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Nouvelles confirmées : L'arrivant XXXIX
Publié par Loriane le 02-10-2012 21:50:00 ( 1090 lectures ) Articles du même auteur
Nouvelles confirmées



Le bateau avait cessé sa danse et glissait maintenant sur le lagon.
Marthe et Marie-Claire réapparurent, elles avaient, tout comme la veille, le visage bouffi.
Les passagers se levaient, tous s'appuyaient au bastingage pour assister au spectacle d'enchantement.
Le nom de perle du pacifique, n'était pas usurpé.
Non ! la beauté de cette île n'est pas un mythe, nous naviguions en pleine merveille, sur un étroit chenal bleu sombre, entouré d'un lagon translucide vert-émeraude et peu profond, fermé du récif de corail, aussi large que l'anneau des atolls de Tuamotus, en certains endroits.
Face à nous le mont Pahia immortalisé par les cartes postales, à ses pieds la côte de l'île même, avec ses toits de fare et le port principal de Vaitape.
Autour de nous enserrant ce miracle naturel, la longue bande récifale parsemée de ces motus, royaumes des grandes chaines hôtelières et de leur chapelet de fare-bungalows, à fond de verre qui donnent l'illusion de vivre avec les habitants du lagon.
Il y a deux mille ans les premiers migrants venus du nord des Tonga nommèrent leur nouvelle terre Vavau (comme leurs îles d'origine), elle devint ensuite Mai te Pora (crée par les dieux), puis Pora Pora (la première née) que l'oreille des occidentaux transforma en Bora Bora, elle est comme le dit son nom la plus ancienne de îles de la société et son évolution géologique la situe à notre ère, entre l'île volcanique haute genre Tahiti et l'atoll, genre Maupiti.
L'île centrale s'enfonce dans le plancher maritime et laissera in fine un lagon qui la submergera.
Mais dans ce moment, la matinée avançait et la sublime luminosité du soleil levant avait lustré la belle Bora-Bora, la lumière de l'astre avait maquillé le décor de couleurs sublimes, sous les yeux médusés du visiteur s'offrait avec l'intensité des teintes, la ronde des excellences : la végétation d'un vert brillant, l'océan bleu indigo, les transparences émeraude du lagon entouré de l'éclat blanc du sable corallien des longues plages.
Nous laissions derrière nous le motu Tevairoa, suivi de ses voisins le motu Tapu et motu Toopua.
Marthe et Marie-Claire avait la bouche ouverte comme médusées, je m'approchais d'elles.|
"C'est beau, n'est-ce pas ?"
" Mon dieu, c'est sidérant, je ne m'attendais pas à ça, c'est bien plus beau que ce que je croyais, mais vous vous devez être habituée"
" Ah non, pas du tout, je suis toujours aussi éblouie, sidérée, je suis encore ébahie et je ne m'habitue pas, je ne suis pas blasée du tout ... et d'ailleurs il y a deux choses auxquelles je ne m'habitue pas , c'est la bêtise et la beauté qui vous me direz, n'ont rien à voir l'une avec l'autre "
Marie-Claire rit mais ne quitta pas des yeux l'approche de l'île.
"C'est petit ! , c'est plus petit que Huahiné ?"
" Oui, Bora ne fait que huit kilomètres sur cinq et pourtant cette île a rivalisé fortement avec Raiatea dont le clan royal revendiquait le pouvoir religieux, les marae ..."
Je vis Marthe s'éloigner pour ramasser son sac.
Je notais, bon ! c'est clair je les agace avec mes explications.
Le quai approchait, la foule était serrée et néanmoins je distinguai Rosina et Jimmy qui nous attendaient, ils étaient venus seuls.
La passerelle à peine installée, celle-ci fut immédiatement encombrée.
Rodolphe courait devant nous et s'amusa à descendre en sautillant, il sauta à pieds joints sur le sol ferme. Il avait l'air bien réveillé et ravi d'être arrivé.
Rosina vint vers lui et lui passa une couronne autour du cou. Il ne l'avait pas vu depuis plusieurs mois mais ne se montra pas effrayé, il fit une distribution de bisous sans problème, sans être sollicité.
Les trois petits et les deux grands leurs couronnes d'accueil autour du cou montèrent joyeux dans le pick up.
"Ils ont tous la même voiture dans les îles"
Lança Marthe acide, en montant s'asseoir dans la cabine.
Rosina et jimmy abordait la quarantaine avec une forme de feu, ils étaient remplis de projets, pour l'heure ils agrandissaient et aménageaient leur maison pour recevoir des touristes.
Le tourisme et la pêche étaient les deux axes nourriciers de l'île.
La voiture roulait et nous tendions tous avec gourmandise, notre visage au soleil et aux alizés.
Nous laissions derrière nous la maison du cousin de Jimmy.
Quelques années plus tôt nous avions été conviés, dans cette maison, à une cérémonie de mariage Tahitien, et je me remémorais avec plaisir la journée de fête passée là et qui s'était déroulée dans un jardin digne du "jardin d'Eden", et depuis, à chaque passage à cet endroit, nous revivions ce souvenir heureux .
Nous descendions vers la baie de Povaie, nous longions le lagon sur notre droite, après quelques virages nous retrouvâmes le vieux cimetière de bateaux échoués qui rouillaient là et qui surprenaient dans ce lieu de résidence hôtelière de luxe en pleine expansion.
Assis sur la plateforme, nous regardions la route parcourue filer derrière nous, je reconnaissais chaque pouce de terrain, chaque virage, chaque arbre ou fare.
Lina et Dory les filles de Rosina et Jimmy nous attendaient assises au pied du buisson d'hibiscus devant la maison.
"Nanaaa Ia orana !"
Elles avaient comme leurs parents opté pour des prénoms, qui n'étaient pas ceux de leurs baptêmes, mais de culture et de sonorité américaine.
Les habitants de Bora quoique profondément Français avaient conservé une attirance pour toutes évocations de ce grand voisin avec qui ils avaient vécus pendant les années de guerres.
La maison se trouvait, à droite de la route, derrière son jardin, en face de l'autre côté, à gauche il suffisait de faire une dizaine de pas pour entrer dans l'eau et monter sur la pirogue de la famille, attachée là.
Lorsque nous entrâmes dans le très grand séjour qui occupait tout l'avant de la maison, je découvris tous nos enfants assis dans la longue banquette et les yeux fixés sur la télé.
La pièce était très grande, elle était entourée de peu de mur mais de grandes baies vitrées, les plantes qui grandissaient devant celles-ci tamisaient, seules, la lumière et faisaient office de rideaux.
La partie de droite était occupée par la cuisine, dans le style cuisine américaine.
Quatre grandes chambres avec leurs salles de bain particulières venaient d'être terminées à l'arrière.
"Qui vient avec moi à la pêche ? il faut manger ce soir !"
"Moi... Moi... Moi ... "
Les grands, les petits, tous étaient déjà dehors et se précipitaient vers la pirogue.
Les enfants et les hommes partis à la pêche nous restâmes entre femmes et nos bavardages, nous firent perdre la notion du temps, Marthe et Marie-Claire nous écoutaient puis voyant leurs premiers bâillements d'ennui nous décidâmes une longue promenade à pieds dans la montagne derrière la maison.
A notre retour les hommes revenaient de la pêche.
Les poissons furent vidés et préparés dans les chants et les éclats de rire, ils furent ensuite grillés sous les cocotiers, Jimmy dirigeait les opérations.
" Les enfants, ouh! ouh ! les poussins, s'il vous plaît, allez aider les garçons à mettre la table"
Autour de la longue table, l'appétit était bon et le plaisir évident.
Après les poissons vinrent les légumes, Nicolas me regarda avec un air malheureux à faire pleurer.
"J'en veux pas, j'aime pas les champignons"
"Nico, tu connais la règle, quand c'est dans l'assiette c'est que c'est bon pour ton corps, alors on dit merci, et comme dans la vie on ne peut pas toujours choisir, on en mange moins mais on en mange un peu, allez mange un tout petit peu bonhomme, fais un effort "
Je vis mon petit, courageux et déterminé avaler trois morceaux de champignons et abandonner son assiette."
Bon ! ok ! c'est bien, tu as fait un effort "
Jimmy avait découpé la grosse pastèque et en déposa une tranche dans chaque assiette.
Ce fut alors le tour de Nathalie de râler:
"J'aime pas ça !"
"Nat, même réponse qu'à ton frère, tu fais un petit effort s'il te plaît "
Le brouhaha général avait continué, mais l'éternuement de Florent secoua le bout de la table.
Ce petit cataclysme me fit quitter la table un instant, et précipitamment, en quête d'un mouchoir resté dans le sac.
Depuis ma chambre j'entendis des cris, affolée je revins au pas de course pour trouver la tablée sans dessus dessous, Nathalie pleurait à très chaudes larmes en laissant bruyamment échapper ses sanglots, à ses côtés Marthe protectrice, la serrait contre elle et hurlait comme une possédée.
" ... fait chier cette salope, dis lui merde, cette salope, connasse, elle nous emmerde ..;"
C'était effroyable, nos amis me regardaient inquiets, je ne comprenais pas ce drame soudain;
" Cette connasse, elle a pas à te forcer, te laisse pas faire, quand tu seras grande tu la laisseras tomber, t'iras jamais la voir, elle restera toute seule et elle en crèvera ..."
Et Marthe là-dessus se leva et partit dans sa chambre, Marie-Claire honteuse, éclata en sanglots, JF me suppliait de rester calme, les enfants m'entouraient de leurs bras.
"Pleure pas maman, pleure pas, je t'aime, oui on t'aime ..."
C'est moi qui était l'objet de cette folie, l'objet de cette haine démesurée, je restai pétrifiée, mortifiée, je m'excusai auprès de mes amis, je balbutiai, Je m'écroulai sur ma chaise, honteuse, malheureuse, j'entourais les enfants de mes bras, Nathalie restait à l'écart, je ne pleurais pas, je ne pouvais pas, je ne comprenais pas. J'étais en sidération.
Rosina, Jimmy, les filles, les cousins présents, tous me regardaient ahuris au plus haut point.
Notre paradis vivait un drame, nous étions tous choqués, tous malheureux.

Loriane Lydia Maleville

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
Bacchus
Posté le: 02-10-2012 22:27  Mis à jour: 02-10-2012 22:27
Modérateur
Inscrit le: 03-05-2012
De: Corse
Contributions: 1186
 Re: L'arrivant XXXIX
Nom de Zeus ! cet interlude infernal dans un coin de paradis me fiche en boule !
Pas supportable, la Marthe. Y 'en a de partout, de ces trouble-fêtes jamais contents.
Te laisse pas démoraliser, Lauriane ! continue sans t'occuper d'elle !
Loriane
Posté le: 02-10-2012 22:58  Mis à jour: 03-10-2012 09:17
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: L'arrivant XXXIX
Si je te dis que tout est vrai ?
Et que cette personne dérangée est à l'origine de l'explosion de la famille ?
Il y a des personnes toxiques qu'il ne faut pas espérer amender, ce genre de tatie Danièle puissance 10 sont des personnes destructrices qu'il faut fuir autant que possible.
Merci de ton passage
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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