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Annonce : Conversation sur la torture.
Publié par Vadnirosta le 10-03-2023 18:48:31 ( 140 lectures ) Articles du même auteur



Conversation sur la torture.





Au Dr E.







-Vous rêviez, Monsieur Gardon. Qu’avez-vous donc fait durant notre précédent entretien ?
-J’ai fait déborder ce laps de temps à l’avance et en retard … Car je me torturais.
-Je ne comprends pas, Monsieur Gardon. Une seconde reste une seconde et une heure reste une heure, même si on trouve le temps long ou court.
-Détrompez-vous, chère Madame ! Torture et tortueux sont des mots de la même famille. Autrement dit, prendre un chemin tortueux c’est prendre des lacets au lieu de prendre une route parfaite en ligne droite, laquelle est évidemment le plus court chemin entre deux points si l’on se base sur un espace à deux dimensions.
-Vous voulez dire par là que le torturé a la faculté peu commune d’altérer l’espace-temps ?
-Tout à fait. J’aime vous apprendre la vie, Madame. Le torturé travaille le temps mais il travaille d’autres choses : le fumeur torturé travaille son arbre respiratoire bien plus que la fréquence de ses volutes. Le fumeur torturé inflige des coups, des lacérations auprès de ses poumons, et, de ce fait, il périra plus vite. Dommage ! Dommage ! …
-Vous voulez dire que vous allez mourir plus vite que ce qui était prévu ?
-Oui.
-Alors je vous ordonne de vous arrêter de fumer Monsieur.
-Autant demander à ma torture de quitter mon corps, chère Madame ! Et c’est tout à fait impossible ! Une souche reste une souche car elle est à jamais enracinée dans l’huile d’une terre de Sienne. L’œuvre est plantée tout comme l’est ma souche d’aquarium. Si vous m’aviez suggéré cela avant que je la crée, alors tout aurait été différent mais maintenant…
-Ça suffit, Monsieur Gardon ! Déracinez-moi cette souche puis jetez tous vos paquets de cigarettes à la poubelle. Ou plutôt, brûlez-les, vous qui aimez la fumée !!!
-Je ne détruis jamais mes créations, Madame… et puis je prends plaisir à me torturer ainsi…
-Alors là, je ne vous suis plus. Je vous expulse de notre hôpital de jour, Monsieur Gardon. Je soigne des gens qui désirent s’en sortir et non des pervers qui se complaisent dans le mal….
-Bien ! Sachez toutefois que prendre son pied en souffrant est une attitude respectable de bienheureux et de canonisé…
-Vous n’offrez vos tourments à personne vous. Alors à quoi cela sert-il ?
-Je vous signale au passage que le mot offrir ne convient pas. Il est préférable d’utiliser le mot remettre, chère Madame. J’aime encore à présent vous apprendre des choses… De plus, sachez que je vais encore bien plus loin dans le processus de purification puisque je demande à Dieu de me laisser lui voler tous ces tourments que je lui ai remis en crachant dans sa main. Je veux dire par là que se mêlent ici perversion et canonisation. Je suis ainsi un être complexe mi-ange mi-mauvais démon… Mieux vaut avoir plusieurs facettes antagonistes qu’une simple personnalité dénuée d’intelligence et de richesse…
-Mais regardez-vous donc, Monsieur Gardon ! Vous puez le péché à dix mètres. Sachez que vous êtes sur le mauvais versant. En plus, vous ne souffrez même pas il me semble…
-C’est horrible ce que vous me dites là, Madame…
-C’est pourtant bien la vérité, Monsieur.
-Je souffre bien sûr que si, sinon je ne serais pas dans cet hôpital de jour à vous causer. C’est vous qui êtes insensible, Madame, pas moi !
-Je veux vous faire réagir. Si cela vous plaît d’aimer vous flageller à longueur de temps, c’est votre problème, mais la situation est devenue telle que vous devenez à présent un véritable danger pour notre structure. Aussi, JE VOUS INTERDIS DORÉNAVANT D’AMENER DES CHOSES NÉGATIVES A L’HÔPITAL DE JOUR !!! Vous entendez ? Allez foutre votre b….l ailleurs pour rester polie !
-Très bien très bien. Je rangerai mon ombre, mes poumons, mon strabisme, dans leurs étuis respectifs. Je ne viendrai dorénavant qu’en déguisement, totalement éviscéré, époumoné, ce qui me paraît soudain moins douloureux. Sachez Madame que vous venez de me guérir sans vous en apercevoir et je vous en suis reconnaissant…
-Très bien et surtout, faites un effort : ne mettez pas de déguisement. Vous ne savez que trop bien être vous-même, vous et vos foutues impudeurs…
-Je ne veux pas que l’on me voie évidé de la tête aux pieds. Je ne veux pas. Ce serait insupportable pour les patients et pour moi-même…
-Tant mieux. Je veux vous faire payer toutes vos viles déviances car ici c’est moi qui préside le Saint-Office de Vinatier*. Allez ! Rentrez chez vous et revenez-nous demain totalement évidé. Ceci est votre punition, LA VRAI !!!!
-J’aime quand vous me fouettez Madame. A demain.
-Pardon ????


* = Hôpital psychiatrique de Lyon.
Brignais, 04-05/05/2011.







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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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