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Nouvelles : La vie est un manège (chapitre 3)
Publié par aliv le 27-04-2013 09:00:00 ( 1275 lectures ) Articles du même auteur



Chapitre 3 : Une journée comme une autre


Une semaine après, Samedi, 9h00

Malgré l'annonce du mauvais temps par la météo, le soleil pointe le bout de son nez. Je descends de voiture afin de faire le code de la barrière et ainsi me garer.
Je prends rapidement mes affaires et me dirige vers le grand portail d'un vert délavé. Je remonte l'allée jusqu'au bureau. À cette heure-ci, le parc est très calme. Seuls les membres de la technique s'activent pour l'entretien des manèges. Je ne prends même pas la peine de regarder le tableau de distribution des attractions. Je m'empare des clés de mon poste et m'avance tranquillement. Aujourd'hui c'est arrosage des plantes qui ornent le pourtour de mes manèges. Je remplis seau après seau et les verse en évitant de mouiller mes chaussures, ce qui n'est pas chose facile. Ma besogne terminée, je referme tout et je vais rejoindre mes collègues de travail qui sont attablés à leurs places habituelles.

Je m'aperçois rapidement que la discussion tourne autour d'Halloween. Comme chaque année, un concours est organisé, afin de récompenser l'opérateur qui a eu les meilleurs costumes.
J'écoute à peine la conversation et observe les alentours. J'aperçois Gary devant le bâtiment gris avec un air concentré, bien droit sur ses jambes, les bras croisés. Il me fait un mince sourire. Je le lui rends puis je tourne le regard quelque peu intimidée. Les premiers clients arrivent dans mon champ de vision. Ils commencent à découvrir le parc. C'est la seule chose à faire en attendant l'ouverture des manèges à dix heures trente. En parlant d'ouverture, il est l'heure d'y aller. On se lève et on se dirige vers notre poste.
S'annonce donc une longue et fatigante journée de travail, en répétant encore et encore les mêmes gestes, les mêmes phrases. Cela en devient lassant et surtout frustrant.

Il est midi, avec ma collègue on se dirige vers le snack afin de récupérer notre commande, qui est prête à notre arrivée. On règle notre note puis on retourne au réfectoire. Je décide de m'installer dehors afin de profiter de la chaleur réconfortante du soleil, qui est assez rare ces temps-ci. Gary me rejoint quelques minutes plus tard. Au début un peu gênée, j'ose à peine le regarder. Il m'impressionne. Non qu'il me fasse peur. Je ne peux expliquer ce trouble. Puis petit à petit s'engage une conversation sur tout et rien.


Seize heures, encore deux heures de boulot. J'ai repris le Tornado. En ce moment, je suis à l'entrée de l'attraction en train de vérifier la taille des enfants. Cela est loin d'être ma tâche préférée. Il y a une taille minimum et une maximum. Je prends un gamin et je le colle à la toise. Entre-temps, un petit bout se faufile et arrive à pénétrer à l'intérieur. Je referme immédiatement le portillon et vais le rattraper. Je lui explique ce que j'ai l'intention de faire. Il me suit sans rechigner, ce qui m'étonne. Après avoir fait entrer vingt-quatre personnes, une femme s'avance vers moi. Rien qu'en la voyant, je sais qu'elle va me faire des soucis. Elle s'est tartinée le visage de maquillage, à remonter ses cheveux en un chignon maladroit et porte une jupe avec des talons de dix centimètres au moins.
- Excusez-moi, m'appelle-t-elle avec une voix hautaine.
Je m'avance vers elle sûre de moi et je lui réponds :
- que puis-je faire pour vous ?
- Ma fille est revenue me voir en pleurant, en me disant que vous avez refusé de la faire entrer, alors que sa sœur, oui et je voulais savoir pourquoi ?
Je jette un rapide coup d'œil à la petite en question. Il s'avère que la gamine est beaucoup trop grande pour monter sur ce manège, ce que j'explique à la mère avec calme.
- C'est n'importe quoi. Elles font la même taille et puis elle n'a que huit ans, me rétorque-t-elle en empoignant le portillon.
Tout en reculant de quelques pas, j'argumente mon choix.
- Je suis désolée, mais ici ce n'est pas l'âge qui compte mais la taille. J'ai mesuré votre fille et elle dépasse la taille réglementaire d'au moins cinq centimètres...
- J'ai payé l'entrée de ma fille, donc elle va monter que cela te plaise ou non, me lança-t-elle en passant la main vers l'intérieur afin d'ouvrir le petit portail.
Une bouffée de chaleur m'envahit, les battements de mon cœur s'accélèrent. Instinctivement, je me recule le plus loin possible de cette bonne femme. Je prends une grande expiration puis m'avance de nouveau vers cette tornade brune. J'en profite pour fermer l'entrée à double tour pour l'empêcher de pénétrer dans mon lieu de travail.
- Madame, je comprends parfaitement votre mal-être. Je me tais un instant afin d'avoir toute son attention. Ce qu'elle me donne au bout de quelques minutes.
- Vous avez payé oui mais cela ne vous donne pas le droit de faire ce que vous voulez, il y a des règles à respecter, notamment de sécurité. Si vous le voulez on peut appeler un responsable afin qu'il vous explique tout cela en détail, expliqué-je aussi calme que possible.
À ce moment-là, j'entends le portillon de sortie s'ouvrir. Je tourne rapidement la tête en m'en faire mal au cou. Instinctivement, je passe ma main sur la partie douloureuse et me masse.
- Tout va bien ma belle, me demande Gary en se posant à mes côtés.
- Oui. Juste un petit souci de compréhension. Je suis sûre que cette dame a compris ce que je veux lui dire. Je pose un regard d'interrogation sur elle.
La mère de famille me fixe, puis fait de même avec Gary. Ensuite, elle attrape la main de sa fille puis la tire hors de la file d'attente. Elle s'assoie sur un banc et attend sagement la fin du tour.


Dix-huit heures. Fin du travail. Je laisse sortir les retardataires et ferme le portillon de sortie avec allègement. Mes jambes ne me portent presque plus mais je dois encore faire des petits efforts pour tout boucler. Ce que je fais en un temps-record. Voulant quitter rapidement mon enfer quotidien, je quitte mes clés et je décide de m'en aller sans prendre le temps de me changer. Je fais un au revoir collectif et remonte l'allée sableuse.
Une journée de finie. Une.

000


Il est neuf heures trente, les premiers opérateurs manèges arrivent. Je les observe un instant. Je croise le regard de la jeune brune. Je me surprends à lui sourire mais, elle tourne rapidement la tête. Je récupère le sac de secours et me dirige vers le poste.
En quelques minutes le poste de secours est nettoyé et tout est minutieusement vérifié et contrôlé. Soudain j'entends l'annonce de l'ouverture des attractions. Mon planning de la matinée est tout tracé : vérifier si tout le personnel est en place en en forme, sécuriser le théâtre durant le spectacle de Zorro et bien entendu interventions pour des maux de tête, de ventre... et parfois même pour des accidents un peu plus grave, comme des chutes. Même dans mon métier, les habitudes se posent, c'est inévitable.

Midi sonne. Je termine de rentrer des informations sur le PC, prends mon sac isotherme et sors. Les rayons de soleil m'éblouissent. Je porte ma main à mon front afin de protéger mes yeux. Une ombre apparaît puis devient plus nette. Sans attendre une seconde je vais m'assoir aux tables de pique-nique face à Alisée. Je remarque qu'elle a du mal à me regarder dans les yeux. De mon côté, c'est tout le contraire. Je me surprends à l'admirer du regard. La gêne passée pour tous les deux, une conversation, d'abord sur le temps, débute. En seulement quelques mois, un lien s'est créé entre nous. Je m'aperçois rapidement que je n'ai pas de problème pour me confier à elle. Ce lien me trouble de plus en plus.

Il est seize heures, je viens tout juste de terminer mes pauses manèges et me dirige vers le poste de secours pour le temps restant. En passant devant le Tornado, des murmures se font entendre, me donnant un mauvais presssentiment. Je m'approche furtivement en écoutant et en observant. Une femme brune sur des talons d'environ dix centimètres, secoue le portillon d'entrée du manège. L'opératrice recule afin de se protéger de cette personne. De la peur se lit sur son visage. Je contourne rapidement le manège tout en écoutant les propos de l'opératrice envers la cliente. J'ouvre la porte de sortie. Alisée se retourne brusquement vers moi. Ses traits du visage se détendent en me voyant. Je me place à ses côtés en lui demandant si elle va bien. J'en profite pour passer ma main dans son cou pour lui retirer la douleur et la rassurer par la même occasion. Elle me répond qu'elle maîtrise la situation. La femme oppressante nous regarde tour à tour, puis agrippe la main de sa fille et part s'assoir. Je décide de rester auprès d'Alisée durant le tour, au cas ou la mère de famille viendrait faire un autre scandale. La jeune opératrice est concentrée sur l'attraction. Rien ne la perturbe. Encore une fois mon comportement me surprend. Car la seule chose que je vois c'est la jeune femme. Sa chevelure brune qui virevolte au gré du vent. Son regard de remontrance est si intense, quand un enfant se penche. Elle est nerveuse. Je le vois par sa façon de se mordre la lèvre inférieure. Subitement, je sors de ma contemplation quand j'entends la sonnerie de fin du tour.

Il est dix-huit heures, le parc ferme ses portes. Avant de rentrer chez moi et de pouvoir profiter de mes enfants, je suis obligé d'attendre que tous les opérateurs manèges reviennent. Je suis accoudé au comptoir du bureau, le regard dans le vide. Il manque encore trois quatre retardataires. À mon avis ils sont tout simplement à l'extérieur, papotant tranquillement. Je décide de sortir afin de me convaincre de mes pensées. Je ne me suis pas trompé. Ils sont bien là.
Une demi-heure s'écoule, toutes les clés des attractions sont présentes, les radios aussi. Je ferme le local à clés, prends mes affaires et d'un geste rapide d'au revoir, je me dirige vers ma voiture.
Une journée de finie. Une.

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Auteur Commentaire en débat
couscous
Posté le: 27-04-2013 13:28  Mis à jour: 27-04-2013 13:28
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: La vie est un manège (chapitre 3)
C'est vraiment plus sympa avec les deux visions.
Elle était énervante la bonne femme. Heureusement que tu es diplomate.
Tiens, dans le premier texte, tu ne fais pas mention du massage du cou par Gary qui a sûrement dû plaire à Alisée.

A suivre donc ...

Merci
aliv
Posté le: 27-04-2013 13:38  Mis à jour: 27-04-2013 13:38
Plume d'Argent
Inscrit le: 25-03-2013
De:
Contributions: 290
 Re: La vie est un manège (chapitre 3)
Eh oui a quelque moment j'ai changé complètement certains passages.
Je ne sais pas si tu t'en souviens mais dans l’ancienne version Alisée était quelque peu pleurnicharde face à la femme. On m'a en fait la remarque donc je l'ai rendu un peu plus combative

Des bonnes femmes comme cela j'en ai eu beaucoup. Et parfois je perdais très vite mon calme. Dans ce chapitre la réaction de mon personnage est loin d'être la mienne en temps normal lol..
Loriane
Posté le: 29-04-2013 22:29  Mis à jour: 29-04-2013 22:29
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: La vie est un manège (chapitre 3)
Tu reprends cette construction en miroir que tu avais introduite dans ton autre nouvelle.
C'est encore plus travaillé et bien écrit.
Cela renforce bien ton récit.
L'attirance qui se développe des deux côtés est bien traduites.
Juste :
Citation :
alors que sa sœur oui et je voulais savoir pourquoi ?

Là pour plus de compréhension, j'aurais mis le "oui", soit entre deux virgules, soit entre parenthèses
Belle lecture
Merci,
aliv
Posté le: 01-05-2013 21:11  Mis à jour: 01-05-2013 21:11
Plume d'Argent
Inscrit le: 25-03-2013
De:
Contributions: 290
 Re: La vie est un manège (chapitre 3)
En fait Loriane, dans la première version, il y avait qu'un seul point de vue, celui d'Alisée. On m'a reproché de ne pas parler des sentiments et émotions de Gary, c'est pour cela que j'ai introduit la construction en miroir. Et vrai dire j'aime bien écrire avec ce procédé.

Merci pour tes compliments qui m'ont fait très plaisir.

Pour la fameuse phrase je vais aller voir tout de suite.

Merci de me suivre.

Alisée
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

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