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Nouvelles : En sucrant des fraises.
Publié par Bacchus le 23-03-2013 13:30:00 ( 1320 lectures ) Articles du même auteur



Cela faisait un moment que je n'écrivais plus, c'est dire si j'ai entassé des souvenirs depuis. Et, justement, j'en ai un tout frais. Quoi ? un souvenir tout frais, ce n'est pas un souvenir ? Ah...c'est juste. Bon. Disons que je vais le classer au dessus de ma boite à souvenirs.

Pas plus tard que cette après-midi ( les misogynes peuvent le mettre au masculin, ça défoule...), je disais à une amie qu'il ne se passait pas une journée sans qu'il se produise quelque chose dont on puisse se distraire et s'en souvenir. J'ai même ajouté que j'allais faire mes courses au supermarché et qu'il serait bien étonnant que je n'en revienne pas avec une petite anecdote dans ma besace.
Mon secret, je vous le livre : Les anecdotes, pas besoin de les inventer quand on peut se les tricoter soi-même.
Vous avez forcémént remarqué que, depuis pas mal d'années, les gens tirent une tronche impossible, en public. Ignorer son prochain semble être devenu un must incontournable.On ne se salue plus, au besoin, on regarde aileurs quand on aperçoit une connaissance, on ne s'excuse plus quand il le faudrait, on devient propriétaire exclusif de l'espace qu'on occupe , ect...
Quel spectacle magnifique pour qui sait regarder ! Alors, vous pensez bien, dès que j'entre dans l'arêne d'un supermarché, j'en frétille tellement que j'en oublierais de faire mes courses. Je me souviens d'ailleurs que j'ai écrit deux ou trois textes à ce sujet.

Un de mes plaisirs, donc, est de mettre les gens dans une situation qu'ils n' attendaient pas et qui les laisse désarmés. Tout, absolument tout est bon, dans les limites de la correction et du respect des personnes, bien entendu.
C'est un petit jeu innocent auquel je me suis toujours livré. Ce que je peux assurer, c'est que, dans une très grande majorité des cas, les gens réagissent très bien et peuvent se retrouver en train de rire, d'une minute à l'autre. La petite part restante m'aura pris pour un jobard ou un malade mais oh ! on ne peut pas gagner à tous les coups !

Cet après-midi ( pour faire râler les dames ) donc, je poussais mon caddie entre les rayons et arrivais à la surface ' fruits et légumes '.
Mon attention a été vite attirée vers un endroit où il y avait particulièrement du monde . Je me suis approché. On y vendait des fraises..Des paquets de 1kg de fraises du Maroc, bien rouges, un peu trop grosses, mais au prix attrayant de 1,20 euro le kilo !
Il y avait surement quelque chose à faire, là ....

Je me suis approché et j'ai pris un paquet de fraises que je me suis mis à renifler, fortement et longuement. Déjà, quelques personnes commençaient à me guetter du coin de l'oeil. Et je me suis exclamé :
- " C'est pas croyable ! " ( snif snif ... ) - " C'est pas croyable ! " ( snif snif ... )
Plusieurs regards se sont tournés vers moi, mais pas suffisamment.
- " C' EST PAS CROYABLE ! "
Là, j'avais mon auditoire .
- " Mais c' est pas possible ! Comment peut-on s'y prendre pour arriver à fabriquer de si belles fraises, sans absolument aucune odeur ! " ( snif snif ... ).

Instinctivement, tous les gens ont porté vers leurs narines le paquet de fraises qu'ils avaient dans les mains et se sont mis à renifler, chacun à sa manière. Les moins timorés ont commencé à convenir que, effectivement, c'était étrange et que de nos jours, les produits n'ont plus les saveurs qu'ils avaient avant , bien que les prix ne baissent pas, eux, au contraire , et que ....
.C'était parti ! Tu vois, Benoît , que les gens peuvent encore se parler, s'ils le veulent !
Les personnes qui clavitaient autour du rayon, intrigués, se sont approchés et, ignorant cinq secondes auparavant qu'ils allaient le faire, se sont mis à renifler pour comprendre pourquoi tout le monde reniflait. Ils n'avaient plus besoin de moi, pour parler ensemble; ils m'ont même ignoré.
Je remarquais qu'ils se parlaient deux à deux, en se rapprochant.
Ily a bien longtemps que je me fais cette réflexion: Finalement, tout le monde voudrait volontiers parler à son prochain, mais une nouvelle loi tacite fait que personne ne prendra l'initiative de commencer.Dans ce domaine, je me sens hors-la-loi.
Il y a peu de temps, je me suis fait un couple d'amis de circonstance devant les navets violets. Je m'étais glissé dans leur conversation en répondant au monsieur qui demandait à sa femme à quoi pouvaient bien servir ces légumes-là. Quelques minutes après,je savais d'où ils venaient, ce qu'ils y faisaient et ce qu'ils avaient l'intention de faire. Nous nous sommes fait rire mutuellement par quelques boutades, et puis nous nous sommes séparés en nous donnant rendez-vous, une prochaine fois, devant les navets. Devant lesquels je passe régulièrement pour voir si, par hasard....

Le rayon ' fraises ' avait une animation que la direction du magasin n'avait surement pas prévue.

Mission accomplie ...Le petit père Bacchus s'est, mentalement, entouré dans sa cape et disparut pour aller glousser à l'aise, au plus proche coin de gondole.


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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
couscous
Posté le: 24-03-2013 08:14  Mis à jour: 24-03-2013 08:14
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: En sucrant des fraises.
Alors là, j'adhère tout à fait à ce concept de tenter de nouer des dialogues. Il faut du culot pour y parvenir. La vente de fraises a sûrement dû chuter après ton passage ....
aliv
Posté le: 27-03-2013 19:21  Mis à jour: 27-03-2013 19:21
Plume d'Argent
Inscrit le: 25-03-2013
De:
Contributions: 290
 Re: En sucrant des fraises.
Un texte très agréable à lire.
Tu as bien décris la mentalité des gens d'aujourd'hui.
J'ai beaucoup aimé ma lecture.
Loriane
Posté le: 27-03-2013 21:49  Mis à jour: 27-03-2013 21:49
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: En sucrant des fraises.
Se parler les uns les autres, comme ça tout simplement, je l'ai toujours fait ce qui me valait la "honte" de mes enfants "Pfff! ma mère elle parle à tout le monde !!!"
en sous-entendu, "elle est folle".
Et comme parfois la vie fait bien les choses, je suis arrivée dans une ville pour les fous.
Ici, tout le monde se parle, commente, rigole, râle, rouspète ... c'est simple et habituel. Pourquoi les bavards désinhibés sont tous venus habiter ici ? sais pas.
Mais dans le tram, dans les magasins, dans la rue, dans les centre commerciaux, aux terrasses des cafés, ça fuse, des personnes qui s'étonnent ou qui donnent leur avis, sur la marchandise, le prix des fruits, le beau ou le mauvais temps, la conduite du chauffeur, le contenu du journal qui est resté sur le siège, les futures élections, les chiens sur le trottoir, tout absolument tout est sujet de bavardages qui ne seront suivis de rien, juste quelques mots en passant., parfois même quelques centimes pour celui qui cherche dans ses poches et qui coince la caisse ...
Je n'avais encore jamais connu de ville pareille.
Une ville de bavard curieux sans complexe.
J'ai beaucoup aimé ton texte.
Merci
violette12
Posté le: 20-09-2013 14:16  Mis à jour: 20-09-2013 14:16
Semi pro
Inscrit le: 08-09-2013
De: le havre
Contributions: 99
 Re: En sucrant des fraises.
Je dois avouer que je fais partie de votre secte!!! Je parle facilement à tout le monde, au grand dam aussi de mon fils (pendant longtemps), aujourd'hui à 18 ans, il a rejoint notre groupe de fou-dingue capable de parler aux inconnus ordinaires ou saugrenus.
Merci pour ce texte
Violette
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Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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