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Nouvelles confirmées : Le pain.
Publié par Bacchus le 09-04-2013 20:30:00 ( 1044 lectures ) Articles du même auteur



Je vais vous parler d'un temps que les moins de cinquante ans ne peuvent pas connaître, et je ne dirai pas systèmatiquement " tant mieux ".
Le pain. Cet aliment que les enfants mangent maintenant si peu, puisque leurs parents les fournissent volontiers en biscuits, gâteaux et raffinements divers, en remplacement de la bonne vieille tartine qui a fait les délices de tant de générations.
.Il n'était alors pas question de savoir ce que nous aurions pour notre quatre heures, mais de ce que nous aurions dessus.Et une expression me viens à l'esprit, à l'instant, une phrase qui courait en let-motiv à ce moment de la journée, quand nous demandions notre goûter :- " Du pain, de beurr' , de suc', te-mère ? ". Une tartine de beurre était une friandise dès lors qu'elle était saupoudrée de sucre en poudre.
Le plus courant était le morceau de pain accompagné de deux ou trois carrés de chocolat. Il y avait la tartine de margarine, la tartine de saindoux la tartine frottée d'ail, et la tartine nature, sans rien, délicieuse quand la grosse tranche de pain de quatre livres était taillée dans un pain frais, à la croûte dorée et craquante.
Et puis il y avait des quatre heures sans tartines et, par conséquent, des raids sur les vergers.
Ceux de ma génération se souviennent des restrictions du pain, qui ont duré quelques années après la guerre.
Mon père qui, comme tous les hommes de son époque, se faisait un devoir de ne rien faire à la maison, avait, je m'en souviens toujours, la pénible tâche, le soir, de couper les tranches de pain,à table.Je n'ai pas le droit de dire que nous en manquions, non, mais il était mesuré avec prudence.Papa avait inventé le petit jeu de la plus fine tranche de pain que nous pouvions avoir,et nous admirions sa dextèrité à ciseler ses petites tranches qu'il nous distribuait.
Qui se souvient des miettes ?
Il y a quelques temps, le plus âgé de mes petits-fils me regardait à table, avec un sourire étonné : j'étais en train de picorer, avec le bout de mon index , les miettes de pain autour de moi, en les portant, machinalement, à ma bouche.
- " Qu'est-ce que tu fais, papy ? tu fais comme les poules ? "
Je n'ai pas eu envie de lui expliquer qu'il fut une époque où tout le monde le faisait. Mon père, justement, avait gardé, en vieillissant, l'habitude, à table, de regrouper, dans le creux de sa main, les miettes de pain, après la coupe en morceaux, et de les manger une par une, en discutant.
Acheter du pain était une affaire sèrieuse.Les baguettes étaient un luxe franchement inutile. Le pain de deux livres, plus courant, mais surtout le pain de quatre livres était le plus demandé. En fait, les gens se sont petit à petit habitués à acheter le pain à la pièce. Il était bien stipulé, sur des affichettes, dans chaque boulangerie, le prix du pain au kilo. Quand nous demandions un ou deux kilos de pain, la boulangère, systématiquement, coupait un gros morceau de pain pour l'ajouter au pain dit de deux ou quatre livres. ça s'appelait ' la pesée '.

Un après-midi, en 1950 ou 51, à l'école communale de garçons :
C'était un après-midi venteux et froid.
Depuis la récréation, nous étions regroupés, toutes classes confondues, alignés en rangs dans la cour de l'école, pendant que le directeur faisait les cent pas, en attendant qu'un coupable se dénonce.
Un maître avait trouvé, dans les urinoirs, un gros morceau de pain. Du pain ! l'objet même symbolisant le travail, la sueur, la peine et la faim de ceux qui en manquaient !
Je ne pense pas qu'il y ait pu y avoir, dans notre milieu et à nos âge, un ' soupeur' . Il y avait donc, parmi nous, un malfaisant qui ne connaissait pas la valeur du pain.
Personne ne s'est dénoncé et, de mauvais grè, après avoir fait durer l'attente après l'heure de sortie, le directeur nous permit de partir.

Maintenant, je suis plutôt choqué quand, proposant du pain, à table, à un enfant, la mère, trop souvent dise : - " Non non, il n'en mange jamais. Je prèfère qu'il finisse son assiette." Ce que le cher bambin ne fera pas, s'il déclare ne plus avoir faim, en attendant le dessert.
Je ne pense pas que ce soit un bon choix. C'est vraiment les gâter que de trop les gâter....

Le pain ? Je suis totalement incapable d'avaler une seule bouchée de viande si elle n'est pas accompagnée d'un morceau de pain.
Allez savoir pourquoi...

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Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
aliv
Posté le: 09-04-2013 21:46  Mis à jour: 09-04-2013 21:46
Plume d'Argent
Inscrit le: 25-03-2013
De:
Contributions: 290
 Re: Le pain.
Les très bonnes habitudes se perdent. Ton texte reflète bien ce phénomène.
Ton écris m'a aussi permis de me souvenir de quelques évènements de mon enfance.
Merci.
couscous
Posté le: 10-04-2013 15:59  Mis à jour: 10-04-2013 15:59
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: Le pain.
J'ai moins de 50 ans et ce que tu décris m'a été conté par mon grand-père. Notamment le "pain noir", de seigle qui n'était pas gouteux mais remplissait les panses. Le pain est sur la table chaque matin sinon la journée commence mal pour moi. "Donnez-nous notre pain quotidien !"
Merci Bacchus
Elsa
Posté le: 10-04-2013 22:52  Mis à jour: 10-04-2013 22:52
Plume d'Argent
Inscrit le: 30-01-2013
De: Saintes
Contributions: 19
 Re: Le pain.
Je ne pense pas qu'il y ait pu y avoir, dans notre milieu et à nos âge, un ' soupeur' . Il y avait donc, parmi nous, un malfaisant qui ne connaissait pas la valeur du pain.
Magnifique.
Texte que j'ai lu avec beaucoup de plaisir en grignotant les grains de sésame d'un pain de campagne, les bonnes habitudes ne sont pas toujours perdues.
Merci pour ce bel instant de lecture.
Loriane
Posté le: 11-04-2013 19:38  Mis à jour: 11-04-2013 19:38
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: Le pain.
"Donnez nous aujourd'hui notre pain quotidien "
Le pain était même dans les prières,
c'était LA nourriture, une tranche de pain frottée d'ail, une "frotte" avec des noix, une pomme, ou une grappe de raisin était un repas.
En Dordogne, les paysans donnaient leur sacs de grains au boulanger du village, il écrivait le nom du propriétaire , meulait le blé et faisait le pain de l'année pour le propriétaire du sac. Il cuisait, des grosses tourtes ou des flûtes, que chacun coupait avec respect, en tranche pour "tailler la soupe".
Mon père qui ne croyait pas du tout, mais pas du tout en Dieu, dessinait avec la pointe du couteau une croix sur le dessus d'un pain frais, avant de l'entamer.
Au bout de la longue table de ferme il y avait un immense tiroir dans lequel se trouvait ce gros pain et le couteau gigantesque pour bien "tailler " les tranches.
J'ai toujours aimé le pain, mais le pain de ma campagne avec un grosse croûte qui craque et je donnais la mie à mon frère. Ce gros pain cuit dans le four à bois du vieux Mr Peypeyrie, courbé devant son four et qui n'avait pas de magasin, on allait directement faire notre achat dans le fournil au plafond bas.
Jeter du pain était un crime, le pain ça se respecte et une tranche commencée devait être terminée, pas question de la mettre à la poubelle.
En revanche je détestais le sucre, et il n'était pas question que j'en mette sur ma tartine.
Ce texte est un vrai plaisir Bacchus
J'ai beaucoup aimé
Merci
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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