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Nouvelles confirmées : L'arrivant XXXIV
Publié par Loriane le 21-09-2012 21:10:00 ( 1335 lectures ) Articles du même auteur
Nouvelles confirmées



Il y eut un long silence, je ne savais pas si je devais répondre, JF connaissait visiblement la même hésitation et me regardait.
Les trois petits, craignant une réaction de colère de la part de leur père, ne réagissaient pas. Mathias et Clotilde, les grands mères, tout le monde renâclait à parler.
Devant l'air ébahi de nos amis, JF et moi commençâmes notre phrase en même temps, nous nous arrêtâmes tous les deux, nous reprîmes ensemble. Nous avions, c'est certain, du mal à accorder nos violons, mais en définitive je me tus tout à fait, laissant l'initiative de la prise de parole à JF
"C'est une sacrée histoire, un chien s'est invité à la maison, on peut pas le garder, on l'a donné plusieurs fois et il revenait toujours, mais le problème est réglé, il est maintenant à Moorea, et c'est fini, il risque pas de revenir, mais Rodolphe a du mal à le comprendre"
"Si, si, si, si, papa il va reveniiiiiir "
Rodolphe avait crié, sa voix était monté dans les aiguës et les derniers mots qui s'étaient déformés finir par des sanglots.
Je le pris sur mes genoux et la conversation sur le " Gaston le tupapa'u " s'enflamma très vite, tout le monde parlait en même temps, durant tout le temps où l'habituelle passion des croyances se manifesta, je n'intervins pas, le mysticisme et les superstitions n'étaient pas mon domaine.
"Mais si il revient quand même...."
"Je te coupe, non ! il ne reviendra plus ! ce n'est pas possible! et c'est tout, si il revient d'où il est, alors là, je me les coupe !!!"
"Tu te coupes quoi papa ?"
"..."
"Les cheveux, Nathalie, les cheveux, papa se couperait les cheveux"
"De toute façon on parle pour rien dire, ce chien est a Moorea, et il ne traversera pas les dix huit Kilomètres de mer à la nage, le problème est définitivement clos"
Le ton incisif de JF dans cette dernière réponse, réponse qu'il avait prononcé en détachant et en martelant chaque mots, n’appelait aucun réponse, cela voulait être le point d'orgue du débat, je le voyais ferme, rasséréné, il était satisfait de cette conclusion.
Contenté par sa victoire, il se montra magnanime, il vint consoler Rodolphe, plein de compréhension, il ne montrait maintenant plus d'agacement et plus aucune aigreur, le chien était parti, point final !
"Ne pleure pas Rodolphe, tu sais tu auras d'autres chiens, il y en a plein, et puis tu as Marcel, tu l'aimes bien Marcel, hein ?"
Rodolphe repoussa la main de son père dans ses cheveux.
Cette ambiance délétère m'agaçai prodigieusement, j'étais plus que jamais désireuse de faire une fin et je me levai, alors tous les enfants me suivirent comme un seul homme.
Le ciel était encombré de nuages, ceci était rare à cette saison mais le phénomène serait passager et ne gâcherait pas notre balade.
Vaiatea en soulevant lourdement son gros ventre vint vers moi pour m'offrir les clés du pick-up.
"On a pas besoin, et si tu veux te le garrrrder aussi demain, aita pea pea "
"Merci vous êtes de anges, les garçons viennent avec nous ?"
" Non, ils peuvent pas, ils parrrrtent sur le motu avec la pirrrrogue, mais vous allez les trrrouver à Parrrrea, tu sais c'est au bout de la rrroute"
Je la regardais affectueusement, tant de gentillesse donnait son goût à la vie.
Nous prîmes congé avec de gros baisers, j'étais si ravie de cette escapade dans cet univers de verdure généreuse, dans cette île qui avait eu un passé glorieux et qui contenait rien de plus qu'environ deux cent quatre vingt lieux archéologiques.
Autant dire que c'était pour moi le paradis, car je n'étais pas de celles qui en un lieu de villégiature, comptent les hôtels mais plutôt les vestiges du passé, et de l'art.
Ces deux axes d'intérêt provoquaient chez moi un fort attrait et de puissantes émotions. Mais comme je l'avais déjà constaté mes goûts, malheureusement n'étaient pas partagés par tous.
Pour ce jour nous partions avec bonheur et j'allais d'un bon pas "déguster" Huahiné.
A Huahiné comme à Tahiti et dans toutes les îles, le choix du trajet n'existait pas car une seule route faisait le tour de l'île. Une fois décidé le sens de la rotation de la promenade tout était dit.
Je me hissais sur la plateforme du pick-up pour rejoindre les enfants qui étaient déjà assis, les grands-mères s'installèrent dans la cabine avec JF qui prit le volant.
Huahiné comme Tahiti était divisé en deux, Huahiné "nui", qui signifie "grande", et nous traverserons le pont pour joindre huahiné "iti", qui signifie "petite".
Nous nous trouvions sur Huahiné nui, et avant tout, nous devions passer à Fare, la "capitale", où se trouvaient les seuls magasins de l'île, car nous devions acheter quelques provisions pour le repas de midi.
Dans le magasin, je fus rejointe par les enfants et les mamys qui cherchaient dans les rayons.
"Mais il n'y a rien !! il faudrait un peu de jambon ou de saucisson, c'est vide !!"
Marthe désemparée devant les tas de lames, d'hameçons, de filet, de pagaie, de bottes, de pareo, de bonites tranchées, les immenses sacs de riz et les tarots s'inquiétait.
"Où est le vendeur , en plus il y a personne !!"
Le magasin était vide de marchandises et vide de vendeur.
Je présumais que celui-ci était en train de décharger sa livraison venue par bateau, et il est vrai que si quelqu'un dans l'île avait un achat à faire il n'avait nul besoin du commerçant pour se servir et et nul besoin de lui pour payer.
Dans la rue une énorme tahitienne venait vers nous, à tout petits, petits pas, si lentement et sans presque bouger, si bien qu'on aurait put croire qu'elle roulait. Je lui souris.
" Bonjour, tu as de la charcuterie ? des gâteaux ? du pain ?"
" Ia orana, non, 'y'a rrrien du tout, 'ya une rrrupturrre d'apprrrovisoinement pourrr prrresque tout"
"Tu as des boites punu puatoro ?"
"C'est au fond, et pourrr les petits, y'a des chichis et des crrrèpes"
Et voilà tout allait bien, je pris quatre boites de Corned-beef et deux sacs de gâteaux en miettes.
Marthe et Marie-Claire me regardaient stupéfaites.
" il faut aller dans un autre magasin, tout de suite"
"il n'y a que celui là et nous avons ce qu'il faut ne vous inquiétez pas"
"mais c'est pas possible, on est pas dans le désert, c'est pire ... sauvages... incroyable ... civilisés ...gr ...gr "
Je les entendis grommeler et s'inquiéter mais je laissai JF les rassurer pendant qu'il conduirait.
Nous tournions vers le nord de l'île, le lagon sur notre gauche, le lac Faunu nui à droite, il n'y avait assez peu de maisons dans cet endroit, mais les cultures étaient nombreuses.
Les enfants s'étaient mis à chanter et nos voix unies couvraient le bruit du moteur, dans la vitre qui nous séparait de la cabine je vis Marthe et Marie-Claire qui s'étaient retournées vers nous et qui riaient de notre chorale de pleine air.
Le lac était maintenant derrière nous et au bout de plusieurs kilomètres JF s'engagea dans une petite route qui grimpait sur le mont Mata’ire’a.
Je reconnus très vite cette route et j'étais heureuse car il se trouvait au bout de ce mont un marae fameux, le "Mata’ire’a rahi" qui était un des marae fondateur de l'île, Il faisait partie des quatre plus grands sites archéologiques de Polynésie, il était dédié au dieu Tane, et il avait été longtemps le lieu de culte de dix districts importants des maoris, il était composait de la plateforme de pierre commune à tous les marae et aussi d'une maison sacrée construite sur des piliers et où des hommes autrefois gardaient, jours et nuits les statues des divinités.
Ce lieu avait une histoire vénérable et passionnante que je connaissais bien, mais uniquement de façon livresque et j'étais en appétit de le découvrir physiquement.
Lorsque la route devint trop inconfortable JF arrêta la voiture et nous continuâmes à pied.
La forêt était dense, Marthe et Marie-Claire étaient parties devant, je suivais difficilement le groupe, je m'arrêtais trop souvent.
Mais je plaidais toujours, non coupable, ce sont toujours les roches, les arbres, les racines, les plantes, les fleurs ... qui m'appelaient et je ne cessais de m'excuser auprès de tous.
Enfin, Clotilde et Florent vinrent musarder avec moi, et bientôt ce fut Nicolas qui nous rejoignit.
J'étais satisfaite de le voir s'intéresser un peu à ce qui nous entourait mais je compris vite qu'en fait la vraie raison de ses ralentissements étaient son manque d'envie de marcher.
Nous avions pris la direction du marae dont les pancartes nous indiquaient la direction, mais il était anormal que nous ne fussions pas arrivés. Nous marchions sans que je le vois venir.
Arrivés au sommet du mont, il était clair que nous n'avions pas pris le bon chemin, et malgré tout je savais que nous avions bien suivi les panneaux.
Nous étions maintenant arrivés de l'autre côté de la colline, et sous nos yeux s'étalait, Huahiné iti, les monts et les champs.
Sur la pente, s'étendait tout au long du versant une foule de cocotiers serrés les uns contre les autres, ils étaient tous penchés vers la baie Maroe qui séparait les deux parties de l'ile.
Le spectacle me fit rire. Ils avaient l'air de personnages échevelés penchés vers la pente, regardant tous curieusement vers les flots, leur tignasse de palmes toutes coiffées dans le sens du vent.
"l faut commencer à retourner à la voiture, on va pique-niquer vers la baie d'Autea, vers Haapu ?
"Mais c'est pas possible que nous n'ayons pas vu ce marae !"
" C'est trop tard pour faire demi-tour, on en verra d'autres"
Ma déception était réellement forte, j'avais envie de découvrir ce que j'avais lu, mais le ciel me distrait de ma peine en déversant sur nous une averse violente, des gouttes mégas, grosses. Je tournai sur moi-même, balayant du regard les alentours et je vis le havre désiré.
"Venez vite, par ici, vite"
Je hurlai à tous de courir, je venais de voir un immense banian, grand et large comme un immeuble de plusieurs étages. Au milieu de sa forêt de racine, le tronc était creusé et nous abrita tous généreusement.
Le bruit de la pluie était si fort que sous notre toit végétal, nous restâmes silencieux à écouter les eaux tomber du ciel.
Cette ouverture imprévue, si prompte du nuage cessa aussi soudainement qu'elle avait commençait.
Marthe et Marie-Claire s'étonnait qu'avec ce temps incertain je n'avais pas pris de parapluie.
Mais de parapluie je crois bien que je n'en avais pas emporté et il ne nous aurait été de peu de secours.
En remontant dans la voiture, je repensai à ce Marae.
Nous continuâmes notre route, dans la verdure et la beauté, le soleil brillait dans le ciel coquin, ravi de sa bonne plaisanterie.
Le spectacle sous nos yeux était éblouissant.
Nous nous arrêtâmes, sous un manguier, pour faire une cueillette alimentaire, plus loin un arbre à pain nous donna un gros uru, puis ensuite un mape nous offrit quelques noix, nous ramassâmes un corossol et plus loin quelques caramboles, une grosse papaye et des goyaves, un avocatier nous donna plusieurs fruits ...
"stop, stop les enfants !! c'est trop, ça va, on fait pas les courses !!"
Nous étions abrités sous les immenses arbres, un reste de feu ancien nous servit de barbecue, JF alluma le feu dans lequel je plaçais le uru, que je tournais régulièrement avec les lames incontournables qui se trouvaient dans toutes voitures polynésiennes.
Pendant la cuisson les enfants nageaient dans l'eau claire.
Assise sur la plage si blanche qu'elle m'aveuglait, je regardais l'incroyable variété des couleurs du lagon.
Eblouie de bleu, de vert, d'émeraude et de Turquoise, je m'allongeais sur la plage douce, Rodolphe était venu s'asseoir contre moi, sa petite tête sur ma poitrine, à l'ombre des immenses Aïtos et des Auteta'a ma'ohi (ce grand badamier polynésien), qui dominaient les Kahaia-Tafano du bord de plage.
Clotilde ruisselante sortait de l'eau, elle me sourit tendrement et me fit un doux baiser tout mouillé avec de s’asseoir près de nous.
"Tu es triste pour le marae ma petite maman ?"
"Oui, ma titoune, je suis très déçue, pourquoi tu me demandes ça ?"
"C'est Marthe et Marie-Claire qui ont changé les pancartes de sens, elles disent que ça les intéressent pas tes sites historiques".

Loriane Lydia maleville

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
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