Voici une nouvelle « réflexion de salle de bain ». Vous allez penser que j’y passe ma journée mais c’est bien le seul lieu où je puisse être seule dans cette maison résonnante de cris d’enfants, de musique bengali et de jeux vidéo.

Chaque matin, dans ma salle de bain, elle est là. Elle se rappelle à moi dans sa tenue aux tons verts et blancs. Elle me promet un avenir sans surprise en permettant à une partie de mon corps de se reposer car elle a déjà bien bossé. Telle un calendrier, elle me signale quel jour nous sommes. Si petite dans mes doigts encore engourdis de sommeil, parfois elle se défile. Elle part se cacher avec malice sous l’armoire. Je la ramène à moi à l’aide d’une vieille brosse à dents. Une petite douchette pour enlever la poussière qui la rend chevelue et elle finit en transir vers son lieu de travail.

Autrefois, un congénère plus intrusif ne fit pas son office et m’obligea à passer sur le billard bien malgré moi. Il me faut la remercier pour cette apaisante tranquillité, cette sensation de contrôle de mon destin. Je bénis secrètement ses créateurs malgré d’inévitables dérapages et erreurs. Chères consœurs, vous la connaissez toutes, même si vous ne la côtoyez pas personnellement. Vous aurez compris ce qui fait l’objet de mes remerciements. Quand vous la croiserez dans votre salle de bain ou au fond de votre sac à main … pensez à moi.