J’en ai marre









J’en ai marre de ce qui se dresse,
-étendu à jamais-
contre le cours altéré de mon strabisme :
j’en ai marre de voir clairement
sans me tromper
dans la rue paniquée
des défenestrés entassés…

J’en ai marre des vieux gueux par terre ;
Les passer à tabac me met hors de mon sommeil :
j’en ai marre de leurs ronflements,
du tintamarre des cloches, du glas, des menues bourses
dans la rue
où je vais, repu,
plutôt bien tenu…


Mais va-t-en en hâte de moi.
Prends, prends le bon vent.
Oh ! Mon amour.


J’en ai marre de passer devant un collège
et d’avoir sous la main la cicatrice :
j’en ai marre des têtes de chiots turcs battus
aux belles raies, aux gros cartables
sans Nike Air ;
ceux-là niqueront leurs mères,
tenteront d’oublier les belles manières
par lesquelles se distinguent cette meute de Cerbères
en s’acharnant sur les toujours- par- terre…

J’en ai marre des robes de mariées salissantes,
De L’ORore borÉALe à ton front,
-peut-être parce que le mal je le vaux bien- :
j’en ai marre des maux qui tournent tout à fait rond,
de Lanzmann, de Srebrenica, de Timisoara
pour ces corps alignés encore et toujours de travers,
pour le fatras sans ordre de boyaux, de vers,
las ! Allons fumer après ce vers…
(…)

Mais va-t-en en hâte de moi.
Prends, prends la cime de la vague.
Oh ! Mon amour !

J’en ai marre de durcir, de durcir…




Brignais, 10/02/2010.