Voilà la belle Diane aux reflets opalins
Trôner en reine sûre en sa cour argentine
Sans une ombre qui voile en la nuit clandestine
Sa beauté que reflète une onde au goût salin.

Ses rais immaculés, tels les larmes des anges
Versées pour le destin du divin enfant-roi,
Et puis pour sa montée sur la funèbre croix,
Et pour sa mort injuste en cette nuit étrange,

Frappent sans distinction la terre sillonnée
Par les lourdes charrues aux pointes si tranchantes
Et la terre où surgit les pousses jaunissantes,
Et la terre où survit la pierre abandonnée.

Et la mouvante mer, jamais ne pourra-t-elle
Échapper à ses traits tout de blanc revêtus,
Car ses carreaux puissants à la lueur têtue
Par delà du nuage en la voûte immortelle

S'en vont pour éclairer le pilote endormi
Qu'un devoir capital au gouvernail attache.
Et le voici guidé vers le port qui se cache
Par la clémente lune, une fidèle amie.

Ainsi est-il soustrait aux écueils dangereux
Qui virent naufrager d'innombrables navires,
Ainsi échappe-t-il au périlleux empire
Sur lequel règne encor Neptune, coléreux.