Un tigre cruel me griffe les reins
La douleur bétonne de bas en haut
Mon dos raidi s'est bloqué sur ses freins
Douloureux arrondi comme un cerceau

En béquille amie le mur me soutient
Ramassée comme une oie le cou tendu
Mon regard en quête d'un doux coussin
Je vais lente étirant mon corps bossu.

Les deux mains sur les hanches, j'inspire
J'expire, je tire, je m'allonge
Cheveux collés, la peau qui transpire
Pas à pas dégoulinante éponge

Pourrais-je donc un jour me redresser ?
La sueur au front m'aveugle, coule
Mes mains gonflées et rouges, irritées
Chassent mes mèches folles de goule

D'un meuble à l'autre mes yeux se fixent
Ils font la ronde, vont ravis, réjouis
Ici et là, ils contemplent et fixent
Bibelots, tapis, la belle harmonie.

La lumière des vitres respire
Le bois du bahut brille et parfume
Dans l'effluve de cire se mirent
Au sol miroir, les plantes vertes plumes.

Et puis
La serrure cliquette
Oh non déjà !
Non, c'est pas sec !!
Mais qui est là ?
je suis en alerte
La porte s'est ouverte
NOOON ! N'entrez pas !
Epuisée,
Mais en nage, j'enrage :

C'est encore mouillé !

j'ai fait le ménage !!!

Lydia Maleville