne viennent à bout de ces résistances.

Lire la suite -> http://www.loree-des-reves.com/module ... hp?topic_id=2180&forum=24


Posté le : 18/04/2014 18:01
Transférer la contribution vers d'autres applications Transférer



 Haut   Précédent   Suivant




[Recherche avancée]


Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

Connexion
Identifiant :

Mot de passe :

Se souvenir de moi



Mot de passe perdu ?

Inscrivez-vous !
Partenaires
Sont en ligne
33 Personne(s) en ligne (22 Personne(s) connectée(s) sur Les Forums)

Utilisateur(s): 0
Invité(s): 33

Plus ...