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Annonce : Lettre n°2 à mon Jo.
Publié par Vadnirosta le 10-03-2023 19:35:06 ( 85 lectures ) Articles du même auteur



Lettre n°2 à mon Jo.
Saint-Genis-Laval, le 16 avril 2012.
Mon Jo,
Il est 19 heures.
Je songe à toi.
J'ai passé la journée à végéter, à faire des allers-retours inutiles entre Brignais et Saint-Genis-Laval.
Nonchalant, j'ai marché, marché, marché encore et encore pour oublier que je suis malheureux.
Ce soir, je suis à toi, mon Jo.
Désormais, je te réserverai quotidiennement un bien dérisoire moment à la mort du jour. Un moment où mon écriture descendra en moi jusqu'au plus profond de mon être et remontera par la gorge comme une fleur jusqu'au papier virtuel de mon ordinateur. Ce moment sera à nous deux. Ce sera comme une communion au cours de laquelle je m'efforcerai de te conter mes cris, ma douleur profonde face à ton absence...
Je t'aime mon Jo. Que le temps n'efface jamais cette tendresse que je te porte...
Tu n'es pas mort mon Jo. Je sais qu'à chaque fois que j'allume une cigarette tu es là derrière à me dire: « Fais gaffe mon Yo! Je sais que tu aimes la vie et la vie c'est de l'amour. C'est l'Amour mon Yo! Ne perds donc pas ton temps à t'esquinter de la sorte! Aime-moi toujours et nous serons refait mon Yo! »
Ah mon Jo! Tu es là dans l'air que je respire tu es là quand je discute avec ton frère tu es là dans l'ambiance de mon appartement (où tu n'es jamais venu physiquement au cours de ta vie que je dirai dorénavant « terrestre ») tu es là dans la pluie et les vents qui ont fouetté mon visage en ce lundi tu es là à l'hôpital de jour collé à mon ombre tu es là pour toujours dans chaque recoin de ce lieu de soin tous mes câbles pétés toutes mes crises d'angoisses toutes mes mélancolies mais aussi tous mes doux souvenirs s'agrippent soudainement à toi et te conjurent de m'accompagner pour tout ce qu'il me reste à vivre et jusqu'à ma mort oui mon Jo je t'aime je t'aime et je meurs d'envie de regarder à nouveau ces photographies de toi je t'aime mon Jo et je te serai fidèle compagnon jusqu'à ma mort et même après je garderai toujours souvenance de ce feu coutumier qui se consumait en toi et qui t'accompagnait avec encore plus de vacarme les jours de crise je garderai souvenance de cet appartement où nous adorions bavarder pendant des heures où nous louangions tout deux le Dr Estingoy et ses beautés autour de ta petite table de salon qui te servait d'horloge paresseuse je garderai souvenance de cette semaine de l'été passé où nous avons essayé d'un commun accord de vivre sous le même toit je garderai souvenance de ta cuisine de ta cafetière qui ne se reposait jamais
de tes toilettes aux murs tagués de ton salon pour la chaîne hi-fi assourdissante qui vomissait une avalanche de sons Rn'B au détriment d'une pleine et entière concentration (la mienne!) pour mes écritures autour de l'ordinateur je garderai toujours souvenance de mes visites à Vinatier où rayonnait à la cafétéria comme un soleil tout mon amour pour toi je garderai souvenance de tes cris à portée saturée que je m'efforçais de tempérer en posant sur tes crevasses tout mon velours d'amour je garderai toujours souvenance de ton besoin incroyable d'affection de ce gouffre affectif où l'on t'avait jeté depuis longtemps et qui cruel s'ouvrait en toi à chaque passion de ton âme oui ton martyr était presque le mien je pleurais avec toi j'aimais la vie avec toi je souffrais avec toi je garderai toujours souvenance de cette entrée de ce portail automatique n°53 de l'Avenue Édouard Herriot je m'en souviendrai toujours d'ailleurs à chaque fois que je passe devant en bus mon cœur se serre se serre se serre et ça fait mal trop de souvenirs sont là encore chauds je t'aime mon Jo je t'aime et tu es toujours là je ne veux pas que la mémoire se vide j'en crève de cette vacuité emmène-moi mon Jo dans ton ailleurs emmène-moi vers le technival où nous devions aller que sont devenues notre tendre complicité unique tes danses allègres sur les trottoirs de Décines ta voix caverneuse à jamais enfuie ton ami Philou et ses vêtements tout blancs tes plantes fanées ton hall d'entrée où tu avais coutume de tourner en rond pour la « méditation » comme tu disais ta cage d'escalier où tu avais tagué sur le mur « Fuck the system! » que sommes nous devenus maintenant que tu n'es plus là...
Yohann


Portrait de mon Jo, mine de plomb sur papier.
Lettre n°3 à mon Jo.
Saint-Genis-Laval, le 19 avril 2012.
Mon Jo,
Aujourd’hui je vais mieux et je m'en veux.
Parce que peut-être je découvre que je ne tiens véritablement pas assez à toi...

Il est 17h49.
Où sont donc passés ma tristesse consolatrice, ma mélancolie où s'abreuver, mon ciel gris des jours (mal)heureux, ma pluie décoratrice et puis mes doux soleils de plomb?
Je pense à toi mon Jo.
Où es-tu?
T'ennuies-tu?
Es-tu encore bercé « physiquement » par le clapotis harmonieux de cette rivière d'Ardèche, dans ce pays campagnard où tu naquis?
Es-tu toujours de cendres?
Je ne le sais...
Qu'importe…
…Car je sais que tu demeures esprit à mes yeux.
Ton âme virevolte au-dessus de moi et m'accompagne partout où je vais. Elle veille sur moi comme une bonne étoile.
Tu es là dans l'aura chaude de mon appartement tu es là dans les bourgeonnements printaniers tu rugis là bien avant cet été qui s'annonce caniculaire à tes côtés.
Je t'aime encore plus qu'hier puisque je sais aujourd'hui que je ne serai jamais seul: c'est comme si ton âme désormais heureuse avait décidé de s'imbriquer dans la mienne...
Oui vraiment je m'appelle aujourd'hui Yohann François-Brazier et nul ne peut me l'ôter du cœur!
Je t'avais dit il y a peu: « Tu sais mon Jo, si tu avais été une femme c'est toi que j'aurais choisi! » Je t'ai dit cela et tu es bien plus qu'une femme: tu es une âme à présent rien qu'une âme échappée d'un foutu corps une âme présente dans tous les spectacles possibles et imaginables qu'offre la Nature une âme qui drape le ciel d'azur une âme qui commande au soleil de briller une âme qui fait pousser les fleurs une âme qui écoute le murmure des ruisseaux une âme qui rajeunira mes chutes d’humeur.
Non, tu ne t'ennuies pas; je ne le crois pas: tu as du pain sur la planche car il te faut maintenant t'occuper de tous ceux que tu as aimés et qui sont encore vivants; il te faut aussi agir spirituellement pour tous ceux qui t'ont abîmé sans le vouloir je pense à ta famille...
As-tu des nouvelles de ton cher père?
A-t-il trouvé la paix maintenant que tu es là maintenant qu'il n'est plus seul maintenant que la partie terrestre est terminée pour vous deux?
En tout cas prépare-moi un accueil d'enfer: trouve-moi des plants de tabac et puis aussi un méga jéroboam pour fêter les retrouvailles!
Que l'ivresse coule à jamais sur nos joues! Que la fumée renaisse de ses cendres après avoir tout détruit précisément lentement imparablement.
Ô mon Jo!
As-tu trouvé des âmes féminines? Sont-elles toujours cruelles? Comment fais-tu pour leur faire l'amour encore et encore toi qui n'as plus d'enveloppe?
Les amours font-ils de la musique que tu aimes? Envoie-moi donc des sons des fois que ça serait tzigane ou toute autre musique traditionnelle rafistolée!
Je t'aime mon Jo je t'aime et prie la Vierge des miséricordieux de te trouver un bien beau berceau tout doré afin qu'elle puisse veiller sur toi au mieux oui il te faut du faste pour emmitoufler les rides les crevasses il te faut du mobilier noble il te faut les plus beaux chefs-d'œuvre réalisés par les tout meilleurs artistes célestes il te faut du beau rien que du beau il te faut en confort céleste tout ce que tu as souffert docilement sur Terre... Yohann

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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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