L’enfance.












L’œil de l’enfant me fait songer aux miroirs superbes d’un palais fastueux. S’y mirent à tout moment l’Or du Pérou, l’aventure cueillie à travers champs chez sa grand-mère, la courbe impeccable d’un sarcophage égyptien. La prunelle du peintre, du poète, porte en elle l’éclat inaltérable de l’émerveillement et la candeur de quelque Cendrillon retrouvée.
Le front de l’enfance est serein. Vierge de tout sillon, de toute détresse, il offre à l’air ambiant les exhalaisons délicieuses d’un baiser de fillette reçu au bois de l’Insouciance.
Pour un jongleur de mots, un jongleur de couleurs, un jongleur de notes, la tâche première consiste à couver méthodiquement ses talents, à descendre à l’intérieur de soi, à suivre la trace de l’enfant étonné jusqu’à l’éclosion de la Beauté.
A l’image de l’enfant, le Créateur sait le langage secret des rivières, de la fleur sauvage, de l’ours des montagnes. Il s’aventure avec élégance sur les terres inviolées de son for intérieur et ne se repose que pour mieux boire à la Fontaine de Jouvence.
Le créateur oscille sans cesse entre l’Enfance au berceau de la Beauté et la Malchance inerte et ridée enveloppée dans un suaire au royaume du Chaos.
L’enfance est la quête d’une inaccessible étoile foulée par Léotard et son pétard, Chagall et son bestiaire, Dimey et ses estaminets.