Ça c’est un coup de langue, langue de chien vaut mieux que langue de vipère même au point, tiens ! Je me décapote, je me pulvérise, je m’expulse le couvercle avant de tirer ma révérence au lieu de : A boulet rouge, sur tout ce qui bouge. ça sent la bouse où que je me trouve, je pousse mon fameux cri de révolte à faire sursauter une fourmi sourde et aveugle qui aurait égaré sa colonie, ben quoi ? c’est possible ! quand les segments tombent, peu à peu la reconnaissance aussi. C’est là que fourmi dé-segmentée se retrouve désemparée dans un univers qui fourmille d’individus improbables, une fourmi sans segments et sans but. Fourmi rouge ? me diras-tu. Même pas ! et là je retourne compter mes fourmis au lieu de moutons que l’on saute bêlement, c’est plus précis et requière grande attention. Crotte, elle à disparu ! évidemment une fourmi sans repères ne pouvait terminer que de cette façon, écrasée comme une minuscule merde, sous mon talon. Maintenant je me dois d’honorer et de pleurer sa mémoire. Voilà où ça mène de pousser un cri même justifié, on relâche un instant notre vigilance tout concentré qu’on est sur l’un temps cité et la force de notre cri, et voilà ! quel résultat pour tant d’ardeur ? une fourmi dé-segmentée meure ! c’est à vous décourager de tenter de percer une trouée dans l’air épais de l’hémisphère sociétaire par un son guttural venu du fond des entrailles démon humanité. Le fond des âges, gronde son mépris, emprunte mon souffle au travers de ma gorge serrée d’émotion, désorientée que je suis. Pendant ce temps, une petite vie s’est éteinte sous mon talon, sans faire de bruit. Personne ne s’en rendra compte, ce n’était qu’une de plus, dé-segmentée de surcroit, ce n’était rien, juste une toute petite fourmi. Ouais ça ne s’arrange pas son cas à la pauvre fille, je me demande si elle ne ferait pas mieux de remettre son couvercle. Et le temps me diras-tu dans tout ça ? sec et ensoleillé !
C’est le printemps après tout il est là pour ça. Renaissance et peau neuve…pas pour tout le monde on dirait. Je pèle comme une vieille table laissée trop longtemps dehors, dont la peinture s’écaille comme une sole sur le dos, jouant au fond d’une poêle le requiem en sol majeur pour…qui grillera de partout. Gounod à bon dos, ce qui est le plus souvent majeur se termine sur le sol… Bon où en étais-je ? ah oui ! je grésille de partout ! Et je craque, comme les brindilles transportées par ma défunte fourmi (encore elle) qui n’a jamais retrouvé sa colonie. Mais le printemps se moque, continue de me narguer avec ses pousses vertes, ses bourgeons…qui bourgeonnent (ici, pas de réclamations) ben sauf que les deux seuls qui me restent sont à la fin de leur apogée et finiront eux aussi par me laisser tomber ! tant que je ne me les prends pas sur les pieds. Soleil au zénith ? je suis mangée aux mites, ravalant tout ce que je peux habile comme une illusionniste qui scierait une femme en deux. Ouah, le monstre n’en finit pas de me narguer avec ses boutons de jeunesses qu’il fait défiler à peines couvertes, dès que de ses rayons il darde le bitume entrainant dans son sillon lumineux tant de promesses. Je me rends compte que des miennes il ne reste rien je ne les ai pas tenu ! La nature se renouvelle à chaque fois on pourrait croire que c’est pareil et ça l’est…bien que différent à la fois. Toujours des bourgeons, semblables…jamais les mêmes, toujours des pousses vertes et des rayons ardents qui zèbrent le ciel d’une partition infiniment complexe avec une empreinte de ressenti, de déjà vu… pourtant si différente à chaque fois…immuable et perpétrée inlassablement contre vent et marées… Chaque printemps annonce un été suivi d’un automne qui glisse vers l’hiver et le cycle se poursuit avec ou sans nous… J’en ai les dents qui s’entrechoquent ! Mon hiver approche et me glace le sang. Ah mais non, j’ai le derrière gelé car assise par terre sans bouger, juste du bout des doigts, je ne me suis rendu compte de rien, ouf je n’en suis pas encore au dentier ! Ce sont bien mes dents qui ont claqué. Me voilà pour l’heure tout à fait rassurée, je vais aborder ce printemps comme une vieille connaissance, me le mettre dans la poche et en profiter…comme je peux. Me relever de terre comme un oignon déjà piqué, lui sort de terre, moi je m’y refuse d’y entrer ! Bon disais-je je me relève même si celle-ci est assurée, il fait froid par terre et je suis frigorifiée. Piquée, je le suis ! au vif. Qui pêche le temps veloute sa vie, n’oublions pas de mordre dans ce fruit si parfait avant qu’il ne pourrisse sous nos yeux effarés et que la rosée matinale ne détrempe ses feuilles déshydratées rendues si fines que la lumière n’ayant aucun mal à les traverser, se tamise au passage pour un rendu nouveau.
Ce qui m’amène au fameux : un prêté pour deux rendus (pas l’âme)…pas tout de suite, le prêtre non plus, plutôt la camisole et de force s’il vous plait, sinon il n’y aurait aucune satisfaction à y entrer. Et c’est sur cette édifiante déclaration que je vais clore cette élucubration qui aurait pu être champignonnesque, mais qui …ne l’est pas. J’étais consciente Monsieur le juge ! tout du long…enfin je crois. Je ne suis sûr de rien, vu que rien n’est moins sûr…ce qui est sûr c’est que ce n’est pas moins que rien, c’est certain. Bien je vais aller me dégeler les branches et boire ma camomille frelatée car je me demande ce que je trafique encore. C’est bien moi ça ! je ne sais même plus où je comptais aller. C Gordolon
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