J’ai passé ma vie derrière des portes… (Exercice d’écriture)





J’ai passé ma vie à faire pipi-caca-potpot
Avec ma cervelle mon sexe mes mots
Ô cycle infâme ô boucle bouclée
Je vous ai tant regretté…
J’ai passé ma vie aux toilettes du langage
A tenter de faire bel étalage
En lessivant des lettres imbibées
De marne rousse poétisée…
Fallait au plus vite tout faire sortir
De mon cul de mon crayon de mes lyres
Et garder le pire le meilleur
La douce épine la plus délavée des fleurs…
J’ai passé ainsi ma vie la tête dans le pot
A faire l’Alchimiste pour le Beau
A tout étudier afin de mieux soigner
Mon mal psychologique premier…
J’ai passé ma vie derrière les barreaux
A jouir d’une précieuse aliénation le geô-
Lier me prêtait hélas heureusement
Un peu de ses tourments du moment…
J’ai commencé à être très intéressant
Dès l’automne de mes dix huit ans
Le Verbe patientait depuis sa naissance
Que je devienne patient que je revienne de vacance…
Alors voici ce que je suis devenu 
Depuis qu’en pleine nature je suis détenu :
D’abord je suis maigre et j’en redemande
J’exige l’Angoisse le tabac ou que l’on me pende…
Tout cela ne va pas à l’encontre de cette chère aliénation 
Tant le plaisir n’est toujours qu’une illusion.
Et puis je sais l’activation de mes plus noirs souvenirs
Et puis l’âge que ne rattrapera jamais la teneur des tirelires…
J’ai passé ma vie derrière les portes de ma peau
A m’infiltrer contre mon gré par ses pores ses eaux
Usées. Ne vous étonnez pas car il est écrit plus haut
Que j’aime encore bien pisser déféquer dans le pot…
C’est ainsi que je voyage tant pis tant mieux
Entre le pancréas de Christian* et le poumon des adieux
En suivant la route des artères des veines des capillaires obstrués
Le tout est d’apprendre à aimer sa marée noire sa mer salée…
Puis on ira faire une halte dans l’intestin dans sa constipation
Juste pour l’odeur pour la texture pour l’avertissement ultime la pendaison
Qui s’en suivra… Revenu comme toujours à la vie
On retournera boire à même le cœur qui en sera ravi…
Enfin car nous n’oublierons jamais l’essentiel la capitale
Du système organique on ira mourir dans l’Opale
On ira lui offrir en guise de cadeau d’amour
La couleur contraire imbriquée qui lui fait la cour…



* = L’ancien copain de ma sœur Marjolaine qui fut en passant mon entraîneur de natation et qui succomba d’un cancer…du pancréas.


Brignais, 11/07/2011.