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Nouvelles confirmées : A propos de la Corse
Publié par Bacchus le 17-11-2012 00:10:00 ( 1309 lectures ) Articles du même auteur



On parle beaucoup de la Corse, en ce moment. Mes amis du continent me contactent pour me demander comment je ressens les évênements, sur place. Dans la mesure où il s'agit de gens que j'ai connu, il est évident que je me sens plus sensibilisé que d'autres. Par exemple, Jacques Nacer, qui vient d'être assassiné, a été mon voisin de commerce, pendant des années, à l'époque où son magasin se trouvait sur le cours Napoléon.
Bien heureusement, pour moi, la Corse représente bien autre chose. De la même façon que , lorsque je vivais à Marseille, ce n'était pas le milieu des truands qui m'intéressait, mais ses garrigues et ses calanques.
La Corse, où je suis arrivé pour la première fois à l'âge de 19 ans, m'a vite séduit par ses aspects étranges et sauvages.
Le hasard avait voulu que mon frère, en Normandie, s'était marié à une Corsoise, ce qui faisait que, dès mon arrivée en Corse, je m'étais retrouvé avec une famille par alliance.
J' ai été invité à passer quelques jours dans le petit village de ma belle-soeur, un petit village perdu dans la montagne où rien ne semblait avoir bougé depuis des siècles.
J'ai fait toutes les maisons de ce village pour être présenté. C'est très important, d'être présenté : on vous reconnait d'une façon toute différente.
Je me souviens que la belle-mère de mon frêre m'avait dit :" Fais bien attention aux filles ! elles cherchent toutes un mari ! " Je ne sais pas si les demoiselles me voyaient comme un époux potentiel, mais il est de faît qu'elles avaient une gentillesse touchante à mon égard. Je me revois, allongé sur le banc de pierre, près de la vieille fontaine. Toutes les filles du village, m'ayant sûrement vu passer pour y aller, sont arrivées en bavardant et en riant, leur pot à eau dans les bras.(C'était leurs mères, qui le portaient sur la tête ).
Me " découvrant " elles ont cueilli du raisin et sont venues me mettre les grains dans la bouche, en se moquant gentiment de moi, qui faisais le pacha alangui. C'est plutôt un bon souvenir.
J'ai été emmené faire une corvée de bois, en montagne, avec quelques jeunes gens du village. Ils ont épargné mes pieds de pinzuti en me faisant monter sur le dos d'un âne.La pauvre bête me fendait le coeur, avec son air triste et abattu.J'ai amusé la compagnie en proposant de porter l'âne. Ensuite, ils se sont distrait un moment en me regardant manier la hache. Pas très longtemps. Débiter des tronçons de bois à la hache ! la force ne suffit pas, sans la technique.
Un soir, on m'a annoncé qu'il y avait eu un décès dans le village et qu'il fallait participer au deuil général en ne faisant pas de bruit, en évitant de rire et, surtout, de ne pas écouter la radio. Peu après, j'entendais pour la première fois les cris et les lamentations des ' Voceri ', les pleureuses, qui étaient venues veiller la défunte. Je vous assure que cela remue l'âme.. J'ai rejoins Ajaccio le lendemain...
Etonnant, le destin.Ma soeur, qui était venue me rendre visite durant ses congés, a décidé de rester là. Elle s'y est mariée avec un Corse, ce qui a fait que je me suis retrouvé avec une nouvelle famille Corse, par alliance.
C'est à l'occasion d'une petite fièvre de ma petite nièce que je me suis aperçu que la belle-mère de ma soeur était une ' signatora ' !
Je l'ai surpris près du lit de la petite, avec une assiette creuse posée sur un vêtement de la gamine. L'assiette était remplie d'eau et la Mina faisait tomber des gouttes d'huile dedans en marmonnant très vite une prière. Etonné, je lui ai demandé ce qu'elle était en train de faire et elle m'a répondu qu'elle faisait lever l' Ochju qui était sur la petite.Je me suis mis à rigoler et je lui ai dit que la petite guérirait très bien sans cela et je me suis penché pour poser un baiser sur le front de ma nièce. C'est alors que la Mina s'est mise à crier : " Dis Dieu la bénisse ! dis Dieu la bénisse ! " Je ne me suis adressé à personne et je me suis enfui sous ses cris....
Je me suis documenté, cette après-midi . Il semblerait que cette croyance en l' Ochju est d'origine Sumèrienne.. Etonnant, non? en tous cas, sainte Lucie est très considérée, en Corse.

Les coutumes et croyances Corses sont très nombreuses et étonnantes. J'ai assisté à pas mal de veillées au coin des cheminées, en grillant des châtaignes et en buvant du rosé du pays. J'écoutais les vieux raconter.On arrivait toujours aux histoires sur les bandits d'honneur. Chacun assurait en avoir eu au moins un dans sa famille. Mon beau-frère, lui, prétend être apparenté à ' Bellacoscia ', très réputé bandit d'honneur du début du 20éme siècle, dans la région de Bocognano.
J'ai eu la chance ( si l'on peut dire...) d'être hospitalisé, un jour, près d'un très vieux monsieur Corse qui avait envie de parler. Et il m' a raconté ceci :
- " Quand j'étais gosse, au village ( tous les Corses vous disent ' au village ' sans jamais vous préciser de quel village il s'agit, vous êtes censé le savoir ), il y avait un bandit qui avait pris le maquis et que les gendarmes craignaient beaucoup, parce qu'il avait la gachette facile . Un jour, à la fête du village, deux gendarmes à cheval s'en allaient en remontant la rue principale. Et voilà qu'apparaît, venant vers eux, le bandit qui venait à la fête ! il avait son fusil entre les mains et marchait d'un pas assuré en fixant bien les gendarmes.
Les gendarmes se sont mis à regarder l'un à gauche et l'autre à droite et se sont écartés vers les bords de la route. Le bandit est passé au milieu sans ralentir et les gendarmes se sont éloignés.
Quelques temps plus tard, nous étions à la maison, tous autour de la table, à manger notre soupe. Le bandit est entrer sans frapper. Il a marqué un arrêt à la porte, l'a refermée et puis a retiré sa casquette. Sans dire un mot, il s'est approché de la cheminée, à appuyé son fusil contre la pierre et a tendu les mains vers la chaleur du feu.
Ma mère s'est levée, a été remplir un bol de soupe et a été le poser sur le bord de la cheminée.
Le bandit a manger debout, calmement la soupe, a reposé le bol sur la cheminée, a repris son fusil et a ouvert la porte. Il s'est arrêté un instant, a remercié d'un signe de tête et s'en est allé. ".

Il m'a raconté une quantité d'anecdotes, de souvenirs, de coutumes, et je ne me lassais pas de l'entendre.

Je n'ignore pas que l'on prétend que les Corses sont des flemmards. Il n'y a rien de plus faux. Depuis le temps que je vis ici, j'ai eu l'occasion de faire bien des repas chez des amis ou chez des parents, l'été, à de grandes tablées dehors, au soleil. J'ai toujours été soufflé de voir avec quel entrain et enthousiasme tous les hommes se lèvent, bien souvent avant le dessert, pour aller, tous ensemble, remonter un muret de pierres ou réparer une clôture.
Une chose est certaine, c'est que les Corses n'ont jamais choisi de travailler pour des patrons. Cela remonte à...toujours. Les travaux de villages, ils les assumaient.Leurs récoltes, leurs châtaignes, leur bétail, la chasse, ils les faisaient avec courage, mais ils ne souciaient jamais des travaux entrepris par l'état. Pour la seule raison que les états, ils en ont vu défiler pendant des siècles et qu'ils se succédaient en emportant une part des biens du pays.
On en pense ce qu'on veut, mais pour moi, ça se défend..

Mais une chose est sûre, également, c'est qu'un pinzute qui vit ici, même depuis cinquante ans, il restera toujours un pinzute !
Alors, les pinzuti se retrouvent entre eux et parlent de la Corse....

PS: soyez gentils, arrangez-vous avec mes accords au participe passé. moi, je n'y suis jamais parvenu.







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Auteur Commentaire en débat
emma
Posté le: 18-11-2012 11:03  Mis à jour: 18-11-2012 11:03
Modérateur
Inscrit le: 02-02-2012
De: Paris
Contributions: 1494
 Re: A propos de la Corse
Ce pays t'as adopté autant que tu l'as adopté. J'ai aimé toutes ces anecdotes qui sentent bon la terre rurale.

Les gens, s'ils ont leurs traits de caractère insulaires regardent l'étranger avec un bienveillant amusement. C'est infiniment mieux que l'indifférence des grandes villes.

Mais si la Corse que tu connais a tout du pays de cocagne, vraiment, j'aimerais que l'on m'explique les violences actuelles... Je ne comprends pas.
Loriane
Posté le: 23-11-2012 19:15  Mis à jour: 23-11-2012 22:52
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: A propos de la Corse
C'est un régal ce voyage "ailleurs" et dans le temps.
Je suis gourmande de ces anecdotes et de ces croyances que tu nous fais partager avec une écrire vivante et agréable à suivre.
C'est toujours les vieilles personnes qui portent les superstitions, et les transmettent, espérons que nous pouvons en faire autant.
C'est vrai ce que tu dis, un pinzute reste toujours un pinzute, la personnalité de ce peuple est si forte
Et pourtant la Corse, elle, fait partie de toi maintenant.
Dis moi Bacchus : "Corsoise" ça se dit ?
C'est un plaisir de lire cet hommage
Merci
Bacchus
Posté le: 23-11-2012 20:05  Mis à jour: 23-11-2012 20:05
Modérateur
Inscrit le: 03-05-2012
De: Corse
Contributions: 1186
 Re: A propos de la Corse
Non, ça ne se dit pas, ou, du moins, ça ne se dit plus car, à l'époque à laquelle mon frère a connu sa femme, on ne parlait d'elle en ne disant que " la Corsoise ". alors...
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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