Dany.










Tu as poussé comme un arbre majestueusement dépouillé sur les bords bleus de la Pénurie, là où les longues journées besogneuses promettent survie et pommes de terre à chaque repas. Le cœur voyageur, tu aimais à déclôturer ton domaine en songeant à tes amis chers que sont Monet, Millet, Corot et autres amoureux du pinceau. Du haut de leurs splendeurs, ils te faisaient oublier les mornes allers-retours entre les champs et la ferme, la ferme et l’école paroissiale, l’école paroissiale et l’église, l’église et les champs.
Les dieux de ce monde si petit t’ont sculpté avec soin ; leur alchimie t’a donné l’allure gauche de l’albatros, la posture ridée du chêne, l’œil de l’Emerveillé, le cœur tendre de l’agneau.
A l’affût du moindre enchantement pour les yeux, tu promènes allègrement ta vie sur la Terre entière tel un vieil enfant étonné.
A jamais énigmatique, tu gardes tes secrets enfouis dans ta bibliothèque close comme une civilisation ancienne a pris soin de dissimuler ses vestiges.