L’enfer des insomnies.








Ce soir,
Ou plutôt ce matin
J’ai une envie fol de mourir à force de mourir à petit feu ;

Le cendrier déborde ;
Je ne suis que fumée et alcool ;
J’ai l’estomac bourré de tranquillisants, de somnifères,

Je n’en peux plus alors j’écris…
La télévision est allumée… Opéra dramatique…
Alors je pense à Mozart, à sa folie créatrice…

Ça y est, le décor est planté…

Depuis ma semi- léthargie, je vois une église d’après mon agonie…
Il y a dedans deux trois amis, un père, une mère, deux sœurs et ma Psy…

Enfermé entre six bouts de planche moisis cloués à la hâte les uns aux autres, je me sens comme délivré, comme si j’avais pris ma revanche sur ma vie.
D’ailleurs, l’auditoire peut m’entendre sourdement jubiler ceci :
« Ne vous inquiétez pas ! Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes paradisiaques… Ne souffrez pas mes chers amis, j’ai vu la Vierge et elle est plus belle que toutes femmes réunies de votre monde… Y’a plein d’angelots nus, de cigarettes inoffensives de liqueurs délicieuses qui n’iront pas gâter mon foie… D’ailleurs je n’ai plus de corps… Les radios pulmonaires qui m’effrayaient tant sont surannées… J’ai trouvé l’Âme Sœur, Celle qui m’attendait vainement dans ses tourments sur votre pauvre planète pourrie… »

Et puis les fantômes reviennent soudainement pour bloquer l’Envolée Lyrique, pour me mal réincarner ; décidément on revient toujours à son corps vicié semé d’anomalies, refuge de l’éternelle bactérie. Ce corps que je refuse d’écrire avec un grand C n’est là que pour salir l’Âme, la faire apparaître au second plan aux yeux de ce monde détestable…

Alors demain sera comme aujourd’hui…
Avec une crevasse en plus, avec des lambeaux de santé qui s’en vont un à un…

J’ai le don d’anticiper les catastrophes…
L’agonie n’échappera pas à la règle…
C’est pourquoi je partirai avant, de mes propres mains…

J’irai rejoindre les anges car l’enfer ne m’effraie pas…
Savez-vous que les erreurs génétiques, les histoires personnelles ravagées et le cercle vicieux inéluctable qui s’ensuit méritent un retour, la Réparation entreprise par ce Dieu au moment de la Pesée car il est évident que ce Dieu n’est pas tout-puissant, qu’il est injuste et souvent « incompétent » dans sa besogne, dans sa capacité à créer…

Oui vraiment je ne peux que me convaincre fermement de rejoindre les rus miellés, les coïts coutumiers, le Jardin aux mille couleurs chatoyantes…

J’ai tant payé ici-bas…

Les curetons qui te diront que le suicide est un péché mortel méconnaissent totalement les maladies mentales et ne sont sans doute pas schizophrènes ou maniaco-dépressifs…
Ils ignorent la folie, la tectonique en plein cerveau, les plissements, les fracturations encéphaliques…
Alors qu’ils se taisent…

Et moi qui attends demain pour aller acheter ma dose de nicotine et mes breuvages d’oubli…