Il nous faut










Il nous faut cueillir les roses que la vie fait éclore à l’heure heureuse d’un printemps assis dans nos têtes désoragisées.

Il nous faut embrasser tendrement le front des océans d’un regard mayolien, lumineux, déridé, qui laisserait deviner l’abandon total dans la jeunesse éternelle des flots.

Il nous faut savourer comme un fruit la vue enchanteresse d’une jeune fille toute neuve en oubliant qu’elle ne sera jamais nôtre.

Il nous faut demeurer en extase devant le vol limpide d’une colombe au-dessus d’un pavillon blanc hissé au mât de la Paix.

Il nous faut bénir les gondoles de Venise qui promènent les lunes de miel sous l’œil envieux d’une belle courtisane cultivée, masquée pour quelque carnaval multicolore.

Il nous faut bercer l’enfant venu d’un cirque où les acrobates, agiles et essoufflés, vont deux par deux et exécutent des numéros pour le plaisir de nos yeux ébahis.

Il nous faut suivre les pas du roi inca jusqu’aux terrasses de cette cité perdue où les nuages prennent possession de la pierre, où les voix solennelles des dieux résonnent en écho et se mêlent à la musique aérienne d’une quena.

Il nous faut débusquer le bouquetin solitaire qui sommeillait depuis trop longtemps au creux de nos froidures…