Source d'amour

Mon amour, si seul perdu dans la glace
Prudent, taiseux, inquiet, trop peu loquace,
Endormi, rêvant, loin des avanies,
Puis, pur éclat, ta supernova luit.

Sur mon coeur raidi, triste, velours de gueux,
Ton regard de lave entra dans mes yeux.
Je suis soudain née, femme, de tes silences,
Allant du froid marbre à l'incandescence.

Ta main, gourmande, douce, sur moi disait "nous"
J'aimais, t'aimais, merveilleux coup de grisou.
S'enroulent jolies, tes nuées ambre, miel,
Songes et fines perles d'amarante sous ton ciel;

Mes vibrations sous laque aqua-marine,
Étaient, pour ma froideur le chant du cygne.
Dans le demi jour de nos folles nuitées,
Je suis devenue source, mousse, rose thé.

J'étais sous ta tonnelle fleurie, buisson.
Mon coeur de soie chantait ta noire chanson.
J'aimais, puis dans le siphon tourbillon,
Ma douce source tarit sous ton béton.

Lydia Maleville