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Nouvelles confirmées : Mon sosie
Publié par Bacchus le 20-02-2013 00:09:22 ( 1386 lectures ) Articles du même auteur



Oh comme il m'a empoisonné l'existence, celui-là !
J'avais dix sept ans. J'ai commencé à entendre parler de moi, c'est à dire, de l'autre, dans une fête foraine, un dimanche après-midi, au Havre. Une petite bande de blousons noires m'a interpellé en m'annonçant que le mec du dimanche précédent me cherchait....? ? Lui m'avait trouvé, mais pas moi, je ne l'avais jamais vu.. J'ai vu arriver un grand gaillard, blond, qui avait l'air de m'en vouloir beaucoup.
- " Ce coup-là, on va régler ça tout de suite.Pas question qu'on en reste là. "
J'ai essayé de savoir à quel propos il me cherchait des poux mais il a haussé les épaules, et je crois bien qu'il avait l'air de penser que je me payais sa tête.
- " Viens, il m'a dit, on fera ça là-bas. " Et, du menton, il m'indiquait un coin de la place Danton, peu fréquenté. Je lui ai emboité le pas en cherchant dans ma mémoire ce que j'aurais bien pu faire à ce gars-là.
Arrivés au coin de la place, il s'est arrêté et nous nous sommes retrouvés nez à nez.
Je n'ai jamais pu porter les premiers coups, dans une bagarre. Jamais. La plupart du temps, c'est avec le nez qui pisse le sang que la colère me vient ( me venait...) et là, j'étais vraiment méchant . Ce fut donc avec mon sang qui dégoulinait sur mon copain de rencontre que je me retrouvais assis sur sa poitrine, en train de le jambonner. Il a levé la main. OK, on arrête. je n'ai jamais été passionné par la bagarre, mais il se faisait que je venais d'un quartier où on ne me demandait rarement l'expression de grands sentiments.
Bizarrement, mon adversaire s'est relevé, à essuyé mon sang d'un revers de poignée et puis m'a tendu la main. Que je lui ai serré. Après tout, je ne lui en voulais pas : il s'était forcément trompé de gus.
Après quoi, il a tourner les talons et il est parti. Je ne l'ai revu qu'une fois, sur une autre foire, d'ailleurs. Il est venu me demander un coup de main pour une bagarre qui n'allait pas tarder. Je n'en avais nulle envie et, de plus, je venais de me trouver une jolie demoiselle qui acceptait mes tours de manêges. Elle m'a regardé en fronçant les soucils, mais elle est restée.
Elle a eu d'excellentes raisons de se méfier, et ce, malgré moi .
Le dimanche suivant, après le cinéma ( vous savez, balcon, dernière rangée au bout du mur ), j'ai joué les grands seigneurs en l'emmenant boire un ' gin-fizz ' dans un bar à la mode. Pourquoi un gin-fizz ? Bah, c'était proposé à toutes les devantures des endroits chics, alors va pour un gin-fizz.
On ne l'a pas bu ici, le gin-fizz.
A peine entrés dans le bar, alors que j'avais encore le bras arrondi pour tenir, avec classe, la porte à ma nouvelle conquète, la patronne, en furie, s'est jetée sur moi, son visage tout près du mien , et a éructé :
- " Ah ça non ! pas question que vous remettiez les pieds ici, après ce que vous avez fait hier soir ! "
Je ne m'y attendais évidemment pas et, pris de court, je crois bien que j'ai eu le comportement d'un coupable qui bafouille. Je n'ai pas insisté..pas la peine, c'était bien à moi qu'elle s'adressait ,qui que soit ce ' moi '.
De retour sur le trottoir, ma petite copine me regardait encore de biais, mais je voyais bien une petite lueur malsaine dans son regard. J'imaginais ses confidences à ses amies, dès le lendemain
Quelques temps plus tard, j'entrais dans un bar américain. Le 'Navy bar' , pour ne rien vous cacher.
Là, la patronne ne m'a pas viré : elle s'est mise à rigoler et m'a dit:
- " Alors ? ça va mieux, depuis hier ? " Faire plus innocent que moi, on ne pouvait pas.Elle a continué de rigoler en me disant que je pouvais bien faire ce que je voulais, l'important, c'est que je lui ai payé ce que je lui devais. Ben ça, c'est une chance ! Manquerait plus que l'on me présente les factures de mon autre ! Parce que, évidemment, il y avait bien longtemps que j'avais compris que mon sosie faisait les quatre cents coups dans la ville.
Je me commandais un verre et allais aux toilettes où se trouvait un autre consommateur.
Il m'a lancé un rapide coup d'oeil et son visage s'est éclairé d'un grand sourire moqueur.
- " Ben dis-donc ! tu te tenais une sacrée pistache, hier soir. Toi, quand tu déboules, t-y vas pas avec le dos de la cuillère ! "
Je me suis résigné et je suis parti voir ailleurs, dans un endroit où, par hasard, je n'aurais pas tout cassé la veille.

Le temps a laissé son manteau, de vent, de froidure et de pluie, et un samedi soir de printemps, il y avait " grand bal " dans ma cité. Je me dois de signaler que je n'ai jamais eu la veine de tomber sur un petit bal, ni ici, ni ailleurs. Un accordéon désaccordé et deux casseroles, ça fait un ' grand bal' . Un élecrophone aussi, d'ailleurs.
Seulement, si j'aimais bien faire la fête, j'assurais très sèrieusement ma semaine de travail; et, à cette époque, elle était de six jours, avec heures supplémentaires et des nuits, si nécessaire.
J'ai donc décidé d'aller me coucher de bonne heure, ne serait-ce que pour être beau et reposé, le lendemain, dans mon costar Prince de Galles et mon gilet rouge damassé.Oui oui, je vous assure : c'était la mode. Avec la petite touche qui tuait: les chaussettes rouges ! Non ...Les noires, ça a été un peu plus tard, avec le pantalon à ceinture espagnole et...mais là, je m'égare.
Je suis donc allé me coucher et mon père est parti au bal. C'était un danseur de tango et surtout de valse qui était très demandé. Et par des plus jeunes que lui.
J'étais plongé dans le sommeil quand je me suis senti secoué. C'était mon père qui était penché sur moi, l'air assez excité:
' " Ah ben ça, j'y crois pas ! figure-toi que je t'ai vu au bal avec une bande de marlouins et tu cherchais des crosses à tout le monde. Ce qui m'a étonné, c'est que tu ne portais pas tes vêtements. Mais je me suis dis: faut quand même que j'aille vérifier. Ben merde ! il te ressemble drôlement, ce mec !"
Il a été jusqu'à la porte de ma chambre et puis il s'est arrêté :
- " Dommage pour toi...il était avec une sacrée chouette poulette ."

C'est à peu prés la pèriode à partir de laquelle je n'ai plus entendu parler de mon sosie. C'est dommage..J'aurai bien voulu le rencontrer; je suis sûr qu'on aurait fait une sacrée équipe, tous les deux.








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Auteur Commentaire en débat
Loriane
Posté le: 21-02-2013 16:41  Mis à jour: 21-02-2013 16:41
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: Mon sosie
Si tu n'avais pas été endormi tu aurais pu demander à ton père de chercher dans ses souvenirs à qui il avait laissé un petit souvenir qui te ressemble .
Ça doit être bizarre de se trouver face à quelqu'un qui vous ressemble, mais comme avec la même tête on voit pas tous la même chose, est-ce que l'on se reconnaîtrait soi même ? pas sûr !!
Lecture très amusante
Merci monsieur le sosie.
saulot
Posté le: 21-02-2013 21:03  Mis à jour: 21-02-2013 21:03
Plume d'Or
Inscrit le: 23-06-2012
De:
Contributions: 445
 Re: Mon sosie
C'est bien écrit, le coup du sosie qui fait la bringue et apporte des ennuis à sa doublure est connu, mais tu sais te débrouiller pour faire une histoire intéressante.
Bacchus
Posté le: 21-02-2013 23:53  Mis à jour: 21-02-2013 23:53
Modérateur
Inscrit le: 03-05-2012
De: Corse
Contributions: 1186
 Re: Mon sosie
Saulot, si je suis capable, comme tout un chacun, de fabriquer des histoires pour le plaisir, sache une chose que j'ai déjà dit plusieurs fois sur ce site:
Il n'y a pas une seule chose se rapportant aux évènements de mon existence et dont j'ai parlé dans ces pages, que ce soit sous forme de poèmes , d'anecdotes ou de narrations, qui ne soit pas entièrement vraie.
Me ' débrouiller pour faire une histoire intéressante ' , dis-tu ? Merci de la juger inéressante .
Crois-moi, j'ai eu une existence suffisamment variée pour ne pas avoir besoin de m'inventer un passé.
En arriver là, ce serait assez triste, non?
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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