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Accueil >> xnews >> Je t’aime Dany. - Annonce - Textes
Annonce : Je t’aime Dany.
Publié par Vadnirosta le 10-03-2023 17:39:20 ( 87 lectures ) Articles du même auteur



Je t’aime Dany.






Ici le ruisseau circule ;
Il roule jusqu’au prochain bras tendu.
Au loin les Gitans lavent le linge, 
Poursuivis par la boue et l’ombre…
Le temps est beau.
Les poissons les grenouilles les merveilles s’émerveillent
Tandis que j’entends un carreau de boule…

Mon père est là,
Me met la main sur l’épaule
Ce sera toujours moi le plus fort.
Je me fais chérir,
Je prends place et j’existe.
Il est le lieu où le temps s’arrête,
Il est l’espace où je prends nom.

Que te dire Père, que te faire
Pour te dire ma reconnaissance
Que tu sois mon père,
Mon protecteur, mon stimulateur ?
Une lucarne ouverte sur le monde,
Sur sa peine, sa vitalité,
Sur sa paix, sa force de vie.

Ô je t’aime Dany.
Pour la sueur, pour le sang,
Pour la protection, pour la tendresse,
Pour tes silences, pour ta présence,
Pour les fois où tu m’a porté,
Pour les fois où tu m’as bercé,
Je t’aime Dany.

Même si l’intranquillité voyage souvent,
Une porte s’ouvre en moi
De fierté et de solennité.
Porter en ce monde ton nom,
Hériter ton sang,
Ta vision, tes valeurs.





J’ai en mon être une solennité,
De te prendre le flambeau,
D’aller plus loin, plus haut, au plus beau,
D’entrer dans la marche,
Avec la force de ta tendresse,
La vie de tes opinions,
Et y semer mes potentialités.

Tu es mon père, mon héritage.
Le don reçu avant mon premier cri.
Don de soi, don de valeurs,
Un don aux couleurs de sacrifices.
Même si on se La dit toujours tout bas tout habillé
Je La brandis aujourd’hui haut et fort :
Elle ! La Tendresse qui a marqué mes gènes.

Posé su ton épaule, j’ai vu
La savane se battre contre la savane,
La pluie s’acharner sur les villages…
J’ai vu les chaînes et les boulets
Dans leurs grands yeux noirs
J’ai vu un petit seigneur blanc approcher
Lorsque seul j’approchai pieds nus…

Rires par cascades, baignades dans tes rires
La lumière de ton front m’éclaire.
Tu es l’échelle
Où je monte pour voir le monde.
Plus de handicap ni d’obstacle.
Le monde se fait petit,
Et je passe comme un roi.

Je te sens présent et je te porte haut.
Tu m’as appris qu’en ce monde
Chacun écrit son histoire, l’Histoire.
Dis-moi que mon regard tordu
Ressemble à un arbre, à un chêne
Et qu’il a pour unique mission
D’approcher le grimpeur au plus près des étoiles…

Ma main sur ton cœur,
J’ai vu
Des mains se trouver
Et demeurer unies
Dans la tâche et la vie.
Des pas se succéder pour laisser
Des empreintes au cœur de l’Histoire.



Quand ainsi tu t’inclines vers l’enfant que je suis resté,
Quand tu m’expliques,
Quand tu te mets en vain à ma hauteur
Et que tu me dis :
« Tu sais fiston, dans la vie… »,
Je me sens aimé, considéré,
Objet des soins de ton amour.

Tel tu maçonnes,
Tel tu crée par de multiples biais,
Ainsi tu m’as façonné.
Tu es le semeur de Millet, je suis la graine.
Tu es le paysagiste, je suis l’œuvre.
Tu es le cœur où a jailli l’étincelle
Du désir de donner la vie.

Ô semeur !
Qui emblave d’immenses étendues !
Que prends-tu de toute la moisson ?
Peu de satisfaction personnelle,
Peu de récompense.
Un enfant est un champ
Pour le service de la vie.

Tu es une vie donnée
Pour me donner vie.
Pour prolonger ainsi
La corde de la vie,
Cordes marquées par les anciens,
D’empreintes discrètes et indélébiles
Depuis le crépuscule de la vie.

Je me souviens de nos jours de Noël,
Quand tu étais tout allègre
Avec toute la famille ainsi réunie.
Pour peu tu aurais marché à quatre pattes
Tant tu as gardé le cœur d’un agneau de crèche.
Voici les bras qui m’ont porté si tendrement,
L’épaule où a reposé ma tête de môme.

Je me sens fort, fortifié.
Je me sens robuste, rassuré,
Frétillant de bonheur et de joie.
Mon père est une pièce unique.
L’unique génie qui me protège.
Il vit et je vibre,
Heureux d’être de lui.



Habits de danseur folklorique,
Cavalière de prestige : maman !
Chapeau des grands soirs,
Tu vas aujourd’hui à la fête,
Heureux d’être
Dans ce grand bal musette
Vivant.

Je me souviens de tes repas de pommes de terre,
De chaque instant de partage.
De ton grand appétit non étanché,
Je me rappelle que vous vous priviez 
A la table familiale
Quand le meilleur était compté
Par manque d’argent.

Lors, on se méfiait des vents frais
De la circulation des hivers.
Les arbres morts plaintifs,
Les murs gelés de la maisonnée,
La terre durcie de nos corps
Et puis le sang craquelé du jardin
Appelaient tous le prochain été.

Noël venait sécher les pleurs
Tandis qu’un barbu descendait les cadeaux,
Tandis qu’une souris passait
Par le trou joli d’une dent tombée.
Le sapin éclairait nos yeux,
On sculptait des bonhommes de neige
Dans des blocs tout blancs tout glacés…
« Félicitations les graines d’artistes ! », disait mon père.

Dehors la neige tombe par bouts de coton.
La ville offre un manteau illuminé.
A la maison nous rêvons de crèches,
De rois mages tout ornés,
De pays féeriques fabuleux,
De licornes, de sirènes,
Et aussi de Bellérophon sur son cheval ailé.

Famille, souvenirs affectueux.
Je sens ton pouls, Dany.
Je sens le relief de ta main.
Tes veines en saillie.
Ta paume rocailleuse.
Ta poigne qui me sécurise.
Ta chaleur et ta douceur.


La famille évoque l’autre toi.
Ton miroir, ton contraire,
Ta complice, ta compagne,
Celle qui fait chemin avec toi.
De vos idylles, je connais le conte.
De vos noces, je ne suis pas témoin,
Mais j’imagine vos amours.

Comme un semeur,
Tu as laissé mûrir tes grains de vie.
Tu as trouvé une terre de chair.
Tu as semé tes grains.
Grains d’une promesse de vie.
Dans un élan d’espérance.
Dans un élan de tendresse.

Comme un semeur la floraison,
Tu as senti mes premières pulsions.
Comme un semeur la saison,
Tu as suivi la gestation,
Et ton cœur a tressailli
A la venue de la jeune pousse,
Prémices d’une nouvelle famille.

J’aime te voir jouer,
Au milieu de tes petits-enfants.
Ainsi font font font
A quatre pattes
Avec l’œil tout neuf
Ou hue hue et ho
A dada sur ton dos.

C’est une histoire qui a croisé une autre,
Une géographie émue de la beauté d’un relief.
C’est une musique,
Avec des notes ascendantes et descendantes.
Un refrain qui exalte folies et passions,
Dans un cycle de fleurs et de fruits,
Où le fils devient père, et le père, l’aïeul.

Au cœur de ces notes graves,
Tu es resté un enfant !
Disponible ou préoccupé,
Dans un bon ou mauvais jour,
Mal luné ou bouleversant,
Selon les dires de Saturne,
Tu es comme l’enfant.



Travailleur émérite.
Sous les dards pointus du soleil d’été,
Sous une avalanche de juvéniles incivilités,
Dans la boue du jardin, de la sottise,
Tu travailles sur tous les fronts.
Abdominaux et biceps en relief ;
Matière grise en fusion,
En ébullition.
Faut dire que tu connais bien la terre :
Elle coule dans tes veines depuis toujours ;
Elle a creusé, taché tes mains robustes 
Et le cerveau a suivi la cadence de l’Effort.

Ton corps se plaint,
Ta cervelle se plaint
‘Cause d’un invisible clou
Comme dirait un ami cher…
Ton cœur bat pour tes enfants.
Pour eux, ta chair a sué sang
Ainsi que nage verticale de perles de pluie pleurées, rouillées.
Il y a là une coulée de vie qui
Soigne dans tes veines
Tes déchirures et tes peines
Pour le sourire d’un enfant,
Pour la joie d’aimer.

Bien sûr que tu pourrais marcher dans les rues d’ici
Fier,
En roi,
Avec le sceptre
Pour mieux rivaliser avec
Les Dieux de chez nous,
Prétentieux et faillibles,
Mais tu t’y refuses par modestie.

Maçon, électricien, peintre.
Enseignant, jardinier, paysagiste.
Dessinateur, philosophe, charpentier, cuisinier.

Si tu peux gagner ton pain,
Et l’économiser pour autrui.
Si tu peux pour nous te mettre en quatre
Pour cueillir notre joyeuseté
Si tu peux te sortir d’un sommeil manqué
Et pour nous tendre l’oreille,
Et trouver la force d’écouter,
Alors tu es un père.



Tu es créatif. Tu es bricoleur.
Tu es ingénieux. Attentif.
Déterminé. Consciencieux.
Dans ton jardin, dans ton atelier.
Au milieu de tes outils.
Auprès de tes élèves.
Mobilisé, engagé, investi.

Dextérité. Sens de responsabilité.
Habileté manuelle. Sagesse.

Tu évoque en moi le sacré.
Tu m’inspires le respect.
Une envie de me déchausser.
De marcher sur la pointe des pieds.
De tirer chapeau.
De m’incliner.
Procréateur.
Père nourricier.
Mon père.

Je t’ai vu Dany depuis la route.
Je t’ai vu bécher.
Tu es le plus beau.
Tu as la main la plus verte
Et l’élégance la plus débraillée.
Dans ton jardin tu es un prince.
Mobile, habile.

Tu électricites, tu moellonnes,
Tu mets au piquet
A la ville
Tu élagues, tu arroses
A la fin de la journée.
Tu es agile comme un athlète,
Soigneux en toutes choses.

Quand le matin maman nous déposait à l’école,
On te voyait dans ses yeux
Et je respirais la joie d’être doublement accompagné.
Quand le soir elle venait nous prendre,
On y voyait la poussière collée à ton corps,
On y flairait l’odeur du travail manuel,
Et l’on s’inquiétait.






J’ai souvent peur pour toi Dany.
J’ai souvent peur qu’il t’arrive malheur.
J’ai souvent peur que tu chancelles,
Surmené, malmené par une nouvelle torture.
Peur que tu te blesses.
J’ai souvent peur que tu tombes d’un coup
Sous le coup de la fatigue,
Que la route ne te prenne à moi.

Que de risques au milieu de tant de brume !
Que de risque à longueur de journée !
Que de situations délicates à gérer,
Un problème est si vite arrivé.
Un élève peut très bien s’embraser,
Un brasier aux couleurs de l’enfer !
Dieu nous épargne !

Promets-moi Dany, promets-moi
De les laisser dans leur boue
Puisqu’ils ne font aucun effort pour s’y déloger.
Promets-moi que tu ne reprendras plus la cigarette.
Je t’y aiderais
En refusant la mort
Parce que tu comptes pour moi.

Tu es fort, tu es brave
Même si tu es le moins costaud.
Tu es solide, tu es énergique.
Tu te dépenses
Au service de tous.
Toujours debout,
Toujours brave à la tâche,
Que tu sois sur ton nuage blanc
Ou sous ton nimbo-stratus.
Je salue ta peine,
J’admire la force de tes épaules
Qui portent le monde.

Je sais que tu es robuste,
Mais je m’inquiète, car je sais
Que la vie t’a donné des coups,
Plus de coups de fouet au cerveau
Que de coups de main.
Des coups de traîtresse,
En plus des coups dans le dos.
Des ronces et des épines sur les bras,
Des égratignures invisibles évolutives.
Ces cicatrices me révèlent
Ces épreuves qui ont jalonné ta vie,
Et ont consolidé ta force intérieure.
Je boite et j’angoisse dans mon silence.
Mes peurs racontent
Qu’un nouveau jeune extrémiste rôde dans la maison.
Mon anxiété m’a aussi appris qu’il est juif et aussi arabe.
Il est fort, grand et puissant.
Il sait manier grâce à toi les appareils électriques.
Pourvu qu’il ne te prenne pas, Dany.
Pourvu que tu rentres ce soir à la maison.

J’angoisse dans mon silence.
Ma trouille raconte
Que mon Dany a d’autres chats à fouetter.
Qu’il a d’autres soucis que moi.
Que je peux agoniser et ne rien faire, il s’en moque
Du moment que je reste.
Je me dis qu’il viendra me chercher.
Que je le reverrai un jour.

Où que tu sois, que Dieu te protège.
Dors tel un bébé.
Oublie tous tes soucis et aussi les miens.
Dors car maman est là.
Dors pendant que maman dort.
Dors pour que maman puisse dormir.
Où que tu dormes, oublie-moi.

Que la lune te berce.
Que les étoiles brillent pour toi.
Que le Ciel t’éclaire et te protège.
Des vents violents, des tempêtes,
Des esprits mauvais qui rôdent,
Et plus encore, de moi-même.
Que tu reviennes de moi sain et sauf.

Toi le havre de la maison,
La force qui veille au bien.
Demande la possible tranquillité du soir, le repos mérité de la nuit.
Respire la quiétude
Que partage aujourd’hui la petite maisonnée,
Sereine et enthousiasmée.
Tu ris, tu cascades, tu joues aux marionnettes.
Tu plaisantes, tu rigoles, tu te moques.
Ces moments où je ne connais plus ton âge,
Je les aime, je les adore, je les porte ;
Comme les berceuses de ton enfance.
Qui me rappellent les beaux jours,
Où tu me tenais par la main
Dans la maison toute en ruine*
Pour voir le soleil couchant à la fenêtre.
Le premier en promenade avec toi
Ton premier souci, ton premier enfant,
Ces instants sont gravés en moi.
Et c’est ici que je rêve oui je rêve de mon devenir ;
C’est ici que je porte notre avenir.
De ce que tu nous as transmis,
Rien ne sera perdu.
Tant que ton sang circulera sur terre,
Le feu que tu es demeurera allumé.




*Lieu où mes parents habitaient alors que j’étais bébé.

Avril 2011, Brignais.

















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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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