| A + A -
Connexion     
 + Créer un compte ?
Rejoignez notre cercle de poetes et d'auteurs anonymes. Lisez ou publiez en ligne
Accueil >> xnews >> ? ? ? ? - Nouvelles - Textes
Nouvelles : ? ? ? ?
Publié par Grenouille le 09-05-2013 22:50:00 ( 1445 lectures ) Articles du même auteur



? ? ?



Je balayais la cuisine, mon fils Thierry, 6 ans, jouait avec ses copains dans le parc réservé aux enfants de la cité militaire française basée en Allemagne, ce parc était situé en face de notre appartement et les petits français s'y retrouvaient régulièrement.

Brusquement je ressentie une douleur au creux du ventre, une douleur inconnue, mystérieuse : une explosion centrée dans l'abdomen avec - tel un caillou jeté dans l'eau - une onde de choc déferlant jusqu'aux épaules en diminuant d'intensité aux cercles exterieurs, et surtout une pensée foudroyante, écrasante: Thierry se meurt en cet instant précis.

Sans qu'aucun son ne sorte de ma bouche, je criais " non, pas ça ... !!! " implorant je ne sais quel esprit supérieur imaginaire.

Mon balai toujours à la main, j' étais paralysée, hypnotisée par cette pensée effroyable, j' étais hors du temps, un silence de plomb m'entourait, j'étais seule avec ce pressentiment affreux.
Puis, comme une vague qui se retire, la douleur régressa rapidement, jusqu' à disparaître dans son épicentre.
Je repris mes esprits, juste en face de moi, accrochée au mur, la pendule indiquait 16 h 20
Retrouvant dans le même temps mon autonomie, je courus à la fenêtre donnant sur le parc, cherchant à voir mon fils parmi tous les enfants, mais sous le coup de l'émotion, j'étais incapable de me souvenir quels vêtements il portait ce jour là!!! cette défaillance de ma part, me fit monter les larmes aux yeux. De si loin, je ne le reconnaissais pas et je culpabilisais.
Les enfants jouaient normalement, j'entendais leurs cris, aucun attroupement, aucun affolement visible, les quelques mamans, principalement des épouses de militaires comme moi, assises sur les bancs continuaient leurs conversations entre elles.
Nous nous connaissions pratiquement toutes, nos maris étant souvent absents, il régnait entre nous, un esprit d'entraide, de connivence, certaines de ces femmes, éloignées de leur famille supportaient mal le fait d'avoir dû aussi quitter leur job, quelquefois bien rémunéré, pour suivre leur mari muté dans un pays ... même pas ensoleillé.

Pensant que Thierry avait peut être quitté le parc malgré mes constantes recommandations, je courus sur le balcon qui donnait sur la voie rapide: les voitures continuaient de circuler sans encombre, sans accident apparent.

Tous les sens en alerte, j'appréhendais d'entendre l'arrivée d'une ambulance ou de la police allemande, allant sans cesse d'un point d'observation à l'autre, je me demandais qu'elle décision prendre: me rendre au parc, en face, ou coté opposé, sur la voie rapide ? il y avait aussi la station service un peu plus loin.... avait- il accompagné un copain pour acheter quelques bonbons ?

Je décidais de rester en alerte à mon poste d'observation du deuxième étage, redoutant l' annonce d'un événement qui bouleverserait notre vie à jamais: la perte d'un enfant.

Après quelques allés-retours, et beaucoup de persévérance, je finis par apercevoir enfin la tête blonde de mon fils chéri dans le parc, ouff ! Je remerciais le ciel, consciente d'échapper au pire drame.

Tout doucement le calme revint dans mon esprit, je me sentais victime d'un épouvantable cauchemar toute éveillée; cela allait- il devenir une habitude de mon cerveau ? allais- je devenir folle ? allais-je empoisonner ma famille avec des pressentiments idiots ?

Un long moment plus tard, je me suis dit que, aller faire mes quelques courses à pied, me permettrait d'évacuer ce stress que je sentais encore bien présent.

Je marchais sur le trottoir, quand j'ai entendue une voix de femme m'interpeller, je connaissais cette dame seulement de vue; nous nous approchâmes l'une de l'autre.
-" Bonjour, j'étais au parc cet après midi, il y avait votre fils, je l'ai vu mort... balançoire..... un millimétre de sa tête... un plus grand....je m'en souviendrai toute ma vie...
J'avais du mal a assimiler tous les mots, je retenais seulement les principaux.
Cherchant à faire un rapprochement avec mon pressentiment, j'ai demandé :
- "Il était quelle heure ? "
Elle réfléchit une seconde et me dit:
- " je sortais de .... j'allais .....et d un ton affirmatif me dit :
- '" il était entre 16 h 15 et 16 h 30 ".
Je ne savais quoi dire, c'était troublant, inexpliqué, mystérieux. J'ai murmuré" un merci", un "au revoir" et suis partie, conscience d'avoir vécu quelque chose d'assez incroyable que je n'avais nullement envie de raconter.


Récemment, ma petite fille de 9 ans - fille de Thierry - m'a demandé :
- " Mamy, tu es croyante ? "
- " Après un temps de réflexion,analysant mes sentiments et voulant lui répondre au plus juste, je lui dis :
-"Je ne crois pas en un dieu tel qu' on le décrit dans la bible et je ne prie pas, mais par une expérience vécue, je sais qu'il existe des liens mystérieux entre les êtres, des choses que l'on ne s'explique pas encore, trop compliquées sans doute, trop grandes, inconcevables pour nos petits cerveaux.... "
Et je lui ai raconté ce que j'avais vécu, un jour, alors que son papa n'était encore qu'un petit garçon.


Article précédent Article suivant Imprimer Transmettre cet article à un(e) ami(e) Générer un PDF à partir de cet article
Les commentaires appartiennent à leurs auteurs. Nous ne sommes pas responsables de leur contenu.
Auteur Commentaire en débat
couscous
Posté le: 10-05-2013 06:51  Mis à jour: 10-05-2013 06:51
Modérateur
Inscrit le: 21-03-2013
De: Belgique
Contributions: 3218
 Re: ? ? ? ?
Cela sent le vécu. J'avoue avoir également eu des pressentiments, pas aussi forts que le tien, mais qui se sont révélés réels. Nous ne sommes pas que chair et sang mais bien âmes et énergie. Merci.
saulot
Posté le: 10-05-2013 10:21  Mis à jour: 10-05-2013 10:21
Plume d'Or
Inscrit le: 23-06-2012
De:
Contributions: 445
 Re: ? ? ? ?
C'est bien écrit. Je n'ai pas vécu d'expériences surnaturelles, mais il existe d'après ce que j'ai lu, quelque chose qui dépasse le cadre de la chair et de la physique, le monde est rempli de choses inexplicables comme ton expérience de transmission de pensées.
Loriane
Posté le: 10-05-2013 11:15  Mis à jour: 10-05-2013 11:15
Administrateur
Inscrit le: 14-12-2011
De: Montpellier
Contributions: 9499
 Re: ? ? ? ?
Bravo grenouille ce récit est bien mené. Je connais ce genre de chose, un jour - quand j'en aurais fini avec ma terrasse et mes pages d'accueil- je raconterai mes pressentiments qui se sont toujours révélés. Ça fout la trouille ! On ne comprends pas comment ça marche.
Belle lecture
Merci
emma
Posté le: 10-05-2013 15:00  Mis à jour: 10-05-2013 15:00
Modérateur
Inscrit le: 02-02-2012
De: Paris
Contributions: 1494
 Re: ? ? ? ?
Je crois beaucoup en ce que tu décris même si je n'en ai jamais fait l'expérience.

Je me dis que peut-être qu' à force de tout rationnaliser nous ne sommes pas assez à l'écoute au quotidien de notre for intérieur ?

Merci pour le partage
aliv
Posté le: 10-05-2013 18:47  Mis à jour: 10-05-2013 18:47
Plume d'Argent
Inscrit le: 25-03-2013
De:
Contributions: 290
 Re: ? ? ? ?
Juste un mot Bravo.
Je n'ai pas encore d'enfant, mais je suis sûr qu'un lien profond est présent et le sera toujours entre l'enfant et la mère.
Bacchus
Posté le: 10-05-2013 20:11  Mis à jour: 10-05-2013 20:11
Modérateur
Inscrit le: 03-05-2012
De: Corse
Contributions: 1186
 Re: ? ? ? ?
Très beau sujet. Bravo Grenouille.
En te lisant, j'ai eu comme un pressentiment sur les commentaires.
Grenouille
Posté le: 11-05-2013 15:56  Mis à jour: 11-05-2013 15:56
Plume d'Or
Inscrit le: 22-01-2012
De: Alsace
Contributions: 317
 Re: ? ? ? ?
Merci pour les commentaires qui me donnent envie de poursuivre dans l' écriture ...
Mes préférences



Par une aquarelle de Tchano

Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui bat d'une aile à dessiner
Qui bat d'une aile à rédiger
Par une aquarelle de Folon
Il vole à moi un vieux cahier
Qui dit les mots d'anciens poètes
Les couleurs d'une boîte à crayons
Il souffle des mots à l'estrade
Où il évente un émoi rose
A bord de ce cahier volant
Les animaux font des discours
Et les mystères vous font la cour
A bord de ce cahier volant
Un âne triste monte au ciel
Un enfant soldat dort la paix
Un enfant poète baille à l'ourse
A bord de ce cahier volant
Vénus éteint la douce brune
Lune et clocher vont bilboquer
L'eau le soleil sont des amants
Les cages aux oiseux sont ouvertes
Les statues font des farandoles
A bord de ce cahier volant
L'hiver soupire le temps passé
La porte est une enluminure
Les croisées des lanternes magiques
Le plafond une aurore polaire
A bord de ce cahier volant
L'enfance revient pousser le temps.
.

Connexion
Identifiant :

Mot de passe :

Se souvenir de moi



Mot de passe perdu ?

Inscrivez-vous !
Partenaires
Sont en ligne
51 Personne(s) en ligne (19 Personne(s) connectée(s) sur Textes)

Utilisateur(s): 0
Invité(s): 51

Plus ...