Ne cherche pas tes vers, poète qui s'escrime
A marier morose et parfum d'une rose.
Il est parfois prudent de rédiger en prose
Plutôt que de trouver, au hasard, une rime.

Il est des jours, vois-tu, où l'on traque sa muse.
La muse est une femme et, ne l'oublie jamais,
Si, inspiré hier,elle t'a dit qu'elle t'aimait,
Méfie-toi qu'aujourd'hui de ta plume elle s'amuse..

On ne doit jamais dire: " Je m'assieds et j'écris ".
Nul ne peut se sentir poète sur commande.
Si elle se sent tentée, la rime le demande:
Tu te lèves d'un bond et tu lui obéis.

Et là, le plus souvent,il faut la laisser faire,
Elle a, depuis longtemps, trouvé son compagnon.
Tu peux, pour son bonheur, garder ton opinion,
Laisse-la l'épouser, elle connait son affaire.

Un mot ne convient pas ? Il faut l'abandonner.
Pourquoi donc l'imposer puisque tu peux choisir
Dans notre beau Français, le mot que tu désires
Et qui pourra chanter et si bien résonner?

Il y a , parmi nous, d'impressionnantes plumes
A l'élégante prose et aux mots bien choisis.
Ils n'ont pas, forcément, le don de poèsie
Et, très modestement, ils le disent et l'assument.

Et puis la poèsie n'est pas qu'un flot de larmes !
Molière et Boileau ont su nous faire rire !
Pour charmer un lecteur, nul besoin de pèrir,
Le cours de chaque jour peut être plein de charme.

L'art de la poèsie a vraiment tout pour plaire:
Sa licence permet de donner son avis
Sur le bonheur d'aimer et de croquer la vie,
Et puis, le lendemain, d'affirmer son contraire.